No one have to know [pv thorun]

C'était une soirée comme une autre. J'avais enfilée une robe noire, sexy sous laquelle ondulait mes fesses. Mon maquillage était accentué, d'un noir profond afin que mes yeux soient les seuls joyaux que je porte. Au moins ceux là, on ne me les volera pas. Ou alors, c'est que je suis très mal en point. Je dis cela comme si ça ne pouvait pas arriver, alors même que j'ai connaissance de cas comme ceux là dans le Bronx. Tout est bon pour le commerce, et celui d'organe devient de plus en plus recherché. Pour les yeux, j'avoue ne pas avoir croisé de personnes à qui ils leur manquaient, mais les vampires ne connaissaient pas de limite dans l'expérimentation.

Je ne croisais pas mon frère. Il ne voulait pas me parler des affaires du gang pour ma protection. Il jouait avec le feu, j'en étais sûre, même si mon frère ne me laissait pas savoir si c'était au figuré ou non. Il y avait quelque chose dans ce rêve sur mon frère qui ne me rassurait pas. En même temps, voir une personne enflammée n'était pas rassurant dans tous les cas. Mais je n'avais rien réussi à tirer de lui. C'était lui qui était là pour veiller sur moi et pas l'inverse. Toujours la même chanson. Et je m'en contentais. De toutes façons je n'avais quasiment pas d'amis, encore moins de famille et j'étais une denrée rare pour cette époque. Je me la fermai et je continuai ma petite vie.

Une des premières choses que je remarquai c'était que Billy manquait à l'appel. Habituellement il était le premier arrivé, discutant avec tout un chacun comme un vrai roi. J'avais toujours ressenti qu'il faisait son possible pour obtenir la moindre information de la part de tout un chacun. Je ne l'avais jamais interrogé à ce sujet, je savais que la majorité des hommes – et des femmes – jouaient leur propre vie auprès de différents gangs. Que Billy ait son rôle à jouer à l'image de celui de mon frère, pourquoi pas. C'était un monde où il y avait toujours des obligations, pour chacun d'entre nous, qu'on le veuille ou non. Les emmerdes arrivent tôt ou tard.

Je demandais aux filles si elles avaient eu des nouvelles de lui et toutes me répondirent par la négative. Après tout, en tant que serveuses on ne nous mettait pas forcément au courant. Nous étions à peine un chaînon. Je m'évertuai donc à chasser le rêve que j'avais eu sur lui il y a quelque temps. Je le voyais totalement blessé avec l'ombre d'un loup garou le surplombant. Je commençai à me connaître pour savoir qu'il y avait une vérité là dessous, mais je ne savais pas encore comment intervenir auprès de personnes qui ne me sont pas aussi proches que mon frère.

Quand j'entendis mon nom, je sus qu'il était de toute façon trop tard. Je le sentais dans mes tripes que le patient que j'allai découvrir au sous sol était Billy. Les hommes du gang commençait à avoir l'habitude, alors ils l'avaient allongé sur le lit à cet effet et ils me laissèrent seule avec lui. Ils lui poseraient des questions après, de toutes façons l'entrée était bien gardée et Billy ne s'en sortirait pas comme ça. A moins bien sûr qu'ils soient déjà au courant de toute l'histoire, ce qui n'était pas mon cas. Je ne savais par contre qu'une chose : il s'était fait tabassé et pas qu'avec des poings. Les gars qui lui avaient fait cela – car vu le nombre d'impact je ne pouvais concevoir qu'il n'y avait qu'un seul homme derrière tout ça – étaient préparés à lui faire subir un très mauvais quart d'heure.

- Dans quoi tu t'es fourré Billy.

Je murmurai ces quelques mots par moi-même. Le pauvre était méconnaissable. L'un de ses yeux était totalement fermé et enflé, du sang coulait de ses arcades sourcilières, sa bouche était tuméfiée et sans parler de ce que j'allai découvrir sur tout le reste de son corps.

Sans prendre la peine de me changer, j'allai prendre tout ce qu'il me fallait dans l'armoire. Je déchirai son t-shirt et découvrit de nombreux bleus. Au niveau des jambes, j'eus la mauvaise surprise de constater que son genoux s'était déboîté sous la force du coup. Normal qu'il ai perdu connaissance depuis un moment. Je ne perdis pas une minute de plus concernant cette articulation à remettre en place. Je n'utilisai pas la force physique, mais décidai d'utiliser la simple apposition de mes mains. Cela serait sans douleur pour lui. Je dus rester les mains sur son genoux droit pendant environ un quart d'heure. Quand je vis que le genou était à nouveau en place je me sentis plus légère et entamais de soigner le reste de ses blessures de manière plus conventionnelle. Le but n'était pas qu'on me découvre.

