Sujet: ❝ i said, are you gonna be my girl ? ❞ - SASHEM Mar 19 Mar - 20:30
Can I confess these things ?
Well I don't know.
Rendre quelque chose inaccessible et tout le monde essaie à grande peine de le conquérir. Le Devil’s Den, une place bizarre, où j’ai l’habitude de divaguer entre. On empêche les gens de rentrer, ceux-ci se joint en rang et patientent gentiment que l’accès ne leur soit finalement permis. Rendre quelque chose inaccessible et tout le monde essaie à grande peine de le conquérir. C’est donc ça le truc ?! Place bizarre, où j’ai l’habitude de divaguer entre. Les gens fêtent, les gens souris, tout le monde on l’air heureux, mais en vérité, pourtant, tous ces gens s’assemblent pour se panser le cœur et guérir leurs blessures. Ce n’est peut-être pas le grand bonheur et ce n’est peut-être même pas le vrai. Ce n’est pas grave. Lorsque ledit bonheur se présente enfin à nous, jamais on le questionne, jamais on l’interroge, on le laisse s’approcher et l’accueillons à bras grands ouverts… car nous avons tous désespérément besoin de lui. Rendre quelque chose inaccessible et tout le monde essaie à grande peine de le conquérir. C’est donc ça le truc ?!
Le bonheur, c’est comme l’amour. On ne sait pas vraiment à quoi ça sert mais on le pourchasse. On le désire. Le bonheur, c’est traître et sournois. C’est un faux compagnon. Un moment d’extase absolu, qui finit néanmoins par nous abandonner et détaler à grandes enjambées. Le bonheur, c’est comme l’amour. On traverse un instant d’exaltation enivrante, on pense enfin l’avoir trouvé mais dès lors on le perd. On ne sait pas vraiment à quoi ça sert mais on le pourchasse. Rendre quelque chose inaccessible et tout le monde essaie à grande peine de le conquérir. C’est donc ça le truc ?! Amour et bonheur. L’un comme dans l’autre, on retrouve des vertus compensatrices et ou attractives. Cela a instantanément un impact surpuissant sur le moral, mais le tout n’est jamais que de l’illusion à son état des plus purs. Pire encore, cela engendre des dégâts irréversibles sur la maigre ligne qui accentue ainsi la chute fatalement libre du fameux moral avéré si frêle et imprécis sur la donne.
Durant longtemps, je dévisage le tréfonds de mon verre à moitié vide qui est précieusement bien encagé dans le creux de mes mains. J’ai les pensées enchevêtrées et coincées à quelque part entre les méandres de mes songes sinistres et complexes. La musique techno-pop vient doucement emplir les blancs de discussion de la clientèle déjanté et ordinairement nombreuse lors d’un vendredi soir. Tranquillement, je hisse mes claires prunelles sur la foule versatile qui s’édifie devant-moi dans une gigantesque mélasse de gens horripilants et béats. Avec aversion, mon regard s’enfonce doucement dans le cœur de cet univers candide, méconnu du doute, bercé par le monde occulte et de l’amalgame de ses ordinaires complications. L’ambiance est palpable d’une tranquillité chaleureuse, l’air oppressant et ardent des environs offre un dôme de réconfort au-dessus de ces têtes bécasses se remuant viscéralement au même rythme de la musique ponctué. Le pittoresque exposé offre un mur de banalité assez déconcertant et écœurant. Place bizarre, où j’ai l’habitude de divaguer entre. Les gens fêtent, les gens souris, tout le monde on l’air heureux, mais en vérité, pourtant, tous ces gens s’assemblent pour se panser le cœur et guérir leurs blessures. La Terre n’est qu’une sphère corrompue de l’est à l’ouest, du nord au sud, nous tous fourmillons dans ce gros tas de merde, engrenés dans le même cheminement, caressant les mêmes convoitises et poursuivant le bonheur jusqu’à ce que mort s’en suive. J’ai jamais aimé le commun des mortels, tout comme je n’ai jamais aimé l’excentricité des forces de l’ombre. Finalement, à bien y réfléchir, dans le caveau abyssal de ce bas-monde, j’apprécie que très peu de choses... et à ressasser mes estimes dans tous les sens praticables, très vite, je remarque que tout compte fait je n’estime absolument rien. Blasé de moi-même, je soupire exagérément, ferme quelque instant les yeux et vient lourdement m’accouder sur la lisse surface lustré du comptoir du bar avéré bondé jusqu’à ce que saturation s’en suive.
