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  ❝ and the demons all around you waiting. ❞ - DUSTEM

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MessageSujet: ❝ and the demons all around you waiting. ❞ - DUSTEM    ❝ and the demons all around you waiting. ❞  - DUSTEM EmptyLun 14 Juil - 10:18




Everything around you is caving in

- You need something to justify your soul -


Le plus pire en Enfer, ce sont les sons. L’hymne au Chaos le plus suprême. L’ode au Désastre. « Si tu traverses l’Enfer… continue d’avancer. » C’est ce que s’amuse à me répéter religieusement et inlassablement Roxane, ma comparse de baston. Au départ, son rite, cette philosophie, à mes oreilles, cela ne faisait ni queue ni tête. Mais maintenant…

L’instinct de survie dépasse, et de très loin, la Moralité. Ça me rend malade… fou.

Un son métallique et mat résonne lourdement à mes côtés. Écho lancinant, désagréable, qui force mes paupières à quitter l’obscurité et contraint mes azurs tristement livides à confronter l’infâme réalité dans laquelle je suis prisonnier depuis maintenant trois mois. Mes deux billes d’un bleu javellisé glissent paresseusement sur le bitume poisseux et abîmé par l’usure du temps, s’immobilisant avec indolence sur la source de la tonalité grisante m’ayant si farouchement arrachés d’un sommeil fragile et rare. Un objet au reflet d’argent et de cendre repose piteusement là, à côté de ma carcasse minablement assise au salut d’un géant building dépravé et miteux. Une barre de métal. C’est ce qui est allé heurté et fracassé le sol. Sceptique, je dévisage le tuyau de fer, longuement, silencieusement, sans jamais ciller et ou encore exprimer la moindre ride de perplexité.

- On a finalement trouvé le voleur de clopes. De ce qu’on nous a dit, tes réserves étaient les principales convoitises de c’larron ? que s’informe la voix de la silhouette massive et trapue qui se calque et dessine dans le coin de mon regard circonspect.

Je ne bronche pas, ne sachant vers quelle appréhension est-ce que je dois me ranger en premier. La peur effaçant et longeant mon harassement. J’oublie la fatigue grisante et focalise mon esprit embrumé sur l’apparition plus que surprenante et inattendue de ce gardien.  Je suis assez familiarisé avec leur système de sanction pour craindre le pire. Si ce bourreau prend la peine de venir me voir pour m’annoncer cette bonne nouvelle, c’est parce qu’il y a une vérité et dessein que je dois redouter.

- M’enfin. T’as une chance de pouvoir régler tes comptes avec ce petit morveux.

- Non merci.

Un rire amer, sardonique, explose dans la moiteur de l’air.

- Tu oserai cracher sur notre hospitalité et indulgence, Salem ?  Tu oserai afficher une telle arrogance, après tout le mal qu’on s’est donné pour chopper ce crâneur ?  

Ces monstres ne rendent jamais services…

- Attrape cette putain de barre de fer et suis-moi !

C’est un ordre, pas une proposition. Je capitule, je déglutis de travers ce filet de bile qui me remonte dans la gueule et me cisèle les cordes vocales. Lentement, engourdi par les ficèles de l’Angoisse, dont j’en suis le servile pantin, je déplie le bras sur le côté, ma main massive s’emparant avec indolence du lourd tuyau de fer que je découvre laqué et poisseux d’une liqueur vermeille.  Doucement, je me redresse sur mes jambes flageolantes et emboîte le pas de mon présumé bon samaritain. Tapi dans l’ombre de mon guide, nous traversons la rue sulfureuse, nos massives armatures humaines envasées au travers des âmes de ces damnés qui divaguent tristement autour de nous.  Nous gagnons le pavé cimenté d’un trottoir transversal, pour aller se perdre dans la gorge étroite d’une ruelle sinueuse, mal éclairée et aux relents nauséabonds. Derrière nous, le sabbat de l’Horreur semble s’éloigner, les rires, les pleurs, les hurlements, le bruit des chaînes qui font chanter le bitume lorsque les maillons l’égratignent, l’hymne achée de l’Enfer semble se taire et se perdre dans ce dédale de ruelles, comme si les buildings dépravés se refusent à la médiocrité de cette civilisation vaine et misérable.  Offrant à l’horizon de Chaos, un semblant de paix et de sérénité. Nous nous engouffrons dans la placidité de ces noires et profondes ténèbres, pour finalement achever notre cotonneuse déambulation au niveau de trois silhouettes reclus dans la noirceur que livre la prestance des hauts édifices. Recelé en arrière des larges épaules de mon guide ignoble, je dois me déboîter la nuque et tirer le menton vers le haut pour venir mettre des visages sur les formes humaines qui se dessinent tels des spectres devant moi.

