Say and remember. - MegHoward 8D

Une journée harassante de plus dans ce bled paumée qu'était devenu New York. Du coup, c'était un vrai bonheur de pouvoir prendre sa Chevrolet de s'arrêter à une espèce de station louche ou elle n'avait encore jamais posé les pieds. Au moins, ce serait toujours mieux que dans Manhattan avec la bande de sangsue qui y squattait régulièrement.
Remettant sa veste de cuir en sortant de la voiture, elle cacha dans le même mouvement ses épaules restées nues et son débardeur noir. Les talons de ses bottes résonnèrent sur le parquet tandis qu'elle rentrait dans le bar. Ramenant en arrière une longue mèche de cheveux raidies par son fer à lisser, la mutante ignora les regards curieux des habitués pour venir se poser au comptoir et ramener son regard foncé sur celui qui semblait être le seul gérant du bar, un grand type baraqué.

-Une tequila s'il vous plaît.

Un minimum de politesse histoire d'éviter de possibles emmerdes, et la jeune femme resta sagement assise, sortant de sa veste son blackerry histoire de consulter ses messages. Andréas lui demandait encore une connerie du genre "T'as pas un numéro de fille célib pour moi en ce moment ? ". Fronçant les sourcils en répondant un sublime "Ta gueule" à son aîné, la brunette enchaîna. Shawn lui demandait de confirmer le rendez-vous du lendemain, et Salem n'avait pas encore répondu à son mms d'une bouteille de Whisky l'incitant à venir se mettre minable avec elle vendredi prochain. Il devait encore bosser le pauvre enfant.
D'un signe de tête, elle remercia le baraqué en prenant son shooter, déposant son billet pour lui régler la consommation. L'avantage des bars inquiétants, c'est que personne n'y va à part ceux qui ont des soucis avec la justice du moment. Donc dans la logique, on ne viendrait pas lui chercher de poux ici. LOGIQUEMENT DU MOINS. C'était pas gagné connaissant la chance légendaire de la mutante.
Alors qu'elle allait s'allumer une cigarette, elle chercha un briquet du regard et en trouva un abandonné non loin d'elle. Plissant légèrement les yeux, elle fit venir le petit zippo vers elle discrètement allumant sa marlboro dans la même foulée. Mais à peine eut-elle le temps de tirer une latte sur son tabac qu'un violent coup derrière la nuque la sonna, lui faisant lacher son mégot.
Un type à la force surhumaine la fit se lever de sa chaise pour lui coller la joue contre le mur d'en face avec la délicatesse d'Hulk dans une crise de colère, l'insultant au passage de divers noms d'oiseaux.

-Y'a d'autres façons de faire connaissance que de me balancer contre un mur hein !
-La ferme! C'est toi la garce qui à buté Azazel j'en étais sûr.
-Vu le nom, valait mieux pas qu'il continue de vivre le pauvre.

Se cognant à nouveau contre le mur suite à sa remarque cinglante, elle sentit qu'on la fouillait et jetait sur le côté son revolver de secours. Cherchant du regard un objet métallique à manipuler, la froideur d'une lame en verre se colla contre sa carotide.

-Essaie d'utiliser tes pouvoirs d'erreur de la nature, et tu perds 5 litres de sang d'un coup.

La voix gutturale la fit tiquer. Les deux tarés qui s'acharnaient sur elle n'étaient autre que des vampires. Quand à Azazel, ce devait être le nom du mec qu'elle avait assassiné la semaine précédente. Andréas lui avait demandé de le décapiter pour faire plaisir à la famille, lui faisant encaisser une jolie somme. Ces deux sangsues avaient dû faire des recherches sur ses façons d'agir, et elle avait dû se trahir comme une débutante en voulant utiliser son don pour allumer une putain de cigarette. Bien joué Meg, t'as tout gagné sur ce coup.
Il faut savoir que pour des personnes comme elle, recherchée un peu partout sous diverses identités, et avoir commis pas mal de meutre contre de l'argent au sein des communautés vampiriques telle une chasseuse de démon ne laissait rien présager d'agréable quand deux représentants de la race devant faire le triple de son poids se tenaient dans son dos, lui bloquant les bras au mur et la menaçant avec un couteau. Couteau qui se rougissait légèrement suite à la petite coupure qui venait de naître à la base du cou de la chasseuse, suite à ne trop forte pression.

Okay, là elle était très mal. Et ni Salem, ni Andréas n'allaient pouvoir la tirer de ce coupe gorge (sans mauvais jeux de mots haha.)

