A magic formula ft. Sinead P. Levingston

Une soirée des plus banales. Que demander de plus en même temps, lorsque nous sommes un immortel de plusieurs siècles, voué à vivre pleinement son existence la nuit. Dans une marche lente et parfaitement décontractée, je parcours une des grandes rues principales de la ville, les mains nichées dans les poches de mon long manteau noir, la cigarette coincée entre mes lèvres. Fixant longuement les vitrines qui défilaient sous mes yeux, je me contentais de jeter un rapide coup d'oeil à certaines encore éclairées par de petites lumières servant à mettre en valeur leur marchandises. Malgré cela, des grillages et des stores métalliques servaient de bouclier derrière les vitres parfaitement nettoyées des magasins. La sécurité était primordiale ... Surtout dans cette banlieue qui était la plus malfamée de New York.

Des bruits et des cris témoignant la folie qui s'emparait de l'esprit humain une fois les rayons du soleil balayés, déchirèrent mes tympans en un rien de temps. Décidément, j'avais bien choisi ma soirée pour aller me promener en ville. Un vendredi soir en plus ... Quelle bonne idée tu as eu Nyx, bravo ! C'est sans difficulté que j'ignore les cris stridents qui traversaient la rue étrangement déserte et trace ma route pour ensuite finir par m'arrêter devant un petit pub à l'allure ancienne et morbide dont le propriétaire est une de mes connaissances : Le Shannon Pub.

Avant même de pénétrer dans l'établissement déjà bien remplit, je tire un dernier grand coup sur ma cigarette et avale longuement la fumée pour ensuite y recracher le surplus dans les airs. Le mégot jeté à terre, je finis par pousser la porte d'entrée et pénètre dans le pub sans passer inaperçu. Les nombreux regards se figèrent une fois que je dépassais l'embrasure de la porte. Autant au début cela m'aurait dérangé, qu'à présent, je n'y prête même plus attention tellement ça en est devenu une habitude. Mon regard balaye la salle rapidement. Puis je travers la salle pour venir retrouver le bar vers lequel je m'installe. Le patron en temps que bonne connaissance, s'approche de moi en souriant et me sert une bonne poigne franche et viril.

- Alors mon grand, on est de sortie ?

- Faut croire si tu vois ma tête traîner par ici.

- Ahah ! Tu as toujours autant de répondant mon vieux ! Me dit-il en riant. Allez, qu'est-ce que je te sers ?

- Comme d'habitude. Lui répondis-je simplement. Mais ne me déçois pas cette fois ! Car la dernière fois , tu avais été radin sur le tord boyau !

Il rit à nouveau et acquiesce mes mots tout en partant s'exécuter le temps que mon esprit vienne à se re perdre dans les souvenirs. Le mieux est que je m'occupe l'esprit. Je dirige alors mon regard sur la télévision en marche et zieute un instant l'émission qui s'y produisait et qui avait l'air des plus débiles qu'il soit. Le verre arrive après quelques petites minutes. Je le remercie donc et le prend en main pour y boire une première gorgée. Cette fois, il ne m'avait pas raté. Juste relevé comme je l'aimais ! Manquait plus qu'une petite musique dans le style rock ou métal en musique de fond et s'était partit comme à la maison.

Il n'y a pas pire déception que votre preuve de naïveté et que votre compassion face aux gémissements incessants d'un mec que vous connaissez depuis des années. Sinead se trouve exactement dans cet état d'esprit qui pour ceux qui la croisent ne vaut vraiment rien de bon. Se foutre de sa gueule voilà une chose qu'il ne faut pas faire. La sorcière veut bien se montrer gentille et aider quand elle le peut surtout une vieille connaissance. Mais remarquer qu'on se fout royalement de sa gueule et qu'on aille jouer le fric prêté dans un casino pour tout perdre. L'utilisation principale de cet argent aurait dû être utilisé pour acheter nourriture et payer le loyer. Pourtant, elle le sait. Personne dans ce monde ne dira la vérité. Ce monde ne comporte que mensonge et déception, seule la mort offre une vérité à la fois douloureuse et salvatrice. La sorcière flirte avec cet aspect sombre de vie pour faire face à sa propre médiocrité.

L'esprit guide a beau tenté de calmer le sale caractère de sa sorcière qui offre une vision beaucoup moins délicate de son apparence. La démarche de Sinead témoigne de sa colère et ceux qui la croisent, s'écartent tout simplement pour la laisser passer comme s'ils la connaissaient. En fait, le regard sombre que lance la sorcière ne prête à parler avec elle. De toute manière, la spécialité de notre ravissante sorcière est justement de remballer les gens. Franchement, elle n'a pas le genre de tête à faire une conversation ou encore de se laisser approcher par qui que ce soit. Les personnes qui peuvent l'approcher se comptent sur une main et honnêtement, Sinead ne cherche absolument pas à se faire des amis. C'est presque vitale pour elle de se faire détester par les autres, pour leur sécurité, mais c'est avant tout pour se protéger elle. La protéger de la perte, de la douleur, de l'abandon... En fait, Sinead est bien plus sensible et fragile qu'on ne le pense. Plus Sinead sera touché par les sentiments des autres qu'elle ne s'en montrera que plus froide et cinglante. Elle a trop perdu et s'est fait trop avoir dans la vie et elle s'est immunisée contre tout au point de passer à côté de ce qui est important. Fermé et enragé. Voilà le cadeau que lui a fait son ex. Alors, imaginez un peu que lorsqu'elle est sensibilisé par les arguments d'un vieil ami et qu'elle lui vient en aide, mais qu'en fait, on s'est foutu d'elle, ça la rend folle. Non seulement envers elle-même, mais aussi envers cet abruti.

Abruti qu'elle sait où trouver. Pub ou casino. Qu'importe. Tant qu'il y a alcool ou bien jeu à la clé, il est toujours le premier. Sinead ouvre donc la porte du Shannon Pub. Le regard noir de la sorcière observe la salle. Le barman essuie le verre qu'il vient de laver tout en soupirant intérieurement lorsque ces pupilles ambre croisent le vert intense de colère de la jeune femme qu'il connait quelque peu.

- Mitch Andrew Carlson, espèce d'enflure ! Petite merde !

La sorcière entre et se dirige vers la table qu'il occupe. Cartes et argents ! Bin voyons, la main dans le sac en plus.

- Enfant de salaud, c'est comme ça que tu dépenses le fric que je t'ai prêté !

- Allons calme-toi chérie !

Les yeux s'écarquillent à la prononciation même de ce mot.

- Ferme ta gueule ! C'était quoi déjà ton cinéma. S'il te plaît prête-moi un peu d'argent pour la bouffe et le loyer ! C'est avec ça que tu te nourris !

Le poing s'écrase contre la figure de son soit-disant ami.

- Bordel de merde ! T'as une femme et un gosse à charge ! Tu vas grandir quand petit merdeux ! Maintenant tu vas me rendre mon fric ! Bouge ton cul et va travailler comme tout le monde.

Touché dans son égaux, mais aussi à un point qui lui est sensible, ce dernier se lève non sans avoir un dernier coup de pied au cul de notre sorcière en pétard. Même si l'argent qui se trouvait là était le sien, la sorcière le laissa ne prenant qu'un billet pour se payer à boire. Vu la démonstration qu'elle a fait tantôt, les joueurs ne vinrent pas protester. Sinead se dirige donc vers le bar pour se commander un verre d'un alcool fort. Son esprit semble accaparé par quelque chose, mais en vérité, Erèbe, son esprit guide se met à lui parler. Quelques mots prononcés et que personne hormis elle peut entendre.

- Pour moi et le blond à côté.

Le barman la regarde tout en disant que ce spectacle aurait pu être évité. Mais, même lui ne croyait pas en ces propres paroles. Lorsque la colère se lit sur le visage d'une sorcière et en particulier Sinead, rien ne peut l'arrêter. D'un traite, le contenu du verre est bu.

- Putain...ça c'est du fort.

Des rires se font entendre derrière elle. Une voix qui ne lui est guère inconnu tinte désagréablement jusqu'à son oreille. La sorcière serre les poings, une lueur douloureuse se cache dans son regard. Tandis qu'elle se lève et s'en va sans demander son reste. Lorsqu'elle passe à côté du couple, ce dernier rigole après l'avoir regardé. La douleur se fait plus vivace encore, mais la sorcière ne dit rien, n'ayant même pas la force de répondre à ces rires moqueurs. Elle est lasse. Mais son sauveur vient à la venger en retirant la chaise sur laquelle devait s'asseoir l'homme qui n'est autre que l'ex en chaleur de Sinead. La sorcière sourit remerciant intérieurement Erèbe de ce petit geste maladroit.

L'air de dehors l'accueille et une cigarette trouve rapidement le chemin de ses lèvres.

- Putain de soirée !

L'ambiance est pour ainsi dire agréable. Ou était du moins. Avant qu'une grande beuglante ne vienne chauffer nos esgourdes en gueulant à plein poumon sur un joueur de carte qui grâce à elle, vient de perdre tout anonymat dans le pub. La tête soutenue par ma main droite, je dirige mon regard sur le patron du pub qui semblait bien blasé par la situation, continuant à nettoyer ses verres comme si de rien était malgré tout. Pour essayer de me changer les idées, je saisis le journal posé à coté de moi et me mets à le lire avec grande difficulté. Mon attention est sans cesse attirée sur les cris et les mots de la jeune femme, qui n'allaient pas pour m'irriter les oreilles. Un long soupir fût poussé, tandis que je murmurais pour moi-même un long "tais-toi ..." blasé.

Certes, ce que cet homme venait de lui faire comme coup ne semblait pas des plus appréciable. Mais était-ce une raison pour en faire partager tout le pub ? Je ne crois pas non ... Malheureusement, nous ne pensons pas tous pareil et certaines personnes semblent se ficher totalement du bien être des gens. Cela semblait être le cas de cette femme, ou de plutôt ... Cette sorcière. Intéressant d'ailleurs, une créature comme elle devrait plutôt se faire discrète dans ce genre d'environnement. Sans doute ne sait-elle pas ce que c'est que la discrétion ou si c'est le cas, sa technique actuelle est fortement étrange et très mal travaillée. A nouveau, je dirige le verre remplit de cet alcool fort jusqu'à mes lèvres et y bois une grande gorgée tout en finissant par me rendre compte que les cris avaient cessés. Miracle ! Elle s'est tue ! Ou je suis devenu sourd je ne sais pas ... Des bruits de pas retentissent et viennent se diriger au bar. Mon regard reste fixé sur la télévision, tandis que la voix féminine de plus tôt vint caresser mes oreilles pour commander une boisson forte. Je ricoche de la TV à l’armoire vitrée et aperçois le reflet de la jeune femme qui sur l'instant, me stupéfia. Je ricoche à nouveau de l’armoire à la TV et re ricoche à nouveau discrètement pour me rendre compte que cette sorcière, était en réalité la copie conforme de ma défunte épouse. A cet instant, je savais, que si j'avais encore un coeur, celui-ci se serait mit à battre à une vitesse fulgurante. C'est impossible ... Cette femme, ne peut être elle. Pensant que l'alcool que je venais d'ingérer avait dû quand même semer un peu la zizanie dans mon cerveau, je bois la dernière gorgée restante et m'apprête à payer lorsque la sorcière posa un billet sur le bar, précisant au patron que la paie était à son attention mais aussi à la mienne. Surpris par son agissement, je me contente de rester immobile pour ne rien montrer. Elle me paie mon verre alors qu'elle ne me connaît pas. Et bien, merci ... En fin de compte, sa présence était plutôt appréciable.

Le barman la fixe malgré tout avec sévérité et ne peut s'empêcher de lui dire que le spectacle aurait pu être évité. Aucun son ne sortit de la bouche de la sorcière qui claqua les talons et sortit du pub sans pour laisser le dernier client indifférent au vu du cassage de gueule qu'il exécuta à son passage. Du moins, à première vue, s'était sans doute ce à quoi un simple humain aurait pensé. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, j'avais pu capter grâce à son reflet dans l’armoire vitrée, que celui-ci n'était pas tombé seul. A l'instant même où la sorcière était passée à coté de lui, la chaise sur laquelle il s’apprêtait à s'asseoir, s'était reculée comme par magie. C'est ça, par magie ... Il ne faut pas que j'oublie : cette femme est une sorcière. La magie est donc monnaie courante pour elle. Calmement, je me relève de mon siège et enfile ma veste lorsque le patron vint vers moi, le visage sentant la mesquinerie à plein nez. Et j'avais raison. Car il ne fit pas long pour me sortir une connerie.

- Dis donc mon vieux, tu as une touche je crois ! N'est-elle pas mignonne cette petite ?

- Idiot. Si me payer un verre est une invitation sexuelle, alors je n'ose pas imaginer qu'est-ce qui te traverse l'esprit lorsqu'une femme te donne son ticket de bus pour t'éviter de payer le tien.

- Oh mais ... Je ne suis pas un tombeur moi. N'oublies-tu pas que je suis marié ?

- Et alors ? Ce n'est pas parce que tu as l'arbre qu'il te faut t'empêcher de regarder la forêt.

Un clin d'oeil suit mes mots, sans pour autant laisser un sourire influencer mes lèvres closes. Riant à mes mots, le patron me salua et me fit une nouvelle tape virile sur l'épaule. Suite à cela, je me dirige vers l'entrée du pub et tourne mon regard sur l'homme qui était tombé à terre pour un instant lire dans son regard, une certaine crainte lorsque ses prunelles rencontrèrent les miennes. J'ouvre alors la porte d'entrée laissant retentir la petite sonnette et sors de la bâtisse pour enfin sentir la bise fraîche me caresser les joues. Mes prunelles bleutées fixant le ciel dégagé, je reste un instant pensif lorsqu'une odeur de cigarette attire mon attention et la dirige sur la silhouette d'une femme qui n'était autre que la fameuse sorcière de plus tôt. Ou comme qui dirait le patron du pub : Ma charmante fée. Un court instant et avec discrétion, j'analyse chacun de ses traits, me rendant compte que je ne m'étais pas trompé et qu'elle ressemblait trait portrait à ma défunte compagne. Je sors alors à mon tour mon paquet de cigarette de la poche et tire une clope du paquet tout en m'adressant à la sorcière qui se trouvait à de simples malheureux mètres de moi.

- Je vous remercie pour le verre. Votre geste était fort aimable.

Fort aimable, certes. Mais fort suspect aussi pour certains ... Après tout, je n'étais qu'un simple inconnu pour elle. Un autre homme s'était trouvé à ses cotés au bar. Alors la grande question demeurait : pourquoi moi ?

Les pupilles claires de la sorcière se lèvent vers le ciel qu'elle observe longuement et en silence. Le temps commence à se couvrir à mesure que son cœur devient sombre et instable. Son palpitant bat par moment à une vive allure. Plus sa tristesse et sa colère se fait vivace et plus les nuages dissimules les étoiles. C'est comme si la sorcière devenait maîtresse à part entière des éléments qui pourtant, non aucune volonté propre, mais avec la participation de Sinead, cette loi se voit outrepassé. Non, avec l'assistance de cette sorcière, les éléments se voient affublé d'une personnalité et d'envie qui réagissent aux sentiments qui prennent naissance dans le cœur et l'âme de cette sorcière perdue. Les murmures de son esprit guide ne l'atteigne pas. Elle ne veut pas les écouter. Non, elle ne veut plus rien entendre à part les battements incessants et détestable de son cœur qui continue à vivre selon ses émotions qu'elle ne parvient pas à dissimuler malgré le moindre de ces efforts. Pourquoi ne peut-elle pas les nier, les oublier, les exiler de son être ? Les paupières sont closes. La sorcière tente de calmer les battements. C'est difficile, mais la jeune femme y parviendra peu à peu. Une main sur son épaule. Elle sent la chaleur invisible de son esprit guide qui la soutient dans sa douleur. enfin, cette même douleur qu'elle ne veut pas reconnaître. Sinead veut se penser forte malgré les émotions qui prennent possession de son être. Ces mêmes émotions qui attisent une flamme qui la rend mal à l'aise, qui la rend... Quoi ? Trop humaine ? Elle aimerait être une sorcière sans état d'âme par moment. Errant dans ce moment par son envie de continuer à être puni pour des erreurs que pourtant, elle n'a pas commis. En fait si. Elle vit toujours contrairement à sa mère et à son petit-frère. La sorcière veut pouvoir continuer à vivre pour demander à son père, aujourd'hui immortel, pourquoi. Elle ne peut pas dormir sans rêver du massacre, de sa fuite, de son bonheur, puis du meurtre... Déferlement d'un océan de malheur. Le bonheur ne sera jamais pour elle. Alors, la sorcière s'efforce à se montrer détestable dorénavant pour n'attirer personne. S'amuser, manipuler, insulter, être froide, faire croire qu'elle est la pire des personnes pour éloigner les autres d'elle. Ainsi sa peur ne sera pas préservé. Sa malédiction ne perdurera que sur elle.

La sorcière fume sans se fier à ceux qui passent à côté d'elle. Puis au bout d'un instant qui lui paru une éternité, elle se remit en marche. Doucement. Une main dans sa bouche tandis que l'autre tient cet objet de mort qu'elle fume sans hésiter et malgré les précautions stupides des médecins. On s'en fout n'est-ce pas ? La mort frappe même une personne en bonne santé qui a toujours su prendre soin de lui. Alors, avancer la date de sa mort qu'est-ce que ça fait !

A nouveau, elle s'arrête pour regarder le ciel. Clope en bouche, main dans la poche, la sorcière observe calmement. Une impression. Une alerte. Une chose semble se préparer dans les sombres desseins du Destin.

- Je vous remercie pour le verre. Votre geste était fort aimable.

- C'est pas de ma part, mais celui d'un vieil ami.

Sinead n'est pas du genre à offrir des verres sans raison. C'est pas du genre à déployer un élant de générosité pour des inconnus. Erèbe s'est efforcé à se montrer plus que convainquant. Surtout que s'il n'a pas ce qu'il veut, il peut se montrer tout aussi chiant que ne peut l'être par moment notre sorcière. Un brin exigeant. Comme on dit. Qui se ressemble s'assemble. La voix de son esprit guide se fait à nouveau entendre. Sinead lui prête attention. Enfant, les autres la pensait autiste parce que son attention était toujours tournée autre part. Mais, en fait, enfant, elle écoutait déjà la voix des morts qui entourent les vivants, mais que peu parviennent à entendre. Le coeur prend connaissance du nom de l'originel qui se trouve derrière elle. Sinead ne s'était même pas retourné pour lui répondre.

- Nyx ?

Sans s'en rendre véritablement compte, la sorcière venait de prononcer le prénom de l'Originel qui se trouve non loin d'elle. Son esprit guide l'a poussé à le prononcer d'une manière dont il sait si bien s'y prendre. Manipulateur ? Non, fin stratège plutôt. La sorcière tourne à peine le visage vers l'être dont l'aura l'écrase croisant son regard d'un bleu intense. D'autres mots ont bien failli dépasser la frontière de ses lèvres, sa bouche a prononcé le nom d'Erèbe, mais le son n'est pas né. Non, si le vampire sait lire sur les lèvres, il a pu capter ce nom.

S'en aller. C'est la seule solution. Sinead vient de faire une grosse bêtise. Sans demander son reste, elle se remet à marcher rapidement finissant par courir et se réfugier dans une ruelle sombre plus loin. Dans les ombres, elle marche tranquillement alors, que l'horreur à bercé ce lieu. Un meurtre y a été commis. Tout le monde le sait, mais personne ne sait voir l'esprit de la victime qui y rôde encore à la recherche de réponse. Personne ne peut la voir hormis Sinead qui entend ces pleures et ces plaintes, mais qui passe sans même vouloir l'aider. Sinead n'a pas l'âme de venir en aide à quelqu'un.

Mes yeux se levant vers le ciel, je m'aperçois que temps se gâte au vu des nombreux nuages qui gentiment remplissent l'espace noir dont seule la lune en avait été la reine jusqu'à maintenant. Une odeur ou plutôt, un parfum agréable et sucré attira mon attention une fois que je sortis une cigarette de mon paquet. Quelle ne fût ma surprise, en voyant la jeune femme de plus tôt, se promenant seule dans la rue ? Le silence règne entre elle est moi ... Mais mon odorat lui, jamais ne m'a trahi. A aucun moment, elle ne m'a montrée qu'elle était une sorcière, cependant son aura et son odeur étaient bien trop prévisible pour que je puisse très rapidement m'en apercevoir. De plus, les sorciers et sorcières, possédaient tous cette petite odeur musquée qui caresse à chaque fois mes narines contrairement aux humains qui eux, possèdent des odeurs plutôt ... Futiles.

