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  ❝ sowing season ❞ - PHOEM

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MessageSujet: ❝ sowing season ❞ - PHOEM    ❝ sowing season ❞  - PHOEM EmptyVen 17 Jan - 11:27




Devil and God Are Raging Inside Me
Is it in you now, to watch the things you gave your life to broken?

À quel point, désormais, la vie peut-elle me paraître harassante, insipide, ordinaire et ingrate ?  Froid. Glacial. Insondable. Terne. L’hiver. C’est l’hiver dans mon cœur. La flamme s’est définitivement éteinte. Mort pour de bon ? Certes, je le suis… ou je le rêve... désespérément. Là, perdu dans la densité de ce glauque univers, fanfaronnant dans son silence mortuaire le plus malheureux des rites, ici-bas, au cœur de ce royaume d’inertie et de morts… Oui, désespérément, je le rêve.  

L’astre de feu se meurt lentement à l’approche du crépuscule. Le jour décline et tire sa révérence vers la terre. La nuit s’élève et règne en maître. L’encre s’étend posément et sombre les cieux dans l’obscurité. Les astres cristallins et le maigre croissant de lune peinent faiblement à briller par-delà les nuages prestes qui s’attisent sournoisement au cœur de ce dôme crépusculaire. L’occultation prend naissance et enterre les âmes dans le confort de leurs maisons délabrées. Les ombres les plus insignifiantes se posent graduellement dans la profondeur de ce sinistre relief, les branches d’arbres germant dans la chétive frondaison, telles des mains étrangement fourchues, parées à attraper les êtres aventureux qui aurait l’audace de s’éprouver au sein de ce tableau idyllique mais si lugubre. Le vent se lève doucement et fait chanter la forêt assoupie sous un lit de givre. L’écorce des vieux troncs d’arbres démesurés murmurent d’imperceptibles craquements de bois alors que les branches d’arbres sifflent une hymne que je connais que trop bien. La nature est entièrement délivrée à l’embrassade de ce vent glacial qui zigzague sournoisement entre les imposantes charpentes et pierres tombales encastrées par lignées sur le sol bourbeux. L’envahissement de la poussière céleste ne tardera pas à laisser déchoir ses quelques cristaux cristallin sur la nature nacré, s’échappant du ciel hurleur avec cupidité et recouvrant la terre à bonne écart. Je pouvais sentir la tempête de neige approcher…              

D’un œil complètement extérieur, lorsqu’on s’arrêtait deux secondes pour contempler la sérénité de cet horizon, cet air mortuaire pouvait nous sembler léger et paisible. Fourbe. C’est si fourbe. L’atmosphère est lourde… péniblement lourde. Ça oppresse le cœur et fêle littéralement l’âme. Le temps passe, les jours meurent, les mois défilent et les ans périssent. Pourtant, rien ne change. Rien ne changera jamais. La douleur est toujours présente, alourdissant sournoisement cet air froid sur le vaste étendu de ce lieu saint mais pourtant si malin. Le chemin que je suis en train de m’esquisser s’écume et s’encastre sur la neige. De ce calme qui m’est si habituel, j’avance et m’égare au cœur des ténèbres. Contemplant l’horizon qui reflète son ordinaire quiétude, son incommensurable mélancolie, dont je m’y habitude à grande peine et misère.  J’avance comme un spectre au travers des pierres tombales, je prends le temps de dévisager chaque nom et prénom que l’on a sculpté dans le givre cendré du granite. Je contemple chaque pierre tombale, laisse glisser mes grands yeux azurs sur le sol et viens à me dire que je suis peut-être en train de déambuler sur la propriété de quelqu’un. L’embryon de cette pensée décousue me foudroie et m’électrise l’échine. Je tressaille amèrement et déglutis de travers. Diable que je déteste les cimetières !

