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 i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker)

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MessageSujet: i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker)   i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker) EmptyJeu 5 Juin - 10:13


RUN AWAY, I'LL ATTACK.


Tu tournais en rond.
Au sens propre du terme, et non au figuré.
Tes pattes larges foulaient le goudron.
Tu marchais, décrivant des cercles pour quiconque aurait regardé d’en haut.
Ou des ovales, peut-être.
En tout cas, tu tournais plus ou moins en rond.
Les geignements qui s’échappaient d’entre tes babines étaient, chacun à leur manière, des appels au secours plus terrifiants et culpabilisants les uns que les autres.
Mais il n’y avait personne.
Personne pour t’aider.
Personne pour te sortir de ton cauchemar.
Seule.
Tu étais seule.


Que c’était étrange, de dire cela, alors que justement c’était cette solitude qui te rendait folle. L’impression d’être délaissée, abandonnée. Le sentiment d’avoir été oubliée, laissée en arrière et négligée. Pourquoi ? Tu avais enfin trouvé un semblant de paix avec toi-même, un semblant de sérénité. Il t’avait offert la stabilité, et une sincérité que tu n’espérais plus. Bien entendu, vu de l’extérieur, il semblait étrange que deux êtres comme vous se soient trouvés de la sorte. Vous étiez si différents. Toi, timide et introvertie, terrorisée par le monde entier. Et lui, assuré et extraverti, n’ayant absolument pas peur de stimuler le danger qui l’entourait. Mais votre point commun le plus fort résidait peut-être dans votre animalité. Et c’était cela qui, aujourd’hui, te manquait. Réellement. Tu te sentais vide. Comme si une part de toi s’était envolée avec lui, ce jour-là. Et c’était peut-être le cas. Désormais, tu étais seule. Tu n’avais plus ni mâle alpha, ni l’homme que tu aimais. Tu n’étais rien qu’une louve esseulée, et abandonnée. Et tu n’arrivais pas à vivre avec cette idée. Pas encore.

Combien de temps avais-tu passé à pleurer, avant que ta forme lupine ne prenne le dessus, et que tu ne sortes t’aérer ?
Combien de temps avais-tu couru dans les rues de New York, évitant astucieusement tous les endroits bondés, et te glissant dans l’ombre de chaque bâtiment en longeant les murs pour éviter de tomber sur quelqu’un de peu fréquentable ?
Tu ne savais plus. Mais tu étais arrivée dans l’arrondissement du Queens, là où tes pas t’avaient portée ; sans trop savoir pourquoi.
Et maintenant, tu tournais inlassablement en rond, perdue dans tes pensées. Heureusement pour toi, celles de la louve n’étaient pas très compliquées.
Pour autant, dire qu’elle ne pensait pas et qu’être sous cette forme ôtait toute trace de douleur de ton esprit aurait été le mensonge le plus éhonté de ta vie.
Bien sûr qu’elle souffrait, elle aussi.
Elle avait perdu son mâle alpha. Celui qui était censé la guider. Ne jamais la laisser tomber. Et une fois de plus, la louve avait été trompée.

Soudain, tu te figeas. Tes pattes puissantes s’ancrèrent au sol, et tu levas la tête vers le ciel rempli d’étoiles, à la lune noire. Et tu te mis à hurler.
Peut-être que tu étais folle, de faire ça.
Peut-être que tu avais envie qu’on te trouve.
Ou peut-être que tu ne pensais plus à tout ça.

Ton agonie se répercuta contre les bâtiments entre lesquels tu te trouvais. Et, finalement, tu te tus. Tu te terras au sol, derrière un petit escalier menant à une entrée de maison abandonnée. Tu restas là. Tes pattes avant se croisèrent sur ton museau, et tu gardas les yeux fermés, couinant et gémissant, beaucoup plus silencieusement. Ta douleur te submergeait. Perdue. Tu étais perdue. Et rien de ce que tu n’avais pu faire jusqu’à lors, entre le moment de ta séparation et maintenant, ne pouvait t’aider.
Tu avais tué, depuis. Louve esseulée.
Julian t’avait aidée. Mais ça n’avait rien changé.
Tu n’arrivais pas à prendre suffisamment de recul. C’était trop frais.
Beaucoup trop frais.

