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 oh, pretty woman. Ҩ (jerryloo)

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oh, pretty woman. Ҩ (jerryloo) Empty
MessageSujet: oh, pretty woman. Ҩ (jerryloo)   oh, pretty woman. Ҩ (jerryloo) EmptyMer 12 Juin - 20:26



Lentement, la jeune femme ferma les paupières, levant doucement ses longs doigts fins vers le plafond du petit appartement. Elle bascula la tête en arrière, laissant ses cheveux roux lui chatouiller les épaules, se mettant à décrire des courbes à l’aide de ses hanches fines. Elle dansait, tout simplement. Emportée par une musique qu’elle venait tout juste de mettre, sans la moindre gêne. Oui, c’est important de le préciser ; elle s’en fout, elle vit sa vie. Pourtant, elle n’est pas chez elle. Alors chez qui ? Iwan. C’comme ça qu’il se présente à elle. Ça lui est totalement égal, dans le fond. Il peut bien s’appeler Pierre, Paul ou Jacques, elle n’y accorde pas la moindre importance. Il est gentil, ou n’a tout du moins pas encore essayé de la tuer, et l’a même sauvée. Que demander de plus ? Il est galant, la respecte. Même s’il essaie parfois d’avoir avec elle une proximité … Gênante ? Nullement. Elle l’aurait désiré également. Elle le désirait également. Simplement, là n’était pas le moment. Là n’était pas le sujet à l’ordre du jour. Elle refusait de l’admettre. Refusait d’admettre quoique ce soit. Il était gentil. Bonne poire à sa disposition. Elle se servait de lui, quelque part. Comme elle pouvait bien se servir de tout le monde, pauvre petite créature esseulée et sauvage, animal à l’instinct de survie surdéveloppé mais à la solitude écrasante. Seule. Elle l’était. Cet état pesait sur sa petite carcasse, lui faisait s’affaisser ses maigres épaules, alors qu’elle continuait d’avancer, tête droite, menton relevé, sans jamais montrer le moindre signe de faiblesse. Était-elle si forte ? Si inhumaine ? Non. Elle était fragile, comme beaucoup des êtres de ce monde, peut-être même plus que la plupart d’entre eux. Elle paraissait si inaccessible, si indomptable. Et l’était. Elle gardait cette distance, à en fuir la plupart des gens. Elle conservait cet éloignement qui, selon elle, était censé la protéger. Au final, il en venait à la blesser. Elle le gardait pour elle. Ne pas s’attacher. Ou les plaies n’en auraient été que plus grandes. C’était ce que la vie lui avait appris, et c’était ce qu’elle s’efforçait de ne plus jamais oublier. Du sang sur les mains. Voilà ce qu’il lui restait, après des jours heureux et des instants de bonheur. Du sang sur les mains. Un cœur en lambeaux. Et cette nécessité qu’avait tout être vivant à poursuivre son chemin. Sans s’en soucier. Quoiqu’il puisse lui en coûter.

Un mouvement de tête, alors que ses mèches flamboyantes glissaient sur ses épaules minces. Elle continuait de danser, dans toute sa légèreté, toute sa décontraction. Danser pour oublier. Voilà ce qu’elle appliquait, à cette seconde précise. Elle aurait pu le faire dans son propre appartement, c’était vrai. Tout à fait vrai, tout à fait justifié. Au moins, personne ne l’aurait interrompue. Au moins, personne ne l’aurait mise en danger, par son unique présence. Mais là, elle n’était pas chez elle. Là, elle était chez Iwan. Elle y était rentrée par effraction, d’ailleurs. N’avait même pas les clés. Le concierge les avait, lui. Son plus beau sourire, son plus grand rire. Il l’avait déjà vue, n’avait eu aucun mal à gober le mensonge qu’elle lui avait présenté sur la relation qu’elle avait avec Iwan. Et quand bien même il aurait résisté, ses ondes hypnotiques n’ayant rien de naturelles auraient convaincu cet homme ventripotent. Elle ne se souciait plus des moyens qu’elle avait employés. Elle était rentrée, après l’avoir remercié. Elle avait refermé derrière elle, en utilisant une clé de secours pendue à un trousseau. Il ne saurait pas qu’elle était là. Pas avant d’entendre la musique. Pas avant de la voir. Et c’était de toute manière le cadet de ses soucis. Elle faisait ce qu’elle voulait, où elle voulait. Dans la plus grande impolitesse. S’il grognait ? Tant pis. Elle en sourirait. Elle lui ferait ses petits yeux doux, sans même user le moindre de ses charmes magiques. Doucement, elle entrouvrit les lèvres, commençant à chanter l’air de twist des Beatles qui passait. Il avait de bons goûts musicaux en réserve, il n’y avait décidément pas à redire là-dessus.

