Ulrik suit une piste. Oh, il n'a pas besoin d'être sous sa forme de loup pour ça, son odorat est suffisamment bon sous sa forme humaine. Quoi qu'il en soit, il passe d'un immeuble à l'autre, le Bronx, c'est un peu son domaine de prédilection. Il habite dans le coin et y passe le plus clair de son temps, quand les vampires ne l'envoient pas ailleurs.
Inépuisable ou presque, le lycan suit de loin ses proies. Alternativement sur les toits et au sol, il peut laisser une large distance entre eux sans perdre leur trace. C'est l'avantage d'être un loup-garou. C'est très certainement pour ça que les Vampires emploient sa race pour faire ce genre de besognes. Légèrement vouté vers le sol, il avance vite alors que les gens qu'il suit font de même. Ils sont faciles à repérer, même si les mutants sont nombreux dans le quartier. Ceux-là ont leur petite odeur à eux. Ulrik ne saurait pas dire pourquoi, et il s'en fout, du moment qu'il peut les poursuivre sans se fatiguer outre mesure.
Un peu plus tôt dans la journée, alors qu'il n'avait dormi qu'une heure à peine, on avait de nouveau fait appel à ses services. Principalement parce qu'il était le plus près et parce qu'il était là, tout simplement, pour ça. On avait eu des renseignements sur une bande de mutants qui avaient un comportement plus que louche et il fallait surveiller tout ça. Ce n'était pas la première fois et ce ne serait sûrement pas la dernière non plus... Ils avaient de la chance que leur toutou soit opérationnel et jamais repu de courses-poursuites et de bagarres. Rick avait alors vite fait embarqué ses affaires et avait quitté son appartement.
Il sentait son revolver peser un poids familier entre ses reins tandis qu'il courait toujours après les mutants criminels.
Soudain, ils ralentirent et l'agent de la paix perçut d'autres de ces humains un peu spéciaux. Mais pas que. Dans la ruelle qui semblait intéresser tout ce petit monde, il y avait d'autres gens. Et des gens pas forcément humains non plus. Parfois, Ulrik se demandait si l'humanité normale n'était pas en voie d'extinction...
Pendant un temps, il n'y a pas vraiment de mouvement. Les mutants observent leur proie et Rick observe les mutants. Puis d'un coup, ceux qu'il avait suivit filent dans un sens, vers l'entrée de la ruelle qui recèle tant d'attention. Ils sont tous encapuchonnés, rapides et d'aspect difformes sous les yeux du lycan. Ceux-là même qui sont devant lui se glissent entre les carcasses de voitures à l'aspect vétuste barrant la route à une silhouette encapuchonnée. L'homme-loup se fait encore discret pour le moment, même si leurs intentions sont visiblement mauvaises... Il y a des informations peut être utiles qui pourraient jaillir de tout ça. Pourtant, il prend quand même son arme en main. Après tout, ce n'est pas toujours la meilleure solution de se transformer en loup.
Mais le premier à ouvrir le feu fut la potentielle victime. De son manteau le reflet métallique d'un pistolet sorti dans la pénombre de la ruelle. Une explosion caractéristique se fit entendre alors que la balle transperçait déjà le premier mutant qui s'était approché trop près. Une gerbe de liquide sombre sortit de la blessure et Ulrik fronça le nez sous l'odeur vive et agressive du sang.
Pourtant, les mutants approchaient toujours et l'homme au manteau commença à tirer dans tous les sens. Les coups de feu de l'agent de la paix se mêlèrent à ceux de l'inconnu mais sans parvenir à arrêter les mutants insensibles.
« Et merde ... ! » Dans un souffle, Rick rangea son arme encore chaude dans une poche de son blouson et retira celui-ci rapidement, vite suivit de ses chaussures et de son pantalon.
Au fond, le reste il s'en fichait.
La transformation dans cet état de stress et d'excitation fut assez rapide mais extrêmement douloureuse. Pourtant, le loup abandonna vite les lambeaux du t-shirt et des sous-vêtements de l'humain pour se jeter sur le premier mutant qui venait. Les pupilles brillantes d'agressivité non dissimulée, les crocs de l'animal se refermèrent avec force sur un mollet à la drôle d'allure et au goût infecte. Pourtant la boule de poils ne lâcha pas avant de donner un violent coup de tête pour projeter le mutant au loin.
De cette manière, il se fraya un chemin plus ou moins rapidement jusqu'à la silhouette de l'homme au manteau qui subissait toujours les assauts des autres de l'autre côté de la ruelle. Le loup pouvait clairement sentir la présence de la magie à présent et celle-ci lui picotait l'échine sans discontinuer.
Ulrik, sous sa forme lupine, avait reçu des coups aussi bien qu'il en avait donné et avait quelques blessures qui avaient laissé du sang sur sa fourrure avant de se refermer.
Pour l'instant, il tentait de se débarrasser de son lot de mutants, mais s'il avait pu voir les détails du visage de l'homme qu'il défendait, celui-ci lui aurait sûrement rappelé quelque chose... Après tout, on oublie pas si facilement la tête des ennemis de ses boss...