Ne me gênant pas pour la couper dans son élan ou plutôt, de l'interrompre dans son occupation, je la remercie calmement pour le verre qu'elle m'avait offert. Encore maintenant, je me demande en quel honneur elle avait bien pu agir de la sorte ... Sans doute avait-elle sentit que je n'étais pas humain. Cependant, savoir cela n'était pas une très grande raison. Sa réponse fût courte et plutôt ... nonchalante. Et bien, en plus de beugler à travers un endroit fait pour la communauté, la politesse et l'amabilité ne semblent pas non plus être ses points forts. Décidément, elle avait tout pour me plaire cette jeune femme. Et bien sûr, ce que je dis là est sarcastique. En fait, sarcastique, oui et non. Car autant le premier aperçu que j'ai d'elle et de sa personnalité n'est franchement pas très tentant, que lorsque mon regard croisa le sien, je ne pu m'empêcher de penser instinctivement à ma défunte compagne. Elle était son portrait craché. A croire que j'avais devant moi son clone ou sa réincarnation. Sans rien répondre dans l'immédiat, je tire un grand coup sur ma cigarette et avale le poison inspiré.

- Bon et bien, vous remercierez votre ami pour moi. Finis-je par lui répondre enfin tout en laissant le surplus de fumée se mêler à l'oxygène maintenant inutilisable pour moi.

Mon regard se perd discrètement sur elle. Jolie, non, belle ? Peut-être magnifique, oui, elle était parfaite. Son corps était parfait pour être caressé et prit contre un mur, une table, dans une douche ou encore sur un comptoir. Du moins, elle aurait été parfaite pour ça, si son tempérament n'était pas venu tout gâcher. Autant je reste un homme qui n'a plus re touché à la luxure depuis bien des siècles, ce qui pourrait me motiver à coucher avec n'importe qui, que malgré cette femme splendide qui se trouve là à quelques mètres de moi, je me contente de la fixer et d'imaginer les choses sans même passer à l'action. En fait, la déception s'est montrée plus grande que l'imagination. Vous savez, vous flashez sur le corps d'une personne et au premier abord elle semble parfaite pour vous et vous mets carrément l'eau à la bouche lorsque son visage se dirige vers vous lorsque soudainement, cette personne ouvre la bouche et vous fait vous ramasser une monstre claque en pleine gueule en nous démontrant un magnifique défaut qui vient gâcher tout nos fantasmes ? Et bien là, s'était parfaitement ça. Cette jeune sorcière, était tout à fait mon genre de femme en plus de sa similitude avec ma défunte épouse, mais sa personnalité nonchalante et son air sans-gêne étaient les grosses taches sur le tableau.

Sur ce, je la salue rapidement et tourne les talons pour reprendre tranquillement ma marche lorsque la prononciation de mon nom me fais m'arrêter net. Un grand silence pesant prend alors place et lorsque je me retourne pour lui demander si nous nous connaissions, la concernée s'en alla au pas de course, ce qui eut pour effet de me faire pousser un long soupire blasé. En plus d'être impolie, elle est mesquine. Décidément, j'ai trouvé la perle rare ce soir ... Le fait qu'elle ait toutefois prononcé mon nom m'intrigue. Me dire de la suivre ne me plaît pas vraiment. Mais ces coïncidences m'intrigue bien trop pour que je puisse rater cette grande occasion. Elle n'était pas ma défunte épouse certes. Si ça avait été le cas, je l'aurai reconnue sans difficulté. Mais elle lui ressemble et semble également me connaître. Non, il me faut savoir ce qui se trame. Il me faut savoir qui elle est et d'où elle me connaît. Son ami l'avait sûrement aidée. Mais son ami, qui est-il ?

Sans réfléchir plus, je termine ma cigarette et jette le mégot au sol pour ensuite partir à mon tour au pas de course. M'aidant de ma célérité vampirique, je quitte la rue actuelle pour en emprunter une autre puis encore une autre, ne perdant cependant pas de vue son aura qui sans qu'elle le sache, me sert entre autre de boussole. Le jeu du chat et de la souris dura bien 5 minutes jusqu'au moment où je vins me retrouver proche d'un cimetière. Etant arrivé le premier grâce à ma célérité, je me laisse quitter le sol pour sauter avec une agilité féline sur une épaisse branche sur laquelle je finis par m'asseoir. Surplombant le toit d'une tombe familiale, j'ai la vue pleine sur le cimetière silencieux et peux donc guetter toutes arrivées sans difficulté.

La ruelle sombre accueille la course effréné de la sorcière qui s'est trahi face à l'Originel. Erèbe n'a pas lésiné sur son envie de la faire sortir de ces gonds. Lui semble de plus en plus amusé par la situation. Sinead connaît bien le côté provocateur de l'esprit guide pour vérifier qu'elle apprenne à s'en sortir dans des cas difficiles. Un nouveau test sonne le glas de cette soirée si jeune. Et pourtant, la sorcière n'est plus en état de faire attention au fantôme qui la guide à travers le monde des vivants et qui surtout la protège du monde de l'au-delà. Car cet univers comporte bien des dangers et beaucoup son mortel. Loin d'être différent de celui des vivants, mais ce qui se trouvent dans ce qui n'est plus se trouve déformé et horrible. Les lois sont le plus souvent contourné, mais aussi manipulé afin de servir le mal en puissance. Ce même mal que la sorcière tente d'éradiquer quand il lui fait face, mais le soucis premier c'est que le côté sombre l'attire toujours et un peu plus nourrissant en elle une sorte de bête qui sommeille et qui par moment grogne. Pareil à un dragon en torpeur qui éclate lorsque l'on se trouve sur son territoire préparant le brasier dans le fond de sa gorge prêt à le cracher à tout moment. C'est ainsi que la jeune femme sent cela. Ce dragon noir dans ces chairs qui ne désire qu'une chose. Être nourri par le sombre. Le monde ne se compose que de cela aujourd'hui. Les ombres prédominent la lumière qui se fait violence pour ne pas totalement disparaître. L'équilibre est devenu précaire et dangereux. Les humains ne sont plus que du bétail pour vampire et lycan. Les mutants sont considérés comme une avancée pour la génétique humaine ou bien de simple bête de foire tout juste à ce taire. Et dans ce marasme se trouve les sorciers et les sorcières prisés et qui sont plus que rechercher pour renverser la balance d'un côté comme de l'autre. Ces derniers sont précieux, des objets que l'on capture et que l'on garde ou pire encore que l'on tue si la cause n'est pas soutenue.

Sinead se sait en constant danger et pourtant, elle se plaît à flirter autant avec la mort que l'interdit. C'est presque vitale pour elle que de se moquer du plus près de la Faucheuse. Elle aime se montrer provocante, elle aime narguer pour ensuite s'en tirer de justesse et recommencer plus tard. Sinead joue avec sa vie parce qu'elle la sait maudite et lorsque l'on est maudit, on pense que la mort nous fuit pour ne pas être la cible de ce qui touche misérablement et injustement une personne. La Faucheuse joue, mais n'abat pas sa faux tout simplement. Cependant, elle ne s'empêchera pas de faire souffrir au besoin, par plaisir et pour répondre aux provocations.

Dans cette ruelle où de sombres desseins se sont déroulés. La sorcière observe et entend des sanglots. La forme de la personne qui pleure n'est qu'invisibilité pour le moment aux yeux de la sorcière. Quand un fantôme ne désire pas être vu, il sait comment s'y prendre par instinct. Pourtant, la silhouette se forme lentement jusqu'à laisser apparaître une jeune femme difforme. Le visage rongé par l'acide. La vision en est horrible, mais la sorcière garde contenance. Ce pauvre fantôme n'est que beauté face aux démons que Sinead a déjà vu dans sa vie aux côtés de son oncle. Le fantôme se sait vu et se sent soulagé. Peut-être aura-t-elle enfin des réponses. Mais déjà la sorcière entame le pas suivie de son esprit guide et du fantôme qui pense voir en cette femme la lumière salutaire qui la mènera vers le monde du repos éternel. Existe-t-il vraiment entre nous ? En sachant que la Terre est l'Enfer ? Où du moins la porte. Sinead continue de marcher se laissant guider. On connaît son point de départ, mais pas son point d'arrivée. C'est toujours ainsi. La jeune femme continue jusqu'à se perdre dans un cimetière.

Soudainement, elle se stoppe regardant autour d'elle. Pourquoi ? Pourquoi y a-t-il autant d'esprit ? C'est loin d'être une bonne chose. Un ou deux esprits, cela passe encore, mais toute une armée c'est vraiment suspect. Sinead observe. Elle écoute les murmures qui lui sont pour le moment incompréhensible. Trop de voix pour trop d'esprit. Les mots sont compliqués à entendre et à comprendre. Ce ne sont que des syllabes, des sons... Rien de plus. Fermant les yeux, la sorcière tente de se concentrer sur une seule et unique voix.

- Pourquoi... Nous étions si bien en paix qu'il faut qu'on nous réveille.

La sorcière ouvre les yeux donnant un coup d'oeil circulaire au cimetière. Un rituel a été fait ici même. Réveiller les morts n'est pas une chose à faire à la légère. Surtout si on ne décide pas de les faire retourner à leur total repos. A force de traîner ici, la colère s'agrandit et ils finiront par être des esprits en colère et extrêmement dangereux pour les humains qu'ils croiseront. Les esprits en colère se fiche de passer inaperçu. S'il croise un être, il fera tout pour le nuire et le faire souffrir jusqu'à le tuer. Lentement, Sinead s'agenouille pour toucher la terre, le vent s'élève et lui apporte un parfum. Le sourire se dessine et la preuve en est donnée par son esprit guide accaparé à contempler un endroit du cimetière. Un arbre exactement. Sinead fait comme si de rien n'était et elle continue son inspection. Elle sait que quelque chose a été fait ici même. Finalement, elle trouve et fronce les sourcils.

- Du vaudou...

Nul doute sur l'identité de celui qui a fait cela. Il ou elle souhaite faire du mal en voulant créer une armée de fantôme. Mais contrôler des esprits n'est pas chose aisée et la sorcière le sait. Elle, elle le peut, mais n'en abuse pas. Contrôler les éléments lui prend déjà assez d'énergie et marque son caractère, mais si elle venait à s'amuser à contrôler et soumettre les morts qui sait ce qui arrivera ?

La pierre tombale lui parlera. Cela reste tiré d'un élément venu de la terre. Mais le message sera brouillé puisque ce dernier a été travaillé et manipulé par des mains humaines voir même souillé par la main du responsable de ce mal qui prend de l'ampleur. Le mal naissant se sent. Les démons en profiteront de cette énergie pour entrer dans ce monde et y rester grâce à l'absorption des âmes errantes et arrachés à leur repos éternel.

Une main sort de terre capturant la cheville de Sinead qui sursaute ne s'attendant absolument pas à ça.

- Bordel de merde ! Lâche-moi !

La sorcière trébuche au sol entraîné vers le macchabée sortant de terre avide de chair et de sang. Nul doute un rituel noir a été fait et pire que tout. Ce n'est pas l'âme du défunt dans ce corps, mais celle d'un démon. L'adrénaline monte et s'enflamme dans ses chairs tandis qu'un coup de pieds puissant oblige le zombie à relâcher prise. Sinead se redresse s'éloignant de l'endroit, mais se demande où se trouve le nécromancien et sorcier vaudou.

Prenant de l'élan, la jeune femme court et saute sur le toit d'un caveau en manipulant le vent pour qu'il lui permette de voler quelque peu.

- Putain de merde ! Si on fait rien c'est foutu ! Bonjour les zombies ! En plus c'est un festin pour démons ici !

Sinead finit par fixer l'arbre.

- Hey l'Originel ! Fait gaffe derrière-toi ! Baisse-toi abruti maintenant !

Seul, posé contre le tronc massif du saule pleureur du cimetière, je reprend une cigarette en bouche et la fume calmement. Pourquoi me suis-je dirigé ici ? Tout simplement parce que mon instinct me disais que s'était dans ce cimetière que la route de cette sorcière et la mienne, allaient se recroiser. A aucun moment, je ne me suis amusé à lire dans ses pensées. Peut-être que j'aurai dû, car savoir qu'un ami à elle me connaissait et qu'en plus de ça, elle aussi semblait me connaître, ne va pas pour attiser ma curiosité. La curiosité est considérée comme un vilain défaut. Mais pas dans ce genre de cas en l'occurrence ...

Longuement, je balaie le cimetière du regard, ne croisant que ceux de quelques corbeaux et peut-être aussi des souris qui se promenaient parmis les tombes. Aucune énergie vivante n'est visible dans cet endroit sombre et silencieux. Cependant je peux, malgré mon immortalité, ressentir une autre énergie un peu moins avenante. Une énergie plutôt oppressante, négative ... Seuls les morts pouvaient se rendre compte de ma présence. Et c'est un léger rictus affiché au coin de mes lèvres, que je tire une dernière fois sur ma cigarette pour ensuite la frotter contre le tronc et la laisser tomber au sol. Que ça doit être calme la vie de fantôme ... Sans doute doit-elle être plus excitante que celle des vivants. Etre invisible, pouvoir rôder en ville sans se faire reluquer des pieds à la tête, observer des situations dans le silence et en rire, caché des yeux humains. Mouais, je crois que je veux devenir un fantôme.

Une présence et plus particulièrement une chaleur humaine se fait sentir, chamboulant complètement la froideur de ce vieux cimetière englobé par la brume. Sans même bouger, je laisse mes deux sphères bleutées se diriger vers la personne qui n'était autre que la jeune sorcière de plus tôt. Je l'observe, calmement. Comme une lionne observe et analyse les moindres gestes de sa proie, pour pouvoir mieux l'attaquer. Celle-ci s'arrête après être entrée dans le cimetière. Son visage affiche une expression plutôt méfiante, un peu comme si la menace avait été repérée. Me demandant si il s'agissait de mon aura qu'elle avait sentit, je reste néanmoins haut perché sentant malgré tout une autre énergie à ses cotés. Cette sensation, était plus qu'étrange car celle-ci était plutôt agréable, bienveillante et pourtant, devant moi, il n'y avait que elle. Était-elle accompagnée d'un bon esprit ? Ou était-ce sa magie qui avait pour but de troubler tous ceux qu'elle frappe ? Plus je garde le regard fixe sur elle, et plus je la trouve intrigante malgré son sale caractère qui d'une part pourrait me repousser à des kilomètres à la ronde. Ses yeux finissent par se fermer, ce qui me laisse perplexe et donc, me fait hausser un sourcil. Je l'entend alors parler, mais ses mots résonnèrent à mes oreilles comme des murmures malgré tout perceptibles à mon ouïe d'immortel. Mais bien vite, le calme et le silence du cimetière, se retrouve remplacé par une vague d'injure  prononcée évidemment par la sorcière, qui se retrouve la cheville emprisonnée dans une ... main sortant du sol ? Et ben voyons, il ne manquait plus que ça. En plus d'être en présence d'une Harry Potter version féminine, voilà qu'en plus de ça, elle attire les zombies. Pour finir, ce ne sera plus Harry Potter mais The Walking Dead que j'aurai en live.

Une nouvelle vague d'injures est poussée par la sorcière. Décidément, son dictionnaire de jurons semble plutôt bien fournit. Cependant, une énergie étrange attira mon attention et les grognements ou plutôt, les râles qui l'accompagnait me fis étrangement penser à quelque chose que j'ai vu à travers un écran il y a fort longtemps. Les râles se rapprochent et lourdement, j'entend l'écorce du tronc du saule se faire arracher. Le zombie qui s'était prit à la sorcière ne semblait pas seul. Car un deuxième ne se trouvait pas loin. En fait non. D'après ce que je sens, il doit être juste en dessous de ma branche. Discrètement je baisse les yeux, et aperçois la face horrible du monstre qui tendait les bras dans les airs en espérant m'arracher une jambe ou un pied. La sorcière arrive sur le toit du caveau qui me fait face et me fixe un instant pour m'avertir de la présence du cadavre ambulant. Sans même lui répondre, je me penche légèrement de coté laissant ainsi le mort vivant rater sa cible en sautant dans le vide et le frappe ensuite violemment  du pied, pour le faire traverser le cimetière et terminer sa course écrasé contre une tombe.

- Tu es plutôt précoce comme fille. On se connaît à peine et tu me donne déjà un surnom. Plaisantais-je en fixant le deuxième zombie qui essayait encore de m'attraper les pieds. Quelle sangsue franchement ...

Je saute de ma branche et me laisse attérir au sol juste derrière le mort vivant qui se retourne. Celui-ci marche en titubant vers moi, espérant sans doute que je me fasse faire, trop paralysé par la peur pour oser bouger.

- En plus d'être laid, tu as une haleine de chacal. Laisse-moi t'aider, ça ira bien vite mieux.

Ma main se posant sur son front, je plante mes doigts dans sa chair, les laissant ainsi s'enfoncer dans sa boîte crânienne puis en un très fort mouvement, je l'expédie vers le tronc contre lequel je lui écrase la tête. Pour ça, ma force d'immortel est plus que pratique. La main recouverte de sang, je la secoue dans le vide histoire de me débarrasser de ce plasma périmé depuis des décennies et laisse le cadavre s'écrouler au sol, lourdement.

- Bon, un petit tour de magie pour nettoyer tout ça Merlin ?

A peine je termine ma phrase, que je sens l'énergie d'un autre zombie m'approcher. L'entendant également râler derrière moi, j'attends quelques secondes et finis par lui exploser la tête d'un simple coup de poing levé vers le ciel. C'est que ça pullule de ces déchets là !

A travers le cimetière, la sorcière court rapidement. Une pelle traîne là. Seule dans l'attente d'être utilisé. Sans perdre un instant, Sinead vient prendre possession de son arme improvisée. Le seul moyen de tuer un zombie est de détruire son cerveau. C'est par là que tout agi, tout se fait. La sorcière ne ressent aucune peur malgré la situation. Seule la colère et la passion d'un tel moment empli ces chairs. Elle aime les situations délicates, elle se nourrit de ce qui berce l'envie d'avoir commis pareil acte. La sorcière ignore que demeure en son être, un être qui la pousse à désirer de telle chose. Il la pousse à vouloir aimer le sombre. Mais, il fait en sorte de repousser les gens de la jeune femme. Il nuit à sa vie lentement, mais sûrement. Il veut s'approprier la vie et le corps de cette innocente pour entrer encore plus profondément dans la vie humaine et nuire à ceux qui croiseront sa route. La sorcière abrite un démon. Mais le secret et l'ignorance demeurent. La récompense du démon en elle reste la colère de ceux qui se tournent à un moment où à un autre vers l'insolente. La monstruosité dans ses chairs a pris de l'ampleur en se nourrissant des émotions négatives de la jeune femme. Pourtant, malgré ce marasme infernal. Le démon n'arrive pas a empiéter totalement sur ce territoire, quelque chose de fort protège la sorcière. La force d'un sentiment bénéfique qui blesse le démon à mesure de sa progression dans son objectif. Démunit de sa force, son avancée se voit vaine et il retourne à son point de départ.

La pelle tranche une tête puis une autre. Un regard est offert au vampire qui combat et lance des réplique qui ont le don de faire sourire de manière provocatrice la sorcière qui use de sa férocité dans un combat pourtant bien perdu d'avance si l'on ne trouve pas l'objet qui fait revivre ces morts et qui n'auront qu'une seule envie détruire tout sur leur passage. Ces originels ne savent pas du haut de leur piédestal que quelque chose se trame dans les méandres de l'obscurité. Trop reposé sur leur acquis, ils se pensent muni contre la bêtise humaine. Mais, il y aura toujours un fou pour oser.

La pelle a été éjecté par un des zombies qui s'approchent dangereusement de la sorcière. Honnêtement, se faire mordre ou carrément bouffer par un de ces êtres n'est absolument pas dans les projets de la jeune femme. Surtout qu'une morsure équivaut à voir son âme emprisonné par l'instigateur de cette mauvaise blague. Ces êtres ont besoin d'âme pour nourrir le rituel et satisfaire l'entité capable d'appeler autant de mort pour en faire de simples marionnettes putrides afin d'assouvir le plan machiavélique de l'impur. A force de reculer, la sorcière se cogne au dos du vampire. Dos à dos, les deux ont une vision plus que chaotique de l'apocalypse qui se déroule sous leurs yeux. Les morts reviennent doucement à la vie. Sinead observe sortant son briquet.

