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 (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.

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MessageSujet: (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.   (madysse)  i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END. EmptyMer 8 Jan - 18:47

mads et abysse
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i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next.


2

(FLASHBACK)



Habitué. Habituel. Rituel des longues soirées. Un bar. Un bar parmi les autres. Une planque pour traîner. Poser sa carcasse usée. Lumières adoucies, ambiance tamisée. Une pause. Parenthèse. Toujours la même place. Même habitude. Encore et toujours. Il est là. Comptoir. La cohue. Les quelques personnes présentes. Les éclats de voix. Les verres. L'alcool. L'ambiance. Le peu de sérénité qu'on pourrait y trouver. À se dire que le monde ne peut pas avoir tant changé. Un frisson dévale sa colonne vertébrale. Assis là. Un léger soupir. Sans un mot. À entendre. À attendre. Quoi exactement ? Cela serait trop demander. pas de justifications. Pas d'attention. Il fait partie des meubles. Du décor. De ces choses solides, de ces images de tous les jours. De ces bribes auxquelles l'ont se raccroche. Parfois sans s'en rendre compte. Parfois sans comprendre. Un monument. Un roc. Une montagne. Un point d'ancrage dans la tempête. Château construit pourtant sur du sable. Il n'a pas l'air. Et pourtant. Bases instables. Sables mouvants. De quoi happer, au moindre instant. On lui donne une bonne petite trentaine. On lui donne une vie qui ne va pas trop mal. En apparence du moins. Parce qu'il a ce petit sourire aux lèvres. Parce qu'il scrute doucement les autres. Parce que ses prunelles posent un regard réconfortant sur les corps et les coeurs. Parce qu'il semble ne rien attendre, mais n'attendre que ça. La pluie et le beau temps. Le déluge, la fin du monde. Le jour où le soleil se lèvera. Il bat doucement des paupières. Léger mordillement de sa lèvre inférieure. Infime réflexe de concentration. Ou d'anxiété. Au choix. Pourtant il n'y a rien à craindre. Pas de menace. De bruit cassant. Il reprend une large inspiration. Regard à son verre. Plus qu'un fond. Il a déjà fini sa bière. Pas forcément sûr d'avoir soif. Pas envie de partir. Alors il en recommande. Un petit geste. Un petit sourire. Un petit merci. Un petit mouvement de tête. Un verre devant lui. À nouveau plein. À nouveau prêt à être vidé. Il a les coudes posés sur le rebord du comptoir. Les épaules rentrées, rondes sous sa veste en cuir. L'air pensif. De quoi réfléchir. Il soutire une petite gorgée à sa choppe renouvelée. Assis à son tabouret. Pilier de bar. Bien ce qu'il est. Un pilier de bar. Bien ce qu'il est devenu. Un nouveau regard alentour. Et ses yeux qui tombent au sol. Là dans l'ombre. Là à ses pieds. Là bien cachées. Ses extensions. Les raccords à son corps. Celles qu'il oublie quelque peu, en venant ici. Quand il s'assied, commande toujours la même chose. Et les pose. Discret. Ses béquilles, ses cannes. Ces bouts de métal sans lesquelles il a du mal à avancer. C'est moins glamour, quand il les arbore à ses côtés. Et ça répugne et ça rebute, et ça fait peur et ça fait pitié. Loin de là ce qu'il voudrait faire éprouver. Il vient ici, bien trop souvent. À la recherche d'un je-ne-sais-quoi. D'un renouveau. De l'arrivée du printemps. De bribes de rien, de bouts de vent. D'un mot à dire. D'un regard à saisir. Et puis un sourire. Une invitation. Un verre. Et parfois non. Il hausse alors des épaules. Dit que ce n'est pas grave. Souhaite une bonne soirée tout de même. Et finit son verre. Et ravale son orgueil déjà bien piétiné. Et s'éclipse comme il peut. Quelques dollars laissés sur le comptoir. Ces soirs-là, il se confirme ses désespoirs et ses peurs. Se confirme ces faits qu'il a pourtant en horreur. Plus fait pour rien. Plus fait pour ça. Trop abîmé, trop usé. Un jouet cassé. Invendable. Indésirable. Il déglutit. Nouvelle gorgée. Bat des paupières. Mouvements à ses côtés. Il relève le regard. Petite brune qui vient tout juste de s'installer, au tabouret d'à côté. Petite brune aux traits fins, au sourire poli. Il inspire doucement. Lui jette un coup d'oeil. Les coins de ses lèvres qui se rehaussent légèrement. Il s'humecte une fraction de secondes les lèvres. « ... Je vous paie un verre ? » Au mois cela a le mérite d'être clair. Pas de méchanceté. Pas de sous-entendus. Pas de tentatives de drague lourdes et déjà vues. Il n'est plus de ce genre. Plus depuis des années. Parfois, en disant ça, tout ce qu'il cherche, c'est un brin d'amitié. Un peu de chaleur humaine. Quelqu'un avec qui discuter.


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MessageSujet: Re: (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.   (madysse)  i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END. EmptySam 11 Jan - 19:37


run, girl, run.


Close your eyes. Breath. Once. Twice. Close your eyes. Stop breathing. It's gonna be alright.

    (FLASHBACK.)

Abysse.
Tu portais si bien ton prénom. Si joliment, tristement.
C’est un beau prénom, te disait-on souvent. Pour ceux qui le connaissaient, tout du moins.
À la plupart des gens, tu te présentais comme Frankie.
À la plupart des gens, tu offrais le diminutif de Frankenstein, ton cadeau empoisonné, auquel on t’avait habitué depuis tes plus petites années.
À la plupart des gens, tu te cachais, incapable de désigner ce gouffre qui faisait ton identité, et ton prénom.
Abysse.
C’est si beau. Mais si lourd à porter.
L’on aimerait croire que tu n’as rien d’un puits sans fond, et que tu peux vivre légèrement, chaque jour qui passe.
L’on voudrait se persuader que tu vas bien, et que tu es bel et bien cet angelot brun que l’on voit, marchant dans cette rue, rentrant dans ce bar. Les yeux baissés vers le sol, les traits fins et détendus, les grands yeux clairs charriant tant de chagrins que de peurs.
L’on voudrait prendre les larmes et la terreur pour de l’innocence et de la pudeur. Que n’en est-il pas.
Que n’en sera-t-il jamais.

Tu es sortie de chez toi.
C’est un miracle, au moins faut-il te l’accorder. Tu as si peur, la majorité du temps.
Si peur.
Tétanisée, dans ton appartement, ou bien à l’abri, dans ta boutique.
Mais aujourd’hui, tu avais envie de prendre un verre.
Tu sais pertinemment à quoi tu t’exposes. Toi qui attires le danger, toi qui n’es rien de plus qu’un aimant à merdes.
Mais ce soir, tu avais envie de prendre un verre.
Ce soir, tu vas prendre un verre.
Et si qui que ce soit tente de t’en empêcher, tu l’accueilleras comme il se doit.
Si l’on ne peut même plus décider de descendre boire un jus d’orange dans un petit café sympathique — pour le quartier tout du moins  —,  à quoi cela sert-il encore de vivre ?
Une question que tu te posais d’ailleurs bien souvent, ces derniers temps.
À quoi ça sert de se battre ?
À quoi ça sert de continuer ?
À quoi ça sert de s’acharner à avoir mal ?
Est-ce que c’est du masochisme ?
Est-ce que c’est de l’amour pour la souffrance ?
Est-ce que tu ne sais rien faire d’autre, tout simplement ?
Est-ce que tu es trop insensible à tout cela pour le faire cesser ?
À quoi tu joues, Abysse ?
Pourquoi tu te bats ?


