Magic, Rebel & Slayer [Joe & Sam]

Magic, Rebel & Slayer

Le sol vacille devant ses yeux, comme si elle était sur un bateau en pleine mer. Elle ferme les yeux un instant, mais il y a cette fille un peu plus loin. Dans le journal de son aïeule, elle s’appelle Johanna. Samantha se force à rester connectée au monde. Mais c’est étrange, quand elle ne parvient plus à sentir la force de la terre sous elle. Ou du moins bien moins facilement que d’habitude. Elle doit se concentrer très fort, mais elle est trop fatiguée. Elle donnerait n’importe quoi pour s’endormir sur le sol et n’être réveillée que le lendemain. Ou dans une semaine, un mois. Trois, ou quatre. La cire des bougies éteintes s’est répandue sur le sol. Il n’y a que la lumière blafarde de l’ordinateur qui illumine la pièce. Elle aurait pu allumer la lampe près de la table basse. Mais non. Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait plus. A nouveau une vague de peur s’empara d’elle, faisant grimper son taux d’adrénaline. Elle se redresse sur ses coudes et regarde la silhouette nue au sol. Elle se dit qu’elle devrait lui apporter un peignoir ou quelque chose. Ne pas la laisser là, comme ça. On ne savait jamais ce qu’il pouvait arriver. La porte était barricadée mais il aurait été facile de l’enfoncer au cas où. Heureusement les bougies s’étaient éteintes quand elle était tombée, sinon ça aurait donné lieu à beau feu de joie.

Samantha se dresse un peu plus, sur ses mains. Ses doigts se maculent de cire encore un peu visqueuse. Elle s’en rend à peine compte. Tout tourne autour d’elle. Elle ferme les paupières avec force et s’intime de respirer profondément. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Inspirer… Ça va mieux. Elle rouvre doucement les yeux et se met à genoux. Ça va. Ça ne tangue plus autant. Mais ça la perturbe. Elle a peur. Elle est déboussolée. Ses tatouages ne se dessinent plus sur sa peau pâle. Elle n’est plus que de la porcelaine vierge. Il n’y a plus rien. Rien du tout. Comme une ardoise qu’on efface. Elle voudrait s’asseoir en tailleur et essayer de puiser à l’intérieur d’elle pour voir si sa boule d’énergie, de magie est toujours là, réconfortante. Mais elle a peur de ne pas l’y trouver. Elle a peur qu’elle ne soit plus là. Tout aussi disparue que ses tatouages. Et elle ne peut pas. Pas le temps. Elle se lève, chancèle un peu sur ses pieds. Elle se retient au dossier du canapé, puis à sa chaise de bureau pour atteindre la porte où est fixé le porte-manteau avec son peignoir dessus. Elle sursaute et manque de tomber sur la chaise glissée sous la poignée quand on frappe au montant. Son cœur fait un bond dans sa poitrine et reprend sa course effrénée, l’épuisant encore un peu plus. — Eh ! Ca va ?! — Samantha regarde la porte comme si elle allait se jeter sur elle pour la dévorer. Sûrement juste un contrecoup du sortilège et de la désorientation qu’elle ressent.

Finalement, elle s’en éloigne pour aller poser le peignoir sur les épaules de Johanna, délicatement, pour ne pas l’effrayer. Elle lui adresse un sourire qui se veut rassurant tout en s’accroupissant à ses côtés. — Johanna ? Tout va bien… Je — Oh ! … Euh... Sam.. ! Dis quelque chose ! Envoie-moi chier si tu dors, mais quand même ! — Elle sursaute à nouveau. Ça y est, elle reconnaît la voix. C’est Mordred, le voisin d’à côté. Celui qui l’a sauvée de son grille-pain la dernière fois. Qu’elle croise de temps en temps en cours de psycho. Sam ferme les paupières et se les masse doucement. Puis elle se souvient de Johanna et lui adresse un sourire d’excuse. — Désolée… Je reviens tout de suite. — Elle se redresse, chancèle à nouveau parce qu’elle a bougé trop vite. Il allait lui falloir une aspirine. Ce qu’elle n’avait jamais dans ses tiroirs… Généralement un peu de méditation venait à bout de ses maux de crâne. Elle se masse la tempe droite distraitement, avance jusqu’à la porte et repousse la chaise avant d’ouvrir le battant. Elle passe la tête par l’embrasure et d’un regard, elle remarque que Mordred est juste en caleçon, avec une paire de chaussettes. Une autre fois, dans une autre situation, elle aurait rougi… mais elle-même n’était qu’en tee-shirt manches courtes et en shorty et il y avait une mutante de plusieurs siècles toute nue par terre alors… Bref. Elle passa la main sur son visage avant de repousser les mèches qui lui tombaient devant les yeux. — Qu’est-ce qu’il y a Mordred ? — Elle devait avoir la tête de quelqu’un qu’on réveille en pleine nuit et qui n’avait que très peu dormi… pourtant, la veille encore, elle était fraîche comme une rose… Evidemment, elle avait prévu tout et avait veillé à bien dormir les nuits d’avant… A croire que ça n’avait pas été suffisant.