Et pendant que j’envoie chier la terre entière dans mon for intérieur, du coin de l’œil, j’aperçois la barmaid de mon petit cœur qui s’effare à servir les consommations de quelques clients qui m’avoisinent… Ugh ! Ça ne finirait donc jamais toute cette remue ? Pas possible d’engager la conversation ici-dedans, il y avait toujours quelqu’un pour nous déranger Sasha et moi ?
Dernière édition par Salem L. O'Malley le Sam 15 Juin - 8:19, édité 10 fois
InvitéInvité
Sujet: Re: ❝ i said, are you gonna be my girl ? ❞ - SASHEM Ven 29 Mar - 1:28
HJ : Bon, c'est vrai, je te l'accorde, c'est pas du grand Maria ... euh, Sasha ! (désolé, c'est l'habitude) ... Mais, je voulais au moins te répondre au lieu de te faire patienter pendant un temps encore indéterminé. Enfin bref, dis-moi si ça te va malgré tout ou si tu veux que je change certain trucs.
InvitéInvité
Sujet: Re: ❝ i said, are you gonna be my girl ? ❞ - SASHEM Ven 19 Avr - 3:57
Can I confess these things ?
Well I don't know.
Incessants et soporifiques, tout autour de moi, les dialogues fusent. D’une oreille peu attentive, j’écoute les discours que se partagent plaisamment la foule, interceptant des dialogues tellement si ennuyeux, que je passe très près de ronfler ma vie sur le comptoir. Mais avant que les bras de Morphée ne viennent me bercer dans le monde féérique des rêves, je la vois doucement apparaître dans le coin de mon regard absent et obnubilé. J’ai même pas le temps de saluer ma nouvelle voisine de tabouret, que cette dernière m’aborde avec l’une de ses âneries légendaires qui comme toujours m’écorche sur les lèvres un gigantesque et euphorique sourire de gamin.
- Pas trop tôt…
?????
J’hausse faiblement un sourcil lorsque je vois le visage de Sasha se rapprocher lentement du mien, tentant en vain de deviner ce qui allai se passer dans la seconde près, puisque nez à nez nous nous retrouvons ainsi donc tous les deux. Deux secondes s’écoulent, temps où mon cœur oubli littéralement de battre, soit tétanisé par la délicatesse de cette tendre caresse qui m’effleure la joue d’une douceur infinie et aussi illustre qu’un rêve… Jamais avant Sasha ne m’avait accueillie de cette manière et je dois avouer que cette surprise ne m’est point désagréable. Impassible, sans broncher, je la confronte dans le relent de ces malicieuses aspirations, comprenant que trop bien ce qui se produisait réellement dans l’organisme de la féline… Elle est en manque. Elle désire. Elle traque. Et je suis apparemment sa proie.
Je suis en train d’assimiler cette pertinente évidence lorsque la voix imprégnée d’une douceur vertigineuse de Sasha se fait de nouveau entendre dans le brouhaha et que je la vois dans la même foulée s’éloigner de moi. Je cligne les yeux, faiblement enivré par l’haleine de cette brise hivernale qui me glace tout le sang. Oppressé sous une torpeur sournoise, le marbre lactescent de mon visage se dilue lentement dans la rigidité de l’espace-temps… de l’éternel.