Tu t’approches du comptoir, d’un pas léger et robotisé.
Tu ne sais même plus vivre, en fin de compte.
On t’a appris à avoir peur, et tu as appris à craindre le monde t’entourant.
On t’a inculqué comment te soumettre à tous ceux supérieurs à toi, et tu t’exécutes sans cesse, par peur de perdre la vie.
Par peur de perdre, tout court.

T’asseyant sur un tabouret haut, tu ne remarques qu’à peine l’homme qui, lui, au comptoir, t’a déjà aperçue. Il te regarde. Ce n’est pas un regard mauvais, ni même lourd. Mais tu le sens.
Tes prunelles claires se posent sur sa silhouette trapue.
Et il t’adresse la parole.
Tes sourcils s’arquent légèrement, en une moue étonnée.
La franchise de cette homme fait se dérober le sol sous tes pieds.
Et ton cœur monte brusquement.
Pas sous l’effet de la séduction.
Mais bel et bien sous celui de la peur.
Tu clignes de cils, rapidement, sans être bien persuadée de ce que tu as entendu.
Il veut te payer un verre ?
Tu ne sais plus ce que tout cela veut dire. Gentillesse, politesse, simplicité, amicalité. Tu as oublié ses notions, voire ne les a presque jamais comprises. À part peut-être avec Salem. À part peut-être avec Julian. Mais ils ne sont que deux. Ils sont si peu. Bien trop peu.
« Non … Non merci. »
Tu as détourné les yeux, très rapidement. Et brusquement, tu n’as plus envie de boire ton jus d’orange.
Et s’il le prenait mal ?
Une crainte infondée s’empare de toi, et tu te redresses rapidement. Le barman s’approchait pour te demander ce que tu désirais boire. Mais, soudain, tu n’avais plus soif. Juste peur. Comme d’habitude. Toujours peur.

Ne peut-on pas te laisser tranquille ? Juste t’oublier, t’épargner. Quelques pauvres secondes, te laisser aller dans ton sens, et ne pas se mettre en travers de ton chemin ?
Tu avais toujours tout fait pour être invisible. Toujours eu envie de l’être.
Tu t’habillais simplement, tu te comportais simplement.
Un fantôme, tentais-tu d’être. Un spectre, que personne n’aurait vu. Que personne n’aurait reconnu, ou approcher.
Mais il y avait toujours quelqu’un.
Il y avait toujours ton identité.
On savait qui tu étais.
Et on te voyait.
Tu n’étais pas invisible.
On te voulait vivante.
Mais tu ne le voulais pas.

Qu’est-ce qui ne va pas, avec toi ?
Pourquoi est-ce que tu lui tournes le dos ?
Le pauvre n’a rien demandé. Personne n’a rien demandé. Personne ne te veut de mal. Pas ce soir.
Alors pourquoi fuis-tu ?

Parce que tu es comme ça.
Abysse.
Un gouffre.
Puits de peur.
Mais ne t’en fais pas.
Un jour, ça ira.
Un jour, tu arrêteras de fuir.

Un jour, tu mourras.
Et ça ira.
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MessageSujet: Re: (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.   (madysse)  i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END. EmptyDim 12 Jan - 12:53

mads et abysse
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2

(FLASHBACK)



I have to believe in a world outside my own mind. Y croire. Croire en ce monde extérieur. Croire en ces tempêtes grandiloquentes. Croire en ces brins d'espoir se délitant dans les lits des rivières. Y croire. Croire à ce monde imparfait. Croire à ce monde constituant notre sombre réalité. Continuer. S'accrocher. Y croire. Faire preuve d'un peu de confiance. Faire preuve d'un peu d'obstination. Arrêter. Arrêter de se construire ailleurs. Dans sa tête. Dans un monde meilleur. Puisqu'il n'existe pas. Qu'il n'existera sans doute jamais. Jamais autre part que dans les songes d'un ancien rêveur. Jamais autre part que dans les utopies d'un ancien combattant. I have to believe that my actions still have meaning. Mais comment ? Comment pouvoir y croire quand plus rien n'a de sens ? Comment pouvoir se sentir vivant, quand notre âme même ne trouve plus de résonance ? Chaque geste. Chaque mot. Chaque regard. Plus rien d'un coeur enragé. Plus rien de ce grand homme aux yeux enfiévrés. Habité par la passion. Habité par ses visions. D'un monde meilleur, peut-être. Des choses si simples. Des choses trop simples. À en faire rire un enfant. Encore plus naïf que tous. À croire que ses choix pouvaient avoir une importance. Qu'il pouvait, au moins à son échelle, faire bouger les choses. Parce que comme on dit, qu'est-ce qu'un océan sinon une multitude de gouttes ? Une marée grondante. Des fracas, des remous. Des vagues assassines. Pour charrier ces gouttes. Les rejeter violemment sur la plage. Laisser l'écume s'échouer, se fracasser. Comme autant de rêves d'hommes ou d'autres. À croire qu'ils pouvaient changer quelque chose. Even if I can't remember them. Et pourtant. On ne croit qu'à des fantômes, à se dire que ces temps sont révolus. À se dire qu'on a vieilli. Qu'on est usé. Trop usé pour reprendre les armes. Trop usé pour relever les yeux. Trop usé pour de nouveau défier les regards. Mais elles sont là. Toutes ces idées. Toutes ces graines qui n'ont jamais germé. À prendre la poussière, à se laisser délaisser. Se laisser oublier. Au fond d'un tiroir. Au fond d'une mémoire. Au fond d'un coeur vaillant ayant abandonné son épée. On ne s'en rappelle plus. Parce qu'on ne veut plus qu'on se souvienne. On veut nous les faire enterrer. Toutes ces gloires passées. Ces promesses. Ces oracles jamais exaucés. I have to believe that when my eyes are closed, the world's still there. Alors, oui. On ferme les yeux. On a vieilli. On fait l'autruche. On fait le sourd. On fait l'aveugle. Tant qu'on n'a plus à supporter les horreurs. Les horreurs ambiantes. Les horreurs du quotidien. Les horreurs qui nous gardent éveillés jusque tard dans la nuit. À ne pas pouvoir s'empêcher de penser, de retourner les cauchemars dans nos pensées. À fixer le plafond, le front perlé de sueur. Animosité, peur, paraître d'anxieux chronique. Quand on ferme les yeux, le monde ne disparaît pas. Imprimé en surbrillance derrière nos paupières. Et ça brille et ça nous aveugle. Et on entend encore résonner les cris et les appels à l'aide, les murmures et les malédictions. Do I believe the world's still there ? Is it still out there ?... Yeah. On a beau se leurrer, on est toujours rattrapé par ces sensibles vérités. À courir en cercle, que l'on finit toujours par se mordre la queue. Serpent s'inoculant son propre venin. On fonce dans le mur, et on ferme les paupières bêtement, à se dire que le danger est ainsi annihilé. Pour mieux se prendre la réalité en pleine figure. Y laisser quelques dents, et un peu d'amour propre. À force de mordre la poussière, on finit par apprendre à ramper. Ramper et se traîner, statut primaire d'une larve parmi les autres. À ne plus pouvoir se relever, se soulever. Se tenir droit et dominer. Regarder vers l'horizon, regarder au loin. Le regard conquérant. We all need mirrors to remind ourselves who we are. I'm no different. Et parfois on a des regains d'espoir. À se dire que tout n'est pas perdu. On garde ces mots bien en secret au fond de notre âme. Trop fragiles, trop éphémères, pour pouvoir être exposés. On tente d'abord de les voir. On se met à nu. On se juge. Et le regard critique désosse et démembre le peu de bases qu'on aurait réussi à de nouveau maladroitement ériger. Moins qu'un bout de rien. Plus bas que terre. Une goutte qui s'écrase. Sur les berges, contre la falaise. S'évanouit et se fond dans la masse. Des rêves écorchés. Une goutte qui s'écrase. À ses pieds, à nos pieds. À détourner le regard, à soupirer. À tenter de faire face. À ne pas y arriver. Une goutte qui s'écrase. Un frisson. On n'est plus ce qu'on était. On a abandonné les vieux rêves. On a perdu notre humanité. On n'est plus qu'une ombre. Un monstre. Une bête sauvage bonne à enfermer en cage. On est devenu ce qu'ils veulent. Ce qu'ils voient.

