Parce que même en étant celui que les autres pensent, à savoir un leader ô combien fan des combats, avide de tuer tous les vampires croisant ma route, ce qui en soit n’est pas faux, bien au contraire, il y a des jours durant lesquelles je préfère m’isoler. Pourquoi ? Tout simplement pour prendre un peu l’air. Même si c’est avec plaisir et honneur que je dirige mon groupe, après tout c’était mon but de toujours de former une grande famille et en être l’Alpha, ce n’est pas rien. Cependant, parfois la pression fait que je m’éloigne des miens, prétextant une séance d’entraînement en solitaire, ou des courses privées, ce que certains traduisent par une nuit à l’hôtel en charmante compagnie, ce qui n’est plus arrivé en réalité depuis plusieurs années maintenant, depuis peu avant la rencontre avec Novalee. Elle est d’ailleurs, sans que bien sûr je ne le crie sur tous les toits, l’une des raisons qui me pousse à sortir tard le soir, sans en dire plus, même à mes plus proches louveteaux, ne voulant pas qu’ils s’inquiètent pour un rien. Après tout, si je ne suis jamais revenu avec la demoiselle, je suis toujours revenu en entier et c’est le principal, non ? J’espère quand même qu’un jour notre vie sera plus paisible et qu’elle sera à mes côtés. Advienne que pourra.
Revenons-en à la réalité. Profitant du soleil qui domine dans le ciel de New-York et loin de toutes mes habitudes de loup alpha, c’est une journée que je compte consacrer à la détente, décompresser un maximum avant de revenir à notre camp, éphémère certes, mais n’en reste pas moins notre camp. D’ailleurs bientôt nous nous poserons définitivement. Nous avons beaucoup appris depuis l’Irlande et nous sommes autant plus nombreux que fort. Les vampires pourrons venir en nombre, le massacre n’aura pas lieu une nouvelle fois, ou bien le résultat sera clairement différent. Ah, n’avais-je pas dis que je ne devrais pas penser à tout ça aujourd’hui ? Il faut croire que je ne suis pas capable de tenir plus de quelques minutes sans y réfléchir. Note à moi-même, faire des efforts dans ce domaine. Après tout je suis loin d’être un idiot et on ne peut nier ma force, donc si je peux tuer des vampires, contrôler le fruit de mes réflexions ne doit pas être si compliqué. En tout cas, je ne vois ni l’heure, ni le temps passer, car avant de m’en rendre compte, me voilà dans un des lieux les plus connus du coin, je parle bien sûr de la meilleure boulangerie.
Bon plus sérieusement, je suis à Central Park, qui est vraiment le lieu idéal pour se changer les idées. Pourtant entouré d’immeubles géants en veut-tu en voilà, un immense coin de verdure ou règne généralement le calme, si on ne prend pas en compte les musiciens amateurs et les enfants, mais ça, je ne peux pas faire grand-chose. D’autant que la meute a elle aussi ses jeunes loups, donc je sais ce que c’est les jeunes qui courent partout, en étant aussi discret que des éléphants dans une boutique de porcelaines. En m’approchant d’une grande fontaine entourée de bancs, je remarque un peu plus loin un de ces fameux marchands ambulants, pas de glaces malheureusement, mais de cacahuètes grillées, ce qui est un bon compromis. Ni une ni deux, je vais vers lui d’un pas léger, lui achetant un grand sachet avant d’aller m’installer plus loin, m’écartant des bancs pour m’assoir à l’ombre d’un grand arbre, fermant les yeux quelques instants pour profiter de cette tranquillité. C’est dans ce genre d’instant que mon esprit s’évade et que le côté impassible s’en va, laissant place à une poignée de doutes. Le pire étant celui concertant l’attaque de l’ancienne usine, reconvertit en ferme de sang que nous avons détruit, en abattant l’ensemble des humains présents. Je me console en pensant que de toute façon, ils étaient condamnés à mourir et que je me devais d’abréger leurs souffrances, plutôt que de les laisser ainsi être torturer par les suceurs de sangs. Nous autres lycans savons au moins nous nourrir normalement, sans être responsables de dizaines de disparitions. Pour autant, les spectres de cette époque me hantent toujours, mais j’imagine que je le mérite. Je dois simplement vivre avec, sans laisser paraitre ces inquiétudes aux yeux de mes compagnons.