◮ ◮ ◮ ◮ ◮

Un voile limpide et brillant immerge mes pierres de saphirs. Les barrages de mon sang-froid deviennent de plus en plus fragiles et sont désormais sur le point de céder. Je le ressens au fond de moi. La cicatrice se consume de nouveau. La fêlure réapparaît. Elle n’a jamais cessé de s’amplifier et de se creuser. Les larmes perlent et valsent fragilement sur le coin de mes grands yeux que je devine éplorés et miséricordieux. Mon cœur est lourd… péniblement lourd. Mon cœur est désormais renversé dans le tréfonds de son nid thoracique alors que je supporte que trop mal les assauts sulfureux de mon calvaire. Mon torse douloureux se gonfle d’un souffle inexistant, le vertige me happe de plein fouet la gorge et je ne respire presque plus. Complètement fané dans les méandres d’une torpeur tonitruante et dévastatrice. Je repose au pied de ce bourreau sans vergogne qui laboure mon âme d’ecchymoses et enduit mon être dans la noirceur. C’est une douleur sans égale et qui se livre incommensurablement fataliste. Hargne sournoise et déjà avérée victorieuse. Une torture aiguë et mal assurée, comme le timbre d’un violon désaccordé qui vous assaille les tympans dans de puissantes vibrations. Impossible à supporter. Inadmissible à encaisser. Ça vrille au travers de nous et vient sans préavis anéantir chaque parcelle de notre être.

Marbre cendré. Pierre tombale encastrée dans la terre accablante. Regorgeante de souvenir. Un prénom et nom de famille. Une identité familière de soigneusement bien gravé sur la pierre funèbre. Les souvenirs remontent. Les regrets poignardent. La consternation me berce. Les méandres de notre passé commun se dégivrent. La vie, celle de l’autrefois, elle se réveille de son long et profond sommeil. Les images défilent. Et le rêve persiste. Refusant de croire. Refusant de voir. Le soir se lève et mes déboires commencent. 

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MessageSujet: Re: ❝ sowing season ❞ - PHOEM    ❝ sowing season ❞  - PHOEM EmptyVen 17 Jan - 15:37

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La grande et sombre silhouette carrée se dessinait de plus en plus précisément à l’horizon. Un roc imposant, vu d’ici. Imperturbable. En le voyant ainsi de dos, les questions que n’importe qui se serait posées auraient été des plus terre-à-terre : qu’est-ce qui aurait pu, ne serait-ce qu’ébrécher, un titan tel que lui ? Que faisait-il donc ici, dans un cimetière ? Un être pareil ? Venait-il d’abattre quelqu’un ? Il était sans doute préférable de faire demi-tour et de s’en aller…

L’habit ne faisait pas le moine, ignorants.

Mon regard resta fixé durant une longue minute sur la forme humaine et immobile qui se tenait à cent mètres devant moi. Malgré le voile imposé par le blizzard nocturne qui obligeait tout le monde à s'enfermer au chaud dans son appartement ainsi que la faible lumière qui se dégageait de la lune, je ne ressentais même pas le besoin de plisser les paupières pour y voir plus clair. De toute manière, même en étant complètement aveugle, j’aurais plus ou moins réussi à deviner ce qui m’attendait d’ici quelques instants… donc, par respect, je choisis de laisser encore un peu de temps au jeune homme pour se recueillir auprès de son père. Mais pas trop non plus. Il en avait eu largement assez pour se noyer dans sa tristesse jusqu’à présent.

Cela faisait donc quatre ans. Quatre longues années marquées par une chute brutale dans les émotions négatives, dans les souvenirs douloureux, les regrets et, immanquablement, dans une certaine lassitude envers cette existence-même. Bien qu’il me faille reconnaître que ces stades étaient obligatoires lors d’un deuil, je commençais sérieusement à me dire que la dysthymie de mon neveu trainait en longueur. Ca ne pouvait pas continuer ainsi. Il ne s’agissait que d’une mutilation mentale de plus pour ce garçon et ce n’étaient pas les centaines d’années à vivre qui lui restaient qui excusaient, à mon humble avis, le fait qu’il ne se reprenne pas en main. Rester dans cet état d’ « entre-deux », dans cette somnolence qui l’arrangeait sans doute, inconsciemment, n’allait rien lui apporter de plus que des regrets et ça… ça me déplaisait. Néanmoins, j’avais la certitude qu’il se réveillerait un jour de par lui-même, lorsqu’une prise de conscience l’aurait frappé.

