❝ your mind is in chains ❞ - ARIALEE

your mind is in chains

❝ DOES HE GIVE YOU WHAT YOU WANT? ❞

J'aspirais à quoi? Quelles étaient mes attentes face à cette visite impromptue? M'attendais-je à le voir m'ouvrir cette porte devant laquelle je patientais avec hésitation avec un sourire grandiose sur les lèvres, m'accueillant dans sa demeure en me lançant ce regard enjôleur qui me faisait languir de ses caresses? J'avais bel et bien des attentes, des idées en me rendant jusqu'ici, mais étais-je prête à faire face à la déception? Je n'avais pas réellement songé aux conséquences de cette impulsivité, ni aux possibilités qui pouvaient s'offrir à moi. J'avais laissé mes pensées prendre le dessus de ma raison et de ma logique, j'avais laissé mes pieds me diriger nonchalamment vers cette bâtisse glauque du Bronx sans chercher à freiner ce magnétisme. Je sentais mes mains anormalement moites et j'étais consciente que l'une d'entre elles jouait constamment avec le pendentif accroché à mon cou. Un vieux réflexe qui, selon ma croyance, parvenait à me détendre. Était-ce réellement efficace? Peu m'importait, c'était devenu tout simplement un automatisme que je ne pouvais contrôler. Je ne comprenais pas d'où pouvait provenir cette nervosité qui n'apparaissait généralement qu'en présence d'un Originel ou autre menace à ma vie. Mais je ne cherchais pas à trouver la réponse. Cette réflexion me demanderait beaucoup trop de temps et d'énergie et mon esprit ne semblait pas être prêt à se lancer dans un tel défi. Soit. J'étais nerveuse, j'anticipais la réaction d'une personne en particulier, je craignais d'avoir l'air niais, affreusement ridicule, complètement folle... Bref, tous les qualificatifs possibles qui pouvaient me venir en tête à cet instant précis!

Des semaines. Ça faisait maintenant des semaines que je ne l'avais pas croisé, que je n'avais aucune nouvelle de lui. Notre dernière rencontre ne se termina certainement pas comme je l'aurais prévu, comme je l'aurais voulu, mais tout avait été hors de notre contrôle. Les Originels, toujours la faute des Originels! Malgré tout, nous nous étions croisés... Après cette fameuse nuit - fortement mémorable malgré mon état d'ébriété -, je ressassais ces images dans ma tête, je tentais de revivre ces sensations qu'il m'avait fait vivre... Je ne pouvais me souvenir de la dernière fois que j'avais pu ressentir une telle électricité, une telle explosion de sensations, au point d'en perdre la tête. Tout tournait dans mes songes. Je pensais, je me questionnais, mais j'évitais. J'évitais de croire, j'évitais de comprendre. Pourquoi? Par peur? Par confusion? Peut-être tout à la fois. Ceci dit, je n'avais pu m'empêcher d'y penser... D'espérer même que notre route se recroise, involontairement ou non. J'avais gardé l'oeil à l'affût de la moindre tête à la chevelure pâle et l'oreille aux aguets de ce ton rauque et cet accent australien prononcé. Malgré tout, il était demeuré invisible à mes yeux et silencieux à mes oreilles. J'étais même retournée au bar où nous nous étions croisés avant de se rendre dans son appartement, mais jamais il ne vint. Obsessive? Peut-être bien! Je ne poussais pas davantage mes réflexions et j'osais croire qu'il s'agissait plutôt d'un lien... d'amitié qui se tissait malgré nos nombreux différents d'autrefois. Enfin, nous nous connaissions depuis plusieurs années déjà et j'imaginais que de passer autant de temps à se côtoyer ne pouvait que créer un semblant de relation au bout du compte. N'est-ce pas?

Je me secouais la tête, étirais mes bras le long de mon corps afin de m'empêcher de manipuler davantage mon pendentif. Arrêtes de te faire des scénarios et des idées, Nova! Toques à cette foutue porte et finis-en une bonne fois pour toute! Je levai le poing au niveau de mon visage et toquai deux coups bien distincts qui semblèrent résonner dans le couloir désert de la bâtisse. Je soufflai un bon coup alors que mon coeur s'emballait, tentant de me rassurer... en vain. Et s'il avait volontairement éviter de me croiser? Et s'il ne désirait plus me voir suite à toute la merde que j'avais pu lui envoyer et lui faire subir? Et si pour lui ces deux dernières rencontres n'étaient qu'une simple trêve et que tout devait retourner à la "normale" maintenant? ... J'étais devenue aussi raide qu'un cadavre gelée par l'hiver, plus craintive que jamais. J'entendais des bruits de pas derrière la porte et je me mis sérieusement à paniquer de l'intérieur! Quelle idiote! Trouves une excuse rapidement avant de perdre la face devant lui! Je me mordais maintenant les doigts d'être venue jusqu'ici sur un simple coup de tête, sans m'être interrogé davantage sur la pertinence de ma visite. Oui, je m'en mordais sérieusement les doigts.

