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MessageSujet: butterfly effect. › (haker)   butterfly effect. › (haker) EmptyJeu 12 Juin - 1:38



BANG BANG, I

SHOT YOU DOWN.
hades vs. ryker
Some of them want to use you. Some of them want to get used by you. Some of them want to abuse you. Some of them want to be abused. Everybody' s looking for something.

Ces putains de sangsues avaient bouffé ton dealer.

Depuis plusieurs minutes que tu courais, tu n’avais que cette fatalité en tête. Bousculée, de temps à autres, par un charmant : « putain de merde » intérieur, manifestant avec une exactitude certaine la situation délicate dans laquelle tu te trouvais. Il y avait quelque chose que tu ne perdais pas de vue, et qui te faisait bien plus peur que le cadavre de ce bon vieux Bobby : tu savais pertinemment que tout rapide que tu étais, tu ne ferais jamais le poids face à la course d’un vampire. Tu n'aurais jamais pu atteindre le centième de leur célérité que dans tes rêves les plus fous. Et comme on le dit si bien, les rêves, c’est fait pour être rêvé. Là, t’étais dans la putain de réalité, et ces satanés buveurs de sang allaient te tomber dessus en moins de deux, pour peu qu’ils captent le chemin que tu avais emprunté. Heureusement pour toi, tu avais aperçu de loin l’étendue des dégâts et tu avais fui avant que ton odeur ne leur parvienne. Autrement, dit, tu avais pris de l’avance. Et autrement dit, mieux valait qu’il en soit ainsi.

La lune éclairait largement la ville. Très peu de nuages venaient masquer l’astre et son règne était quasi absolu. L’heure pour les créatures de la nuit de sortir de leurs misérables piaules, de leurs trous à rats répugnants, et de venir terroriser les faibles et inconscients mortels ayant l’audace ou la stupidité de s’aventurer sur leurs terres. Les mecs comme toi, quoi. Quelle idée de dealer en pleine nuit. Quelle idée de vouloir faire passer ta marchandise dans les coins comme ça. C’était la galère, ces derniers temps. Tu perdais tous tes pigeons, les uns après les autres. Et cette histoire commençait à te faire chier. Te blaser. Mais te faire flipper, pas encore tout à fait.

Silencieux, ou du moins tant que tu le pouvais, tu louvoyais dans une ruelle, évitant astucieusement les obstacles en tout genre. Tu avais été éduqué à être un chien ; un redoutable clébard. Tu avais été élevé pour garder en vie quelqu’un, et dieu sait à quel point il était difficile de tenir ce genre d’objectifs sur la durée lorsqu’il s’agissait d’un tiers. Mais là, il n’y avait plus que toi. Toi, et ta sixième vie. Si tu trépassais, tu te contenterais de brûler. S’ils te tombaient dessus, à cette seconde précise, et que l’idée leur venait de faire de toi leur deuxième casse-croûte, tu serais condamné à te consumer à nouveau, et à renaître de tes cendres. Tu aurais vraiment aimé t’épargner cette petite peine. Bon sang, tu n’avais que vingt-cinq ans ! Tu entrais tout juste dans l’année de tes vingt-six. Et l’apocalypse n’était pas une raison valable pour crever aussi jeune.

