That girl's a monster

Les jolies femmes me perdront. Je l'ai toujours su. N'avais-je pas perdu la vie pour les belles prunelles d'une demoiselle? Toutefois, celle-là, je ne l'avais vraiment pas vu venir. Jeune et fragile. Elle semblait tellement innocente. Tellement pure. Son sang devait être un véritable délice. Un nectar onctueux dégoulinant le long de mon gosier. Une explosion de saveur sur mes papilles. Au lieu de ça, je ne gardais qu'un goût amer et un maux de tête effroyable. Une sorcière. A tout les coups c'était une sorcière. Y a que des sorcières pour être aussi tordue! Salem, ville de mes fesses! Émergeant lentement de cet abysse de douleur, je prenais de plus en plus conscience de mon corps. Je tentais de relever mon buste, en vain. Je tentais de bouger mes jambes, en vain. Je tentais de bouger mes bras... En vain. Merde! Réduit à l'impuissance par une femme! Une adolescente! Jamais ça ne m'était encore arrivé et je ne pensais pas ce jour possible! Il flottait dans l'air une odeur rance de mort et de renfermé. Au-delà de cette fragrance désagréable, je percevais l'arôme délicat de sang frais, pulsant encore dans les veines de mon bourreau. Je pouvais entendre le bruit de ses pas se perdre dans l'immensité des lieux, les battements de son coeur cognant à répétition contre sa cage thoracique. Je me ferais une joie de déchiqueté la peau opaline de cette petite effrontée.

- ...

Ma bouche s'ouvrait mais aucuns sons ne franchissaient le bord de mes lèvres. J'avais la bouche pâteuse et collante. J'avais soif, Morbleu! Je voulais m'abreuver à son artère, la vider de toutes essences de vie, l'entendre m'implorer! Cette gredin n'obtiendra aucune pitié de ma part! Je m'agitais férocement, cherchant à me défaire de mes entraves... C'était à peine si je bougeais d'un yota! Toutes cette énergie de gaspiller pour rien! Et cette soif qui n'en finissait pas de m'accabler!

- Enondu!¹ parvins-je à grogner entre mes dents serrés. Est-ce qu'on pourrait bien me dire ce que je fais-là?!

Vient voir par là, petite...:

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That girl's a monster

Nathaniel&Ruth

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation était pour le moins inattendue. Je n’avais pas tout-à-fait prévu que ma soirée se déroule de cette manière. Pourtant, je prévois toujours tout à l’avance. Mais cette fois-ci, il semblerait que les événements aient échappé à mon contrôle, et je ne saurais dire s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise chose. Pourtant, rien de tout ceci n’est ma faute. Comment aurais-je pu penser qu’un vampire eut été assez stupide pour s’en prendre à une sorcière, une d’Absac par-dessus le marché ? Bien mal lui en a pris. Il m’a suffi d’un souffle sur son visage pour le plonger dans un profond sommeil. Un sommeil dont je savais qu’il ne durerait pas. J’aurais pu m’en retourner, saine et sauve. Je l’aurais dû sans doute. mais je n’avais pas pu résister, surtout en voyant ses mains. Par chance, la nuit avait été mon alliée et j’avais pu le trainer tant bien que mal jusqu’à mon repère. C’est qu’il pesait son poids et je n’aime pas user de la magie à la légère. Pour le reste, une corde imbibée d’eau bénite avait fait l’affaire. Par sécurité, j’avais fixé un crucifix sur la porte. Il ne pourrait pas m’échapper.

Je sais que je prends des risques. Je connais les règles, celles du pacte. Si jamais ce que je suis en train de faire, ce que je m’apprête à faire, venait à se savoir, même mon nom de famille ne me protègerait pas. Il est probable que ma grand-mère se chargerait elle-même de m’achever, pour avoir mis en péril tout ce qu’elle s’est acharnée à construire. Ce sont des éléments à prendre en compte, et qui pourtant ne parviennent pas à peser dans la balance. Pas quand je le vois, ainsi. Il est tout simplement parfait. Parfait pour ce que j’ai en tête. Et puis, je dois l’admettre, je suis curieuse. Si je lui coupe les mains, repousseront-elles ? Où la blessure cicatrisera-t-elle d’une toute autre manière ? Je ne vais pas tarder à le savoir. Et à cette perspective, je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire amusé tout en préparant mon matériel. La petite scie électrique, avant d’enfiler mon tablier de travail qui n’est plus immaculé depuis longtemps et une paire de gants en plastique.