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YOUR MIND IS IN CHAINS

- feat Novalee & Ariana -

L'insécurité était un sentiment que je ressentais constamment. A présent, le danger, c'était moi. J'en prenais bien conscience et pourtant, j'avais un mal fou à me faire à cette idée. J'étais née humaine... Tout du moins, c'était ce que j'avais toujours cru. Au final... J'étais un monstre. Une créature... Une chose. Comment se faire à l'idée de ne pas être comme les autres? Comment se faire à l'idée que tout ce en quoi je croyais s'était envolé dans la brume? Comment se faire à l'idée que j'avais ôté la vie... Tout simplement. J'ai passé tellement d'années à me dévouer à la cause humaine. Tellement d'années où mon principal soucis était d'assurer le bien être de la population New-Yorkaise... Et voilà que mes deux mains anciennement salvatrices devenaient des mains meurtrières? Comment? Comment vivre avec cette idée? C'était un acte justifié. Certes. Mais qui étais-je pour décider de cela? Je n'étais pas mieux que quiconque. Je revoyais toujours les mêmes images. En boucle, je revoyais la scène comme si elle se déroulait encore et encore. Je voulais oublier. Je devais oublier. Le bruit de la détonation. Le mouvement de recul. Cet homme mort sur le sol. Salem au bord de la mort...

Je devais oublier... et pourtant je devais faire avec. Je devais faire avec mais je n'avais aucune maîtrise sur ce qui m'arrivait. Ce que j'étais devenue... J'en avais une vague idée sans en connaître les règles. J'avais besoin de conseils. J'avais besoin d'être guidée. J'avais besoin de Salem, tout simplement. Lui seul était en mesure de m'aider à contrôler cette chose qui vivait à l'intérieur de moi. Je pouvais parfois sentir les griffes acérés de la bête tirailler mon être. Je pouvais parfois ressentir une colère monstre m'envahir, sans qu'elle soit justifiée. Je n'étais plus moi. J'étais devenue une autre et ça ne me plaisait pas du tout. Il y avait cette bête... et cette autre chose. Mais cette autre chose concernait Aleister. Lui aussi, il fallait que je le vois, d'ailleurs.

En attendant... je devais oublier. Quittant le canapé sur lequel j'étais installée, j'arpentais cet appartement qui n'était pas le mien. Pénétrer chez Salem n'était pas une chose compliquée en soit. Il ne fermait jamais la porte. Je l'en avais souvent blâmé mais ce soir-là, je lui aurais lécher les semelles de ses chaussures. J'étais tellement contente de pouvoir trouver refuge chez-lui. Quand bien même il n'était pas là, le simple fait de respirer son odeur m'apaisait. Le simple fait de savoir qu'il sera bientôt là me rassuré. Alors je patientais, tout en cherchant une petite collection de bouteilles. De ma vie humaine, je n'avais jamais été très portée sur l'alcool. Mais tout était différent à présent. J'étais différente et je sentais la pleine lune approcher. Ce n'était qu'une question de jours. Ce sera ma première pleine lune et j'étais terrifiée. Qu'étais-je censée faire? M'enchaîner? Programmer une séance chez l'esthéticienne? Vous imaginez si je me retrouve avec une poussée d'hormone et que je deviens aussi poilu que Salem? Beurk!

Secouant la tête à cette idée, je finis par trouver ce que je voulais... Dans un endroit fort étonnant. Une bibliothèque. Je ne savais pas Salem adepte de la lecture. En revanche... Aleister... Attrapant la boisson alcoolisée qui, soulignons-le, était déjà entamée, j'allais de nouveau fourrer mon petit derrière sur le canapé. J'avais à présent tout les outils nécessaire pour noyer mon ennui.

*** Une petite heure plus tard ***

- Well, you're a hot mess and I'm falling for you And I'm like hot damn, let me make you my boo Cos you can shake it shake it shake it Yeah you know what to do You're a hot mess I'm loving it, hell yes! You're a hot AAAAAAAAAAAAAAAH m'écriais-je soudainement alors que je tombais comme une crêpe sur le lit d'Aleister.