Danser pour oublier. Mais oublier quoi ? Sa solitude, amère et désolante. Oublier qu’elle venait aussi pour autre chose, une chose qu’elle n’aurait admise pour rien au monde. Elle arrivait à se persuader elle-même de son mensonge. Elle n’était pas là pour Iwan, après tout. Juste pour écouter sa musique. Juste pour se dandiner en chantant au milieu de son appartement. Mettre le volume à fond, oublier qu’elle était là parce qu’elle n’avait trouvé que cette solution pour échapper à la lumière du jour qui avait pointé le bout de son nez à l’horizon. Elle n’avait pas fait attention, s’était attardée dans les rues de New York un peu trop longtemps. Impossible de rentrer chez elle avant que le jour ne se lève. Elle avait foncé chez Iwan, le concierge avait fort heureusement pour elle accepté de lui ouvrir. Et une fois enfermée ? Elle avait fermé tous les stores, tous les rideaux, tous les volets. Allumé la musique. Et maintenant elle dansait. Oublier que sa nuit avait été un fiasco. Oublier qu’Iwan lui-même lui avait… Manqué. Berk. Quel mot répugnant. Oublier qu’on avait cru pouvoir acheter son corps avec quelques billets, oublier que face à son refus, l’insistance avait dépassé le seuil du respect et de la décence. Oublier qu’elle avait dû s’enfuir, après avoir blessé ses assaillants. Oublier qu’en arrivant, elle avait enlevé la quasi totalité de ses vêtements. Souillée. Voilà la sensation qu’elle avait. Elle n’avait conservé que ses sous-vêtements, avant d’attraper un pantalon à Iwan. Parfaitement impolie, parfaitement en décalage. Il ne s’était jamais rien passé entre eux, et elle se plaisait à se convaincre qu’il ne se passerait jamais rien. Mais … Porter ses vêtements n’avait rien de désagréable. Même si elle avait dû prendre une ceinture et la serrer au maximum, avant de regretter l’absence d’éventuelles bretelles. Elle avait enfilé une chemise, qu’elle avait rentrée dans le pantalon. L’odeur qui émanait des vêtements du loup l’avait faite sourire. Et maintenant, elle ne s’en souciait plus. Confortablement installée au fin fond de ces vêtements bien trop grands pour elle, elle dansait. Pour oublier.

Plus rien d’autre n’avait d’importance. Lorsque la voix de Roy Orbison s’éleva dans l’atmosphère étrange de l’appartement plongé dans l’obscurité, et éclairé par quelques simples lumières allumées de-ci de-là par ses soins. Pretty woman, walking down the street. Un léger sourire se peignit sur son visage alors qu’elle secouait la tête de gauche à droite, paupières toujours closes. Pretty woman, the kind I like to meet. La clé se glissa dans la serrure de la porte d’entrée, sans même qu’elle ne s’en rende compte. Perdue dans son univers musical, elle murmurait la chanson, dansait sans se soucier du reste. Libre.

Pretty woman, that you look lovely as can be.
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