Tu restas quelques minutes, couchée ainsi. Tu respirais longuement, ta grande carcasse agitée de ces inspirations et expirations profondes. Jusqu’à ce que l’odeur te parvienne. Et, alors, tes paupières s’ouvrirent aussi brutalement que si tu venais de te réveiller d’un affreux cauchemar. Sauf que celui-ci ne faisait que commencer.
La terreur succéda à la douleur. Tu replaçais l’odeur dans son contexte. Et il était alors normal que tu sois apeurée.
Tu eus l’impression que deux mains puissantes avaient entouré ta gorge. Ce n’était pas le cas, bien évidemment. Mais c’était toujours ce que ces souvenirs te donnaient, comme sensation. Atroce, et étouffante.

Flash.
Tes hurlements.
Ceux du gardien que tu venais d’égorger d’un coup de mâchoire, et qui n’arrivait pas à perdre la vie.
Et puis, on t’attaque.
On te protège, aussi. Des deux odeurs, tu ignores laquelle t’a aidée. Laquelle voulait te tuer ; ou tout du moins t’arrêter, et te remettre en cellule.
Mais cette odeur que tu sens, maintenant. C’est l’une des deux.
Retour en arrière.
Retour en prison.
Retour en enfer.


Le loup est proche. Ton odorat ne te ment pas. Tu sors de derrière ces marches d’escalier, la tête basse, les oreilles plaquées sur ta tête de colère. Tu grognes, babines retroussées. Rarement peut-être as-tu été si agressive.
Le loup est si près.
Tu ne le pensais pas autant.
Ta patte arrière glisse, dérape.

Et d’un bond, mâchoire ouverte et crocs claquants, tu fus sur lui.
Sentir son sang couler.
Dans ta bouche, sur ta langue râpeuse, contre tes crocs aiguisés.
Le tuer.


Trop de mauvais souvenirs.
Trop de souffrance.
Borderline.
Tu as franchi la ligne.
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MessageSujet: Re: i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker)   i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker) EmptyMer 11 Juin - 19:27


THE WOLVES AMONG US.


"Bonne nuit, Mitchell." C'est ça. Bonne nuit. Bonne nuit, Mitchell. Fais de beaux rêves. Demain sera un autre jour. Et demain, le soleil se lèvera sans toi, Mitchell. Bonne nuit, Mitchell. Tu ne vas plus jamais te réveiller, alors il vaut mieux espérer que tu aies un bon sommeil. Bonne nuit, Mitchell, bonne nuit. Je vais sans doute être la dernière image qui te hantera. J'espère que tu feras de beaux rêves. Pour ce qui est des cauchemars, je ne suis pas censé être ce qui va te hanter. Mais la raison pour laquelle je t'oblige à rejoindre Morphée, plutôt. Ou plus exactement la raison pour laquelle on me paie pour que je t'oblige à dormir à jamais. Bonne nuit, Mitchell. Je sais que l'expression n'est pas la plus appropriée en cet instant. Mais ce n'est pas grave. Oh, tu peux me regarder comme ça, ça ne change rien, Mitchell. En vrai, je ne sais même pas ce que tu as bien pu faire pour mériter ce sort. Mais tu le mérites, sans doute. Comme moi, je mérite mon pognon pour ta mise à mort. Allez, bonne nuit, Mitchell. Tu vas juste avoir mal quelques instants. Ce n'est pas bien grave. On m'a demandé de te faire plus souffrir que ça. Mais je suis pas sadique, Mitchell, t'as de la chance. Alors je vais juste te sectionner une artère. Oui, t'égorger, pour faire plus simple. Mais ça reste moins barbare de dire que je vais t'ouvrir la carotide. Bonne nuit, Mitchell. Cela aura été un plaisir de te rencontrer.