Pas de bobo. Ne vous inquiétez pas. Je me suis juste prit les pieds dans les draps pendant que je sautais sur le lit de notre ami le sorcier. Pas de victime. A part cette bouteille de scotch qui se déversait de son liquide sur les couettes... Oups!! Plissant le nez, je me hâta de quitter le lit mais j'oubliais complètement de retirer la bouteille. Pourtant, ça aurait pu arranger un peu mon affaire. Au lieu de ça, c'était toute paniquée que je sortis de la chambre à la recherche d'une solution miracle... Une fois dans le salon, mes yeux bouffis par l'alcool regardait les alentours. Cuisine. Salle de bain. Salle à manger. Chambre à Salem... Chambre à Salem? Bingo! Il devait bien y avoir un truc intéressant là-haut. Sautillant jusqu'à la chambre de mon frangin blond, je me cogna le gros orteil contre un meuble!

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAIIIIIIIIIIIE!! hurlais-je à la mort comme si on venait de m'emputer. Alors que je venais seulement de m'encastrer le doigts de pieds contre un truc en bois. C'était trois fois rien. Méchant meuble. Marmonnement à peine audible que seule moi et les murs pouvaient entendre. Une fois dans l'antre sacré du salami, j'oubliais le pourquoi du comment je me trouvais là. Je savais juste une chose... Je me sentais toute cracra à avoir dansé partout dans l'appartement. Une douche et ensuite au dodo Ana Banana!

*** Plus tard dans la soirée ***

Les bonnes résolutions, vous connaissez? Moi aussi. Je connaissais surtout celle-ci : j'arrête de picoler. Comment faisait Aleister, ou même Salem pour toujours boire et boire et boire encore et encore? Ils devaient avoir le cerveau ravagé! Pas étonnant qu'ils soient toujours grincheux. Me massant l'arrière du crâne, je me dirigeais vers la porte de sortie. Si mes oreilles ne me jouaient pas des tours, quelqu'un avait toqué. Je crois.

Avec vivacité, j'ouvris la planche de bois qui me séparait de moi et de ....

- Toi?

A défaut de connaître son prénom, j'avais lâché ce petit mot avec surprise alors que mon nez se plissait de perplexité. Si j'avais su que c'était elle que j'accueillerais, j'aurais mit autre chose que la chemise de Salem sur mon dos. J'aurais mit d'avantages que ce simple bout de tissus blanc.

- Tu cherche quelqu'un en particulier?

Je ne comprenais pas ce qu'elle faisait là.

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❝ DOES HE GIVE YOU WHAT YOU WANT? ❞

Une statue. Je suis une statue représant la fille typique qui veut soudainement prendre les jambes à son cou au lieu d'assumer ses envies profonds. Enfin, je me demandais sérieusement ce qui m'avait poussé jusqu'ici maintenant que je ne pouvais plus faire marche arrière? Bien entendu, j'étais consciente de ce désir omniprésent qui m'habitait depuis cette fameuse nuit... J'étais consciente que mes pensées étaient souvent, inconsciemment, portées vers lui... Mais pourquoi chercher à perpétuer cette relation? Pourquoi chercher à recréer ces sensations d'exaltation? Peut-être n'était-ce qu'un désir primitif, bestial, tout simplement hormonal. Peut-être. Pourquoi craindre sa réaction? Pourquoi craindre un refus? Car là était bien la nature de cette peur, n'est-ce pas? Merde, pourquoi autant de questions?! Je compliquais les choses avant même qu'elles n'aient lieu. C'était ça un cerveau de fille? Eh bien, j'aurais bien aimé en être dépourvu à cet instant même. Or, il était trop tard. La poignée tournait sur elle-même et bientôt la porte de bois s'ouvrait, dévoilant... elle? Je sentis un coup de fouet me frapper en plein visage. Je m'attendais à apercevoir un Salem avec une chevelure blonde décoiffée, un air peut-être surpris sur son joli minois, mais... certainement pas une blondinette. Cette blondinette! « Keira? » interrogeais-je impulsivement, sans me questionner davantage.