Tu n’en pouvais plus. Tu aurais aimé que tout s’arrête. Tu aurais aimé savoir qu’en sombrant, tu verrais la lumière — soit-elle blanche ou noire, même si une lumière noire on n’y croit pas trop — au bout du tunnel. Tu aurais voulu être certain de ne jamais plus ressentir cette affreuse sensation de tout laisser échapper. De te sentir partir, mais d’être retenu par la douleur indescriptible au bas de ton dos. Douleur qui s’estompe. Douleur qui s’oublie. Douleur qui disparaît, au moment même où les flammes léchaient ta peau de marbre, et te dévoraient sans te laisser la moindre chance de revenir. Douleur qui pourtant, te rattrapait toujours, même au travers de la mort. Un jour, cette cicatrice ne serait plus. Un jour, tu aurais le loisir de crever en paix, comme tous les autres mortels de ce monde. Comme ce petit crétin de Bobby qui venait de faire complètement capoter ta soirée, entre autres. Mais en attendant, tu étais condamné à te réveiller. Pire que cela, même : à repartir de zéro. Et, à cette seconde précise, c’était bien la dernière chose dont tu avais envie. C’est vrai, quoi. Tu l’aimais bien, ta vie. Même si lorsqu’elle comprenait deux sangsues collées à tes basques, tout devenait subitement beaucoup plus relatif.

Tu savais parfaitement où tu te trouvais. Tu n’avais pas vraiment calculé ton coup, mais en venant au point de rendez-vous ce soir-là, tu t’étais fait la remarque, en un léger sourire, que tu n’étais pas bien loin de son appartement. Et maintenant, tu espérais surtout que cela te sauverait la vie. Bien maigres espoirs, lorsqu’on sait qu’il te restait encore un immeuble à dépasser, et que tu sentais la course des deux vampires sur tes talons. Ils allaient rattraper leur retard d’une fraction de seconde à l’autre. Et quoi qu’on en dise, tu n’étais pas si loin que cela de ton point de départ. Juste le temps pour eux de se rendre compte que le petit vermisseau qui devait rejoindre leur victime venait de leur filer entre les doigts. Une quarantaine de secondes, tout au plus.

D’un coup de pied, tu enfonças une porte déverrouillée — c’est ce qui s’appelle communément enfoncer une porte ouverte, mais dans l’urgence, hein — et tu pénétras dans l’immeuble qu’il te restait à passer. Tu n’avais pas la moindre idée de l’étage auquel se trouvait son appartement. Tu ne te souvenais d’ailleurs plus vraiment de la manière dont tu avais su où il habitait. Ah si. Des lettres sur le bureau de son salon de tatouage. Tu grimpais les escaliers à toute allure, avalais les marches quatre à quatre. Pas le temps de s’enfermer dans les souvenirs, aussi torrides soient-ils. Jamais tu n’aurais remarqué ces lettres si tu n’avais pas pris le temps d’observer autour de toi, en te rhabillant. Au troisième étage, tu arrêtas de grimper. Tu venais d’entendre la porte du bas de l’immeuble s’ouvrir en fracas. Ça y est. Ils étaient là. Mais tu n’étais pas venu ici pour rien. Tu savais que ce n’était pas là que vivait Ryker. Mais dans l’urgence, c’était toujours mieux que rien.

Les gens étaient cons. Ce fut la remarque que tu te fis alors que tu enfonçais d’un coup de pied la porte — verrouillée cette fois — de l’appartement que tu calculas comme donnant sur l’immeuble que tu avais pris pour cible. Un hurlement strident retentit à l’intérieur, lorsque tu te précipitas dans l’habitation. Juste au bon moment. Quelques secondes avaient été suffisantes aux deux vampires pour grimper jusqu’au troisième étage. Tu te retournas vers eux. Ils restèrent bloqués devant la porte, les traits fous. La jeune femme venait de débarquer du salon où elle se trouvait. Tu l’attrapas par les épaules, immédiatement après avoir refermé la porte de l’appartement d’un coup de pied, brisant le nez de l’un des vampires — du moins le déduisis-tu à son cri.

