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 ❝ and you'll be walking on air. ❞ - CAKE

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MessageSujet: ❝ and you'll be walking on air. ❞ - CAKE   ❝ and you'll be walking on air. ❞ -  CAKE EmptyMar 29 Oct - 3:24




set the world on fire
No one ever thought she could do that.

Woody Allen disait vrai : L'éternité, c'est long. Surtout vers la fin. Parfois, il est doux pour l’âme de ne pas savoir, d’ignorer complètement. D’ignorer complètement combien de temps il ne nous reste à vivre dans ce bas-monde ? Ou, encore, combien de temps ne reste-t-il à cette despotique planète avant qu’elle ne s’évince totalement ? Certes, parfois, il est doux pour l’âme de ne pas savoir… C’est cette douceur même que je vois naître lentement dans le cœur de ces deux pupilles noires et largement dilatées qui m’embrassent d’un regard lubrique et brillant de gratitude. Ses lèvres charnues et pourpres s’étirent en une moue énigmatique qui se veut en fait être un doux sourire. L’esquisse comprise, mes lèvres givrées dans une austérité envoûtante acceptent, avec peine et quasi torture, de lui renvoyer cette évasive expression faciale. Être condamné de la surface de la Terre, vivant depuis trop longtemps dans les ténèbres, les expressions, tout ça, c’est, avec le temps, devenu un rare phénomène sur mes traits de glace et de fer. Faisant de mes Muses que misère et pleur, enjôler la gente féminine, par moment, je dois admettre que la tâche m’est très pénible et ardue.

- Houla ! J’en ai presque laissée ma cheville. Heureusement que vous étiez là !

Dans le creux de ma poitrine de mort-vivant, sa voix frémit comme ces cœurs que j’aurais autrefois affligés. Mélodie mélancolique où détonne un vertige patent. Son haleine chaude, aux arômes alcoolisés, glisse légèrement sur l’ivoire de ma chair glaciale, imprégnant mes pores de peau et m’enivrant déjà. L’enfer fait naître le feu sulfureux, réchauffant le sempiternel hiver qui a depuis fort longtemps enveloppé mon cœur qui s’est assoupit dans ce givre cristallin et froid. Dans le noir tombeau qu’est ainsi devenu le tréfonds de mon esprit malade et disloqué, je sens l’œil acéré du Prédateur qui me guette sinistrement. Il me murmure misère, châtiment et vice. Tout chez cette frêle humaine interpelle le démon qui sommeil fragilement en moi. Je vois en cette femme que l’ultime sacrifice assouvissant cette faim tonitruante qui me labour les organes et qui me donne presque envie de vomir. Quand est donc la dernière fois où est-ce que j’ai pris le temps de me nourrir ?  Hélas je l’ignore mais cette demoiselle, un peu ivre, qui s’est presque cassé la cheville lorsque son talon aiguille a rendu l’âme, est apparemment l’essence même de ma voracité. Je la dévore presque de mes émeraude acérées et carnassières... regard que mon interlocutrice interprète pour une soif purement charnelle. L’ironie de ma non vie, tiens.

- Heureusement pour vous, je suis toujours là. Ma voix est naturellement suave, mélodieuse, basse et vide de tous émois. Mon regard translucide, brillant comme de d’huile, considère avec impassibilité nos deux mains qui se sont unis dans un moule presque trop parfait. Son étreinte est bouillante mais ma chair si glaciale. Deux contraires. Deux contrastes. En cette nuit étoilée et glaciale, ce détail mortuaire, il n’est presque chimère. La demoiselle, bien creux enseveli dans mon manteau de charme est très loin de repérer le messager de la mort qui la guette… ma beauté est idyllique, mon regard lui transperce quasiment l’âme et bientôt mes crocs acérés feront de même.  Parfois, il est doux pour l’âme de ne pas savoir, d’ignorer complètement. D’ignorer complètement combien de temps il ne nous reste à vivre dans ce bas-monde…

La méchanceté d'un homme fait de lui un démon, la méchanceté d'une femme fait d'elle un enfer. Et  l’enfer fait naître le feu sulfureux, réchauffant le sempiternel hiver qui a depuis fort longtemps enveloppé mon cœur qui s’est assoupit dans ce givre cristallin et froid. Voici l’ironie de ma non vie !

De mon baiser mortel, j’aspirerai cette vie fragile. De mon baiser mortel, je briserai cette âme !