Non. Non, merci. Il battit des paupières. Déglutit. C'était venu sans qu'il ne s'y attende. C'était ce qu'il y avait pourtant de plus prévisible. Un refus. Poli. Sans animosité. Juste ce semblant de frayeur, palpable, dans la lueur de son regard. Et il détourne le sien, regarde son verre. Coeur battant. Ne rien dire. Ne plus rien dire. Ne plus, simplement, oser la regarder en face. Il serra lentement des mâchoires. Pas par colère contre elle. Pas par colère contre qui que ce soit. Colère envers lui-même. Qu'est-ce que tu crois, Mads ? T'abordes cette fille, comme ça, et au final t'as juste l'air du type le plus louche qui soit. T'es con, mon vieux. T'es con. T'es devenu un vieux con. Chasser ces pensées. Du moins tenter. Et on aurait dit un pauvre animal rabroué. Il ne s'y attendait que si peu. Il se disait qu'elle dirait peut-être et sans doute oui. Qu'elle accepterait. Cette fille qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam. Il porta lentement son verre de bière à ses lèvres. Soupir discret. Après cela, l'envie de rester s'était évanouie. Rester pour supporter un silence pesant. Rester pour supporter un rejet en demi-teinte. Il venait d'en avoir assez. Perdre pied. Tout-à-coup, ne plus y croire. À se dire qu'il a encore l'air accueillant. Qu'il a encore de quoi allumer une flamme dans le regard des gens. Il sortit un billet de sa poche. Sans un regard pour elle. Le poser sur le comptoir. À côté de sa choppe pas encore totalement vidée. Trop tard. Plus envie de ça, ce soir. Commencer à descendre du tabouret. Se tenir au rebord, se tenir comme on peut. Rattraper ces béquilles, dans le noir. Maintenant qu'on vient de perdre tout honneur, on a plus que ça à faire. Lentement, les reprendre. Se recaler les bras dedans. Ces pieds inhumains, ces pieds maladroits, incapables de le garder dignement en équilibre sans ces aides-là. Un rapide coup d'oeil. Vers elle. Mince. Fugitif. « Bonne soirée. » Y'a déjà plus beaucoup d'amour propre. Le restant a été évincé en une parole presque timide. Mais c'est pas rempli d'amertume. C'est pas de la rage au coeur. Il lui souhaite sincèrement. Bonne soirée. C'est tout aussi poli. C'est peut-être bien légèrement déçu, dans le fond. C'est surtout penaud. Presque désolé. Désolé d'espérer pouvoir encore aborder quelqu'un. Désolé d'avoir encore quelques espoirs. Désolé.

Au final. Au final il l'avait recroisée. Cette petite poupée de porcelaine. Dans cette librairie, au coin de la rue. Son regard surpris, son minuscule sourire poli. Pour les deux. Parce que peut-être avait-il moins l'air effrayant, à la lumière du grand jour. Avec son pas claudiquant et son sourire léger. À parler posément, à parler doucement. Presque timide. Au final, il revenait. Souvent. Dans cet antre, entre ces étagères croulant sous les masses de livres. À se sentir en sécurité, entre les silences et les quelques paroles échangées. Légère amitié. À juger l'autre différemment. Quelques mots échangés. Un sourire. Un regard. Et l'on revient, les jours passants. Feuilleter un ouvrage. En acheter un autre. Pour au moins se donner bonne conscience et justifier notre présence. Fuir un peu, entre deux romans et une encyclopédie. Fuir. Il poussa la porte de l'échoppe. Se faisant discret. Un petit sourire. Un mouvement de tête pour dire bonjour, en croisant ses yeux bleutés. C'est naturel, et pourtant, on dirait que ça sonne faux. Coeur battant. Dents serrées. En réalité, il vient de se disputer. Encore une fois. Encore avec son frère. Et toujours les mêmes reproches. Les mêmes raisons. Les mêmes arguments, ou presque. Il était disparu, le grand bonhomme d'avant. Il était parti, le gars bien bâti qui se tenait droit. Des épaules rentrées, un corps plus avachi. Prix de ses béquilles. Prix d'une erreur qui ne passait toujours pas. Mais il n'en peut plus. Mais il en a marre. À servir d'épaule alors que ses jambes n'ont plus la force de le tenir. Son regard glisse sur les rayonnages. Il déglutit. S'est enfui, on dirait bien, au fin fond des rangées, quelque part perdu entre les rayonnages. Là où l'on ne peut plus trop l'épier. Ses mains tremblent. Il regarde les tranches des ouvrages disposés là. La gorge serrée. Respiration quasiment bloquée. Frissonnant. Et lentement. Se laisser glisser. Lâcher un peu prise. Se laisser glisser le long du mur. Assis par terre. Se replier sur soi-même. On dirait un enfant. Un simple gamin. Il replie ses bras sur ses genoux. Ferme les yeux. Balance sa tête en arrière jusqu'à ce qu'elle se cale à son tour contre son dossier de fortune. Ras-le-bol. Sans un mot. Sans un son. Coeur serré. Frisson. C'est donc ainsi le dernier endroit où il peut se permettre de trouver un semblant de paix.

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MessageSujet: Re: (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.   (madysse)  i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END. EmptyMar 14 Jan - 1:09


run, girl, run.


Close your eyes. Breath. Once. Twice. Close your eyes. Stop breathing. It's gonna be alright.

    (FLASHBACK.)

Tu ne comprenais pas pourquoi tu venais de le repousser. Et pourquoi, surtout, tu avais pris peur à ce point.
Reculer.
Repousser ce comptoir.
Et soudainement, ne même plus avoir envie de boire.
Tu savais qu’il allait être vexé.
Tu te doutais qu’il l’était peut-être déjà.
Mais tu n’y pensais même pas.
Encore une fois, ton esprit faisait le tri, et ne gardait que la peur.
Que dis-je.
La terreur.

Il te souhaita bonne soirée. Il avait posé un billet sur le comptoir, et était parti. Ce pendant que tes mains se refermaient sur le bord du bar, sur la large bande de bois qui en faisait le tour. Tes doigts crispés. Tu avais peur. Si peur. Mais il ne t’avait rien fait. Il n’avait fait que te parler, que te proposer quelque chose de gentil. Avais-tu perdu l’habitude que l’on veuille t’apprécier ? Que l’on manifeste de la gentillesse à ton égard ? Ce devait être ça. Une foutue mauvaise habitude.

Et il avait mis les voiles.
Encore une fois, la gentillesse te fuyait.
Tu la repoussais, et elle n’insistait pas. Elle n’insistait jamais. Tout le monde finissait toujours par te détester, semblait-il. Il n’y avait qu’à voir ton frère. Ton frère, et ses attentions, lorsque tu étais enfant. Ta tête qui se pose contre son ventre chaud, tes mains qui s’agrippent à ses poils noirs, et son haleine chaleureuse qui t’enveloppe d’une bulle de sûreté. Où était-il, ton frère ? Où était-il ?
Brusquement, tu ne savais plus.
Tu te rendis compte que tu n’avais jamais su.
Et, soudain, il te manqua.
Comme jamais encore il n’avait pu te manquer, même durant les situations les plus difficiles et les plus insurmontables.

