I'm so sick || Alone

Le monde allait mal. Le monde était malade. Mais ça... ce n'était plus un secret pour personne. Le monde tournait de travers. Le monde tournait à l'envers. Mais ça non plus, ça n'était plus un secret pour personne. Et en dépit de ça, mon monde continuait de tourner. Mon monde poursuivait son chemin en dépit de cette folie ambiante. Loin de ce poison qu'était les ténèbres, j'avais trouvé mon soleil artificiel. J'avais su trouvé mon air. Mon coeur. Salem. J'avais longtemps cherché des mots pour décrire combien il était important dans ma vie. Ce n'était qu'au moment où je l'avais vu partir que j'avais compris... que j'avais senti non pas une fêlure mais un vide. Total. Atroce. Une partie de moi qu'on venait d'arracher sans le moindre scrupule. Mon coeur. Il suffisait de perdre une seule et unique personne pour que votre monde s'écroule. Seule et pourtant entourée. Je n'éprouvais ni la force, ni l'envie de faire semblant que tout allait bien. Tout allait mal. Tout tournait de travers. Les gentils se retrouvaient derrière les barreaux et les méchants se trouvaient bien haut perché dans leur maudite tour de cristal. Tout allait mal. J'allais mal. J'avais mal!! Une douleur constante qui comprimait ma poitrine, contractait mes boyaux, lacérait chaque parcelle de mon corps. Les matins s'annonçaient difficiles. Les nuits horriblement longues. Et je songeais à Novalee, à Exekiel et Coraline. La peine qu'eux aussi ils devaient endosser. Et je songeais à Salem, à Aleister. Les épreuves par lesquelles ils devaient passer. Et ça me rendait chaque jour un peu plus malade. Mon monde dégringolait et je n'avais plus aucun point de repère pour l'empêcher d'imploser dans les instants qui suivaient. Je devenais une bombe. Une horrible bombe à retardement et sous cet air passif et inoffensif, je n'allais pas tarder à exploser. La bête en moi hurlait. Elle criait son désarroi et sa colère, prête à bondir hors de mon corps et à faire ses ravages. Cette bête que je sentais crouler sous ma peau me terrorisait. Je n'allais pas tarder à sombrer de façon définitive dans cette folie insalubre que je traînais depuis déjà des lustres.

Mes hallucinations avaient reprit de plus belles. Me plongeant constamment dans un sentiment d'incertitudes et d'angoisses. Chaque nouvelles apparitions me plongeaient dans un sentiment constant d'horreur et d'incrédulité. Constamment sur un fil, la chute me paraissait de plus en plus proche. Si proche du gouffre et pourtant je savais la chute encore longue. Sans rien à quoi me raccrocher, mon esprit glissait sur une pente obscurcie par la déraison. Sans rien à me raccrocher... je me devais de trouver une chose, une sensation sur laquelle me focaliser. N'importe quoi s'avérait mieux que rien. La colère ne désemplissait pas mais elle n'était plus suffisante pour apaiser cette douleur constante qui comprimait mon palpitant. J'avais besoin d'autre chose. J'avais besoin de plus. Je me concentrais sur cette sensation minime. Ce picotement gênant. Cette déchirure parcourant mon poignet d'ordinaire pâle mais cette fois encore, entaché par le sang. Liquide vermeille qui s'écoulait hors de cette plaie pour lamentablement s'écraser au fond d'un évier. Cette scène se répétait inlassablement depuis des jours, des semaines. Et rien. Toujours rien. Une absence constante. Un vide perpétuel. J'entendais mon coeur battre et pourtant je me sentais morte de l'intérieur. Désespérée, mes doigts lâchèrent prises. Le bistouri dégringola dans un bruit métallisé au fond de ce gouffre maculé de sang. La seconde d'après, les plaies sur mon poignet se refermèrent et de ce triste moment, il ne restait qu'une couche immonde de rouge poisseux. Machinalement, j'ouvris les robinets d'eau. Eau pure nettoyant sur son passage l'impardonnable. A grand renfort de savon, j'effaçais toutes les traces de mon délit. Quelques minutes d'acharnement avaient suffit pour tout effacer. Quelques minutes seulement pour effacer les preuves d'un malaise constant. Triste automate, je fermais l'arrivée d'eau et quitta la chambre d'hôpital m'ayant servi de refuge.

Impuissante. Ce mot se gravait en gras dans mon esprit. Je déambulais dans les couloirs remplis de patients et bien que mes yeux se posaient sur eux, je les voyais à peine. Je déambulais tel un parfait zombie et la seule chose que j'éprouvais était ce sentiment d'impuissance. Incapable de protéger Aleister. Incapable de protéger Salem.... Incapable de sauver ma soeur. Inutile. Faible et fragile. Je parasitais leur univers sans leur donner la moindre chance de survie.

- Ariana, tinta une voix à mes arrières.

Une voix anormalement grave pour celle d'une femme. Une voix sensuelle et assurément sexy. Cette voix, sans aucun doute, elle appartenait à Andrea. Stoppant mon ascension de zombie, je tourna les talons afin de lui faire face. Le grand sourire de la métisse s'étiola aussi rapidement que ses prunelles ardentes se posèrent sur les tâches de sangs présente sur ma blouse. Mal à l'aise, je me passa un instant la langue sur les lèvres, enfonçant mes poings dans les poches.

- Tout va bien? questionna ma collègue après un moment.

Visiblement soucieuse, elle plaqua une petite pile de dossier contre sa poitrine, effectuant quelques pas vers moi.

- Oui, tout va bien, mentis-je en arborant un sourire pathétique. Je n'avais plus la force de mentir. Je n'avais plus la force de faire comme si tout allait bien. Pourtant je le devais. Encore un peu. Juste... encore un peu. Toutefois, elle ne sembla pas convaincue alors je précisa : Je suis juste fatiguée. C'est tout. Ce qui n'était pas faux.

- D'accord. Et sinon... Tu allais où comme ça?

Haussant un sourcil, je me mis l'espace de quelques instants sur pause. C'était quoi, cette question? Pourquoi vouloir savoir ça?

- A la pharmacie de l'hôpital...

- Ariana... soupira t-elle, s'approchant d'autant plus, réduisant au maximum l'espace entre nous. On est amie, n'est-ce pas?

- Oui...

Faux. On était juste collègue.

- Alors laisse-moi te donner un conseil... Tu devrais arrêter avant que le directeur ne l'apprenne, chuchota la métisse proche de mon visage. Son haleine sentait le chocolat et la noix de coco. La garce. Elle avait piqué ma barre de choco-coco. Mais comment l'accuser sans dévoiler mon super odorat?

- Heu... oui... Non! Attendez deux secondes... Arrêter quoi au juste? les traits de mon visage changèrent soudainement, laissant apparaître mon incompréhension la plus totale.

Elle regarda autour de nous comme pour s'assurer que personne ne nous écoutait. Dodelinant sa tête de gauche à droite, elle tentait de me faire passer un message en faisant de gros yeux. Seulement voilà, essayer de faire la danse du serpent à sonnette avec sa tête, ça n'allait certainement pas m'aider à décrypter son message codé.

- De quoi tu parle, Andrea? impatiente, mon ton c'était fait un peu plus sec que prévu. Mais m*rde, nom d'un petit lycan!!

© disturbed

Moment fugace. Intense versatile. Sentiment dévastateur qui animerait les coeurs les plus endormis. Fulgurant et ravageur. Un vent violent qui s'élevait au travers ma carcasse fragile. La bête en moi hurlait, cherchant à briser ses chaînes de moralité.
U.C
  

disturbed