Sujet: Re: ❝ hymn for the missing ❞ - MERELEM Jeu 21 Mar - 18:08
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Sujet: Re: ❝ hymn for the missing ❞ - MERELEM Mar 9 Avr - 0:19
« These scars are just a trace. »
Nous cédons. Nous succombons. Inévitable. Irrécupérable. Évidence. Pertinence. Un coup. L’ultime. Fêlure. Sourde. Froide. Brûlante. Vibrante. Indescriptible. Douleur indescriptible. Nous donnons l’opportunité à des êtres de nous connaître. De franchir cette carapace d’impassibilité qui, habituellement, demeure à jamais impénétrable. Armure de glace. Masque d’ivoire. De chair, à vif. De sang, pompant. D’un cœur, saignant. À l’âme, brisée… maladivement terne. Vulnérable, d’une banalité si colossale, on se livre à eux, sans feux d’artifice et mont d’or. Fragile et insignifiant, on devient, lorsque l’amour pur et simpliste se déploie. Battre le ciel obscur, pour donner couleur à la lividité et se promettre un futur nonpareil et plus beau. Édifier un palais d’ivoire glacial, juste pour s’emmitoufler dans le cœur si tendre d’un semblant de sérénité d’esprit. Manteau de charme, qu’est alors cette amitié rarissime. Apprécier sa compagnie, comme on aime contempler les étoiles illustres, suspendu, tout là-haut, dans ce ciel vaincu dans l’ébène. Tôt ou tard, seulement, rien ne sera jamais plus. Nous donnons l’opportunité à des êtres de nous blesser. De nous atteindre si profondément. Narcissique. Égoïste. Fourbe. Nous le sommes tous, lorsqu’on découvre enfin nos nécessités primitives et sinistres. Nous cédons. Nous succombons. Inévitable. Irrécupérable. Évidence. Pertinence. Un coup. L’ultime. Fêlure. Sourde. Froide. Brûlante. Vibrante. Indescriptible. Douleur indescriptible. Car, ici-bas, dans ce monde emprisonné d’une torpeur sans pareille, c’est dans la misère et la douleur, que nous, être vulnérables, nous trouvons le chemin bourbeux. Cette voie lugubre, sans aucune issue, qui nous donne le sentiment exaltant… le paroxysme euphorique… qu’est de vivre et d’exister.
Dans les catacombes du cimetière, le silence règne en maître. Je me laisse bercer par les méandres de cette quiétude compensatrice, fixant, de mon regard ordinairement austères, le marbre cendré de la pierre tombale. Point de concentration inébranlable, puisque tout étant bon à prendre, pour ne serait-ce daigner de ne plus jamais vouloir venir croiser le regard goguenard de cette Réalité sournoise qui fait de ma trop longue existence ; un véritable casse-tête.
Englué dans les mailles sinistres d’un filet claustrant, que personne, encore, ne sait se libérer, je me perds lentement dans le preste défilement de mes pensées nostalgiques et monotones. Des souvenirs affluent au sein de mon esprit, labourant ma mémoire, d’une léthargie si dense, que même la notion du temps présent semble passible de vouloir se diluer dans la rigidité de cet Autrefois que je regrette si atrocement. Les années ont beau périr, jamais, encore, je n’ai su trouver baumes à mes blessures. Encore faut-il, que je le désire réellement ?
Par-delà le calme plat qui apaise sournoisement l’horizon et la riche frondaison de ce lieu mortuaire, la brise fiévreuse de ce temps crépusculaire s’élève doucement et fait harmonieusement danser l’atmosphère impassible. Le vent fait chanter les feuilles d’arbres et vient dans la même résultante caresser le derme blafard de ma figure aux airs crispées et harassées. Je ferme durant quelques instants les yeux, savourant ce courant de fraicheur qui suinte sur ma peau et me libère dans la même veine l’esprit. Je soupire profondément, aspirant des grosses valises d’air dans le creux de mes poumons et repérant plusieurs odeurs tant singulières que familières qui attisent mon odorat fin et accru. Un parfum parmi tant d’autre m’interpelle plus que les autres. D’instinct, j’ouvre les yeux et immerge mes claires prunelles dans la nébulosité des environs. Un parfum doux et tendre s’élève alors dans la torpeur vertigineuse de la nuit sépulcrale. Une odeur bien coutumière qui, d’instinct, éveille l’intégralité de mes sens momentanément engourdis.
- Meredith… que je m’entends murmurer alors que je tourne lentement sur mes talons et vois disparaître au loin la mince silhouette de la principale concernée.
Comme une torture, je sens mes entrailles s’entremêler dans le creux de mon estomac retourné, m’avançant instinctivement vers cette apparition et présence inespérée qui me fends littéralement l’âme et se tapis un chemin funèbre jusque dans les fibres de mon cœur devenu si lourd et écorché à vif. Ça… c’est le coup de poignard que je n’avais pas du tout anticipé. Le coup fait mal. La douleur est sourde. Le supplice est froid. Et à l’intérieur de moi ; tout s’enflamme...
- MEREDITH ! ATTENDS !
Ma voix est brisée et obstruée par une gigantesque boule d’émois qui se coince douloureusement dans le creux de ma gorge. Je peine à respirer. Je peine à m’archer. Je titube de temps à autre sur mes propres pas… à mesure que j’avance… à mesure que je me rapproche…
- S’IL TE PLAIT ! ATTENDS !
Oui… je t’en prie… ma sœur… attends…
❝ hymn for the missing ❞ - MERELEM
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