Keira. Cette jeune femme que j'avais croisé nombres de fois dans les rues de New York... Cette même jeune femme que j'avais appris à croiser sans vraiment lui parler. Je l'avais bien remarqué... Je m'étais inconsciemment attachée à cette inconnue, sans m'y attendre, sans m'y résigner. Elle était toujours là, affairée dans une ruelle, complètement défoncée. Je la voyais parfois lucide, dealer avec ces mecs, ceux qui me refilaient des substances illicites pour mes propres clients. Une pauvre humaine dans un monde de requins. J'avais entendu son prénom une fois... Et il était resté gravé dans ma mémoire. J'aurais pu faire quelque chose. J'aurais pu l'aider à sortir de la rue. Mais ce n'était jamais aussi simple... Et voilà qu'elle disparut du jour au lendemain. Jamais plus je ne la revis dans ces coins lugubres de la métropole. J'avais cessé ma vente de stupéfiants et voilà qu'elle refaisait surface. J'avais cru qu'elle était une hallucination en premier lieu, mais je me rendis rapidement compte qu'elle était réelle. Mon infirmière avait été Keira! Comment s'en était-elle sortie? Mais plus important encore... Pourquoi se retrouvait-elle chez Salem..?

Mes yeux incrédules scrutèrent son visage tout aussi perplexe que le mien. Cheveux ébouriffés, on pourrait croire qu'elle sortait tout droit d'un combat de lutte. Mon regard bifurqua vers sa tenue... légère. Que portait-elle? Une chemise? ... d'homme? Et rien d'autre. Jambes à découverte, elle n'était vêtue que d'une large chemise d'homme. Mon coeur se serra douloureusement à cette constatation. Je n'osais pas me questionner sur la raison ou la cause de cette tenue, mais mon esprit s'emballait déjà. Il se faisait d'innombrables scénarios, mais il restait accroché à une image en particulière. Une image qui me faisait grincer des dents. Je relevai le regard, le visage maintenant dur, tendu. « Salem. Je suis venue voir Salem. » répondis-je d'une voix ferme, sans émotion, sans délicatesse. En y répondant, je me demandais sérieusement si je voulais toujours le voir. Je m'interrogeais sur l'importance de ma présence si elle était là, habillée de cette manière... Je commençais peu à peu à comprendre pourquoi je n'avais pas eu de ses nouvelles ces derniers temps. Il avait visiblement été occupé à autres choses... avec d'autres gens. Je sentais ma mâchoire se contracter à cette pensée, à un point tel que je craignais qu'elle ne se brise. Je dévisageais Keira de mon air mécontent, de mon esprit contradictoire. Je me sentais jouée. Piégée. Aussi peu importante qu'un vieux mouchoir que l'on utilise une fois et que l'on jette aussitôt. Ouais, parlant de mouchoirs, il devait en avoir vider une boîte entière, hin? Je sentais la rancune et l'animosité monter en moi, alors que mes songes tourbillonnaient à une allure étourdissante dans ma tête. À bien y penser, je ne croyais pas que tourner les talons était une réaction bien sage de ma part. Non, j'avais pris mon courage à deux mains, j'avais fait le premier pas, pourquoi j'aurais quoi que ce soit à me reprocher? En fait, l'envie de me retrouver face à Salem se faisait tout à coup très présente.

« Il est là? » demandais-je d'un air que je voulais le plus nonchalant possible, mais qui ne camouflait aucunement mon énervement. Sans attendre la réponse de la blondasse, je me frayai un chemin à l'intérieur de l'appartement, sans aucune gêne, sans même m'excuser. Je pénétrai dans cet antre qui devait en voir de toutes les couleurs ces dernières semaines! Je cherchais un signe. Un signe quelconque de sa présence. Ou un signe de toute activité louche... Ouais, je cherchais à confirmer ou à apaiser mon esprit divagant.

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YOUR MIND IS IN CHAINS

- feat Novalee & Ariana -

Keira? Heu... Nooop. Il y avait erreur sur la blondinette. Keira était... comment dire... indisponible? Indisposée à se montrer? Morte? Lequel de ses termes devais-je employer? Quels étaient les mots adéquats pour annoncer à cette pseudo inconnue que ma soeur n'était plus là. Elle n'était plus de ce monde et cela depuis déjà trop longtemps à mon goût. Un fantôme du passé. Keira... Celle qui fut jadis mon reflet dans un miroir. Keira... Celle avec qui je partageais mon goûter, parce que notre père oubliait tout le temps qu'elle n'aimait pas le chocolat. Keira... Si seulement elle avait été là, peut-être que je n'aurais pas cette affreuse gueule de bois qui déformait les traits de mon visage en une mine effroyablement trop perplexe. Alors que je la dévisageais de la tête aux orteils, je cherchais désespéramment à savoir qui elle était et ce qu'elle pouvait bien faire là.