Je commençais à devenir un peu exigeant vis-à-vis de cet petit et je m’en excuse, c’est vrai, mais cela ne partait pas d’un mauvais sentiment. Bien au contraire. La réalité, c’est que ne supportais plus de savoir que Salem allait mal. Mal, mal, mal. Dans ses yeux, il y avait de la douleur. Dans ses déplacements, un poids semblait être accroché à sa cheville. Dans sa voix, toute modulation que je connaissais auparavant avait disparu. Tout ça, ça me rendait malade. Plus que tous les regards noirs qu’il pouvait me lancer ou que ses phrases assassines, la seule chose qui parvenait à m’atteindre profondément venant du jeune homme était de voir qu’il stagnait dans sa dépression. Et que je ne savais pas ce que je pouvais faire pour l’en sortir, parce qu’il rejetait ma simple présence.

Après tout, comment ne pas me détester, suite à l’erreur que j’avais commise ? J’avais promis à mon frère de prendre soin de son fils quoi qu’il puisse en coûter et je savais qu’il n’était sans doute pas en colère contre moi, de là où il se trouvait, car son enfant était à nouveau libre… mais il n’en reste pas moins que je m’étais fais manipuler aussi facilement que Salem lorsqu’il a choisi de partir pour New York et qu’à cause de ça… oui, bref. On sait ce qui s’est passé.

Je pris une grande inspiration qui me brûla la poitrine à cause de la température glaciale de l’air, puis m’avançais enfin en direction de la silhouette de mon neveu pour m’arrêter à sa hauteur. Court silence. « Salut » Malgré la froideur de cette nuit d’hiver et la difficulté de la situation, la tonalité de ma voix était restée d’une douceur imperturbable. Mes yeux, quant à eux, venaient de quitter le nom inscrit dans la pierre pour se tourner calmement vers le visage de mon homologue. Rapidement, je l’inspectais alors, à la recherche de quelque chose qui ait pu changer dans ses traits graves, puis me fixais sur ses pupilles. Je savais très bien qu’au vu des circonstances, ça l’agaçait sans doute que je lui accorde ce genre d’attention, typique de ma condition de parent proche, mais ça n’allait pas m’empêcher de le faire quand même. C’était normal que je me permette de vérifier s’il « semblait aller bien », surtout que notre dernière rencontre remontait à des mois et que, oui, il m’avait manqué. Je pensais à ce gamin tout le temps, alors comment diable ne pouvait-il pas me manquer ? Même si la situation n’était pas des plus joyeuses, j’étais tout de même « content » de le croiser ici.
 
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MessageSujet: Re: ❝ sowing season ❞ - PHOEM    ❝ sowing season ❞  - PHOEM EmptySam 8 Fév - 6:04




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Sa voix. Elle se répercute contre les cloisons osseuses de mon crâne. Écho qui autrefois me gonflait le cœur d’espoir et de vaillance. Sa voix, douce, calme, sereine, posée, en parfaite désharmonie avec son apparence austère et imposante. Contraire et contraste qui me fascinaient autrefois. Contraire et contraste qui autrefois me troublaient, mais également me captivaient. Sa voix, autrefois, j’aimais l’entendre et l’écouter.  

Sa voix. Elle remonte doucement dans l’atmosphère, glisse au loin dans les profondeurs enténébrées de cette nuit glaciale et nacrée. Son écho, pourtant paisible, heurte les parois de ma tête, lacérant ma cervelle de ses épines vénéneuses et acérées. Agitant le long fleuve marécageux de mes douleurs anciennes, éveillant des souvenirs si chers qui désormais châtrent cruellement ma vieille âme disloquée. Mon cœur, broyé entre les mains de mon bourreau imaginaire, cesse de s’agiter dans le treillis recourbé de mes côtes, submergeant ma poitrine écrouée, d’un vide vertigineux qui, tel un vomissement, remonte dans ma gorge et se heurte sur mes dents grinçantes telle une craie sur un tableau noir.

