Dum vivis sperare decet ~ Phoebe ♥ Requiem

∞ Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

Phoebe & Requiem

Se sentir aimer ... Voilà la vraie raison de mon existence. Nous vivons dans un monde de fous où la loi de la survie est plus importante que celle du plaisir. Je suis heureusement loin de tout cette perversion, vivant reclus chez moi avec mon âme soeur, ma femme ... Celle-ci qui sait me réconforter quand cela ne va pas, qui fait mon bonheur et dont je n'hésiterais pas à donner ma vie pour la sauver. Je prendrai même le risque de changer mon futur pour elle, même si je sais que cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur l'équilibre spatio-temporel.

Elle était là, en face de moi, entrain de regarder par la fenêtre ... Que pouvait-elle bien penser ? Bien que je connaissais Phoebe depuis que nous étions gamins, il m'était encore difficile de la cerner et son don du mensonge ne m'aidait guère à la dévoiler. Mais à vrai dire, je m'en fichais ! Elle était si belle, si gracieuse ... Si majestueuse ... Dès fois je me demandais ce qu'elle faisait avec un homme si sombre tel que moi. Certes, Phoebe n'était pas comme ça avec n'importe qui et j'avais le privilège de la voir sourire et de l'entendre rire, ce qui d'ailleurs me comblait de plaisir. Quand son rire s'envolait, il était pour moi la plus belle des mélodies. Je lui portai un amour incommensurable, et même si je n'étais pas démonstratif envers elle, je lui faisais savoir rien qu'en un regard.

Je me levai de mon fauteuil, un peu faible à cause d'une vision la nuit dernière, et la rejoignis à pas de loup. Une fois derrière elle, je passai doucement mes bras autour de sa taille et posai ma tête sur son épaule. Quelle enivrante sensation ! Et son odeur que je connaissais par coeur ne fis qu'augmenter cette allégresse. Mes yeux se fermèrent par automatisme et je restai un moment silencieux pour profiter de ce moment magique. Oui, je n'étais pas un vampire millénaire, ni un loup garou féroce ... Mais j'étais l'Homme le plus heureux du monde et ça, ça valait tous les fantasmes d'un monde magique qui réjouissaient les plus courageux d'entres nous. Je suis un couard et je le revendique ! Pourquoi chercher à foutre sa vie en l'air pour se battre contre des forces maléfiques bien plus puissantes que nous ? Pourquoi chercher à devenir comme eux pour jouir de leurs pouvoirs ? Quoique ... Il m'avait déjà traversé l'esprit de devenir un vampire pour nous rendre immortel, Phoebe et moi, mais si je le faisais elle ne me le pardonnerait jamais. Toute vie a une fin, chaque chose naît et meure ... C'est ainsi que cela doit se passer, et défier le temps serait lourd de conséquence. Notre existence était comptée, il fallait donc la choyer.

Je rouvris les yeux quelques minutes plus tard et fixai à mon tour l’extérieur. Il faisait beau, c'était si rare ! Je sentais Phoebe ailleurs, et je me permis de la déranger dans ses réflexions :

- A quoi penses-tu, ma douce ? Ne trouves-tu pas que le temps est clément avec nous en ce moment ? C'est si rare de pouvoir contempler un aussi beau ciel bleu.

C'était des paroles banales, mais sommes-nous pas des personnes banales ? certes nous sommes des mutants, des erreurs de la nature ... Mais cela n'empêche pas le fait que nous sommes Humains. Avec un coeur et des émotions. Avec des sentiments et des phrases communes ...