We're on the highway to hell.


Soirée calme. Soirée normale. Howard ne se prenait pas la tête, et n’en avait nullement attention. Debout derrière le comptoir, il remplaçait occasionnellement sa petite serveuse, absente pour une urgence, qui devait revenir d’ici cinq à dix minutes. Il s’en fichait ; ses comptes attendraient sagement sur son bureau, dans la pièce de derrière. Il avait tout son temps. En attendant, servir quelques bières aux clients présents était un excellent moyen de passer le temps. Il nettoyait ses verres, passif. Jetant un œil tout autour de lui, simple et efficace. Il avait les yeux partout, et ça, les clients le savaient. Les habitués le craignaient. Les nouveaux s’en rendaient très rapidement compte. Mais ce soir-là, rien de franchement affolant. Deux hommes jouaient aux cartes dans un coin, une assiette à côté de leur jeu, un verre dans l’autre main. Un autre homme lisait le journal, affalé sur une chaise. Un quatrième dormait à moitié sur une table. Hmm. Il faudrait le virer à un moment, histoire qu’il ne passe pas la nuit ici. D’autres buvaient simplement un petit coup, seuls ou en groupe, blasés ou non. Mais Howard s’en tapait. Ils faisaient bien ce qu’ils voulaient. Tant que personne ne se cherchait d’embrouilles, il n’avait absolument rien à redire.

« Une tequila s'il vous plaît. »

La jolie voix le tira de ses pensées, alors qu’il relevait un unique regard vers la jeune femme qui lui faisait face. Il lui servit son verre, prenant le billet qu’elle lui tendait en échange, et la laissa repartir. Elle n’était jamais venue auparavant. Il ne l’avait jamais vue. Et lorsqu’il ne se souvenait pas d’avoir déjà vu quelqu’un, c’est que forcément, cette personne n’était jamais venue. Howard n’oubliait jamais un visage. C’était un fait. Et cette fille n’était jamais venue dans son établissement. Il la suivit du regard alors qu’elle s’installait à une table. Elle n’avait pas l’air d’une fouteuse de merde. Plus d’une tueuse en cavale. Mais ça arrivait à tout le monde, surtout ces derniers temps ; rien d’exceptionnel donc.

Le regard de notre barman retourna sur son comptoir, blasé, simple. Il se mit à nettoyer doucement celui-ci, lorsqu’une main douce se posa sur la sienne. Il lâcha le chiffon, laissant sa petite barman adorable reprendre le flambeau, et passa simplement à l’évier se laver les mains. Il commença à se les essuyer, l’air sombre, sans l’ombre d’un sourire sur son visage. Et ce fut à ce moment-là qu’il vit. Qu’il vit tout. Les vampires, la menace. La lame de verre contre cette gorge blanche, et si facile à trancher. Lentement, Howard sentit le regard paniqué de sa petite employée sur son épaule. Il poussa un léger soupir, inaudible, simple et discret. D’un pas souple mais d’ours, comme à son habitude, il passa au-devant de son comptoir, fendant les rangs des tables pour s’approcher des agresseurs. « Hé. » lâcha-t-il simplement de sa voix grave pour interpeller les deux vampires. L’un d’eux se retourna, l’autre conserva sa prise sur la jeune femme, essayant de voir qui osait les déranger. « C’est quoi ton problème, l’bouseux ? » Le vampire libre eut un petit geste d’incompréhension. L’air visiblement bien intéressé par ce casse-croûte qui s’offrait à lui. « Je crois que tu piges pas. » Les mains au fond des poches de sa veste, Howard profitait de la situation en suspens. De l’intérêt que lui portait au moins un des deux vampires, le second ne relâchant nullement sa prise sur la jeune femme. Ce n’était qu’une question de temps. Il allait le faire. « Ici, t’es chez moi. Donc mon problème, c’est que tu te ramènes avec ton pote dans ce bar, et que tu te retrouves à faire chier tout le monde avec tes règlements de compte à la con. » Pas la moindre once d’agressivité dans ses paroles. Il restait stoïque, posé, franc. Il n’avait aucunement besoin de hausser la voix pour qu’on l’écoute. Sa carrure parlait pour lui, ses paroles faisaient le reste. Ces hommes ne partiraient pas, il en avait conscience. Mais il s’en fichait. Il aurait préféré que tout se déroule sans embrouilles, mais il avait déjà enfilé son poing américain autour de sa main, au fond de sa poche. « Je te demande simplement et en toute politesse de te casser d’ici. » Avant qu’il ne s’énerve. L’autre se mit à rire, surpris au préalable de la demande de l’homme qui lui faisait face. « Et tu vas faire quoi, Al Capone ? Me tuer ? » Son rire aigre emplit le bar. Sur son dos, Howard sentait le regard anxieux de sa petite barman. Il afficha un air totalement simplet et neutre. Les doigts de sa main droit se crispèrent au fond de sa poche, sur son poing américain. Tandis que ses doigts gauches se refermaient tout doucement autour de la petite croix catholique qui ne le quittait pas. « Non. Te faire sortir d’ici. Pourquoi chercher plus agressif, hm ? Alors dis à ton pote de ranger son machin, et tirez-vous. » Ç’avait pourtant le mérite d’être clair. Mais pas assez pour deux idiots, semblait-il.