Tu ne sus jamais réellement combien de temps tu étais restée debout, face à ce comptoir, avec le barman qui essayait de réclamer ton attention.
Tu ne sus jamais vraiment quel temps s’était écoulé entre son dernier claquement de doigts et le moment où tu avais pris tes jambes à ton cou avec une excuse brève et un « bonne soirée » jeté.
Tu ne t’en souviens pas, aujourd’hui encore.
Mais tu sais que la Gentillesse, elle, te fuyait.
Que cette Gentillesse avait pris, l’espace d’une soirée, un visage.
Celui d’un homme.
Et qu’il t’avait tourné le dos, lui aussi.
Comme tous les autres.

    (ACTUALLY.)

Un livre posé sous tes yeux.
Voilà la recette pour te calmer, voilà la solution de tous tes maux.
Il te suffisait de tourner quelques pages du bout des doigts, avec précaution, et d’écouter le papier se froisser, bouger, rencontrer les particules de l’air, et tourner. Ce simple son t’apaisait, et tu aimais te perdre entre les histoires que les ouvrages te narraient, entre les pages de l’Histoire qu’elles pouvaient te raconter. Tu adorais leurs murmures. Leurs mots liés, leurs écritures parfois délavées, avec le temps. Leurs couvertures reliées d’or, leurs présentations recouvertes d’un tissu pourpre, bleu, vert. Les livres plus récents, aussi, mais ils étaient si peu. Si peu, contrôlés d’imprimerie par les Originels. Et tu aimais les vieux livres. Les vieux livres et leur saveur. Les vieux livres et leurs histoires. Tu les aimais. Et, lorsqu’enfin tu te plongeais au cœur de l’un d’eux, découvrant la littérature étrangère, apprenant parfois même d’autres langues pour cela, par curiosité, tu t’évadais.
Pour une fois, tu n’avais plus peur.
Pour une fois, tu te sentais vivre, ne serait-ce que quelques instants.
Ne serait-ce que d’une flamme timide, et à l’éternel besoin d’être ravivée.
Mais vivre.

Cette porte qui s’ouvre.
Petit tintement de cloche, qui t’arrache à tes divagations, à ton plaisir de lecture.
Tu reconnais ce visage. Cette tête blonde. Celle même que tu appelais Gentillesse, il y avait quelques temps de cela. Celle-là même que tu avais repoussée, et que tu avais finalement été conduite à revoir.
Il passait, de temps à autre.
Il venait lire.
Tu lui offrais un ouvrage, lorsqu’il en achetait quelques uns.
Tu voulais te rattraper, te faire pardonner.
Et au vu de la fréquence de visites du jeune homme, tu y parvenais convenablement.

Tu le regardes traverser la minuscule entrée dépourvu d’étagères de la boutique. S’enfoncer entre deux rayons.
Tu t’inquiètes. Il ne t’a pas l’air bien. Alors, instinctivement, timidement, tu sors de derrière ton comptoir. Tu t’avances. Jusqu’à l’entrée de la travée où il s’est engouffré. Tu le regardes. Sans oser prononcer le moindre mot.
Timide.
Apeurée.
Toujours peur de déranger.
C’toujours mieux d’être un fantôme, tu sais.
De faire comme si tu n’existais pas, et d’ainsi être protégée. Sauvée.
Invisible.

Et les femmes invisibles ne font pas ce que tu fais, Abysse.
Elles ne s’avancent pas, vers des hommes qu’elles ne connaissent pas.
Elles n’éprouvent pas soudainement ce besoin de les aider.
Et elles ne viennent pas, les bras croisés contre leur poitrine, repliées sur elles-mêmes, murmurer quelques mots à cet homme quasi-inconnu.
« Ça va aller, tu sais … Ça va passer … »
Tu ne sais même pas de quoi tu parles, ma pauvre. Tu ne sais même pas quel est son problème. Mais ce que tu sais, c’est que selon toute probabilité, il ne te répondra pas. Et tu t’en fiches.
Vraiment.
Tu t’en fiches.

Tu veux juste l’aider.
Tu veux juste cesser de te sentir ingrate, et inutile.
Tu ne veux que lui apporter un peu de tranquillité, et de repos.
Tu ne sais pas quoi faire, debout là, proche de lui.
Il pourrait t’attraper et se caler contre tes jambes, s’il le voulait.
Tu ne bougerais pas.
Tu ne ferais rien.
Non.
Vraiment rien.

Après tout, tu veux juste l’aider.
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MessageSujet: Re: (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.   (madysse)  i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END. EmptyMer 15 Jan - 14:49

mads et abysse
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2

holding on and letting go.




T'es beau. T'es beau même quand tu craques. Craquer et crouler sous les fêlures. Impossible de dire le contraire. T'es beau. Ne pas y croire. Ferme-là. T'es beau. Le répéter à ton petit frère. Lui répéter, bien trop souvent. Comprendre ces mots. Mais les prendre pour les autres. T'es beau. Beau à en crever. Arrête de croire le contraire. Arrêter ce manège. Arrêter de se dire qu'il n'y a plus de chance. Pour qui que ce soit. Pour quoi que ce soit. Arrête de mentir. T'es beau. De l'extérieur. De l'intérieur. Se cacher sous les épaisseurs. Ne plus regarder le miroir. Pour oublier. À se dire que c'est ce qu'on est devenu. Laid. Laid et sinistre. Comme ces fantômes. Comme les cendres. Comme ces tombeaux enterrés au fond de ton âme. Du deuil de tes rêves. Des habits noirs de tes espoirs. Aux cadavres. Eux, réels. Eux, véridiques. T'en as semé. Et tu ne sais toujours pas pourquoi. Pourtant. Et pourtant. Prendre du temps. Retourner chaque seconde. Revoir les enregistrements de ta mémoire. Disque rayé. Pellicule brûlée. Il y a toujours le trou noir. Quand le son dérape. Que l'image vacille. Et que le récit s'arrête. Parfois des bribes de sons. Parfois des images captées à la va-vite. Parfois. Au final, ça ne sert à rien. Tu ne fais que t'enlaidir, au fond de tes pensées, en faisant ça. Et si t'étais pas responsable ? Ne pas y penser. Non. Tu n'y penses même pas. Pas une seconde. Pas un instant. Jamais. Seul coupable sur cette terre de damné. Auto-sacrifié sur un autel fait de vents. Et pourtant, t'es beau, tu sais ? Non, justement. Il y en a assez. De le soutenir aux autres. De le répéter sans cesse en prenant son visage dans tes mains. Et l'obligeant à te regarder dans les yeux. Se mettre à lui gueuler dessus. Qu'il arrête de raconter des conneries. Qu'il arrête avec tout ça. T'es beau, merde ! T'es beau, pense jamais le contraire ! C'est drôle. Ironique et sarcastique. Comment soutenir une vérité aux uns pour croire au mensonge, en tant qu'autre. Toi t'es moche. T'es moche et méchant. T'es moche et aigri. T'es moche et diminué. T'es un croulant, un râleur, un bougon, ce que tu veux. Toi, t'es surtout très con. Trop con. De te raconter des choses comme celles-là. De te dire que t'as plus ta place. D'abandonner le combat avant même d'avoir repris les armes.