Deux colosses, les traits de fer figés dans le marbre d’un flegme imperturbable, les globes oculaires s’accrochant sur un point imaginaire, tous deux perdus dans l’ailleurs. Ils ont l’échine et la globalité du tronc tendus telles les cordes d’un piano, les bras, tout en nerfs et tout en muscles, croisés sur deux torses gonflés à bloc. Entre les deux armoires à glaces, il erre la silhouette chétive et décrue d’un fragile petit homme déguenillé. Ombre dégingandée, minuscule, squelettique, ses longs bras osseux et maigres ballotant nerveusement au long d’un torse rachitique, pantelant d’un souffle spasmodique, brisé par de sourds hoquets de sanglots et de peur. Il a les rotules plaquées contre le sol, docilement agenouillé aux pieds de ses bourreaux. Il tremble comme une pauvre feuille morte, ses yeux globuleux, reluisant de larmes, braqués sur le visage de mon guide qui vient tout juste d’annoncer notre arrivée.

Groggy d’horreur, je me détache de l’ombre de mon gardien, le contourne lentement, pour me planter dans la vision périphérique du condamné. Je plisse les yeux et contemple la maigreur maladive de ce visage livide qui se hisse avec effroi vers moi. Et les miroirs de nos âmes se fracassent. L’ultime collision.

C’est un gamin ! Il doit avoir 10 ans… environs… au maximum.

- Voilà l’impertinent petit garnement qui t’a contrarié, Salem ! On l’a choppé en flagrant délit. Il fouillait dans ce merdier que toi tu appelles tes effets personnels. Il allait se tirer avec ton dernier paquet de clopes. Par chance, il n’a pas eu le temps d’aller bien loin, qu’il résume avec une hilarité point dissimulée. Règle tes comptes avec cette raclure !

Sidéré par ces propos immondes, ma paume brûlante et mes doigts tremblotants se referment dangereusement sur le manche de la barre de fer. J’entends mes phalanges craquer. L’oxygène abandonne rageusement mes poumons, tout mon organisme, ternissant mes jointures. Mon dédain et ma colère me labourent les nerfs, les tendons, l’arme métallique ballotant soudainement au creux de ma poigne bétonnière.

- Honore le service que nous t’avons rendu, Salem !  

Cette voix, à la tonalité caverneuse et rauque, ne me retire guère de cet enfer incandescent où j’y suis si violemment tombé. La réalité est vaine, asservie à mes songes tonitruants qui me lacèrent entre tombeau et abîme. Ma douleur est sourde. Mon âme devient froide. Mon cœur explose, ses lambeaux sanguinolents serpentent et pilonnent entre mes côtes. À l’intérieur de moi, tout s’enflamme. Mes grands yeux céruléens dérivent lentement vers le monstre cynique qui me hurle son commandement, l’œillade assassine que je lui décroche est encline à être escortée par ma main armée qui se désarme aussitôt. Le tuyau métallique teinte nerveusement sur la bitume, avant de rouler sur un écart de quelques centimètres et de s’immobiliser au salut de mon tortionnaire.

- Non. Allez-vous faire foutre ! Je ne ferai pas ça. Je ne tuerai pas ce gamin ! Je ne tuerai pas pour vous. Plus jamais ! PLUS ! JAMAIS !

Impassible, le molosse se bidonne de son rire satanique, se penche, attrape mollement le tuyau de fer qu’il tend de nouveau vers ma main.

- Tu vas le faire, Salem ! Tu vas honorer ce putain de service. Parce que si tu ne le fais pas, je ferai sortir trois sbires du Devil’s Path, je leur dirai où habite ta si charmante et attachante petite famille. Sous l’emprise de l’hypnose de l’un de nos vaillants autocrates, ils leur sera très aisé de s’immiscer dans l’appartement de tes amis pour leur exploser la cervelle pendant qu’ils dorment paisiblement sous la couette.