Voilà, il se réveille. Ce n’est pas trop tôt. Je sais que c’est risqué, mais je sais aussi que je ne peux pas le tuer. Et puis, voir la peur dans leurs yeux déclenche toujours ces sortes de papillons qui chatouillent le creux de mon ventre. Soudain, je me sens réellement vivante, dotée d’un pouvoir ultime de contrôle et de création. Il grommelle quelque chose sans grand sens. Mon sourire s’élargit et je m’approche un peu de lui.

« Bonjour. »

Puis, je me reconcentre sur mon outil, armé de batteries neuves. Je l’actionne une fois, deux fois, afin de vérifier qu’il soit bien opérationnel. Mais quelque chose attire mon attention. Doucement, je m’approche davantage afin de le regarder plus précisément.

« Tu as de jolis yeux... »

Très jolis. Je ne les avais pas bien vus auparavant. Je pourrais peut-être en faire quelque chose. Est-ce que ça aussi, ça repousserait ? Je me recule un peu et regarde autour de moi. Je dois bien avoir une petite cuillère quelque part...  

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Mes yeux s'ouvrirent sur un panorama fort inquiétant. Je ne reconnaissais pas l'endroit mais je devinais un lieu inoccupé depuis longtemps. Un lieu abandonné et donc, probablement isolé. Hurler ne me serait d'aucune utilité. De toute façon, je ne comptais pas crier telle une fillette apeurée. Mon ego de mâle se mêlant à mon orgueil de pirate, j'étais écœuré à la simple idée d'implorer la pitié de cette folle décérébrée. Pourtant en la voyant approcher avec son objet tranchant, la bile me monta à la gorge. Ou en tout cas c'était une sensation s'y approchant. Mon estomac se nouait comme de multiples nœuds marin. Une crainte qui se transforma bien vite en terreur lorsqu'elle fit mention de mes yeux. Je la voyais observer les alentours. Elle était à la recherche d'un autre instrument de torture. C'était ça? C'était forcément ça!!! Aussitôt, je m'agitais de nouveau, en vain. Des grognements féroces se déployaient dans ma gorge, des grognements féroces se transformant en des grognements de frustrations. Je me sentais totalement impuissant et pris au piège par cette tarée!

— Pourquoi je suis là? Qu'est-ce que tu me veux, bon sang?! m'énervais-je.

En dépit de ce ton de grosse brute que j'adoptais, moi-même je devinais une crainte palpiter à travers ma voix. Cette fille devait être mon en-cas, une simple petite poche vivante sur pattes! Et non pas une petite fourbe de tortionnaire! Et surtout... Pas touche à mes yeux! Pas touche à mon corps! Pas de cette manière! J'aimais les relations un peu violente mais seulement si j'y prenais ma part de plaisir. Ce qui n'était clairement pas le cas dans cette situation!

— Ecoute gamine, commençais-je avec calme, jouant de mon regard charmeur, si tu me détachais on pourrait prendre le temps de discuter de tout ça, toi et moi.

Et mon fessier c'était du crottin de lycans! J'allais surtout la saigner, cette petite dégénérée. J'allais l'attacher à son tour et la laisser pourrir dans ce coin miteux! Hors de question de la laisser s'en tirer de cette manière! Tout comme je m'imaginais toute les possibilités de la torturer, jamais elle ne me détacherait. Je le savais et pourtant j'espérais que ma belle gueule suffirait à pencher la balance en ma faveur.

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Nathaniel&Ruth

Je me sens prise de cet élan d’excitation qui me traverse à chaque fois que je me retrouve dans cette même situation. Ma victime est là, assise sur sa chaise, sans pouvoir esquisser un mouvement. Plus je le regarde et plus il me plait. Il est absolument parfait. Je pourrais même le tuer et en faire une poupée à part entière. Mais je ne sais que trop ce que je risquerais. Ce que je risque déjà d’ailleurs. Je peux sentir sa peur et la situation n’en est que plus parfaite. J’ignore encore ce que je ferai de lui après coup. Cette fois-ci, aucun cadavre à laisser derrière moi, mais un être qui pourrait potentiellement parler. J’y songerai plus tard. Pour le moment, j’ai du pain sur la planche et largement de quoi m’occuper. Il s’énerve. Un fin sourire se dessine sur mon visage. Peut-être pressent-il déjà pourquoi il se trouve ici. Peut-être que non. Mais pour les besoins de la science, c’est une expérience que je dois pratiquer. Au moment où il ouvre de nouveau la bouche, je mets la main sur la fameuse petite cuillère que je cherchais et la garde de côté, avant de me tourner de nouveau vers lui.

