GROUPE 4 ► Freaky like us - Seconde partie de l'intrigue

Ennuie mortel.

Si Éris s’était déplacée, c’était uniquement parce qu’elle était intimement convaincue que quelque chose déraperait au cours de cette misérable fête. Un nid de vampire, en plein air, vulnérable par tous les côtés... Une occasion idéale pour des chasseurs. Des sorcières à ne plus savoir quoi en faire, dont toutes les têtes de la Confrérie. Une occasion idéale pour les révolutionnaires. Des humains en talons hauts et autres habits inconfortables empêchant une fuite efficace. Une occasion idéale pour les suceurs de sang. Non, vraiment, quelque chose allait bien finir par capoter, par vrai ? Pas vrai ?

Sa seule lueur d’amusement fut l’élection d’Alaric en tant que Mister Salem, accompagné de sa patate rousse de poche. Son visage, sa colère contenue, son dégoût, ses épaules raidies... Un régal qui lui arracha un éclat de rire qu’elle ne chercha même pas à cacher. C’était ça, être sous le feu des projecteurs, surtout avec une gueule pareille. Pour sa part, elle était arrivée trop tard. Autrement, il était évident qu’elle serait aux côtés du fossile. Puis...

Sourire incontrôlable.

Le Chaos. Enfin. Le voici, le voilà, dans une forme qu’elle n’aurait pu prédire. Éris adorait les surprises de ce type. Un mutant déchiquetant la chair d’une pauvre blondinette qui n’avait rien demandé. Des vampires devenant complètement fous, incontrôlables. De véritables bêtes, comme elle les aimait. Des humains, aussi, avides de chair. Ses propres sens lui hurlaient de se jeter à la gorge de ces victimes faciles, néanmoins elle n’en fit rien, trop curieuse de savoir ce qui pouvait causer un tel phénomène.

- Mais c’est quoi ce bordel ? !

Des prunelles sanguinolantes se fixèrent sur la rouquine impertinente qui osait s’adresser à elle avec tant d’impolitesse. La Déesse jaugea sa compère du regard. Une saleté Romaine. La jeune femme avait toujours eu du mal avec cette nation, et leur chute la réjouissait encore aujourd’hui. Ce fût un sifflement colérique, impatient, qui répondit à sa cadette.

- Change de ton, petite.

Bien sûr, elle se doutait que l’exclamation ne la visait pas. Que l’impolitesse était causée par l’adrénaline, le stress d’une telle situation. Que c’était la Grecque qui était bizarre, a demeurer parfaitement calme alors que tous cherchaient à fuir le terrain de golf, profitant de l’air ouvert pour courir dans toutes les directions. Gare à ne pas la bousculer, vous trébucheriez. Toujours était-il qu’elle avait assister à des carnages bien plus important. Une telle chamaillerie ne faisait que captiver son intérêt malsain. Néanmoins... Elle était frustrée. Pour une raison parfaitement simple.

- Je ne sais pas ce qui se passe. J’y suis pour rien.

La phrase n’était aucunement dite pour s’innocenter. Une pointe de déception pouvait même se faire sentir. Éris aurait voulu causer ce chaos, ou y avoir participé d’une façon ou d’une autre. Mais ce n’était pas le cas.

De ce fait, elle devait le faire cesser. Pour son honneur.

Ses prunelles, toujours de cette teinte inquietante, se posèrent sur la frêle silhouette d’une mortelle terrifiée et immobile. Comme si la pénombre de la nuit allait l’envelopper et la dissimuler, la protéger, idée débile.

- Tu devrais bouger, gamine. Tu vas crever.

Sa main plongea soudainement dans la poitrine d’un assaillant bien trop près. Ses doigts s’enroulèrent brutalement autour de l’organe encore palpitant : un mutant. Elle arracha le cœur sans ménagement pour mieux le jeter au sol. Un frisson d’excitation la parcourue, et sa langue parcourue goulûment ses lèvres. Tous ses sens étaient en alerte. Un véritable animal au bord de céder à ses pulsions.

Un sourire immense, presque enfantin, barrait son visage d'une extrémité à l'autre, contraste saisissant avec l'humeur ambiante.

- Ne t'en fais pas... Reste auprès de nous et tu survivras. Ce sont ceux qui tentent de s'approcher qui vont crever.

Éris était agacée par cette réplique. Néanmoins, elle devait concéder, à contre coeur, que la rousse n'avait pas tort. Quiconque approcherait les Originelles avec des intentions malsaines... n'en aurait plus jamais. L'organe sanguinolent dans sa main le prouvait amplement. La Déesse le lâcha enfin, le laissant tomber dans un bruit écoeurant et mouillé, alors que la Romaine tuait deux mutants d'un même mouvement. N'importe qui aurait avoué que c'était classe. Pas elle. La jeune femme hausse un sourcil moqueur.

- Tu veux lancer un concours de celle qui a la plus grosse, Romaine ?

Et pourquoi ne pas glisser une pique, par la même occasion ? La brune détestait déjà cette sale peste... Uniquement pour ses origines. Ouais, c'était raciste. Rien à foutre. Son attention revint sur la petite humaine terrifiée, cachée contre la table pour chercher à se protéger. En plein air, c'était pas évident, il fallait bien le lui accorder.

- Restez avec vous ? Tu m'en vois ravie.

Sourire en coin. Perfidie. La vampire lécha pensivement le sang sur sa main. Oui, ça pourrait être amusant. Elle ne comptait pas protéger cette humaine. Jouer avec elle semblait bien plus intéressant. Ses prunelles croisèrent celles de la pauvre petite, et un éclat y brilla pendant un bref instant. Adieu, la raison. Arrête de réfléchir, gamine. Je veux voir ce que tu peux faire sans toutes ces hésitations humaines. Le pouvoir d'Éris flotta dans l'air, embrouillant l'esprit de cette pauvre gosse qui n'avait rien demandé.

Pas trop. Par précaution.

Son attention revint sur le champ de bataille, comme de rien. Difficile de savoir s'il c'était passé quelque chose, en fait. Aux yeux de plusieurs, il ne s'agissait que d'un échange de regard. Mais c'était plus. Tellement plus. Ses prunelles se fixèrent soudainement sur quelques silhouettes approchant, et elle renifla. Un Originel, peut-être deux, avec un vampire moins âgé et un mutant. Tous avaient la bave aux lèvres et les yeux fous. S'ils commençaient à attaquer en groupe, tout de suite, ça allait devenir beaucoup plus compliqué.

- Tu prends ceux de gauche, je me charge de ceux de droite.

Ce n'était absolument pas une suggestion ou une question. La Déesse n'avait pas envie de se casser un ongle dans un combat inutile contre un groupe plus nombreux. Elles allaient devoir se diviser le travail.. Et tant mieux si son petit jouet du moment se mêlait à la partie. La Grecque fonça sans plus attendre, les crocs sortis, prête à faire un carnage.

Après, différencier les gentils des méchants deviendrait forcément un peu plus compliqué.