Esprit marin, esprit malin [Eden]

Ténèbres et lumière. Si différents et pourtant si proches. L'invisible frontière qui les séparait était mince et fragile. Rien n'était plus facile que de vagabonder de l'un à l'autre, jongler entre le bien et le mal, revêtir masques et costumes : après tout, le monde est un théâtre dont nous sommes les comédiens. Tromperie, mensonge, fantaisie. Le monde entier pouvait s'évanouir d'un battement de cil, comme un rêve oublié au réveil. Certains rêvent de gloire et de conquête, de richesse et de pouvoir, ou de vie éternelle et d'une page dans l'histoire. D'autres encore vivent au jour le jour, enchaînent mascarade par-dessus mascarade, offrant leur services et leurs talents pour survivre. Voleur, courtisane, mercenaire. Conteur, rêveur, navigateur...Peu importe votre parcours, votre race, votre ethnie. Peu importe si vous avez remporté de glorieux combats ou sauvé des demoiselles en détresse. Tous étaient condamnés à tomber dans l'oubli après la mort. Dans dix, vingt, cent ans, qui se souviendra de votre nom ? Ne soyez pas naïf...On racontera, peut-être, votre acte de bravoure autour d'un bon feu, transmettant l'histoire de génération en génération, mais parcourez le monde aussi longtemps que Mayziel, et vous en oublierai même jusqu'à votre propre prénom.

C'est sans but particulier qu’elle retrouva dans cet ancien Opéra abandonné et délabré, tout près du port. En voyant au loin la cime des mâts et des voiles des navires, elle avait pris une direction contradictoire à celle de départ. Elle avait été intrigué, fasciné mais surtout intrigué par ce vieux bâtiment, noircit par les flammes d'un défunt incendie qui avait fait autrefois rage, les fenêtres éclatées, le bois vieillit. Pourtant, l'endroit respirait encore plein de vie. La scène était encadré par de lourds rideaux bourgeonne, centre de l'attention de centaines de sièges en pente, et des loges suspendus le longs des murs, durement touché par le brasier. Le toit, malgré tout, avait tenu bon mais les innombrables cordages techniques pendaient comme des lianes démoniaques Elle n’imaginait sans mal les silhouettes en jupons et en veste brodée d'or valsés gracieusement, ne frôlant le sol que trop rarement. Ils apparaissaient comme des dizaines de pantins entremêlés sur une même et unique scène, tous contrôlés par une main invisible, dissimulée dans l'ombre. Le clin d’œil était implicite, mais il ne lui en fallut pas plus pour serrer les poings, les jointures blanches. La brise siffla nerveusement, passant au travers des murs usés à certains endroits. Le lustre au plafond grinça, se balançant au bout de sa chaîne. Puis le vent se calma et le silence revint. Lourd, pesant, éternel. Étrangement depuis quelques temps, May’ était à fleur de peau et un rien suffisait pour l'emporter. Même si elle niait catégoriquement manquer de contrôle sur elle-même, la nature n’était jamais bien loin pour lui rappeler que ses sautes d'humeurs étaient étroitement liées aux temps changeant. Bien que ce genre de choses ne fût pas coutumes chez les toutous des cieux, elle ne s'en alarma probablement pas assez : Peut-être subissait ’elle mal les changements que le temps avait arrêté pour tous…sauf pour elle.

Déjà las de ce paysage pourtant impressionnant, elle quitta l’ancien opéra .Et ce fut ainsi qu'elle se présenta au vieux port avec son compagnon le rat. Là, devant un quai vide, elle posa sa dague, droite, le manche pointée vers le ciel. D'un saut léger comme une plume, elle se percha sur le quai tout près de l’eau. Elle se tint droite et immobile, les pieds dans l’eau laissant une petite brise marine soufflée dans ses cheveux blancs. Elle regardant son animal de compagnie et souri, il devait sans doute même pas comprendre ce qu’elle lui disait.

" Petit rat, il faudrait que tu me trouves un marin ou un pêcheur, ou n'importe qui qui possèderait un bateau pour qu'on puisse aller à l'autre bout du continent en deux trois mouvements. Cherche quelqu'un qui pourrait faire l'affaire, je m'occuperais des négociations plus tard. "

Étrangement son rat se mit à glapir puis courut à toute vitesse aller chercher à manger. Maintenant, du haut de son perchoir, le génie attendait, mélancoliquement en portant le regard sur la mer qui s'agitait. Le goût de la liberté était vraiment surprenant. Pourquoi fallait-il toujours en être privé pour en apprécier la grandeur! Mais la jeune femme ne se faisait pas d'illusion.