« Écoutez… Elle n’écoutait pas. Elle se contentait de crier. ÉCOUTEZ ! Elle se tut. Faut pas les laisser rentrer, d’accord ? D’accord ? insistas-tu. Elle hocha vigoureusement la tête. Ne leur dites rien qui pourrait être interprété comme une invitation. »

Si tout le monde avait fait comme toi et s’était précipité dans la première habitation disponible, le quota de morts par morsure aurait été bien amoindri. Mais les gens n’avaient pas le réflexe. Ils préféraient courir, et rester à découvert dans les rues. Libres à eux de ne pas avoir le moindre instinct de survie. Tu lâchas immédiatement la fille, et te mis à courir dans son appartement. Tu cherchais quelque chose. Une fenêtre, plus précisément. De la porte de la salle de bain ouverte, tu aperçus ce que tu voulais ; une petite lucarne donnait sur l’immeuble de ta convoitise. Pourquoi vouloir aller jusque là-bas ? Parce que tu ne te sentais pas vraiment en sécurité, ici. Même s’ils n’avaient pas le droit de rentrer, tu n’avais pas la moindre confiance en cette fille. Peut-être marchanderait-elle pour vendre ta peau, en pensant sauver la sienne. Bref. Pas confiance. Et bien qu'elle soit relativement gâtée par la nature et que les dentelles de sa nuisette auraient rendu fou plus d'un, pas envie de planter ton cul ici jusqu’au matin. Alors, tu bouges.

La chambre offrait la perspective idéale pour ton petit plan — un tantinet suicidaire tout de même. Tu ouvris en grand la fenêtre. C’était fou. C’était complètement fou. Mais l’immeuble n’était pas si loin. Les échelles de secours accrochées sur toute la façade du bâtiment étaient encore plus proches. Tu pourrais facilement en attraper une. Et te démerder pour rentrer chez quelqu’un. Ouais. Ç’allait le faire. Pas de souci là-dessus. Un, deux… Trois ? En général, tu te lançais à deux. Ça évitait le suspens insoutenable entre deux et trois. Et cette fois-là encore, c’est ce que tu fis. Tu avais pris tout l’élan que tu pouvais. Ton pied s’appuya sur le rebord de la fenêtre — y a que les boulets pour se prendre les pieds dedans, et pendant un instant tu eu peur de rentrer dans cette catégorie par accident — et tu sautas.

C’était plus loin que ce que tu n’avais pu calculer. Tes mains se refermèrent sur une barre en métal froide. L’une lâcha rapidement, mais tes cinq doigts restants gardèrent fermement leur position. Tu serras les dents, alors que tes épaules en prenaient un coup. Et merde. À la force des bras, après t'être raccroché à deux mains et sans trop de difficultés, tu te hissas sur la petite plateforme métallique. Sans perdre de temps, tu explosas la vitre de la fenêtre qui y donnait, et tu rentras — encore une fois — par effraction dans l’habitation. Au moins, le temps que tes assaillants ne comprennent ce que tu avais dans l’idée, tu t'étais remis à l'abri ; et tu avais peut-être même encore de la marge pour atteindre ton objectif. Y a que dans les films que le héros trouve du premier coup. Et toi, t’avais clairement rien d’un héros. T’étais même pas américain. Après un cri de surprise et sa femme cachée derrière le canapé, le propriétaire de l’appartement attrapa l’arme qu’il avait à portée de main, et tenta de te frapper. Tu pris un premier coup, avant de te redresser d’un grognement et de venir le désarmer. Tout en lui tordant le poignet et en braquant l’arme — bien que blanche — vers sa femme, tu lui demandas le plus aimablement possible :

« R–Ryker. Katzs. Ryker Katzs. Quel étage ? » Sois un gentil voisin. La curiosité est un excellent défaut pour sauver sa peau. Tu tordis un peu plus sèchement, sans aucune pitié pour le pauvre homme. Ce connard t’avait frappé. Il poussa un léger cri de douleur. Ce fut sa femme qui répondit précipitamment, priant visiblement pour la vie de son époux. « Arrêtez ! Arrêtez ! Dernier étage, ce… C’est le dernier étage ! L’appartement tout au fond, le… Le 28 je crois… S’il vous plaît, laissez-le… » « J’vous remercie. »