- Ah... Salem... me grattant paresseusement l'arrière du crâne, je la jaugeais une nouvelle fois du regard. Elle me disait vaguement quelque chose. Un peu comme un lointain souvenir, bien tassé, au fond d'un océan de whisky et autres trucs imbuvable. A en juger par la mine sévère de la petite, le salami avait encore du faire des bêtises. Pour pas changer. Ouaip... encore une minette qui avait succombé aux charmes de ce gros balourd à la barbichette sexy. Même si moi, je trouvais que ça lui donnait des airs de yétis. Un jour, il faudrait sérieusement que je pense à lui tondre tout les poils qu'il a sur le cailloux et la face. Quand il dormira dans un sommeil profond, bien entendu. Pauuuvre gamine qui n'avait pas compris qu'elle n'était rien d'autre qu'un kleenex jetable. Pour la défense de Salami, c'était pas de sa faute si il était foutrement attirant. Chacun son fardeau mes amis. Elle, son fardeau, visiblement, c'était cette affreuse ridule qui barrait son front et ses narines palpitantes de colère. Oh la la...

Tout à mes réflexions hautement philosophique, je laissais l'étrangère me bousculer pour rentrer dans l'appartement. Je n'étais pas du genre susceptible, ni même rancunière... Mais... d'où elle me bousculait? D'où elle pénétrait ainsi dans l'antre du frangin? Sérieusement... à part moi... personne n'avait le droit de s'inviter sans invitation. Privilège de frangine! Bien malgré moi, je pouvais sentir la bête gronder à l'intérieur. Je pouvais sentir la bête montrer ses crocs, pleine de méfiance face à cette intrusion. Mon côté territorial et possessif prenait le dessus sur tout le reste, occultant ma bienveillance usuelle.Mes fins sourcils épilés se haussèrent, alors mes petits pieds adorables se tournèrent en direction de l'intruse. Qui qu'elle pouvait être, je n'allais certainement pas la laisser empiéter sur mon chez-moi. Sur notre chez-nous... Sur son chez-lui. Telle une lionne, je me devais de protéger l'espace personnelle de mon salami.

- Bon, écoute, Mademoiselle-Je-Ne-Me-Présente-Pas... Premièrement, moi c'est Ariana. Keira c'est ma jumelle. Deuxièmement... La politesse, tu connais? questionnais-je en me rapprochant probablement beaucoup trop d'elle. Mes grand yeux clairs tout plein de cernes s'enfonçaient droit dans ce regard incroyablement... dissuasif. On dit bonjour, s'il te plaît et merci, quand on demande quelque chose et troisièmement, Salem n'est pas ici. Alors... Tu devrais t'en aller rapidement, avant que je commence sérieusement à perdre patience.

Je n'avais pas pour habitude de me montrer menaçante. Je n'étais même pas certaine de l'être, au final. Je sentais simplement cette chose en moi, qui rependait son venin dans mes veines. J'aurais probablement pu rester des heures ainsi, à la défier avec ce petit air hautain que je dégageais bien malgré moi. Ouais... J'aurais pu. Mais en entendant la sonnerie de mon téléphone, je décidais de tout simplement la snober et de la bousculer à coup d'épaule. J'espérais vraiment que ça soit un appel de mon loup préféré. Arrivée dans la chambre, j'attrapais mon portable et décrochais sans prendre le temps de voir qui m'appelait.

Ah ... Si j'avais su... oui... Si seulement.

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❝ DOES HE GIVE YOU WHAT YOU WANT? ❞

Quelque chose avait changé. Le décor. L'air. L'ambiance. Je ne saurais dire d'où me provenait cette étrange sensation de changement, mais j'étais presque certaine qu'elle était justifiée. Enfin, je ne pourrais dire avec une certitude inébranlable que j'avais raison, car la dernière fois que j'avais mis les pieds en ces lieux, je n'avais pas été totalement consciente de mon environnement. L'alcool avait embrouillé mon esprit et j'avais été légèrement distraite par une certaine personne... Et pourtant, mon instinct persistait à me dire que quelque chose n'était pas comme avant. Tous ces livres à la reliure aussi âgée que la Terre elle-même... Ça n'avait rien de Salem tout ça. Enfin, de ce que je connaissais de lui. Le connaissais-je vraiment si bien au bout du compte? Pendant longtemps je m'étais obstinée à ne rien vouloir savoir de ce loupiot junkie et maintenant je me fourrais volontairement dans son appartement, me questionnant sur ses activités nocturnes. Que me prenait-il...? Tenais-je à ce point à un homme qui m'avait nombres de fois menacé pour perpétuer ma vente de stupéfiants pour son simple bénéfice? Un homme qui semblait totalement se foutre de la dignité des femmes avec lesquelles il partageait son lit! J'avais tout à coup des frissons d'horreur à m'imaginer le nombre de femelles qui avaient souillées son lit... Ça me donnait la nausée. Et ça amplifiait que davantage mon animosité à son égard!