T'es beau. T'es beau même quand tu craques. Quand tu voudrais disparaître. Que tu te trouves ridicule. À chercher refuge chez les autres. Sans demander la permission. Simplement désespéré. Nie pas. C'est ce que t'es. Un désespéré, un résigné, un raccroché à la vie par des liens qui menacent de céder. Vivre par procuration. Tu te dis que non. Tu te dis que si. Tu ne sais plus si c'est ce que tu fais, au final, depuis quatorze ans déjà. Sans doute un peu. Pas totalement. Qui sait ? Rester là. Demeurer. Sur la brèche. Longeant le gouffre. Et ça résonne jusqu'en bas. Et ce serait peut-être le bon moment. Pour gueuler un coup. Faire porter ta voix. Mais t'as trop peur. C'est devenu ça, ta vie. T'as peur. Peur de tout. Peur de rien. Peur du loup. Du lendemain. Des monstres sous ton lit. Des fantômes dans ta tête. T'as peur alors t'oses plus. Paralysé. Tremblant. Le coeur battant. Serrer les dents. Se sentir encore un peu plus nul, si c'est possible. Sans problème, sans doute, ça l'est. Ces mains qui glissent sur ton visage. Ces mains qui restent un instant sur tes yeux. Pour mieux remonter jusque dans tes cheveux. Voilà. Comme ça. À te prendre le crâne dans les paumes. Pas un son. Pas un de trop. Mais pourtant. C'est que ça se voyait sur ton visage comme la Lune au milieu de la nuit claire. Elle est semblable à une ombre. Une petite silhouette discrète. Qui pourtant s'approche. Se rapproche. Ne pas esquisser un geste. Frustré. Crispé. Ces phalanges sous tension. Respirer en filigrane. Mince souffle, invisible, impalpable. Peut-être parce que tu sais. Que si tu reprends une trop grande bouffée d'air, les digues vont céder. Combien de litres y'a-t-il derrière ? Un peu trop, sans doute. Un peu trop pour tout garder. Se mordre l'intérieur de la lèvre inférieure.

Justement, tu ne sais pas. Que ça va aller. Que ça va passer. Tu ne sais pas. Tu sais des choses simples. Des choses tangibles. Excusez du peu. T'es pas le fils prodigue. On peut te dire ce que tu veux. Toi, t'es celui qui a merdé en premier. T'es le cul-de-jatte. L'aîné, peut-être. La tentative d'essai. Le brouillon. T'es le Survivant, pourtant. T'aimerais pouvoir sourire doucement, en y pensant. Mais ça fait plus mal qu'autre chose. Longtemps qu'on ne t'as plus appelé comme ça. Longtemps qu'il ne t'a plus appelé comme ça. Alors non. Tu ne sais rien. Tu ne sais pas. Tu ne bouges pas, mais au fond ça grouille et ça rampe. Semblable à une flaque de pétrole, visqueuse et sombre. Une étincelle, une allumette. Et l'autodafé aura lieu. Soupir discret. Contrôlé. Tremblant et tremblé. Déglutir. Elle est si proche. Toute proche. Toute près. Tes doigts relâchent ton crâne. Desserrer l'étau. Relâcher d'un cran cette étreinte personnelle. Relever le regard. Relever les yeux. Les yeux d'un noyé. Les yeux d'un brûlé. De l'homme qui a allumé le bûcher et fait couler le bateau. Et pourtant tu brûles et tu te noies. Au même titre que tous les autres. Battre, lentement, un peu, des paupières. Et regarder ailleurs. C'est mieux, ailleurs. Un point dans le vide, un point de nul-part. T'en as déjà assez de te trahir, d'un simple coup d'oeil. D'un simple regard. Et on te dit que ça ira mieux. Que ça passera. Et tu voudrais te réfugier, pour une fois. Contre un brin de chaleur. Te réfugier et ne plus bouger. Arrêter d'avoir froid. Mais c'est peut-être ça le pire. T'oses pas. T'oses même plus ça. Tu laisses tes prunelles céruléennes scruter un ailleurs et des hommes invisibles. C'est pas que tu l'ignores. C'est tout le contraire. T'es juste handicapé. Des sentiments, principalement. Mais ces prothèses-là. Celles que t'as foutu sur tes boitillements des relations. On y fait moins attention.

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Dernière édition par Mads F. Keeler-Waldau le Sam 18 Jan - 15:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.   (madysse)  i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END. EmptyJeu 16 Jan - 21:08


run, girl, run.


Close your eyes. Breath. Once. Twice. Close your eyes. Stop breathing. It's gonna be alright.

Tu ne comprenais pas vraiment ce que tu faisais. Mais à vrai dire, ça n’avait pas la moindre importance. Tu le faisais. Et c’était là toute la complexité de la chose. Ton corps ne t’obéissait plus, et ce depuis bien longtemps.

Tu prenais tes jambes à ton cou, à n’importe quel moment. Tu ne le décidais pas forcément, mais tu n’avais pas le choix, non ; pareille à un véritable animal, un loup, tu te retrouvais soumise à tes instincts de survie. Trop souffert, trop péri par le passé. Tu avais essuyé pour les siècles des siècles qu’il te restait à vivre. Et ton corps avait crié stop. Désormais, il fuyait pour toi. Il n’attendait plus que tu te réveilles. Et c’était ainsi que les dissociations de ton esprit avaient commencé. C’était ainsi qu’elles s’étaient terminées, également. Tu le laissais désormais faire, la plupart du temps. Pas besoin de te brusquer, pas besoin de te forcer à rester en place. Tes jambes s’animaient, et tu détalais.
Petit lapin à la fourrure si soyeuse, si douce.
Si noire.


Tes genoux se fléchirent doucement, tandis que tu te mettais à son niveau, continuant de croiser son regard, ne rompant ce contact visuel pour rien au monde. Tu lisais le désespoir dans ces prunelles ; ce sentiment que toi-même tu connaissais mieux que beaucoup, et qui animait tes journées, tes nuits, et de manière plus générale même, ta vie.

Tu sens qu’il a besoin de toi. Qu’autrement, il ne serait pas venu là.
Mais tu as peur de ne rien pouvoir pour lui.
Peur d’être impuissante.
Peur d’être seulement toi-même.
Fantôme.
Ombre pâle.
Abysse.

Cependant, tu ne te laisses pas tomber dans ton coin. Tu ne te recroquevilles pas sur toi-même, et tu ne pleures pas. Pour une fois, tu vas jusqu’au bout. Et, simplement, tes genoux effleurent délicatement le sol et s’y posent, pauvres rotules abîmées sous la force des coups que tu as pu encaisser depuis le début de ta pauvre vie. Tu es là. Face à lui. Tes grands yeux plongés dans les siens, toute la douceur et la grâce de ta silhouette rehaussant l’abysse de ton regard. Tu inclines légèrement la tête sur le côté et le regarde.

Un ange passe.
Un souffle d’espoir.
Une brise de désespoir.
Les mots n’ont plus d’importance.
Le silence hurle, pleure.
Les sanglots invisibles et inaudibles déchirent cette atmosphère lourde de chagrin.
Et tu ne bouges plus.
Figée.
Comme incapable de penser.
Incapable de te mouvoir.
Incapable d’être.

Finalement, ta main se pose sur sa joue. Tes doigts tremblent légèrement, tandis que tu essaies de rassembler tes pensées, et de ne pas t’effondrer sur place. Tu n’as pas peur de lui. Mais tu as peur de ta gentillesse. De la gentillesse du monde. De ce que l’on t’a fait, et que tu ne veux surtout plus voir se produire, ne surtout plus subir.
Mais tu t’offres aux gens.
Tu t’offres à cet homme tout particulièrement. Pas dans le sens où la plupart pourraient penser ; tu ne lui offres pas ta nuit, ton corps, ton intimité. Tu lui donnes ta tendresse.
Ta chaleur.
Celle d’un corps bouillant de survie, celle d’un être qui cherche l’espoir.
Tu te donnes à lui.
Toi et la gentillesse qui peut te rester, et la clémence que tu peux encore offrir au monde.
Toi, tout simplement.
Pour cette seconde, cette toute petite seconde, tu es à lui.
Rien qu’à lui.

Doucement, tes doigts se glissent dans son cou, caressent quelques unes de ses mèches blondes. Tu t’approches, ton genou glisse jusqu’à heurter le sien et s’immobiliser. Ton visage se niche à la base de cette épaule si joliment dessinée, et tu te laisses tomber contre lui. Tu ne bouges plus. L’une de tes jambes passe par-dessus les siennes, naturellement.
Et tu te cales là.
Contre lui.
Sans réfléchir.