Brutalement, le vampire se rua sur Howard. Qui avait prévu le coup. Cela n’empêcha pas le choc. Cependant, le poing américain se fichant dans la gorge du vampire, juste sous son menton, n’avait pas eu l’air de faire partie du plan. L’autre hoqueta, bouche ouverte. Aussitôt, Howard sortit sa seconde main de sa poche, et lui fourra la petite croix dans la bouche, le forçant à la refermer, le maintenant fermement étranglé contre un mur. À côté, l’autre avait fini par relâcher sa prise, quelque peu. Il ne trancherait peut-être pas la gorge de cette fille ce soir, finalement.

Sous les doigts de Howard, et sous sa force pourtant humaine, bien que colossale, le vampire s’agitant, luttant contre la douleur extrême que provoquait le crucifix dans sa bouche. Il hurlait, essayant d’ouvrir les lèvres, laissant ses cris s’échapper, bouche fermée. Notre homme gardait la main bien crispée autour de son cou. Qu’il avale ce crucifix. Qu’il l’avale.

Le poing américain était collé contre sa gorge, qu’il tenait en même temps. Sur l’instant, Howard avait l’avantage. Mais il savait très bien que dans quelques secondes, ce ne serait plus du tout le cas. Parce que les vampires se déplacent en bande. Et que même en solo, un vampire a bien plus de force qu’un Howard-Sresr. Aussi triste que cela puisse être pour la survie de notre humain.

La poigne du vampire contre sa nuque pour l'empêcher de bouger commençait sérieusement à tirer sur ses cervicales. A tout moment, il allait lui briser la nuque avant de pouvoir l'égorger. Salopries de suceurs de sang.. On pouvait bien la traiter d'erreur de la nature, elle se trouvait parfaitement saine comparée à ces abrutis. Néanmoins, elle n'était pas vraiment en position de force pour donner des cours de leçons de vie.
Alors même qu'elle s'attendais à ressentir une douleur vers sa carotide, elle entendit un voix masculine intervenir. Ne pouvant pas tourner la tête pour autant, elle écouta la conversation entre les trois hommes, comprenant rapidement qu'elle avait peut-être un allié. Ou alors un taré qui ne tenait pas à la vie. Sentant une pression de moins contre sa nuque, Meg parvint enfin à bouger la tête de quelques millimètres pour voir ledit vampire s'étrangler entre les mains du barman qui l'avait servi quelques instants plus tôt.
Et bien qu'elle soit stupéfaite devant la scène, il semblait que son agresseur numéro 2 le soit tout autant. Elle n'avait que quelques secondes pour se tirer de ce mauvais pas. Quelque chose lui chatouillait le cou. Une chaîne, la chaîne de cet abruti de vampire qui la maintenait. Compressant son poing avec rapidité, le cri étouffé de son agresseur lui confirma qu'elle avait visé juste; son collier était bien métallique à souhait. Profitant de l'effet de surprise pour se dégager, elle sortit de sa poche un flacon d'eau bénite avec lequel elle aspergea le vampire qui cria sa douleur dans un gargouillis étouffé.
Continuant d'accentuer la pression sur sa chaîne de métal, elle fit se rétrécir le métal autour du cou du vampire jusqu'à ce qu'elle ne s'enfonce profondément dans sa chaire. On ne ferait pas dans la dentelle, il finirait décapité salement et puis c'est tout. Laissant le mort vivant à son triste sort, elle se tourna du côté du barman aux prises avec l'autre vampire.