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Elle passe le peignoir sur les épaules de la jeune femme. Elle murmure son nom du bout des lèvres en essayant de la rassurer. Elle ne sait pas si c’est réellement nécessaire. Elle ne sait pas grand chose. Elle n’a jamais ramené de mort à la vie. Ce n’est pas comme dans Terminator où Schwarzenegger apparaît tout nu et casse la figure à une paire de motards. Pas vraiment. Lui n’est pas mort. Il est juste envoyé dans le passé. Pour Johanna, c’était plutôt l’inverse : envoyée dans le futur, arrachée de la dimension — paradisiaque ou infernale — dans laquelle elle allait passer son éternité. Elle a l’air perdu, complètement terrorisée. Samantha peut comprendre. Un nouveau monde. De nouveaux visages. La sorcière ne savait pas depuis combien de temps Johanna n’avait pas vu ce monde-ci… Peut-être même que les ordinateurs lui étaient totalement inconnu. Le sien braillaient d’ailleurs encore de la musique. Ce n’était pas tant de la musique de barbare… de la musique classique aurait fait tout à faire l’affaire pour couvrir ses cris.

Mais Sam va ouvrir la porte. Elle entend Mordred de l’autre côté. Le voisin. Est-ce la musique qui le dérange ? C’est vrai qu’il n’est pas vraiment très poli de garder le son à fond ou presque alors que les autres dorment. Elle le voit froncer les sourcils quand il la détaille. Oui, elle a mauvaise mine. Elle passe une main sur son visage avant de repousser ses mèches vers l’arrière. Lui-même n’avait pas l’air très frais, en caleçon et en chaussettes, sur le pas de sa porte. Sûrement pas à cause d’un sort qui avait mal tourné et lui avait pompé toute son énergie. Non. Plutôt juste une petite colonie de bières. — Pourquoi tu gardes la musique comme ça … ? Et puis pourquoi t'as mis une chaise derrière ta porte ? — Mordred, toujours aussi direct et plein de tact. Samantha lève les yeux vers le plafond. Elle n’a pas envie de s’expliquer. Elle frotte distraitement ses bras et ne parvient pas à rester statique sur ses pieds. Elle les frotte contre ses jambes nues, comme si des fourmis rampaient sur son corps. Elle pousse un soupir. — Désolée… Je… C’était nécessaire. — Excuse piteuse, il est vrai. Pour ne pas que tu viennes en courant parce que je me serais arrachée les cordes vocales. Mais apparemment, il était venu quand même, même s’il ne l’avait pas entendue. D’ailleurs, sa voix était encore un peu rauque, sa gorge douloureuse. — T'as l'air d'avoir besoin d'aspirine ou de manger un truc sucré... J'en ai s'tu veux. — Samantha haussa vaguement les épaules. Oui, elle avait un mal de crâne atroce. Mais tout ce qu’elle voulait, c’était que Mordred retourne dans son appartement et la laisse avec ses problèmes. — Oui… Oui, une aspirine… — Ça le ferait s’en aller pendant un moment au moins. Elle aurait le temps de ranger un peu l'appartement.

Mais un bruit de tissus se fit entendre derrière elle et Mordred posa la main sur la porte. — Qu’est-ce que… Qu’est-ce que tu fais ! — Mais il était déjà entré. Evidemment, Mordred n’était pas un meilleur ami comme les autres. Elle le savait bien. Pourtant, dans un sens, n’était-ce pas ce que les meilleurs amis devaient faire ? Se foutre des « non » et insister pour parler, pour savoir ce qu’il se passait. Là ce n’était pas une vulgaire histoire de cœur ou une connerie du genre. Non. C’était un foutu sort qui avait réussi. Qui avait réussi mais aussi mal tourné d’une certaine manière. Et Mordred rentrait dans son appartement. La musique diminua, comme s’il l’avait intimé à l’ordinateur mais Sam ne voulait pas réfléchir à ça pour le moment. L’important, c’était que ça soulageait son mal de crâne. Un peu. Elle ne pouvait que se frotter les bras pendant que le garçon observait son appartement. On aurait dit qu’un ouragan était passé par là. Des feuilles avaient volé. Les bougies étaient tombées, éteintes, mais répandant leur cire un peu partout. Heureusement que ce n’était pas de la moquette. Mordred se tourna vers elle quand il découvrit Johanna au sol, enroulée dans des couvertures. Elle détourna le regard. Il n’y avait rien d’une relation secrète ou quoi que ce soit du même genre.