Sans plus attendre, tu relâchas complètement ta pauvre victime, lui remettant son arme en main, et filant au hasard jusqu’au corridor. Un coup d’œil. Il menait à la porte d’entrée. Tu déverrouillas rapidement celle-ci, et jetas un coup d’œil à l’extérieur. Personne. Et pas un autre bruit que ceux qui provenaient du logement derrière toi. À tous les coups, les vampires étaient encore de l’autre côté. Tant mieux. Tu ne perdis pas de temps. Dernier étage. Manquait plus que ça. Tu grimpas les marches quatre à quatre. Une fois, tu manquas de tomber, mais te rattrapas in extremis. Et finalement, à bout de souffle et un point de côté fulgurant te sciant en deux — les escaliers c’était pas ta spécialité — tu parvins au dernier étage. 28… 28… 28. C’était même marqué Katzs, sur la sonnette. Tu essayas d’ouvrir la porte. Sans grand succès. Il était bouclé à double-tour chez lui, ce con. L’idée te traversa un instant l’esprit d’enfoncer la porte. Mais ton poing s’était d’ores et déjà mis à tambouriner plutôt que de laisser ton pied frapper. Tu saignais de la lèvre, et du nez. Le voisin d’en bas ne t’avait pas loupé. Et les vampires sentiraient sûrement cette odeur de bien loin. Alors, ils comprendraient que tu avais filé — si ce n’était pas déjà fait. Raison pour laquelle Ryker avait plutôt intérêt à t’ouvrir. Et ce, rapidement.

« Allez… Allez ouvre… »

Tu attendis un peu. Puis tu recommenças à tambouriner. De toute manière, ton murmure ne serait pas passé par la porte ; tu ne parlais pas assez fort, tu chuchotais presque, même. Tu ne voulais pas alerter tous les autres voisins. Tu voulais juste qu’il ouvre. Qu’il ouvre, et qu’il t’offre un minimum d’hospitalité. Ton intrusion n’était pas prévue ? Tant pis. Tu le dédommagerais.

Cela t’aurait simplement bien arrangé de ne pas avoir à lui rembourser sa porte d’entrée, en plus du pansement qu’il allait te refiler.

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MessageSujet: Re: butterfly effect. › (haker)   butterfly effect. › (haker) EmptyLun 16 Juin - 12:38


PRETTY WHEN YOU CRY.

Flancher. Flasher. Fléchir. Je flanche sous cette chaleur aveuglante. Celle qui fait flasher le long de ma peau les nerfs en frissons. Et mes jambes fléchissent un instant sous le poids de ce monde. Les fanions funambules de cette fortuite alerte des forts intérieurs se font flottants facilement dans le feu du physique. Battement de cils. L'eau dévale et file le long de mon échine. Sempiternel renouvellement, de cette cascade en prévision qui abreuve les blessures profondes. Battement de coeur. En face, il y a le carrelage blanc. Et mes mains. Plaquées contre. Ces mains aux jointures éraflées. Du rouge et du bordeaux. Des éclats minimes qui se cicatrisent sous mes yeux. Inspiration. Expiration. Les traces s'évanouissent. Les restes des chocs, anéantis. Pas une trace. À peine. De tout ce manège, il ne restait à la fin que quelques maigres cicatrices. Quelques uns pour décorer le corps et broder les histoires à même la peau. Mais pas la peine, pas la douleur. Pas les mois de récupération. Il suffisait d'un battement de cil, d'un battement de coeur.