Pourquoi elle ne sortait jamais avec son attirail d'arme au juste ? Ca lui éviterait tellement ce genre de plan foireux ...
Son revolver aux balles d'argent ne lui serait pas utile si d'autres vampires débarquaient. Avisant le grand baraqué qui lui filait un coup de main, elle lui lança la bouteille d'eau bénite qu'il lui restait. Ca pouvait toujours être utile contre les vampires.
D'un nouveau mouvement de main, elle arracha un des pieds en fer des tabourets hauts, l'étirant de manière à former une lame un minimum tranchante.
Un tournis la prit alors, et elle n'évita de s'écraser au sol qu'en se rattrapant de justesse au comptoir. Comme à chaque fois qu'elle utilisait un minimum ses pouvoirs sans être maîtresse de ses émotions, les migraines démarraient irrémédiablement. Faudrait penser à les utiliser plus souvent histoire d'éviter ces petits problèmes. Du moins si ils s'en sortaient tous vivants.
Laissant son sauveur terminer de régler son compte au vampire, elle nota que peu de monde était resté assister à la fête improvisée.

Prenant sa tête à deux mains en attendant que sa migraine ne s'apaise un minimum, elle croisa enfin le regard du patron, et articula entre deux bouffées d'air.

-Merci du coup de main.. Pour la chaise envoyez moi la note, je règlerais ça en vitesse.

Ben ouais c'est important le mobilier d'un bar dans ce genre de situation ee
Se remettant droite en avisant les dégats, elle grimaça en voyant les deux corps attaquer leur processus de décomposition avancée.

-Ces deux là sont arrivés seuls, mais je ne saurais pas dire si il y aura des copains qui vont se pointer leur enterrement...

Le regard sombre, la mutante alluma une cigarette avec nonchalance.

-Désolée de vous mettre dans l'embarras du coup. Je vais retourner à ma voiture et rouler, ça devrait les éloigner de votre bar pour la soirée. Ca vous va ?


Rejetant une bouffée de tabac, elle observa un peu plus attentivement celui qui venait de la sauver. Tu m'étonne qu'il avait pu se débarrasser tranquillement du vampire vu sa masse.

We're on the highway to hell.


Howard était aux prises avec son adversaire. Il ne se demandait même plus pourquoi il était intervenu ; défendre son établissement et les gens qui s’y trouvaient était devenue une habitude. Une mauvaise habitude, très certainement ; mais une habitude de laquelle il peinait à se défaire, et qui lui paraissait d’ailleurs tout à fait honorable. Tous ses clients n’étaient pas des saints, mais si l’un d’eux se faisait buter ici, il s’en serait voulu. Et cela lui aurait couté cher au niveau des procès des proches. Non. Il tenait à la sécurité de son établissement, à la sécurité de ses clients. À la sécurité de son trafic. Et pour cela, on n’était jamais mieux servi que par soi-même. Il le savait, sa barman le savait, son frère le savait, et ses clients le savaient. La machine était bien huilée, et fonctionnait comme cela depuis des années. Alors non, il n’allait pas commencer à se prendre la tête avec cela maintenant.

Sa main non-armée restait plaquée contre le gorge du vampire, l’enserrant d’un étau ferme et tenace, appuyant sur sa mâchoire inférieure par là-même afin de lui maintenir la bouche fermée. Le vampire gesticulait comme un beau diable, tentait de se défaire de la prise assurée de l’humain. Celui-ci dégageait ses mains à l’aide de sa deuxième, l’empêchant de s’échapper. Soudain, il entendit un hurlement à ses côtés. Il tourna légèrement la tête, tout en faisant glisser le vampire vers le haut pour que ses pieds ne touchent presque plus le sol. Il vit le second vampire se faire étrangler par son propre collier, et compris rapidement. Cette petite n’était pas non plus humaine. Il attrapa la fiole d’eau bénite qu’elle lui lança, d’une main, l’ouvrant rapidement. Il relâcha légèrement la pression autour de la gorge de son adversaire, et le laissa s’affaisser quelque peu. Ainsi que tenter d’ouvrir la bouche pour recracher le crucifix. Profitant de cela, Howard attrapa à pleines mains sa mâchoire inférieure, le forçant à ouvrir la bouche. Et, cruellement, il lui vida la fiole d’eau bénite dans la bouche. Avant de recommencer sa manœuvre. Étranglement. Et cette fois, il lui boucha le nez en complément. Juste histoire qu’il avale.