Mordred s’avança alors vers Johanna et Sam fit un pas en avant, tendant le bras comme si elle voulait le rattraper, l’empêcher d’avancer. — Non, attends… — Mais il était déjà accroupi, les mains tendues comme pour apprivoiser une bête sauvage. C’était sûrement ce qu’était Johanna à cet instant. Une bête sauvage acculée par les phares d’une voiture. On ne pouvait savoir comment elle allait réagir... pas avant qu’elle ne le fasse. — ... Est-ce que ça va ? … Tu as besoin de quelque chose ...? — Si Sam avait paru un peu inquiète en lui parlant, Mordred, lui semblait sûr de lui et détendu. Il remonta doucement la couverture sur les épaules de Johanna. Finalement, il se releva et s’approcha d’elle. — Je vais chercher de l'aspirine et quelques trucs sucrés, à boire ou à manger... Ca pourrait vous faire aller un peu mieux toutes les deux... — Sam hocha la tête, les bras croisés sur sa poitrine comme si elle avait froid. — Je reviens tout de suite. Mmh. Faites pas de bêtises. — C’est déjà fait… — lui répondit-elle dans un murmure alors qu’il quittait la pièce. Samantha s’approcha un peu du canapé, et donc de Johanna et se laissa glisser au sol, contre le côté du canapé. Elle replia ses genoux contre elle et les entoura de ses bras. Elle avait l’impression d’être nue. Son regard était hanté alors qu’elle observait ses bras et ses jambes comme si elle pouvait y faire apparaître les arabesques familières juste pas la pensée. Elle finit par poser les yeux sur Johanna. — Ça va aller… Mordred va prendre soin de nous… — Ironique, non… ?

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Johanna recule précipitamment alors que Morderd s’approche d’elle. Elle bute contre le canapé. La couverture glisse sur ses épaules nues, dévoilant une partie de son corps tout aussi dépourvu de vêtements. Samantha détourne le regard mais Mordred se contente de remonter la couverture avec une étrange douceur. La chasseuse a l’air paniquée, perdue. C’est un nouveau monde. Inconnu. Surtout pour les visages. Peut-être pourrait-elle reconnaître quelques traits de son aïeule sur son visage, peut-être pas. Samantha ne savait même pas à quoi elle ressemblait… alors pour savoir s’il y avait des similitudes, ça allait être bien compliqué. A moins que son ancêtre ne se matérialise sous forme de fantôme pour venir lui botter le derrière pour avoir fait une telle connerie. Pourtant Johanna ne semblait pas si désemparée que ça… comparée à ce qu’elle aurait pu être. Ça ne devait pas faire plusieurs siècles qu’elle était morte, sinon elle aurait vraiment pété un plomb, voire se serait évanouie. Non, là, elle semblait relativement calme… pour quelqu’un qui revient du royaume des morts.

Heureusement, Mordred semble prendre les choses en main et quitte la pièce pour rejoindre son appartement sûrement. Pour aller chercher à manger, de l’aspirine, quelque chose. Samantha se laisse tomber contre le canapé, tirant elle aussi une couverture pour s’enrouler à l’intérieur. Elle voudrait rester là, pour l’éternité. Rester recroquevillée dans sa décrépitude. Elle s’en veut. Elle s’en veut d’avoir ramené cette fille pour un but égoïste. But qui n’avait même plus de raison d’être car elle était maintenant incapable de faire tourner un crayon en l’air. Elle frottait encore ses bras nus, comme si elle voulait se débarrasser d’une sensation désagréable. Elle avait envie de hurler. Intérieurement, son esprit hurlait. Encore et toujours, comme si elle était encore en train de subir les épreuves du rituel. Mais la voix qui sortait de sa gorge, bien qu’un peu plus rauque que la normale, n’était pas hystérique. Oui, Mordred allait prendre soin d’elles… Du moins, elle l’espérait. — Pourquoi ? — Parce que… parce qu’il… il est… — gentil. Mais elle venait de se rendre compte que ce n’était peut-être pas là le type de réponse que Johanna attendait. Samantha ferme la bouche et se mordille la lèvre inférieure alors que la chasseuse regarde autour d’elle en respirant difficilement. — Où …. Où-est ce que je suis … C'est toi ? Qu'est-ce tu m'as fait ? Qu'est-ce que … Où … Où … — Alors que Johanna se lève, Sam se tasse contre le canapée. Oui, elle a peur. Pas de bouclier magique qui pourrait la protéger et dévier un coup. Non. Elle resserre ses genoux contre elle. Mais finalement, la brunette se met à faire les cents pas dans l'appartement. — Dans mon appartement… Tu es dans mon appartement… dans le Bronx… je… Je… Oui, c’est moi qui… qui… —