- Je vais augmenter la température attention.

Erèbe aide autant qu'il le peut cherchant à travers le cimetière l'endroit où a commencé et où tout doit se terminer. Sinead allume le briquet capturant la flamme dans sa main. Le sourire lui vient tandis que le briquet retourne dans sa poche. La flamme dans sa main prend de l'ampleur sous les manipulations précises de la jeune femme. Tant pis, mourir ou montrer sa nature, la décision est rapidement prise. Les éléments sont là pour l'aider en cas de pépin. Le vent souffle en cette nuit ce qui lui permettra de rendre l'attaque plus conséquente encore. Un peu l'effet d'un lance-flamme. Mais, les sorciers et les sorciers nomment plutôt cela : Le souffle du dragon.

Le feu s'agite et agit. Il cherche ces victimes. L'imagination de la sorcière s'allie au feu impétueux et guerrier qui prend la forme d'un dragon. Sinead rend sa magie aussi efficace qu'esthétique. Pour le fun, mais pour la beauté également. La jeune femme déploie son énergie. Très peu. Sinon, elle ne ferait pas autant. Le principe est simple. Le feu est né d'un briquet, il n'a pas été crée. Si cela aurait été le cas, alors l'énergie déployée aurait été conséquente.

Depuis un caveau abandonné au loin. Erèbe crie et prévient d'où la chose a commencé. Les zombies affluent des entrailles de cette terre souillé de mort. Sinead tourne la tête voyant au loin son esprit guide lui faire des signes. Seule elle peut le voir, mais l'énergie de l'être est palpable au milieu de toute cette magie. Les âmes perdues ici et là, disséminé un peu partout sert d'énergie pour le rituel. Peu à peu, la mémoire se vide. Les bons sentiments sont absorbés pour faire d'eux des fantômes en colères. Tout le monde que cette catégorie se retrouve la plus dangereuse qui soit. Si l'autre venait à sentir cela, il viendra et cela en sera finit de ce jeu. Lui est un être se nourrissant du mal. C'est le mal à l'état pur. C'est le Jack l'Eventreur des morts. Violent, sadique et emplit de haine. Une fois, Sinead lui a fait face et jamais elle n'oubliera la fureur noire de son regard et sa laideur à faire pâlir un vampire.

Les zombies affluent encore et encore. Le feu est agité une nouvelle fois pour créer une percée.

- Par ici ! Bouge ton cul !

Sinead ne fera jamais dans la douceur. C'est ainsi. De toute manière, déployer des gentillesses dans ce genre de moment est complètement ridicule. La sorcière court comptant sur la puissance du vampire pour qu'il se débarrasse des zombies qui pourraient l'attaquer. La sorcière doit garder encore de l'énergie pour ce qui est à venir. Mais, elle se prend un coup qui la fait voler contre le tronc d'une arme mort, foudroyé quelque mois plus tôt par la foudre. Sinead tombe au sol. Le démon en elle s'agite devant tant de fureur. Il prend de l'ampleur, mais ce qui protège la sorcière le fait taire. Mais Sinead sent sa colère monter en grade. Difficilement, elle se relève pour voir le coupable et fait de grand yeux.

- Bordel de merde ! Stop ! T'approche plus Nyx !

Devant le caveau se trouvait un esprit maléfique. Un être dont les mains ont été remplacés par des marteaux et le corps était criblé par des clous immenses de forgeron. L'être étant mort dans d'atroce souffrance se retrouve lui-même devenu une âme vengeresse et assassine.

La sorcière n'ose pas bouger. L'être a déployé plus que la jeune femme ne l'aurait imaginé. Cet être devait connaître ce qu'il faisait. Sinead craint le pire. Commander de tels esprits impliquent d'énorme sacrifice. Ce ne sont pas des poulets et des porcs qui satisferont la faim de ces monstres. Mais bien autre chose. La possibilité que le sacrifice soit effectivement ce à quoi pense Sinead la fait frémir. Des enfants. Le sang des purs sont les seuls à pouvoir maintenir une quelconque autorité sur ces esprits vengeurs. La colère de Sinead ne fait que prendre de la force. Sa respiration se fait de plus en plus rapide. La sorcière observe réfléchissant à comment elle peut passer cette barrière insurmontable.

Sinead est relevé, non pas par le vampire, mais par les zombies qui semblent obéir à un ordre. La sorcière se débat autant qu'elle le peut, mais elle n'y arrive pas.

- Je te déconseille de t'agiter comme ça mon enfant... Les zombies ont la fâcheuse tendance à mordre pour se faire écouter.

L'être avance. De sa grandeur mortel et effrayante, il foule le sol du cimetière. Sourire aux lèvres, il regarde la jeune femme prisonnière des deux messagers putréfiés de la Mort elle-même. L'esprit vengeur trônant tel l'empereur démoniaque devant la porte du caveau, là où tout doit être détruit, incline légèrement la tête en signe de soumission envers le vieux sorcier.

- Tu me donnes bien du fil à retordre ma belle enfant. Toujours à te mêler de mes affaires et à défaire ce que j'ai mis en place. Pourquoi ? Pour sauver ces impurs qui ne devraient pas être de ce monde ?

- Impurs ? Tu parles de qui là enflure ! C'est toi qui ne devrait souiller cette Terre de ta présence ! T'a tué des enfants pour contrôler ces esprits !

Le sorcier ricane, amusé par le comportement impertinent de cette jeune consœur ô combien délicieuse. Si le moment aurait été autre, il l'aurait fait sienne malgré la force qu'elle aurait déployé pour lui échapper. Ce comportement ne fait qu'accentuer la libido perverse de l'être.

- Pour arriver à ces fins, il y a toujours son lot de perte. Ces gosses ne sont pas irremplaçable ma douce. Ils ne sont que des outils, des pions dans mes projets.

Le sorcier s'avance et lève le visage délicat de la sorcière du bout des doigts. Il lui fait un sourire carnassier et immédiatement, la jeune femme le sent.

- Tu...

Il sourit de plus belle encore tandis que son regard vire à l'onyx.

- Gagné...J'ai tout de même réussi à te retrouver ma tendre petite Sinead.

La sorcière sent un frisson la parcourir le long de son échine.

- Non... Je...

- Tu as tué le corps de ton oncle, mais pas moi. Tu as simplement réduis à néant ma porte d'entrée en ce monde. Intelligemment trouvé... Tiré une balle dans la tête de son oncle. Courageux aussi. Tu me plais.

Sinead retire son visage de la main du sorcier possédé par une âme démoniaque qu'elle ne connaît que trop bien.

- Il m'a été difficile de prendre un corps qui me scierait à ravir, mais j'ai finalement trouvé ce que je souhaitais.

Ce dernier approche son visage pour murmurer à l'oreille de la sorcière.

- Dis à ton ami de ne rien faire sinon je me verrais obligé d'invité un très bon ami à moi... L'être que tu as déjà vu par le passé...

Sinead sent son souffle se couper l'espace d'un court instant. Il oserait l'appeler ? Lui ? La sorcière sait qu'il ne plaisante pas. Le mal l'entoure.

- Dégage de là la dent longue ! Retourne faire joujou ailleurs !

Sinead ne voyait que cela pour éloigner le vampire du danger qui pouvait surgir à tout moment. Le démon la voulait elle et personne d'autre. Erèbe pourra la protéger un temps pour qu'elle puisse trouver une solution.

- Voilà qui est sage de ta part ma tendre...

Sa main perverse se pose sur le cou de la sorcière et glisse le long de son buste pour se poser sur son ventre. Le possédé semble trouver un certain plaisir à cela et il sourit. Un peu plus encore, ces lèvres forment un rictus machiavélique.

- Voilà qui est fort plaisant de sentir dans les entrailles de ton corps, toutes la perfidie commise enfant. Pauvre petite, mais grâce à cela, tu deviendras un hôte de choix pour ma future moitié.

Sinead éclate de rire.

- Ta moitié ! Même pas en rêve ! Le coup du "débarrasser le monde des impurs n'a été qu'une vaste scène pour cacher tes intentions. Que prévois-tu par la suite hein ! Quelle sont véritablement tes plans ! Tu oserais détruire la balance et la rendre instable ? Tu comptes invité ta grande famille a infester le monde des vivants ? T'en a marre de ton enfer ?

- Justement dit ma chère... Intelligente petite chose mortelle. Tu verras que nous réduirons chaque être de ce monde à un esclavage éternel.

Le sorcier pointe Nyx du doigt et sourit en le regardant.

- Tout comme je l'ai fait avec son innocente sœur. Délicieuse enfant qui criait sous les assauts de mes sbires. Mes fils ont prit bien du plaisir avec ta sœur et toi également. Ton jolie petit cul en a bien pâti n'est-ce pas ?

La main du sorcier vient caresser la chevelure de Sinead et la tire violemment en arrière.

- Vois ce visage ! Bientôt, il sera mien. Son corps entier épousera le mien. Cette femme m'est destinée.

Le sourire prend de l'ampleur tandis que sa main libre fait claquer ces doigts. Un petit nombre de zombie vint à la rencontre de Nyx pour un duel digne de ce nom.

- Si tu veux sortir de l'arène gladiateur, satisfait ma vue d'un combat sanglant et...

Les zombies jettent à ces pieds trois jeunes sataniques apeurés. Ceux qui ont ouvert la porte ne pouvait être qu'eux. Invitant le démon à prendre possession du sorcier qui passait par là. Sinead regard l'hôte et fronça les sourcils.

- Tu as exilé l'âme d'un sorcier blanc.

Le démon s'esclaffe longuement.

- Esprit aiguisé dans un écrin de beauté, il se tourne vers Nyx, tue-les de la manière la plus lente que tu connaisses et peut-être que je consentirais à arrêter cela, mais pour rendre la chose plus excitante encore.

Il frappe dans ces mains prononçant des mots en latin, mais à l'envers. C'est alors que l'invisible devint visible au regard de Nyx. Erèbe pouvait être vu par lui. Son Sire se trouve derrière Sinead. son aspect reste translucide, mais il est bien visible. L'être se tourne et regarde l'esprit guide de la sorcière.

- Voilà qui ne fait qu'agrandir ma jalousie. Tu es fort bien entouré ma chère. Ne fait pas de geste où le Forgeron se verra obligé de détruire ce qui compte à tes yeux esprit guide.

Le sorcier se tourne vers Nyx.

- Je m'impatiente vampire !

Autant la situation devenait intéressante, que ce sort vaudou nous appelle à sauver notre peau à la Walking Dead. Décidément, le monde des vivants et de la sorcellerie en particulier ne cessera de me surprendre. En deux temps trois mouvements, je pu détruire trois de ces cadavres ambulants assoiffés de chair et de sang. La sorcière en fit de même, s’emparant d'une pelle qui traînait là pour frapper de ces zombies en plein visage. Étonné, je la regarde faire ne comprenant pas pour quelle raison elle ne faisait pas recours à sa magie.

"Bon sang, mais sers-toi de ta magie idiote" Pensais-je tout en détruisant quelques morts-vivants de mon coté.

La pelle se retrouve éjectée. Et autant je peux partir à son secours, que je me contente de la fixer, rattrapant simplement la pelle en plein vol et tranchant férocement la tête d'un autre cadavre vivant avec celle-ci. Une fois retourné, je me rends compte qu'une grande quantité de zombies reste à éliminer. Ces choses poussent réellement comme de la mauvaise herbe et autant on en tue, que d'autre en pousse comme si le sang versés de leur confrère nourrissant la terre les invoquaient à sortir de leur tombe. Cependant, ces êtres ne devaient pas apparaître comme ça s'en était certain. Ma concentration se mit en marche, essayant ainsi de sentir les différentes aura et de déceler leurs puissances qui n'étaient que très faible malgré la grande quantité de monstre qui nous entoure. En un mouvement rapide je me retourne et vient transpercer la tête d'un des mort-vivants que j'avais pu sentir s'approcher dangereusement. Lentement je recule et me sens me coller au dos de la sorcière. Le regard fixe, la concentration à son comble, je n'adresse aucunement la parole à la sorcière qui semble bien peu décidée à utiliser sa magie comme bouée de sauvetage. Finalement, elle se décide. Enfin ! Son attaque se montre intéressante mais mon attention est bien trop rapidement prise par les nombreux zombies qui nous entourent pour que je puisse admirer son œuvre.

En un rien de temps, je transperce une nouvelle tête de la pelle et décide de la laisser tomber pour frapper de mes propres mains. Malgré les flammes qui menaces les tombes, je traverse le cimetière et zigzague entre les tombes avec l'agilité d'un félin en pleine attaque, m'aidant à surprendre les cadavres lents à l'aide de ma célérité vampirique. J'entends soudain les mots de la sorcière qui me sont destinés, mais n'y fait aucunement attention. Sa délicatesse légendaire me passe par-dessus et après tout, elle n'était pas la mieux placée pour se permettre de me donner des ordres.

Malgré les nombreuses forces et auras que je peux sentir, une autre vient à se faire distinguer largement. Je m'arrête alors net dans ma course et cherche l'emplacement de cette aura étrangement imposante. Un fort bruit de coup de fait entendre me laissant ainsi apercevoir la sorcière foncer dans le reste d'un arbre récemment foudroyé. Celle-ci m'ordonne de m'arrêter et de rester où je suis. Je m'exécute, même si je ne fais pas cela pour lui obéir mais bien parce que j'ai perçu cette puissance avant ses mots. Voilà que se dresse alors une créature monstrueuse, munie de deux marteaux à la place des mains. Avec impassibilité, je le fixe mais ne reste pas insensible à son aspect horrible. Celui-ci sort de sa cachette et se dirige vers la sorcière qui se voit relevée par des zombies tandis que moi, je me retrouve maintenu par d'autres. Immédiatement, je me sers de ma force vampirique pour leur arracher les bras et leur transpercer le crâne de façon à me libérer. Mais le démon présent frappe violemment une tombe d'un de ses marteau, me faisant ainsi éviter le coup qui m'était destiné en sautant sur le coté. A nouveau, je me retrouve emprisonné par de nombreux cadavres vivants et me vois dans l'obligation de coopérer sous peine de me faire écraser.

Un homme vient alors montrer le bout de son nez. Un homme à l'allure humaine, mais à l'aura immensément imposante. Son intérêt semble se porter sur la sorcière qui m'accompagne et au vu du regard que lui lance celle-ci, cet homme ne semblait pas lui être inconnu. Celui-ci s'adresse alors à elle, me permettant d'entendre leur conversation. Tout deux semblaient se connaître et l'affinité qui régnait entre eux ne semblait pas des plus douce et accueillante. L'homme ou plutôt, l'être maléfique qui se trouve là, semble vouloir posséder la sorcière et la faire sienne. Ne faisant rien, toujours immobilisé par les zombies, je me contente d'écouter leur échange, sans pour autant m'empêcher de penser. La sorcière s'adresse à moi et m'ordonne de m'en aller, toujours dans sa légendaire gentillesse. Je ne lui réponds rien, n'y voyant simplement pas l'intérêt de le faire. Les zombies qui me retiennent viennent alors à me lâcher, me permettant ainsi de m'échapper. Un des cadavres s'approche de moi dans l’espérance de pouvoir se servir de moi comme repas. Immédiatement, ma main vient se nicher dans sa face, l'écrasant et le faisant ainsi tomber au sol lourdement. L'homme me pointe alors du doigt, ce qui attire mon attention.

- Tout comme je l'ai fait avec son innocente sœur. Délicieuse enfant qui criait sous les assauts de mes sbires. Mes fils ont prit bien du plaisir avec ta sœur et toi également. Ton jolie petit cul en a bien pâti n'est-ce pas ?

A ses mots, je me contente de serrer les dents et de me mordre la langue pour m'éviter de lui trancher la tête sous le coup de la colère.

- Autant que ta face de rat en pâtira une fois de retour dans ta tombe. Lui dis-je avec une certaine férocité malgré tout contenue.

Ayant sans doute compris qu'en un rien de temps je pourrai me retrouver derrière lui, les zombies m'immobilisèrent à nouveau, me laissant ainsi regarder le comportement remplit de perversité de l'être qui se trouvait être le maître des deux hommes qui avaient pourris mon enfance. Caressant les cheveux de la sorcière, il la tira alors en arrière avec une certaine virulence et s'adressa à nouveau à moi dans un rire satanique.

- Vois ce visage ! Bientôt, il sera mien. Son corps entier épousera le mien. Cette femme m'est destinée.

Et alors ? Qu'est-­ce que vous voulez que ça me fasse ? Je ne la connais pas cette sorcière et même si elle ressemble en tout point à ma défunte épouse, je ne me verrai pas tomber à genoux et supplier de la libérer.

- Quelle tristesse ... Murmurais-je.

Des zombies s'avancent, tandis que ceux qui me retiennent s'éloignent pour me laisser libre mouvement.

- Si tu veux sortir de l'arène gladiateur, satisfait ma vue d'un combat sanglant et...

L'interrogation remplit mon être, tandis que trois êtres humains me sont jetés aux pieds. Haussant les sourcils, je les regarde un instant, buvant la suite des mots de l'homme qui semblait se prendre pour Jules César.

- Tue-les de la manière la plus lente que tu connaisses et peut-être que je consentirais à arrêter cela, mais pour rendre la chose plus excitante encore. Il frappe dans ses main et commence à prononcer une incantation qui soudainement me fis apercevoir des personnes que je n'avais vu auparavant dont un, placé juste derrière la sorcière que je ne pouvais QUE reconnaître. Voilà qui ne fait qu'agrandir ma jalousie. Tu es fort bien entouré ma chère. Ne fait pas de geste où le Forgeron se verra obligé de détruire ce qui compte à tes yeux esprit guide.

Esprit guide, Erèbe ? Pourquoi ? Que fait-il ici ? Autant mon visage ne divulguait aucune réaction et émotion, que mon être lui, se retrouve complètement perdu et incompréhensif face à la situation. Éberlué, je ne réagis pas dans l'immédiat. Mais l'homme lui, me montre clairement qu'il s'impatiente. Ah oui ? Tu t’impatiente ? Et bien, plus pour très longtemps. Le regard dirigé sur les trois humains qui m’avaient été « délivrés », je les fixes un très court instant et vins me déplacer à l’aide de ma célérité pour trancher la tête d’un des zombies présent puis d’un deuxième, d’un troisième et ainsi de suite. En tuer quelques uns n’allait pas me libérer pour autant. Cependant, j’avais mon idée en tête. Sachant qu’Erèbe était présent et que depuis toujours, je me suis refusé à tuer sans raison valable, je ne peux me permettre de tuer les trois jeunes gens visés, juste pour le plaisir des yeux de cet homme qui se prétend être le plus fort du monde. Mes prunelles bleutées se dirigent alors sur la forme fantomatique d’Erèbe, qui semble me faire des signes du regard. D’une poigne ferme, je saisi un des humains assis au sol par le cou, et le soulève à ma hauteur pour pouvoir bien le fixer dans les yeux. Je commence alors une très rapide hypnose et lui communique par la pensée.

Je ne vous tuerai pas. Contentez-vous seulement de faire ce que je vous dirai.

Je relâche l’humain de ma poigne, le faisant ainsi retomber au sol. Attachés à ses deux autres camarades, je fixe un instant les environs, et tranche la chair d’un des humains au niveau du bras à l’aide de ma dague, ce qui vient à attirer de nombreux zombies affamés. Le plan marchait à merveille car autant cet homme peut manipuler ces monstres comme des marionnettes, qu’une fois la faim trop importante, plus rien ne les contrôle. Profitant alors de la ruée de zombies qui cachait la vue de l’homme sur les trois victimes, je tranche le lien qui les maintenait et saisi un des zombies par les cheveux pour l’attirer vers moi et lui trancher la gorge avant de le lancer contre l’homme qui bien sûr, chercha à l’éviter. Immédiatement, je tue des nombreux zombies en m’aidant de ma célérité afin que mes gestes se fassent plus rapides et ordonne aux humains par la pensée de s’en aller.