Mes azurs se détachent lentement de l’entrelacement des lettres gravées sur la pierre tombale, s’élevant sur l’horizon funéraire qui s’étend indéfiniment devant moi, me perdant dans ces profondes ténèbres enjolivées par ses sépultures mystiques. J’observe je ne sais quoi, je ne sais où, souhaitant m’envoler loin, très loin de ce monde railleur et tortueux. J’ai peur de poser mon regard sur lui, comme si cette caresse visuelle risquerait de me faire saigner les yeux. Dans mon esprit, je sens l’apesanteur de son regard qui demeure ancré sur moi. Ces deux spaths de saphir qui me dévisagent d’une tendresse trop infiniment profonde et insistante. Ces deux spaths de saphir où brille le miroir de son âme contempteur et illustre. Ces deux billes bleues acérées et incisives qui me transpercent l’être comme un glaive. Je perçois sa présence rôdeuse. Il flotte tout près de moi. Un long frisson glacé engouffre ses ongles despotiques dans ma chair, me crispant et m’éraflant l’échine. Il rôde autour de moi comme un illustre démon. S’agite sournoisement dans l’air gelé de cette nuit sans étoile, présence trop tangible et oppressante. Il me brûle les poumons et embrase ma trachée. Poings dangereusement compactés, mes ongles s’enracinent dans la chair de mes paumes, mon amertume viscérale sinuant rapidement sur mes nerfs crispés, raidissant mes phalanges et blanchissant mes jointures. J’ai besoin de m’accrocher à quelque chose alors que mon monde est littéralement en train de s’écrouler.      

- Ouais. C’est ça. Voix éreintée et croulante avec piété vers l’abîme du néant. Murmure dont l’écho démuni d’émotion résonne pourtant la douleur de la mort et l’enfer d’un vide trop lourd.

Quelle belle photo de famille que nous formons là ! L’oncle ivrogne et presque centenaire. L’enfant bourru et aussi vivant qu’un zombie. Le squelette gelé du défunt père qui se décompose six pieds sous terres et que seuls désormais les vers louangent la chair purifié. Nous sommes là, bien rangés côte à côte, nos billes céruléennes sondant la nuit noire. Nous sommes comme deux hiboux juchés sur une branche d’arbre, s’assoyant sur la morosité de nos pensées, en équilibre au-dessus du vide, imperturbables et inébranlables. Nous nous cramponnons sans jamais remuer, nous tiendrons jusqu’à l’heure éplorée, se laissant engouffrer dans les ténèbres qui s’étalent. Deux âmes hybrides engourdies par une ombre qui nous enlace, portant le châtiment de partager la même chair et le même sang. Portant le châtiment d’avoir un jour été si semblables. Portant le châtiment de partager un secret dont la doucereuse stupeur nous éloigne constamment. Une histoire trop noire qui, à l’harmonie du soir, nous véhicule sournoisement vers nos plus redoutables vices. L’alcool allège nos pleurs. L’alcool engourdi nos mœurs. Boire jusqu’à n’en plus rien voir. Boire jusqu’à n’en plus rien percevoir.

Ce soir, en concert avec mon oncle, bien que très loin de lui, je serais ivre mort… Vaincu, en pleur, le cœur renversé par l’Angoisse immonde, la tête rabattue par le chagrin despotique… voyant défiler derrière mes yeux bouffies par l’ivresse, l’image du long corbillard qui passe et trépasse sans hymne, sans musique et sans grande cérémonie. Voilà quatre ans, maintenant, que ce film repasse en boucle dans ma tête. Voilà quatre ans, maintenant, que mon oncle et moi répétons ce scénario à chaque année… ce rendez-vous complètement hasardeux qui me rebute comme de la charogne.