Soupir. Inspiration. Expiration. Déglutition. Rayez l'intrus. Je renifle. À la Lune, à ce quartier que je me suis toujours juré de quitter. Et dans lequel je finis toujours par échouer encore. Je ne viens plus que pour le boulot, ici. Pour les affaires. Pour les malfrats, pour les règlements de compte, pour ces trucs et ces saletés qui m'obligent à me lever quatre fois les mains quand je rentre chez moi. Pour ces trucs qui m'obligent parfois à foutre des vêtements directement au feu ou à la poubelle, quand les pauvres types du jour ont une tension artérielle légèrement trop élevée. Déglutir, encore. Je ne sais pas ce qu'il faut exactement que je ravale, mais si avec ça, ce n'est toujours pas digéré, je ne sais pas ce que c'est. Plutôt renifler. Encore. Je tourne en boucle et je déraille, faut-il croire. Les poings dans les poches et la cigarette au bec. Ou au museau, si on veut un peu mieux parler. Même à la gueule, qu'on ne se gêne pas pour ça. La nicotine en barre coincée entre les lèvres, quoi. Un léger frisson. Voilà. Voilà de quoi casser la monotonie. Un bon vieux frisson pour me dévaler la colonne vertébrale. C'est ça. Bien long, bien lent, et qui donne des spasmes dans tous les membres. Comme si on se faisait brancher et débrancher dans l'instant. Regard alentour. La nuit est claire, ou sombre. À vrai dire je n'en ai strictement rien à foutre de ces détails-là. La nuit est là, comme elle était là il y a encore cinq minutes et comme elle le sera toujours dans cinq minutes. Et ça me suffit. Et ça me va. Je tâte le poids au fond de la poche de ma veste. Bonne bête. Le papillon de fer. Et ça, ça ça me fout un de ces minces sourires en coin de satisfaction, là, au coin des lèvres. Parce qu'il n'y en a qu'un seul qui se relève. Deux, ce serait trop. Deux, c'est de la fioriture, c'est de l'auto-satisfaction, et c'en est presque mesquin.

Errer. C'est bien, aussi, errer. J'ai du temps devant moi. À la pelle. Du temps parce qu'il reste encore des heures avant le lever du jour. Du temps parce que je n'ai rien d'autre à faire qu'errer ce soir. Du temps parce que j'ai soi-disant vingt-neuf ans mais en réalité quatre-vingt. Et que je n'atteindrai pas cet âge lointain auquel les gens sont censés être casés avec une femme, deux enfants, et un chien, ces joyeux trente-cinq ans, avant justement, au moins une trentaine d'années. Le repos, ce sera pour plus tard. Ce sera pour après.

Je déteste toujours autant le Queens. Toujours autant que je l'aime. Et ça me semble toujours étrange, de me revoir marmot à me tapir dans les recoins poussiéreux du grenier de l'immeuble dans lequel j'ai grandi. Je suis justement planté devant l'arrière de cet immeuble. À lever le nez au ciel et aux étoiles. Surtout à mes derniers étages. À cette étoile parmi les autres, de nos jours, sans aucun doute, qu'est Maggie. Bonne vieille Maggie. Si tu étais encore là pour me voir. Tu verrais bien que le sale gosse que j'étais a mis quelques années encore à retrouver un chemin plus ou moins bien tracé. Et pour la droiture, on verra ça après. Refermer les paupières. Une bonne bouffée de goudron dans les poumons. Toi, tu mérites un sourire à deux coins. Alors je t'en fais un. J'espère que tu t'amuses bien, là-haut. Ou où que tu sois. Même si je doute que tu aies survécu à l'âge relativement âgé pour une bonne femme comme toi que serait cent ans et trente-quatre poussières.