Ton cœur n’accélère pas particulièrement, contrairement à ce que tu aurais pu tout d’abord imaginer. Tu n’étais pas stressée. Tu n’avais pas peur qu’il te repousse. Pour la première fois, tu n’étais presque effrayée de rien. Tu avais conscience de la situation, et conscience que s’il le désirait, une lame pourrait s’enfoncer entre tes côtes avec la plus grande des facilités, te lacérer et te faire payer ton inconscience. Mais tu n’avais pas peur de lui. Tu sentais son besoin d’exister, son besoin de trouver refuge, soit-ce de cette manière, dans les bras de cette femme qui lui était alors presque inconnue. Dans tes bras.

Pourquoi ? te demandais-tu parfois.
Tu n’étais pas en mesure de comprendre.
Tu n’étais plus en mesure de faire grand chose, à vrai dire. Il te semblait être passée en pilote automatique depuis bien longtemps. Avoir cédé les rênes à quelqu’un d’autre.
Ne te laisse pas abattre, Abysse.
Ne te laisse pas sombrer.

C’est ce que tu te disais souvent.
C’est ce que l’autre te disait également, lorsqu’il fallait que tu te ressaisisses. Ce que l’autre te forçait même à faire, lorsque tu n’en avais plus le courage, ni la volonté.

De te battre, de recommencer de vivre.
D’offrir quelque chose au monde, pour qu’il te le rende bien volontiers.

De te battre, de continuer à vivre.
De remonter.
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MessageSujet: Re: (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.   (madysse)  i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END. EmptySam 18 Jan - 15:19

mads et abysse
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you have to learn to let go.



Tu ne comprends pas. Tu ne comprends pas le monde. Pourquoi les oiseaux sont faits pour voler. Pourquoi les poissons sont faits pour nager. Pourquoi les Hommes sont faits pour se battre et se déchirer. Trop de questions. Tu n'y répondras jamais. T'es pas le cerveau de la bande. Le grand penseur. Toi, tu soupires. Tu parles bien. Mais ça fait longtemps que t'as plus les mots. Pour soulever un peu d'espoir. Pour enhardir les coeurs. Pour raviver la flamme. Il ne reste plus que des cendres. Un tapis doux, un tapis gris. De la poussière sur tous ces reliquats. We've always defined ourselves by the ability to overcome the impossible. L'impossible. Inatteignable. Le lointain. L'incongru. Toi aussi. Toi aussi, tu te définissais ainsi. Prêt à tout. À décrocher la Lune. À démonter les étoiles. Dépasser l'impossible. Si seulement. Il faudrait pour cela se relever. C'est cela l'impossible. Ton impossible. Aux yeux de tous, tu tiens debout. Tu te tiens droit. T'es respectable. Un vieux loup. Mais toi, tu sais. Tu sais que malgré tout, il n'y a pas une journée sans que tu y penses. Même quand tout va plus ou moins bien. Même quand les choses te sourient. C'est par cela qu'on te définit, désormais. Oui. Tu es l'homme qui veille sur les autres. Tu es l'homme qui sourit doucement. Tu es l'homme qui sait calmer les conflits. Tu es le diplomate, le bien-pensant, le cap au loin, l'horizon auquel on essaie de se raccrocher. Tu es le roc, la pierre, la montagne. L'automne, quand le temps s’adoucit, mais que la chaleur est encore présente, que les arbres ne sont pas encore morts. And we count these moments. Mais on l'a déjà dit. Tu le sais, au fond de toi. Ils sont devenus rares, parfois, les instants sans arrières-pensées. Libre d'esprit et libre de rire. Sans que tu ne lises la peine, pourtant bien cachée, dans le regard d'autrui. Tu les comptes et tu les égraines, invisibles et insensibles. Quand l'on oublie. Que toi, tu ne sais plus courir. Que t'as fait des erreurs. Et que malgré les années, tu n'as pas fini de regretter. Le détail. La micro-seconde. La peur. La terreur. Ce cri d'alerte. La déflagration. Le feu. Les débris. Les décombres. Le sang. La chair. Toutes ces choses qu'on ne devrait pas laisser un homme voir. C'est parfois dur. Dur de faire table rase. Dur d'oublier. C'est que ça reste collé au fond de ton crâne. Gluant pétrole. Sale mélasse. These moments when we dare to aim higher, to break barriers, to reach for the stars, to make the unknown known. Lever le nez. Lever les yeux. Comme dans le temps. Comme les avants. Enfoncer des portes. Même si parfois elles étaient ouvertes. Tout était là dedans. Dans cette philosophie de vie. À vouloir mordre et dévorer. Brûler et enflammer les autres. À vouloir foncer, courir, après l'inconnu, à la suite de vaines idées. mais tu courrais. Tu hurlais à la vie. À la gnaque. À l'envie. D'en découdre. De se battre. De défier les autres. De mettre en jeu chaque parcelle de ton âme. We count these moments as our proudest achievements. C'est sans doute ce que tu as fait de mieux. C'est sans doute ce que tu as fait de pire. À force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. Et il y a eu l'étincelle de trop. L'étincelle qui a tout ravagé. L'étincelle qui a tout éteint. Après la grande lumière, les abysses sombres. T'es tombé bien bas. Bien au fond du précipice. T'es pas sûr d'être arrivé jusqu'au bout de la remontée. Tu lèves le nez vers la lumière. Elle te semble si proche. Mais t'es peut-être tout aussi bien, ici. Un cran plus bas. Encore un peu à l'abri. Sûr et certain de ne pas brûler. De ne pas être ébloui. Tu ne sais pas si tu es fier. Tu ne sais plus vraiment. Sans doute pas vraiment. Pas vraiment fier des cadavres à l'arrière. Pas vraiment fie de ton ignorance. Pas vraiment fier de ta révolue témérité. Are we lost on that ? Et c'est cela même. Tu les as perdus. Ces mots, ces cris, ces envies et ces combats. T'as levé la main. T'as demandé la fin. Tu t'es rangé dans ta case. Du moins t'as tenté. Tu tentes encore. Mais ce n'est pas si simple. De retrouver entièrement l'ombre, après les feux de la rampe. Qui plus est même si cette rampe n'était observée de personne. Parce que tu y étais tout de même. Tu donnais ta grande représentation. Jusqu'à mourir sur scène. Perhaps, we've just forgotten that we are still pioneers. Ce n'est pourtant sans doute pas la fin. Si ce n'est le début, alors. Sous les cendres, restent peut-être encore des braises rougeoyantes. Souffler dessus. Raviver lentement le foyer. Il y a encore de quoi brûler. Il faudrait seulement nourrir les intentions. Redonner un peu de matière. Réactiver l'impulsion. Faire claquer le fouet. Que les chevaux se remettent à hennir. Cabrer. Et forcer du col, relever l'échine. And we've barely begun. And that our greatest accomplishments cannot be behind us, because our destiny lies above us. Il suffirait de si peu. Un si peu qui n'est toujours pas là. Un si peu impossible à définir. Un si peu qui gît dans le lointain. Si peu... Un noeud se forme lentement dans ton estomac. La respiration vacillante. Supporter le regard. De se dire que tu pourrais être actuellement jugé. Jugé, détruit, réduit en morceaux et en charpie dans les pensées de ta petite libraire. Un noeud, dans tout ton corps plus particulièrement. Des noeuds dans tes nerfs. Dans tes pensées. Dans tes muscles. Dans ton ventre. Dans ton coeur. Dans ta gorge. Trop de choses qui s'emmêlent jusqu'à devenir indicibles. Tu bats lentement des paupières. Un creux entre tes poumons. Le creux, le vide. Celui des âmes troublées. Celui qui se forme quand on retient. Quand on retient trop de choses. Des mots, des secrets, des pensées, des sanglots peut-être aussi. Tu voudrais éviter son regard. Elle ne t'en laisse pas l'opportunité. Mais à quoi bon ? Tu baisses légèrement les yeux. Mais elle est là, agenouillée, à ta hauteur. Mais elle est là. Et ses doigts fragiles, ses doigts pâles et fins, tremblants et hésitants, viennent effleurer ta joue. Et tu oublies. Parce que tu en as bien trop besoin. De l'attention que les autres pensent ne pas avoir besoin de te donner. De cette tendresse. De cette humanité. Comme elle venant doucement glisser sa main dans ton cou. Effleurer et caresser tes mèches blondes. Et tu as ce long frisson. Et tu as de mal autant que cela te fait de bien. Tu respires, tremblotant de l'intérieur. Elle vient pourtant là. Se lover contre toi. Et tu fermes les yeux. Tu fermes les yeux, presque douloureux. Tu te réfugies, tu te blottis. Ton visage, qui tout comme le sien, vient se cacher dans le creux de son cou. Tu inspires légèrement cette légère odeur. Tu tentes de te détendre. Mais tu t'accroches trop. À ces digues érigées en toi, par toi, pour ton propre bien. Tu te mords la lèvre inférieure. Tes bras se sont refermés autour d'elle. Tu restes là. Sans un mot. La chair de poule court sur ta peau. You have to learn to let go. Et ça fait bien trop longtemps que tu y tiens, que tu te tiens. À ces bribes de rien. Lâcher. Pour une fois. Il serait peut-être temps de lâcher les rênes. Et souffler.


