❝ A SENSE OF PURPOSE ❞ ⊱ deuxième groupe

Spoiler:

A sense of purpose

Samantha ne sortait jamais vraiment du Bronx. Elle y était en relative sécurité. Avec Joe, avec Dunstan et le reste de la meute pas si loin. Juste à portée de main… ou de cris. Elle était couverte par le nombre de mutants qui vivaient là. Elle se faisait passer pour l’un d’entre eux, cachant sa nature de sorcière. Ça valait mieux. Avant qu’un vampire ne vienne l’enlever pour en faire son nouveau jouet, dans le vain espoir de pouvoir contempler encore une fois ou deux la lumière âpre du soleil. Soit. Aujourd’hui, Sam s’était aventurée jusqu’à Brooklyn. Elle avait entendu de belles histoires qui disaient que ce quartier était l’un des plus peuplés, blablabla à une certaine époque. Mais maintenant, tout n’était plus vide. Immeubles vides. Boutiques désertées. C’était à peine si les chats osaient sortir des bennes à ordures. Mais elle voulait aller rendre visite à quelqu’un. Elle avait entendu dire… Des rumeurs. Sûrement que ça. Des rumeurs, des bruits. Sûrement rien que des mensonges. Pourtant, elle voulait vérifier. On disait qu’il y avait là quelqu’un qui pourrait l’aider.

La jeune sorcière marchait d’un pas vif, une capuche à moitié rabattue sur ses mèches blondes. Elle regardait droit devant elle, même si, à un moment, elle ralentit pour regarder ses poignets, ses avant-bras. Elle remonta sa manche, presque avec crainte. Là. Des zig-zags, des arabesques pointues et aigües sur sa peau. D’autres étaient réapparues près de son nombril, à la source… mais celles-là avaient surgi de nulle part. D’habitude, elles grandissaient, s’étendaient à partir de son ventre, le point central où sa magie était canalisée… mais là, elle en avait qui s’enroulaient autour de ses poignets comme des bracelets de barbelés. Elles avaient commencé à revenir quand Joe l’avait confrontée, forcée à parler. Forcer à avouer sa faiblesse. Pour commencer à la vaincre. Sam n’avait pas encore essayé de refaire de la magie… Elle avait bien trop peur de ce qui en découlerait. C’était ces mêmes tatouages, ceux-là même qui avaient marqué son corps alors que sa magie se teintait de rouge. Elle restait captivée par ses marques sur sa peau, tout de même un peu rassurée, réconfortée, que la magie ne l’ai pas totalement abandonnée… quand le sol vibra. Elle n’eut pas le temps de vraiment entendre l’explosion qu’elle était déjà devenue sourde. Son corps fut projeté au sol avec une série de débris. Elle les sentit impacter son corps, s’enfoncer dans sa chair. Mais étrangement, ça ne faisait pas si mal. Elle ouvrit les yeux, sans même s’être rendue compte qu’elle les avait fermés. Là, elle voyait les plus gros morceaux de pierre, de mur, rebondir contre une barrière invisible. Elle sentait cette barrière s’enfoncer contre sa peau quand un bloc arrivait sur elle, mais rien de plus. Seuls les graviers passaient le bouclier. Elle ouvrait grand les yeux, ébahie. Elle se rendit compte qu’elle hurlait. Mais elle n’entendait toujours rien. Pourtant, après quelques instants, elle se mit à rire. Les blocs rebondissaient un peu plus loin, sans lui faire de mal… oh, elle aurait assurément de gros bleus, plus tard… Son corps serait sûrement même une énorme ecchymose, un peu comme un policier qui se prend une balle mais porte un gilet…

Elle riait, presque comme une démente. Cette magie qu’elle avait tant cherché à chasser, tellement qu’elle l’avait complètement perdue, la bonne comme la mauvaise, était en train de lui sauver la vie. Comme un parasite qui préserve son hôte par dessus tout… parce qu’il n’y a que lui qui a le droit de lui pourrir la vie. Rien et personne d’autre. Quand les débris finirent enfin de tomber, Samantha se redressa maladroitement et chancela sur ses pieds. Son regard parcourut le paysage désolé. Des gens criaient mais elle n’entendait qu’un bourdonnement dans ses oreilles. Ils couraient, partout, sans vraiment savoir où aller. Puis elle reconnut, un peu plus loin, une silhouette qu’elle ne pouvait confondre avec une autre. Joe. Elle escalada alors les blocs autour d’elle et se fraya un chemin jusqu’à sa colocataire. Elle lui tapota l’épaule, restant tout de même assez loin, pour éviter de se prendre un coup. Elle savait à quel point Joe pouvait être réactive. — C’est juste moi. — Et son regard se posa sur la gamine. La sorcière haussa un sourcil. — Depuis quand tu sers de garderie ? —