Rapidement, un des zombies me saute au cou, me plaquant à même le sol. Avec l'aide de mes mains, je retiens son visage de façon à l'éviter de me bouffer et le frappe avec force de mes pieds pour le faire se décrocher de ses bras et s'écraser contre un banc de mort-vivants.Mon regard se dirigea alors à nouveau sur Erèbe, puis sur l’homme qui tenait toujours la sorcière par le bras. Immédiatement, un flash parcourra mon esprit. Une image, un souvenir. Celui de la mort de mes deux agresseurs, des deux bandits qui avaient décimés ma famille. En un rien de temps, Erèbe avait réussi à se glisser derrière eux, sans que personne ne puissent les avertir de sa présence. Son apparition fût comme un mirage. Et à présent, me sachant à mon tour Originel comme lui, une idée me vint alors l’esprit. Cet homme, semblait puissant. Mais son corps lui, était réel, fait de chair. Le tuer, n’allait donc pas être aussi difficile. Mon regard devint rieur, mais je continue de tuer bon nombre de mort-vivant avec férocité histoire de l’occuper.

Je me concentre et laisse mes prunelles scintiller, pour libérer ma puissance vampirique à son maximum. Partant à vive allure tel un mirage, je laisse les zombies derrière moi se bouffer entre eux. Ma célérité vampirique s’amplifiant chaque seconde, j’arrive au niveau du bras de l’homme qui tenait la sorcière et le lui tranche d’un geste rapide. La jeune femme retombe au sol, tandis que l’homme regarde son bras tomber.

- Comment oses-tu ? Espèce de ...

A peine il eut le temps de se retourner et de lever le bras pour me toucher, que je m’éclipse à nouveau à l’aide de ma célérité, pour réapparaître derrière lui et lui trancher le deuxième bras avant de finir par planter ma dague dans son cou. Un crouissement sortit de sa gorge percée, tandis que lentement il se vidait de son sang de par ses deux bras tranchés.

- Tu m’en vois désolé. Mais il te faudra encore attendre un peu pour le mariage ... Je tourne ma lame à l’horizontale, toujours bien enfouie dans sa chaire chaude. Un conseil, ne jamais sous-estimer un vampire. On risque à bien des surprises parfois ...

Sans rien rajouter, je laisse la lame de ma dague glisser vers la gauche, lui tranchant alors la tête sans vergogne. Sa tête se détachant de son cou, un jet de sang vint jaillir avant que le corps décapité et sans vie, vienne à s'écraser au sol lourdement. A ce même moment, mes yeux bleus se dirigèrent sur Erèbe qui me souris pour ensuite disparaître tel un mirage en plein désert. Je  débarrasse le sang qui recouvre la lame de mon arme et viens la ranger dans son fourreau accroché à ma ceinture.

- Bon, une solution pour nettoyer ces déchets ambulants ?

Si ça ne tenait qu'à moi, les tuer ne serait pas pour me déranger. Cependant, sans doute perdrions-nous du temps. Il devait donc exister une façon plus rapide de tous les exterminer.

Sinead est déboussolé. Tant d'année à croire qu'elle était parvenu à détruire le démon qui a pris possession de son oncle. Tant d'année à culpabiliser, alors que cela a été dans les plans de cet être que la jeune femme se pense maudite. Elle l'est. Il n'y a pas de doute là-dessus sinon, la sorcière ne verrait pas sa route pulluler par autant d'emmerdes. Amer est le goût qui se trouve dans sa bouche, pareil au sang. Désagréable et souillé par le temps et les actes. Sinead observe la scène sans véritablement la voir. Que pourrait-elle faire de toute manière. Non, il faut profiter de l’inattention pour trouver une solution intelligente à tout ce bordel. La sorcière sait mieux que n'importe qui que le monde de l'occulte est régi par de nombreuses lois strictes qu'aucuns êtres venant de cet univers ne doit désobéir. Sinead doit profiter de cette règle pour trouver la solution qui fera tout basculer parce que sans le savoir, ce sang qui coule n'est qu'un appel supplémentaire pour faire venir celui qu'elle craint le plus. Un être dépourvu de raison et de cœur. Un être qui de son vivant a commis des actes irréparables et qui s'est vu octroyer le rôle du Chacal de par les Enfers du monde. Quand nous parlons d'Enfer, nous attendons par-là, les actes odieux que commettent ceux qui foulent cette terre, ceux qui sont conscients de la méchanceté qui dorment dans leur chair. Les moindres choix qui apportent le malheur d'une personne ou de plusieurs se trouvent être des ingrédients pour nourrir ce mal. Et autant dire que ce putain de monde est un mets de choix pour les horreurs qui se cachent dans le monde de l'invisible. Sinead le côtoie depuis son enfance et elle a dû faire face à des messagers parfois aux envies bien sombres. La sorcière elle-même n'est pas un modèle de bonté et de générosité. Le monde l'a rongé petit à petit au point de faire d'elle ce qu'elle est aujourd'hui. Devant se trouve un être détruit qui se protège par la méchanceté et la froideur qu'elle connaît.

Le regard de la sorcière se pose sur Nyx et sur le moindre de ces actes. Il ne semble pas vouloir se soummettre aux désirs malsains de l'être démoniaque qui prend plaisir à la danse sanglante qu'effectue l'Originel. Même s'il tue des zombies, ce cimetière continuera à en produire encore et encore tant que l'artefact ne sera pas brisé. La sorcière le sait et même sa magie ne peut rien faire contre cela. Le résultat en serait que son énergie aurait été déployé sans raison et que Sinead se verrait vite dépourvu de son énergie et de moyen de combattre.

Quelque temps plus tard, Sinead se retrouva au sol. Elle ne comprit pas tout de suite ce qui s'est passé à cause de sa profonde réflexion, mais ce qu'elle saisit immédiatement, c'est que l'enveloppe charnelle du démon a été annihilé. C'est un soupire de soulagement qu'elle pousse intérieurement tandis que la demoiselle se lève.

Erèbe se trouve au-dessus de la sorcière passant sa main sur le visage de celle-ci s'assurant que cette dernière n'ait rien. Sinead se permit de lui sourire lui signifiant de ce fait qu'elle va bien. Lentement, la demoiselle se lève approchant de Nyx. Cette fois, il n'y a plus de retour en arrière possible. Surtout qu'un rire glaçant se fait entendre plus et qui fait sourire davantage le Forgeron. Mais, cette fois-ci, la source de cette énorme merde a été détruite et voilà les zombies sans maître autant que les esprits maléfiques. S'arrêtant aux côtés de Nyx, le regard de Sinead se met à changer devenant plus clair qu'il ne l'est déjà. Un rictus s'affiche sur les lèvres de la sorcière pendant que les doigts de cette dernière bougent.

- Bon, une solution pour nettoyer ces déchets ambulants ?

Nyx ne peut plus voir Erèbe contrairement à Sinead qui perçoit très nettement l'être à ses côtés qui posent justement une main sur son épaule tout en hochant la tête. Au-dessus d'eux, l'orage se met à fendre et gronder déchirant le ciel. C'est comme si Zeus lui-même a décidé de faire partie du jeu. Fermant un instant les yeux, Sinead finit par s'avancer tandis que l'orage devient plus fou à mesure de ses pas. La peur est là, certes, on ne peut l'éviter, mais c'est justement elle qui donne à la sorcière autant de courage. Finalement, la sorcière fait face à l'être dont les marteaux remplace les mains. Consciente qu'elle peut mourir d'un coup porté, Sinead continue le trajet vers la folie ou le courage, à vous de voir sur ce point. Les bras de cette dernière s'écarte et s'élève vers le ciel tandis qu'elle prononce une ancienne formule dans un vieux latin parfait. Un nouvel éclair fend le ciel annonçant quelque chose qui fera naître que plus de mystère à l'encontre de la sorcière et de ses capacités. La foudre frappe le Forgeron. Le moindre métal de son corps forme un aimant des plus délicieux pour l'être lumineux qu'est l'éclair qui blesse horriblement l'esprit mauvais qui valse plus loin. Celui-ci peut-être vu par Nyx contrairement aux autres fantômes effrayés que Sinead doit sauver. Les mauvais esprits ont pu largement prendre de l'énergie pour prendre corps parmi les vivants.

Le rire s'approche tout comme cette nouvelle aura sombre. L'odeur du sang également. Il a tué ? Non? C'est un sang dans lequel il vient de se baigner par plaisir. Visage déformé, le Chacal s'approche rieur, mais il ne se doute pas que la colère de la sorcière ne fait qu'augmenter à mesure que l'être approche. La sorcière regarde autour d'elle et se mit à s'adresser aux esprits prisonniers et errants.

- Ecoutez-moi esprit perdus. J'ai besoin de votre énergie pour les vaincre. Sinon, jamais vous ne pourrez retrouver le repos que vous méritez. Donnez-moi votre énergie et je vous libérerais, je vous en faits la promesse.

Le fantôme d'un enfant est le premier à s'approcher de Sinead. Ce dernier est effrayé et pourtant, il tend sa main à la sorcière qui la prend lui souriant délicatement. Ce dernier lui offre son énergie et de par ce premier pas les autres esprits suivent et offrent leur énergie à la sorcière qui sent la force et son pouvoir grandir peu à peu, mais à une vitesse fulgurante. Le feu prit vit en Sinead allant jusqu'à sa paume qu'elle lève pour la diriger vers le Chacal dont le rire se transforma en cri perçant de peur. Le feu embrasa les deux esprits maléfiques pour les faire disparaître. Non. Ils ne sont pas morts puisqu'ils le sont déjà, mais simplement vaincu. Ils ont fui comme de pauvres animaux apeurés face à un prédateur.

Même si l'énergie fut donné à Sinead, celle-ci se trouve démuni d'une grande partie de son énergie. Essoufflé, comme si elle a fait un marathon, la jeune femme se laisse tomber au sol. Son coeur battant la chamade et l'esprit un peu vague. L'entrée du caveau est libre. Il ne reste plus beaucoup de temps. Erèbe se bat envoyant valser les zombies s'approchant un peu trop de sa protégée. Nul ne la mordra ou ne viendra lui faire du mal tant qu'il se trouve ici. Ce dernier lui donne des encouragements tandis que la sorcière se relève pour aller ouvrir la porte du caveau. Si Nyx lui parle, elle n'entendra rien. Sa mission est claire. Respecter la promesse faite aux esprits emprisonnés et égarés ici bas.

Une fois à l'intérieur, Sinead jeta un coup d’œil circulaire, attentive au moindre sons qu'il peut y avoir. Pas de piège à première vu. De toute manière, l'entrée fut gardé par un sacré colosse pour dissuader une âme folle de pénétrer en ce lieu vide. Enfin, pas si vide que ça étant donné les tambourinements venant des cercueils. Sinead usa de son énergie pour se diriger vers un artefact aussi noir que l'onyx, mais brûlant d'un feu verdâtre. A mesure que la sorcière s'approche, elle peut entendre les pleurs des enfants assassinés qui ont servi à ce rituel. Les larmes de la sorcière coule à force de les entendre. Certes, elle se donne peut-être une attitude aussi froide que les glaces, mais elle reste une jeune femme accablée et facilement sensibilisé par les appels au secours des âmes innocentes. Prenant son courage à deux mains, la sorcière s'accapare de l'artefact qui lui brûle les mains esquissant une grimace, elle ne put retenir un cri sous la vive douleur. D'un coup, elle brisa l'artefact au sol dont les morceaux devinrent cendre, mais une explosion de lumière transperça le caveau jusqu'à l'extérieur faisant valser la sorcière contre le mur derrière elle. Inconsciente.

Les zombies tombèrent au sol les uns après les autres. Les âmes, libérées se dispersèrent et rejoignirent le repos qui leur ont été arrachés par ce démon.

C'est terminé. L'artefact brisé, il n'y a plus rien pour nourrir et faire apparaître les zombies. Le calme et la sérénité règne à nouveau ici bas. Mais à quel prix ! La perte d'enfant assassiné pour nourrir l'ambition complètement folle d'un démon du passé.

Sinead est parvenu avec violence de sortir du caveau en se traînant au sol. Mais, à peine arrivée à l'entrée que la voilà emprisonné à nouveau dans l'inconscience. Le caveau menaçant de s'écrouler sur elle.

Le démon n'est pas tué, mais la chair qui lui servait de bouclier lui, n'est plus que déchet ornant le sol comme les quelques restes de zombies nourrissant la terre. Cette victoire ne semble pas toucher particulièrement la sorcière, qui demeure pensive ou ... concentrée ? Au fond, j'espère plus qu'elle soit concentrée que pensive. Car l'instant n'est vraiment pas le bon pour laisser place à la nostalgie. La lame de ma dague recouverte du sang de l'être fait de chair qui s'écroule lourdement au sol, je la nettoie en un simple mouvement fort à l'horizontale, laissant le vent débarrasser la lame tranchante du flux carmin qui la recouvre. Malgré sa propreté, je ne la range pas dans mon petit fourreau pour autant. Sans doute allait-elle m'être encore bien utile ... Qui aurait pensé, qu'une dague offerte pour ma remise de grade de colonel allait servir à terrasser un démon ? Pas moi en tout cas. J'avais renoncé à la vie militaire pour de multiple raisons, mais jamais je ne me suis séparé de cette dague, qui était et qui est encore pour moi un véritable cadeau et la preuve d'une réussite passée. Au moins d'une ... L'odeur du sang vient caresser mes narines, laissant mes crocs transparaître dans ma bouche, témoignant la faible faim qui réveille peu à peu la bête déjà présente. Mes prunelles bleutées scintillantes et fendant le voile nocturne de la nuit, témoignent sa présence et son utilité face au démon qui ne disparu pas pour autant malgré sa carcasse terrassée.

Mon regard scintillant de vampire se dirige sur la sorcière qui reste agenouillée au sol. L'envie de la réveiller et de la prendre par les épaules pour la forcer à se lever est là. Mais l'humain qui m'habite prend le dessus sur le vampire, me faisant garder le silence et reporter mon attention sur l'immense monstre aux marteaux qui garde toujours le lieu "sacré". Finalement, la sorcière se relève à mon plus grand soulagement. Le vampire se dit qu'il était enfin temps, tandis que l'humain lui, ressent comme un certain soulagement de la savoir entière et non blessée. Du regard, je balaie le lieu et me rend compte qu'Erèbe est introuvable. Une vague de tristesse m'envahit mais je me réveille rapidement. Ce n'est pas le moment de jouer son sentimentaliste voyons ! Suite au grondement résonnant dans le ciel, je lève les yeux et vois qu'encore une fois, mère nature semble être de notre coté. Pensant que ce changement radical de temps ne doit pas être anodin, je re dirige mon regard sur la sorcière par pur réflexe et aperçois le changement de couleur dans ses yeux. C'est là que je compris la nature de ses pouvoirs, lorsque la foudre vint frapper l'immense monstre au marteau qui se vit grandement secoué de par la rencontrer et la fusion entre ses marteau métallique et la foudre.

Un très court instant, j'observe la sorcière essayant de comprendre son plan. Mais bien vite, une émeute de zombies s'approche, ne souhaitant que lui barrer le chemin qu'elle se trace pour la dévorer. Une nouvelle fois, je libère mon énergie vampirique de 30% dirons-nous et vient terrasser les quelques zombies intéressés en me plaçant devant elle à l'aide de ma célérité, lui ouvrant ainsi la route. A chaque pas, un mort vivant passe sous la lame de ma dague, permettant d'avantage l'accès au tombeau qui semble être le lieu source de ce bordel. Ma présence en cet instant n'est pas des plus utile, mais cela me suffit. Au moins, cela me permet de me dérouiller et de satisfaire les pulsions destructrices du vampires qui se voit sans cesse retenues par l'humain. Finalement, bien plus rapidement que ce que j'avais pu penser, nous nous arrêtons face au tombeau. Encore une fois, je tranche quelques têtes par-ci et par-là, mais bien vite je vois la foulée arriver par derrière, ce qui me fais prendre la sorcière par les épaules et la placer devant moi.

- Fais ce que tu as à faire, je m'occupe de protéger tes arrières !

Je lui dis ça par réflexe, mais ne fait aucunement attention à l'intérêt qu'elle porte à mes paroles. Finalement, des tête se retrouvent sur le sol sans même que je n'ai levé le petit doigt. Surpris, je reste un instant figé, essayant de comprendre. Mais avec un peu de concentration, je finis par sentir une aura bienfaisante et non méconnaissable. Reconnaissant cette aura malgré l'inexistence de son corps, mon regard sourit à cette idée, de le savoir à mes cotés pour aider la sorcière à terrasser ce démon. Une violente chaleur se fait sentir et des cris stridents témoignant parfaitement l'ambiance de l'enfer et l'arrivée de la mort me font serrer les dents à cette vision désagréable qui vient me rappeler celle de ma défunte épouse, criant de tout son être pour témoigner sa douleur. Une violente colère vient alors m'envahir, me laissant encore libérer mon énergie vampirique d'au moins 20% ce qui me permet de tuer avec rage plusieurs zombies en quelques secondes. La puissante aura maléfique disparaît et aussi étrange que cela puisse paraître, l'atmosphère s'allège légèrement une fois les derniers cris estompés comme aspirés par les ténèbres.

Le temps de se retourner est minime car à peine les corps des macchabées ornent le sol, que de nouveaux prennent vie dans le but de venir dévorer notre chaire et nos tripes. Du mieux que l'on peut, l'aura qui me semble être celle d'Erèbe et moi, continuions de terrasser la horde de mort vivant tandis que, je l'espère, la socière profite de notre barrage pour pénétrer dans le caveau enfin libre d'accès. Une nouvelle fois, l'atmosphère vient à changer ou plutôt, à valser ... L'énergie se veut à nouveau forte et pesante comme pour nous annoncer une futur apocalypse ou autre événement fort et dangereux. Je vins très vite comprendre qu'une fois de plus, ma persuasion de l'énergie ne m'avait pas trahi. Car à peine l'aura négative se fit sentir, qu'une violente explosion survint dans le caveau, fendant la roche qui le maintient debout et laissant la terre trembler sous nos pieds sous la violence de l'impact. C'est alors que comme par magie, tous les zombies encore en mouvement s'immobilisent et viennent s'écrouler au sol comme touché par une vague destructrice invisible. Mon attention se reporte sur l'énergie, qui s'est totalement volatilisée rendant l'atmosphère léger comme par beau temps. Les nuages qui recouvrent le ciel s'écartent gentiment. Elle a réussi ...

Mais de faibles bruits de craquements m'alertent. Avec hâte, je me retourne et fais face au caveau à l’intérieur duquel se trouve encore la sorcière visiblement très affaiblie car son aura est à peine perceptible. Les craquements se font plus nombreux, la carcasse du caveau menace de s'écrouler sur elle. Immédiatement, je me retrouve perdu entre le vampire qui me dit de m'en aler et l'humain qui m'encourage à la sauver. Il est vrai que la sauver n'est pas ce qui me motive au vu de son comportement merdique et insolant. Toutefois, je ne tiens à ressembler à mes semblables ... C'est pourquoi, je libère mon énergie dans sa totalité, pour ensuite quitter mon emplacement initial et me placer vers la sorcière en une fraction de seconde tel un mirage, une illusion. Les roches du caveau se brisant, le tout finit par s'effondrer sur nous. Du moins, ça aurait pu. Si une nouvelle fois, je n'avais pas fais appel à ma célérité pour m'enfuir et éviter le déluge une fois la sorcière prise dans mes bras.

Le caveau finit par s'effondrer sous mes yeux. La sorcière inconsciente, ne pu voir le "spectacle*. Pour nous, il est temps de quitter ce lieu maudit. Je laisse donc ma célérité faire son effet, me dirigeant avec une rapidité fulgurante vers un coin de la forêt, au calme, et éclairé par la lune lorsque celle-ci pointa le bout de son nez. Sous nos pieds, une étendue herbeuse bien entretenue vient accueillir le corps inerte de la sorcière encore perdue dans ses songes. Elle qui semble manipuler les éléments, devrait se trouver revigorée une fois son corps en contact avec l'herbe et l’énergie de la terre. Profitant de son sommeil pour admirer chaque traits de son visage, je me rend encore plus compte, que sa ressemblance avec ma défunte épouse est plus que flagrante, au point à finir par penser si elle n'était pas une éventuelle réincarnation. Du moins, cette idée traverse mon esprit ... Mais je m'y résigne très rapidement, pensant que cela était plus que ridicule. Seul son physique lui ressemble. Son caractère lui, l'est de très très loin.

En attendant son réveil, je me laisse m'asseoir à coté d'elle, les jambes repliées devant moi pour y poser mon bras droit s'une l'un d'eux. Une cigarette sortie de mon paquet, je l'allume et la fume tranquillement, fixant un instant le ciel qui se voyait complètement dégagé et magnifiquement étoilé.