Samedi après midi. J'étais appuyée contre le chambranle de la fenêtre, observant le Queens et ses lumières, regardant les voitures passer, écoutant les bruits de la ville. J'aimais beaucoup ce quartier. C'était mon préféré à dire vrai, peut-être parce que c'est ici que j'ai grandis, ici que j'ai mes meilleurs souvenirs... les pires aussi. Je dois être un grain masochiste quelque part, je vous assure... !
Mais ce n'était pas ce vers quoi volaient mes pensées aujourd'hui. Non... aujourd'hui, je ne pouvais que me repasser en boucle ma rencontre avec ce vampire visiblement si fragile, beaucoup trop fragile même pour supporter une chose telle que mon don. Certes il m'avait poussé à bout, et ce qui s'était passé par la suite, j'en étais toujours aussi fière. Je n'avais pas lâché prise, et peu importe s'il est bien plus fort que moi : je resterai toujours convaincue d'être la plus forte, car c'est en pensant de cette manière que je parvenais à avancer et à me donner le courage de continuer. Parce que je voulais prouver que, même sans être invincible... je pouvais gagner. Face à n'importe qui. Mais une fois encore, ce n'était pas le fond du problème. Ce qui me tracassais réellement, c'est le fait que je n'avais pas été suffisamment clairvoyante pour voir dès le départ que ce dont il était accro, c'était ma voix, ma voix seule, elle et uniquement elle. Mais je m'étais emballée, j'avais pensé au pire. Parce que l'expression de son visage m'avait rappelé la mienne. Et s'il avait réussi à devenir accro face au son de ma voix lorsqu'elle n'était pas perturbée par mon petit enfer personnel, je vous laisse imaginer ce que la suite a donné lorsque je l'ai malencontreusement laissé goûté à l'Apaisement. Ce " don " est néfaste. Qu'importe la manière dont je l'emploierais, il ruinerait la vie des gens, ou les ferait souffrir. C'est pour cela que je dois apprendre à le contrôler totalement. J'aimerais dire que j'ai déjà fait la moitié du chemin, mais la vérité est toute autre : je suis encore loin d'avoir réussi. La preuve en est : je ne connais pas la vie de cet homme, mais paisible ou non, je ne l'ai pas amélioré. Au contraire : il est devenu mauvais, dicté par ce besoin limite maladif de m'entendre chanter de nouveau pour recevoir l'Apaisement, comme une autre dose. Si je ne parvenais pas à fixer cela, je crois qu'il me faudrait encore culpabiliser à ce sujet pendant longtemps...
Je sentis alors que l'on refermait ses bras autour de moi, tendrement. La tête de Requiem vint se placer contre la mienne et je ne pu m'empêcher de sourire en posant mes mains sur ses bras, me laissant câliner. Nous étions ensemble depuis deux ans, plus longtemps que je n'aurai pu l'espérer en somme. Cependant vous savez ce que l'on dit : l'amour dure trois ans. J'attend de voir si on arrive à tenir quatre ans en tant que couple pour me relaxer... si tenté que je sois réellement capable de cesser de m'inquiéter sur quelque chose un jour ! Le soucis, c'est que je l'aime. Je ne suis pas la plus douée pour le lui démontrer - et heureusement pour moi, lui non plus, sinon je ne me sentirai que plus coupable - mais je l'aime, et je ne sais vraiment pas comment je m'en sortirais si tout se dégradait entre nous. Et oui. J'ai les deux pieds dedans. Moi qui m'était toujours jurée de ne jamais tomber amoureuse, ou en tout cas de ne pas laisser une chose pareille prendre le dessus sur moi... je me rend compte que c'était tout à fait impossible. Non. Pas avec lui. Quand il s'agit de lui - de nous -, je ne peux pas me la jouer indifférente, c'est beaucoup trop dur.
- A quoi penses-tu, ma douce ? Ne trouves-tu pas que le temps est clément avec nous en ce moment ? C'est si rare de pouvoir contempler un aussi beau ciel bleu.
Je ne pus que sourire de plus belle. Il résidait un contraste immense entre Requiem et moi : il était professionnel dans ce genre de tournure de phrase digne d'un roman ou d'un film, et moi j'étais plus... New Yorkaise. Moins poétique en somme.
-Oui c'est vrai qu'il fait beau... répondis-je en éludant totalement sa première question. Qu'aurais-je pu y répondre ? La vérité ? Non... Parce que j'étais certaine que, que je lui donne une version complète ou une version où j'évitais de mentionner le comportement dudit vampire ensuite, sa réaction ne serait pas calme, ni posée. Et puis, il avait encore eus une vision, hier, et montrait encore des signes de faiblesses, même s'il s'efforçait de me les cacher. Je ne voulais pas en rajouter. Ajoutons à cela le fait que je n'expose que très rarement mes problèmes et cela vous offre une belle petite panoplie de raisons pour lesquelles je ne peux pas/veux pas répondre à sa première question.
-Comment tu te sens ? Tu as besoin de quelque chose ?
Oui, je m'inquiétais pour lui. Moi qui me plais si souvent de mon pouvoir qui me fait vivre un enfer, mais c'est encore pire pour lui. Il ne mérite pas cela... Ni d'être un mutant, ni d'avoir ce pouvoir. Il mériterait d'être humain, normal, sans avoir à se soucier de vivre autant que possible parce qu'il sait qu'il ne dépassera sans doute pas le stade des 40 ans, ou de très peu, et surtout sans avoir à supporter ces maudites visions. J'ai la sensation qu'elles le tuent à petit feu. En tout cas elles ne lui font pas du bien, et le pire c'est que je ne peux rien faire. Je déteste être impuissante. J'aimerais pouvoir l'Apaiser, mais j'ai compris depuis longtemps maintenant que l'utiliser sur une personne innocente est tout aussi criminel que de lui vendre de la drogue. Je ne peux donc réellement strictement rien faire.