Carissa…
Souvenirs qui me brûlent l'estomac, songes éphémères qui me broient encore les os, prise de conscience qui révèle des souffrances que je ne parviens toujours pas à receler et renfermer à quelque part dans mon esprit. Penser à Carissa engendre une évidente divagation, mon sourire s’affaisse lentement, mes fines lèvres vermeilles se froissent dans une moue indéchiffrable et douloureuse. Cacher ma consternation, c’est une œuvre que je ne parviens toujours pas à esquisser… surtout pas devant Sasha. Elle me connait trop bien. Ses simples paroles empourprent des plaies, certes, asséchées par l’usure du temps s’évasant, mais qui ne sont toujours pas cicatrisées. Mon regard lacéré d’une flagrante meurtrissure dérive lentement sur la surface ruisselante du comptoir du bar, fixant je ne sais trop quoi, je ne sais trop où, pour en vain essayer d’oublier ce coup de poignard qui me laboure toujours le cœur. Je déglutis difficilement la bile qui me remonte à la gorge alors que ma paume et mes doigts se resserrent viscéralement contre mon verre.
- Carissa, c’est une vieille histoire. J’essaie d’ailleurs de l’oublier… merci de t’assurer que ça ne soit pas le cas. Joutes malicieuses qui ne renferment aucune amertume. Dérision de bas calibre qui aurait eu sa place dans le soap Américain choyé du moment. L’amour dans tous ses états… une belle pelletée de charogne qu’on nous fourre violemment dans la gueule en nous faisant croire que c’est du caviar ! Tenace. Pathétique. Écœurant. Et moi, plus ironique que jamais, j’arbore mon plus beau sourire Colgate et trinque à la santé de ce gros tas de bouse, là où, depuis des semaines, j’y patauge en me disant que je m’y noie pas DU TOUT DEDANS ET QUE MON MORAL FRÔLE SOLIDE L’APPOGÉ D’UN BOHNEUR PARFAIT ! Hell yeah… Me confronter à ce mensonge, ça me permet d’oublier que je m’engouffre plus profondément encore dans le néant.
- Mettons de côté le vieux fantôme de mon ex. Ce soir, si je suis ici, ce n’est jamais que pour tes beaux grands yeux en amandes et ton joli sourire d’ange.
Effiloché et écorché par des élans de paradoxes, si vite qu’elles ne se soient présentées, mes blessures se referment et se taisent alors. L’accalmie m’emmitouflant de nouveau dans son douillet manteau de charme, je m’abandonne doucement à la dérive cette douceur apaisante. En proie d’une nouvelle bouffée de bien-être qui m’absorbe tout le corps, je relève mes grands yeux azurs vers le doux visage de la féline. Longuement, je la regarde. Longuement, je me surprends à me perdre dans la profondeur de ses yeux émeraude, là où je vois naître et crépiter une sournoise petite flamme qui s’ondule telle une vicieuse succube. Ce regard me consume littéralement l’épiderme, mon échine s’embrase, le fin duvet de ma nuque s’hérisse à l’approche d’un frisson ardent, et soudain je me sens avide d’un désir encore jamais pressenti à l’égard de cette vieille et chère amie… Longuement, je la regarde. Mes yeux brillants balayent chaque parcelle de peau et de chair, vrillant littéralement au travers de ses traits éthérés… je suis comme foudroyé par une éclaire de lucidité plus que déstabilisante… ça me rend perplexe et gêné… ça me rend perplexe et gêné de me rendre compte de cette beauté immaculée que je n’ai jamais interceptée jadis. Ok… qu’est-ce qui se passe ?
- Tu m’as manqué...
Que je marmonne, pour vainement tenter de faire taire ce désir biscornu qui me tiraille les entrailles… Cette sueur affamée et sulfureuse que je sens perler au creux de mes reins. WTF ?!
fiche & gif by disturbed (alias moua et c'est pas touche xD) song by the xx
HJ ; hhhaaaannn naaaoooonnn, arrête, mon jeune sage d'amour, moi, ton post, sincèrement, je l'ai tellement dévoré et adoré. Sasha me fait tellement rire, lire ce qui se trame dans sa jolie tête, c'est tellement un pur bonheur pour les yeux Et looolll, elle qui se la joue femme fatale devant Salem le bougon et le petit clin d'oeil de Carissa hahaha
Dernière édition par Salem L. O'Malley le Sam 15 Juin - 8:21, édité 5 fois
InvitéInvité
Sujet: Re: ❝ i said, are you gonna be my girl ? ❞ - SASHEM Jeu 13 Juin - 2:22
HJ : Je tiens d'abord à m'excuser du délai que j'ai mis à te répondre et, je comprendrais parfaitement que depuis le temps, ton intérêt pour cette histoire se soit émoussé. Que ton esprit et ta motivation soit maintenant dirigé vers d'autres RP. ... En attendant, j'espère que ma réponse te plaira et aura sut te divertir (ne serait-ce qu'un peu).