Soupir. Je soupire doucement, alors que l'onde ruisselle. De laver mon âme à laver mon corps, il semblerait qu'il n'y ait qu'un pas. Un pas, mais aussi une barrière surmontée de fils barbelés, avec quelques tigres pour roder autour de cette frontière pourtant si mince. Je déglutis. Fixe toujours ces mains que sont les miennes. Ces mains, paumes contre le froid blanchâtre. Pourquoi t'as fait ça ? Faire ça. Ou plutôt pourquoi avoir frappé les carreaux à s'en faire saigner. Pour mieux voir au final que, comme prévu, comme toujours, mes phalanges sont plus rapides à cicatriser que le mur en face. Il reste des traces. Couleurs de vin sur les parois humides. Je renifle. Je m'entête. Pourquoi, je ne sais pas. Pourquoi je m'obstine aveuglément. À vouloir sentir ce que ça fait. À vouloir voir si, comme par magie, un jour, tout ne va pas redevenir comme avant en un instant. Pincer les lèvres, fermer les yeux. Expirer lentement tout l'air qui stagne dans mes poumons. Les muscles qui roulent, les épaules qui se débloquent. Je me redresse, Débloquer les articulations tétanisées. À force de se figer, à force de rester ainsi, stoïque, dans la même position. Frisson. Mes mains glissent sur mon visage. Visage que je tends au pommeau de douche. À la source même de ces déferlantes continues. Je relâche ce mur, je relâche les prises. Je laisse le courant me noyer. Sans un mot. Sans un son. Sans un bruit. Jusqu'au fracas.

Le fracas. Les tambours. Et ma porte fermée à double-tour. Je tressaille. Les réflexes, les instincts. Mouvement violent. La rivière s'arrête de couler. Tarie à la source. Respiration, la lancinante. Les tremblements. Le retour à la réalité. Et la réappropriation des esprits. Regard alentour. Incertain. Je suis incertain de savoir. Si j'ai rêvé ou si il s'agissait bien de la réalité. Mais le naturel veut que je garde les précautions. Que je me glisse hors de cette douche. Rattrape une serviette et, en vitesse, me sèche avant de nouer le tissu autour de ma taille. Aux aguets. Sortir avec les pas lents de la salle de bain. Et de nouveaux coups m'électrisent. Je ne sais pas pourquoi, là non plus. Pourquoi, ce soir, cette nuit, que l'on vienne frapper à ma porte se ressente en mon coeur comme une agression personnelle. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est bien le cas. Je traverse en vitesse le salon. Mon regard s'accroche à ces vêtements abandonnés, là, au pied du canapé. Pas ceux d'un autre. Pas de ça. Tendre les bras, se contorsionner. Pour enfiler ce caleçon en clopinant jusqu'à la porte d'entrée. La serviette finit posée sur ma nuque. Soulever le judas. On frappe, on frappe, et chaque écho dans la porte est un écho dans mes os. Un regard à la volée. Un visage furtif que je reconnais. Au milieu des blessures, des traits familiers. Le sang dans mes veines ne fait qu'un tour. Lancé à la vitesse de la lumière. Il faut déverrouiller tous les points. Mais l'habitude faisant, cela ne prend plus autant de temps. Pour au final ouvrir la porte. Presque à la volée. Et que mes yeux anisés verrouillent leur cible. Là devant moi. Sans comprendre comment, sans comprendre pourquoi. Hades.
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MessageSujet: Re: butterfly effect. › (haker)   butterfly effect. › (haker) EmptyMer 18 Juin - 0:30


BIG BAD HANDSOME MAN.


Tu n’avais qu’une crainte, en cet instant : que le lycanthrope ne soit pas chez lui. Qu’il ne t’ouvre pas, c’était une autre histoire. Si tu entendais le moindre bruit derrière la porte et que tu percevais les vampires qui rappliquaient, tu enfoncerais le battant. Tu n’avais pas l’intention de crever ici, sur ce putain de palier, à supplier ton plan cul de l’autre soir de bien vouloir te laisser rentrer. Plutôt lui repayer une porte que de claquer comme un couillon devant celle-ci. Il tambourina une nouvelle fois, jetant un regard bref derrière lui. Personne. Mais ça ne saurait tarder. Il aurait fallu qu’il cesse de s’impatienter. S’il y avait quelqu’un, il arriverait. Cependant, la situation était comme qui dirait à l’urgence. Alors tu t’impatienterais un autre jour.