∞ Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

Phoebe & Requiem

-Oui c'est vrai qu'il fait beau...Comment tu te sens ? Tu as besoin de quelque chose ?

Phoebe ... Pourquoi ne veux-tu pas te confier à moi ? Ne sommes-nous pas en couple ? Ne suis-je pas digne de ta confiance ? Quelque chose ne va pas mais tu t'entêtes à le garder pour toi. Je sais que tout le monde a son jardin secret mais tout de même ... J'en viens presque à te considérer comme une inconnue tellement je ne sais peu de chose sur toi !

Un long soupire s'échappa de mes lèvres, allant se perdre dans la chevelure brune de ma bien aimée. Je n'allais pas insister sur ce sujet, ne voulant pas froisser Phoebe. Cette dernière me demanda comment j'allais et un petit sourire triste apparu sur mon visage. Elle s'inquiétait toujours de ma personne alors que moi, je n'en avais pas le droit réciproque... Mais encore une fois, je ne voulais pas m'étendre sur ce sujet.
 
- Je vais bien ... Dès que je suis près de toi, tous mes maux s'envolent. Et puis... Pour une fois, c'était une vision heureuse. Elle m'a fait plus de bien que de mal, même si physiquement je suis encore un peu faible...

Je fermai les yeux pour me remémorer ce fabuleux moment. Je ne saurais dire si c'était le passé ou le futur mais ce que j'avais vu m'avait apaisé. Une rafale de bonheur et de plénitude qui contrastait avec notre monde chaotique. Un peu de chaleur dans la froideur de nos âmes, un peu de lumière dans nos sombres pensées. Je pris les mains de Phoebe et les serrai doucement avant de prendre la parole pour lui conter ma vision :

- Imagines toi dans un magnifique champ fleuri, avec un soleil époustouflant et une brise agréable venant caresser ton visage. Et là, tu entends les rires de deux enfants, puis tu les vois courir parmi les fleurs. Ils sont jeunes, environs huit-neuf ans, innocents et heureux. Pas une seule tâche sombre dans le ciel, aucunes traces de peur ou de haine sur leur visage ... Juste de la quiétude et de la sérénité. Ils s'amusent, chahutent, et rient sans se soucier du reste. Je ne les connais pas, ce qui est vraiment bizarre ... Peut-être le passé d'une personne que j'ai croisé ou son futur montrant sa descendance. Je ne sais pas ... Cela m'intrigue et me réconforte aussi. Peut-être que notre monde n'est pas voué à l'échec ? Il y a peut-être encore de l'espoir ! Notre planète reviendra peut-être comme avant ! Qu'en penses-tu Phoebe ?   

 
J'étais moi même un peu perdu ... Il y avait trop de "peut-être" dans mon raisonnement. Et si ma vision était fausse ? Si elle cachait en fait un sens plus profond ? Mon don ne m'avait pourtant jamais menti ... Et si ces enfants étaient ... Non ! Non, non et encore non ! Ce n'étaient pas les nôtres, j'étais contre le fait d'en avoir. Se serait tellement égoïste de faire des gosses et de les condamner à une vie courte et maudite. Pour l'instant, notre monde était fou, invivable ! Oui ... Nous ne vivions pas, nous survivions ... Tel était notre destin...