Ténèbres et lumière. Voici deux mots, deux concepts dans lesquels Eden avait évolué tout au long de sa vie ... Cela faisait presque 24h qu'il était entré discrètement dans New York par le vieux port, il avait trouvé un bateau près de Washington, sa dernière escale, et n’eus aucun problème à arriver sous le couvert de la lune. Eden avait décidé de commencer par se rendre au vieux port de Manhattan car c'était premier endroit où il avait posé le pied en Amérique un peu plus de 100 ans plus tôt. Il se remémorait son arrivée nocturne dans un petit paquebot à vapeur, l'activité ne cessait jamais en ce temps-là : Les immigrés ainsi que les marchandises arrivaient et repartaient sans arrêt dans une certaine cohue organisée. Il se souvenait des odeurs, des mouvements, l'accent américain des marins qui hurlait à la mort, le parfum d'une jeune femme le précédant ... Le revoilà,  encore de nuit, un siècle plus tard, le port est devenu triste, vide et sordide. Le calme plat régnait.

La première nuit il se dirigea vers le vieil opéra, il connaissait déjà cet endroit s'y étant arrêté brièvement dans le passé pour écouter la mélodie subtilement audible qui émanait de l'endroit mais n'y remit jamais les pieds. Comme un lien avec son passé, il parcouru l'opéra toute la nuit, frôlant les murs, les cadres, leurs dorures et les sièges des doigts, fredonnant des mélodies d'un autre temps. Nostalgique de cette époque qu'il préférait de loin au monde actuel.
Il passa la première journée de sa nouvelle vie dans l'opéra, observant les rayons du soleil qui parvenait à s'infiltrer dans la salle principale perché au premier balcon assit sur les sièges décrépis. Rien de spécial aujourd'hui...

La pénombre revint enfin, seule la lumière de la lune presque pleine éclairait le lieu;  l'heure de sortir était arrivée. Il était vêtu d'une simple chemise noire, d'un jeans et de chaussures de villes en cuir sombre ... Il saisit une petite valise rectangulaire et se prépara à quitter son toit provisoire quand un bruit vint retenir son attention, un bruit de pas. Une jeune femme était maintenant présente dans la salle de représentation, il l'observa sans un bruit, analysant postures et réactions mais il ne parvint pas à voir son visage. Elle quitta l'opéra. Comme amusé et intrigué, Eden suivit le pas...
Le temps de descendre de l'étage et il la retrouva assise le long du quai, discutant avec un rat. Pas spécialement étonné, il parla d'un ton calme et doux, esquissant un léger sourire ...

"Et où iriez-vous si vous le pouviez ?"

Même si on pouvait en paraître étonnée, étant donné le caractère effronté de Mayziel, elle n'en restait pas moins, à ces heures perdues, une rêveuse. Alors, la voir là, tranquille et calme, le regard posé sur le lointain dans le plus complet silence, n'était guère si extraordinaire. Arrêtez-vous, ce n'était pas parce que l'on pouvait être une horrible bougresse que l’on n’était pas capable d'être fleur bleue non? De toute façon, la jeune femme ne pouvait qu'attendre le retour de son petit rat, son camarade, avec, en espérant, une bonne nouvelle. Serait-il capable de prendre des initiatives et de trouver le bon fripon? Au moins, cela lui donnait l'illusion d'être utile. (Et surtout d’être un rat aux pouvoir exceptionnel) Mayziel était peut-être un brin folle, Mais le fait de s’être liée à un rat la faisait sembler moin seule…Tout était différent depuis la disparition de son grand frère.

**Des images défilèrent devant ses yeux perdus dans sur les rives. Ces apparitions dansantes tournaient dans son esprit sans relâche, nuit et jour, faisant pâlir l’éclat de Mayziel déjà très blanche de sa peau de porcelaine. Des cauchemars, des visions, des épisodes de sa vie qu’elle avait jusqu’à ce jour enfouit au plus profond d’elle. C’était étrange que des moments passés sans trop d’importance, néanmoins pour la jeune femme, refasse surface dans ses songes. Certes, c’était des visions de cauchemars. Les harpies vengeresses de son passé ne la quitteront donc jamais ?