Mais les bruits de pas retentissent dans la sérénité de la nuit constellée et tout mon être se fige alors. L’odeur plus que familières de l’autre âme vagabonde faisant ressurgir des abysses les plus profonds, le fantôme d’un passé depuis longtemps regretté.

Cara.
Non... c'est impossible !

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Dernière édition par Blake le Dim 16 Mar - 21:35, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: ❝ and you'll be walking on air. ❞ - CAKE   ❝ and you'll be walking on air. ❞ -  CAKE EmptyJeu 5 Déc - 0:55

“When you feel my heat, look into my eyes, it's where my demons hide, it's where my demons hide. Don't get to close, it's dark inside, it's where my demons hide, it's where my demons hide.

Cara rejeta violemment la carcasse de son vélo contre le mur, contrariée. Les pneus avaient été crevés et désormais, il n'était plus possible de rouler avec. Elle visualisait déjà parfaitement les prochaines semaines où elle devrait sans doute mener ses courses, à pieds – et à cet instant, elle se dit que récidiver un braquage dans l'upper east side ne serait pas du luxe.
La jeune femme s'aventura dans les rues désertes de Brooklyn, un sentiment de solitude extrême pesant sur ses épaules graciles. Elle était bien loin de chez elle et la nuit était tombée depuis longtemps. Ce n'était pas bien grave en soi, puisque de toute manière il n'y avait personne pour l'attendre chez elle. À vrai dire, il n'y avait jamais personne pour guetter son retour et ses allées-venues. Il n'y avait personne pour s'inquiéter de son absence, ou redouter sa perte. Par moment, la jeune Butler avait la désagréable impression de n'être qu'un fantôme vagabondant entre les pics de la vie, qui se rend visible de temps à autre, mais jamais assez longtemps pour qu'on s'attache à sa mémoire. Elle ne regrettait pas tant que cela cette nature solitaire qui la caractérisait. Ça faisait des années qu'elle guidait ses pas et ses actes. Ne jamais dépendre de personne, et ne jamais laisser personne dépendre d'elle. Elle vivait avec ça – du moins, elle survivait.
La plupart des gens ne pouvaient pas comprendre pourquoi elle s'isolait à ce point. Pourquoi elle se découpait du reste de la société, comme un parasite que l'on met en quarantaine pour ne pas risquer une contagion. Il faut dire aussi que la plupart des gens n'avaient pas traversé les embûches qu'elle avait eu à vivre. Il lui apparaissait beaucoup plus simple de s'éloigner des hommes, vivants ou morts, et de leur vices. C'était la seule solution qu'elle avait trouvé pour rester forte en toute circonstance. C'est en se plaçant en décalé, qu'on est difficilement atteignable. Et puis, peut-être qu'elle était malade effectivement. Elle aurait pu être une parfaite machine à tuer, si sa confection n'avait pas foiré en cours de route. Elle attrapa une petite boîte de cachets rangée dans son sac à dos, et après avoir ouvert le couvercle en un 'plop' familier, elle en goba un et sentit presque immédiatement une vague d'apaisement la ballotter. Au bout de quelques minutes, elle se sentait déjà mieux et la perspective de marcher jusqu'au Bronx ne lui apparaissait plus aussi détestable – combien de fois l'avait-elle fait ? Pour fuir ses détracteurs, elle avait parcouru bien plus que ça. Elle pourrait aisément s'en accommoder.
Cara quitta la rue principale pour couper par une ruelle, empruntant un raccourci d'allure certes peu recommandable, mais qui lui épargnerait une borne inutile. Sa démarche était fluide et féline, trahissant presque sa nature de mutante qui par ailleurs, resurgit d'un coup. Une petite alarme venait de résonner sous son crâne et un long frisson désagréable lui était remonté le long de la colonne vertébrale. Elle n'aurait su dire ce qu'elle 'sentait', mais elle savait que ça ne présageait rien de bon. Instinctivement, Cara adopta une posture méfiante – sur ses gardes. Ses sens étaient tous en éveil et elle ne tarda pas à sentir une odeur métallique flotter sous ses narines. Écœurante. Elle n'eut aucun mal à reconnaître l'hémoglobine. Un bruit se fit entendre quelques mètres plus loin, comme si quelque chose venait de percuter du métal. Ses pupilles se dilatèrent presque instantanément, tandis que sa vue féline effectuait un zoom sur la source du bruit. Son visage était effrayant pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude de voir pareils yeux. Autrefois, la vue de son regard de fauve lui faisait peur. Ses capacités aussi. Désormais, elle savait que cela faisait partie d'elle et que comme tous le monde, elle devait faire avec.
Cara aperçut une silhouette. Elle s'approcha prudemment, pas à pas, avant de rejoindre le corps refroidi d'une jeune femme agonisante. Cara avisa sa jugulaire arrachée et une grimace tordit un instant son beau visage – malheureusement, elle ne pouvait rien pour elle. C'était terminé. Et comme si la victime elle-même avait compris son destin scellé, elle expira en un dernier râle. Feulement de pas derrière elle, son oreille se tendit. Lentement, elle porta une main à une lame qu'elle portait constamment sur elle, puis avec une vivacité inattendue, elle se rua avec une grâce brutale sur l'inconnu et le plaqua contre le mur de briques glacées. Ses pupilles cherchèrent les siennes, tandis qu'elle pressait son couteau contre sa gorge, se faisant menaçante. Cependant, elle sentit son cœur se soulever atrocement en reconnaissant ce visage à la fois tant aimé, et tant détesté. « Blake ... » laissa-t-elle échapper dans un souffle. Sa gorge se serra à lui en faire mal, et tout oxygène cessa soudainement de passer à travers ses poumons. Son myocarde lui-même semblait vouloir quitter sa cage thoracique, et le tout brûlait, intensément. Blake … Le choc en lui-même la fit tituber, tandis qu'elle reculait de plusieurs pas. À ses yeux, il était impossible qu'il soit là, devant elle à lui retourner son regard comme il le faisait si bien neuf ans plus tôt.
Neuf années … Il n'avait pas pris une ride, tandis qu'elle avait grandi et évolué en tant que femme, se forgeant un caractère très particulier. Si particulier qu'elle sentit soudainement une fureur sans borne la saisir jusqu'aux tréfonds de ses tripes. Dans ses rétines félines, on pouvait aisément lire cette rage qu'il lui inspirait – une rage issue et fondée sur son départ, son abandon. Elle n'aurait jamais cru le revoir un jour. Alors qu'il s'apprêtait à prendre la parole, Cara lui décocha un crochet du droit agressif. « N'essaies même pas ... » lâcha-t-elle. Ne t'avises même pas d'essayer de t'expliquer, ou d'avancer quoi que ce soit …
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MessageSujet: Re: ❝ and you'll be walking on air. ❞ - CAKE   ❝ and you'll be walking on air. ❞ -  CAKE EmptySam 14 Déc - 5:52