- FILS DE PU---

- HONORE NOTRE HOSPITALITÉ, SALEM ! FAIS-LE ! OBÉIS AUX ORDRES !

Derrière moi, j’entends le couinement désespéré de ce pauvre martyr. Rumeur accroissant l’Horreur. Rumeur me fêlant littéralement l’âme.

- JE NE TUERAI PAS CE GAMIN !

- ALORS TA FAMILLE PAIERA LE PRIX DE TON INSOLENCE, SALE BÂTARD ! T’AS LE CHOIX D’AVOIR LA MORT DE CE GAMIN SUR LA CONSCIENCE, OU LA MORT DE TOUT TES PROCHES ! T’AS LE CHOIX, SALEM ! T’EN AS PAS ASSEZ DE TUER TOUS LES GENS QUE TU AIMES, SALEM ? LA MORT DE TON PÈRE, ÇA NE T’A PAS ASSEZ SECOUÉ ? T’AIME ÇA AVOIR LE SANG DE TES PROCHES SUR LES MAINS, UH ?! C’EST-CE QUE TU VEUX ?!

Tout devient noir. Mes oreilles bourdonnent, mes tympans éclatent, déchirés par l’écho de mon propre hurlement bestial, mes cordes vocales vibrantes dans le terrassement de ma consternation. La détresse m’aveugle. Les murs de la réalité explosent. Je ne contrôle pas mes gestes. Je deviens spectateur de cette scène despotique et épouvantable. Je me vois me ruer sur le molosse, lui arracher des mains ce putain tuyau de fer. L’âme du mal m’enveloppant sournoisement au creux de son manteau funèbre et si laid. Répondant à ces desseins vils, insipides et dévastateur. Je vois la silhouette de ce pauvre gamin se recroqueviller prestement contre le sol, s’empoignant le crâne de ses mains si faibles et efflanquées. Il pleure. Me supplie de l’épargner. Il sanglote. Son petit corps inlassablement pris de soubresauts. Je ferme les yeux, incapable d’observer cette toile tragique. Je lève le bras… mon visage se décomposant dans le marbre de cette souffrance amère et indescriptible. La barre de fer fouette et cisèle l’air. Elle atteint sa cible, d’une facilité outrageante et affligeante. Déposant sur le visage livide, ces couleurs déchirantes du rouge et de noir. L’immondice de mon œuvre pour laquelle à jamais je garderai l’envie de pleurer. Le hennissement tonitruant de mon martyr couvre la déferlante de mon propre hurlement. Bruit insupportable. Je peine à contenir la valse macabre de ces larmes brûlantes qui ruissèlent sur mes joues empourprées, je lève à nouveau le bras… pour achever la souffrance… pour que le silence ne revienne…

Mes larmes silencieuses deviennent sanglots. Un liquide au relent de fer rouillé gicle sur ma figure. Le son tant redouté explose alors dans mes oreilles. Le coup. L’ultime. Celui qui endort. Celui qui apaise. Celui qui délivre l’âme en peine. Celui qui dilue dans la rigidité de l’éternel, ce regard larmoyant. Le coup. L’ultime. Le silence revient.

C’est terminé. D’un grand bruit sonore, la barre de fer se fracasse sur le sol.

Le plus pire en Enfer, ce sont les sons. L’hymne au Chaos le plus suprême. L’ode au Désastre.
L’instinct de survie dépasse, et de très loin, la Moralité. Ça me rend malade… fou.

- Bravo ! Bravo ! Franchement, s’était distrayant tout ça, que s’extase la voix dans mon dos. Tu vois, s’était pas si compliqué, l’enfoiré ose me flanquer une tape d’encouragement dans le dos, et pour te récompenser ; j’ai le bonheur de t’annoncer qu’il y a un gars qui est venu te rendre visite. Il est encore là. Il t’attend, à la clôture bariolée, tout au nord, au coin des visiteurs. Vas-y. T’inquiète pas pour le cadavre de ce petit crâneur… on s’en occupe.