Au moment où tu reculais d’un pas pour prendre de l’élan et enfoncer la serrure d’un coup de pied, la poignée s’abaissa. Tous tes muscles se détendirent d’un coup, alors que tu levais les yeux vers la silhouette qui se tenait dans l’encadrement de la porte. Une simple serviette sur les épaules, et un caleçon pour cacher ce qu’il y avait à cacher. En voilà une tenue pour accueillir un invité de ta marque. Aerm.

« Putain mais j’ai cru que j’allais me faire trouer avant qu’t’aies fini ton brushing, ma parole. »

Sans la moindre délicatesse, tu rentras dans l’appartement, refermant la porte derrière toi. À double-tour, tant qu’à faire. De toute manière, ils ne pourraient pas rentrer, que tu la fermes à clé ou non. Sauf si Ryker les avait déjà invités chez lui. Mais connaissant l’animal et sa méfiance pour les vampires, les chances pour que ce soit le cas semblaient infiniment… Minces. Tu te tournas vers lui, à nouveau, calant ton dos contre la porte. Un léger sourire se traça sur tes lèvres, tandis que ton regard accrochait le sien. Tu observas ses lèvres, quelques instants. Le souvenir d’un baiser, furtif mais bien réel, vint percer la surface de tes pensées. Ton sourire s’élargit encore davantage, tandis que tu retournais plonger tes prunelles foncées dans les lacs émeraude de ton vis-à-vis.

« Je suis content de te voir. » Mais pas pour la raison que tu crois. Enfin, pour ça aussi, mais principalement… Pas vraiment. « Sois gentil, si deux jolies sangsues viennent se coller à ta porte, les invite pas à entrer, d’accord ? » Ce serait dommage que je sois obligé de te faire taire… À ma manière.

Une autre manière de dire que tu avais des ennuis. Qu’il n’était là que pour te sauver la mise, plus ou moins. Mais tu devais avouer que dans cette tenue, il te servirait probablement à autre chose. Hm. Pense pas à ça, mon loup. C’est pas le moment, et tu n’en as de toute manière pas envie.

Tu portas tes doigts à ton visage, essuyant le sang qui coulait de ton nez. Une petite grimace, alors que tes doigts effleuraient ta lèvre. Il ne t’avait vraiment pas loupé. Tu ne voulais pas que Ryker s’inquiète, même s’il te paraissait évident qu’il ne se laisserait pas faire sans le moindre commentaire. Ce gars avait plus ou moins aussi mauvais caractère que toi, et vos échanges pouvaient s’avérer… Musclés. Pourtant, vous n’en aviez pas beaucoup eus. Tu ignorais presque tout de lui. C’était ton tatoueur, et tu allais le voir depuis un certain temps déjà. Mais votre première vraie conversation avait été autour d’un verre, totalement par hasard, dans un bar. Tu l’avais trouvé attirant, et il te l’avait visiblement bien rendu. Vous aviez échoué dans son salon de tatouage pour le reste de la soirée. Et, quitte à dire les choses sans poésie aucune, tu l’avais baisé une bonne fois pour toutes dans son commerce. Depuis, plus rien. Tu l’avais revu pour prendre rendez-vous, de manière strictement professionnelle, alors que quelqu’un attendait à quelques mètres de vous. Et voilà que, finalement, tu débarquais chez lui. Comme un cheveu sur la soupe, tu le brusquais, et tu lui faisais comprendre qu’il avait plutôt intérêt à te venir en aide. Pire que cela, même ; tu ne pouvais t’empêcher de sentir cette envie grimper en toi, ce désir de vouloir refermer ta poigne sur ses cheveux courts, et de lui dévorer les lèvres avec cette hargne qui était tienne. Mais tu avais d’autres chats à fouetter. Et s’il voulait une partie de jambes en l’air, il allait d’abord falloir qu’il parvienne à te calmer un tant soit peu. Tu n’étais pas aussi serein que tu pouvais en avoir l’air. Tu étais trempé d’avoir couru aussi vite, et tu mourais de chaud. Sans la moindre gêne, tu ôtas d’ailleurs ta veste, passant une main sur ton front, jusque dans tes cheveux légèrement humides à leur base. Tu remarquas que ton hôte semblait lui aussi mouillé, mais il te semblait évident — au vu de la serviette autour de son cou — que ce n’était pas pour les mêmes raisons. Tu faillis lui dire qu’il pouvait retourner sous la douche s’il le voulait, mais tes yeux s’arrêtèrent finalement sur ses phalanges. Ton sourire plus ou moins irrité était retombé. Tes narines se dilatèrent sous l’effet d’une légère colère, d’une irascibilité inquiétante. Il fallait que tu te calmes. Mais tu n’étais pas dans de bonnes dispositions pour ce faire, malheureusement.