set the world on fire
No one ever thought she could do that.

Neuf ans. Neuf ans déjà. Cara. Enfant perdue et brisée. Être fêlée en un monde vain. Enfant tiraillée en les courants sinueux d’une vie qui ne lui promettait que misère et noirceur. Je l’ai recueillie en mon univers despotique et vil. Je l’aie calfeutré dans ce sinistre sanctuaire, l’emmitouflant dans mon servile manteau mortuaire et la protégeant de cette déchéance nous damnant tous l’âme. Gamine, elle a appris à me craindre, mais à respecter l’être tourmenté et décousu que je suis. Elle m’a offert ce que peu de gens savait m’offrir.  Sa confiance… une confiance beaucoup trop chimérique qui a fini par la rendre aveugle. En lui ouvrant consciencieusement les yeux sur ce cauchemar sempiternel que nous traversons en toute lucidité, j’ai fini par lui fermer les yeux sur l’être pernicieux que j’ai toujours été. Elle voyait en moi lumière et espoir, mais je n’étais jamais que désespoir et éphémère. Une étoile filante qui a embrasée le firmament durant un instant, mais qui a fini par aller se perdre et mourir dans la nébulosité d’une nuit sépulcrale. Âme que j’ai appris à aimer, âme que j’ai appris à sauver, âme que j’ai appris à chanter, âme que j’ai appris à louanger. Cara… enfant des Ombres… J’ai tant essayé et j’ai tant éprouvé. Essayé de l’éloigner du mensonge et des vapeurs exécrables de ce monde perdu et oublié dans le Chaos. J’ai tant cherché à lui accorder cette grâce affabulatrice qui parviendrait un jour à lui démontrer ses forces et ses faiblesses. J’ai tant éprouvé de larmes et de supplice qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas totalement plongé dans ce bain de ténèbres, que je ne suis pas inférieur à ces êtres disloqués que je méprise. Cara est ma plus belle réussite, mais également l’un de mes plus grands regrets.  

Âme que j’ai appris à aimer, âme que j’ai appris à sauver, âme que j’ai appris à chanter, âme que j’ai appris à louanger… Enfant perdue et brisée que j’ai appris à aimer comme ma propre fille.