Je traîne. On me dit toujours que dans ce genre de rues, je pourrais me faire trouer vite fait bien fait. Un peu comme ce pauvre Mitchell, en somme. Mais bon. Je traîne quand même. Les mains dans les poches. Encore et toujours. En même temps, ce serait peut-être une mauvaise idée, de les exhiber à toutes les vues. Repeintes en rouge. C'est le désavantage des artères. C'est toujours dans l'effusion et on se tâche. Mais je n'arrive pas à faire autrement. Il y a mon papillon, il y a moi, il y a la Lune, ma victime, et ma paye en jeu. Et c'est très bien comme ça. Je darde mon regard aux alentours. Il ne me reste plus qu'un mégot au bout des lèvres. Mais je tire encore dessus. Un dernier empoisonnement. On ferme les yeux une seconde, on savoure la fumée et toutes les merdes qu'ils roulent dans ce papier. Et le rebut finit au sol, écrasé sous mon talon. Je relève le nez. Quelques pas encore. Quelques pas, c'est pourtant pas tant que ça. C'est deux, trois mètres. Pas vraiment plus. Mais ça en fait quand même. Et ça en fait assez pour que la fulgurance arrive. Sans préavis. Sans mot d'ordre. Sans excuses ni explications. Tout ce qui arrive, tout ce qui se passe, c'est qu'on me saute dessus. Et le on est un loup. Et mon on personnel n'attend pas les ordres du cortex cérébral. Elle m'est tombée dessus humain. Mais je claque des crocs, loup. Elle. Parce que ça, je le sais dans mes tripes. Parce que j'ai eu le temps de la reconnaître. Que le loup sombre aussi, la connaît. Mais on n'en est plus aux présentations et aux politesses. C'est l'instant. C'est la fraction. C'est l'absence de réflexion. Et ce sont les forces qui se poussent et se repoussent. Se débattre, se défaire. C'est de la fourrure qui se bat contre la fourrure, des os sveltes et solides contre d'autres os sveltes et solides. Et des yeux fous contre d'autres yeux fous. Claquer des crocs, gronder, prêt à l'attaque. Parce que par miracle, j'ai réussi à me dépêtrer d'elle. Et parce que par surprise, je ne me trouve pas le courage de lui rendre son attaque. Alors les oreilles se couchent, et l'on grogne toujours. En tournant en rond, sur le pas de la défense. Parce tu renifles vaguement, entre les avertissements et les menaces animales. Il y a quelque chose. Quelque chose de spécial.
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MessageSujet: Re: i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker)   i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker) EmptyMar 17 Juin - 19:47


PEACE WAS NEVER AN OPTION.



Pourquoi l’avais-tu attaqué ? Tu n’en avais pas la moindre idée. Son odeur était étrange, mais tu la connaissais. Elle était tachée de sang, aussi bien à présent que dans tes souvenirs. Tu avais eu peur de cet animal, trois ans auparavant. Et, inconsciemment, tu avais associé son effluve à la torture que tu avais subie durant ton enfermement. Ta captivité avait été la pire période de toute ta vie. Tu avais connu des atrocités innommables, et aujourd’hui encore le désir de vengeance pouvait faire battre le cœur de l’animal en toi. Aujourd’hui encore, cette partie de ton existence était celle pour laquelle l’Autre aurait pu reprendre le dessus, et semer la mort autour de toi. Mais tu étais libre, désormais. Libre de courir, sauter, crier. Libre de bondir sur cet homme, ou de le laisser passer sans faire de remous. Mais entre la paix et la guerre, tu avais choisi de mener un combat. Un combat vain. Il aurait pu te tuer, et tu le savais. Mais l’animal en lequel tu étais transformée à cette seconde n’avait pas réfléchi à ce genre d’options. Tu avais sauté à la gorge de cet homme, qui t’avait rappelé ton passé que trop sombre et trop tumultueux. Il sentait le sang, et tu avais eu peur qu’il soit là pour toi. Ou peut-être avais-tu eu simplement envie de sentir son hémoglobine contre tes crocs, sa chair entre tes dents.

Instinctivement, il s’était transformé. Tu avais aperçu un homme en bondissant, et avais atterri sur un loup ; tu manquas donc sa gorge de quelques dizaines de centimètres. Mais tu ne t’arrêtes pas, et tu pousses un grognement effrayant. Tes pattes puissantes se referment autour de son coup, comme tu peux, et tes griffes tentent de trouver une prise autour de son échine. Mais en vain. Tes dents claquent, les siennes te répondent. Il finit par réussir à te repousser. End of the first round.