« Si tu traverses l’Enfer… continue d’avancer. »

J’ai toujours pas ouvert les yeux. À l’aveugle, je contourne le gardien, me fiant à mes sens aiguisés, je m’éloigne de ces gorges cimentées et cauchemardesques…


Dernière édition par Salem L. O'Malley le Mer 8 Oct - 12:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ❝ and the demons all around you waiting. ❞ - DUSTEM    ❝ and the demons all around you waiting. ❞  - DUSTEM EmptyLun 25 Aoû - 1:32


Les liens sont parfois si surprenants. Salem & Dunstan

And the demons all around you waiting

La nuit avait été longue. Lorsque Dunstan était rentré au petit matin dans la planque qu'il occupait avec la meute, il avait été attaqué par l'affligeante vision de ses hommes affalés dans tous les sens après une petite soirée bien arrosée. Il ne pouvait leur reprocher de s'occuper à leur manière, mais il avait été pris d'une immense colère en voyant un tel état de délabrement qu'il avait brisé une ou deux chaises à son tour dans un coin pour défouler ses pulsions à défaut de tuer quelqu'un. Surtout pas chez les siens, même s'il n'était pas rare que les plus farouche se prennent une bonne claque bien sentie s'ils osaient la ramener un peu trop devant le chef. L'incontestable mâle Alpha de la première meute rebelle de New York avait beau être jeune sous bien des coutures, il savait de quoi il parlait, il savait ce qui devait être fait et avait bien vu assez de chose dans sa courte vie pour prétendre sans rougir au rôle qu'il exerçait. Cette meute, c'était la sienne, il l'avait fondé, il l'avait élevé et il l'avait mené loin, avec des règles et des objectifs bien à lui, n'en déplaise à d'autre. Il n'avait jamais obligé personne à rejoindre les siens, ceux qui l'avaient fait savaient dans quoi ils s'engageaient. Du reste, s'ils libéraient certains lycans du joug des vampires, tous n'acceptaient pas de rejoindre un autre chef et prétendait à une autre sorte de liberté. Et cela, Dunstan l'acceptait aussi parfaitement. Pour les autres, pour ceux qui s'engageaient avec lui sur le chemin tortueux qu'il avait lui même choisi, il n'y avait pas de pitié pour les règles qui étaient brisées. Pourtant, elles n'étaient pas nombreuses, et toutes ne menaient pas à la même punition. Mais souvent, la seule qui se trouvait brisée était la plus couteuse à payer. Avec chacun d'entre eux, Dunstan avait été bien clair : une fois entré dans la meute, l'on ne trahi pas. Fuir était autorisé si l'on demandait, partir, arrêter, mais trahir... trahir était la pire vision qui affligeait au plus profond de son être le chef de meute. Trahir, c'était la pire action que l'on pouvait faire à l'encontre de ceux qui vous avez recueillit comme une famille. Trahir, c'était la mort. Tout simplement. Et des traitres, au fil des années il y en avait eu quelques uns, et à chaque fois que le jeune homme regardait ceux qui composaient les siens, il se demandait qui serait le prochain à lui foutre un coup de couteau dans le dos. Tous pouvaient le faire, et pourtant, la confiance du chef pour chacun d'entre eux était acquise. Car lorsque Dunstan accueillait quelqu'un dans sa famille, certes la vie n'était pas rose tous les jours, oui il y avait des actions cruelles et sanglantes, mais au moins, il y aurait toujours quelqu'un pour veiller sur l'autre. Une famille...

Pouvait-il seulement les considérer de la sorte ? La réflexion, après un verre de Whiksy parue à Dunstan un peu étrange. Il ne savait qu'en penser. Oui, il les appréciait et oui il les protégerait pour la liberté qu'ils avaient acquis. Mais... une famille ? Tss, cela faisait bien longtemps que le jeune homme avait oublié l'attachement. Après tant de morts et de désertions, on en perdait la foi. Et pourtant... le mâle Alpha qu'il était, connu pour ses colères inoubliables et son caractère de cochon s'était rendu compte que depuis des mois, il avait changé. En mal ou en bien, la question restait en suspend. Mais avec le temps, il s'était peut être un peu adoucit. Songer à cela fit rire Dunstan alors qu'il prenait une nouvelle gorgée. Un rire froid, un rire dénué d'envie, mais pourtant un rire. Court et vif, qu'il aurait presque pu passer inaperçu. Assit dans un fauteuil, tranquillement dans son bureau, il regardait le soleil s'éclaircir et se réveiller, quand un de ses hommes vint frapper à la porte. Soupir. Grognement. Le jeune homme poussa le verre sur le bois brun et salit du bureau pour annoncer d'une voix enrouée un petit « Entrez. » proche d'un certain dépit. La nuit avait été longue, les affaires difficiles à mener et la seule chose dont rêvait le loup c'était un petit somme sans réfléchir au lendemain, ne serait-ce qu'une fraction de minutes, et au mieux d'heures. Une envie qui sembla se faire légende lorsque le chef de meute put lire dans le regard de son agent que ce n'était guère une bonne nouvelle qu'on lui apportait. Adieu beaux rêves tranquilles...