InvitéInvité
Sujet: Re: ❝ i said, are you gonna be my girl ? ❞ - SASHEM Sam 17 Aoû - 6:35
Can I confess these things ?
Well I don't know.
Vaincu. Je suis vaincu à la révérence de ces éclats aux couleurs émeraude qui me transpercent littéralement l’être. Un regard. Ce simple regard, où les ténèbres semblent enfin se taire, me submerge vers l’orée d’un précipice où je ne prends pas peur d’y plonger. Les jours trépassés, je me rends compte que la présence de Sasha me manquait. À elle seule, elle est capable de mettre un baume sur mes maux. Nous sommes deux créatures atypiques qui se sont jadis rencontrés dans les torrents sinueux du Chaos et du Désespoir. Partageant, depuis ce moment rédempteur, les aléas de la vie qui se bornent à vouloir nous briser. Soldats de plombs, qui ne baisseront jamais les armes, luttant dans le caveau de ce bas-monde qui à jamais cherchera à nous oppresser. Les miroirs de nos âmes s’entrechoquent, se fondent et se fusionnent l’un à l’autre. Tout autour de moi, les murs de la raison explosent et telle une brise s’effritant vers l’éphémère, les lambeaux de la réalité se dérobent. Ce que je vois, ce que je discerne, dans cet univers qui me parait à la fois si vide et vertigineux, ce n’est qu’elle… mon point de mire. J’entends nos deux cœurs battre à l’unisson alors que nos regards, immergés dans l’incandescence d’une patente ferveur, s’entrelacent dans une valse sulfureuse. Elle me berce lentement dans les méandres de l’inconscience. Un monde où les tracas et les blessures empourprées se cicatrisent alors. Un moment de paix où la misère devient passagère. Un moment de paix où les mots deviennent insuffisants et où seule la présence de l’autre importe. Sasha… ma vieille et tendre amie… où Diable me guide-tu donc comme ça ? Je vois son doux visage qui se rapproche lentement du mien. Aimanté, je m’attire également à elle, interpelé par un désir précipité et un besoin que je surprends instantané. Mes paupières embrassent à peine l’obscurité, lorsqu’une voix grave et autoritaire explose au loin, semblant ressurgir d’un gouffre profond et abyssal. Aillant l’amer impression d’avoir été pris la main dans le sac, je me transis sur place, les yeux désormais grands ouverts et aussi ronds que des soucoupes. Collision immanent dans un monde que je croyais avoir quitté pour de bon. L’air toute aussi éperdue que moi, Sasha semble peu à peu recouvrer ses esprits, ne se gênant pour envoyer bouler le trouble-fête qui semble désespérément avoir besoin d’un petit coup de main. Les dialogues fusent mais je peine à les entendre, puisque toujours lacéré dans entre la planète terre et les nuages. Avant de m’abandonner, Sasha réclame ma patience et m’assure qu’elle me retrouvera très bientôt. D’un vaguement hochement de tête j’acquiesce et baragouine une réplique pas tout à fait cohérente et audible tandis qu’une tendre et futile caresse vient me taquiner l’arrête du museau. Je souris dans le vide, comme un adolescent qui savoure pour la toute première fois la fierté d’avoir batifolé avec la nana de ses rêves.
- Cette nuit, je te la consacre et c’est très tôt demain matin que je te quitterai, réplique une peu théâtrale et avouons-le pas du tout mon genre.