Tout était silencieux, hormis les murmures omniprésents de la ville, auquel elle ne faisait plus attention depuis bien des années. Seul les bruits des vague qui touchait les roches troublait l’aura empreint de sérénité du vieux port, comme un trouble sur l’eau la plus calme qui soit. En tendant l’oreille au maximum, elle entendit les crissements des rongeurs dans les feuilles et sur l’écorce des arbres. Au loin, elle entendit l’envol d’un oiseau, ses ailes battant le vent avec force et délicatesse, créant sans le savoir des courants d’air qui, peut-être, se répercuteront à l’autre bout du monde en une tornade ou un ouragan dévastateur. Agitant sans mal ses plumes en défiant l’apesanteur même, cet oiseau ne se doutait aucunement que son geste pourtant anodin vaudrait peut être un cataclysme. C’était si ironique...
Mayziel ferma les yeux, inspirant une grande bouffée d’air frai. Elle essayait de se détendre, de laisser ses muscles se délasser, uns à uns. Tout en respirant, s’oxygénant les organes, les muscles, chaque parcelle de son corps devint moins tendue. C’était la première étape de ce qu'elle comptait faire. L’acceptation d’être vulnérable, les yeux clos, en terrain inconnu. D’être totalement soumis à la volonté de le la mer, voilà le sacrifice. Par la suite, elle visualisa son esprit. Elle se l’imaginait comme un immense jardin, comme une étendue ou nature et eau se mêleraient, en symbiose parfaite. Au plein milieu de cet étendu d'eau à la fois lugubres et joyeux, elle y voyait un échiquier géant. Les pièces étaient bien différentes de ce qu’on l’on pouvait observer dans une partie traditionnelle. **

Mais alors qu’elle s'oubliait assise sur le quai, voilà qu'un bien drôle d'oiseau vint à sa rencontre pour l'arracher de ses songes. Sans bouger ne serait-ce que d'un poil, elle tourna seulement les yeux dans la direction de la voix, étonnée. Puis enfin elle se leva en affichant une drôle de moue qui voulait tout dire, et que l'on pouvait aisément traduire comme voulant signifier :
" De quoi tu te mêles? "

Et puis elle l’aperçu, cet homme, ou plutôt cette créature. Un vampire qui se tenait, droit devant elle.Il dégageait une force calme et perfide, son corps prêtait à tous les fantasmes et pourtant si celui-ci rappelait un volcan ardent, son tempérament s'apparentait davantage à un iceberg glacial. Deux contrastes qui portaient s'harmonisaient dangereusement pour créer un monstre de séduction. Rien n'aurait pu être contradictoire que lui et la jeune femme, et pourtant lorsqu’elle le regarda il lui semblait voir l'horrifiante image de son propre reflet vêtu du même plumage d'encre. Une horrifiante vision qui la fit reculer d'un pas, effrayé par cette perspective. Oui, personne ne s'était encore tenté à la condamner, mais il fallait dire qu’elle craignait plus que tout de devenir pareille créature. Non pas à l'égard des actes à accomplir pour en devenir une, mais plutôt pour ce qu’elle aurait été capable de faire une fois délivrée de tout fardeau. Elle préféra ne pas songer au genre de femme qu’elle aurait été en mesure d'être si son parcours avait été différent jusqu'à lors. Un être cynique et dénudé de tout sens moral, de conscience ou encore de scrupule. Était-elle simplement capable des pires atrocités ?

S'y refuser était-il question de faiblesse ou plutôt de force ? De lâcheté, ou de courage ? Une voix intérieure lui susurrait qu'il était toujours plus facile de s'abandonner à ses désirs les plus instinctifs, et elle reprit quelque peu son aplomb, auparavant déstabilisé par la ressemblance ironique de ces deux enveloppes charnelles. Un corps effilés, des yeux rappelant la mer et des cheveux couleur de neige. Deux doubles. L'un au service de ses propres intérêts, l'autre de ceux des mortels. Le destin les avait ironiquement démarquées...