Joyeux anniversaire papa…            

Lentement, paresseusement, j’engouffre mes poings dans le creux des poches de ma veste en cuir, et sans prêter le moindre regard sur l’homme, qu’autrefois j’admirais, je tourne les talons et emboîte le pas vers un dédale de stèles gisant perpendiculairement à l’endroit où je me retrouvais. Pas ce soir. Pas maintenant. Mes douleurs vibrantes, pour une seule fois, je les supplie de se taire. Demain, mon oncle sera toujours là pour supporter ma colère et subir mes repentirs. Ce soir, je n’ai pas la force de me laisser écrouer par ces vieilles rengaines. Heureusement pour l’un et malheureusement pour l’autre.  

- Il aurait eu 78 ans, aujourd’hui… mais physiquement… on lui aurait donné mon âge. Écho démuni d’émotion qui résonne pourtant la douleur de la mort et l’enfer d’un vide trop lourd. Immobile entre les pierres tombales, dos à mon oncle, lourdement, mes paupières embrassent l’obscurité.

Quatre ans… déjà…
La tombe jadis fleurdelisé de Chester O’Malley n’est désormais devenu qu’un vestige ordinaire au beau milieu de ce cimetière.  Vision du temps qui passe et trépasse… long corbillard qui passe et trépasse sans hymne, sans musique et sans grande cérémonie.  

- À voir ce que nous sommes devenus, de là où il nous observe, il doit carrément se bouffer les poings.

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MessageSujet: Re: ❝ sowing season ❞ - PHOEM    ❝ sowing season ❞  - PHOEM EmptyDim 2 Mar - 10:29

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L'agréabilité légendaire de ce jeune homme avait eu raison de bien des choses en moi et ce depuis longtemps. Or, la seule question que je me posais à présent était de savoir ce qu'il y avait de pire entre le fait d'avoir tenté d'être là pour lui à sa sortie, malgré le contexte ou alors celui de l'avoir finalement « laissé tranquille », pour ne pas dire l'avoir abandonné à lui-même, petit à petit. Mais je n'y arrivais pas. Je n'arrivais pas à rétablir quoi que ce soit entre nous et je doutais d'y arriver un jour. C'était comme essayer de remplir un verre cassé, ni plus ni moins : futile. Dieu sait que ça m'agaçait. Si bien que j'avais fini par me décourager au fil du temps, ça oui, mais visiblement pas assez pour repartir de là où je venais, car je continuais d'errer dans les rues de cette ville qui sentait la mort, malgré tout le dégoût qu'elle m'inspirait. Même maintenant, je ne comprenais pas ces gens que j'aidais. Instinct de survie, certes, mais il y avait plus que ça. C'était, en fait, comme si les Originels étaient parvenus à réduire à néant la volonté de tout ceux qui les entouraient. Pour un homme habitué à réfléchir de par moi-même afin de trouver les meilleurs compris pour mes pairs, je trouvais tout cela humiliant. Et je restais quand même. Ceux qui me disaient fou n'avaient peut-être pas tort, en fin de compte. Qui d'autre qu'un fou s'entêterait à continuer de vivre dans New-York ? Assurément pas moi. Mais il y avait un paramètre hors de toute logique qui jouait un rôle là-dedans, argument parfaitement subjectif et pourtant suffisant. Vous savez... la famille. Comment pourrais-je tourner le dos à ces gens ? Il est vrai que mes parents, eux, n'avaient plus donné de leurs nouvelles depuis des années, à tel point que je commençais à douter de leur survie... et je parie qu'ils n'étaient même pas au courant que Chester était décédé, mais je n'étais pas aussi détaché qu'eux de mon entourage. C'était peut-être un trait de caractère qui découlait de leur propre comportement vis-à-vis de nous, peut-être. Par provocation.