Nos corps se désagrafent, les lisières de l’utopique s’édifiant de nouveau entre nous. D’un bond un peu maladroit, je me lève de mon tabouret de bois, les yeux luisant et le visage incroyablement empourpré. L’atmosphère me parait soudain si humide et oppressante. Pour prendre mon mal en patience, je dois impérativement aller faire un petit tour aux toilettes et m’asperger le visage avec de l’eau… Juste idée de me refroidir l’esprit et d’adoucir ce feu ravageur sinuant dans ma poitrine pour venir illuminer un trou abyssal qui depuis très longtemps s’est endormi dans le givre de l’éternel hiver, m’essoufflant comme si je venais de courir durant plusieurs heures dans tout l’arrondissement du Bronx. L’ultime marathon où mon souffle devient synonyme de cuisante douleur, tant que mes désirs, délaissés malgré moi encore avides, se répandent comme de redoutables combustibles dans tout mon être embrasé. Déconfite, je vois le corps mirifique de la féline disparaître et se noyer au cœur de la foule. Moi, peinant grandement à recouvrer un semblant d’équilibre sur mes deux jambes, je brave la mascarade, contournant viscéralement la charpentes de ces hommes en mal d’amour, qui s’évadent de leur morne routine en allant se fondre sur les demoiselles aux corps de rêves. Burlesques créatures se dominant entre les coups de bassins lascifs pour l’échange d’une douce poignée de quelques dollars. Bienvenue au Devil’s Den ! Fuyant ce monde de débauche, ma très brève déambulation s’achève lorsque j’arrive enfin à destination : le WC des hommes !
••••
Ma paume, encore humide, prend doucement appuie sur la façade de la porte double battante que je pousse faiblement, franchissant l’embrasure qui vient tout juste de se créer. À peine rejaillis dans la grande pièce achalandée par une foule festive et pompette, je perçois une présence qui se glisse sournoisement dans mon ombre. Dubitatifs, surtout très alerte, je suis sur le point de tourner la tête pour savoir à qui j’ai affaire lorsque je sens une main glaciale et robuste venir prestement se mouler sur le flanc de mon épaule. Étaux de fer qui se resserre vigoureusement contre mon bras et qui dans la même foulée interrompt mon geste.
- Ne te retourne surtout pas, que m’ordonne une voix rauque et gutturale qui gicle par-delà des lèvres que je devine être suspendues à quelque centimètre près de mon oreille. Un souffle haletant me caresse l’épiderme, sentant l’haleine gelée de mon assaillant qui me lèche la chair comme le ferait la langue rugueuse d’un reptile, ce qui hérisse le fin duvet de ma nuque. Contrains d’obéir, je reste immobile, resserrant les poings jusqu’à m’en blanchir les jointures lorsque la proximité entre mon agresseur et moi diminue graduellement et surtout dangereusement, surprenant les pectoraux puissants et gonflés d’une respiration fuyarde venir se presser contre mes omoplates… Réduisant toute offense et m’enlisant dans une soumission plus que patente. La main glaciale est toujours braquée sur mon épaule, me gardant en laisse comme un vulgaire bâtard et me rendant pantin du dévolu d’un homme dont la voix me parait tout simplement pas familière. Tu ne te défends pas. Tu ne me parle pas. Tu ne me regarde pas. Rien. Tu ne fais rien. Obéis et elle sera hors de danger, la voix, toujours aussi froide et autoritaire me transperce les tympans, elle me saigne les oreilles alors que son écho se répercute dans tous les recoins de mon crâne. D’instinct, j’assimile cette menace et mes grands yeux céruléens divaguent alors sur l’horizon, cherchant, parmi la foule animée, la présence de Sasha. Nulle doute que cet ultimatum lui est destinée, puisque ne possédant peu d’amis et aillant démontré, un peu plus tôt dans la soirée, un lien plus que puissant me reliant à la belle ténébreuse. Mon regard, luisant de colère et d’appréhension mêlé, transperce le rassemblement