Quelques mètres vous séparent. Vous vous tournez désormais autour, grondant et claquant des dents. Deux bêtes sauvages ; un attaquant et un attaqué. Chacun votre tour, vous essayiez d’être plus intimidant que votre adversaire. Mais tu ne comprenais pas pourquoi il restait si loin de toi. Pourquoi tu pouvais sentir cette tension dans chacun de ses membres, et ce côté distant. Tu l’avais pris pour cible ; n’aurait-il pas dû tenter de se défendre comme un beau diable ? Tu ne le connaissais pas assez pour en jurer, mais suffisamment pour t’en douter ; quelque chose le retenait.

Un long jappement, féroce et entrecoupés de grognements. Tu le lui adressas sans aucune pitié, le provoquant. Tes pattes tremblaient presque sous ton poids. Tu étais beaucoup plus faible que tu ne voulais le laisser paraître, Abysse ; c’en était effrayant. Tu voulais te battre, mais tu ne savais pas si tu aurais la force de t’en sortir vivante. Tu claquas des dents, une nouvelle fois. Et sans la moindre pitié, tu bondis à nouveau sur lui.

Pourquoi chercher l’affront ? Il semblait ne pas vouloir te faire de mal, et désirer simplement se voir laissé en paix. Alors pourquoi, désespérément et avec un acharnement presque pathétique, t’en prendre à lui ?

Cette fois, tes dents se refermèrent sur sa gorge. Tu serras quelques secondes. À l’inverse de toi, il allait cicatriser ; il n’avait rien d’un loup faible, ou incapable de se régénérer. Cependant, une part de toi refusait de lui faire trop de mal. Aussi, il n’eut pas besoin de se débattre trop longtemps avant que tu ne relâches ta prise. Tu fourras ton museau dans le pelage de son épaule en grondant férocement, saisissant son muscle puissant entre ta mâchoire. Tu n’étais pas en reste. Tu avais de la force et de la fureur à revendre. Mais te battre était une mauvaise idée, Abysse. Tu voulais juste que l’on prenne soin de toi. Tu aurais juste aimé que, pour une fois, on se soucie de ce qui pouvait t’arriver. Tu avais eu un besoin maladif d’attention, au moment où ton odorat puissant avait senti son effluve. Et tu n’avais rien trouvé de mieux, pour en réclamer, que d’engager un combat que tu étais sûre de perdre. Mais, au-delà de la défaite, tu voyais ton désir de ne plus être invisible. Ton envie de ne pas être qu’une créature perdue de cette ville, parmi tant d’autres. Et c’était avec une fureur désespérée que tu tentais de garder le combat entre vous engagé.

Mais il te faudrait reculer. Parce qu’il te blesserait pour se dégager, ou parce qu’il parviendrait à te repousser avec toute la force qu’il possédait ; te repousser, et te faire comprendre que tu n’étais qu’un louveteau sans défenses face à lui. Pour le moment, néanmoins, rien n’importait d’autre que de te liguer contre cet animal. Tu voulais qu’il te rende les coups, les étreintes mortelles et la violence de tes actes.

Tu voulais qu’il oublie sa prévention, son instinct de protection, et ce qu’il pouvait sentir en toi.
Ce que toi, tu ne sentais pas.
Ce que toi, tu ne comprenais ni ne voyais.
Tu voulais qu’il se batte, et qu’il te blesse.
Tu réclamais juste un peu de cette attention que Phoenix ne te donnait plus.

De l’attention.
Rien qu’un tout petit peu d’attention.
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MessageSujet: Re: i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker)   i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker) EmptyDim 22 Juin - 9:26


HUMANS, AFTER ALL.