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MessageSujet: Re: (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.   (madysse)  i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END. EmptyLun 20 Jan - 0:39


run, girl, run.


Close your eyes. Breath. Once. Twice. Close your eyes. Stop breathing. It's gonna be alright.

Il s’accroche à toi. Et cela, pour le coup, tu ne t’y attendais pas.
Tu pensais qu’il se déferait de ta prise, qu’il te sourirait et te dirait qu’il n’avait pas besoin de tout cela. Mais, étrangement, il te gardait contre lui. Contre son corps chaud, contre la douceur de sa peau, et contre ses vêtements un peu usés par le temps.
Toi, tu laissais ton front dans son cou, et tu fermais les yeux. Tes mains restaient là, jointes derrière sa nuque. Tu ne voulais rien de plus. Certainement pas. S’il avait tenté de déraper, peut-être aurais-tu fui, le plus simplement au monde. Tu n’aurais pas voulu qu’il te touche. Pas voulu qu’il t’approche. Mais il ne faisait rien. Et tu t’étais blottie contre lui, en toute connaissance de cause. Parce que, sur l’instant, tu avais senti son besoin pressant de trouver du réconfort. Et de la chaleur.
Alors tu restais là. Dans ses bras.
Poupée de chiffons.
Il te pressait contre lui, et tu lui rendais à peine son étreinte.
Tu ne savais pas comment réagir, face à ces démonstrations d’affections. Mais, progressivement, tu te laissais aller contre lui. Tes doigts caressèrent doucement son dos, au travers de ses vêtements. Tu le laissais respirer ton doux parfum, et tu te contentais de ne pas le repousser, de le garder là. S’il avait besoin de ta fibre maternelle, alors soit, tu la lui offrirais.

Il semblait réellement apprécier tout ça. Ton contact, ta douceur.
Mais toi, après un temps qui t’avait semblé durer une éternité, mais qui avait pris tout au plus cinq minutes, peut-être dix, tu te redressas. Doucement, simplement. Tes doigts fins caressèrent la joue de Mads. Et tu lui souriais doucement. Tristement, cependant ; comme à ton habitude.
Tu étais résignée, et ce depuis si longtemps. Mais il était gentil. Et il méritait un peu de ton investissement. Il méritait que tu prennes soin de lui, comme il avait pu prendre soin de toi, fut-ce par procuration, te soulageant simplement de ta présence, en parcourant les rayons de ta librairie.
Mais tu n’arrivais pas à considérer cette étreinte comme un dédommagement de la sérénité qu’il avait pu t’apporter.

Doucement, tu te reculais un peu. Tes iris clairs parcoururent quelques secondes les reliures des ouvrages soigneusement rangés là. Se décollant de la joue de l’homme, tes doigts accrochèrent l’un des livres, que tu tirais vers toi. Il n’eut pas le temps d’en apercevoir le titre, ou l’auteur, que déjà tu le pressais contre ton cœur, et te reculais.
Un sourire à son attention. Tu calais ton dos contre l’étagère face à lui. Lentement, tu étendis les jambes. L’un de tes pieds passa entre les siens, l’autre resta sur l’extérieur. Tu n’avais pas beaucoup de place, aussi dus-tu garder les genoux fléchis, afin de ne pas l’envahir. Mais tu étais bien, assise là.
Suffisamment pour pouvoir ouvrir ce livre, calé contre tes genoux.
Lentement, tes lèvres s’entrouvrirent.
Et, sans amorcer la chose de quelque manière que ce soit, tu entamas ta lecture.
Naturellement.
« Au large dans la mer, l'eau est bleue comme les pétales du plus beau bleuet et transparente comme le plus pur cristal, mais elle est si profonde qu'on ne peut y jeter l'ancre et qu'il faudrait mettre l'une sur l'autre bien des tours d'église pour que la dernière émerge à la surface. Tout en bas, les habitants des ondes ont leur demeure. »
Les mots glissaient au milieu de cette petite librairie, entre ces deux étagères, sans que tu ne cherches à les retenir.
Tu ne regardais plus Mads, ne cherchais plus à capter la moindre de ses mimiques.
Il aurait pu s’endormir, que tu en aurais été heureuse.
Il aurait pu partir, que tu n’aurais pu lui en vouloir.
Tu te serais simplement sentie inutile.
Une fois encore.

« Mais n'allez pas croire qu'il n'y a là que des fonds de sable nu blanc, non il y pousse les arbres et les plantes les plus étranges dont les tiges et les feuilles sont si souples qu'elles ondulent au moindre mouvement de l'eau. On dirait qu'elles sont vivantes. Tous les poissons, grands et petits, glissent dans les branches comme ici les oiseaux dans l'air. »
Tu ne savais pas ce qui t’avait réellement pris. Et tu ne savais pas pourquoi ce livre. Tu ne comprenais rien de ce que tu faisais, guidée comme toujours par ton instinct. Et il te poussait à prendre un livre, et raconter une histoire à quelqu’un que tu ne connaissais quasiment pas. Quelqu’un qui ne voulait très certainement pas de ça. Quelqu’un qui avait souhaité garder ton corps frêle et tiède pressé contre le sien.
Mais tu en avais décidé autrement.
Sans vraiment en décider.
« A l'endroit le plus profond s'élève le château du Roi de la Mer. Les murs en sont de corail et les hautes fenêtres pointues sont faites de l'ambre le plus transparent, mais le toit est en coquillages qui se ferment ou s'ouvrent au passage des courants. L'effet en est féerique car dans chaque coquillage il y a des perles brillantes dont une seule serait un ornement splendide sur la couronne d'une reine. »

Ne t’arrête pas de parler.
Ne t’arrête pas de répandre cette douceur et cette atmosphère apaisante au sein de cette librairie.
Ne t’arrête pas.
De parler, de conter, de narrer cette histoire que petits et grands ont toujours connue, mais que jamais ou presque, ils n’ont eue sous sa véritable forme. Sous ses mots.
Ne t’arrête pas de parler.
Ne t’arrête pas de nous emporter.

Ne t’arrête pas, Abysse.
Ne t’arrête jamais.
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MessageSujet: Re: (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.   (madysse)  i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END. EmptyDim 26 Jan - 10:16

mads et abysse
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no one can hurt you now.