Ses comparaisons habillement dissimulées derrière des phrases tournées poétiquement avait quelque chose de candide et pourtant d'agaçant. Et pourtant elle ne pus s'empêcher de rire, légèrement, sans réel amusement. La situation avait un petit quelque chose d'ironique, cette rencontre elle-même semblaient un coup hasardeux du destin, assigné à l'aveuglette car envahie par l'ennui. Elle sentait d'ores et déjà que cette discussion allait tourner en rond...
Puis ce fut à cet instant que l'espiègle humain se mit à tourner autour du vampire, le regardant de haut en bas, l'inspectant avec curiosité comme si elle calculait à quelle sauce elle allait le manger. Quand brusquement, elle s'arrêta pile devant lui, près de son visage.

-Où je veux aller n’à pas d’importance...Surtout pour vous! Et vous? Qui êtes-vous pour m'avoir prié de descendre de mes nuages où je m'y trouvais bien à mes aises? C'était très impoli... surtout que vous sembliez m'observer, n'est-ce pas? Les hommes de nos jours ne manquent pas de manières. Mais soit, ils ont raison. Quelle perte de temps que de passer par milles minauderies ennuyantes.

Mayziel eut toujours été aussi loin qu'elle pouvait s'en souvenir, une femme pleine d'audace, audace que l'on pouvait évidemment lui reprocher à bien des égards. Après tout, il n'était pas rare que quelques personnes n'appréciaient guère les dialogues directs tout comme le culot.

Eden fit un petit sourire amusé quand il vit la moue de la jeune humaine. Il ne savait pas vraiment pourquoi il l'avait suivie, ce n'était pas l'envie du sang, non, pas encore, et malgré que les plaisir charnels n'était pas du tout déplaisant a ses yeux ce n'était pas ça non plus. Non, il y avait quelque chose de spécial, de différent en elle... Il le sentait et au fur et à mesure qu'elle s'approchait, cela devenait de plus en plus palpable. Il sentait les blessures, la vengeance, la folie, la monstruosité, l'humanité et la sensibilité... C'en était presque fascinant. Le rire de Mayziel ne fit qu'intensifier le sourire du vampire ainsi que sa curiosité, quelle créature avait-il déniché-là ?

Il fixa intensément ses yeux et remarqua une lueur qui lui était très familière ; il reconnu directement le regard des « vétérans », qui ont connus mort, sang, solitude, folie et effrois, qui n'ont plus rien, n'y a gagner, n'y a perdre. Qui ne vivent plus que pour leur propre combat.
Quel hasard étrange de croiser pareille personne ici, une jeune humaine seule, sans défense dans une ville apparemment gangrenée par les malédictions, il y a quelque chose qui la rendait forte et potentiellement aussi dangereuse que la cité elle-même. Il la suivit de la tête et des yeux tout le temps où elle tournoya autour de lui. Il observait le dessin de son visage de poupée ; y trouvant une beauté évidente et artistique, telle qu'on aurait put l'illustrer en peinture ou d'un autre temps, en photographie. Son regard la traversa de haut en bas, analysant formes et détails. Elle possédait toutes les vertus de la jeunesse et de la beauté : féline, fraîche, innocente et gracieuse. Son corps ne pouvait qu'éveiller les pulsions et sa chevelure blanche immaculée mettait en avant tout les atouts dont la nature l'avait miséricordieusement dotée. Il ne pouvait nier quelle déclenchait un certain intérêt de sa part et un petit sourire en coin vint se figer sur son visage, pourtant Eden n'avait pas spécialement d'idée derrière la tête, seule la curiosité l'avait poussé jusqu’ici ... Le vide omniprésents dans sa cage thoracique n'allait pas l'aider à savoir où il voulait en venir mais peut importe le chemin que l'on prend, le but est la finalité de notre voyage ... Alors autant improviser. Il ne lâcha pas son regard une seconde.