Alors que je me questionnais, que je nourrissais ces scénarios sans véritables preuves tangibles, j'avais presque oublier la Barbie qui m'avait ouvert la porte de la demeure et qui était, pour tout dire, la cause première de tous ces songes. Je me tournai vers elle - chaque regard en sa direction me procurait un pincement au coeur, elle pourrait au moins mettre des pantalons! - alors qu'elle me faisait tout à coup la leçon. Ariana? Pas Keira? Jumelles? Aussi fort soit mon mécontentement, je devins un instant confuse par cette information nouvelle. Elle n'était pas Keira, la blondinette qui avait souffert d'une addiction maladive aux drogues illicites? Si cette fille, Ariana, était sa jumelle... Où était passée Keira? Aussi confuse puis-je être face à cette révélation des plus inattendues, je ne pus qu'assimiler l'information et passer à autre chose. Car elle ne semblait pas contente de mon intrusion la madame. Elle s'approchait de mon visage de manière provocatrice, me dictant comment agir de manière respectueuse. Elle me parlait de respect? Elle me parlait de bonnes manières? Un mince sourire ironique se dessina sur mes lèvres alors qu'elle me menaçait de quitter les lieux. Amusant. Vraiment amusant. Elle ne savait définitivement pas à qui elle avait affaire, la petite. Je soutins son regard agacé, me tenant aussi droite que mon corps pouvait l'être. Je demeurais pourtant plus petite qu'elle, mais je n'étais nullement intimidée par cette différence de grandeur.

« Perdre patience, han? J'aimerais bien voi... » débutais-je d'un ton mauvais... avant qu'elle ne me tourne les talons au visage. Sans préavis, sans signe avant-coureur, elle pivota sur elle-même d'une nonchalance inattendue. Pardon... Elle me faisait la morale sur la politesse et elle me tournait le dos soudainement, en plein milieu de ma phrase? Je demeurai stupéfaite sur mes jambes, l'air déconfite, perplexe, l'observant s'éloigner dans le couloir menant aux chambres. Elle se moquait de moi ou quoi? Pour un bref moment, je fus incapable de faire le moindre mouvement, de dire le moindre mot, tout simplement bouche bée par la tournure des événements. Mais bientôt, je repris le dessus de ma surprise avec le désir de ne pas me laisser humilier de manière aussi vulgaire. Si elle croyait que son petit discours et son attitude de pimbêche allait me convaincre de partir, elle allait sincèrement être déçue, la pauvre! « Hey! » interpellais-je hâtivement alors que la blonde disparaissait dans une pièce quelconque. Je lui emboîtai le pas afin de la retrouver et poursuivre la conversation que nous avions commencé. Je m'engouffrai dans la chambre où elle était venue se camoufler - chambre que je reconnaissais fort bien d'ailleurs - et je la pris sur le fait. Téléphone en main, elle me snobait pour une conversation futile! Mais quelle ingrate, elle se moquait définitivement de ma gueule et je n'étais pas prête à me laisser faire de la sorte. Les sourcils froncés, presque grognant à son intention, je m'approchai d'Ariana d'un pas décidé. « Hey, j'ai pas terminé! La politesse, tu connais? » Je lui beuglais aux oreilles alors que je n'avais pas remarqué cette expression alarmée sur son visage. Un air inquiet, limite désespéré... Je m'immobilisai sur place, perplexe. Cette fille n'avait définitivement pas toute sa tête... Enfin, ce fut mon jugement avant que je n'entende un prénom familier résonner dans le combiné. Salem... Une voix sérieuse avait prononcé son nom, une voix grave, celle que l'on utilise lorsqu'on annonce une mauvaise nouvelle. Une malheureuse et horrible nouvelle. Le coeur battant, le visage exprimant la même inquiétude que la jumelle de Keira, je devins soudainement appréhensive. Inquiète d'entendre la suite de la conversation téléphonique.