Certains en auraient peut-être profité. Au creux de cette ville grouillante et malhonnête, plus d'un en aurait profité. Plus d'un. Mais pas lui. Pas Mads. Pas cette tête blonde au nez brisé. Son coeur bat. Pulsations lentes mais poignantes. Puissantes. Et la respiration légèrement fébrile. Presque tremblante. Elle est là. Dans ses bras. Tout contre lui. Tout contre son corps. Mais il n'y fait rien. Pas un geste déplacé. Pas un homme comme ça. Ce n'est pas ce qu'il entend. Ce qu'il quémande en silence. Un peu de chaleur humaine. Celle qu'il distribue parfois maladroitement aux autres. Jusqu'à s'en vider. À devenir aussi froid que la pierre. Gelé jusqu'à la moelle. Et il grelotte seul. Au milieu de tous ces coeurs brûlants qui ne l'atteignent pas. Solitaire, au fond de son lit, à tenter de se réchauffer, juste un peu. Ses paupières battent doucement. Léger reniflement. Depuis combien de temps ? Depuis combien de temps est-il là, stoïque, à serrer le corps mince d'Abysse dans ses bras ? Il ne saurait dire. Une minute. Une heure. Un jour. Une vie. Elle se décale lentement. Et par réflexe, il relâche doucement sa prise. Pour ne pas blesser l'oiseau tentant de déployer ses ailes. Ses iris bleutés suivent son manège du regard. Il a fini par ravaler sa rage et sa larme. Faire passer le noeud. L'enterrer quelque part, du moins. Pas un mot. Les gestes discrets. Et le léger frisson. Quand elle effleure encore son visage du bout des doigts. Il lui rend son minuscule sourire. La tristesse en filigrane se reflétant en miroir sur ses lèvres. Elle a saisi un livre. Soustrayant au regard de l'homme son origine et son nom. Mais ses cils battent doucement. Et il baisse parfois les yeux avec cette légère gêne polie. Même si chacun de ses coups d'oeil porte les armes d'un remerciement. Sa cage thoracique se soulève et s'abaisse lentement. Il déglutit. Elle s'est assise face à lui. Il replie machinalement un de ses genoux vers lui-même. Avec un peu de peine. Mais il ne dit rien. Sa tête revient se caler contre les étagères de reliures. Les premiers mots. Son sourire à l'état de larve s'étire légèrement. De quoi tracer un simple semblant d'esquisse. Un petit brin de rien. Mais il ferme les yeux. Une phrase de plus. Et il en est bien sûr. Il revoit les images dans le fond de son crâne. Derrière ses paupières closes. Il est là. Au chevet de Jaime. Penché en avant, les coudes sur les genoux. Le livre sous les yeux. Il parle doucement. Brefs regards à son Crapaud. Un léger sourire. Et un baiser sur sa tempe, fraternel. Alors qu'il se relève du rebord de lit de son cadet. Et éteint la lumière. Il s'est endormi. Il s'endort à chaque fois. Et lui aussi a fermé les paupières. Lui aussi se laisse bercer. Au son de la voix de sa petite libraire. Au fil des images sous-marines qui lui traversent l'esprit. Il se laisse flotter. Tandis que ses muscles se détendent en partie. La nervosité qui le quitte un peu. Se laisser aller. Sa tête glisse un peu plus sur un côté. Mais il est ainsi installé. Son torse se soulève de façon plus espacée. Des inspirations profondes. Des expirations posées. Morphée lui tend les bras. Au calme. Il a la voix singulière d'une femme lui contant des histoires. Il sent les vieux livres et l'âme des bouquins. Touché de papier. Mais il s'y abandonne. Baissant la garde. Baissant les armes. Endormi. Il s'est simplement endormi, ainsi. Non pas sans respect. Bien au contraire. Confiance étalée. En sécurité. On ne peut pas lui faire de mal, ici. Il y a sa voix à elle. Sa présence encore proche. Et ses combats qui n'attendaient que cela. Une halte, une pause, un cessez-le-feu.



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MessageSujet: Re: (madysse) i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END.   (madysse)  i always thought the joy of reading a book is not knowing what happens next. — END. EmptyDim 26 Jan - 22:56


run, girl, run.


Close your eyes. Breath. Once. Twice. Close your eyes. Stop breathing. It's gonna be alright.

« Le Roi de la Mer était veuf depuis de longues années, sa vieille maman tenait sa maison. C'était une femme d'esprit, mais fière de sa noblesse ; elle portait douze huîtres à sa queue, les autres dames de qualité n'ayant droit qu'à six. Elle méritait du reste de grands éloges et cela surtout parce qu'elle aimait infiniment les petites princesses de la mer, filles de son fils. Elles étaient six enfants charmantes, mais la plus jeune était la plus belle de toutes, la peau fine et transparente tel un pétale de rose blanche, les yeux bleus comme l'océan profond ... mais comme toutes les autres, elle n'avait pas de pieds, son corps se terminait en queue de poisson. »
Tu lisais. Le plus simplement au monde, n’accordant plus le moindre regard à ton vis-à-vis.
Et ta voix s’élevait entre les murs de cette petite librairie, entre les rayons chargés de livres divers et variés.
Tu contais cette histoire avec l’aisance de celle qui l’a lue des milliers de fois, et tu ne t’arrêtais que lorsque la ponctuation te le permettait.
Ta voix restait fluide, en toutes circonstances.
Tu ne parlais ni trop vite, ni trop lentement.
Et la mélodie de tes intonations semblait bercer la petite boutique d’une atmosphère presque enfantine, mère conteuse qui aurait décidé qu’il était venue l’heure de coucher ses enfants.
« Le château était entouré d'un grand jardin aux arbres rouges et bleu sombre, aux fruits rayonnants comme de l'or, les fleurs semblaient de feu, car leurs tiges et leurs pétales pourpres ondulaient comme des flammes. Le sol était fait du sable le plus fin, mais bleu comme le soufre en flammes. Surtout cela planait une étrange lueur bleuâtre, on se serait cru très haut dans l'azur avec le ciel au-dessus et en dessous de soi, plutôt qu'au fond de la mer. »

Puis, finalement, tu te tus.
Car, en relevant un instant le regard, tu avais aperçu ses paupières closes, et ses yeux éteints.
Tu ne fis pas le moindre commentaire.
Tu laissais le livre ouvert, calé sur tes genoux.
Un mince sourire éclaira tes lèvres, lorsque tu remarquas à quel point sa respiration pouvait être devenue ample et régulière. Tu eus envie de poser un baiser sur son front, mais tu n’en fis pourtant rien.

Le plus simplement au monde, tu te redressas, refermant le livre. Silencieuse comme une ombre, déposant l’ouvrage au sol, dos contre la moquette, ouvert sans qu’il ne se referme, tu t’éloignas de quelques pas.
La petite pancarte « OUVERT » fut tournée, et afficha pour l’extérieur la mention de « FERMÉ ».
Tu verrouillas la porte, et baissas le store, sans plus te poser de questions.
Revenant vers le comptoir, tu allumas la petite lampe qui y était posée. Une lueur tamisée envahit la pièce, jusqu’à lors obscurcie par les stores fermés.
De sous le comptoir, tu sortis une petite couverture polaire, que tu gardais à portée de main pour les froides journées d’hiver, lorsque le chauffage te jouait bien malheureusement des tours. Retournant vers Mads, tu la déplias, et la déposas sur lui, le couvrant de manière à l’empêcher d’avoir trop froid.
Puis, tu reculas. Tu le couvris du regard, quelques secondes. Avant de faire demi-tour, et de retourner derrière ton comptoir. Tu repris ton livre, t’installas tranquillement.

Et tes pensées s’engouffrèrent à nouveau entre les pages de l’ouvrage, aussi simplement que si tu n’en étais jamais sortie.
Qu’il dorme.
Qu’il dorme.
S’il ne se réveillait pas demain, ce serait du moins plus tard.
Et quelques heures changeaient parfois les choses.


e n d .
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