Mais la porte s’ouvre alors sur Mordred qui revient, les bras chargés de vêtements. Johanna bondit alors sur lui et le bouscule comme une furie. Samantha entend un bruit, un choc, dans le couloir, comme si elle s’était cognée contre un mur. Mordred tombe. Il pousse un juron retentissant. Sam croise son regard. Elle est désemparée, perdue, effrayée, triste. A cause de Johanna. A cause de ses pouvoirs disparus. Elle a envie de pleurer. De se rouler en boule, de glisser sous son lit et de ne plus bouger de là. Elle sait qu’elle devrait se donner un coup de fouet, se lever. Faire quelque chose. Rattraper cette chasseuse d’une autre époque avant qu’elle ne se fasse mal… ou ne fasse mal à quelqu’un. Elle se prend le pantalon en polaire dans la figure quand Mordred le lui lance. Puis il disparaît par la porte, à la poursuite de Johanna.

Samantha cligne des yeux et regarde le pantalon. A certains endroits, il est rêche, comme s’il avait été trop porté. Mais il reste doux et soyeux à d’autres et elle finit par l’enfiler, maladroite. Il tombe un peu ses hanches et les pattes sont trop longues. Un poids fait tomber un peu plus le vêtement et Sam plonge les mains dans les poches. Elle a peur un instant de ce qu’elle pourrait y trouver, mais finalement, ce n’est qu’un tube d’aspirine et un sachet d’ours en guimauve. Lentement, la sorcière s’approche de son bureau et se sert un verre d’eau pour avaler l’aspirine. Puis elle s’en sert un autre, buvant longuement pour apaiser sa gorge meurtrie. Pourtant, elle finit à peine sa gorgée que la douleur revient, à peine diminuée. Elle se laisse tomber sur sa chaise de bureau avec un soupir. La porte est toujours entrouverte et Sam entend les jeunes au dehors qui se plaignent des deux énergumènes qui sont sortis en trombe de son appartement. L’adrénaline augmente son rythme cardiaque alors qu’elle songe au fait qu’ils puissent venir voir ce qu’il s’était passé dans la pièce. Elle se lève alors précipitamment et ferme la porte, tourne le verrou. Elle reste interdite derrière la porte un instant, tremblante. Ses mains tremblent. Elle n’entend que le rythme de son cœur qui martèle ses tempes. — Qu’est-ce que j’ai fait… Oh par la déesse… qu’est-ce que j’ai fait… — Elle regarde ses mains comme si elles avaient été couvertes du sang de quelqu’un.

Elle prend soudain ses clés posées à côté de la porte et la déverrouille, sort et la referme à clé derrière elle. Il était hors de question qu’un petit curieux entre et voit le capharnaüm qu’il y avait à l’intérieur. De nouveau, elle regarde la porte, ses mains, pendant une fraction de secondes de trop, comme pour être sûre de ce qu’elle faisait. A vrai dire, c’était plutôt un trou dans son espace-temps. Elle perdait pied. Elle se retourna et regarda le couloir. Comment allait-elle faire pour retrouver Mordred et Johanna ? Si tant est que le garçon ait retrouvé la chasseuse. Puis finalement, elle voit les bonbons au sol. Un jeune se baisse pour en ramasser un. Elle se jette sur lui, peut-être un peu trop vite, un peu trop fort. — Ne touche pas à ça ! — Sa voix monte dans les aigus. Hystérique. L’autre la regarde comme si elle avait perdu la boule. Peut-être était-ce le cas. Ses yeux sont écarquillés, grands comme des soucoupes. Elle lui tapote les épaules avant de se mettre à courir après les bonbons. Elle espère simplement qu’un autre n’a pas eu la bonne idée de tous les bouloter.

Son mal de crâne la fait vaciller sur ses pieds nus. Elle glisse à moitié dans les escaliers alors qu’elle dévale les marches. Elle manque de percuter Mordred près du rez-de-chaussée mais elle se rattrape à la rambarde et s’étale à la place sur la marche de dessus. Elle pousse un juron bien senti. Un peu plus loin, en contre-bas, Johanna s’acharne sur les portes qui refusent de s’ouvrir. Son souffle est haché quand elle parle. — Ah… vous êtes là… — Des étoiles dansent devant ses yeux. Elle appuie sa tête contre la rambarde. Le froid lui fait du bien. Elle fouille dans les poches du pantalon et en ressort les ours en guimauve. Ce n’est pas vraiment ce qu’elle préfère mais si elle ne mangeait pas un truc maintenant, elle allait tomber dans les vappes.

