❝ dying to make your blood hum ❞ - novaidan

dying to make your blood hum
❝ AND TREMBLE LIKE THE FAIRGROUND LIGHTS ❞
Bruyant, étourdissant, envahissant... Les commerces du Bronx grouillaient d'activités jusqu'au coucher du soleil. Un besoin, une envie? Il fallait se déplacer dans cette marre de gens, déambuler devant les divers kiosques qui se présentaient devant nous, mais vous n'étiez pas assurer d'y trouver votre compte. New York était pauvre. Et ce n'était certainement pas les achats effectués dans cette ville qui permettaient de cacher l'évidence, de faire croire le contraire. Enfin, jamais je n'avais pu trouver une véritable satisfaction, à moins d'en payer le prix. J'avais beau détester mon boulot, mes "supérieurs", mais je ne pouvais me plaindre de ma paie. Elle me permettait de me loger, un loft modeste, mais lumineux et vaste. Elle me permettait non seulement de me vêtir, mais de pouvoir choisir les vêtements qui me plaisaient. J'avais passé tant d'années dans la misère, vagabonde, une véritable sans-abri, ma fierté en avait prit un coup. Alors aujourd'hui, maintenant que j'avais repris tout en main, que je faisais ce que je pensais essentielle pour ma survie, je me permettais quelques folies, un semblant de bonheur et un sentiment d'être belle et désirée. Il s'agissait d'une gâterie, un luxe, que les habitants de cette communauté ne pouvaient s'offrir à tous les jours de cette misérable vie. La survie était plus essentielle que l'image ou l'attirance physique. Certes. J'étais superficielle et ça me plaisait.

Cette fois-ci, je ne m'étais pas déplacée jusqu'ici pour le simple plaisir de me vêtir et me vider les poches. Les boutiques fermaient bientôt leur porte alors que le soleil descendait à vu d'oeil à l'horizon. Si j'avais voulu dépenser des billets, j'aurais visité le marché noir, plus clandestin. Peu de gens s'attardaient dans les rues à cette heure, sachant que la nuit n'était pas une heure sûre pour se promener. Et puis, il n'avait rien à accomplir en ces lieux après la fermeture de tous ces marchants. Et pourtant, moi, j'étais toujours là, à faire claquer mes escarpins sur le bitume. Mon accoutrement détonait dans ce décor triste et désert. Cette robe courte et de couleur chatoyante pouvait attirer de mauvais regards, faire fleurir des pensées perfides dans de vils esprits. Et là était peut-être mon but. Je laissais les boucles de mes cheveux châtains rebondir sur mes épaules alors que mes hanches se mouvaient inconsciemment dans ce quasi silence des lieux. Je n'étais guère seule, mais seulement quelques clients retardataires s'empressaient de payer les marchants afin de retrouver leur foyer ou aller vaquer à d'autres occupations. Qui sait ce que ces gens peuvaient bien accomplir dans leur temps libre... J'avais l'oeil vigilant, à l'affût. J'étais en chasse. Certes, mon oeil était davantage attiré par les silhouettes masculines - d'ailleurs, rares étaient les femmes que j'accostais pour mon boulot... Les vampires que je servais ne se priaient pas de me le faire remarquer - et le buffet n'était malheureusement pas très intéressant ce soir. Il faudra que je trouve un endroit plus propice à ma tâche. Mais j'en avais marre des bars, des trous à rats où les grosses brutes se rassemblaient et attendaient que la vie ne se passent. C'était déprimant. À quoi pensais-je de trouver mon compte à cette heure dans les environs des commerces? De plus, ce n'était pas l'endroit le plus discret... Un long soupir traversa mes lèvres alors que mes épaules s'affaissaient, ignorant les regards interrogateurs des derniers passants.

Et il était là, au loin. Comme une illumination du ciel, un cadeau directement posé sur mon chemin pour combler mes désirs. Seul, avec cet air d'innocence, ce gentil visage d'homme qui se cherche, qui ne veut blesser aucune âme vivante. C'était une proie facile, j'en conviens, mais c'était tellement différent des gens que j'avais l'habitude de rencontrer. Ça m'animait. Je voyais cet inconnu comme un défi, comme un bris dans ma routine lassante et répétitive. Cet homme allait rendre cette soirée naissante tellement enrichissante et divertissante que j'avais déjà envie de le remercier! Sans plus attendre, avant qu'il ne puisse me glisser des mains, j'emboîtai le pas. Mes talons frappaient le sol avant tant de conviction que j'étais persuadée que l'écho de mes souliers pouvaient être entendus dans tout l'état de New York. J'affichais mon sourire le plus séducteur, remontant ma poitrine et m'ébouriffant la crinière. L'instinct de chasseur refaisait surface.