Imposer sa volonté à un élément qui a son propre libre arbitre n'est pas une chose aisée que l'on peut répéter tout en se pensant à l'abri. L'élément devra prendre beaucoup à celle qui ose troubler son repos. Un échange de bon procéder dirons-nous. Les éléments sont instables et nous ignorons encore de quoi ils sont faits, mais ils suivent un schéma précis qu'il ne faut en aucun cas déranger hormis en situation d'extrême urgence. Hors, Sinead l'utilise pour s'entraîner et pour combattre. Rare bien entendu, mais cela est déjà trop pour eux. Enfin, tout dépend de l'élément invoqué. Certains sont plus compréhensibles que d'autres. L'eau est une matière plus calme et sage contrairement à la foudre qui s'emporte pour un rien, il est un élément impulsif à l'extrême qui comme les autres, à sa propre utilité au milieu de la nature. La sorcière le sait et malgré tout, elle se plaît à jouer les manipulatrices se sachant la cible préférée des modelages fait sur sa personnalité en échange des dons qui leur ont été offerts à sa naissance. Même si Sinead doit offrir en échange, elle a su, au fil du temps, à gagner la confiance de ce qu'elle contrôle. Mais, n'oublions pas que les enfants de mère nature ne se laisse pas dicter des ordres sans rien. Généralement, ce qu'offre Sinead est amplement suffisant et pour avoir pareil don, il faut avoir les bonnes grâces de mère nature.

Dans le caveau, alors, que la sorcière, complètement épuisé brise le sceau maudit qui maintient en état les zombies renaissant de leur coup pareil à l'hydre de Lerne. Sinead se demande où cette énergie peut bien venir pour lui permettre de tenir aussi longtemps malgré l'aura si sombre qui hante ce lieu. Les énergies de ce type agissent de manière particulière, pour subsister, elle doit prendre de l'énergie positive la modelant et l'assombrissant à grand rythme. Un galop apocalyptique nourrissant les âmes les plus sombres. Mais la sorcière n'a guère le temps de penser à tout cela, son objectif premier, c'est de sortir avant que tout ne s'effondre. Mais a-t-elle seulement réussi à gagner l'air libre que la voilà qu'elle s'effondre, prisonnière de l'inconscience par le manque d'énergie et des blessures infligés durant ce court combat. Mais, la psychologie et le retour dans le passé par la présence du démon de son enfance l'ont grandement dépourvu de ses forces. C'est dans un état lamentable que la sorcière se montre au vampire qui peut, parfaitement et en toute logique l'abandonner à son propre sort. Le fera-t-il ? Sinead l'ignore. Mais, elle se sent rapidement flotter dans les airs par on ne sait quelle étrange volonté. Sinead combat contre les démons de l'inconscience, contre l'intraitable Morphée pour lui faire revivre les douleurs de son enfance. Ces évènements qui ont donné vie à une petite fille muette et apeurée par la vie et ceux qui foulent la terre. C'est dans cette odieuse fragilité que celui qu'elle considère comme son sauveur a profité sans vergogne de la manipuler et travailler magiquement sur elle pour se venger d'un affront ancien qui n'a fait qu'alourdir la haine de cet oncle contre la famille véritable de Sinead. Tant de secrets qui ne seront peut-être jamais révélé.

La sorcière, dans son impuissance, sent son corps toucher un élément frais et apaisant qui semble gagner du terrain contre les silhouettes cauchemardesques de son passé. Le corps frétille comme un poisson hors de l'eau pour se débarrasser de ces ennemis qui pourtant, ne sont que le fruit d'une illusion parfaite crée par Morphée. Voilà des lustres que la jeune femme n'a pas fait de sommeil si agité et horrible. Elle qui use souvent de formule pour dormir sans qu'aucun rêve, bon ou mauvais, ne viennent la déranger. Les bons ne lui faisant voir ce qu'elle n'a pas et les mauvais lui montrant à nouveau ce qu'elle ne plus contempler. Elle survit déjà bien assez pour se laisser plonger dans diverses détresses. Sinead se sacrifie assez pour que le monde la haïsse et s'éloigne de cette malédiction qu'elle pense porter. Ce qui n'est pas tout à fait faux, mais là est justement ce qu'a voulu faire croire l'être horrible qui lui a donné une éducation à l'opposé de ce que donne un bon parent. Tout a été finement pensé pour détruire cette famille coupable d'un fait ancien. Un acte pour sauver une personne de la soumission et l'obligation d'utiliser des pouvoirs qu'on ne voulait invoquer comme le fait si librement Sinead.

C'est dans des gémissements d'un enfant complètement effrayé que la sorcière repousse l'ennemi sans consistance prenant de l'importance dans son sommeil. C'est dans une souffrance psychologique que la sorcière émet des sons et qu'elle montre la peur qui lancine son esprit tous les jours depuis si longtemps. C'est dans une cascade de pardon qu'elle fait savoir les actes dont la pauvre se pense coupable. C'est dans des pleures qu'elle a passé au silence depuis si longtemps qu'elle prouve que son thorax contient un coeur battant et capable de sentiment. C'est dans le sommeil que la jeune femme montre la sensibilité et la fragilité qu'elle possède réellement. C'est dans cette vision que l'être qui la côtoie depuis peu pourra comprendre, à peu près, pourquoi un tel comportement envers le monde et les gens. C'est dans cette vision déchirante que l'esprit guide s'abaisse pour poser sa main sur le front de cette enfant vers laquelle il a été guidé et dont il s'est pris d'amour, pour la simple et bonne raison qu'elle lui rappelle un être qu'il a fait son infant. Un amour que l'on ressent envers une personne que l'on considère de sa lignée. Un amour de père à fille. Un amour dont a été injustement arraché Sinead à deux reprises.

La main de la sorcière se crispe sur l'avant bras éternellement froid du vampire. Un gémissement de douleur résonne encore et encore finissant en sanglot. Si l'on venait à voir l'esprit de la sorcière, on la verrait petite fille pleurant dans un coin sombre soumise errer à l'éternel chemin des coupables.

Mais mère nature ne veut plus sentir la peur émaner de la jeune femme capable de manipuler les éléments. C'est alors, que la terre offre une couverture brillant d'un vert pur sur le corps de la sorcière dont la main relâche sa prise douloureuse de l'avant-bras du vampire. Elle tombe lentement vers le sol atterrissant avec une délicatesse irréel sur l'herbe fraîche arrosé par une pluie amoureuse. La sorcière se calme comme sauver par un chevalier étrange ou une mère recouvrant l'enfant effrayé par la couverture.

La terre offre à la sorcière une énergie secourable pour reprendre les esprits de la jeune femme dont les yeux s'ouvrent sur un ciel foudroyé par un éclair dont la foudre gronde si peu au loin. Signe que l'orage est loin et non le fruit de la magie impérieuse de la sorcière manipulatrice et charmeuse des éléments. Le regard se pose sur la silhouette assise à ses côtés. Le regard a besoin de temps pour ne pas être ébloui par la faible lumière. Puis finalement, elle aperçoit la silhouette imposante du vampire fumant tranquillement presque comme si de rien n'était. La sorcière se redresse, tout du moins elle le tente. Une fois assise, elle pose une main sur sa tête. La réalité et les visions de ce qui s'est passé lui rappel ce qui a eu lieu. Ce ne fut pas le fruit d'un cauchemars. L'apparence des esprits mauvais hantent toujours son esprit la martelant de leurs apparences hideuses.

Pourtant, malgré cela, la sorcière reprend contenance ignorant le pitoyable spectacle offert à l'originel. Une de ses mains glisse le long de sa chevelure poussant un long soupire. L'air pur l'apaise et la vision de ce paysage féerique reniant avec férocité la réalité apocalyptique dans lequel vivent les deux êtres. Un sourire furtif passe sur les lèvres de la sorcière. A son tour, elle sort une cigarette de la poche de son pantalon l'allumant à l'aide d'un feu créé sur le bout de son index. A quoi bon cacher sa nature à présent. Ridicule de continuer à renier l'évidence vue par Nyx.

- Rien ne vaut un bon combat pour perdre les calories.

Le visage de la sorcière tourne le visage vers Erèbe qui lui murmure quelque parole.

- Hein ! Je vais pas jouer les Hermès maintenant... Bon O.K c'est bon...

Sinead prend une longue bouffée sur la cigarette. La fumée faisant son office dans les poumons de la sorcière qui se trouve déjà plus que condamnée à une vie d'errance, alors la toxine contenue dans la cigarette n'est que pour elle un bienfait qui la supprimera sûrement plus vite.

- Erèbe te remercie d'avoir sauvé la peau....Et il est heureux de te revoir.... et de savoir que tu ailles bien.

L'amour débordant du regard de l'esprit guide rend mal à l'aise la sorcière qui n'a plus l'habitude d'un tel sentiment. On le lui a arraché alors, qu'elle a été déjà plus bas que terre. Elle s'est relevée en croyant à une aide salvatrice, mais ce ne fut qu'un être traître qui comme le dieu Loki aime à manipuler pour mieux écraser encore.

La sorcière se lève, mais est rapidement bousculé par l'esprit gardien attérrissant sur les jambes de l'originel.

- Erèbe si je t'attrape je crame ton cul de fantôme !

Ce dernier ne fait que rire à la provocation inutile de la sorcière sans comprendre que quelque chose se déroule, se construit et s'affine comme la plus fine des lames dans l'esprit d'Erèbe.

Attendre dans le calme, quel paradis après un tel combat. Tirant sur ma cigarette tout en inspirant lentement la fumée, je garde le regard fixe et observe un instant l'horizon, appréciant grandement ce silence. En fait, en ces moments là, j'apprécie grandement la présence de la sorcière. Sa présence en elle-même ne me dérange pas. Mais le fait qu'elle soit tout le temps la gueule ouverte pour déblatérer des âneries, sont les choses qui gâchent sa présence. Du moins, à mes yeux. Une nouvelle fois, mon regard se dirige sur elle, admirant chaque traits fins de son visage qui se veut détendu et presque aussi sage et innocents que ceux d'un enfant. Malgré le fait qu'elle ne sache que rugir sur autrui, je ne peux m'empêcher de la trouver attachante. Sans doute parce que ses traits sont forts semblables à ceux de ma défunte épouse ... Oui, elle lui ressemble, il n'y a plus aucun doute là-dessus. Mon regard se veut neutre, tandis qu'il parcours son visage endormit. Une nouvelle fois, j'inspire la fumée de ma cigarette et la recrache dans les airs une fois que son poison eut finit de polluer mes poumons déjà morts. D'aspect je ne montre rien, mais si on venait à me connaître comme personne ou comme Erèbe me connaissait, sans doute que nous pouvions y distinguer une lueur de tendresse briller à l'intérieur de mes prunelles bleues qui fixent la sorcière en train de gigoter légèrement dans son sommeil.

La présence bienfaisante que j'avais sentit plus tôt, est toujours présente. Chose qui me fais afficher un faible rictus. Erèbe est donc toujours ici ? Cette pensée vient pour raviver la flamme qui brûle faiblement dans mon cœur. Je ne peux le voir et lui parler, mais je sais dès à présent qu'il est ici. La sorcière me l'avait prouvé et maintenant, son énergie reste perceptible dans mon sens aiguisé. Une nouvelle fois, je ne peux empêcher mon regard de rencontrer la silhouette de la sorcière encore allongée à terre. Son visage serein s'est effacé, laissant une expression tendue se dessiner.

- Je me demande à quoi peut-elle bien rêver. Murmurais-je faiblement avant de hocher la tête d'un air dépité. Erèbe, pourquoi suis-tu et protèges-tu cette langue de vipère ? Je me le demande ...

Murmurant ça pour moi, je sais malgré tout que l’intonation est assez forte pour que l'on puisse m'entendre. Du moins, en étant à quelques centimètres mais peut-être pas à quelques mètres. Sans doute qu'Erèbe m'a entendu et qu'il doit rire à ma question. Autant je n'étais pas du tout ironique dans ma question, que le connaissant, il serait capable d'en rire. Enfin, si il a décidé de la protéger, c'est qu'il doit avoir ses raisons. Le mégot de cigarette est écrasé, puis jeté dans la zone forestière un peu moins bien entretenue et desséchée par la chaleur du soleil. Le risque qu'elle prenne feu à cause du mégot est minime, car avant de le lancer je m'étais donné la peine d'y tremper son bout en cendre dans l'eau de la petite rivière qui coule à mes cotés. Détendu, je laisse la tête basculer en arrière et soupire longuement tout en fixant le ciel étoilé. Je me laisse alors basculer en arrière, me retenant à l'aide de mes deux bras tendus derrière moi et étend mes jambes comme pour me retrouver en position de bronzage. Les petits gémissements que je peux distinguer de la sorcière qui s'agite dans son sommeil attire mon attention, mais je ne m'en préoccupe pas autant que ça, pensant qu'elle devait simplement faire un mauvais rêve. Décidément, l'agitation semble être une particularité qui l'habite constamment. Car même pas besoin d'être éveillée pour s'agiter ... Pauvre petit ami. Il doit passer de sacrées journées et nuits avec une telle hyperactive.

Finalement, après quelques bonnes minutes, l'agitation se calme et la sorcière reprend court à un sommeil paisible d'enfant. Cela ne dura cependant pas bien longtemps. Car peu de temps après, j'aperçois sa silhouette se redresser et entend les premières paroles qui viennent me faire rire intérieurement. Ma première réaction, fût de rester parfaitement impassible à ses mots. Toujours placé à moitié allongé, je ne cesse de fixer le ciel, sans pour autant lui répondre. Elle reporte alors son attention sur quelque chose, du moins pour elle, car moi je ne vois rien comme toujours et l'entend cette fois-ci s'adresser à l'homme invisible qui devait être Erèbe. Et bien, heureusement que j'ai su la cerner dès le premier moment où je l'ai vue car sinon, en plus d'être hyperactive et peu ronchon comme Cruella, je la penserait schizophrène ce qui ne ferait que rajouter une tare au tableau. Malgré mes pensées, j'absorbe ses mots et laisse mon regard sourire à la place de mes lèvres immobiles sans pour autant la regarder dans les yeux.

- Je suis également heureux de le savoir parmi nous. Plus que quiconque ... Répondis-je simplement. Et il a raison de me remercier, car si il n'avait pas été là, sans doute que je serai partis les mains vides.

L’intonation de ma voix se veut sérieuse, mais mon regard lui se veut ironique. Mon attention se reporte sur la sorcière, qui n'allait sans doute pas apprécier mes dires et viendra à me cracher son venin à la figure. Mais y étant préparé, cela ne me surprendra guère. Calmement, je bouge et pose mes avants-bras au sol pour me maintenir, me retrouvant complètement allongé au sol mais toujours soutenu. Je la vois alors se lever et se mettre à marcher, lorsqu'une fois placée face à moi, elle vint basculer pour tomber devant moi, les genoux posés au sol, les jambes écartées autour des miennes et assise au niveau sur mon bassin ce qui donnait naissance à une situation à la fois glauque mais amusante. A cette pensée, je ne pu m'empêcher de me dire qu'elle serait du genre dominatrice que ça ne m'étonnerai encore pas. Visiblement agacée par le virement de situation, la sorcière se rue alors sur Erèbe, ce qui vient me faire rire intérieurement. Le pauvre ... Il doit sans doute s'en ramasser plein la face autant que moi avec une telle bigleuse à surveiller.

- C'est mal de vouloir faire culpabiliser des innocents tu sais ça ? La taquinais-je sans pour autant laisser l'intonation ironique transparaître dans ma voix. Vas-y, fais comme chez toi surtout  ... J'espère pour toi que ton mec n'est pas jaloux et possessif car Erèbe ne dira sûrement pas les choses avec des pincettes.

Enfin, pas trop non plus. Car même si sur l'instant, mon visage ne transmet aucune expression et émotion quelconque, la situation ne vient pas à me laisser de marbre non plus. Je suis peut-être un immortel, mais cela ne me prive aucunement d'émotions et sentiments. Mais comme la donzelle ne semble pas décidée à se relever de sitôt, je me vois contrains de rester allonger, ce qui ne vient pas à m'enchanter puisque l'envie de me lever me prend. J'ouvre alors les yeux et laisse mes deux billes bleutées la fixer, sans émotion et expression apparente.

- Tu compte prendre racine ici ou j'ai le droit de me lever quand même ?

Non pas que la position me déplaît, mais je préfère de loin la pratiquer avec la femme que j'aime sans qu'aucun vêtements ne nous recouvre et de plus, mes jambes commencent légèrement à s'engourdir.

La douleur dans le cœur de la sorcière est vivace, mais aussi dissimulé sous un amoncellement de froideur et de méchanceté. Sinead se veut exécrable dans le seul but de protéger. Peut-être s'y prend-elle mal, mais elle n'a jamais vu d'autre alternative. La malédiction est là, persistante, ignoble et injuste. La sorcière se dit que dans sa vie, mieux vaut détruire la sienne que celle des autres. Pourtant, Sinead ne peut s'empêcher de vouloir aider, peut-être pour se sauver elle-même. La jeune femme craint l'errance éternelle, elle ne veut pas finir comme ces âmes qui ne trouvent ni de réponses et ni de repos. Si elle vient à mourir, la sorcière veut que l'Enfer ou le Paradis l'accueil. Qu'importe l'adjectif qu'on donne à la mort, elle veut retourner à la source de tout. Cette source qui a tout crée et qui est là, autour de nous, calme et invisible parfois timide et intransigeante voir même sans pitié. Elle est un message qui se murmure dans le vent comme une berceuse pour enfant. Peu peuvent comprendre ce message, même notre sorcière a bien du mal et pourtant, elle se fait violence et veut comprendre l'énigme absolu.

C'est dans ce labyrinthe incompréhensible que se perd la sorcière lorsqu'elle émet le mouvement de se lever pour s'éloigner de cette source étrange qui se trouve à ses côtés. Nyx. L'être qui semble compter plus que tout au monde pour Erèbe tout autant que la jeune femme peut compter pour l'Esprit guide qui ne cesse de la taquiner de toutes les manières possibles et inimaginables. Son jeu en ce moment ? La pousser pour la faire basculer sur l'originel. Là voilà dans une position qui peut être autant embarrassante qu'excitante. Sinead pourrait en rougir, mais elle préfère déverser sa gêne sous des mots lancé contre un fantôme qui rigole plus qu'il n'est énervé. Elle observe voir même, fait preuve d'un contrôle de soi énorme en ne répondant pas aux piques acérés de Nyx. C'est assez étonnant venant de sa part, mais le fait de sentir les battements de son cœur s'emballer la met autant en rogne qu'ils ne la tétanisent. La sorcière se veut calme, réfléchit et sage contrairement à ce qu'elle est quotidiennement. Sinead fait de son mieux en ce moment déployant une force herculéenne même.

- C'est mal de vouloir faire culpabiliser des innocents tu sais ça ? Vas-y, fais comme chez toi surtout. J'espère pour toi que ton mec n'est pas jaloux et possessif car Erèbe ne dira sûrement pas les choses avec des pincettes.

...

- Tu compte prendre racine ici ou j'ai le droit de me lever quand même ?

Le regard devient noir, profond et haineux. Les mots sont aussi douloureux que source d'une colère immense pour la sorcière qui n'a que peu de bon souvenir de son ex. La sorcière a beau flirter avec certains hommes, elle n'a jamais pu aller plus loin depuis ce que lui a fait subir son premier amour. L'homme pour qui elle a tout donné. L'être qui a semblé la guérir de son mal être. Avec lui, Sinead a su se débarrasser de ce sentiment de se croire maudite, mais lorsque la vérité frappa, que les choses ont changé. Tout est revenu au galop comme les chevaliers de l'Apocalypse déversant une nouvelle fois une malédiction bien pire encore.

Erèbe observe calmement. Jusqu'à présent, il a joué les joyeux lurons, heureux d'avoir retrouvé son infant, ce fils qu'il a appris à aimer avec le temps. Mais voilà que pour la première fois, il ressent une honte face aux paroles de ce dernier. Mais, malgré cela, il ne peut lui en vouloir, car il ne connait pas l'intense douleur qu'abrite Sinead en son coeur. Une souffrance qui la tue et l'éloigne peu à peu des autres. Pourtant, la sorcière attire malgré tout. Ce mystère qui l'enveloppe, cette force comme cette faiblesse. Cette jeune femme est particulière dans sa manière de faire et de se conduire. Au fond, quand on apprend à la connaître, on remarque qu'elle fait beaucoup de chose pour les autres, mais qu'elle a appris à dissimuler cette partie d'elle pour continuer à vivre en solitaire. Éloigner les autres de ce qu'elle serait capable de faire et pourtant...