« Qu’est-ce que t’as foutu ? »

Ce n’était théoriquement pas à toi de poser les questions. Tu avais néanmoins fait un pas vers lui pour attraper sa main, et croiser ses doigts avec les tiens pour les ramener vers ton visage, afin d’en inspecter les plaies. On aurait dit qu’il avait frappé férocement quelqu’un. Ou plutôt, quelque chose ; quelque chose de dur, même. Trop dur pour des poings, même de loup. Tes yeux attrapèrent les siens, et tu relâchas sa main. Tu étais sûrement trop proche de lui, mais ça t’était égal.

« ... Désolé. » Tu reniflas doucement, et jetas un léger regard vers la porte. « … Merci de m’avoir ouvert. »

Ton regard se posa à nouveau sur lui. Tu laissas échapper un assez long soupir. Tes mains tremblaient, tes genoux également. Tu étais dans un état de nervosité absolu, et tu avais l’impression que rien ne pouvait te calmer. Il allait cependant que tu parviennes à te contrôler : tu étais hors de danger.

Tu déglutis lentement. Tu fermas les yeux. Ta tête bascula légèrement sur le côté, alors que tes épaules s’affaissaient, dans la continuité de ton soupir. Tu ne bougeais plus. Tes pensées s’égarèrent quelques instants. Derrière la porte, des cris retentirent. Ils sentaient l’odeur du sang. Cette hémoglobine qui fuyait de ton nez, de ta lèvre. Ils t’avaient pisté jusqu’ici à cause de ça. Et s’ils ne pouvaient pas t’attraper, tu craignis alors pour Ryker. Égoïstement, tu l’avais attiré dans tes ennuis. Et tu n’étais alors pas sûr que cela lui fasse réellement plaisir.

« Je suis désolé. J’savais vraiment pas où aller… »

En sécurité chez lui, oui. Mais pour combien de temps encore ?
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MessageSujet: Re: butterfly effect. › (haker)   butterfly effect. › (haker) EmptyMer 6 Aoû - 19:17


WEIGHT OF YOUR WORLD.

(c) about today.