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YOUR MIND IS IN CHAINS

- feat Novalee & Ariana -

Mon téléphone collé en pleine face, je marmonnais une vague salutation. Je n'étais vraiment pas d'humeur à être dérangée. Surtout pas quand une furie débarquée sans prévenir chez mon frère. Toutefois, mon irritabilité s'estompa rapidement lorsque je reconnu la personne à l'autre bout du fil.

- Ariana... Hugo. Mon collègue. Jamais encore il ne m'avait appelé à une heure aussi tardive. Jamais encore il n'avait prit un ton aussi grave et solennel... Et je savais déjà ce que ça signifiait. Mais je refusais d'y croire. J'aurais aimé ne pas avoir à te l'annoncer mais il s'agit de ton ami, Salem.

Il y a ces moments où le monde cesse de tourner. Il y a ces moments où tout semble s'arrêter. Rien d'autres ne compte. Rien d'autre n'existe. Il y a ces moments où l'on se sent incroyablement seule. Il y a ces moments où votre coeur cesse tout simplement de battre. Un blanc s'installa entre nous deux. Lui, cherchant ses mots. Moi, cherchant à nier l'évidence. Ma tête refusait de voir ce que mon corps avait déjà compris. Chacun de mes muscles se crispaient, attendant la suite. La présence de l'inconnue était balayée par cette déferlante d'appréhension qui m'habitait. Qu'elle hurle, qu'elle se mette les doigts dans les nez. Je m'en contre foutait. Rien. Rien n'avait plus d'importance.

- Il est dans le coma, Ariana. Nous avons fait notre possible pour le maintenir en vie. Je ne veux pas t'alarmer, je ne veux cependant pas te mentir... Il est dans un état grave. Mais nous gardons espoir... Ariana?

Une brèche. Une fêlure qui se creusait toujours plus profondément. Un froid. Glacial. Un sentiment d'effroi. Figée sur place, je ne pouvais que regarder le vide sans réagir. Le moindre de mes mouvements pouvaient briser ce givre qui me maintenait dans l'espace temps. Statue de glace. Un tombeau capturait mon palpitant dans une tumulte de ténèbres et de douleurs. L'impossible devenait possible. Les secondes s'égrenaient et l'impossible devenait tangible. Les secondes s'égrenaient et les mots percutaient mon esprit confus.

- Ariana? questionna la voix pleine d'inquiétude à l'autre bout du fil.

Il attendait une réponse. Une réaction. N'importe quoi. Peut-être un cri. Peut-être des sanglots. N'importe quoi. Mais une réaction. Rien. Rien ne me venait si ce n'était cette incapacité à réagir. L'emprise que j'avais sur le téléphone se desserra et l'objet tomba lourdement sur le sol. Le choc tinta à mes oreilles et je réalisais. Soudainement. Brutalement.

- Salem... soufflais-je entre mes lèvres tremblantes. Un poids. Énorme. Un poids. Terrassant. Ma cage thoracique se soulevait et s’affaissait au rythme de ma respiration devenue difficile. Je manquais d'air. Je suffoquais. Un étau comprimait ma poitrine douloureuse. Je voulais hurler mais seul un son étouffé par les sanglots sorti. Les secondes s'égrenaient et l'impossible devenait tangible. Les secondes s'égrenaient et les mots se répercutaient dans mon esprit confus. Les dernières barrières cédèrent. Ce poids, si lourd. Ce poids, trop lourds... Je ne le supportais plus. Mes genoux heurtèrent la dureté du sol, incapable d'en supporter d'avantages.

Et ça me prenait aux tripes. Cette douleur qui se généralisait dans tout mon être. Qu'on m'arrache un bras. Qu'on m'arrache le coeur. Mais pitié, que tout cela cesse. Ma vision se brouillait et bientôt, je ne distinguais rien d'autre que la couleur des murs. Sans contour. Tout me paraissait flou. Et je suffoquais. Encore. Je manquais d'air. Toujours. Cet étau se resserrait encore. Ma poitrine allait exploser. J'allais imploser.

J'avais l'impression de mourir. Encore une fois.