Neuf ans… déjà…

Comment expliquer un acte aussi pitoyable et méprisable ? Comment justifier la présence de ce fardeau, ce boulet, que j’ai moi-même enchaîné à ses chevilles ? Je n’ai aucune excuse. Je ne recherche pas la rédemption. Je ne peux expliquer ce que je suis et ce que j’ai fait. Je ne peux fuir ce qui ne cesse de se pâmer dans tous les recoins de mes émeraude acérées et vives. J’ai appris à aimer cette enfant, à défaut de me détester et de me mépriser. En voulant fuir ce que je suis, j’ai fuis l’être qui m’importait le plus dans le caveau de cette ville de fous et de cinglés. J’ai abandonné tous mes rêves, mais je l’ai également abandonnée. Et pour ça, je me déteste que davantage.

Sarcophage de pleur et de douleur, j’y ai enfoui l’être ravagé que j’aurais autrefois été. Tombeau égaré au cœur de l’ébène, là où la lumière irradiante du jour rédempteur se refuse d’entrer. Ma conscience n’est plus et celui qu’elle regarde présentement n’est qu’un triste mirage de ce qu’elle croyait autrefois connaître.

Ivre de vertige, ivre de colère, ce bouleversement irréversible fait colossalement vibrer ma poitrine de mort vivant. Vif… vif de vitalité et de perdition. Les jointures s’écrasent violemment sur le flanc de ma mâchoire carrée et sévèrement crispée. Mon crâne soudainement secoué suit la trajectoire de ce violent coup de poing et ma tête s’affaisse légèrement sur le côté. L’ultime collision. Le choc est brutal. Ça électrifie et consume ma chair. Cette marque indélébile s’encastre sur le satin de ma peau d’ivoire. La douleur est vive et exaltante. Torture qui ne me noue plus seulement les boyaux, mais frappe directement à l’estomac, un coup colossal, un coup tout droit porté au cœur. Un coup qui fait mal. Je souris. Moue carnassière qui s’étire jusqu’à mes oreilles. Grand sourire Colgate qui doit fort probablement donner l’impression que je dois avoir deux mille dents dans la gueule. Mon regard vif et serein rencontre de nouveau les grands yeux chocolat de la fauve, nos âmes vagabondent se retrouvent alors et comme toujours je m’accroche servilement à ces deux globe oculaires. J’entends l’hymne de la détresse qui se répercute en échos dans le treillis recourbé de ses côtes. Son cœur bat la chamade. Et mon sourire immense ne s’accroît que davantage sur le marbre de ma figure austère et sinistre.

Passif, en signe de totale soumission, je lève les mais en l’air et acquiesces docilement à sa requête.

- Je ne tenterai rien. C'est promis, juré, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en Enfer, ma voix suave et mélodieuse est escortée par la mascarade de mes fins mouvement. Avec mon index, je me signe de la croix sur le torse et observe théâtralement les cieux. Divine comédie qui me lasse déjà. Je m’arrête quelques instants de bouger et observe un court moment cette lueur au sein des ténèbres. Cara… ma pauvre Cara…    

- Née d'un siècle vaurien, je dois admettre que tu t’en es sortie admirablement bien, Cara.

Je soupire, la mine synthétiquement estimable alors que, l’air mine ne rien, je me décolle les omoplates de contre la paroi du haut mur de briques et déambule lentement dans la ruelle.

- Tu es magnifique.

D’une démarche bien paisible et céleste qui donne à penser que je flotte presque au-dessus du sol poisseux, les bras croisés derrière le dos, je me rapproche doucement de la jolie brune, jusqu’à posément venir lui faire face…      

- Vous m’avez manqué…

Je me rapproche… encore… contraignant l’être délurée de se reculer vers le mur de brique édifié derrière-elle.

- Toi… mes mains livides se délogent tranquillement de mon dos, et ton caractère. Plaquée d’une vélocité effarante contre le béton, les pieds de Demoiselle Fâchée décollent prestement du sol alors que je la soulève de mon simple poing se moulant sans aucun ménagement contre les frêles vertèbres de son cou.  

- Amour. Haine. Entre ces deux frontières, la ligne est tellement immensément fine. Ne penses-tu pas, Cara ?  

Question qui n’attend aucune réponse… ou presque.

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Dernière édition par Blake le Dim 16 Mar - 21:34, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: ❝ and you'll be walking on air. ❞ - CAKE   ❝ and you'll be walking on air. ❞ -  CAKE EmptyDim 5 Jan - 2:35

“When you feel my heat, look into my eyes, it's where my demons hide, it's where my demons hide. Don't get to close, it's dark inside, it's where my demons hide, it's where my demons hide.