Je sais que ne rien lui dire, c'est lui donner la sensation que je ne veux pas de lui dans ma vie, que je préfère rester une étrangère à ses yeux. Je ne sais pas si c'est le cas, je ne le crois pas du moins. Je n'aime pas parler de mes soucis, voilà tout. Et après tout, il pourrait très bien insister s'il le voulait, il ne le fait pas. Je sais que c'est parce qu'il est ainsi, on lui dit ou on ne lui dit pas, il ne cherchera pas plus avant. En un sens, il est comme moi. Il ne cherche pas à forcer les gens, ils parlent d'eux même, ou ils ne le font pas, mais en aucun cas il n’interférera pour forcer la personne à dire ce qu'elle pense réellement. En un sens, je me sentais mal. Mais d'un autre, parce que je savais ce qu'il pensait, j'avais la sensation qu'il ne me comprenait pas, pas à ce niveau du moins.
D'un autre côté, j'ai toujours eus tendance à partir du principe qu'être en couple, c'est être soit même... mais en vivant avec quelqu'un d'autre. J'ai toujours refusé de voir cela autrement, parce que s'il faut changer sa façon d'être pour être en couple, alors cela n'a aucun intérêt. Autant rompre de suite. Mais d'un autre côté, si je ne lui fait pas confiance, alors cela n'a pas plus d'intérêt. J'ai confiance en Requiem. Il est bien la seule personne en qui j'ai une entière confiance, Si je ne dis rien, c'est parce que... c'est ce que je suis. Je ne parle pas de moi, je m'occupe des autres. Peut-être devrais-je lui parler tout de même. Après tout, il accepte de se confier à moi, un peu. Peut-être devrais-je en faire de même... Mais ce n'est pas ce que je fis. Je m'inquiétais plutôt de savoir comment lui, il allait.
- Je vais bien ... Dès que je suis près de toi, tous mes maux s'envolent. Et puis... Pour une fois, c'était une vision heureuse. Elle m'a fait plus de bien que de mal, même si physiquement je suis encore un peu faible...
Je suis de nature curieuse. J'aime savoir ce qui se passe ou ce que l'on me cache, ou cache aux autres. Mais je ne demande pas. Je ne cherche pas à avoir plus d'information, ou rarement. Par ailleurs, je m'arrêtais toujours sur ses paroles si adorables qu'il m'adressait. J'étais incapable de lui montrer autant d'amour, j'avais toujours la sensation que cela sonnait faux. Comme si je n'étais pas faite pour dire de telles choses. Je revins sur terre lorsque je sentis ses mains se refermer autour des miennes et lui sourit, écoutant ce qu'il me disait.
- Imagines toi dans un magnifique champ fleuri, avec un soleil époustouflant et une brise agréable venant caresser ton visage. Et là, tu entends les rires de deux enfants, puis tu les vois courir parmi les fleurs. Ils sont jeunes, environs huit-neuf ans, innocents et heureux. Pas une seule tâche sombre dans le ciel, aucunes traces de peur ou de haine sur leur visage ... Juste de la quiétude et de la sérénité. Ils s'amusent, chahutent, et rient sans se soucier du reste. Je ne les connais pas, ce qui est vraiment bizarre ... Peut-être le passé d'une personne que j'ai croisé ou son futur montrant sa descendance. Je ne sais pas ... Cela m'intrigue et me réconforte aussi. Peut-être que notre monde n'est pas voué à l'échec ? Il y a peut-être encore de l'espoir ! Notre planète reviendra peut-être comme avant ! Qu'en penses-tu Phoebe ?
A écouter le début de sa narration, une boule s'était formée dans mon ventre. Et si ces enfants étaient les notre ? Je ne voulais pas d'enfant. Pas plus que lui d'ailleurs. Dans des temps comme ceux ci, avec des parents comme nous, ces enfants seraient malheureux et auraient une durée de vie particulièrement limitée. Tout comme nous. Peut-être auraient-il du mal à accepter le fait de mourir plus jeune que les autres, et peut-être ne seraient-ils pas encore prêt à nous perdre le jour de notre mort, peut-être ne seraient-ils pas encore aptent à se gérer seul. Allez savoir.
-Je pense que si je te répond comme je le pense tu ne vas que moyennement apprécier la réponse car elle détruira bon nombre de tes espoirs mon coeur...
Pessimiste de nature, je ne voyais rien de beau dans sa vision. Je ne voyais que deux nouvelles victimes de ce monde, deux pauvres gamins qui souffriraient et qui perdraient bien vite leur illusions. Ou qui les ont déjà perdu, s'il s'agit du passé de quelqu'un. Et ne parlons même pas des espoirs de Requiem de retrouver le " monde d'avant ", qui était tout aussi chaotique à mes yeux.
Je déposais un rapide baiser à la commissure de ses lèvres, un peu comme pour me faire pardonner. Peut-être était-ce maintenant à mon tour de me confier.. mais comment ?
-Tu avais raison tout à l'heure. Quelque chose me... disons que ça me reste en tête.
Je n'avais pas trouvé mieux, mais... cela restait un pas en avant, non ? Une ouverture en quelque sorte.