« Je ne vais pas te le dire, je ne voudrais pas gâcher la surprise. Tu ne tarderas pas à le savoir de toute façon. »

J’avais hâte. Hâte de commencer à jouer. Il ne me faisait pas peur. Il était à ma merci à présent. Je pouvais lui faire exactement tout ce que je souhaitais. Je m’approche de lui, doucement. Je ne souhaite pas non plus le faire paniquer. Il faut qu’il reste le plus calme possible afin que l’opération se déroule en douceur. Que sa chair demeure tendre et prompte à être découpée. Je me recule légèrement et le regarde en le voyant ainsi tenter de m’amadouer. Il est distrayant, c’est le moins que l’on puisse dire.

« Je n’ai pas envie de parler. Et tu devrais éviter également, si tu ne veux pas que je te coupe la langue. »

Car je le ferai, s’il m’agace trop. Il m’empêche de me concentrer. Peut-être aurais-je dû lui faire boire une potion paralysante. Ou le maintenir dans l’inconscience, le temps d’effectuer ce que je dois faire. Mais c’est trop tard à présent. Une fois que je suis lancée, je ne peux plus m’arrêter. J’empoigne ma scie électrique. Et la mets en marche.

« Ne bouge pas. »

Je chantonne à présent, tout en fixant désormais son poignet, l’endroit exact où je dois rompre la jointure. Je lui jette un dernier regard avant de me concentrer, et de m’atteler à la tâche. 

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J'aimais les surprises... mais pas cette fois. Pas quand la surprise provenait d'une folle dégénérée. Mes claires prunelles demeuraient fixées sur la petite cuillère qu'elle détenait entre ses doigts. La dernière fois que ce petit ustensile m'avait paru aussi dangereux, c'était en période de guerre. Mais par chance - tout du moins c'est ce que je croyais - elle reposa l'objet de torture. Pas pour autant rassuré, je tentais de l'amadouer. Vainement. Mon charme ne semblait pas la faire changer d'avis. Je m'en étais douté. Je devais partir. Vite. Je devais fuir. Rapidement. Loin. Vraiment loin d'elle. Lorsqu'elle mentionna la possibilité de couper ma langue, une vague de panique me submergea. Elle était dérangée. Il n'y avait pas d'autres mots. Mon estomac se nouait, jouant les montagnes russes. Je voulais vomir mais j'en étais biologiquement incapable. Elle empoigna sa scie électrique... la mit en route... et il me fallu quelques secondes pour réaliser. Tétanisé, je la voyais approcher. Incapable de bouger, mes muscles se raidirent. Non. Elle n'allait pas... Je refusais de voir l'évidence même. Je voulais encore me persuader que tout ceci n'était qu'un bien mauvais rêve. Un terrible cauchemar dont j'allais me réveiller. Rien. Rien à part cette terreur. Ses yeux croisèrent les miens et je compris. Tout ça était bien réel. Elle était bien réel... et elle allait le faire. La lame de la scie approcher. Pris d'un soudain sursaut d'angoisse, je pouvais sentir le désespoir ramper sous ma peau.

— Non! Stop. Ne fais pas ça! Gamine! m'écriais-je.

Ma voix me paraissait méconnaissable, bien trop aigüe. Je savais qu'hurler ne l'empêcherait pas de commettre l'irréparable. Hurler ne rendrait pas la douleur à venir plus supportable. C'était tout simplement viscérale. Je ne pouvais rien faire contre ça. Avec force, je tentais de me dégager de mes entraves. C'était inutile. Je le savais également... mais plus je me rendais à cette évidence et plus férocement je tentais de me libérer.

— Arrête ces conneries, sérieux! Je suis trop beau pour être amoché!