Elle l'avait fait. Louve enragée me sautant au cou. Elle voulait ma chair entre ses crocs, la peau sur mes os. C'était une certitude effrayante. J'en avais connue d'autres, justement, des certitudes effrayantes. Mais en cet instant, ses pattes cherchant à me retenir après qu'elle ait raté de peu ma gorge désormais duveteuse me glaçaient le sang. Et pourtant. Je bouillonais. Je brûlais de l'envie de la remettre à sa place. Mais tout ce que je trouvais bien à faire, au final, c'est me défiler. Échapper à ses crocs et sa fureur, pour quelques instants. Pour m'éloigner quelque peu, le regard foncièrement noir. En position de défense. À chercher aveuglément à l'intimider. Mais mes os, mais mon coeur, mais chaque fragment de mon corps, se refusait à chercher revanche. Chercher vengeance. Comme un loup faible, je ne faisais que gronder gravement. J'aurais pu continuer cette ronde en claquements de mâchoires une bonne partie de la nuit. Je n'aurais pas cédé. Craqué. Attaqué. Blessé. Vengé. Mais je n'étais pas seul maître du jeu. Et la nuit n'obéissait pas qu'à mon seul bon vouloir. Mon ventre palpitant, l'action galvanisant mes os, et venait pourtant pour moi. Pour moi et moi seul. C'était peut-être égoïste de penser cela. Chose que je ne considérais pas être. Mais il fallait être idiot pour ne pas formuler cette idée. Quelques fractions de seconde. Mon coeur à la chamade. Elle en veut plus. Elle, veut se battre. Alors les loups glapissent. Elle me saute à la gorge. Encore. À croire que je ne suis pas le seul à avoir cette partie de l'anatomie comme prédilection à l'attaque. Mes pattes rendent l'équivalent. Je gronde. Qu'elle me lâche. La douleur est vive. Transperçante. Comme ses crocs aiguisés venus enserrer mon larynx. Je ne peux pourtant pas lui rendre cela, le regard fou, dans ces instants-là. Je ne peux pas. Quelque chose m'en empêche. Quelque chose aussi appelé communément l'instinct. Ça me dépasse. Je finis pourtant par lacérer son cuir d'un coup de griffe. Alors qu'elle me relâche. Pour un instant. Mais un instant est suffisant. Je suffoque quelques secondes. Le temps que les chairs se cicatrisent. Elle mord encore. Elle mord l'épaule. Et je gronde. Je gronde ouvertement, de cette symphonie gutturale et barbare. Alors que mes mâchoires claquent auprès de son oreille, alors que je me dégage en la repoussant avec violence, une vérité m'envahit. Tandis que je donne ces coups de pattes arrières. Tandis que je roule des muscles et des nerfs. La chose m'apparaît. Et me poignarde. La raison des instincts. Je l'ai sentie dans ce corps à corps de bêtes démentes. Les oreilles plaquées contre le crâne, je recule. Jusqu'au mur. Les babines retroussées. L'air menaçant. Mais au travers des pensées du loup, les choses sont plus simples. Plus claires. La petite femelle a de la vie en elle. Les respirations rauques et poussives. Les face à faces. Je gronde encore. Et me cambrant un peu sur mes pattes, je hurle à la nuit. Quelques fractions de seconde. Même si ce son demeure entrecoupé par des raclements, des grognements restants. Je me fous qu'elle vienne me prendre à la gorge. Je me rappelle. Trois ans plus tôt. Les remontrances. Pour l'avoir laissée filer. Une des rares fois où je n'avais pas obéi à ces trop puissants. Mon regard retombe sur elle. Son comportement est celui d'une louve folle. Maladive. Ou plus simplement profondément blessée. Trouvez l'option qui convient. Elle est claire dans mon crâne de canidé. Elle agit de la force du désespoir. Je claque une dernière fois des mâchoires. Le coeur battant. Chacun de mes vaisseaux sanguins pulse avec force. Elle ne veut qu'attirer mon attention. Consciemment ou non. Et le pari est réussi. Totalement réussi. Je fais quelques pas. Je longe le mur. Sans jamais la lâcher du regard. Aller. Retour. J'ai répondu à son appel. Même si je ne voulais pas la blesser, je l'ai quand même fait. Parce qu'il fallait bien une réponse à tout cela. Mais je ne sais plus. Parce qu'elle non plus. Elle ne semble pas savoir ce que j'hume dans l'air, lit dans ses yeux, ressent dans chaque parcelle de mon corps. Elle ne sait pas. C'est pour cela qu'elle agit ainsi. Tête brûlée. Je m'arrête dans mes cent pas dérisoires. Qu'elle m'attaque encore. Je ne suis plus à ça prêt. Mais elle aura à faire avec l'humain. Je n'arrive plus à me décider à rester bête. Je suis Ryker, l'humain nu qui reprend forme, à demi assis contre ce mur de briques sales. Je suis Ryker, l'humain qui encore dans ses veines sent palpiter l'adrénaline et la vérité. Je suis Ryker. Les mains encore sanglantes. Les cicatrices fines de ses crocs dans ma peau qui se lissent. Mais ne disparaîtront jamais complètement. Je la fixe. Un frisson dévale mon échine. Je n'ose bouger. Tendre la main pour récupérer mes vêtements. Mais son nom fait écho sur mes lèvres et dans ma pensée. Dans un souffle. "Abysse..." Je déglutis. Avec peine. L'estomac serré. Elle a la vie en elle. Elle a le futur entre ses reins. Au creux du ventre.
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MessageSujet: Re: i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker)   i won't suffer, be broken, get tired or wasted. ☞ (abyker) EmptyMar 19 Aoû - 5:29