∞ Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

Phoebe & Requiem

-Je pense que si je te répond comme je le pense tu ne vas que moyennement apprécier la réponse car elle détruira bon nombre de tes espoirs mon coeur...

- Je suppose que tu as raison ...

Les lèvres de Phoebe vinrent se poser à la commissure des miennes. Un soupire m'échappa ... Je ne savais plus si je devais rester optimiste, ou si je devais tomber dans les sombres pensées comme le faisait Phoebe. Elle me rappelait un peu mon père qui ne jurait que pour un avenir chaotique et sans espoir. Je me souviens de ce qu'il m'avait dit un jour ...

- Idiot. soufflais-je sur un ton pensif, Toi qui aimes ce monde plus que tout. Toi qui l’idolâtres et l’adules, ne vois tu pas à quel point tu es ridicule ? Je t’en prie, réfléchis… Comment pouvons-nous aimer un endroit où tout est éphémère, où tout ce que nous apprécions s’envole en fumée ? Relèves la tête, regardes le ciel, regardes par de-là les nuages et tu y trouveras tout ce qui t’as été enlevé en ce bas monde. Crois-tu l’homme bon ? Crois-tu qu’il est digne d’avoir sa place ici ? Crois-tu que « celui assoiffé de sang » mérite de dominer la Nature comme il le fait ? Si tu le penses, alors tu n’as rien à faire ici. Il n’est que destruction, n’en faisant qu’à sa tête pour son bon plaisir. Il ne comprend pas qu’un jour la Nature reprendra ses droits, qu’elle terrassera celui qui l’a torture depuis des centaines d’années ! L’humanité n’a rien de bon ! RIEN ! Elle ne pense qu’à elle sans s’imaginer que le fléau guette en silence, tapit dans l’obscurité, le bon jour, la bonne heure pour frapper. Rien ne sera que de la vengeance. Nous commençons déjà à sentir des changements : la terre gronde, les eaux se déchaînent, le vent s’enrage et le feu devient destruction. Tout ce que nous avons crus comme une force dans les temps jadis, se rebelle contre nous. Maintenant, Prie, prie pour ton salue mais ne pense pas y échapper… Nous sommes condamnés.  

Une larme coula sur ma joue, que je fis discrètement disparaître. Cela m'avait fait tellement de mal ... Comment pouvions-nous autant haïr ce que l'on était ? Certes notre vie n'était pas très joyeuse mais il fallait rester positif. Pour ma part, j'étais heureux car j'avais un toit, une femme, un métier que j'aimais ... Tous les côtés négatifs étaient dissipés par tout cela.

- C'est ce que mon père m'a dit un jour ... Et tu as malheureusement un peu le même raisonnement. Pourquoi ne pas seulement se laisser porter par la vie sans se soucier du reste ? On est heureux ensemble non ? Les deux enfants que j'ai vu l'étaient aussi ... Et c'est tout ce qu'il fallait voir. Pourquoi toujours essayer de rendre ces tableaux idylliques sombres et faux ? Phoebe, ma belle Phoebe ... Sourit à la vie et tu verras, cela te changeras ...

Une fois mon monologue achevé, un petit silence retomba. J'en profitai pour admirer le soleil extérieur habituellement très timide. J'aimais sentir ses rayons sur mon visage, c'était tellement reposant et agréable. Je repensai à ce que je venais de lui dire ... N'y étais-je pas allé un peu fort en la comparant à mon père sachant le mépris que je lui portais ? J'espérai de tout mon coeur qu'elle ne le prendra pas mal. Sa voix me sortie de mes pensées.

- Tu avais raison tout à l'heure. Quelque chose me... disons que ça me reste en tête.