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Le pouls s'était accéléré. Et un instant, Dunstan ne sut dire s'il s'agissait de celui de l'homme en face de lui ou du sien. Un instant, il écouta, se rendant compte qu'une sourde angoisse venait de teinter sa bouche, y laissant un goût âpre et déplaisant. Ses pupilles rétrécies, il ne demandait désormais qu'une chose de son silence et de son regard : une réponse. Il se leva d'un bon, étouffant sa voix presque irrité par des mots bien pressés.

« Alors ?!
-C'est que... On vient d'apprendre une mauvaise nouvelle chef. Tu sais, l'homme avec qui tu faisais quelques affaires, trafiques de drogues et autre...
-Oui Salem. Et alors ?!
-Cela fait plusieurs mois déjà qu'on a pas eut de nouvelles de lui, c'était le silence complet. Bah on vient d'apprendre qu'il... qu'il s'était fait arrêter. »

D'un mouvement rageur incontrôlé, la main du chef vint s'abattre sur le bois du bureau, ses ongles griffant dans un sifflement la matière. Un craquement. Le meuble menaçait presque de s'effondrer tant Dunstan appuyait dessus dans un silence plus que retenu.

« Où ça ? » Le mutisme qui suivit eut raison du loup. Le jeune homme esquissa un saut par dessus son bureau pour arriver devant son agent. Il reposa la question avec moins de patience, faisant trembler le pauvre homme devant lui. « OU CA ?
-Au Devil's Path. »

La sentence était tombée. Comme le couperet d'une guillotine, c'est là une nouvelle sans appel qui vient d'être révélée. Un silence lourd et tendu s'installe de nouveau, et cette fois, le coeur battant à rompre n'est nul autre que celui du mâle Alpha, qui sent en lui la rage et la colère se déverser. Oh comme il avait envie en cet instant de sentir le sang couler entre ses doigts, entendre des os craquer sous la force de ses poings et se délecter des hurlements terrifiés et douloureux de ses victimes infortunées. Pourtant, cette rage contenue ne fut pas dispersée aux quatre vents sur l'homme de main effrayé qui maintenant par toutes les peines du monde ses apparences malgré les tremblements qui ne cessaient de parcourir tout son corps. Relevant ses yeux d'un rouge carmin, Dunstan congédia d'une voix sombre son informateur qui ne se fit pas prier et ne s'attarda pas une seconde de plus. Au fond, il savait d'ores et déjà ce qui allait se passer. Car personne n'ignorait la relation qui avait évoluée entre leur chef et ce Salem sortit de nul part. Au début, ce n'était qu'un contrat comme un autre, une rencontre qui n'avait rien d'exceptionnelle d'ailleurs. Et pourtant, il y avait eut immédiatement une bonne entente entre les deux loups, comme s'ils comprenaient chacun la vision de l'autre sur la situation tout en partageant des avis différents. Tous savaient que si Salem n'était pas membre de la meute, il était néanmoins un proche ami de Dunstan, et que s'il l'avait demandé au mâle Alpha, il aurait eut toute l'aide dont il avait besoin, si un jour cela s'était fait ressentir. Apprendre que le lycan était désormais piégé dans l'enfer sur terre ne laissait rien présager de bon, car cela enrageait plus encore le jeune homme, le mettait dans un état de haine plus brulante que tous les feux infernaux des sombres royaumes de l'au delà. Rien ne pouvait être comparable à cette colère, car elle était capable de détruire tant de chose. L'effort surhumain qu'avait Dunstan pour ne pas aller tuer quelques putains de connard dans une rue merdique était considérable, et la seule chose malheureusement qu'il pouvait faire c'était d'accuser le coup et observer le tremblement presque maladif de ses mains.

Et puis vint l'exaltation, la puissance déversée qui ne pouvait être retenue.