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❝ DOES HE GIVE YOU WHAT YOU WANT? ❞

Salem. Son nom qui avait retenti dans l'appareil qu'Ariana tenait collé à son oreille résonnait incessamment dans ma tête, tel un écho dans une grande pièce vide. Plus rien n'importait. Plus rien n'était le même. J'avais oublié la raison pour laquelle je me trouvais dans cet appartement, pourquoi je m'étais déplacée jusqu'à cette pièce. Je ne désirais plus comprendre les raisons qui m'avaient poussé jusqu'ici et celles qui justifiaient l'accoutrement disgracieux et dégradant de la blonde qui se tenait devant moi. Mon cerveau ignorait tous les scénarios que je pouvais m'avoir créé à sa vision, absorbé par cette voix étrangère qui ne s'adressait pas directement à moi. Je regardais celle qui m'avait provoqué une irritation insoupçonnée, je la fixais de mon regard perplexe, mais elle était devenue invisible à mes yeux. Je ne l'observais pas de la même manière que je l'avais fait lors de mon arrivé, je ne m'inquiétais plus de son existence ou de sa présence, j'étais distraite. Distraite par ce nom familier dicté d'une manière qui présageait quelque chose que je craignais de découvrir. Mais dont je ne pouvais ignorer. Peut-être que cette conversation seulement cette fille? Peut-être n'avais-je rien à voir dans tout ça? Je devrais certainement tourner les talons et lui laisser un brin d'intimité... Le seul problème était que je me foutais de son intimité. Je ne me souciais guère de mon indiscrétion en demeurant sur place, à écouter une discussion qui ne m'était pas destiné. Non, je ne pouvais me permettre de me soucier de quiconque d'autre que Salem. Je n'y arrivais tout simplement pas. Et pourtant, je n'arrivais pas à imaginer ce qui nous attendait... Je ne voulais tout simplement pas m'alarmer davantage que je l'étais déjà. Peut-être aurais-je dû craindre le pire.

La voix masculine à l'autre bout du fil se manifesta de nouveau, après ce qui me sembla une éternité d'attente. Mon corps se crispa instinctivement à cette détonation. Avant qu'il ne s'engourdisse par l'horreur. Coma. Maintenu en vie. État grave. Ces simples mots utilisés en combinaison me transpercèrent les tripes d'un poignard chauffé à blanc. Une brique me tombait sur la tête. Mes membres se trouvaient soudainement et étrangement engourdis par cette nouvelle, ne ressentant plus rien, ne comprenant plus rien. Je me sentais telle une enveloppe corporelle vide de sens, vide de vie. Lourde. Mon corps était tout simplement trop lourd à supporter, mes genoux menaçant de flancher à tout moment. Je ne voyais plus clair, mes yeux brouillés par un brouillard sorti de nul part. Mes tympans devinrent si douloureux qu'ils n'entendaient que les battements sourds de mon coeur affolé. Mes poumons semblaient avoir perdus leur capacité à pomper l'air, ma cage thoracique se renfonçant vers l'intérieur, empêchant leur expansion. Je n'avais plus aucun contrôle sur qui j'étais, plus aucun contrôle sur mes organes qui se déréglaient. Je me sentis vacillé vers l'arrière, perdant mon équilibre face à un étourdissement soudain. Mon corps se trouvait poussé par la simple force de la gravité et un manque de force de la part de mes jambes qui prirent un certain délai afin de contrer la chute. Afin de m'éviter de m'effondrer au sol.

Un meuble se trouva sur mon chemin et m'empêcha de perdre définitivement mon équilibre. Le choc de la collision fut suffisamment brutal pour me ramener au moment présent. Je revint brusquement à moi-même alors que je me trouvais perdue quelque part dans le cauchemar que je venais d'apprendre. L'air s'engouffra à pleines bouffées dans mes poumons qui souffraient d'un manque de souffle et qui peinaient à se gonfler à leur pleine expansion. Une douleur nouvelle. Je chassai instinctivement ce voile humide qui s'était créé devant mes prunelles incrédules, retrouvant une force que je croyais envolée. Restée planter ici et ne rien faire, ce n'était pas une option. Je ne pouvais plus demeurée dans cette pièce imprégnée par sa présence alors qu'il n'y était pas... Alors que sa vie était mise en danger. Une pulsion incontrôlable m'alluma et me poussa à briser mon inertie. Dans un élan soudain, je me redressai du meuble sur lequel j'étais venue m'appuyer et tournai les talons vers la sortie. Je traversai le couloir menant à la porte d'entrée de l'appartement en seulement quelques pas pour finalement l'ouvrir à la volée. Sans me soucier de la refermer derrière moi ou de jeter un dernier regard à la blondinette que j'avais laissé derrière, j'engageai une course effrénée.

THE END

sujet terminé et verrouillé

Sujet: Re: ❝ your mind is in chains ❞ - ARIALEE

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» Where is your mind little monster? Dunstan L. Bradshaw
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