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Nathaniel&Ruth

Pour la cuillère, je verrai plus tard. Pour l’heure, il y a d’autres parties du jeune homme qui m’intéressent davantage. Je l’avoue, je prends un malin plaisir à ce qu’il puisse voir ce que je m’apprête à faire. C’était la toute première fois que j’ai la possibilité de mener une telle expérience, sans mort à la clef. Habituellement, la victime a déjà trépassé. Mais cette fois-ci, le tout a un véritable goût de nouveauté qui me plait tout particulièrement. Le fait qu’il me supplie a quelque chose de particulièrement savoureux. Jusqu’à un certain point. Mais voilà que ses pleurnicheries commencent peu à peu à m’agacer. Je n’arrive pas à me concentrer et cela m’ennuie beaucoup. Heureusement qu’il ne peut pas bouger. Ce que je fais est un travail de précision, et je n’ai pas la moindre envie que tout ceci se transforme en boucherie. Peut-être que je devrais réellement lui couper la langue. Ou lui arracher les cordes vocales, beaucoup plus efficace à mon avis. Sous le coup de l’énervement, je lui tranche la moitié du poignet d’un coup sec. Et je ne suis pas ravie, loin de là. J’aime prendre mon temps. Bien faire les choses. Et voilà qu’à cause de cet imbécile, j’ai peut-être gâché une main en parfait état. J’éteins la scie électrique, et d’un geste rageur, la jette au sol, sans me soucier le moins du monde de ses cris.

« Tu peux pas te taire ? Tu me déconcentres, regarde un peu ce que tu m’as fait faire ! » Je n’aime pas m’énerver. Encore plus lorsque je suis en plein travail. Je prends une profonde inspiration afin de me calmer. « Bon, tiens toi tranquille si tu veux que je termine rapidement, d’accord ? » Je me force à sourire, espérant le réconforter et le mettre davantage à son aise. C’est ainsi que les autres semblent faire je crois.

Peu importe que cela fonctionne ou non, au fond. Je souhaite seulement qu’il me laisse me concentrer. C’est vrai qu’il est beau, et c’est bien pour cette raison que je ne veux pas en gâcher les morceaux. Je baisse le regard sur son poignet... déjà pratiquement guéri. Une autre chance de mieux faire, donc. Avec un sourire cette fois beaucoup plus franc, je rallume ma scie électrique, m’attaquant de nouveau à son poignet, cette fois avec bien plus de précision...

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La petite salope! D'un coup rageur, sa putain de scie me déchiqueta le poignet. Un cri. Encore un. La douleur. Insupportable. Un flot ininterrompu voulait sortir de ma bouche mais je me retenais. Cette gosse était folle. L'insulter me soulagerait mais à quel prix? Bien que dans tout les cas, j'étais mal barré, je gardais une certaine lucidité... pour le moment.

Mon regard plein de rage se posa sur son visage de porcelaine. Un visage pouvant feindre l'innocence mais en cet instant elle avait le visage du diable. Sa colère transparaissait dans sa manière de me parler et de balancer son putain d'instrument! Bordel! Elle était fâchée? Que je lui coupe son bras et on verra si elle a pas des raisons de hurler! Me jurant de lui faire sa fête une fois sortie de là, je m'imaginais toute les atrocités que je pourrais lui faire subir. Lui couper la langue serait une bonne idée, pour lui éviter de réciter un sort. Lui couper les mains, pour lui éviter d'accomplir des rituels à venir. Lui crever les yeux pour qu'elle n'est plus la satisfaction de voir ses victimes. Puis sa scie se remit en marche. Le cauchemar reprit.

Je serrais des dents, cherchant à ne pas hurler. En vain. La douleur me submergeait telle une vague. Elle partait de mon poignet pour se répandre dans tout mon corps... pour revenir aussitôt. La scie transperçait ma chair et pire que tout, les nerfs. Les muscles de mes bras se tendirent. Mes cris franchirent la barrière de mes lèvres, témoignant de cette lente agonie que je subissais. Pire que tout... je savais qu'il ne s'agissait là que du début. Le début de la fin. Je ne voulais pas mourir. Pas ici. Pas dans cette chaise. J'avais traversé les siècles, mené des guerres... Je ne voulais pas mourir à cause d'une petite idiote qui n'a pas été fichu de s'acheter le jeu "Docteur Maboule" pour assouvir ses fantasmes de chirurgienne ratée. Je détournais mes prunelles de cette vision d'horreur. Je ne voulais pas voir ma main se détacher de mon bras. Je ne voulais pas voir... persuadé que cette vision d'horreur ne ferait qu’accroître cette douleur aliénante. Tel un damné, je cherchais à libérer mon autre bras. Échec total.

L'enfer ne se trouvait peut-être pas sur Terre... mais j'en avais un parfait avant-gout.

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