Son bras fracassa ce qui avait été son bureau, brisant le meuble comme s'il n'avait été qu'un brin de paille. Le bruit assourdissant n'était rien en comparaison du hurlement bestiale qui traversait les lèvres du jeune homme. Et ce n'était guère fini. La chaise y passa aussi, trouva sa destination finale dans le creux d'un mur qu'elle avait formé en le rencontrant dans une impacte violente. Puis les restes du bureau, arrachant la porte de l'entrée, puis les coups de griffe sur les murs. Et enfin, les dernier relents d'un cri animal, blessé mais surtout véritablement réveillé dans toute sa cruauté. Dunstan était peut être considéré comme un être sans cœur, mais c'était loin... très loin d'être le cas. Et lorsqu'on osait le blesser en s'en prenant à ceux qu'il appréciait, alors c'était la bête que l'on réveillait. Ceux qui étaient coupables payeraient.

Et c'était une promesse.

Lorsqu'il sortit une dizaine de minutes plus tard, ses hommes avaient encore les pulsations de leur cœur en émoi, comme s'ils avaient craint à leur tour de ressembler à  un fauteuil et de se retrouver contre un mur. Pourtant, le calme semblait parfaitement être revenu sur le visage du jeune homme, à ceci près qu'il évita d'accorder le moindre regard à ses frères et sœurs, au risque de perdre à nouveau le contrôle léger trahit par le rouge toujours présent dans ses yeux. Personne n'osa lui adresser la parole, et chacun se contenta de le regarder partir en claquant la porte. Mais chacun savaient, ou presque, où il allait se rendre, même sans demander.

Devil's Path.

Même de loin l'Enfer sur terre était facilement reconnaissable, ne serait-ce qu'à l'odeur nauséabonde qui entourait chacun parcelles de terrain aux alentours, enfumant l'air d'une puanteur acre et presque vomitive. Pour des sens aussi aiguisés que ceux de Dunstan, c'en était presque un supplice, mais curieusement, après quelques minutes à avancer vers cette abomination olfactive, l'on finissait par s'habituer. La suite était presque aussi abominable que l'odeur de mort qui enivrait les lieux : le paysage chaotique parsemé derrière des grillages de fer bien solide, gardé par de bien charmants petits soldats fiers et arrogant qui observaient le spectacle avec délectation. Pitoyable. Le jeune homme approcha des barrières, conscient qu'il ne passerait pas de l'autre côté et que de toute façon il n'en avait pas vraiment envie. Ses yeux toujours d'un rouges de sang lui permirent d'approcher d'un des gardes qui était pourtant à l'opposer des barbelés. Un signe de sa part, le mec qui approcha, le visage grisonné par la poussière, ne semblait pas bien vieux, et pourtant il avait sur le visage cet orgueil déplaisant qui aurait donné envie à Dunstan de lui claquer la tronche pour montrer plus de respect. Il n'était après tout d'un putain de chien obéissant sans cervelle.

« Qu'est-c'que tu veux ? J'ai jamais vu ta gueule par ici.
-Tant mieux parce que j'ai jamais vu la tienne non plus. Je viens voir quelqu'un, et tu vas aller me le chercher.
-Oh calme, j'suis pas sous tes ordres mec. C'pas comme ça que ça marche ici.
-Approche ducon, j'ai quelque chose pour toi. »

Appuyé sur le grillage, Dunstan tendait au gars une petite liasse de billet, assez pour faire naitre quelques étoiles dans les yeux du petit toutou devant lui. L'homme approcha, attiré par l'appât du gain, et alors qu'il s'apprêtait à les saisir, le chef de meute les retira.

« Hé, d'abord je veux que tu ailles me chercher celui que je veux. Ensuite tu auras le fric. »

Grognement. Puis compréhension. Chacun ses règles du jeu.

« C'est quoi son nom ?
-Salem. Salem O'Malley. »

Rire. Moquerie. Rage montante.