de gens zélés, cherchant au-delà des visages, la figure de porcelaine que je tarde de retrouver, ne serait-ce que pour me rassurer. Mes yeux glissent sur la piste de danse, interceptant tous les corps des danseurs qui s’emboîtent les uns sur les autres et se bercent à la cadence de la musique endiablée qui les éclabousse et inonde l’atmosphère dénaturé de ce lieu de luxure. Je ne la vois pas. Mon visage s’empourpre, le sang jaillit dans mes veines, déferlant sous ma chair un magma brûlant et rutilant. Je bouille littéralement de l’intérieur, près à exploser telle une cocotte-minute. Mes muscles et tendons se bandent telles les cordes d’un piano alors que mon œil bifurque aveuglément en direction du bar. Je vois les consommateurs et clients s’esclaffer entre eux alors que le barman s’affaire comme un petit démon derrière son aire de travail. Mes yeux longent le comptoir, dévisagent chaque client et enfin je l’aperçois, au fin fond de la pièce, le corps recelée dans un éclairage tamisé ; munie de son plateau débordant de chopes de bières, elle s’est arrêtée à la considération d’un homme qui, delà où je me retrouve, je ne peux remarquer sa figure. Le temps semble se figer et se diluer dans la rigidité de l’éternel. Tout devient sourd autour de moi. Je ne vois et n’entends que les bribes de conversation que Sasha échange en compagnie de la silhouette mystérieuse que je ne peux distinguer. Elle va bien. Elle n’a rien. L’homme avec qui elle parle ne m’inspire pas confiance mais la voix de mon offenseur m’extirpe violemment de mon trouble obnubilant.
- Et si on allait voir ce qui se trame dans le bureau du gérant ?
Ce n’est pas une proposition mais bien une obligation. Derrière-moi, j’entends un froissement de tissu, sans aucun doute un mouvement de bras. Durant un instant à peine, mon interlocuteur s’agite dans mon dos et soudain au creux de mes reins, je sens la cime d’un objet cylindrique venir se nicher. Le canon d’un flingue. Je ferme les yeux et inspire profondément. Ce gus commence très sérieusement à m’énerver et à me ressortir par les trous de nez. Chose qui, dans mon cas, n’est point surprenant. J’ai l’habitude d’être irrité par les gens, spécialement des gens comme le type qui se retrouve hasardeusement derrière-moi. Généralement, je conserve un certain sang-froid, sachant demeurer stoïque et calme lorsque la situation dégénère et devient littéralement hors de mon contrôle. Seulement, ce soir, cet homme, un peu trop audacieux, a largement dépassé les bornes, franchissant le seuil de l’acceptable dès l’instant où nos corps se sont pratiquement englués l’un à l’autre. Je déteste que l’on empiète sur mon espace personnelle, cette petite bulle n’est d’ailleurs pas là que pour faire jolie !
- Bouge ! Le murmure se veut perceptible que par mes oreilles uniquement alors que le canon se compresse que davantage contre le bas de mon dos. Les yeux rivés sur le doux visage de la féline qui est toujours en train de bavarder avec l’homme dissimulé dans l’ombre, j’obéis et me fraie tant bien que mal un chemin au cœur de la foule. C’est la main moulée sur mon épaule et le flingue braqué au creux de mes reins qui me guident avec négligence tout au fond de la pièce, là où les regards inquisiteurs se font fuyards et absents. Notre funèbre déambulation s’abrège sur le pas d’une porte qui est ordinairement destinée au personnel, là où se retrouve la salle de repos des employés, le bureau du proprio… où est entreposé le coffre-fort… Que trop tard, je comprends les dessins de l’homme dont j’en suis l’otage.
- PENDANT CE TEMPS, UN PEU PLUS LOIN -
Ne pas attirer les regards. Rester discret et subtile. Menacer sans provoquer. Toucher sans blesser. Réduire le contact visuel jusqu’à ce que leurs regards ne se croisent. Se faire comprendre sans nécessairement se faire entendre. Et à la toute fin… venir le retrouver.