C’était supposé n’être qu’une journée comme les autres. Une journée durant laquelle elle serait libre d’aller travailler, de marcher dans les rues de New York. Lorsqu’elle sentit la terre ronronner, vibrer, trembler. Elle s’arrêta, sans savoir quoi faire exactement, sans savoir si c’était réel, ou si ce n’était qu’un effet de son imagination trop fertile. Quelques secondes à peine de silence et de paix, avant que tout n’explose. Elle ne réalisa pas. Elle crut voir une lumière aveuglante, couplée d’un bruit assourdissant. Et elle se sentit emportée, loin, très loin. D’un coup, la réalité n’existait plus. Elle perdait pied, et seule la chute parvint à la réveiller. Une chute rude. Elle n’en ressentit aucune douleur, mais un choc qui la fit revenir au présent, directement. Au début, elle ne distingua rien. Puis, elle regarda sur les côtés, et c’était comme si elle avait soudainement été projetée dans un tout autre lieu. Autour d’elle, des débris de toutes sortes, des nuages de poussière et... un bras ?

Elle poussa un cri et se redressa vivement, se reculant le plus possible de ce membre arraché. Elle se releva, et eut des sensations bizarres, sur son visage, sa jambe et son dos. Elle se tâta la joue et sentit un débris de verre qui y était enfoncé. Elle l’en extirpa avec une facilité déconcertante liée à l’absence de douleur. Elle en fit de même avec la barre plantée dans sa jambe. Elle sentait une sorte de plaque dans son dos, au niveau de son omoplate, mais là, en revanche, il lui était impossible de l’extirper. Tant pis. C’était désagréable, mais elle pouvait faire avec. Elle songea alors, soudainement, qu’elle aurait dû mourir. Sauf que morte, elle l’était déjà. Et les malheureux êtres vivants qui s’étaient trouvés près d’elle quelques secondes auparavant l’étaient également. Elle les regardait, elle regardait ces êtres dont les corps n’étaient même plus entiers à présents. Puis, elle s’éloigna, ne cessant de regarder autour d’elle, de se demander ce qu’il s’était passé. S’agissait-il d’un tremblement de terre ? D’une explosion ? D’autre chose, quelque chose de surnaturel ? Elle n’avait pas eu suffisamment de recul pour s’en rendre compte.

Les cris. Les hurlements. Comment avait-elle pu ne pas les entendre auparavant ? Elle qui ne ressentait rien respirait l’odeur du sang à plein nez, une odeur qu’elle avait souvent respirée lorsqu’elle était encore envie, mais qui jamais ne lui avait tant donné envie de vomir. Elle marchait, impuissante. Un petit groupe se trouvait là, non loin d’elle, mais elle n’aurait su dire s’ils étaient capables ou non de la voir. Elle était infirmière. Elle pouvait respirer sans le moindre problème. Mais comment aurait-elle pu aider des personnes qu’elle ne pouvait toucher ? Elle ne s’était jamais sentie si impuissante, et cette saleté qu’elle avait dans le dos la gênait de plus en plus. C’est alors qu’elle aperçut une silhouette qu’elle connaissait, puisqu’il n’était nul autre que le sorcier qui avait participé au sort lui permettant de retrouver un semblant de vie. « Aleister ! »

Lui au moins pourrait la voir, elle en était certaine. Mais avant même qu’elle ait pu le rejoindre, on lui passa au travers, à plusieurs reprises. Un peu étourdie, elle put voir qu’il s’agissait d’hommes armés et portant des masques à gaz, des hommes qui se mirent instantanément à fouiller, brutaliser et embarquer certaines personnes. Elle songea fortement à utiliser son pouvoir, mais elle sut immédiatement que ce serait une idée épouvantable, qui n’aurait pour résultat que d’aggraver la situation. Elle ne pouvait rien faire, personne ne pouvait rien faire sans provoquer une émeute. Ce fut d’ailleurs ce qui se produisit, lorsque l’un des soldats se retrouva mis à terre et désarmé. Avant même qu’elle ait pu réagir, elle se retrouva désincarnée par la succession d’hommes et de femmes qui lui passaient au travers, et incapable de bouger pour s’en extirper. Au hasard, elle tendit la main, espérant que quelqu’un aurait la possibilité de la lui prendre et de la sortir de là.

lying on the floor.