Erèbe observe son infant poussant un long soupire.

* Nyx...Espèce idiot. Pourquoi dois-tu toujours parler avant de réfléchir *

Sinead ne relève pas les paroles de son esprit guide. En fait, elle ne les a même pas entendu et n'aurait pas pu les entendre devant ces épées qui lui sont plantées en plein coeur. Sans attendre, elle se lève, son coeur battant à une mesure différente. Son visage est caché par sa chevelure coloré de mèches bleutés. Dos tourné à l'immortel, les poings se serrent encore et toujours plus, au point que les ongles s'enfoncent dans la paume la meurtrissant lentement.

Pourtant, Sinead prend sur elle. La colère s'évanouit à mesure que le fantôme s'approche. C'est avec une douceur infini qu'elle le fixe observant les moindres traits de son visage.


- C'est Erèbe le seul homme de ma vie. Ne t'en déplaise mon cher Nyx, faudra m'appeler belle-maman.

La pique est là. Elle fait rire l'esprit guide comme jamais. Sinead arrive parfois à dissimuler la souffrance même à Erèbe, bien qu'il s'en rendra compte un moment ou un autre.

A petit pas, la sorcière avance vers le lac qui trône non loin. Eau, élément de vie et de sagesse. Sinead observe, simplement. Elle peut tendre la main et faire danser quelque goutte d'eau devant ses yeux voir même les modeler pour former des animaux ou encore des créatures mythiques. Mais, elle ne fait rien. Pourtant, l'énergie ne s'amenuiserait pas étant donné qu'il est présent. Il y aurait juste de la manipulation et non d'invocation.

La jeune femme s'agenouille prêt de l'eau, comme elle l'a fait enfant. Rêveuse, elle observe l'élément qui la plonge dans un passé à la fois proche et lointain mélangé à des souvenirs étranges. A force de se concentre sur la surface du lac, Sinead semble distinguer les silhouettes des êtres qui lui sont chers, mais aussi des visages qui lui sont étrangers dont les traits du visage sont encore dans la pénombre. La paume vient caresser la surface, lentement, avec une douceur.

Une présence derrière se fait sentir. Sinead ne lève pas la tête sachant pertinemment qui s'approche.

- Tu m'as sauvé la vie ce soir. Avec ce qui nous entoure, je peux réaliser quelque chose pour toi. Si tu acceptes, assis-toi à côté de moi sinon, tu peux t'en aller.

Ce regard haineux. Les insultes ne vont pas tarder à surgir. Nos deux regards se transpercent, comme deux ennemis prêts à combattre. Le silence est de mise, rien ne se passe à croire que tous les deux, nous attendions comme des cons qu'un de nous deux vienne agir en premier. Malgré cette haine que je lis dans son regard, une émotion ou plutôt, une énergie autre que la colère, vient se mêler à son aura ce qui vient un peu me perturber. Sans rien me dire ou même me faire, elle se relève sans prononcer un seul mot. Bien que la surprise est de mise, aucun signe témoignant mon ressentis n'enveloppe mon visage qui reprend de la hauteur. Alors ? C'est tout ? Même pas une bonne vieille insulte, un pic, un venin craché ou encore une baffe ? Non pas que je le souhaite, mais avec ce que je me suis ramassé jusque là, je ne suis plus à ça prêt. Mais visiblement, la bonne vieille beuglante s'est éteinte. Ou on a cassé la télécommande.

Debout et parfaitement immobile, je laisse la sorcière s'éloigner de moi, la regardant calmement mais avec incompréhension. Son visage de poupée rebelle se montre complètement fermé. Mais ce qui me paraît fort étrange, c'est que son énergie dégage quelque chose en parfaite contradiction avec son comportement. Au premier abord, elle semble en colère et même qu'elle doit sans doute me haïr autant qu'avant. Pourtant, je peux presque ressentir comme de la tristesse s'émaner d'elle. Une tristesse enfouie, profonde et presque indétectable, car même les sens aiguisés d'un simple immortel n'aurait pu la déceler tellement son coeur et son être l'enfouissent en elle. Une pensée vint alors envahir mon esprit, laissant mes lèvres dessiner un faible rictus. Peut-être que derrière cette virulence et ce sale caractère qui la composent, se cache en réalité une fragilité qu'elle cherche à protéger. Bien sûr, cela reste une hypothèse ou un vulgaire jugement sans fondement. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, après mûre réflexion et grande observation, je revois en cette femme, l'enfant que j'étais autrefois. La seule différence, c'est que j'avais préféré me renfermer totalement, m'emprisonnant ainsi dans une prison de mutisme que seul mon Sire et père Erèbe, avait su y briser la porte.

D'un regard calme mais las, je la vois se diriger vers le petit lac calme qui laisse s'y refléter dans son eau la silhouette ronde et clair de notre mère lune. Un long soupir fût poussé suite à mon songe. Un soupir, blasé qui exprime à la fois ma confusion face à la situation et à mon agissement qui visiblement, avait blessé en plus d'irriter. Mes bras viennent se croiser devant mon torse et ma tête se baisse un court instant, pour se redresser aussitôt lorsque je vins sentir comme une sensation de coup ou de tape derrière mon crâne. Les sourcils froncés, je me retourne et me rend compte de mon idiotie au vu de l'horizon qui ne démontre aucune présence quelle que soit sa distance. Discrètement, je laisse un rire résonner dans ma gorge. Et bien, en plus de me lancer dans un élan de sentimentalisme ce qui est loin de me ressembler, voilà que je crois me faire frapper par quelque chose d'inexistant.

- Décidément, mon cas va en s'améliorant avec l'âge ... Murmurais-je pour moi d'une voix quasi inaudible.

"Je ne te le fais pas dire mon p'tit ..."

Même si j'avais eu la preuve de par mon regard que rien ne s'était trouvé derrière moi, je ne peux m'empêcher de me sentir guetté, un peu comme si quelqu'un se trouvait là, caché au loin. Une énergie est perceptible. Ce n'est pas celle de la sorcière non, celle-ci en est encore une autre. La sorcière vient se retourner et finir par me lancer en plein visage des paroles qui ne purent m'empêcher de rire. Enfin, mon rire reste contenu mais mes lèvres elles, ne peuvent s'empêcher de s'étirer à cette pensée.

- Et bien, je crois que je n'aurai jamais souhaité de mourir aussi fortement que maintenant. Murmurais-je une nouvelle fois pour moi-même sans même que mon interlocutrice puisse m'entendre.

Une nouvelle fois, j'ai l'impression qu'on me frappe la tête. Cette fois ci je ne me retourne pas et me contente de sourire discrètement.

- Ta force à bien baissé je suis déçu ... A l'époque, une simple tape m'aurait fait décoller le crâne.

"Chose qui t'aurait peut-être servit de leçon pour suivant quoi, espèce de tronche de cake."

L'énergie est toujours perceptible, mais malgré tout, je ne m'arrête pas là et viens me diriger vers la sorcière qui se trouve assise près de lac en train de faire mumuse avec l'eau. Je dois vraiment être déprimé ou complètement fou pour venir à m'approcher de cette mégère. Mais bon d'un coté, même si elle a un caractère de cochon, je dois quand même avouer que cela la rend attachante. Enfin, attachante à ma façon car si ça avait été un homme, pas sûr qu'il ne l'aurait pas déjà foutue à l'eau.

- Tu m'as sauvé la vie ce soir. Avec ce qui nous entoure, je peux réaliser quelque chose pour toi. Si tu acceptes, assis-toi à coté de moi sinon, tu peux t'en aller.

Et le joker, j'y ai droit ? Non, plus sérieusement. Ses mots vinrent une nouvelle fois me surprendre autant de par le calme prit pour me parler que pour son "désir" de me remercier. Sur l'instant, je me contente de rester fixe derrière elle, ne sachant pas trop quelle décision prendre. Peut-être, n'est-elle pas aussi "tranchante" et malsaine que ça après tout. Pour l'instant je ne peux que l'ignorer et ce ne sera pas en refusant son offre que j'en découvrirais plus sur elle et apprendrai à mieux la connaître elle et ses réelles attentions. Finalement, je m'approche d'elle, et viens m'asseoir à ses cotés, faisant face au lac qui ne vient refléter mon image. Autant l'attention semble être bonne, que la situation me rend légèrement mal à l'aise. Malgré mon allure sombre et la virulence que je peux employer, une grande sensibilité est refoulée dans mon cœur mort et cela, est le principal détail que j'essai de cacher.

- Je n'attendais aucun retour de te part, mais je te remercie pour l'attention. Lui répondis-je calmement, sans une once de méchanceté perceptible dans ma voix. Il y a de nombreuses choses que je souhaite ... Mais toutes ne sont pas forcément réalisables. Une nouvelle fois, je viens me perdre dans mes songes et reporte mon attention sur la sorcière assise à coté de moi. J'ai bien peur que tu ne puisses m'aider pour grand chose malheureusement. Mais, je veux bien te donner une chance.

Moi malade ? Non, du moins je ne crois pas. Curieux je dirai plutôt ...

Ce regard que porte la sorcière sur la surface de l'eau paraît incompréhensible, mais l'originel qui lui sert d'esprit guide sait mieux que quiconque que la remarque de Nyx l'a profondément blessé et reporté à son passé qu'elle tente d'oublier avec un désespoir vain. Les deux êtres savent mieux que quiconque que rien ne pourra lui faire oublier cette souffrance languissante. Qu'importe le temps ou bien le chemin emprunté, Sinead restera victime de son destin. Encore aujourd'hui, il la frappe avec une violence parfois inouï. Pourtant, la sorcière tient bon dans cette décadente existence. Bien des fois, l'esprit a dû la convaincre de mettre fin à des envies sombres. Parfois, la jeune femme se dit que vivre de l'autre côté en tant que simple fantôme la libérera de toutes les peines qui lancinent son cœur et son âme bien plus fragiles qu'on ne le pense. La vie est telle et les expériences nombreuses, que Sinead a dû se fondre dans un état d'esprit aussi dévalorisant et détestable qui soit. Pourtant, son humanité, bien que moindre revient à la charge et la bonne à commettre de bonnes actions et ainsi faire acte de pardon face à son éternel purgatoire.

La paume se pose sur la surface. La fraicheur délicate de l'élément apporte une certaine douceur qui embaume cœur et âme de la sorcière pour lui apporter une énergie nouvelle. Une naissance se fait entendre dans l'être de la demoiselle qui semble ou bien espère un avenir plus prometteur pour ce monde qui va rapidement vers le chaos. Un chaos bien plus grand encore que ce que l'on peut connaître aujourd'hui. Mais, ces êtres fous de courages pourront-ils réussir à combattre ce mal qui ronge la terre que tous foulent avec un espoir utopique ? C'est possible, de toute manière qui ne tente rien n'a rien. N'est-ce pas ?

Humblement et mettant sa fierté de côté, la sorcière vient à remercier l'originel qui doit sûrement être étonné. Lui qui a l'habitude d'être une victime comme une autre du caractère exécrable de cette femme ô combien meurtri par les évènements et ces choix qui ont su autant la construire que la détruire. Si l'on considère la chose, on peut dire que ce qu'elle a fait jusqu'à présent ne mérite pas d'éloge, ni de remerciement et encore moins d'acte de bonté. Sinead ne fait rien sans obtenir en échange. C'est ainsi que va le monde et on n'y peut rien. L'être humain possède cette capacité de se fondre dans l'environnement et de se mettre à niveau, aussi dégradant soit-il de cette société qui ne va qu'en pourrissant. Les macchabée gisant sous terre son bien plus propre que l'existence que mène humains et être défiant la logique.

- Je n'attendais aucun retour de te part, mais je te remercie pour l'attention.

- Un peu normal... On ne s'attend jamais à ce genre de chose de ma part.

- Il y a de nombreuses choses que je souhaite ... Mais toutes ne sont pas forcément réalisables.

- Je crois que c'est le propre de chacun de vouloir l'impossible. C'est ce qui donne à la personne l'envie de se battre pour quelque chose.

Erèbe observe sa jeune protégée avec un sourire fier sur son visage. Rare sont les fois où Sinead vient à se laisser aller de la sorte. L'eau a une influence particulière sur la personnalité de la demoiselle. Douce, calme et emplit d'une sagesse nouvelle. La terre, élément maternelle, appuie sur la douceur enfoui de Sinead. L'esprit hoche doucement la tête sans se séparer de ce sourire que la sorcière perçoit et auquel elle répond avec son air de poète mélancolique. C'est alors, qu'elle vient capter la présence de Nyx à ses côtés. Elle ne fait rien. Il observe le lac comme s'il attendait que quelque chose vienne à apparaître.

- J'ai bien peur que tu ne puisses m'aider pour grand chose malheureusement. Mais, je veux bien te donner une chance.

Sinead finit par se tourner vers lui l'invitant à faire de même afin qu'il soit face à face. La sorcière vient à dessiner des runes sur ses paumes et celle du vampire. Runes réalisés en mélangeant eau et terre. Ils seront les maîtres de cérémonie sur ce rituel qui sera basé autant sur l'illusion que la vérité.

- Je ne peux peut-être pas t'offrir ce que tu souhaites parce que, je pense au fond de moi, que cela serait aller contre les lois de la nature elle-même. Le prix de cette magie est conséquente et parfois voir très souvent cruel. Mais, je pense que je peux t'offrir quelque chose, qui sans me vanter, que tu n'oublieras pas de sitôt.

La sorcière appose ses mains sur celle du vampire puis elle ferme les yeux simplement.

- Détend-toi... Cette magie sera en tout point bénéfique.

La voix de Sinead s'élève. Une formule prononcée dans une langue ancienne qu'aucun ne peut traduire hormis un être pourvu de magie ou bien connaissant les langages anciens. C'est comme un chant doux et fluide aux sonorités cristallines pareil à l'eau qui bien que calme joue d'une mélodie étrange et envoûtante. Le vent taquin fait jouer les branches, pareil à des instruments, ils viennent à porter le chant de Sinead par delà la réalité.

Une douce lueur bleue vient alors entourer le corps de la sorcière qui continue de se concentrer sur la formule et le vœu qu'elle pose aux force de la nature. Aucun orage, simplement une terre qui vient à chauffer doucement, chaleur maternelle et sécurisante. Eau sage qui vient à louer les actions bénéfiques d'une sorcière qui veut se donner un rôle qui pourtant, n'est clairement pas le sien.

Magie d'illusion. Le rêve vient se confondre avec la réalité. La clairière où se trouve les deux êtres se voient soudainement enlacé de la douce caresse des rayons d'or d'un soleil printanier. Nyx n'a aucune peur à avoir, car il ne brûlera pas. La magie est si parfaite qu'il est difficile de discerner le vrai du faux. Tout est calme. Les oiseaux chantent la venue du printemps. On peut entendre le poème d'un cour d'eau qui continue sa course jusqu'à côté nourrissant le lac à côté duquel les deux êtres égarés ont su trouver refuge.

Erèbe voit où veut en venir sa protégée et il félicite son attention délicate. Pour un vampire, la caresse du soleil manque plus que tout. Même si c'est le fruit d'une illusion, il est plaisant pour un immortel que de se croire à nouveau humain l'espace d'un instant. Mais ce qu'il a ignoré, c'est jusqu'où Sinead est allé pour offrir un cadeau à son infant Nyx.

Lorsque Sinead ouvrit les yeux, Nyx peut à présent noter le ton doux et clairs qui sont leurs. Sinead l'aide à se relever et d'un signe de tête, elle l'invite à se retourner. Erèbe arqua un sourcil durant quelque seconde avant de comprendre.

- Bonsoir... mon fils...

Sinead émit un simple mouvement pour les laisser seuls. La sorcière alla se baigner dans un rayon de lumière qui traverse les arbres, main tendue vers l'avant, un papillon vient survoler sa paume. Cette forêt, baigner sous la lumière illusoire d'un soleil magique lui rappelle ces promenades en Irlande. Ces coins magiques et reculés muni d'une magie profonde et ancestrale. C'est avec douleur que Sinead offre ce cadeau à Nyx, parce que rien que ce souvenir, cette ressemblance déchire l'âme de la sorcière la replongeant dans un temps où tout était parfait. Un temps d'innocence. Un temps où elle se trouvait encore dans un cocon d'amour protecteur qui, en l'espace d'une nuit a été brisé en un instant.

Erèbe observe son infant, léger sourire sur les lèvres. Calme comme à son habitude, le regard profond, mais une lueur de tendresse que l'on ne peut percevoir qu'à force d'une fine observation apparaît alors.

- On peut dire que c'est électrique entre vous deux. C'est un spectacle qui franchement vaut le détour.

Qu'une personne me vienne en aide, est une chose peu ordinaire pour moi ... Je suis habitué à ce que ce soit moi qui vienne en aide, mais là, la situation et la personnes, font que je n'arrive encore à me résoudre. Moi qui m'attendais à un quelconques pic envoyé ou encore, à une bonne insulte reçue suite à mes mots, ne m'aurait guère surpris contrairement à ce que je vis maintenant. La sorcière que je vois à présent, est une sorcière calme et étrangement douce. Douce, de par sa façon de me parler mais cette douceur ne me parais pas naturelle. Non, quelque chose de plus fort semble brûler en elle. De la colère, de la tristesse ? Qu'importe, peut-être que je devrai me contenter de ça, ce qui n'est pas un mal. M'asseyant à ses cotés, la jeune femme ne daigne guère à se retourner ou à me montrer un peu d'attention. Une nouvelle fois, ce comportement aurait pu me déplaire et m'agacer. Mais étrangement, venant d'elle, cela me passe par dessus. Après tout, que puis-je bien attendre d'elle ?

Quelques paroles durent être prononcées pour qu'elle vienne enfin à se tourner pour me faire face. Curieux, je dirige mes prunelles bleutées dans sa direction et me contente de regarder ce qu'elle fait, ne laissant rien transparaître comme toujours. A force, rester complètement stoïque et impassible est devenu une habitude pour moi. A croire que toutes ces douleurs passées, ont fini par paralyser mon visage pour l'empêcher de démontrer ce que mon coeur lui, arrive encore à ressentir malgré sa froideur. Délicatement, mes mains sont prises avec une certaine douceur que j'avais cru inexistante venant de la sorcière. Des dessins me sont dessinés sur les paumes, des dessins que je ne reconnais guère, malgré les explications données par le passé, par ma défunte moitié.

- Je ne peux peut-être pas t'offrir ce que tu souhaites parce que, je pense au fond de moi, que cela serait aller contre les lois de la nature elle-même. Le prix de cette magie est conséquente et parfois voir très souvent cruel. Mais, je pense que je peux t'offrir quelque chose, qui sans me vanter, que tu n'oublieras pas de sitôt.

Malgré la paralysie qui envahit toujours mon corps, je ne peux empêcher un de mes sourcils de s'arquer sous le coup de la curiosité. Une chose que je n'oublierai pas de sitôt ? Vraiment ? Si seulement elle savait, tout ce qui hante encore ma mémoire et remplit mes pensées pour finir par me plonger dans une profonde nostalgie. Des choses, que j'aurai pu oublier avec le temps. Des choses, des souvenirs, que j'aurai mieux fais d'oublier mais dont je ne m'en suis pas senti capable. De toute manière, nous avons bon essayer de fuir notre passé, il finit toujours par nous rattraper au galop pour nous rappeler ce par quoi nous sommes passés pour devenir ce que nous sommes aujourd'hui. C'est triste, mais si il faut avoir passé 2000 ans pour s'en rendre compte, cela est encore plus triste ... Aucunes réponse ne sort de ma bouche. Celle-ci reste parfaitement figée et fermée, laissant simplement mes yeux observer et témoigner la puissance de la sorcière à mes cotés. Ses mains chaudes viennent se poser sur les miennes. Un contact anodin, que je n'avais re sentis depuis des décennies. Ses yeux se ferment, m'empêchant ainsi de pouvoir admirer ses deux émeraudes cachées sous ses paupières pailletées de fard noir. Une légère brise vient alors se lever, caressant ma chair morte et remuant doucement les pointes de mes longs cheveux blonds attachés en une queue de cheval.