« Tu viens voir ce fils de pute ? Ah ben, bon courage, c'con à complètement péter les plombs, un pauv' type de merde qui vaut plus rien. Tu perds ton temps avec lui.
-Tu vas me le cherche ou je dois payer un autre connard dans ton genre ?
-Ok ok j'y vais. »

L'impatience avait menacé, mais le lycan s'en va entre les murs sales et bétonnés du ghettos complètement pourrit. Dieu sait combien de temps le jeune homme du attendre. Il n'avait pas vraiment compté, mais il savait déjà que sa patience n'allait pas tenir bien longtemps encore. Et enfin, quand les minutes eurent cessé de couler sur les heures, il reconnu l'odeur de son ami sans même avoir à le regarder, le dos appuyé contre le grillage dégueulasse. Il fut difficile à identifier cependant, car tant d'autres fragrances se mélangeaient à celle qu'il connaissait déjà, étouffant presque celle tant recherché. Parmi elle, la plus présente était sans doute celle du sang, accompagnée de près par la mort, et sa sœur la douleur. Et sans grande surprise lorsqu'il se retourna, Dunstan manqua de ne pas reconnaître la carcasse qui était celle de son ami. Il n'avait semblait-il devant lui qu'un pantin dont les fils avaient été coupé, baigné par les tâches lugubres d'une humanité envolée, perdu dans un désespoir et peine qui se lisaient sur son visage déchiré. Malgré lui, malgré la froideur de son cœur destiné à être de pierre, l'Alpha ne put réprimer sur son propre visage l'apanage de la tristesse, atteint par ce qu'il voyait devant lui, blessé à nouveau mais différemment de voir ainsi un ami dans un tel état.

« Salem. T'as vraiment une sale tronche. Qu'est-ce que ces connards t-ont fait... » La question était purement rhétorique à vrai dire, car Dunstan, d'une part n'ignorait pas vraiment les horreurs, et d'un autre côté n'était pas certain de vouloir toutes les savoir. « Désolé d'arriver si tard, j'ai appris ça y a même pas une heure. 'Tin si j'avais su je les aurais tous démonté avant qu'ils te fassent ça. » Ca. Le regard du jeune homme c'était penché sur les tâches de sang qu'il savait ne pas être à son ami. Combien ? Combien en avait-il battu de la sorte sous les ordres d'un connard imbécile profitant de sa faiblesse ? « J'suis sans doute la dernière personne que t'aimerais voir par vrai ? »

A nouveau, la question avait ce petit quelque chose qui faisait que ça n'en était pas une. Pas vraiment. Mais pour l'une des rares fois dans sa vie, Dunstan ne savait pas vraiment comme réagir devant pareil spectacle qui aurait pu le faire frissonner si la rage n'avait pas continué de couler dans ses veines.
(c) Bloody Storm



Hrp : Bon, je m'excuse déjà du retard que j'ai pris pour répondre à ton super rp  14  Ensuite bah... m'excuse aussi, j'ai fais aussi long pour mon post, c'était pas voulu, mais voilà xD En espérant que ça te plaise  Amour
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MessageSujet: Re: ❝ and the demons all around you waiting. ❞ - DUSTEM    ❝ and the demons all around you waiting. ❞  - DUSTEM EmptyMer 8 Oct - 22:57




Everything around you is caving in

- You need something to justify your soul -


Ça se bouscule inlassablement. Toujours. C’est comme une bagarre infernale. Une lutte déjà perdue d’avance. Qui aura raison de moi ? À la toute fin, car c’est bien ce que je vois et mise. La fin. Dangereusement, je l’approche. L’achèvement de tout… de rien… de moi… de cette vie de misère. Tout ça est si près et à la fois si loin. C’est confondu et entremêlé. Mes sens m’abandonnent et je regarde, docile, les murs de la cuisante réalité s’effondrer peu à peu. Le néant. Le vide. La fin. Silence. Froid. Terne. Banal. Hiver. Givre dans mon cœur. Zestes de glace acérées qui me déchirent la cervelle, les visqueux lambeaux clairsemés allant s’écraser contre les cloisons osseuses de mon crâne. Implosion. Douleur. Torpeur. Terreur. Incompréhension. Mourir ? En suis-je rendu là ? Les mains sardoniques de l’illustre Faucheuse se sont-elles emparées de moi ? Le déploiement funèbre de ses ailes aux reflets d’encre va-t-il enfin engloutir mon âme fêlée dans l’ébène de son manteau mortuaire ? Attendre. Long. Pénible. Interminable. Minable. C’est tout ce que je sais faire, de toute manière ; attendre que le poids du monde brise mon échine et me penche vers la terre. Soumission. Abandon. Humiliation.