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Sujet: Re: La réalité de nos sentîmeents [pv Novalee] Sam 13 Juil - 17:32
see the truth in your white lies ❝ I CREEP INSIDE YOUR MIND, INSIDE YOUR LIES ❞
Manhattan? Non, je n'avais pas l'habitude de traîner sur cette île réquisitionnée par les Originels. La dernière fois que j'avais mis les pieds ici, j'avais amèrement regretté. Mon épaule et cette cicatrice blanchâtre maintenant refermée pouvait en témoigner. Pour une fois, je ne mettais pas les pieds sur cette terre ennemie pour répondre aux mille-et-un besoins de nos dictateurs, mais j'y étais venu plutôt pour mon propre bénéfice. Après cinq ans d'installation dans le coin, je connaissais mieux que quiconque où aller pour dénicher certains objets précieux. Les marchés du Bronx et de Brooklyn se présentaient plutôt démunis et restreints, je savais alors que je trouverais chaussure à mon pied au Union Square. Je n'avais pas de commande particulière en tête, je venais visiter, parcourir les différentes boutiques, afin de me dénicher un petit truc pour me remonter le moral. Malgré les événements des dernières années et le chaos qui prédominait, je n'étais pas bien différente des autres femmes humaines... J'avais ce besoin superficielle de me sentir belle et désirée, m'habiller d'une manière qui me convenait. Ou du moins qui me permettait de camoufler mes blessures intérieures. Je parcourais nonchalamment les ruelles de ce quartier, ne trouvant absolument rien de suffisamment attirant à me mettre sous la dent. Et comme mon budget se faisait plutôt restreint malgré les différents boulots que je pouvais accomplir pour les suceurs de sang, je me trouvais réticente à dépenser ce que j'avais dans les poches de mon jeans.
Bredouille, je me résigna à retourner au Bronx sans rien dans les mains. L'après-midi tirait bientôt à sa fin et je savais mieux que quiconque qu'une fois le soleil couché, il n'était pas très sécuritaire de traîner dans le coin. La vie du jour allait bientôt laisser place à l'animation du soir, celui des vampires et leurs supérieurs. L'envie de me retrouver parmi ces créatures perfides ne se faisait guère présente, alors je préférais tourner les talons et traverser Manhattan avant que je ne me retrouve parmi mes bourreaux. Le soleil plombait fort aujourd'hui et je regrettais presque de m'être accoutré de pantalon au lieu d'une robe ou d'une jupe. Afin d'éviter les rayons du soleil qui tapaient sur ma tête châtaine, je m'engouffrai parmi les arbres et les sentiers; Central Park. Il était bien là le seul véritable vestige de nature dans tout New York et mon côté louve semblait apprécier cette verdure. Je fus pourtant étonnée d'apercevoir autant d'animation autour de moi, des gens tout ce qui avait de plus normal, des enfants même qui déambulaient comme s'il s'agissait d'une simple belle journée d'été. Je les observais d'un air perplexe, presque accusateur. J'accusais leur insouciance et leur ignorance. Comment pouvaient-ils agir aussi cupidement avec tout ce qui se passait dans la métropole? Cette vision me révoltait et me rendait légèrement nostalgique. Malgré les arbres toujours en feuilles, j'apercevais au travers ces gens des ruines, des souvenirs de guerres passées. Le contraste rendait ce portrait ironique et absurde... Dans quel monde vivions-nous? Dans un monde grotesque.
J'étais distraite, absorbée par l'action autour de moi, l'absurdité de cette scène alors que je déambulais au travers les sentiers du grand parc. Si distraite, que je ne perçus pas immédiatement cette odeur familière... Celle que j'aurais pu reconnaître parmi des milliers d'autres. Et pourtant, elle était si évidente, si présente qu'elle me frappa aussi fort qu'un coup en plein estomac. Je sentis mes entrailles se tordre, mon coeur se serrer. Impossible. C'était tout simplement impossible. Je m'étais soudainement immobilisée, tétanisée par ce que mon odorat percevait. Je balayais les environs d'un regard inquiet et appréhensif, et pourtant je ne percevais rien. Peut-être était-ce le fruit de mon imagination? Peut-être était-ce ma peur qui altérait mes sens et ma raison? Que ce soit réel ou non, cette crainte et cette anxiété qui naissaient au fond de moi étaient bien vraies. Et je ne pouvais ignorer la possibilité qu'il était là, ici, à New York. Sans attendre d'obtenir une réponse ou de croiser son chemin, je quittai les sentiers battus et m'aventurai parmi la verdure du parc, là où je pourrai m'échapper sans attirer l'attention des passants. Je tentai de me faire discrète alors que mes pas faisaient craquer les branches sous mes pieds, que ma respiration se faisait de plus en plus irrégulière, signe de mon anticipation. Je n'étais pas prête à lui faire face... Je ne voulais pas l'affronter! Je craignais sa réaction... Je craignais ses gestes et ses pensées. Je le craignais, lui.
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