Je m'étais enfin plongé dans l'observation de la pierre tombale, tandis que mon neveux avait choisi de s'en détourner, pour éviter le contact, sans doute. Il me semblait presque inédit qu'aucune remarque incisive à mon égard ne lui ait échappé jusqu'à présent, d'ailleurs, mais je n'allais pas m'en plaindre, loin de là. Car même si je ne l'avais jamais laissé voir, chacune de ses paroles écorchaient quelque chose à l'intérieur de moi et parfois, je me demandais si le but de Salem n'était finalement pas de tester mes limites. De voir à quel moment je craquerais ouvertement devant lui. Jusqu'à présent, il s'était néanmoins toujours heurté à un roc sur lequel les coups se répercutaient dans ses propres os. Pas besoin d'expliquer pourquoi : lorsque je m'impatientais, j'arrêtais aussitôt de me montrer mature et relativement correct avec lui pour rappeler en quelques mots que « s'il ne s'était pas saoulé la gueule 'ce soir-là', en compagnie de son super-pote-vampire à Londres, tout le monde serait sans doute encore vivant et bien portant. »

Et après on se demandait pourquoi nous n'arrivions pas à nous entendre et pourquoi nous passions une grande partie de notre temps à boire, hein ? Entre la culpabilité et la colère, essayez donc de trouver le juste milieu. Chaque année, je me rendais finalement compte que le temps ne faisait que nous rendre plus ressemblants que jamais et ceci n'était malheureusement pas dit dans le bon sens du terme. C'était tellement plus facile d'en vouloir à quelqu'un que de lui pardonner, que voulez-vous ?

Dire que je prétendais aimer ce gamin malgré tout. Qu'est-ce que ça disait de moi, hein ? Est-ce que j'en étais vraiment dans le droit, après tous nos échanges cinglants ? Peut-être bien que non, mais on ne pouvait pas s'empêcher d'aimer quelqu'un, surtout pas sur la base de raisons objectives. Je n'acceptais tout simplement pas de me laisser marcher dessus, que ce soit physiquement ou avec des mots, et Salem n'y faisait pas exception, malgré toute l'affection que je lui portais.

C'est la voix de ce dernier qui m'arracha aux souvenirs fraternels dans lesquels je m'étais égaré et qui me fit légèrement froncer les sourcils. La phrase de mon neveu était si bénigne qu'il me fallut un instant pour l'accepter comme provenant de lui. Je tournais la tête pour lui lui lancer un coup d'oeil par-dessus mon épaule et l'aperçu de dos. Il poursuivit sa phrase. Je lâchais un soupir. Sans doute avait-il raison. Après m'être penché en avant pour déposer mes lèvres sur le sommet de la stèle, je me redressais et secouais brièvement mon visage de droite à gauche pour faire tomber un peu de neige des longues mèches châtain qui me barraient à moitié la vue. « Ouais. » Mains dans les poches, je pivotais sur mes talons pour faire face à celui qui ne m'avait pas encore accordé un seul contact visuel jusqu'à présent. « Et tu vas faire quoi à par constater ce fait ? Revenir dans quelques mois et te dire la même chose ? » Contrairement à sa voix morte, la mienne était légèrement plus animée d'impatience. Je n'y pouvais rien. Malgré toute l'affection que je portais pour ce jeune homme, il était temps d'arrêter de le protéger comme un enfant. Je ne supportais plus de le voir aussi vide, comme s'il n'y avait rien qui l'attendait au-devant de sa vie, quand bien même celle-ci ne faisait que de commencer. « T'auras la même tête que maintenant et ce sera pareil dans trente ans. » Je ne saisissais pas totalement ce qui pouvait se trainer dans son esprit, s'il s'imaginait que son père nous détestait ou non, mais s'il y en avait un qui était plus fautif que l'autre dans l'histoire, ce n'était pas Salem. Il était sous ma responsabilité lorsque tout ceci est arrivé et lorsque j'ai appelé mon frère pour lui expliquer la situation en urgence, je ne l'avais jamais entendu aussi enragé. Je ne sais pas si sa colère était tournée vers moi, vers lui-même, vers les vampire ou alors vers l'univers tout entier, je ne le saurais d'ailleurs jamais, mais son message était clair : peu importe les coûts, le petit devait être sorti de là où il se trouvait.