Les règles sont strictes et fermes. Il doit les respecter. Hier soir, Stephen n’a pas cessé de les lui répéter. Voulant prouver qu’il s’avère digne de cette confiance aveugle que l’on lui a octroyée, dans le même ordre exact, il a suivi les conseils. Il est fier de lui. Personne ne se doute de rien, ne voyant que chimère au sein de cette tangibilité que lui seul en est éveillé. L’adrénaline se déverse dans ses veines, aphrodisiaque enivrant qui le rend vertigineux et fébrile. Stoïque, rien ne transparaît, seul le miroitement d’une larme de sueur froide perlant sur sa tempe trahit son excitation. La table qu’il s’est dégoté répond aux critères que Stephen n’a de cesse sollicité : retirée du reste des autres, plongée dans un éclairage embrunit, là où les jeux de lumières aux couleurs épileptiques se meurent avant même d’être arrivées dans le recoin de la pièce. Les gens sont loin. Les gens ne le remarquent même pas. Il est seul. L’atmosphère de cette boîte de nuit lui révèle ce que Stephen lui a longtemps raconté : la Naïveté de cette société bécasse. Tous ces gens se laissant submerger dans les courants sinueux de la vie, de l’incertitude du travail et de la vie sociale. Prétendant connaitre ce qui est bien et mal. Qui sont-ils pour ainsi prétendre un savoir aussi fatal et décisif ? Rien. Ils ne sont rien et ne savent rien. Les frontières du Mal et du Bien sont des univers aux méandres paradoxaux et recelés de tous ! Ils se prennent pour de grands génies mais ce soir la fatalité embrasse leurs grosses têtes sans qu’ils ne daignent le remarquer !
La voix suave et douce de la serveuse résonne encore à ses oreilles. Comme une illustre mélodie. Il la trouve belle et séduisante. Le gars avec qui elle batifolait, tout à l’heure, putain, c’est un sacré veinard ! Lui, il donnerait absolument tous pour qu’un moment aussi délectable ne lui soit octroyé. Les yeux de l’homme, aussi sombres et profonds que des abysses, dévisagent encore les traits éthérés de la figure de la magnifique ténébreuse qui le domine d’au moins deux têtes, puisque lui étant confortablement avachi sur sa petite chaise en bois. Une flamme danse et crépite dans la pénombre de son regard. Le marbre de son visage se veut charmant et confiant mais une lueur froide se dissimule dans la profondeur de ses yeux qui se veulent emplie de chaleur. Son grand sourire est trop synthétique et chaleureux. Bientôt, cette serveuse va se rendre compte que, derrière ses grands airs de séducteur, quelque chose de louche, d’indiscernable, y réside. Il doit agir. Agir avant qu’il ne soit trop tard… Il se lève donc, ignorant totalement la question que l’on lui a demandée quelque minute plutôt. De toute façon, il n’est pas là pour se bourrer la gueule. Non. Non. Bien sûr que non !
Il se rapproche du petit corps de la serveuse, sa grosse charpente de titan enveloppant pratiquement l’intégralité de sa frêle armature humaine. Il se brise quasiment la nuque lorsque son visage s’incline doucement au niveau de celui de la jeune femme… pour que enfin leurs regards ne se croisent. De ses grosses mains, l’homme s’empare du plateau garni de chopes de bières, qu’il prend soin de déposé sur une table l’avoisinant. Ses mains à nouveau libres, du bout de ses doigts, il dégage, contre son torse massif, les pans de sa veste en cuir, laissant apparaître sous les beaux grands yeux en amandes de la serveuse, la crosse de son Beretta qui est à moitié camouflée dans la poche intérieur de son blouson. Son sourire autrefois séducteur est dormais une moue carnassière et avide de malice.
- Si tu es gentille, je serai gentil. Si tu me respecte, je te respecterai. Si tu me suis sagement, sans tenter de faire quelque chose de stupide, la tronche de ton petit ami ressortira indemne de ce trou à rat. Je ne te veux aucun mal. Guide-moi simplement vers le bureau du proprio.
Ses paroles sont pesantes et sa voix est aussi tranchante qu’une lame acérée.
- Tu as bien compris ce que je te dis ?
Les ordres assimilés, les deux antagonistes entament alors leur funèbre déambulation…