Un sourire apparu sur mes lèvres, heureux qu'elle veuille bien se confier. Je posai ma tête bien au creux de son cou et dis d'un ton bienveillant :

- Que se passe-t-il Phoebe ? Je t'écoute ...

- Je suppose que tu as raison ... concéda-t-il.
Il y avait toujours eus un fossé immense entre nous. Requiem était de ces gens qui pensent que la vie est faite pour être vécue et qu'au lieu d'en voir les mauvais côtés, il fallait profiter de chaque moment heureux et les garder soigneusement en mémoire, pour les jours où la détresse s'installe en nous. Moi, j'étais de ces gens qui pensent que les " bons côtés de la vie " ne sont que des leurres destinés à nous faire plus de mal encore. Quelques instants - très  courts - de répit avant la prochaine horreur. Comment deux personnes si différentes avaient-elles pu se rapprocher vous demanderez vous ? Je n'en sais toujours rien moi même. On dit que les contraires s'attirent - je n'aurais simplement jamais pensé à ce genre de contraire, mais cela doit sans doute être vrai. Je n'avais jamais compris comment Requiem pouvait se considérer comme étant heureux avec moi alors que j'étais de nature si distante, si dure, si... dépourvue d'émotions. Si pessimiste. Non, je ne comprend pas. Je ne comprendrais sans doute jamais. Je ne me plains pas d'avoir la chance d'être avec lui, mais j'ai la sensation de le rendre bien plus malheureux qu'il ne voudra jamais se l'admettre.
- Idiot. Toi qui aimes ce monde plus que tout. Toi qui l’idolâtres et l’adules, ne vois tu pas à quel point tu es ridicule ? Je t’en prie, réfléchis… Comment pouvons-nous aimer un endroit où tout est éphémère, où tout ce que nous apprécions s’envole en fumée ? Relèves la tête, regardes le ciel, regardes par de-là les nuages et tu y trouveras tout ce qui t’as été enlevé en ce bas monde. Crois-tu l’homme bon ? Crois-tu qu’il est digne d’avoir sa place ici ? Crois-tu que « celui assoiffé de sang » mérite de dominer la Nature comme il le fait ? Si tu le penses, alors tu n’as rien à faire ici. Il n’est que destruction, n’en faisant qu’à sa tête pour son bon plaisir. Il ne comprend pas qu’un jour la Nature reprendra ses droits, qu’elle terrassera celui qui l’a torture depuis des centaines d’années ! L’humanité n’a rien de bon ! RIEN ! Elle ne pense qu’à elle sans s’imaginer que le fléau guette en silence, tapit dans l’obscurité, le bon jour, la bonne heure pour frapper. Rien ne sera que de la vengeance. Nous commençons déjà à sentir des changements : la terre gronde, les eaux se déchaînent, le vent s’enrage et le feu devient destruction. Tout ce que nous avons crus comme une force dans les temps jadis, se rebelle contre nous. Maintenant, Prie, prie pour ton salue mais ne pense pas y échapper… Nous sommes condamnés.
J'avais écouté son petit speech sans trop comprendre pourquoi il me disait cela. Il semblait clair que ce n'était pas réellement à moi qu'il s'adressait, cependant je ne comprenais pas de quoi il s'agissait. Etait-ce une vision ? Probablement pas, à moins que son pouvoir ne se soit... développé ? Non. Il était dans son état normal. Quelle que soit la raison de ce petit discours, il avait raison. L'humanité n'avait rien de bon en elle, l'homme n'est pas bon, il aime faire le mal, il tue impunément sans en ressentir le moindre remords. Il a commencé à tuer les bêtes, les considérant comme inférieur. On le revendique même au lycée, en cours de Philosophie : l'homme est supérieur à l'animal, il a donc le droit de le tuer. Si l'homme peut ainsi faire du mal à des animaux, et même aux plus innocents d'entre eux, comment voir un tant soit peu de bonté en lui ?
- C'est ce que mon père m'a dit un jour ... Et tu as malheureusement un peu le même raisonnement. Pourquoi ne pas seulement se laisser porter par la vie sans se soucier du reste ? On est heureux ensemble non ? Les deux enfants que j'ai vu l'étaient aussi ... Et c'est tout ce qu'il fallait voir. Pourquoi toujours essayer de rendre ces tableaux idylliques sombres et faux ? Phoebe, ma belle Phoebe ... Sourit à la vie et tu verras, cela te changeras ...