Agressé verbalement dès les premiers centimètres d'ouverture passés. Les cils battants et l'air blasé, pourtant, me collaient à la peau et aux traits. Peut-être pas si indifférent que cela. À voir les lèvres doucement retroussées qui étaient miennes. Comme si, fils invisibles dans le vent et l'atmosphère, le mécanisme des chaînes tractant lentement les commissures de ma bouche s'était sournoisement mis en route. Au premier instant. Au premier regard. En défi et nuance, tranquillité et coeur tambourinant. Et les mots étaient absents. De ma gorge, de mon palais, du plat de ma langue. Rien ne sortait. Sauf ce regard. Incapable de le détacher. Comme une bête soudainement appâtée. Dans la fraction, dans l'instant, le malaise latent s'était rabattu dans sa tanière. Il grondait toujours en boule noire rongeant son frein au creux des reins. Mais il y avait d'autres choses à penser. Des choses qui avaient la forme de la courbure de ses lèvres. De sa respiration lourde. Du sang sur sa peau. Électrisant. Comme un électrochoc. Regard anisé se redressant vers ses lacs bleutés. Et l'ironie au bout des dents. Alors que je penchais légèrement la tête sur le côté. Regard équivoque. "Te gênes pas pour rentrer chez moi comme ça, territoire garantie sans suceurs de sang." Tu l'entends, le sarcasme mal orchestré mais bien sincère, Hades ? C'est pour lui, qui se déshabille sous mes yeux. Lui, à qui les remarques ne viennent pas. Même si les doutes et les peurs flottent. Qu'est-ce qu'il a foutu ? Pourquoi est-ce qu'il est dans cet état-là ? Plutôt rester stoïque. Les souvenirs sont encore trop frais. La rancoeur pinçant légèrement mon coeur. Parce qu'il n'y avait pas eu un mot de plus. La fulgurance des désirs, le silence, et un retour cordial. Et il se tenait là, devant moi. Son odeur lourde et légère, sueur et hémoglobine, et la senteur de sa peau. Là, sous mon nez.

Les frissons discrets courent le long de ma colonne vertébrale. Il est déjà à se jeter là sur ces poings écorchés. Et le coeur déraille. Les prunelles restent fixées. Et la pression de sa main contre la mienne, soudaine. Regard interrogateur, mots inquiets. "J'peux te poser la question aussi." Ce n'est plus si dur, de feindre l'assurance, avec les années. Malgré les passages à vide, les traitements de chien battu. La honte et l'humiliation personnelle. Et il suffisait d'apprendre à sourire avec un air carnassier. Prêt à en découdre et prêt à mordre au lieu d'aboyer. Lui, je l'aurais bien mordu. Là, maintenant. À la gorge. Morsure affamée. L'estomac se tordant de la faim de son être. Dégager ma main de la sienne. La cicatrisation est douce et lente. Tranquille et paresseuse. Défaire la serviette du tour de mon cou. Enroulant machinalement la matière éponge autour de mes phalanges. Détournant enfin pour quelques secondes mon regard de sa belle gueule brisée. Un vague marmonnement. Je pouvais tout accepter. Les excuses, les remerciements. Il était désormais ici présent, là, maintenant. Lui et ses blessures. Hades et la traînée d'emmerdes qui le suivait contre vents et marées. La serviette finit roulée en boule. Et mes prunelles viennent raccrocher les siennes. Sourire à demi-effacé. Me détourner, léger soupir, en traînant tranquillement des pieds. Pour me diriger vers la salle de bain. Retour à la case départ. Mais que pour l'histoire de peu de temps. Celui de jeter le tissu dans une corbeille. Et de revenir vers Cheitan. Je ne portais qu'un caleçon. Vulgaire habit. Il faudrait un jour que je range mes tendances à la nudité au placard. Mais dans une vie où il n'y avait pas la possibilité qu'à chaque instant un petit brun vienne agoniser à ma porte, ce n'aurait pas été gênant. La vie d'avant. Plus celle du présent d'alors.

Les lassitudes. Les vagues souffles. Les pulsations des artères. Et l'envie. De quelques coups d'oeil. De l'impromptu. L'envie de tout-à-coup le plaquer encore contre cette porte qu'il avait si brusquement refermée derrière lui. L'envie de dévorer sa gorge et de mordre ses lèvres. De piéger ses doigts entre les miens. De plus. Toujours plus. De sentir sa peau vibrer. Sous un toucher interdit. Une inspiration. Une expiration. Un mince sourire. Et le silence. Ne restait donc plus qu'à appliquer la trame des rêves à la réalité. Dans le creux du ventre familier de la nuit. Et dans celui de sa chute de reins.

THE END.
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