L'esprit, le vampire et la sorcière. [Asmolake]

L'esprit, le vampire et la sorcière.

Les filets noirs collés sur son crâne, Asmodée fixe la devanture tranquille de la maison de quartier. En apparence seulement. Ses esgourdent perçoivent les criquets, ses prunelles hésitant, entre l'émeraude et l'opale distinguent les lumière filtrant à travers les vitres. La rouquine planquée sous sa perruque brune a l'air pâle sous l'éclat de la lune. Tout en frictionnant ses bras, la sorcière inspire et expire. Elle a un mauvais pressentiment, très mauvais. Ce genre d'exercice est loin d'être inscrit dans ses premiers jets. Elle n'est pas débutante, et malgré son apparence de jeune trentenaire, Asmodée est loin d'être une jeune femme dépourvue d'expérience. La brune temporaire se racle la gorge, tirant nerveusement sur son lobe droit tout en avançant mécaniquement un pied devant l'autre.  Elle doit penser à la récompense.

La récompense.
Uniquement ça.
Le gain.

Faire le sale boulot, s'arranger pour ne pas tuer l'hôte, et envoyer cette pourriture du bon côté du voile. Et si l'enfer existe, qu'il y pourrisse. Au fond, l'histoire reste la même : Asmodée ne s'en soucie plus. Elle a cessé de se préoccuper du bien être d’autrui. La créature aux immenses guibolles sort un bout de réglisse de sa poche, le portant à ses lèvres, mordant, tirant et mâchouillant frénétiquement avant d'avaler la confiserie. Ce truc a le don de lui remonter le moral ou de l'apaiser, Contrairement aux accrocs à la clope ou à la dope. Mimique étrange, habitude obsédante.  

« - Mademoiselle Lockhart ?

La rousse pote ses doigts badigonés de sucre aux lippes, ne se sentant pas le moins concernée du monde par l'appel.

- Mademoiselle ? …

L'intonation de la voix masculine se fait plus insistante, plus ettoufée. Paniquée. Et Asmodée se souvient soudainement. Lockhart, le nom de son choix pour sa couverture. Un contacte détestable sur son épaule, et la rousse sursaute avant de se détourner. Un homme d'une quarantaine d'année à l'allure quelconque lève les mains en bouclier devant lui. Sa peau est pâle, souillée de sueur et ses mains semblent moites.

- Ca va, c'est moi … Votre contacte … Balbutie le brun en levant légèrement le menton pour la détailler. Asmodée doit bien faire une demi tête de plus que lui, sans porter de talons. Sa grandeur surprend la plupart des types qu'elle croise.

La perche diaphane soupire, hochant le menton avant de regarder la petite maison. Calme. Bien trop calme.

- Ouais … D'accord, on peut y aller ? Le presse Asmodée en jetant plusieurs coups d'oeil nerveux autour d'elle. Elle déteste traîner la nuit, hors de chez elle.

L'obscurité est le repaire des damnés. Si Asmodée ne se préocupe pas d'eux – Après tout, Alice et Marius son des vampires, et des amis – elle préfère éviter de tomber nez à nez avec un Originel rencunier. Inutile de faire traîner l'affaire, elle sent que les choses risquent d'être déjà particulièrement … Corsées.



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Corsées ? Saloperie d'euphémisme.

Asmodée sent qu'elle va recracher ses poumons. Ses tennis frappent l'asphalte, tandis qu'elle pique un sprint usant. Elle a beau pratiquer du sport pour garder la forme au travail, ses organes respiratoires menacent d'être gerbés par ses lippes. C'est que cette saloperie court beaucoup trop vide. Et en pleine rue, devant témoins. La fille décharnée à la force surréaliste s'enfonce entre les branches et les troncs de Central Park. Après avoir traversé tout Manathan au pas de course, manquée de peu d'être frappée par un véhicule et trébuché sur une stupide racine, la voilà qui trottine, le souffle coupé et des plaies béantes aux poignets. Elle n'a pas la force de retenir cette chose, et si personne ne l'immobilise pour elle, l'exorcisme sera une tâche … Impossible. L'esprit frappeur coincé dans le corps n'a pas l'intention d'en sortir tout seul, comme un enfant abdiquant après une réprimande Parce que non, vraiment, c'est pas bien de posséder la gentille femme.

Elle est coincée.

Asmodée inspire à nouveau, toussant et ralentissant la cadence. Le lieu est loin d'être ce qu'il était par le passé. Le petit pont de pierre sur lequel elle s'arête a subit les dégâts du temps. La roche noircie est brûlée par endroit sous ses pieds semble presque partir en miettes et s'effriter sous ses semelles bousillées.

- Merde … Qu'elle jure, à bout de souffle.


Elle a perdu la fille. L'esprit. Une solution. Réfléchir. Vite. Asmodée se mord la lèvre, incapable de garder son calme. Jusqu'à ce qu'elle le sente. Là, dans l'obscurité. L'énergie étouffante. Asmodée se redresse, cherchant sa cible du regard. Vampire, vampire, vampire. Le mot clignote dans son crâne alors qu'elle avise un grand brun au milieu des arbustes. Là ! La solution. L'énergie de son corps risque d'être draînée jusqu'à ne faire d'elle qu'une masse organique inerte. Mais elle n'a plus le choix.

- Eh ! Interpelle Asmodée en traversant le pond, se précipitant sur l'être. Tant pis s'il n'est pas fiable. Au moindre faux pas, elle peut faire de ce mort ambulant son pantin.

La rousse masqué sous ses filets bruns pique un nouveau sprint, freinant devant l'être à l'allure d'un jeune homme. D'apparence, il pourrait presque avoir le même âge que ses neveux. Mais l'énergie du vampire lui prouve qu'il doit bien avoir plus d'un siècle. Grosso modo.

- 500 Dollars pour retrouver une fille et m'aider à lui remettre les pendules à l'heure, ça vous branche ? »

Irrationnel. Rapide et légèrement agressif. La sorcière serre les points, prête à faire plier l'animal en cas d'attaque. Si l'argent ne suffit pas à l’appâter, elle utilisera la méthode brute.

Tous les moyens sont bons pour en venir à ses fins.

© disturbed