Peu importe les coûts.

« C'que t'as toujours pas l'air d'avoir compris, c'est que ton père a accepté ce qui lui est arrivé avant même que ça se produise. Donc ouais, il doit se mordre les poings, parce que s'il te voulait en vie à n'importe quel prix, c'est justement pour que tu vives. »

Son zombie de fils.

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MessageSujet: Re: ❝ sowing season ❞ - PHOEM    ❝ sowing season ❞  - PHOEM EmptyLun 7 Avr - 20:54




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Il est plus facile d’être en colère, que de se laisser disloquer par ces chaînes funestes qui se resserrent à sang contre nos chevilles et nos poignets. C’est moins douloureux d’ignorer ses vieux démons intérieurs, que d’en admettre leur présence. Anxieux à l’idée de m’avancer sur un chemin qui m’est totalement inconnu, depuis la mort de Chester, j’ai préféré ne jamais baisser mes armes et de toujours rester sur mes gardes. Malgré la dérive des ans trépassés à la merci du temps et de l’usure, mes principes et convictions ne se sont jamais éteints. Carburant dans les flammes sulfureuses d’une colère sans nom et m’écrasant sous le poids d’une culpabilité titanesque ; je n’ai jamais su contrer la paix. Je ne le pouvais pas et visiblement je ne le désire pas encore. Effiloché et tiraillé dans ces élans de paradoxe, le décès de mon paternel s’est depuis longtemps enraciné dans ma chair… s’approfondissant encore et toujours, ne donnant pas l’occasion aux infâmes meurtrissures cinglantes de pouvoir cicatriser et guérir.  Sur le point de me briser, sous le point de céder, loyaux pantin de ma peine, j’asperge ces plaies de sel, pour percevoir, me réveiller, m’assurer et me raisonner. J’ai souffert de son absence mais je n’ai encore jamais pleuré sa perte. Verser des larmes ne changeant rien, outre que de souiller sa mémoire et d’extirper de ce passé éprouvé que des vestiges et résidus corrompus. Avant qu’il ne disparaisse de ce monde dégingandé, Phoenix et moi avons connus des heures de gloires et ainsi de misères. Voguant entre les ténèbres et la lumière, moi, persuadé que la vie que nous menions à Londres n’était rien d’autre qu’un vil parasite polluant notre destin et futur… persuadé qu’à nous deux, nous pouvions changer et révolutionner le monde, très vite, les conflits se sont amoncelés entre nous. Aveuglée par ce traître mais puissant sentiment, jamais j’ai compris ce que qu’il a mainte fois essayé de me faire voir. Obstiné jusqu’à l’os, mes rengaines me rongeant littéralement les veines, je n’ai pas su me taire alors que j’aurais indubitablement dû le faire. Et notre fraternité qui m’est si chère en a été le sacrifice. Je n’ai pas eu le temps de recoller les pots cassés et encore je me demande si cette chance me sera un jour complètement remise entre les mains. Ai-je le droit d’espéré une telle chose alors que la fatalité nous fauche et nous englue aussi cruellement en ses filets néfastes et malsains ?  Franchement, je l’ignore. Tant d’eaux se sont déversés sous les ponts…

Temps qui s’est désormais sordidement effiloché entre nos doigts. Moment où désormais on se voit être que deux étrangers orthodoxes qui se connaissent malgré tout par cœur. Moment où nous devenons esseulés et labourés dans le désespoir d’une enivrante incompréhension. Prisonniers de chaînes nous ramenant toujours vers ces moments que nous avons connus, ceux qu’on voudrait traverser, ceux qu’on aurait désirés et ceux que nous avons lamentablement manqués. Squelettes d’une relation complètement fanée à la symphonie décortiquée mais grandement désarticulée. Hymne hachée et assourdissante qui me détonne sans relâche sa rumeur assourdissante. Chant qui désormais s’évase dans la composition du gâchis et du regret.