Ses mâchoires lui firent mal, tant elle serrait les dents pour contenir toute la rage qui l'habitait et qui ne demandait qu'une seule chose, s'exprimer. Le sourire qu'il lui retourna pour toute réponse exacerba d'autant plus son besoin de relâcher son contrôle sous-jacent, de libérer le fauve qui se tapissait au fond d'elle et qui la caractérisait par toute ses terminaisons nerveuses. À le regarder ainsi – et bien que ce n'était en aucun cas dans sa nature – elle aurait pu lui arracher la tête, ce avec les dents s'il le fallait.
Elle se contenta de le dévisager, une expression profondément méprisante sur le visage. Cara, comme n'importe quelle personne abandonnée par son modèle, n'attendait aucune excuse et encore moins d'explications. Cela importait peu à ses yeux, car les mots ne remplaceraient pas les années qu'elle avait dû passer seule, dans l'incompréhension la plus totale et plus démunie encore qu'un nouveau-né qui apprend à inspirer de grande goulées d'oxygène pour la première fois. Cela ne remplacerait pas le doute qui l'avait hanté pendant ce qui lui avait semblé être des siècles – était-il mort ? Pourquoi s'en était-il allé ? Pourquoi ne l'avait-il pas emmenée avec lui ? S'était-il lassé d'elle ? N'était-elle plus assez digne de son attention ? Des interrogations aussi cruelles qu'irrationnelles. Avec le temps, elle s'était forgée une carapace – non, rien n'était de sa faute. C'était lui, juste lui. Sa nature l'avait rattrapé, n'est-ce pas ? Seulement même cet argument n'était pas recevable. De son propre chef, il l'avait recueillie et élevée. Il lui avait prodigué la tendresse. Enfin, il avait assuré sa sécurité – un sentiment qu'elle n'avait plus connu depuis que son île natale avait subie des assauts destructeurs. Il avait fait un choix. Et dans sa mémoire, la voix de son père biologique revenait sans cesse et lui murmurait, comme une leçon universelle ; « On est responsable de ceux que l'on apprivoise. » Blake l'avait apprivoisé. Il avait peu à peu gagné sa confiance et son amour. Un amour désespéré, celui d'une enfant qui n'avait plus rien et qui ne pouvait plus vivre sans sa présence. Un amour qui se contre-fichait des lois de l'univers, car elle ne gravitait qu'autour de lui. S'il n'avait pas estimé être en mesure d'assumer cela, il aurait mieux fait de lui trancher la gorge directement. Annoncer la couleur dès que leurs regards s'étaient croisés, dans ce fameux van. Une teinte écarlate.
Blake leva les mains en l'air, comme un suspect pris sur le fait. Une sorte de décontraction insolente émanait de chacun de ses gestes, une insolence qu'elle ne connaissait que trop bien puisqu'elle faisait écho à la sienne. Cara n'en avait pas conscience, mais elle conservait des habitudes et un comportement qu'elle avait tout droit hérité de son ex-mentor. Le lui aurait-on prouvé, qu'elle se serait tout de même plongée dans un profond déni. Avoir quoi que ce soit en commun avec lui, lui remontait désormais dans la gorge. Elle l'avait bien trop soigneusement renié pour ne serait-ce que l'admettre un tout petit peu. Même pas seule, face à elle-même.
« Je ne tenterai rien. C'est promis, juré, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en Enfer. »
Le son de sa voix la fit frissonner. Elle ne l'avait plus entendu depuis si longtemps … Il n'avait plus été qu'un simple murmure dans les tréfonds de son esprit, comme une douce mélodie que l'on oubli avec le temps et dont on ne saisit même plus les paroles. Un timbre si particulier, qu'elle n'aurait jamais cru entendre de nouveau … Cara plissa les yeux, nullement amusée par les propos ironiques de son ancien protecteur.
« Autant t'y envoyer de suite. Ça ne vaut pas la peine de gaspiller ta salive. » répondit-elle avec verve en sentant chaque muscle de son corps se contracter. Pour tous les mensonges qu'il avait pu proférer, ceux qu'il s'apprêtait à balancer, et ceux qui adviendront à l'avenir.
Il sembla ignorer sa remarque et Cara nota qu'il se détachait lentement du mur contre lequel elle l'avait plaqué quelques instants plus tôt. Son instinct lui intima de faire un pas en arrière, mais ses jambes étaient comme paralysées. Elle s'était figée, comme un félin qui guette avec la plus grande attention ce qui s'introduit dans son espace vital – qui identifie tous les critères, les données, les fluctuations de l'atmosphère pour privilégier soit l'attaque, soit la défense. Son cœur menaçait de se rompre dans sa poitrine et le sang lui remontait jusqu'à ses tympans. Elle serra plus étroitement le manche de sa lame – non, elle ne parvenait pas à ralentir les pulsations de son myocarde. Le face à face était trop imprévisible et à fortiori, trop brutal. Elle ne s'attendait pas à le revoir, elle n'était donc nullement préparée aux circonstances. Et elle n'était pas connue pour être d'une grande patience.