Je ne savais pas trop comment prendre cela. Il détestait son père, et voilà pourtant qu'il me comparait à lui. Je ne sais pas qui son père a été, ou est encore aujourd'hui. Mais ce que je sais, c'est que ces paroles... ces paroles sont vraies. Elles ne sont que le reflet d'une vérité bien trop dure aux yeux de Requiem, comme aux yeux de nombre de gens dans ce monde. La différence étant que Requiem croit réellement en la bonté humaine. Les gens eux, ne savent que se voiler la face.
-Oui on est heureux.... je crois. Mais tu as raison, ton père et moi avons le même point de vue, alors pourquoi ne pas se laisser porter par la vie ? Parce que rien de bon n'en sort. Parce que nous naissons pour souffrir, nous naissons pour mourir, comme pour être puni de quelque chose dont on n'aurait pas même conscience d'avoir fait. Constamment la vie nous blesse, un peu plus profondément à chaque fois, et seuls ceux qui mériteraient réellement d'être puni ne le sont pas. Regarde le monde. Regarde ce que les hommes en ont fait. Il n'était déjà pas bien reluisant avant, mais maintenant il n'en n'est que pire encore. Les hommes font tout pour s'auto détruire. De toutes les façons possibles. Quand ce n'est pas " sauvons tout le monde sur Terre " alors qu'il n'y a pas assez d'eau et de nourriture pour tous, ni de boulots ou de médicament, c'est " faisons nous la guerre parce que nous ne sommes pas suffisamment grand ou puissant ". C'est " créons donc des bombes nucléaires, enfonçons nous dans ces mondes dystopiques dépeints par George Orwell et compagnie ". Je ne sais pas comment tu parviens à trouver des tableaux idylliques dans tout cela, Requiem. Je ne sais pas comment tu fais pour voir en deux enfants la promesse d'un avenir meilleur, ou même d'un avenir tout court. Moi je ne suis capable de voir que deux futurs hommes et femmes que la vie aura meurtris, ou rendu fou. Ou peut-être les deux. Je vois deux futurs adultes qui prendront de mauvaises décisions, et se plieront aux conneries que je ne sais quel dirigeant aura enfourné dans le crâne de sa communauté, puisqu'ils sont si fort pour laver le cerveau des gens. Je ne vois que deux futurs écoliers dont les professeurs auront corrompu l'esprit " pensez de telle façon, pas de telle autre ". Des moutons parmi ce troupeau immense que forme la populace de chaque pays.
Il ne voulait pas entendre cela. Il ne croyait pas en mes mots. Je le savais. Mais je n'avais pu m'empêcher de répondre malgré tout. Nos avis divergeaient, et nous faisions en sorte de ne pas les laisser changer quoi que ce soit entre nous. Cependant je ne me gênais pas pour lui dire ce que je pensais comme je le pensais, parce qu'une fois encore si être en couple c'est caché qui nous sommes vraiment... alors cela n'a aucun intérêt. Je ne cherche pas à le changer. Et bien qu'il aimerait sans doute avoir à faire à une Phoebe un peu plus optimiste, je ne crois pas qu'il cherche à me changer non plus. Et c'est très bien comme ça.
J'avais fini par ramener de manière très peu subtile la conversation sur sa question de tout à l'heure. Pour une fois, j'allais tenter de me confier. Lui montrer que cela n'allait pas que dans un sens.
- Que se passe-t-il Phoebe ? Je t'écoute ...
Par où commencer, comment... je ne savais pas trop. C'était aussi pour cela que je préférais toujours me taire : comment allais-je bien pouvoir lui expliquer tout cela ?
-Je suis allée à Manhattan hier soir... commençais-je doucement, guettant un mouvement de réprobation de sa part. Je ne savais pas s'il était au courant que j'y allais souvent, j'en doutais un peu. Après tout, Manhattan était réservé aux originaux, s'y promener était non seulement interdit mais potentiellement dangereux également. A moins qu'il n'ait pas de doute quant au fait que je sois forte et apte à me défendre par moi même...
-...Et j'ai rencontré un type.
Bon. Dis comme ça, ça faisait penser à " j'ai rencontré quelqu'un, j'ai eus le coup de foudre, je te plaque ". Je crois qu'il allait préférer la suite.. et la détester tout à la fois !