- Détend-toi... Cette magie sera en tout point bénéfique.

Détendu, je le suis déjà. A moins que la curiosité soit vue comme étant un élément déclencheur de stress. A cet instant, inspirer longuement aurait été une bonne chose. Mais le souffle m'ayant été enlevé, je me contente de soupirer longuement, regardant et admirant le paysage qui progressivement vient s'effacer. Un des mots sont prononcés, des mots que je ne peux comprendre mais qui ressemblent fortement à une langue latine. A ce même instant, le ciel noir de la nuit vient s'éclaircir et la mère lune s'illumine d'avantage, laissant un halo puissant l'entourer la faisant ainsi ressembler à l'astre que je crains depuis mon immortalité. Par réflexe, j'incline ma tête sur le coté et fais mon possible pour ne pas le regarder. Une certaine tension vient m'envahir, la peur de me voir brûler vif sous les rayons du soleil. Par défense, j'allais pour lâcher les mains de la sorcière avec férocité, cherchant pertinemment à me protéger de la lumière comme si m'y exposé n'avait été que par pure vengeance mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, ma peau capta la chaleur des rayons, mais ne brûla aucunement sous leur contact. A cet instant, la surprise vint envahir mon regard. Je pouvais re sentir la chaleur et y résister, comme lorsque j'étais encore ... humain. Non, je ne suis pas humain. Et tout ce que je vois ici, n'est qu'illusion.

Ce que je vois ici n'est qu'illusion, mais même en sachant cela, je ne souhaite plus qu'une chose : que si je rêve, qu'on ne me réveille plus jamais. Les oiseaux témoignent leur bonheur à travers leur chant qui résonnent en une douce mélodie dans mes oreilles et le vent vient balayer les feuilles mortes ornant le sol, pour remuer les branches vertes et fortes des arbres et chanter à tue tête, le chant enseigné par leur mère nature. Le monde qui vient à l'instant de s'ouvrir à nous, n'est que pure magie et pourtant, il semble à la fois si réel, que je peux même sentir l'herbe danser sous mes pieds. Est-ce ça le paradis ? Sur l'instant, je ne peux m'empêcher de me le demander. C'est alors que j'aperçois une silhouette du coin de l’œil. Une silhouette forte reconnaissable, que je ne peux éviter lorsque mes prunelles viennent me confirmer sa présence. Erèbe ...

- Bonsoir... mon fils...

Les mains de la sorcière viennent à s'écarter. Je suis désormais libre. Libre de me promener dans ce monde, dans cette illusion, dans ce rêve que jamais encore je n'avais même pu oser imaginer. Mon regard se dirige calmement vers la jeune femme, qui me donne un simple signe de tête comme pour me confirmer que je ne rêvais pas. Suite à cela, je viens me lever oubliant quelques peu la présence de celle qui m'a emmené ici pour me diriger vers mon Sire qui malgré sa froideur, ne se retient pas de me prendre dans ses bras. A mon tour, je l'enlace de mes bras avec tendresse mais ne peux m'empêcher de penser malgré mon bonheur de sentir sa présence contre moi comme si il était fait de chair, que si tout cela n'est réel qu'à mes yeux, je pourrai paraître pour un fou voir un con fini, de venir à enlacer un tronc d'arbre comme si il était mon meilleur ami. A cet instant, je pu entendre Erèbe ricaner. Ce qui me fais comprendre qu'une fois de plus, il a lu dans mes pensées. Notre étreinte se relâche, puis mon Sire et homme que j'ai toujours vu comme étant mon père, me parle à nouveau et me taquine par la même occasion.

- Mieux vaut en rire qu'en pleurer. Lui répondis-je avec sarcasme.

- Ou en pleurer de rire, cela va aussi. Rajouta-t'il tout en me faisant un clin d'oeil. Nyx, après toutes ses années, quel ne peut être aussi grand bonheur, que de pouvoir te revoir. Sa main se pose contre ma joue, tandis que ses prunelles grises scintillantes viennent transpercer les miennes encore surprises mais à la fois émues de le voir à nouveau. Bon sang, malgré toutes ces années qui nous on séparé, tu n'as pas changé et je suis ravi de voir cela ! Sa main se détache de ma joue, mais son regard persiste à me fixer. Je reste toutefois surpris, de voir que malgré ces instants de pur bonheur passés, ton visage refuse encore et toujours d'afficher le moindre sourire.

Mon regard vient se baisser sans trop savoir ce que je dois répondre à cela. Mes lèvres refusent de sourire. Oui je le sais, mais pour quelle raison ? ça je l'ignore ... Impuissant face à sa question, je relève toutefois les yeux et le laisse rajouter.

- Cependant, ton regard lui n'a pas perdu de sa force. Et même si ton visage lui reste paralysé par les douleurs de ton passé, tes yeux eux, savent encore nous témoigner tes émotions. Un sourire vient élargir ses lèvres. Un sourire sincère qui se transforma bien vite en un sourire pincé par l'amusement, lorsqu'il m'indiqua la position de la sorcière d'un signe de tête. Son regard me fixant, se veut insistant. Je lui montre alors ma curiosité et le laisse poursuivre. J'ai beau avoir des siècles de plus que toi, ne plus pouvoir me promener sur la terre ferme comme tu peux le faire, mais crois-tu que mes yeux sont devenus aveugles ? J'ai bien vu que malgré cette colère et cette haine que tu éprouves envers elle, se cache une autre chose plus profonde et plus douce ...

- Tu es complètement marteau mon pauvre Erèbe ... Lui répondis-je, blasé. Cesse de t'imaginer n'importe quoi. Tu sais tout aussi bien que moi que seule une femme a su séduire mon coeur. Et que même en ne la sachant plus sur cette terre, mon esprit et mon coeur ne laisseront de place à une autre.

Ce sourire mesquin qui élargit ses lèvres, ne cesse de s'agrandir ce qui ne vient pas à me maintenir très calme.

- La réalité est dure à avaler n'est-ce pas ? Son regard se veut une nouvelle fois insistant. Cette femme, tu l'as aimée oui. Et sache que là où elle est maintenant, elle le sait et ne cesse de croire en ta sincérité. Mais est-ce que tu crois vraiment que la solitude va t'apporter grand chose ? Toi qui te demande pourquoi tu ne trouve plus goût à sourire. Penses-tu vraiment que c'est en ignorant ton coeur et ton âme que le bonheur te reviendra ?

- Mais puisque je te dis que je ne ressens rien pour elle !? Je dois te le dire en quelle langue pour que tu le comprennes à la fin !

- Patience Nyx ... Tu n'es encore qu'à l'éveil de ton évolution.

Et bien, voilà autre chose. En plus de jouer à la sourde oreille, voilà qu'il se la joue Père Fourrasse avec ses énigmes et ses mystères à deux centimes. Décidément, moi qui avais osé penser que l'au-delà l'aurait peut-être un peu calmé, je me rend compte qu'en fait, peu importe où il sera, son humour persistera toujours. Mon regard reste un instant fixe dans le sien, lorsque soudainement, je viens sentir quelque chose me frapper l'arrière du pied. Curieux, je me retourne et vois un ballon à mes pieds. Un ballon en plastique gonflable sur lequel y était dessinés de multiples personnages de dessins animés d'une certaine époque. Sans trop réfléchir, je me baisse et prend le ballon en main, le regardant un instant, comme pour essayer d'identifier les différents personnages qui s'y trouvent dessus.

- Ouvre bien les yeux mon cher Nyx, car l'aventure commence maintenant. Me taquine Erèbe avec sarcasme par-dessus mon épaule.

- Oh ça va ! Tu ne vas pas recommencer !

Comme pour essayer de me venger de son humour à la con, je lui envoi le ballon à la figure, sans pour autant le lui envoyer avec force ce qui le fait le recevoir en plein nez et rigoler ensuite tout en rattrapant l'objet. La ballon m'étant une nouvelle fois tendu, je le reprend et sens qu'on tire sur le bas de mon manteau, ce qui me fais baisser la tête pour y apercevoir une petite fille à l'allure d'une poupée dans sa petite robe blanche et ses longs cheveux bouclés.

- Monsieur, est-ce que je peux récupérer mon ballon ?

Un instant perdu dans mes pensées, la fillette m'appela une seconde fois, ce qui me fis me secouer la tête et remettre les pieds sur terre.

- Euh ... oui. Tiens.

Me baissant pour pouvoir être à sa hauteur, je lui tend le ballon, qu'elle reprend en souriant tout en me fixant un instant. Elle me remercie alors et repart jouer avec le ballon dans les bras, mais s'arrête dans sa course et rebrousse chemin pour me faire à nouveau face. Curieux, je la regarde s'approcher et vois en relevant légèrement les yeux, que la sorcière toujours présente, elle aussi, regarde la scène se produire au loin. La fillette me tend alors le ballon et me demande innocemment.

- Tu veux que je te dise qui sont les personnages sur mon ballon ?

La magie reste avant tout un art incontrôlable, avec une conscience qui lui est propre. Le plus souvent, il se cale à l'être de celui ou celle qui l'utilise. Dans le cas présent, la magie épouse les émotions qui traversent le cœur de la sorcière qui, un pincement au cœur observe la scène entre l'esprit guide et le vampire qui ne fait que l'énerver depuis leur rencontre. Sinead se sent alors mal intérieurement. Toute cette tendresse ne fait qu'éveiller ce qui lui a été arraché un soir où la lune se trouvait bien haute dans le ciel, un peu comme ce soleil à son zénith qui ne brûle aucun des deux vampires. Comme une récompense après tant d'année de souffrance. Ce qui est dit, là-bas, Sinead l'ignore, mais elle les laisse seuls pour rattraper dont ils ont été privés. Même sous ses allures de femme froide et vulgaire réside malgré tout un grand cœur et un immense respect. Mais, cela, elle le doit surtout à Erèbe qui le lui a appris à nouveau. Lentement. Peu à peu. Pas après pas. Un léger sourire qui reste invisible pour Nyx qui lui tourne le dos, mais pas pour Erèbe qui y répond sans retenue. Automatiquement, la jeune femme se retourne pour voir l'étendue de son illusion. Entouré des éléments, la force de sa magie atteint de grandes proportions, mais au fond, quelque chose la gêne. Comme un souvenir qu'elle a éteint. La magie n'a pas fait seulement son œuvre, mais elle s'est imprégné d'un souvenir lointain concernant la demandeuse. Autour d'elle, Sinead observe se rendant compte que ce paysage ressemble à la plaine qui se trouve en Irlande. Là où elle a vécu les plus belles années de sa vie. Ce paysage. C'est celui qu'elle adorait voir enfant, qu'importe la saison, elle y était parfois voyant des esprits qui s'y promenaient. Seule sa mère arrivait à lui faire prendre confiance pour ne pas avoir peur en son don. Son père, lui, ne pouvait le voir, mais le sentir oui, un peu grâce à sa femme qui fut une sorcière talentueuse.

Tendant la main vers les rayons de soleil qui caresse la paume comme lors de son souvenir, Sinead lève la tête pour contempler les cieux azurés.

- Le printemps d'Irlande...

Est-ce que la magie a voulu se montrer réconfortante ? Voulant refermer une blessure qui ne s'est pas refermé depuis ? Un si beau souvenir qui hante tous les jours Sinead depuis ce qui s'est passé. Sur la colline, la sorcière aperçoit des visages qu'elle n'a plus revus depuis si longtemps. La gorge se serre, les larmes sont contenus et pourtant... C'est tellement dur que de ne pas pleurer devant cette vision. Une journée idyllique. Elle se revoit enfant embrassant le front de Connor, son petit frère âgé de quelque mois. La sorcière se souvient encore de son petit visage aux belles joues roses qu'elle adorait couvrir de bisous. Ce regard clair qui pouvait dire mille et unes choses.

La suite est déroutante...

La petite fille tape dans son ballon qui roule le long de la colline. Instinctivement, Sinead le suit du regard se cogner délicatement à l'arrière du pied de Nyx qui se trouve aussi surpris par cette apparition que ne peut l'être la jeune femme. Erèbe lui, semble comme préparer à cela. Peut-être sait-il que tout ne se passe jamais comme prévu en matière de magie.

Avec une douleur dans l'âme, elle observe la scène. Simplement.

L'enfant vient à demander son ballon au vampire qui est tellement immense qu'on dirait une montagne. Puis tout sourire, elle remercie Nyx finissant par s'en aller, mais revient aussitôt sur ces pas.

- Tu veux que je te dise qui sont les personnages sur mon ballon ?

Le visage forme un beau sourire. Le visage clair, les deux pupilles couleur émeraude. Les cheveux ondulant le long de ces épaules frêles d'une couleur châtain presque auburn lorsque le soleil vient les caresser avec une tendresse infini. Elle montre le ballon et un à un elle désigne les personnages.

- Là, il y a Aladdin, Jasmine... Ici on a le Génie, puis Iago, là Abbu et le tapis volant. Et là c'est le château d'Agrabah. Tu as vu le dessin animé ? Moi j'adore, je connais toutes les chansons par cœur.

Erèbe s'agenouille en face de la petite fille, sourire aux lèvres. Lui aussi ressent un pincement au cœur, mais ne le montre pas. Ces pupilles font voir une lueur mélancolique furtive, peut-être assez pour que Nyx le capte.

- Ah oui ? Tu peux nous en chanter une ?

- Euh...

- Allez je suis sûre que tu as une jolie voix. Jolie comme tu es, c'est sûr.

La petite fille rougit tout en regardant Nyx et Erèbe.

- D'accord, mais si j'ai le droit à un sourire. Vous êtes trop triste. Papa me dit toujours qu'un beau visage mérite un beau sourire.

Tout en serrant son ballon, l'enfant se met à chanter avec douce et cristalline. C'est alors, qu'elle commence à valser tout en laissant sa voir s'associer à la brise qui se lève pour jouer avec ces boucles brunes.

Si innocente. Si douce. Souriant sans cesse. Sa magie, c'était ça, donner le sourire aux autres. Une petite princesse qui danse rêveuse au milieu du prairie, si l'imagination se met en marche, on pourrait voir des fées faire une ronde autour d'elle. C'est ce que l'on dit. Les fées sont attirées par les chants clairs et apaisants.

Erèbe applaudit puis fait un délicat baise-main à la petite fille qui rêve déjà d'être une princesse quand elle sera plus grande.

- La petite princesse a une très jolie voix. Qu'est-ce que tu dis Nyx ?

Les joues prennent une teinte rouge sous le compliment, mais la petite fille ne fait pas disparaître son sourire.

- Moi aussi, je vivrais un rêve bleu quand je serais grande. Un rêve constellé d'étoiles qui brilleront de plus en plus à chaque bonheur que j'aurais.

Erèbe sourit en entendant ces paroles. Lui qui connait l'identité de cette enfant, le fantôme de chair pour un temps limité a dû mal à imaginer que Sinead ait été aussi rêveuse dans son enfance. Heureuse et souriante. Aujourd'hui, son visage est aussi stoïque que celui de son infant qui ne sait plus comment agir face au monde qui l'entoure. Même s'ils se repoussent, Erèbe sait que les deux êtres sont semblables, mais qu'ils ont oublié comment agir.

- SINEAD !!!

- Oh papa m'appelle.

La petite fille fait un bisou sur la joue de Nyx et Erèbe.

- Le bonheur vient à celui qui sourit.

L'enfant court vers son père qui la prend dans ces bras la soulevant du sol pour la tourner au-dessus d'elle sous les rires de la petite fille.

- Sur un tapis volant en route pour les mille et unes nuits.

- Oui !!! Mais j'emmène Connor avec moi.

La sorcière observe toujours, le cœur blessé de revoir ce moment, bien que différent modelé par la magie qu'elle a fait apparaître. Tout a été conçu selon le caractère et les attitudes de l'enfant qu'elle fut autrefois. En total contradiction avec ce qu'est Sinead aujourd'hui. La douleur est si lourde qu'une migraine commence à apparaître frappant ses tempes de manière désagréable.

Spoiler:

Touché par l'attention de la petite mais à la fois curieux de savoir qui étaient les personnages qui ornaient son ballon, je me laisse finalement m'accroupir de façon à ce que je puisse être à son niveau et regarde l'objet gonflé à l'air pendant la petite m'explique et me nomme les personnages avec un grand sourire radieux étirant ses lèvres.

- Là, il y a Aladdin, Jasmine... Ici on a le Génie, puis Iago, là Abbu et le tapis volant. Et là c'est le château d'Agrabah. Tu as vu le dessin animé ? Moi j'adore, je connais toutes les chansons par cœur.

S'étaient donc eux. Je me disais bien que leur tête me paraissaient familière. N'ayant pu avoir d'enfants, je n'ai fais que découvrir les dessins animés par le biais de la télévision et aussi de par les membres de la famille de mon épouse, qui avaient des enfants et qui souvent, aimaient passer leur soirée devant la télévision à regarder ces dessins animés qui pour moi, paraissaient magiques. Aujourd'hui encore, je peux voir leur yeux remplis d'une douce lueur, juste émerveillés par ce que les histoires leur racontaient. Un conte de fée ... Chose malheureusement irréelle en nos temps actuels.

Calmement, j'incline ma tête vers l'avant et répond un "d'accord" à la fillette qui s'était donnée la peine de me présenter les personnages. Erèbe revient alors à l'assaut et s'accroupie à mes cotés, demandant à l'enfant de nous chanter une douce mélopée. Visiblement gênée par sa demande, la petite hésite mais finit par nous répondre.

- D'accord, mais si j'ai le droit à un sourire. Vous êtes trop triste. Papa me dit toujours qu'un beau visage mérite un beau sourire.

Erèbe lui sourit immédiatement. Mais moi en l’occurrence, je m'en sens encore une fois incapable. C'est dans un raclement de gorge, que je témoigne ma gêne tandis que mon Sire lui, me fixe calmement, conscient de ma difficulté. Il rajoute alors, sans doute pour m'aider à sortir du trou dans lequel j'étais.

- Mon fils est effectivement un peu triste ... Alors serais-tu d'accord de lui chanter une douce mélopée pour lui remonter le moral ?

La petite hésite. Mais finit par accepter sa demande en un sourire radieux. Les mains jointes dans son dos, la fillette prend une pose et commence à chanter une douce mélodie qui vient délicatement caresser mes oreilles. Le sourire aux lèvres, Erèbe profite de cet instant, appréciant grandement ce chant. De mon coté, moi aussi j'apprécie son chant. Cependant, une nouvelle fois, mon visage refuse de dévoiler quoique ce soit. Et pourtant en ce moment, ce n'est pas vraiment le mal être qui l'emporte. Lentement, la mélodie vient envoûter l'artiste qui sommeille en mes entrailles. Mes yeux se ferment un court instant, me faisant ainsi apprécier d'avantage la mélodie chantée d'une voix douce et parfaitement juste de l'enfant. Mais à notre plus grande tristesse, la mélodie se termine, laissant Erèbe montrer sa satisfaction en complimentant l'enfant qui rougit à ses mots. Sur l'instant, je reste encore un peu perdu dans mes pensées, me remémorant les paroles de la chanson. C'est alors qu'une deuxième fois, Erèbe m'appelle ce qui me fait ouvrir les yeux et diriger mes prunelles bleutées sur l'enfant.

- Oui, oui ... S'était juste magnifique. Tu as une voix magnifique.

Mes mots semblent la toucher, car ses joues deviennent une nouvelles fois rosées ce qui lui donne une apparence encore plus adorable et innocente. Ayant comprit la sincérité de mes mots, Erèbe me sourit et vient poser sa main sur mon épaule comme pour me témoigner sa satisfaction face à mon agissement. Ce qui vient me surprendre, car il n'y avait vraiment pas de quoi être fier de ce que j'ai répondu vu que cela venait du coeur.

- Moi aussi, je vivrais un rêve bleu quand je serais grande. Un rêve constellé d'étoiles qui brilleront de plus en plus à chaque bonheur que j'aurais. Un grand sourire vient illuminer ses lèvres une nouvelle fois. A la voir, cette fillette semblait réellement heureuse. Moi, je veux vivre un rêve bleu comme tes yeux ! Car il sont beaux, même si ils sont encore tristes.

Malgré ses mots et malgré l'immobilité que dévoilent mes deux lèvres rosées, mon regard lui, vient lui témoigner un doux sourire qui se veut sincère et à la fois touché. D'ailleurs, son sourire s'accentua en même temps que celui d'Erèbe. Sans doute avaient-ils perçu le sourire qui se trouvait dans mon regard. La fillette vient alors à rajouter, avec grand enthousiasme tout en posant ses deux mains sur mes genoux pour approcher son visage du mien et regarder une nouvelle fois mes prunelles bleutées.