TELL ME, I'M FROZEN.



Pourquoi l’attaquer ? Pourquoi s’en prendre à lui, alors qu’il ne t’avait rien fait ? Il esquivait le combat, ne voulait pas te blesser. Et toi, tu continues à jouer la carte de l’agressivité, la carte de la folie désespérée. Pourquoi devenir violente gratuitement, alors que tu es précisément la petite chose la plus peureuse et la plus craintive pour sa vie qui puisse exister ?

Ressaisis-toi, merde.
Ouvre les yeux.
Ne laisse pas la louve faire ça.
Ne la laisse pas grogner, japper, mordre et griffer.
Ne la laisse pas s’abreuver du sang de cet homme, de ce loup, qui ne t’a rien fait.
Rien.
Strictement rien.
Hormis t’aider, par le passé.
Raison de plus pour le relâcher.

Mais tu n’y arrives pas. La folie meurtrière qui agite tes membres, tes muscles, te force à continuer de le faire souffrir. À continuer de le lacérer, bien qu’avec une certaine retenue tout de même. Tu gardes les crocs dehors. La gueule béante. Tu grognes. Et tu ne sais même pas pourquoi.

Tu ne lui veux aucun mal.
Tu ne veux pas le tuer.
Tu ne veux pas qu’il perde connaissance, ni qu’il hurle de douleur.
Alors pourquoi ?
Pourquoi tout ça ?

Ses dents te lacèrent soudain l’épaule. Et c’est ton jappement de douleur qui vient retentir dans cette nuit sombre, sous cette lune pâle. Tu ne le lâches pas pour autant. Mais, rapidement, il ne te laisse pas le choix. Et, alors, tu recules de quelques pas hésitants. Blessée.

Il est tassé contre le mur.
Il reprend forme humaine.
Fatigué de se battre pour rien.
Fatigué de se faire attaquer sans raison valable.
Fatigué de répondre par instinct.
Fatigué d’être loup.

Tu as baissé la tête. Babines entrouvertes, tu halètes doucement. Tes blessures ne sont pas profondes. Heureusement pour toi. Mais le jappement qui s’élève vers le ciel, alors que tes oreilles se plaquent sur ton crâne et que tu fermes tes paupières louves, lui, est profond. Bien trop.
Blessé.
Dévasté.
Désespéré.

Tu te replies contre le mur qui te fait dos. Face à toi, contre l’autre mur délimitant cette petite rue miteuse, il a repris son apparence de bipèdes. Il a rapidement récupéré ses vêtements. Tu ne vois pas les blessures, mais tu humes sans aucun mal le sang qui s’en échappe doucement, avant que sa régénération surnaturelle ne fasse effet. Tu l’as blessé. Et il ne t’avait rien fait. Il est innocent, Abysse. Et toi, tu n’es rien de plus qu’un monstre. Le monstre au moyen duquel on te décrivait depuis trop longtemps déjà. Le monstre que tu ne voulais plus être. Le monstre que, néanmoins, et en dépit de tous tes efforts pour chasser le naturel, tu semblais être et rester.