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Elle est assise sur les marches, ses jambes repliées à moitié. Elle allait être couverte de bleus. Elle marquait si facilement. Toujours. Les étoiles vacillaient devant ses yeux dans un ballet qui la rendait malade. Le froid de la rambarde était le bienvenu. Il engourdissait ses nerfs douloureux, soulageait sa tête. Elle avait l’impression qu’on la lui martelait avec un marteau. Mjöllnir. Ouais, le marteau du dieur Thor. Il fallait au moins ça pour lui écraser la tête comme ça. Elle se massa distraitement les tempes. BOUM. BOUM. BOUM. Elle avait l’impression que c’était dans sa tête, mais en fait, non. C’était Johanna un peu plus loin qui frappait les portes. Le métal pliait sous ses poings. Les yeux de la jeune sorcière s’écarquillèrent légèrement. Elle savait que la mutante avait une force extraordinaire mais à ce point… elle était loin de l’imaginer. Mais écarquiller les yeux lui faisait encore plus mal alors elle ferma les paupières. Elle aurait voulu boire des litres d’eau glacée. Ça n’aurait pas été très bon pour son crâne mais ça aurait soulagé sa gorge douloureuse. C’est à peine si elle entend Johanna hurler contre l’autre qui passe à côté d’elle en courant pour rejoindre les étages plus sûrs… enfin, la sécurité était toute relative.

— Ne dois pas être là … Je dois pas… Pourquoi … Pourquoi … Pourquoi t'as fait ça ! Je voulais être normale, il devait m'aimer. Je devais le laisser. Fallait pas que je le tue, je devais pas me laisser faire ! Non, non, non, je devais pas, je devais pas ! Regarde ce qu'ils font de moi ... Toujours, toujours ... Ca s'arrêtera jamais La belle lumière ... Où est ma belle lumière ! — Des larmes perlent sur les cils de la sorcière qui a toujours les yeux fermés. Une lumière… Ça voulait dire… Ça voulait dire qu’elle l’avait arrachée à une dimension paradisiaque, douce, loin de cet enfer. Elle aurait peut-être du trouver un autre moyen pour se renseigner sur ses pouvoirs… Mais à qui demander dans ce monde où chacun vendrait son meilleur ami pour une place au soleil ? Surtout si le meilleur ami en question était un sorcier. Une sorcière en l’occurrence. Elle rouvrit péniblement les yeux. Du bout des doigts, les mains tremblantes, elle ouvre le paquet d’ours en guimauve. Elle a horreur de ces cochonneries mais il lui fallait du sucre sinon elle allait tomber dans les vappes. Une larme se décroche de ses cils et roule en silence sur sa joue un peu trop pâle. Elle remarque à peine Mordred qui se penche vers elle et elle pose un ours sur sa langue. Elle a la bouche pâteuse.

De toute façon, il s’éloigne déjà pour aller voir Johanna. Il a l’air si à l’aise avec elle. Comme s’il savait apprivoiser un animal sauvage. Car c’était ce qu’elle était. Perdue, sauvage, arrachée à son monde. Sam ne savait même plus si elle parlait de Johanna ou d’elle-même. Elle mâchouillait vaguement sa guimauve au chocolat. Elle n’aimait vraiment pas ça, mais le sucre faisait lentement son chemin dans son système digestif, rejoignant ses veines, ses muscles, son cerveau. — … Ca va aller … Je-.. on ne te veut pas de mal. Tiens... Ca te fera du bien.. Même si je sais que tu es super forte, ça rassure de manger... Enfin, je crois... Moi en tout cas, ça me rassure. — Papillonnant des paupières, Sam entrevit un biscuit. Pourquoi elle n’avait pas droit à un biscuit elle ? Plutôt que ce truc infâme et pas du tout naturel ? C’était bon les biscuits au moins. Même ceux un peu rassis. Mordred se retourne un peu vers elle. Avait-elle pensé à voix haute ? Non. Elle se redressa légèrement, toujours appuyée contre la rambarde pour ne pas s’étaler à nouveau. Il devait se demander dans quoi sa voisine s’était embarquée… et qui elle était vraiment. Car même si Sam considérait Mordred comme son meilleur ami, elle n’avait jamais osé lui avouer sa véritable nature. Elle avait toujours laissé planer le doute, se disant qu’elle lui avouerait quand elle se sentirait prête.

— Nous devrions remonter... Ce serait plus confortable et moins exposé aux regards... — Sam ferme les yeux et avale son ours mâchouillé. Elle hoche vaguement la tête et ouvre les yeux. Elle s’accroche à la rambarde et ses jointures blanchissent. Ses genoux ont encore du mal à la soutenir. — Si j’arrive à tenir sur mes jambes, oui… Je suis d’accord. — Sa voix était blanche, sans intonation. Elle avait envie de dormir pour l’éternité. Manger des biscuits. Avec du lait chaud. Elle ferma les yeux encore une fois. Elle avait l’impression qu’un ouragan passait sous son crâne. Elle fit un geste vague de la main vers Mordred. — Occupe-toi de Johanna… Je vous rejoins comme je peux en haut. — Ouais, elle était un peu plus haut sur les marches, mais elle mettrait assurément plus de temps à remonter que Mordred, même s’il devait porter Johanna…