- Tes yeux sont beaux. Comme Connor ! Lui aussi il a de beaux yeux bleus ! Ses mains se décollent des mes deux genoux, puis elle s'éloigne et va vers un petit enfant qu'elle prend dans ses bras et emmène vers nous. Une fois face à nous, elle le pose à terre et me regarde une nouvelle fois. Plus tard, je veux que mon prince ait les yeux bleus, comme Connor et toi !

Une nouvelle fois, mon regard vient à lui sourire. Ses mots étaient touchants et venaient réchauffer mon coeur, froid et mort depuis des décennies. Toutefois, le comportement d'Erèbe vint attirer mon attention. Car celui-ci se mit à rire sans même que je comprenne pourquoi. Je le pousse alors légèrement sur le coté du coude, de façon à savoir ce qui lui traverse la tête.

- Tu as quoi à te marrer comme une baleine toi ?

- Rien rien. C'est juste que ... Elle est fidèle à elle-même, c'est bien. Je la reconnais bien là.

J'hausse un sourcil. Il la reconnaît ? Cela veut donc dire qu'il sait qui elle est. Le plus étrange, est qu'il ne me dise rien. Je l'ai toujours connu très mystérieux mais il n'avait pas pour habitude, de me cacher des choses importantes. J'allais d'ailleurs pour lui poser la question, lorsque je viens sentir qu'on me touche le genou. Je quitte alors Erèbe des yeux et vois le petit garçon essayer de se lever en se servant de mes genoux comme appui. Mais pour lui, se tenir sur ses deux jambes ne semblait pas être une capacité acquise. Peu à l'aise, je le vois retomber en arrière ce qui me fais avoir le réflexe de le rattraper pour l'éviter de chuter.

- Oh, fais attention, tu vas te faire mal. Lui dis-je d'une voix que je peine à reconnaître d'ailleurs.

Doucement, je le fais s'asseoir mais le petit ne semble pas décidé à rester assis. Une nouvelle fois, il s'agrippe à mon genou et vient à essayer de se relever ce qui me fais une nouvelle fois, placer mes mains de chaque cotés de son corps pour le retenir en cas de chute. Un autre réflexe qui vint se faire sans même que je me contrôle. Le petit vient alors à me tendre un bras pour attraper une longue mèche de cheveux qui pendait devant mon visage. Je le laisse l'attraper en avançant un peu plus ma tête vers lui et le laisse s'amuser tranquillement, riant en tortillant ma mèche dans tous les sens. Ce rire si innocent, vint comme frapper mon coeur de plein fouet mais à la fois le réchauffer doucement. Cette impression si soudaine d'avoir un enfant, vint m'envahir et pourtant, je suis plus que conscient, que cet enfant n'est pas le mien et qui plus est, n'est pas censé être réel. Et pourtant, il semble tellement l'être. Ses grands yeux bleus viennent à me dévisager puis une nouvelle fois, il sourit, lâchant ma mèche pour venir poser sa main contre ma joue froide.

- Je crois qu'il t'a adopté Nyx. Me murmura Erèbe qui me souriait pour ensuite diriger son regard sur la sorcière qui se tenait toujours au loin.

Autant ses mots étaient simples, insignifiants, que cela me secoua tel un électrochoc. Jamais, je n'ai pu enfanter. Et pourtant, j'ai comme l'impression d'être un aimant. Un aimant à bambin ... Est-il possible qu'ils ressentent ma peine ? Est-ils possible qu'ils ressentent la tristesse qui envahit mon coeur et mon être, à l'idée que je ne puisse avoir de descendance ? Tant de questions et si peu de réponses ... L'enfant perd soudain l'équilibre et tombe sans que je n'ai eu le temps de le rattraper. Son regard ensoleillé vient alors se mouiller, laissant de grandes larmes couler sur ses joues pour crier sa douleur à plein poumon. La petite le prend dans ses bras en essayant de le rassurer. Mais les larmes sont toujours autant abondantes. Ses cris me transpercent le coeur, au point que cela vienne à me faire serrer les dents. C'est alors que sans réfléchir, je tends mes bras jusqu'à lui et viens le soulever en positionnant mes mains sous ses deux bras, pour finir par le prendre délicatement dans mes bras. Me relevant afin d'être debout, mes yeux bleus le fixent comme pour essayer de lire en son âme. Mais en vain ...

- Chuuut ... Ne pleure pas, regarde tout va bien. Lui dis-je à travers ses sanglots qui ne cessent. Mon doigt vient alors gratouiller une de ses petites mains et sans même que je ne vienne à réfléchir, je me mets à chanter une chanson douce, comme pour espérer que cela le calmera.

Spoiler:

Tandis que je croyais que ce chant n'allait rien apporter, je remarque que ses larmes se calment et que son cri fût bien vite remplacé par sourire. A cette vision, je ne pu m'empêcher de sourire à mon tour. Du moins, je pouvais sentir mes lèvres s'étirer doucement mais ce sourire, restait à peine visible pour le monde extérieur. Bougeant très doucement mes bras comme pour essayer de le bercer, le petit garçon vient à rire puis une nouvelle fois, il attrapa ma mèche de cheveux pour s'y amuser. Revoir ce sourire radieux me faisait un bien fou. Un bien énorme comme si je voyais celui de mon enfant. Ou du moins, de celui que j'aurai aimé avoir ...

Une voix d'homme vient alors me faire m'arrêter et l'attention de la fillette le concernant, me fais immédiatement comprendre qu'il s'agit du père. Je me replace alors à croupie et tend le petit à sa soeur pour qu'elle le prenne dans ses bras. Avant de s'en aller, elle vient me délivrer un baiser sur la joue et en fais de même avec Erèbe qui lui, sourit de toutes ses dents, contrairement à moi qui semble paraître de marbre alors que ... pas du tout. Les enfants s'éloignant avec le papa, nous finissons à nouveau par nous retrouver seuls. Erèbe se relève tranquillement et j'en fais de même, sous son regard qui puait le sarcasme.

- Quoi ? Qu'est-ce que tu as à me regarder comme ça grand cornichon ? Lui demandais-je curieux.

- Haha rien, c'est juste que ... Je sais à présent qu'est-ce qui te redonnera le goût de sourire !

J'arque un sourcil, curieux par ses mots.

- Tu crois que je n'ai pas vu le sourire que tu as eu quand tu voyais l'enfant rire ? Et quand la fillette te parlait ? Ne me prends pas pour une bille ... Je sais très bien ce que j'ai vu !

Agacé mais à la fois intrigué, je me contente de faire l'innocent, haussant les épaules comme pour lui faire comprendre que je ne voyais pas de quoi est-ce qu'il pouvait bien parler. Sa main vient alors se poser sur le sommet de ma tête, qu'il frotte avec énergie pour me taquiner.

- Arrête un peu de me prendre pour un con ! Tu n'étais plus du tout le même face à ces deux enfants et tu le sais tout aussi bien que moi ! Je te connais Nyx. Trop bien pour ue tu puisses me cacher quoique ce soit. Il finit par enlever sa main de ma tête et rit. Par contre, quand je vois votre contact de maintenant, c'est juste le jour et la nuit.

- Quel contact ? Le contact à qui ? Lui demandais-je en refaisant ma queue de cheval.

- Ben à toi et à Sinead pardi !

Ne comprenant rien, j'arque une nouvelle fois un sourcil ce qui fit d'avantage rire Erèbe.

- Sinead, la demoiselle que tu accompagnes depuis le début de la soirée et qui se trouve là-bas !? Il me la montre d'un signe de la main. Quand je vois comment tu étais en parlant avec elle enfant et comment vous vous êtes parlez ce soir, c'est juste le jour et la nuit.

Confus et un peu perdu par tout ce qu'il venait de me dire, je fronce les sourcils et passe une main dans mes cheveux pour reprendre.

- Attend. Tu es en train de me dire que la fillette et la sorcière, sont en fait la même personne ?

Sans même me répondre, mon Sire applaudit, un grand sourire aux lèvres. Blasé de ne pas avoir su la chose avant et sachant à présent, que cette enfant blonde et souriante et la sorcière aux cheveux bleus et beuglante étaient une seule et même personne, je prend ma tête dans une main et me frotte le front du pouce et de l'index.

- Oh bon sang ... Et ce n'est que maintenant que tu me le dis.

- Ah ben, je voulais garder la surprise. Et puis, le déroulement de l'histoire était bien trop tentant pour que je vienne à vouloir tout gâcher. Et j'ai bien fais ![/color]

L'attitude stoïque de la sorcière ne veut pas dire qu'elle n'est pas sensible à ce qu'elle voit. Au contraire, ce sont des souvenirs qui auraient pu arriver si elle était venue à rencontrer Nyx et Erèbe lorsqu'elle était encore cette enfant rêveuse et amoureuse des yeux de son petit-frère. Connor. Son regard voulait dire cent choses à la fois et son sourire illuminé même une journée de pluie. Sinead se revoit encore à lui chanter des tas de berceuses pour l'endormir ou bien pour le faire sourire. Il battait les mains en cadence dès que la voix de sa sœur se faisait entendre. Des souvenirs si beaux, mais ô combien douloureux. Les larmes roulent sur le visage de la sorcière sans qu'elle ne puisse rien y faire. Elle ne s'approche pas, elle a trop peur de faire face à ce passé qu'elle a tenté d'effacer chaque jour où elle faisait face au destin avec une hargne moqueuse.

Un sourire flotte sur les lèvres de la sorcière tandis qu'elle entend de loin le chant de la petite fille. Sans s'en rendre compte, Sinead le chantonne à son tour se souvenant malgré toutes ces années toujours aussi bien des paroles. Aladdin. Son Disney préféré lorsqu'elle était enfant. Pour elle, cela représentait l'acceptation de ce que l'on est et que tous les rêves peuvent devenir possible si l'on y croit fort. Pas besoin de génie pour réaliser ce que l'on veut. Même si aujourd'hui, Sinead aurait aimé en avoir un pour l'aider dans sa vie actuelle. Mais bon, elle peut se réjouir d'avoir Erèbe qui est un peu comme Rajah, le gardien et le meilleur ami. Le seul a vraiment comprendre l'âme de la sorcière et son mode de fonctionnement.

- Moi, je veux vivre un rêve bleu comme tes yeux ! Car ils sont beaux, même si ils sont encore tristes.

Sinead soupire en elle-même manquant de rougir tandis qu'Erèbe lui lance un regard qui veut tout dire. La sorcière fronce alors les sourcil. Il n'y a rien à rajouter. Je hausse simplement les épaules sous ce regard complètement stupide de sa part. Parfois, voir souvent, il sait se transformer en casse-pieds et ça le fait rire.

La rencontre se continue et s'allonge en mots tous aussi bonbon rose les uns que les autres. Sinead se rend compte à quel point elle a changé au fur et à mesure des années et pourtant, si elle pouvait figer un moment, ce serait celui-là sans hésiter. Ce printemps d'Irlande où le soleil à sa manière de briller sans être lourd. La brise venant depuis la plage et offrant un délicat parfum salé. Ce contraste si puissant entre montagne et mer.

Puis le corps se fige. La voix de Nyx vient caresser les oreilles de Sinead, conquise. Imaginez un peu l'effet sur l'enfant qui fait face à Nyx autant qu'au bébé qui agitent les mains tout en souriant. La sorcière fait un pas, mais se ravise et se stoppe quand sa migraine prend de l'ampleur au visage de son père qui se dessine un peu plus loin. Le cœur bat et se déchire sous la douleur de le revoir.

Pourquoi la magie a pris ces souvenirs ? Pourquoi les a-t-il modelé pour les faire apparaître dans l'illusion qui aurait dû être un cadeau de remercie pour le vampire et non pour elle. Sinead voit l'enfant se diriger vers son père avec Connor dans les bras qui trouvent refuge dans ceux de leur mère. Alors, que son père porte la petite fille à bout de bras.

- Sur un tapis volant en route pour les mille et unes nuits !

- Oui !!! Mais j'emmène Connor avec moi.

La main sur le cœur, la sorcière le sent battre à une allure folle. Dans une illusion, elle retrouve ce que la vie lui a pris de la manière la plus abominable qui soit. Arracher le bonheur n'est jamais quelque chose que quelqu'un doit connaître malgré l'ampleur de ces actes.

Soudain l'atmosphère change. L'illusion devient autre. Elle prend des allures si sombres. Une nuit pareille à tant d'autre à la différence que l'odeur du sang se fait clairement sentir, même pour elle qui n'est qu'une sorcière.

Erèbe, qui se trouve aux côtés de Nyx se fige et tourne la tête vers la direction d'une maison. La seule trônant dans les collines. Il ne s'attendait pas à cela. Jamais, il n'aurait souhaité pareille chose, cependant, il comprend que la magie agit à son bon plaisir en usant de la faiblesse de sa protégée. Jusque là ce fut sourire et rêve, mais là, Nyx apprendra la vérité. Un mal pour un bien en soit, mais pas comme ça. Erèbe n'aurait pas voulu cela. Jamais. Sa main se pose sur l'épaule de son fils et la serre lentement montrant par ce geste la crainte qu'il ressent en cet instant.

Les cris s'élèvent. C'est si soudain tout autant que le tonnerre qui grondent fendant le ciel et cette pluie battante qui claque sur le sol comme le pire des bourreau. Sinead est resté de glace jusqu'à présent, mais cette illusion est si réaliste qu'elle pense être revenu dans le passé. Ses pas se font d'eux-mêmes et la voilà à courir en direction de la maison passant à côté de Nyx et d'Erèbe. La porte s'ouvre précipitamment.

- Sinead ! Fuis ! Ne te retourne pas ! Cours aussi vite que tu peux !

La fillette passe à travers elle ce qui paralyse un instant Sinead qui se retourne et se voit enfant courir vers la forêt des âmes guidées par la peur et l'angoisse. La sorcière hésite à se tourner à nouveau, mais son corps agit et il voit le combat acharné se déroulant dans la maison entre son père et la sire. Le corps de sa mère au sol vidé de son sang et le berceau à présent vide de vie. Connor. Mort. Il a été la nourriture de la vampire. La colère monte en Sinead comme une flèche progressant sur sa route. Tandis que la pièce est vide. Plus rien. Comment la magie pourrait-elle continuer si Sinead n'a pas vu ce qui s'est passé. Lentement, elle s'approche du berceau pour voir le corps froid et sans vie de Connor. La main de la sorcière s'avance tremblante et touche ce petit corps qu'elle a tenu tant de fois contre son cœur.

- Connor... Mon petit ange.

Se retournant vivement, Sinead se met à courir pour suivre les traces de la petite fille qu'elle était, bousculant Nyx et Erèbe sur son passage. Les deux ont eu le temps de voir le visage bordé de larme de la sorcière. Chose que Nyx n'aurait pas pensé possible tellement cette dernière agit de façon à faire croire que son âme est inexistante et que ce cœur reste figé dans la pierre.

Elle reconnaît la route. Jamais, il n'a quitté son esprit. Au loin, cette lueur salvatrice, mais qui pourtant lui donne aujourd'hui des frissons. Sinead court pour rattraper la petite fille munie d'une certitude étrange. Ne pas suivre le feu-follet. Mais pourquoi ? Ce dernier l'a mené à son oncle. Les âmes errent suivant la détresse si jeune et puissante de la petite fille qu'elle entend crier au loin.

- Attend-moi !

Pourquoi parler alors, qu'elle ne pouvait pas l'entendre. Mais, à nouveau, la magie s'emballe et les met face à la maison où Sinead a trouvé refuge. Elle se voit sur la balançoire se balançant le regard dénué de cette lueur si belle qu'elle avait, quand tout était parfait. Ce rêve bleu n'est plus. La petite a cessé d'y croire. En face d'elle se trouve l'âme d'une femme dont la moitié du visage est brûlé. Nyx peut la voir. La magie le veut. C'est ainsi. L'âme lui parle tandis que sa main se pose sur la joue de l'enfant qui ne réagit pourtant pas. Elle bouge les lèvres, mais aucun son ne sort. La petite fille est muette.

Tout change à nouveau. Des enfants qui rient autour d'elle, mais la petite fille est seule et délaissée par tout le monde. Dans son coin, elle les regarde jouer et une pierre est jeté sur elle. Un enfant rit et la traite de monstre. L'enfant ne dit rien, mais son cœur est déchiré à jamais. Une méchanceté de plus ou de moins ne pourra pas la faire souffrir plus encore. Un homme de couleur n'appartenant plus au monde des vivants la console et la petite fille esquisse un sourire. Ce dernier chante pour calmer son mal. Mais, le sourire est furtif et s'évanouit comme s'il n'avait jamais existé.

L'adolescence est là se trouve dans une pièce avec son oncle. Le rituel est sombre. Sinead se souvient de ce moment comme si c'était hier.

- Tonton, je le sens pas ce soir. C'est bizarre... Tu devrais abandonner.

- Non. C'est ce soir ou jamais.

L'adolescente se tait. Elle n'a pas encore ce bleu qui aujourd'hui décore quelque mèche de sa chevelure. Le rituel se fait, suit son court jusqu'à la perte de contrôle. Un coup de feu. Une balle en pleine tête de l'oncle, le cerveau a éclaté. C'était elle ou lui. Le démon qui a été tué plus tôt dans la soirée par Nyx a voulu s'en prendre à la jeune fille. La jeune adolescente sait ce qu'elle doit faire. Elle appelle le feu qui brûle tout sur son passage tandis qu'elle se trouve à l'extérieur les pompiers tentant d'éteindre le feu récalcitrant.

Tout défile. Le foyer, son histoire d'amour, sa venue à la pomme pourrit comme elle le nomme aujourd'hui. L'abandon subit par son ex. Jeté comme si Sinead n'avait jamais compté. La tentative de suicide sur ce pont où l'eau en-dessous est si noire en cette nuit sans lune. L'apparition d'Erèbe pour la sauver de sa solitude devenant ainsi l'être qui lui importe le plus dans cette vie. Cette existence qu'elle se bat pour préserver en survivant, mais en gâchant les possibilités de bonheur qui s'offrent à elle. Elle a trop peur. Malgré la froideur des mots qui s'élèvent de la bouche de sosie fait d'illusion. Le cœur lui est brisée par la souffrance et la peur. Alors, elle fuit jusqu'au toit de son immeuble pour s'y réfugier.

La véritable Sinead est là face à Erèbe et Nyx. L'être d'illusion est là. Enfant qui court pour grandir petit à petit à chacun des pas et ne faire qu'un avec la sorcière dont les larmes coulent sans s'arrêter. Sa migraine est grande et elle peine à le cacher.

Erèbe crispe ces doigts sur l'épaule de son fils. Il remarque que sa main devient translucide. Il n'a pas encore fini.

- Mon fils, tu sais à présent.

Le cri de la sorcière fend l'air et ses mains sont posées sur sa tête. Son crâne l'a fait horriblement souffrir et Erèbe qui s'approche, mais disparaît peu à peu en même temps.

- SINEAD !

- Erèbe. Aide-moi ! J'ai mal !

L'esprit guide veut la prendre contre lui, mais il s'évanouit purement et simplement suppliant, dans un dernier assaut d'énergie, à Nyx de la sauver et de veiller sur elle. Sa descendance, sont les derniers mots prononcés par l'esprit guide.

Le corps de la sorcière de cambre. La magie est trop forte, l'esprit et le cœur trop faibles quant à eux. Des bleues apparaissent sur le corps de la sorcière comme si cette dernière a été battu. Le visage est tuméfié. La magie se montre alors, odieuse envers la manipulatrice des éléments. Proche du vide, sur ce toit, ce mirage, Sinead recule souffrant comme jamais, trop faible, les jambes flanches et le vide l'accueil. Elle tombe, la chose se passe au ralentit. Elle peut entendre la Faucheuse rire de son méfait.

La main se tend vers l'avant à la recherche d'une main salvatrice. La sorcière montre une faiblesse cachée, une peur qui la tiraille jour après jour désespérant de trouver une main secourable. Une épaule puissante pour la soutenir et lui ré-apprendre ce qu'elle a perdu. Son humanité. Sa douceur. Ce rêve bleu. L'inconscience la gagne à nouveau. Tout est noir, tout est souillé, tout est de sang.