Blackout. C’était ainsi que tout se déroulait. Ainsi que son cœur battait dans sa poitrine. Proche de la rupture, proche de la fin. Il clignait des yeux, complètement hagard. Ses pupilles étaient très légèrement asymétriques. Mais personne ne le regardait. Personne ne le voyait. Les flammes crépitent, elles dansent. Elles s’agitent, consumant ce qui peut encore être détruit, chairs comme matériaux. Et au milieu de tout ce carnage, au milieu de tous ces débris et ces hurlements, il est là. Blackout. Son cœur bat sourdement. Il n’entend absolument plus rien, il ne voit presque plus rien. Des lueurs floues, sans formes, sans distinction. Tout au plus des amas de couleurs. Les sons sont étouffés, comme s’il avait du coton dans les oreilles. Un peu de sang en coule, d’ailleurs. Il était aux premières loges. Comme chaque fois qu’il y a une grosse merde, il se retrouve en plein milieu. Les deux pieds dedans. Immergé jusqu’au cou. Blackout. Il gît, étendu sur le dos. Il gît, sa poitrine se soulevant de manière totalement désorganisée, son pouls luttant contre le rythme effilé et inquiétant qui lui est donné. Il voudrait retrouver une respiration normale. Des battements de cœur normaux. Mais il ne voit plus rien, n’entend plus rien. Il ne capte rien. Il est seul, isolé dans son monde, dans sa bulle. Autour de lui, ça court. Ça s’effondre sur des cadavres, et ça pleure. Il n’est rien. Rien de plus qu’une victime parmi tant d’autres. Un soubresaut agite sa nuque, sa tête remue. Au moins, c’est pas cassé. Du sang macule ses cheveux blonds, alors qu’il arrive à tourner le visage vers le côté. Il commence lentement à se laisser glisser sur le flanc, ramenant ses genoux vers lui. Il souffre. Réellement. Son front ouvert laisse couler un flot régulier de sang. Il coule dans ses yeux, l’empêche de voir. Abe ne sourit pas, contrairement à ses habitudes. Il ne sourit pas. Tout ce qu’il voit, c’est du sang. Des larmes. Des cris, des flammes. Des hurlements, encore et toujours, alors qu’il tente désespérément de remettre ses pensées dans l’ordre. En vain. Il a l’impression d’être couvert de sang. Il ramène doucement ses mains face à son visage. Il est couvert de sang. Bon sang, non. Non. Ses yeux s’écarquillent doucement, alors qu’il entrouvre les lèvres en une grimace d’horreur. Il se sent mal, si mal. Est-ce une illusion ? Ou est-ce bel et bien la réalité ? Est-il réellement couvert du sang d’un autre, la faute à une bombe, à nouveau dans sa vie ? Putain. C’est le bordel. Dans son cœur, dans sa tête. Sa poitrine s’agite, son cœur cogne contre les parois de sa cage thoracique, mué par la rage et le chagrin, par la peur et l’envie de survivre. Il survivra. Il survit toujours. En attendant, il est dans une sale posture. En attendant, il est couvert de sang. D’un sang qui n’est pas le sien, en grande majorité. Déposé en petites gouttelettes, comme des éclaboussures. Comme si quelqu’un avait explosé. Quelqu’un de plus près de la bombe. Ou même plusieurs personnes. Peut-être est-ce le sang de plusieurs personnes, oui, après tout. Pourquoi pas ? Il est là, il ne bouge plus. Il regarde ses mains. Il faut qu’il se remue. Il faut qu’il oublie. Ne pas penser à ce qu’il ne reste pas de Ted. Ne pas penser à tous ces hurlements, aux gens qui ont tout perdu. Il ne veut pas savoir comment ce sang en est arrivé là, ne veut pas savoir pourquoi il a été éclaboussé de la sorte, ni même par qui. Il ne veut pas. Il ne veut vraiment pas.