« Née d'un siècle vaurien, je dois admettre que tu t’en es sortie admirablement bien, Cara. »
Ce n'est pas grâce à toi ! aurait-elle souhaité lui hurler en pleine face. Cependant, elle avait l'intime sentiment que cela révélerait cette plaie ouverte et béante qu'elle dissimulait plus ou moins bien depuis toujours. Causée par l'abandon, l'incertitude, les pleurs d'une jeune femme dont le père s'est détourné d'elle. Immature.
« Tu es magnifique. »
Ses prunelles fauves suivit le cercle qu'il effectua autour d'elle, jusqu'à se clore lorsqu'il fut dans son dos, ne laissant que ses autres sens en alerte. Elle avait la désagréable sensation de subir un retournement de force. Que le créateur admirait une œuvre ancienne abandonnée au fond de son grenier, et en constatait les détails et les couleurs pour la première fois depuis des années et s'en émerveillait enfin. Il fut bientôt face à elle. Cara sentit son visage à proximité du sien et ouvrit les paupières pour fixer son regard dans le sien. Elle n'y reconnaissait rien, si ce n'est les fantômes du passé. Qui le hantait peut-être autant qu'elle. Cela étant, il aurait fallut qu'il soit doté d'une conscience.  
« Vous m’avez manqué…Toi… et ton caractère. »
Cara se retrouva à son tour pressée contre le mur de brique, prisonnière de sa faiblesse. Elle sentit la paume de Blake caresser sa gorge, l'enserrant bientôt entre ses doigts. Presque avec tendresse.
«  Mentir, c'est pêché … Daddy» railla-t-elle finalement. Sa gorge était affreusement sèche, si bien que son ton fut rauque et son regard lourd de sens – inatteignable.
Elle parvint à retenir une bouffée d'air dans ses poumons, avant que ses pieds ne quittent le sol contre sa volonté.  Instinctivement, elle porta ses propres mains à celles de Blake pour en desserrer la poigne – ce qui rythmait la vie de Cara n'était rien d'autre que l'instinct de survie. Elle avait survécu toutes ces années et affronté des situations bien plus scabreuses que celle-ci. Elle ne comptait pas terminer ainsi, au fond d'une ruelle. C'était bien trop pathétique et banal pour elle.
« Amour. Haine. Entre ces deux frontières, la ligne est tellement immensément fine. Ne penses-tu pas, Cara ? »
Cara ne répondit pas de suite. Ses yeux se baissèrent vers les siens, tandis qu'elles pinçaient violemment ses lèvres vermeilles.
« Tu .. Tu n'as jamais .. connu que, que la Haine. » répondit-t-elle avec difficulté. Elle parvint à desserrer suffisamment ses doigts pour pouvoir poursuivre. « La Haine envers les autres, la Haine envers toi-même ... » Cara avait suffisamment vécût avec Blake pour en connaître ses facettes. Comment pouvait-il tenir à quelqu'un, alors qu'il ne tenait pas même à lui-même ? Comment pouvait-il, si ce n'est qu'en se berçant d'illusions ? « Et c'est encore une fois cette Haine qui t'a fait partir, il y a neuf ans. » Et c'était cette Haine qu'il lui avait légué, pour seul héritage …
Elle sentit la poigne de Blake se resserrer davantage sur son cou et un long picotement vint l'agiter, désagréable. Pile au niveau où une cicatrice blanchâtre brillait sur sa peau mâte. Où il l'avait mordu, une décennie plus tôt. Son myocarde s'emballa de plus belle et la jeune femme déglutit difficilement, tandis qu'un sourire involontaire s'affichait sur ses lèvres. Il lui apparaissait assez misérable, là de suite. Son image était tellement identique à celle qu'elle conservait de ses souvenirs … Que ça lui soulevait le cœur, autant que ça la faisait rire amèrement.
« Aurais-tu perdu de tes manières ? » finit-elle par dire, retrouvant son cynisme. « Ce n'est pas ainsi qu'on traite une jeune femme, non ? »
Elle saisit sa lame une nouvelle fois et contre toute attente, s'entailla la peau où perla instantanément une goutte de sang. Peut-être voulait-elle le distraire. Ou peut-être voulait-elle comprendre s'il avait un jour été capable d'Amour. Le tout passait toujours par le sang, n'est-ce pas ? Boire ou ne pas boire, telle était la question …
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MessageSujet: Re: ❝ and you'll be walking on air. ❞ - CAKE   ❝ and you'll be walking on air. ❞ -  CAKE EmptyMer 5 Fév - 5:40