Un bruit écoeurant retentit à ses côtés, alors qu’il entendait sa petite barman pousser un hurlement. Bon. Il sentit quelques petites gouttes chaudes se répandre sur son bras mis à nu par les manches remontées de sa chemise. Hm. Décapité très salement. Des bruits stridents derrière lui lui firent comprendre que sa petite alliée usait de son pouvoir pour préparer… Quoi ? Une arme ? Brutalement, Howard poussa un grognement étouffé, alors que son vampire contre-attaquait. Faiblement, certes, mais lui enfonçant tout de même une pointe entre les côtes. C’était petit. Mais c’était suffisant pour faire hésiter Howard. Celui-ci relâcha son assaillant, reculant doucement, une main entourant la petite pointe. Le vampire était cependant trop occupé à recracher la petite croix et à pousser des cris stridents pour se pencher sur l’idée d’achever son tortionnaire. Et c’était tout au bénéfice d’Howard. Celui-ci empoigna fermement la lame de métal que la jeune femme venait de lui façonner. Et, lorsque le vampire releva un regard haineux vers lui, sa tête vola brusquement, séparée de son corps par un flot de sang, et une arme au fil aiguisé. Un nouveau cri féminin étouffé retentit. Et Howard se dit que ce soir, il proposerait peut-être à son employée de dormir à l’étage, dans la chambre d’amis. Histoire qu’elle ne soit pas traumatisée, et ne devienne pas complètement paranoïaque. Il avait eu l’habitude de régler des comptes. Mais tuer des gens dans son bar, jamais. Hm. Quoique. Une fois, un accident. Un gars à qui il avait foutu une dérouillée avait eu le crâne ouvert sous un coup de poing américain, et ne s’en était pas tiré. Mais bref, c’était une autre histoire.

Howard décontracta ses doigts, mais pas son visage. Sa main droite se posa sur le pommeau de la petite pointe toujours enfoncée entre ses côtes. Il la retira sèchement, sans aucun état d’âme. Le sang se mit à couler entre ses doigts, alors qu’il posait sa main par-dessus la blessure. Il grogna doucement, laissant son poing américain tomber au fond de sa poche, se débarrassant du pied de tabouret aiguisé et dégoulinant de sang. Heureusement, si sa plaie était assez profonde, ce n’était pas non plus catastrophique, ni béant. Il allait survivre aisément. Et de toute manière, il survivait toujours.

La voix de la jeune femme s’éleva dans l’atmosphère soudainement pesant de l’établissement. Il soupira doucement, agitant une main d’un air sombre. Il n’y avait pas de quoi, et ils n’allaient pas s’étaler sur le sujet pendant des heures. Quant au remboursement de la chaise… C’était une question de survie, et même s’il était près de ses sous, il en avait suffisamment pour se repayer une chaise sans tomber dans des déficits astronomiques. L’allusion à d’autres visiteurs nocturnes éventuels fit légèrement tiquer Howard, qui serra les dents avant de pousser un soupir faible. Il allait se débrouiller, il était grand. Doucement, il se tourna vers la jeune femme, cessant de contempler le sang autour d’eux. « Hm. Il vaut mieux que vous restiez là. Si j’avais voulu que vous vous fassiez tuer par une bande de vampires, je les aurais laissés faire. » Ben ouais, logique. Il ne l’avait pas sauvée pour la jeter dans la fosse aux lions. Certains le faisaient, certes. Mais pas Howard.

De son pas lourd, notre ours retourna derrière son comptoir. Là où, tremblante, Emmy le regardait, effrayée. Il lui jeta un regard doux et compatissant. « Tu n’es pas obligée de rester. Mais je préfèrerais que tu dormes là. » Il déposa une clé dans le creux de sa main, et la regarda, alors qu’elle acquiesçait lentement et qu’elle tournait les talons pour monter à l’étage. Il attrapa un torchon, commença à essuyer l’alcool qui avait coulé hors du verre qu’elle avait lâché sous le coup de la surprise. Lorsque cela fut fait, il en attrapa un autre, le remplit de tequila, et l’avança vers sa protégée du soir. « C’est offert. » Il lui posa un petit chiffon blanc propre et plié à côté, afin qu’elle puisse essuyer le peu de sang qui s’échappait de sa blessure autour du coup. Il en attrapa un autre pour faire de même avec sa plaie, tamponnant doucement en réprimant une grimace de douleur.

Howard était tenté de lui demander ce que ces hommes pouvaient bien lui vouloir. Enfin, ces vampires. Cependant, il ne formula pas sa question. Si elle avait quelque chose à dire, elle le dirait. Il ne voyait pas l’intérêt de parler histoire de parler. À elle de faire le premier pas face à l’hospitalité de notre ours.