Doucement, il arrive à rouler sur le ventre. En hoquetant de douleur, il arrive à se redresser. S’appuyant sur des gravats. Chancelant. Il a été soufflé par l’explosion, pareil à une plume. Comme s’il n’avait rien pesé, comme s’il n’avait même pas existé. Comme des années auparavant. Mais là, son dos n’avait pas lâché. Il avait juste été éclaboussé, il ne savait pas par qui. Il avait mal aux vertèbres. Mais pas une douleur insoutenable. Pas quelque chose qui l’empêchait de se redresser. La preuve, il était déjà debout. La preuve, il chancelait, essayant de retrouver des repères. Les images dansent sous ses yeux, encore et toujours. Floues, confuses. Troubles. Une de ses oreilles saigne réellement. Il espère que ce n’est pas trop grave, car il n’entend rien. Abraham, le simple humain. Le survivant, l’increvable, certes. Ce qui lui doit sûrement d’ailleurs de pouvoir se mettre debout, alors qu’autour de lui tant sont allongés, et ne se relèveront probablement plus jamais. Ce qui lui vaut de ne pas être plus blessé que cela, et de pouvoir marcher. Esquisser quelques pas. Retomber à genoux face au corps démembré d’une femme. Il a envie de vomir. Rien ne vient. Sa tête se met à tourner, alors qu’il recule. Il ne comprendra jamais comment le monde a pu être assez cruel pour lui offrir la capacité de toujours survivre. Alors que les autres, eux … Et bien ils meurent. Comme tout le monde. Comme lui aurait dû faire. Ils meurent. Et merde. Lui aussi, aurait dû mourir. Mais il se relevait encore. Inlassablement. N’arrivant même plus à se demander ce qui aurait été capable de le tuer. Il se dégage de quelques gravats. Il sort de là. Une main plaquée sur ses côtes, du côté droit de son abdomen. Ses vêtements sont réellement couverts d’hémoglobine. Il s’éloigne de la scène. Scène du crime. Car c’en est bel et bien un.

Il tourne la tête autour de lui. Il a réussi à s’approcher de la population, réussi à s’approcher des cris qu’il distinguait plus ou moins, au milieu de tout cela. Il aperçoit de plus en plus distinctement les silhouettes. Il entend des coups de feu, sursaute, se baisse et s’aplatit. Ses pensées se rassemblent peu à peu. Il ne sait même plus ce qu’il fait, mais il le fait. Et soudain, des hurlements. En masse. Tout le monde bouge. Le monde se meut, tandis que la terre pourrait presque en trembler. La population, terrifiée. Face à une police un peu trop armée, et un peu trop violente. C’est quoi … C’est quoi ce merdier ? Il était là, il avançait, simplement, cherchant à rejoindre les autres. À retrouver des gens. Quelqu’un pour l’aider. Quelqu’un qu’il aurait reconnu. Et qui l’aurait reconnu. Au lieu de cela, c’est une foule qui le percute, une foule qu’il aperçoit. Une émeute. Des gens. Partout. Joe, un enfant. Et lui. Le sorcier. « Aleister ! … » Les pensées confuses d’Abraham s’éclairèrent soudain, alors qu’une vague de panique faisait accélérer son cœur, et poussait l’adrénaline à remonter dans chacune de ses veines. Le cri s’échappa de sa gorge asséchée et rauque, alors qu’il la voyait. Elle. Son air perdu, et tous ces gens qui la traversaient, en courant. Elle. « CORALINE ! » Hurlement étranglé, alors qu’il essaye de courir vers elle. Ses jambes sont cotonneuses, mais le portent tout de même. Il ne réfléchit plus. Se précipite vers elle, comme il le peut, emporté par la masse humaine sans y avoir été convié. Il essaie de remonter le courant. Il la voit. Il lutte. Mais il n’y arrive pas. Il est trop faible. Les hurlements lui arrachent des douleurs au crâne retentissantes. Il souffre le martyr, ses côtes brisées et ou fêlées lui rendent la respiration sifflante et agonisante. C’est le chaos.

Il la voit. Il voudrait s’en sortir. Il n’y arrive pas. Emporté par la marée, emporté par les gens. Les coups de feu. Il n’arrive même pas à attraper sa propre arme, et à faire de la place autour de lui. Vaut mieux que personne ne voie son écusson, de toute façon.

Il la voit. Il la cherche. Il voudrait l’attraper. Trouver de l’aide. Et l’aider elle. Mais il ne peut rien faire. Il souffre. S’efforce de ne pas tomber. De ne pas être piétiné. Chaos.

Blackout.