set the world on fire
No one ever thought she could do that.

Pourquoi je suis parti ? Jamais. Jamais cette question n’a cessé de résonner contre les cloisons osseuses de mon crâne. Écho lancinant et cuisant qui n’a de cesse broyé ma cervelle. Regard incessamment rivé sur l’arrière, voyant dépérir au loin un Autrefois que je regrette amèrement et tourmente mes pensées enténébrées. Triste vagabond errant sur un monde vain, mes repentirs me rendant si lâche, fuyant l’être chère, rampant de cité en cité, de terre en terre, sans jamais poser bagages et enfin mettre un terme à cette course ridicule que j’ai esquissée durant toutes ces années. Comprenant que peu importe où je vais, jamais je ne trouverais ma place, sachant qu’à ses côtés j’aurais dû rester, mais nulle part je suis allé.  Décision qui me paraissait logique… du moins, pour mes yeux de mort-vivant.

Cara. Elle s’étale dans ma vie. Repose au fond de mon éternité. Brille au tréfonds de mon âme inassouvie et fêlée. Ses beaux grands yeux d’enfant, reluisant dans les ténèbres de mon esprit. Enfant au regard obscur, profond, vaste et clairvoyant. Billes enflammées qui allument les cierges mortuaires de mes sinistres émeraude, mêlant mes pensées qui durant un temps ont résonnées d’Amour et de Foi. Mortelle que j’aime tant. Cara. Elle est le reflet que je ne possède désormais plus dans un miroir. Elle est mon rêve. Je suis son cauchemar. Elle est d’Amour. Je suis de Haine. Elle est d’Espoir. Je ne suis que Dérisoire. Contraire qui autrefois s’attiraient dans la plus belle et parfaite des chimères. Illusion qui m’a bercé durant bien longtemps. Illusion qui nous a tous les deux bernés. Fou. Fou d’amour et de vie. Moi jadis si vide et démuni. Mon cœur a passagèrement brillée de clarté, voyant dans les yeux de ma tendre enfant briller je ne sais quoi de bon et de doux. Tendre et mystique comme une nuit sans étoiles, nuit obscure qui a versé sur moi tant de ténèbres. Fou. Fou d’amour et de vie.  Le cœur content, le cœur battant, sombrant dans l’Oubli son inertie pourtant bien là et pompant mes envies les plus redoutables. Nature obscure. Nature aux innombrables fissures. Nature dont elle n’en voyait que la bonne figure. Nature m’emmenant vers les mauvais augures. Nature lui apportant la pire des meurtrissures. Succombant à mon Vice, elle a été mon premier supplice. Fou. Fou d’amour et de vie. Tranquille comme un sage, mais fourbe comme un bandit.  Nature dont elle n’en voyait que la bonne figure. Nature m’emmenant vers les mauvais augures. Nature lui apportant la pire des meurtrissures. L’ivoire de mes crocs acérés fomentant mes déboires, lors d’un soir trop noir où elle n’y voyait qu’Espoir…

Encore maintenant, le goût de son sang, si tendre, si chaud, sur ma langue… je le perçois. Empreinte indélébile. Ciselant ma trachée comme des fragments de verres. Besoin douloureux. Besoin si furieux. Nectar succulent. Fou. Fou d’amour et de vie. Besoin douloureux. Besoin si furieux. Incapable d’aimer. Incapable de l’aimer. L’aimer comme une proie. Lui arracher toute Foi. La contraignant à mes lois, m’obéissant comme il se doit. Enfant parfaite. Enfant défaite…

Cara… juste et tout simplement Cara.

Pourquoi je suis parti ?
Pour elle. Pour la protéger. La protéger de moi. La protéger de nous.