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— Encore ! — Visiblement, Johanna reprenait du poil de la bête et elle enfournait les biscuits comme si sa vie en dépendait. Sam, elle, mâchouillait toujours ses ours en guimauve. Ça avait toujours un goût atroce et une texture qui lui donnait envie de vomir mais le sucre diffusait lentement dans son organisme. Autrefois, ses tatouages auraient réagi à l’afflux de sucre. Plus maintenant. Avant, elle les aurait senti grandir, se répandre sur sa peau, chatouiller ses nerfs, comme une couverture réconfortante, comme une douce caresse, le toucher d’une plume. Maintenant, tout n’était que vide et néant. Son regard se fixait sur une fissure dans les escaliers. Elle ne prononçait plus un mot. Elle se contentait d’attendre. Attendre que ça aille mieux. Attendre que les étoiles disparaissent de son champ de vision et que le bout de ses membres ne lui paraisse plus engourdi. Elle aurait voulu fermer les yeux, rester là, la tête contre la rambarde. Tout oublier. Tout laisser en plan. Les laisser se débrouiller. Mais c’était elle qui avait ramené Johanna. Elle était sa responsabilité maintenant. Elle n’avait pas le choix. Pas si elle voulait rester fidèle aux valeurs qu’on lui avait enseignées. Valeurs qu’elle avait déjà bafouées en ressuscitant la mutante.

Mordred émet le souhait, la requête de regagner la chambre. Descendre des escaliers était bien plus facile que de les monter. Surtout dans son état. Pourtant, elle agrippa la rambarde et se hissa, manquant de voir de nouveau des étoiles éblouir son champ de vision. Sa mâchoire se crispa, ses paupières se fermèrent vigoureusement. Le monde tanguait autour d’elle. Elle avait envie de vomir les ours en guimauve qu’elle avait avalé. Infects. Elle eut un haut-le-cœur mais finalement, ça allait. Elle ouvrit la bouche, attendit un moment avant de parler. Les mots sortirent, blancs, imberbes de toute émotion. Mais la voix de Johanna, virulente, farouche, vient se confronter à la sienne si plate. — Non. — Samantha bat des paupières et tourne la tête très lentement vers Johanna pour éviter de voir le monde tanguer à nouveau. Devant sa vision encore un peu floue sur les contours, Sam observe la mutante enfiler la veste de Mordred et enrouler la couverture autour de ses jambes nues. Ses gestes sont prestes, encore un peu saccadés, mais elle a l’air bien plus en forme que la sorcière. Elle attend sans rien dire. — Je m'en occupe. — De quoi, au juste ? Sam réprima un mouvement de recul quand elle vit Johanna s’approcher d’elle. Mais c’est avec une douceur étonnante qu’elle enroule ses bras autour d’elle pour la porter. — Accroche-toi. La nuit va être longue. Enfin … Hum. Il est quelle heure là ? — Sam hésite un peu puis passe ses bras autour de Johanna pour ne pas tomber. Elle ne prend pas la peine de répondre à sa question, elle ne sait pas non plus quelle heure il était. Elle avait commencé son rituel vers 22 heures et des broutilles… mais elle aurait été bien incapable de dire à combien de temps s’était écoulé depuis.

La remontée des trois étages se fit dans un silence presque religieux. Par contre, dans le couloir, les têtes se glissaient entre les portes. On ne devait pas voir tous les jours une équipée comme la leur. Mais Sam était bien trop fatiguée pour y faire vraiment attention. Ses voisins viendraient peut-être lui demander ce qu’il s’était passé dans les jours à venir, mais pour l’instant, elle n’en avait rien à faire. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était s’enrouler dans sa couette et dormir. Ne plus songer à rien. Mais Johanna ne serait sûrement pas de cet avis. Pas avant qu’elle ne réponde à ses questions. La mutante la déposa sur le canapé et la porte se referma, verrouillée. Sécurisée. Du moins un minimum. Mordred s’installe par terre. Sam ne le voit plus. Pas sans se tordre le cou… Elle a toujours la tête qui tourne un peu alors tant pis. Johanna, elle, s’assoit à l’autre bout du canapé et replie ses jambes contre elle. Sam adopte plus ou moins la même position, tirant un plaid sur elle. Elle a froid, elle aussi. Les minutes s’enchaînent avant que la revenante ne parle enfin. — Pourquoi je suis là … — Sam a peur d’ouvrir la bouche, alors elle attend. Elle sait que Mordred ne peut pas répondre à cette question. Ni sûrement même à toutes celles qui viendront après. — C ... Comment je peux être humaine, comme puis-je être aussi ... faible ! — Faible ? T'as défoncé une double-porte automatique qu'il est impossible de déplacer en l'absence de courant électrique, t'as pas remarqué ? — Sam ne comprend pas vraiment. Humaine ? Pourquoi serait-elle revenue autrement ? Elle ferme les yeux un instant, sentant le regard des deux autres sur elle. Ils attendaient des réponses. Johanna surtout.