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A sense of purpose

— C'est la gosse de mon client. Je dois la ramener chez elle. — Samantha avait rejoint Joe et la gamine quand elle ressentit un trop de frisson, comme si une décharge électrique la parcourait des pieds à la tête sans pour autant la blesser. En fait, elle ne savait pas vraiment si c’était vraiment semblable à une décharge électrique comme elle n’en avait jamais ressentie par le passé, son lien avec la terre la protégeant de ce genre de choses. Elle regarda un instant autour d’elle, intriguée. Elle se souvenait de ce bourdonnement pour avoir été constant dans sa vie alors qu’elle était avec sa mère ou encore les sorcières de Westbury Field. Là, un peu plus loin, il y avait un homme, grand, ses cheveux sombres coupés courts. Leurs prunelles se croisèrent une fraction de secondes et elle sut. Sorcier. Ils appartenaient à la même « race ». Sam n’aimait pas ce terme, mais elle ne parvenait pas à en trouver un autre plus approprié. Pourtant, elle n’avait pas vraiment le temps de se poser d’autres questions. Des coups de feu éclatèrent et Sam ne put sur se jeter au sol. Elle avait son super-bouclier-protecteur-de-la-mort-qui-tue mais était-il pare-balles, elle ne voulait pas le tester. — Je me tire ! — Johanna ! — Je te ramène, ça va aller. — Elle les entend comme de très loin, comme si elle avait les oreilles bouchées. Peut-être était-ce à cause des détonations des armes à feu qui crépitaient encore. Ou peut-être était-ce un nouveau tas de poussière qui lui tombait dessus. Elle était protégée d’une certaine manière, mais elle avait bien vu que des petits cailloux réussissaient à passer son super-bouclier… Alors une balle ?

Elle restait au sol, rampait comme elle le pouvait en essayant de retrouver Joe. La fumée brouillait sa vision. Elle ne voyait rien. Elle regrettait un instant de ne pas être liée à l’air et ainsi pouvoir chasser cette odeur nauséabonde qui manquait de l’étouffer et de la faire vomir. Elle entend des voix. Autoritaires. L’armée ? La police ? La milice particulière des vampires ? Qu’est-ce que tout cela pouvait bien signifier ? Que se passait-il ? La panique se ruait dans ses veines. — SAMANTHA ! — Elle entend Joe crier. Etait-ce vraiment Joe ? Elle ne savait pas vraiment. Ses oreilles bourdonnaient toujours. Elle essaie de se relever sur ses coudes pour observer les alentours. Elle aperçoit des silhouettes. On dirait des militaires. Ils sont armés en tout cas. Elle ne voit rien d’autre. Elle ne ressent même plus la vibration caractéristique du sorcier. Il devait être hors de portée. Elle renifle. Grave erreur, la fumée infecte rentre dans ses poumons et la fait tousser. De nouveaux coups de feu résonnent non loin. Mais pas si près. Elle veut se jeter à terre mais elle se fait empoigner par le col de sa veste et relever de force. Elle voit là un visage masqué, un uniforme militaire. Elle lève le menton, les mâchoires serrées. — Qu’est-ce que vous voulez ? — Silence ! — La sorcière ravale sa verve à contrecœur. L’autre la détaille, tire sur sa veste, attrapant des cheveux au passage. Il l’observe comme s’il voulait trouver une marque sur sa peau, quelque chose. Elle ne comprend pas. Les larmes lui montent aux yeux à cause de la bombe lacrymogène mais aussi à cause de la pression sur ses cheveux. Elle sent la rage monter avec elles. Non, elle ne doit pas. Elle ferme vigoureusement les paupières. Elle sait que si elle laisse la rage la consumer, c’est le monde autour d’elle qui risque de prendre feu. En particulier ce militaire qui la malmenait. Ses dents crissent les unes sur les autres. Elle rouvre les yeux brusquement. — LÂCHEZ-MOI ! — hurle-t-elle, autoritaire, comme elle ne l’avait jamais été. L’autre la lâche, étonnement. Peut-être surpris de sa détermination. Elle ne savait pas. Peut-être parce qu’elle l’avait brûlé. Elle ne savait pas. Elle espérait qu’elle ne l’avait pas brûlé. Elle ne voulait pas se justifier. Il lui jette un regard mauvais à travers son masque pourtant elle ne baisse pas les yeux. — A terre ou je te fais abattre comme les autres. — Un long frisson traverse sa colonne vertébrale. Elle sait qu’elle devrait obéir. Mais elle est têtue, elle garde le menton levé.