Je préfère voir ses torts et travers. Je préfère rester en colère et lui en vouloir. C’est tellement plus facile, si facile, de confronter ce deuil et de panser ces viles plaies se creusent des ornières d’hiver sur mon âme glacée et éteinte. Je sais… pourtant… je sais que le blâme ne doit être charrié sur personne d’autre que mes propres épaules. Mon oncle, Chester, moi, nous avons été maudit et damnés à l’instant même où j’ai rencontré Maverick Chamberlain. J’étais trop affublé, naïf, à cette époque, pour voir et comprendre ce que mon oncle a pris des années de misères à m’inculquer et éduquer. J’avais soif d’espoir et d’espérance. En ce temps où l’absence d’existence se voyait si oppressante, j’avais besoin de concret…. J’avais besoin de vivre… De me sentir vivant. Et j’ai payé le prix de cette naïveté… nous l’avons tous très cher payé…

Ses paroles incisives, ne reflétant que l’inacceptable vérité, sombrent dans mon organe auditif, répandant son poison néfaste autre travers de tout mon être, rancœur, haine, me polluant les viscères, tous les muscles de mon corps se crispent alors que je fais violemment volte-face sur l’homme que j’admirais autrefois. Nos billes d’un bleu limpide et cristallin rentrant sitôt en collision, brisant les façades en verre des miroirs de nos âmes, alors que, à grandes enjambées, je brave les quelques mètres qui nous séparent et me rapproche de lui. Ma main, tremblotante, moite, fragile, se repliant à l’effigie d’un poing dangereusement compacté, mes jointures blêmies par l’intensité de la contraction fouettant et lacérant l’air, venant s’écraser sur le flanc de sa robuste mâchoire, à l’instant même où j’effleure et gagne son niveau. Cet élan de vilenie, ce coup de poing,  je sais pertinemment bien que j’en souffrirai plus que lui…

- Comment oses-tu t’avancer sur de tels propos ? Tu étais là. Tu sais ce qui est arrivé. Ils nous ont brisés, tous les trois. Comment accepter le meurtre de son propre père alors que c’est le fils lui-même qui l’a assassiné ? Comment trouves-tu le courage de te regarder dans une glace, en sachant très bien que le seul reflet que tu risques d’y apercevoir, c’est celui d’un putain de monstre ? Ce qui est le plus lourd à encaisser, c’est le fait de ne pas savoir ce qui est arrivé… c’est le fait d’ignorer complètement durant combien de temps est-ce que tu as fait souffrir l’être qui t’importe le plus sur cette foutue planète, avant qu’il ne succombe dans tes bras… où plutôt sous l’assaut de tes coups de poings ! Tu sais que tu as été le bourreau, seulement, t’en as pas conscience, parce que ces saloperies t’ont grillé la cervelle ! Comment t’arrive à vivre avec toi-même ?! Comment t’arrive à vivre… tout simplement ? Tu me reproche de n’être devenu rien d’autre qu’un zombie alors que toi, l’optimisme incarné, t’es même pas fichu d’affronter un jour sans consommer et boire comme un trou sans fond. Tu transpire et respire l’alcool. Tu n’es rien d’autre qu’un baril ambulant. Tu veux croire que tout va bien, c’est facile de le faire alors qu’on n’est juste pas lucide de ce qui se passe autour de soi !  

Un sourire démuni de joie, d’humour, glisse doucement à la commissure de mes lèvres, mes yeux, inondés par un voile cristallin d’eau salé, toujours accroché sur le visage éthéré de mon oncle, l’agrippant sans aucun ménagement par le col de son manteau de cuir… geste impulsif, violent, qui ne reflète néanmoins aucune menace… j’ai simplement besoin de m’accrocher à quelque chose alors que mon monde est littéralement en train de s’effondrer.

- Comment ? Dis-moi comment t’arrives à accepter ? Dis-moi comment t’arrives à vivre avec ça ? Qu’est-ce que je fais de travers ? Ce monde est vain et fou… pourquoi tu veux le sauver ?

Aide moi à comprendre et voir… s'il te plait !

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