— Quelle année ? ... On est en quelle année ?! — 2050… On est en 2050… — fit-elle par prononcer. Sa voix est à peine audible mais le silence qui plane dans l’appartement n’étouffe pas vraiment le son. — Je… C’est moi qui… C’est… ma… faute. Si tu es là. — Elle n’ose pas la regarder alors qu’elle bute sur ses mots. Ses doigts se crispent sur le plaid et un long frisson la traverse. Elle peut encore voir sa peau nue. Vierge de tout tatouage. Elle se sent nue. Elle a envie de pleurer. De se terrer dans un trou et de pleurer. Elle savait qu’elle allait devoir le dire. L’avouer. Elle le savait. Johanna ne savait peut-être pas quel était le contexte… mais Mordred… Elle lui jeta un coup d’œil, tournant à peine la tête. Etait-elle prête à lui faire confiance là-dessus ? Mais, après tout, il se douterait bien que ce n’était pas avec ses soi-disant dons de mutante qu’elle aurait pu ressusciter quelqu’un… Savait-il seulement que Johanna était revenue du royaume des morts ? — Je… Je t’ai ramenée… ici. Je ne sais pas où tu… étais… avant. J’espère… J’espère que… — J’espère que ce n’était pas une dimension paradisiaque… mais il était un peu tard pour s’en soucier non ? — Oui… humaine… vivante… après tout, on ne peut… pas ramener… un mort… à la vie, non ? — Elle s’exprimait mal. Bien sûr qu’on pouvait ! Johanna en était la preuve vivante… Elle voulait juste dire qu’elle ne pouvait pas ramener un vampire mort dans le monde des vivants. Pas de ce qu’elle savait en tout cas. Elle cacha son visage dans ses mains. Elle avait les doigts gelés. — Je suis désolée… Je n’aurais jamais du… jamais du… jamais… Ce n’est pas bien… Contre-nature… Payer le prix. La magie vient toujours avec un prix. — Ses paroles s’embrouillaient et elle ne savait plus vraiment si elle parlait à Johanna ou quelqu’un qui n’existait pas.

Magic, Rebel & Slayer

Sam sent le regard de Joe sur elle. Elle la sent s’agiter sur le canapé alors qu’elle-même est figée, incapable de bouger, d’esquisser le moindre geste. Elle se contente de se concentrer sur sa respiration, sur son rythme cardiaque, espérant les calmer, leur faire retrouver leur cadence normale. C’était peine perdue. Son souffle était haché et son cœur manquait de lui remonter dans la gorge et de finir sur la table basse. Elle déglutit péniblement et le regretta tout de suite. Elle avait encore le goût des ours en guimauve sur la langue. Eurk. — Que quoi ? — Samantha déglutit à nouveau et elle n’ose pas répondre à la place, elle poursuit. Elle ne voulait pas savoir. Elle ne voulait pas savoir si Joe était allée dans une dimension paradisiaque ou un truc du genre quand elle était morte. Elle ne voulait pas savoir. C’était déjà bien assez douloureux comme ça. Egoïste ? Oui, sûrement un peu. Elle ne voulait pas. Sa culpabilité planait déjà bien assez près d’elle comme ça. Elle remua un peu sur le canapé, remontant le plaid un peu plus haut sous son menton. Elle voulait se terrer dans un trou. Tout oublier. Remonter le temps. Effacer le passé. Non. C’état fait. Il fallait qu’elle assume. Toute magie avait un prix. Elle le savait. Comment avait-elle pu penser qu’elle pourrait s’en sortir mieux ? Elle se rendait maintenant à quel point elle avait été arrogante de croire qu’elle aurait pu juste ressusciter Joe et tout simplement lui demander ce qui n’allait pas avec ses pouvoirs. Croire qu’ils seraient toujours là. Stupide idiote, comment avait-elle pu ne pas penser au prix à payer ? Elle avait ramené une morte à la vie, bordel ! Ce n’était pas rien. — Ah ! Tu crois ? —