Elle connait mes forces et mes faiblesses. Comme moi j’ai appris à découvrir les siennes. Par-cœur, nous nous connaissons par-cœur.  Usant de nos expériences pour lentement se frayer un chemin et se façonner une place en nos deux cœurs meurtris et ravagés. Deux âmes esseulées qui se sont rencontrées et consolées. Baume sur nos blessures encore pourpres et douloureuses. On se fait mal, mutuellement. On s’échine à se défier. Poussant nos vices toujours plus loin. Poussant l’horreur encore plus creux. Prenant nos vulnérabilités pour des armes et ne se gênant pas pour les utiliser. Rengaines que la vie elle-même m’a apprises et que j’ai inculquées à Cara. Enfant parfaite. Enfant défaite. Elle n’a peur de rien. Même pas de moi. Une coquille vide. Juste et tout simplement une coquille vide. Malheureuse poupée de verre que j’ai brisée. A-t-elle si dangereusement perdu le goût de vivre ? Hélas, c’est avec effroi qu’elle me le confirme, voyant briller dans le recoin de mon œil, la lame acérée de son poignard qu’elle ne tarde pas d’enfouir dans le satin de sa chair dorée. La plaie, creuse, vive, pourpre, s’entaille doucement sur son poignet, les larmes pourpres et cristallines ne tardant pas d’immerger sur sa peau ambrée. Parfum si doux. Parfum éveillant mes sens. Parfum me rendant naufrage alors que mon être devient tempête. Dans l’espace d’un seul instant, j’ai l’impression que l’on m’a redonné un cœur, juste pour que j’ai l’occasion de le sentir s’éclater en morceaux dans le creux de ma poitrine.  Elle sait ce que son sang éveille en moi. Elle le sait, la cicatrice d’albâtre laquant la chair de son cou est là pour mettre en lumière cette nuance…

Mon regard s’assombrit, les veines violacées s’animent en-dessous de mes globes oculaires, mes crocs, aussi blancs que l’ivoire, ne tardant pas de jaillir de mes gencives… Le démon se réveille de son profond sommeil, mon visage éthéré perd son manteau de charme et de douceur. Sur mes traits de fer, la Laideur est là. L’ange s’envole, cédant son règne à ce monstre sévissant et ravageant cette minime parcelle de merveille.  Elle a réveillé ma plus redoutable faiblesse. Ivre de désir. Ivre de mon vice. Ma main, toujours moulée contre sa gorge, se resserre que davantage contre les fragiles vertèbres alors que mon visage se rapproche sournoisement de ce masque de porcelaine défraichie, sans pour autant effleurer la moindre parcelle de sa chair aguicheuse et savoureuse.  Mon regard carnassier, toutefois, demeure immuablement bien accroché sur la plaie sanguinolente.

- Désespérée, tu oses éveiller, de mon esprit humilié, ce souvenir tragique. Jeu cruel et barbare que tu m’imposes là. Courageuse ou sotte ? Je ne le sais point. Pour mettre un baume sur ma lâcheté, j’ai dû renoncer à toi. Épargnant ta misérable vie que tu es prête à jeter comme de la charogne, ce soir. Une fois, jadis, tu as ressuscité mon cadavre d’incube. La Fatalité nous a embrassés de ses lèvres perfides. N’as-tu donc rien appris de ces années écoulées ?

Ses mots à peine prononcés, je guide ma main libre au niveau de ma gueule monstrueuse, écrasant l’intérieur de mon poignet sur mes lèvres livides. Comme du beurre, mes canines acérées lacèrent ma peau opaline, mon sang glacé et horripilant inondant mon gosier et glissant généreusement sur mes papilles gustatives de plus en plus avides. Mordant comme un fauve sur mon emprise, ignorant totalement la douleur engendrée, je m’arrache un bout de chair que je recrache sur le bitume comme un vieux chewing-gum alors que dans la foulée de ma mutilation je tends mon poignet meurtri vers les lèvres de la mutante.  

- La haine et la colère sont deux désespérances qui font vivre. Enfant de l’ombre deviens-tu ? Enfant de l’ombre ne deviens-tu pas ? Succombes à tes tourmentes. Je succomberais de nouveau aux miennes. Renonces à ces dernières. Et je renoncerais de nouveau à toi.

Sourire embaumé de tristesse.

- Ensemble, toi et moi, nous approchons de la Vallée des Morts. Ensemble… toi et moi… ça n’a jamais été que nous deux. Toujours. Gamine, cette promesse, tu adorais me l’entendre dire. Boire ou ne pas boire... la décision t'appartient. Comme toujours, je t'accompagnerai. Peu importe le choix.

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