Tu cesses finalement de hurler. Tu le regardes. Le murmure qui vient de s’échapper d’entre ses lèvres tord le ventre de la bête que tu es, sans que tu ne puisses encore comprendre pourquoi. Trop instinctive. Trop animale.

Babines retroussées, tu grognes. Tu ne le quittes pas des yeux. Mais tu es perdue. Entre deux eaux, entre la sérénité que te procure le fait d’être louve malgré la sauvagerie occasionnée, et l’envie de redevenir humaine. Être humaine pour t’excuser. Humaine pour tenter de te justifier. Humaine pour essayer de trouver une raison valable au comportement que tu as eu. Humaine et vulnérable, certes. Mais aussi humaine que ce qu’il s’efforçait d’être face à toi.

Il n’était rien d’autre qu’un souvenir fugace. Un homme que tu n’avais croisé qu’une fois. Tu ne connaissais même pas son nom. Tu savais juste qu’il avait gardé ce foutu laboratoire dans lequel on t’avait si cruellement retenue enfermée, pendant bien trop longtemps. Tu ignorais tout de lui. Tout. Mais il t’avait laissée t’enfuir. Il t’avait laissée partir, et avait sûrement été blâmé pour cela, à tout bien y réfléchir. Mais fuck. Et alors ? Il n’avait qu’à pas faire ce job pourri. Il n’avait qu’à pas aider à retenir prisonnier tant d’être innocents. Tant de sujets d’expérience, d’animaux torturés à souhait pour la curiosité scientifique et la soif de compréhension du monde. Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.

Rage.
Honte.
Colère.
Humiliation.
Rage.
Honte.
Rage.
Honte.


Tu n’oses même pas reprendre ton apparence humaine. Mais ton esprit, lui, est redevenu tout ce qu’il y a de plus humain. Tes pattes arrière recroquevillées contre ton ventre chaud, tu l’observes de tes grands yeux bleus. Sur ton épaule, un liquide rouge ternit lentement ton poil blanc. Ce n’est que du sang pour faire tragique. Tu auras mal quelques jours, mais tu guériras rapidement. Du moins l’espères-tu. Tu n’es pas vraiment une louve ordinaire, après tout.

Un regard intelligent. Tu ne sais plus quoi faire. Et tu es désolée. Le feulement rauque qui s’échappe d’entre tes lèvres le gémit bien péniblement.

Tu voudrais disparaître. De honte, de chagrin. Juste disparaître.
Tu n’arrives pas à redevenir humaine.
Tu veux rester louve.
Tu voudrais avoir chaud comme ça, toute ta vie.
Te sentir protégée de l’extérieur, malgré cette petite douleur à l’épaule pour te rappeler que la vie n’a pas de pitié pour les êtres impulsifs en ton genre.
Tu as peur de reprendre ton apparence de bipède, et qu’il te fasse du mal.
Tu ne le connais pas, alors tu n’as pas confiance en lui. C’est une équation simple, que tu effectues là depuis le début de ta vie.

Pourtant, tu voudrais qu’il s’approche de toi.
Tu voudrais qu’il comprenne que tu ne voulais pas faire ça.
Qu’il te prenne dans ses bras.
Qu’il te pardonne.

Tu voudrais qu’il reste loin.
Qu’il vienne là, près de toi.
Qu’il ne te touche pour rien au monde.
Qu’il te serre dans ses bras.
Qu’il se taise.
Qu’il te parle.

Un jappement déchirant pour le supplier.
Le supplier, oui.
Mais de quoi ?

Tu ne sais même plus ce que tu veux.

Mais ce n’est certainement pas rester là, tapie dans le froid le plus pétrifiant, au milieu du noir le plus complet de ton existence.


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