Elle ferme férocement ses paupières. Ses mains agrippant le plaid trouvent leur place sous son menton. Elle se balance légèrement d’avant en arrière alors qu’elle se met à bafouiller. Oui, la magie a toujours un prix. Stupide. Stupide. Stupide. Comment… Comment a-t-elle pu l’oublier ? Elle avait passé plus de dix ans à étudier la magie et elle n’avait rien retenu ! Idiote ! Enfin, pas vraiment rien… A son jeune âge, elle avait tout de même réussi à accomplir un des rituels les plus compliqués, seule, juste à l’aide de quelques bougies pour améliorer la quantité d’énergie. Elle aurait peut-être du mettre feu à son appartement, ça aurait amplifié la quantité de pouvoir à disposition. C’était étrange comme l’idée lui venait avec une simplicité et une platitude extraordinaires. Mais quelques secondes plus tard, elle sursauta vivement, l’idée faisait son chemin et son subconscient se rebellant contre elle. Elle devenait folle. Ou alors elle était trop fatiguée, lessivée, pour encore faire la différence entre le bien, le mal ; le nécessaire et l’inutile. Joe finit par se lever. Sam le sent au mouvement du canapé. Elle l’entend à peine faire les cent pas dans l’appartement. Quelle erreur elle avait fait. Pourquoi ne s’était-elle pas contentée d’appeler ses tutrices en Angleterre ? Ça aurait été si simple. Pourquoi vouloir le conseil d’une chasseuse qui avait connu son aïeule ? Quelle mouche l’avait piquée ?! Sérieusement ! Sa mâchoire se contracta et ses dents raclèrent les unes sur les autres dans un bruit atroce qui lui paraissait amplifié dans ses oreilles.

— Dans quel but ? Qu'est-ce qui t'as poussé à faire une telle chose ? — Sam ouvre les yeux. Devant elle, la table basse, le tapis, tout lui semble soudain plus net, plus coloré. Comme à chaque fois que l’on ferme les yeux trop longtemps avant de les ouvrir. Comme lorsqu’on se réveille le matin. Son regard reste figé sur le néant. Elle a bien entendu la question de Joe. Comment pouvait-elle seulement répondre sans paraître des plus égoïstes ? Elle passa sa langue sur ses lèvres sèches, son regard toujours dans le vide. Elle aperçoit Joe à la limite de son champ de vision. — Mon arrière-grand-mère parlait de toi dans son journal. — Comme si ça expliquait tout. Franchement ! Sam, remue-toi un peu, bordel ! — La patience n'a jamais été mon fort … Sam. Samantha ? Que sais-je … Mais oui, tu m'a ramenée des morts. D'où ? Je ne sais plus, c'est comme sortir d'un rêve et tout ignorer à la minute où l'on reprend pleinement conscience. A croire que je passe mon temps à finir trois pieds sous terre ! Quant à cette histoire de porte blindée, je n'y crois pas. C'est impossible ! En redevant une humaine, je perds toute la force que j'avais avant ! Je suis devenue ...Inutile ! Quant à reprendre ma fonction de chasseuse, j'ai vraiment peur de ne plus savoir quoi faire de ma viande. J'ai l'air franchement molle ... C'est comme ... Une nouvelle enveloppe. Vivante ... — Elle blablate. Sam en perd un morceau en route. Elle décroche. Elle est trop fatiguée. Les sucres rapides des ours en guimauve se sont déjà taris dans son organisme.

Elle entend un soupir et sursaute à nouveau. Elle avait oublié que Mordred était là, lui aussi. Il était si silencieux. Si discret. Une ombre. — Ecoutez, je sais pas ce qui s'est passé, je sais pas d'où tu viens ni comment c'est possible, mais les portes étaient réellement ce que j'ai dit ce qu'elles étaient. C'pas pour te faire plaisir que j'aurais raconté des bêtises. T'es p'tête juste pas simplement humaine. Voilà tout. Après tout ce qu'on a vu ce soir, j'vois pas en quoi ça serait surprenant ! Moi qui croyait que les sorcières c'étaient un mythe.. ! Eh bin donc ! — Un reniflement à mi-chemin du rire échappa à Sam. Ouais, elle perdait complètement la boule. Ses yeux étaient toujours perdus sur quelque chose qu’elle ne voyait même pas. — Un mythe ? Pourquoi ? Oh, oui, peut-être parce que nous avons presque été toutes assassinées par les vampires et les lycans dans leur vaine quête de s’affranchir du soleil ou de la lune, au choix. — Son ton est bien plus acide et sarcastique qu’elle ne le souhaite. Vraiment ? Finalement elle lève les yeux et cherche Joe, la trouvant près des fenêtres. — Je t’ai ramenée… Je t’ai ramenée parce que tu as passé du temps avec mon aïeule. Ouais, nan, ça expliquait pas tout. Elle parlait de toi en beaucoup de bien… même si parfois ton tempérament l’ennuyait un peu… ou la faisait rire… je ne sais pas trop… Mais je… je… Elle déglutit péniblement. Elle a envie d’un verre d’eau. Je ne pouvais pas la ramener elle… Elle m’aurait… passé un sacré savon… Je… J’avais besoin de conseils… Je pensais que… peut-être… Tu aurais pu m’aider… Mais maintenant, ça ne sert plus à rien. J’ai fait tout ça pour rien… — Elle baisse de nouveau les yeux. Elle mordille sa lèvre inférieure avant de se répéter encore une fois. — Je suis désolée… —