« -Où je veux aller n’a pas d’importance...Surtout pour vous! Et vous? Qui êtes-vous pour m'avoir prié de descendre de mes nuages où je m'y trouvais bien à mes aises? C'était très impoli... surtout que vous sembliez m'observer, n'est-ce pas? Les hommes de nos jours ne manquent pas de manières. Mais soit, ils ont raison. Quelle perte de temps que de passer par milles minauderies ennuyantes. »

Eden huma calmement l'air, il se délecta quelque secondes des arômes subtils de la peau de la jeune femme, cela faisait quelques années qu'il n'avait pas profité de ce petit plaisir innocent. Il poussa un petit rire bref avant de lui répondre, toujours aussi doux et posé

"Veuillez excuser mon impolitesse, je ne pensais pas vous déranger dans vos rêveries. Et bien je n'imaginais pas voir quelqu'un comme vous ici en ces temps, du peu que j'ai entendu du statut de la ville il n'y a que danger et malédictions dans ces rues... De plus il y a quelque chose de très intrigant qui se dégage de vous, quelque chose de familier j'ai donc été très curieux et impoli au point de venir vous troubler car mes lèvres brulaient de ne pas discuter avec vous."

Il sourit de nouveau, brièvement, et enchaîna.

"Enfin bref, je me présente : Eden Sargsyan, je viens seulement d’atterrir ici. Comment vous prénommez vous ?"

Il lui laissa seulement le temps de répondre et dit, tout en posant sa main gauche sur la joue de Mayziel.

"Êtes-vous prête à me faire découvrir le coin ? A me servir de guide ? J'aimerais un peu repérer les lieux et en savoir plus, ainsi qu'un verre de whisky ce serait parfait...Vous pourriez en profiter pour m'en dire plus sur vous et sur ce que vous cherchez, si vous le souhaitez bien sur..."

La jeune femme avait quelque chose en elle qui était aussi captivant et effrayant qu'un serpent, mais sa langue était aussi acéré que celle d'un dragon de komodo et elle le savait. Elle aimait sentir son regard de braise sur elle. C’était évident qu’il cherchait à la comprendre. May’ avait des frissons qui parcourait partout sur son corps, pourtant, elle n’était pas frileuse même si cette nuit-là, l’air était froid.  Elle se doutait bien que ce n’était  pas le froid qui lui faisait cet effet-là. Mais bien lui. Elle avait du mal à comprendre...Jamais elle n’avait senti ca auparavant.

Mayziel soutenait le regard de la créature sur elle.  Elle lut les sentiments qui bataillaient en lui, un feu ardent enflammait sa raison et sa passion. La colère, la surprise, le dégoût, se lisait aussi facilement qu'à travers de l'eau de roche. Il la fixait sans cesse, ses yeux comme les pupilles démentielles d'un félin en chasse, tournoyant autour de sa proie pour mieux l'effrayer. Elle aurait été folle de ne pas le craindre, il était beaucoup plus puissant  qu’elle ne l'était à bien des égards, mais sous d'autres, elle voyait en lui des faiblesses dont elle n'aurait jamais soupçonné l'existence, tout du moins pas chez ce genre de monstre. Des recoins de son âme qu'il dissimulait probablement au monde entier, caché sous une apparence calme, mais il ne pouvait rien lui dissimuler. Derrière les mots crachés par ce cadavre, elle entrevoyait ce que bien peu de gens aurait conçu d’un vampire…


Eh bah au moins, il était bien élever pour s’excuser… Même les humains de nos jours étaient moins polis. Suite à ce qu’il disait, Mayziel arquas un sourcil avec un air d’interrogation dans les yeux.

-Quelque chose d’intriguant hein? Haha…Arrêter vous allez me faire rire…

Elle lui fit un sourire carnassier avant de continuer sa phrase en référence de la ville.

-Ce monde est pourri et se meure dans une lente agonie. Nous sommes aux premières loges pour contempler le spectacle de la débauche humaine. N’est-ce pas magnifique mon cher ? Les ténèbres l’emportent. Hum. Je ne suis pas sûr d’aimer l’issue fatale de cette partie jouée d’avance. ..

Il se présenta presqu’en même temps qu’elle lui parlait. C’est qu’il ne perdait pas de temps ce...Eden. La jeune femme se présenta également par courtoisie, parce qu’en fait, elle s’en fichait.

-Mayziel… En tout cas, vous avez de la chance. Je suis de bonne humeur. Je ne vous tiendrais pas rigueur de me parler avec un ton aussi doux....