J'avais l'habitude de ce genre de situation. En vivant dans le bronx, on ne pouvait pas s'attendre à mieux de toutes façons. Je m'estimais heureuse que mon frère ait le contact facile, qu'il a toujours su me protéger, alors même que dans un monde de brutes ce n'était pas évident. Mais les hommes ne sont pas bêtes. Ils ont trouvé en moi un bon compromis. Je ne serai pas une pute, mais leur infirmière personnelle, meilleure qu'un médecin vu certains soins qu'ils avaient qualifiés de miraculeux. Ils ne posaient pas pour autant plus de questions. Parfois, je sentais que certains avaient peur de moi. Après tout qui peut le mieux, peut le pire non ? A dire vrai, je n'ai jamais vraiment pu tester. A part cette influence que je possède sur les animaux...et sur les lycans. Pas du genre à me monter la tête, je ne sais à quel point cela pourrait être utile pour me défendre...Yuma me pousse à expérimenter des sorts plus offensifs que défensifs, et je dois dire que j'en connais de tête quelques uns...Mais à part aux moissons, je ne vois pas dans quel contexte les utiliser. Et même là, ce serait mettre ma tête sur un échafaud. Mais on est prêt à tout pour survivre.

Comme Billy. J'entends les battements de son cœur, si bas qu'il me faut tendre l'oreille. Je me mets à soigner et à panser les blessures qui en ont besoin. Heureusement pour lui il s'en sort assez bien. Juste du repos pendant deux bonnes semaines, vu que ses bleus le ramèneront à la raison quoiqu'il arrive. J'ai déjà vu pire, mais bien souvent les gens que je consulte s'en sortent bien mieux que s'ils s'étaient rendus à l'hôpital. Toute cette violence me pèse quand je vois une personne de mes connaissances la subir. Mais je n'ai pas le choix pour le moment. Au moins je suis utile ici. Ce ne serait pas forcément le cas ailleurs...et puis je n'ai pas envie qu'un vampire mette la main sur moi. Ce n'est pas mon destin.

J'entends des pas dans l'escalier. A chaque fois c'est la même chose. A peine soigné, l'homme doit parler au gang. Ils veulent toujours réagir dans la demie heure qui suit afin d'obtenir un effet de surprise sur leurs ennemis. Alors ça ne finit jamais. Il faut toujours rendre ce qu'on a reçu...La politesse va bien trop loin dans ce genre de contexte. Je ne suis pas certaine qu'une personne extérieure puisse comprendre à quel point l'honneur est important, et à quel point il rime avec connerie par ici.

L'homme qui pénètre dans la pièce m'est inconnu. Grand, à l'air glacial, il m'observe avant de porter son regard sur Billy. Je sens son odeur, je sais reconnaître les lycans et n'importe quelle autre race. C'est une forme de don afin de me préserver. Il aurait du être plus énergique qu'il ne l'est. Il ne doit pas vraiment comprendre d'où lui vient cette sensation d'apaisement, mais je ressens qu'il la vit. Au moins certaines choses ne changent pas, c'est rassurant. Après une salutation brève il me demanda l'unique chose qui l'intéressait.

Je me tournai totalement vers lui. Je lui faisais face, mes yeux venant corrompre les siens, comme si je tentais d'obtenir des informations sur lui. J'avais envie de percevoir son âme, et par la même son implication dans l'état de Billy. Au final, je me tournais vers plusieurs fiole et en choisis une. Je me tournais ensuite vers mon patient et passa la fiole sous ses narines. Quasi immédiatement ce dernier ouvrit les yeux et prit une grande inspiration. Une fois fait, son visage montra toute la crispation dû à la douleur qu'il subissait. De mon côté je refermais la fiole après un regard appuyé envers l'inconnu qui n'avait pas pris la peine de se présenter à moi. J'espère qu'il comprenait que Billy souffrait par sa faute, suite à ce réveil intrusif.

Sans un mot, je me dirigeai hors de la pièce. Je savais que je devais patienter à l'extérieur, comme d'habitude. Les hommes ne voulaient pas d'oreilles indiscrètes, encore moins des oreilles de femme.