Cause you never said goodbye || Alone

New-York, 2010


Le chemin de la maison. Seul point de repère quand tout s'écroule. Le chemin de la maison. Le seul endroit où elle se sentait à l'abris. Le chemin de la maison... Elle en avait rêvé toute la journée. Son foyer. Elle voulait se blottir sous sa couette. Nettoyer tout ce sang sur ses vêtements. Elle voulait retrouver la chaleur de son foyer. Oublier l'espace d'un instant les vampires, la chasse. Oublier ces derniers mois. Ces dernières années. Retrouver une vie normale. Mais il était déjà trop tard.

Elle avait passé sa journée dans l'obscurité. A attendre. A comprendre. Cherchant à savoir de quoi serait fait son avenir. Le doute. La peur. Rien ne sera plus comme avant. Enfant perdue. Elle cherchait le chemin de sa maison. Maman... Pourquoi j'ai la peau pâle? Maman... Pourquoi mon coeur a cessé de battre? Maman... Pourquoi je suis morte? Enfant perdue, elle déambulait dans les rues. Ignorant les regards posés sur elle. Son corps devenu de marbre bousculait les passants sur sa route. Elle voulait rentrer. Retrouver sa mère et la prendre dans ses bras. Elle voulait être rassurée. Qu'on lui murmure que tout allait bien se passer. Agréable mensonge. Odieuse vérité. Elle sentait déjà la faim la tirailler. Mais tout allait bien se passer... Agréable mensonge. Odieuse vérité.

A quelques mètres de sa maison, elle s'arrêta. Ses grands yeux clairs observaient la petite demeure. Petite mais conviviale. Petite mais rassurante. Elle pouvait voir les lumières du salon allumées. Sa mère était là. Sa mère l'attendait... Elle en était persuadée. Ensemble, elles s'entraideraient. Ensemble... elles surmonteront cette épreuve. Un soupir de soulagement franchit ses lèvres blanchies alors qu'elle reprenait sa marche. Elle avait enfin retrouver le chemin de sa maison... sa maison... Une fois à la porte d'entrée, sa main ensanglantée frappa contre la plaque de bois. Les secondes qui s'écoulèrent lui parurent insurmontables. Intenables. Mélange de soulagement, de joie mais également de terreur. Plus rien ne serait comme avant... Elle le savait.

Lorsque la porte s'ouvrit enfin, Roxane voulu se jeter dans les bras de sa mère... Mais une barrière invisible l'empêchait d'en franchir le seuil. Sa condition devenait alors que plus tangible. Plus douloureuse. Un petit rire nerveux s'échappa, alors qu'elle observait sa mère, attendant une réaction de sa part. La quarantenaire demeurait droite, impassible. Ses yeux d'un vert limpides regardaient sa propre fille comme si elle n'était rien d'autre qu'une simple étrangère. Un parasite.

- Maman... Tu... Tu ne m'invite pas à entrer? questionna la blonde, d'une voix étranglée.
- Je n'invite pas les démons chez moi.

Cinglante et sans appel. Un coup de poignard dans son coeur mort. Incompréhension et consternation. Comment? Comment pouvait-elle dire cela? Roxane ne comprenait pas. Sa bouche s'ouvrit mais aucuns sons ne sortis. Elle devait réveiller toute éveillée. Tout ceci n'était rien d'autres qu'un horrible cauchemar. Elle tenta d'avancer d'un pas mais de nouveau, elle se heurta à la barrière.

- Mais... Maman...
- Ne m'appelle pas comme ça! s'insurgea aussitôt la sorcière, une trace d'émotion dans la voix... Une trace à peine perceptible, submergée par la haine. Ma seule et unique fille est morte la nuit dernière!

Sans voix, Roxane ne pouvait que contempler sa mère alors que ses yeux se remplirent de larmes. Sa mère... Sa seule famille. Elle tournait le dos sans le moindre remords. Un poids énorme comprimait sa poitrine. Une boule au niveau de sa gorge commençait à se former alors qu'elle assimilait enfin la réalité. Sa propre mère la rejetait pour quelque chose qu'elle n'avait pas choisi!!!

- Mais je suis là!! Regarde... posant ses mains au niveau de son coeur mort, elle ne pouvait s'empêcher de laisser des larmes rouler sur ses joues. C'est moi... Ta fille...  

- Plus maintenant... souffla la sorcière. Maintenant, pars et que je ne te revois plus, démon!

Et sans plus de cérémonie, la porte se referma au nez de la blonde.

- Maman! Non!!

Aussitôt, la nouveau-née se mit à tambouriner contre la porte à mesure que les sanglots l'étouffaient. Elle voulait retrouver le chemin de sa maison. Elle voulait retrouver le réconfort de son foyer. La chaleur d'un cocon rassurant. Elle voulait juste qu'on la rassure... Qu'on lui dise que tout allait bien se passer. Elle avait besoin de sa mère... Comme toute enfant perdue cherchant le chemin de sa maison.

- Ouvre moi... je t'en prie!!

Malgré toute les supplications... malgré toutes les larmes... Jamais plus la porte de sa maison ne s'ouvrit pour elle.

© disturbed