Frêle funambule qui a enfin embrassé le vide et qui s’est fracassé la carcasse dans le tréfonds enténébré de l’abysse. Démolis. Détruis. Anéantis. Machinerie déraillée et cassée. Le mécanisme déglinguée et déséquilibré. Vieille horloge brisée qui n’indique jamais l’heure juste et qui fonctionne à contre sens. J’erre entre le Temps et l’Espace. À reculons, à l’aveugle, j’avance. Là-bas, la silhouette. Là-bas, le treillis de fer. Frontières séparant deux mondes. Maigres barrages empêchant les flammes de l’Enfer de venir engloutir les restes déliquescents de cette ville démunie du moindre lambeau d’espoir et laissée pour ruine. J’avance sur l’horizon de malheur, me rapproche lentement de la haute clôture bariolée où je vois se caricaturer entre le filet de métal les traits austères d’un visage de marbre.

Dunstan. J’aperçois son ombre. Je m’en approche. Sur moi, son regard, embaumé de lourdeur. Je sens qu’il m’observe. À mesure que j’effleure le seuil de la clôture, à mesure qu’un vague étrange déferle sur mon armature humaine. Parlant d’étrangeté, lorsque mes deux billes de saphirs viennent à s’accrocher contre le bleu cristallin de ses yeux, curieusement, l’air étrange vient aussi prendre lueur dans la profondeur de son regard. Ce regard de quelqu’un tout droit sorti de l’abîme de ma mémoire, fantôme de mes pensées et chimère de mes souvenirs refoulés. Des songes me gonflant le cœur de fierté et des idées de grandeurs qui entaillent désormais mon être déliquescent en me revoyant à la figure tout ce que je possède plus. Accablant. J’ai cette sensation de regrets amers et d’humiliation profonde. Vieille horloge brisée qui n’indique jamais l’heure juste et qui fonctionne à contre sens. Impression de revenir en arrière, l’Autrefois qui me tire sans aucune pudeur vers une ère désormais si lointaine. L’ère de l’Espoir. L’ère de la Liberté. L’ère où lui et moi refaisions le monde à notre manière. Nos âmes avides de tyrannies rencontrant les gloires et ainsi une poignée de défaites. Voguant entre les ténèbres et la lumière. Le temps de l’amitié. Le temps de la fraternité. Le temps de la vie…

Temps qui s’est désormais sordidement effiloché entre nos doigts.

Je rafle enfin son niveau, mes phalanges livides, teintées par l’éparpillement de quelques larmes cramoisies, allant saisir et s’entortiller entre les mailles de la clôture de fer. Son commentaire sur ma tronche de déterré me fait sourire. Un sourire sincère. Un sourire sans tristesse. Un sourire déposé là sur ma gueule engourdie de misère et qui semble, pour l’espace d’une seule seconde, oublier l’atmosphère trop amère. Une lueur diffuse, à la légèreté d’un éphémère, éclaire mon regard. Asphyxiante lucidité qui me serre la gorge et m’emprisonne entre abîme et tombeau. Je reste silencieux, une poignée de seconde. Assimile les paroles qui peinent à trouver refuge vers mes oreilles. Mes yeux balayent furtivement les environs, se posant sur les dos des gardiens qui surveillent le coin des visiteurs de leurs regards circonspects. Dunstan court un grand risque en venant me voir ici. Je le sais.

- C’est dans ce genre de circonstance que je remercie la maladresse de tes informateurs et la subtilité de nos tyrans. Contre ces raclures, ta meute, même toi, ne fait pas le poids, Dunstan. Voix éreintée et croulante avec piété vers l’abîme du néant. Murmure dont l’écho démuni d’émotion résonne pourtant la douleur de la mort et le gouffre d’un vide trop lourd.

- Au contraire, je suis vraiment heureux de te voir… surtout de l’autre côté de cette clôture. Je ferme les yeux, mes doigts se resserrant contre les maillons de la barrière de fer. Avec le régime, la vigilance plus dégourdie des Grands de cette putain de ville, j’ai merdé… royalement. Tu avais raison… depuis le début. Ces connards vont vraiment finir par nous lobotomiser.

J’ouvre les yeux et plante mes deux billes d’un bleu javellisé dans les siennes.

- Tu es seul à voir clair dans toute cette bouse. Tu es le seul en qui je peux faire véritablement confiance. Tu dois faire quelque chose… avant qu’il ne soit trop tard.

Tout près de nous, un gardien armé défile, son regard suspicieux venant sans aucune pudeur se poser sur nos deux carcasses.

Qu’est-ce qu’il nous veut, celui-là ?
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