C’est alors qu’elle sentit la main de l’homme sur sa joue. Elle ferma les yeux quelque secondes. Elles étaient si douces et froides. La sensation sur sa peau était agréable. À un point -elle que ça l’effraya. La jolie blonde rouvrit les yeux subitement et dégaina son autre dague qui était bien au chaud dans sa cuissarde. Elle pointa sa lame direct sur le cœur de la dites créature. Le bout de la lame perça ses vêtements et se pointa dans sa peau. Elle exerça une pression sur son arme et elle lui siffla;

-Bas les pattes le cadavre… Si tu recommence, ça ne sera pas au sens figurer que tes lèvres prendront feu, mais bien ton corps en entier au sens propre…

Avec sa main de libre elle enleva sa main comme si elle ferait fuir une simple mouche mais laissa la dague  au même endroit. Elle aimait être en position dominante envers lui. Elle lui fit un grand sourire qui inspirait la folie.

-Oh non…je ne connais pas plus cette ville que vous mon cher…Eden. C’est bien ça?

Il n’eut à peine le temps de finir sa phrase que le froid de la lame de son interlocutrice vint se planter contre sa peau, il resta stoïque et ne sourcilla pas, il s'attendait à ce type de réaction venant d'elle ... Ce n'était pas une de ces petites femme frêles et faibles psychologiquement qu'il avait maintes fois connues, c'était un esprit dérangé qu'il avait en face de lui, fort, damné. Qui malgré la connaissance de sa nature monstrueuse, malgré son don à charmer les dames reste en là, droite et forte. Succombant légèrement mais restant elle-même. Il ne connut très peu d'humains comme elle et au fur à mesure de la conversation l'étonnement et la curiosité grandissaient en lui.
Sans savoir pourquoi, il ressentais un lien avec elle, presque ... Familial. Comme-ci elle était déjà là avant et qu'il était normal qu'elle soit devant lui aujourd'hui. Étrange... Il avait l'impression de devoir faire quelque chose, de ne pas la laisser partir ni lui faire de mal, mais d'écouter et de comprendre... Dans le fond, avoir un semblant de lien avec quelqu’un  ne serait pas mal le temps de faire ses marques, de trouver ses repères et sa place dans le grand terrain de jeu qui s'ouvrait devant ses pieds. Eden n'est pas forcément amical vis-à-vis des autres vampires, ils ont emporté sa seule famille et avait changé complètement sa vie le laissant à errer sans but précis, de plus il les trouvait tellement prétentieux comme oubliant leur malédiction, leur gangrène ... Et il n'appréciait pas leur côté «inhumain » voir primitif, non pas qu'Eden soit plus humain mais sa vision des choses et son intégration dans le monde était si différente du vampire lambda qu'il avait développé quelque chose qui brisait le lien avec eux... Alors pourquoi pas connaître une humaine, ou quelconque créature si Mayziel lui cachait sa nature profonde...

Elle enleva la main d'Eden de son visage et lui répondit...Elle devait récemment être arrivée ici tout comme lui. Il observa son sourire, la situation avait l'air de plaire à la jeune femme. La désignation de «cadavre » l'amusa et le fit sourire, il ne releva même pas le mot et parla sur ton un peu plus ardent

- Oui c'est bien ça. Accompagnez moi alors... Je veux voir le centre-ville et j'aurais besoin de quelques fournitures, des armes par exemples... J'en possède quelques-unes mais rien d'extravagant et de ... Récent. Et je suis presque à court de cartouche pour mon unique revolver...

Il tourna la tête vers la direction qu'il souhaitait prendre et enchaina

- Je vous promet que je ne suis d'aucune hostilité à votre égard et que je pense qu'il nous serait favorable de nous entraider vu que vous ne connaissez pas plus le coin non plus ... De toute façon il n'y a  rien de mieux à faire en cette nuit vide et calme. Je suis prêt à vous offrir ce que vous désirez en échange d'un peu de temps passé a mes côtés.

Eden transportait avec lui plusieurs liasses de billets, ce n'était pas une grande fortune mais il y en avait presque pour 10 000 dollars américains. Sa valise, toujours dans sa main droite, contenait l'argent, deux costumes trois pièces hors de prix, des vêtements de rues, sweat à capuche et jean, un poignard des jeunesses hitlériennes bien aiguisé, un poing américain à pics ainsi qu'un revolver automatique Mateba datant des années 2000.