For Your Entertainment || Pv Novalee

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❝ THE HEAT OF THE MOMENT ❞
Un si bref moment suffisait pour la perdre de vu. Un simple petit moment de distraction et elle trouvait le moyen de se dérober d'entre mes mains! Je me demandais toujours comment elle pouvait faire preuve d'autant de discrétion et d'impulsivité. Mais non, mon taux d'alcoolémie et le brouhaha constant de la place ne contribuaient certainement pas à mon incapacité à garder cette âme libre à l'oeil. Sarcasme que voilà. Et ce n'était pas comme si elle avait besoin que je veille sur elle, je savais pertinemment qu'elle pouvait se débrouiller sans mon aide, mais je ne m'étais pas déplacée pour finir ma soirée entre les pattes velues de l'un de ces ivrognes sans classe. Alors oui, lorsque Zephrina disparaissait de mon champ de vision, j'avais l'instinct de la chercher des yeux. Enfin, elle n'était jamais bien loin et elle était plutôt facile à repérer... Cette soirée n'était pas bien différente des autres, laissez-moi expliquer:

Ce verre ne se trouvait pas à être notre premier. Un petit shooter en unisson avec ma comparse de soirée et je pouvais enfin tremper mes lèvres dans le liquide coloré de mon breuvage. Étonnant qu'il existe encore de tel cocktail dans un temps de crise! Heureusement, les têtes vides de sangsues aimaient l'effet attrayant de l'alcool; leurs pauvres 'esclaves' pouvaient donc en bénéficier. Toutefois, avant que je puisse profiter de ce nouveau verre, un vacarme détona à mes côtés, m'obligeant à détourner le regard. Une armoire à glace (ou plutôt à graisse) s'était amusé au domino avec les tabourets du bar, les faisant tomber en chaîne alors qu'il perdait pieds. Enfin, il ne fallait pas lui en vouloir, avec ce poids, moi non plus je ne tiendrais pas debout! Étouffant un rire moqueur, je me détournai de la scène pathétique afin de retrouver mon petit confort auprès de Zeph qui observait prob... « Zeph? » interrogeais-je le vide, là où elle se trouvait seulement une petite seconde plus tôt. Déboussolée, je fixai bêtement l'espace vacante devant moi, comme si j'attendais qu'elle réapparaisse d'un moment à l'autre. Alors que l'idée de partir à sa recherche commençait à germer dans mon esprit, des sifflements et des cris d'encouragement me dictèrent son emplacement. Un simple tour sur moi-même et je l'avais trouvé. Debout, se trémoussant, sur une table chambranlente, visiblement en transe puisque... bah, elle dansait sans musique. J'abandonnai mon verre à son triste sort et me frayai un chemin vers la scène inattendue. Je ne pouvais qu'être spectatrice. Enfin, l'idée de briser ce moment magique ne me semblait pas très tentante! Loin de mes intentions de ridiculiser mon amie, mais la situation me paralysait et m'amusait à un tel point qu'un sourire hilare s'élargissait sur mon visage, m'incitant presque à la rejoindre pour faire perdurer ce moment.

Enfin, c'était avant que le gérant de la place ne m'ordonne de la faire descendre. Je lui lançai un regard las, presque ptieux, sans pour autant protester. Il n'était pas toujours aussi casse-pieds et puis c'était son bar, si on voulait continuer d'y venir, valait mieux de ne pas le faire chier. Les commentaires des spectateurs me répugnèrent, les fusillant presque aussitôt du regard. « La ferme et vas te branler ailleurs, » lançais-je d'un ton protecteur à celui qui désirait se rincer l'oeil. Ce dernier me lança un regard surpris, sa bouche s'ouvrant comme un poisson hors de l'eau, incapable de riposter. C'est ça, t'étais mieux de la fermer, gros lard. Offrant ma main à mon amie toujours perchée sur son trône, j'aidai Zephrina à redescendre en toute quiétude. Une fois les deux pieds à terre, je ne pus retenir mon sourire moqueur de refaire surface, amusée de l'impulsivité de ma compagne. « En tout cas, tu as le sens du spectacle, Zeph! » Je laissai un ricanement me chatouiller les cordes vocales dans le but de la taquiner un brin. Comment pourrais-je laisser passer cette occasion en or! Et puis, ce n'était que pour l'embêter, de manière amicale bien entendu. « Je ne sais pas sur quelle mélodie tu te trémoussais, mais tu as beaucoup de talent, tu devrais faire carrière! » ajoutai-je avant de rire franchement à mes propres paroles.

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❝ THE HEAT OF THE MOMENT ❞
C'était sorti en blague et pourtant, j'étais sincère. Personne ne pouvait nier le talent de danseuse de Zephrina, elle avait un don inné. Je me moquais, mais j'adorais la regarder danser et je n'étais certainement pas la seule. Aussitôt qu'elle avait mis les pieds sur cette table et que ses hanches avaient débuté leurs mouvements lascifs et gracieux, tous les regards de la pièce s'en étaient attendris. Et ce talent devenait contagieux, à chaque fois, une envie indéniable apparaissait en moi, me suppliait de faire de même et de me trémousser. Même sans musique. Je riais, mais de plaisir, d'amusement, car on ne pouvait jamais s'ennuyer en aussi bonne compagnie. Zeph faisait renaître en moi un instinct que je croyais éteint depuis longtemps, un besoin de relâchement et d'égarement dont je n'avais jamais été victime auparavant. Elle me faisait renaître, tout simplement. Alors je ricanais, j'affichais ma joie, mon divertissement, de manière amicale et chaleureuse. Pauvre Zeph, elle semblait si bourrée qu'elle ne captait même plus mes paroles. Je riais de plus bel, passant une autre de ces soirées mémorables. Et cet accent. Je percevais toujours des notes mélodieuses, différentes de celles que j'avais l'habitude d'entendre dans les rues de New York, et il s'agissait d'un tel rafraîchissement. Ses mots étaient accentués, prononcés étrangement, ce qui rendaient la situation d'autant plus amusante. Oui, je m'exaltais devant la scène, sentant mes joues devenir soudainement douloureuses par mon sourire constant. Bénie soit cette blondinette!

Bon, chaque fois qu'on daignait faire quelque chose qui ne plaisait pas à Monsieur le Propriétaire, ce dernier trouvait le moyen de nous embêter. Ce n'était pas comme si on déclenchait une émeute, on ne faisait que rigoler et... se foutre de sa gueule, haha! Il jouait les rabat-joies, il était visiblement de mauvais poil ce soir... Et nous, on était d'humeur à s'amuser, pas à se faire chier. Je me tournai d'un air exaspéré vers le bar où le vieux propriétaire du bar faisait virevolter son chiffon dans les airs d'une manière désespérée. Je lui lançai un long soupir, relevant les yeux ciel. Ma main se mit ensuite à jacasser d'elle-même, comme une marionnette, imitant le barman mécontent. Ce dernier entrecoupait ses phrases, comme s'il était soudainement distrait. Je le fixai un instant, il me rendit un regard interrogateur, j'attendais qu'il m'explique ce soudain silence... alors qu'une chaussure vola à mes côtés pour venir rencontrer le front huileux de Monsieur Rabat-joie. D'un air surpris, je me retournai sur moi-même pour alors constater le pied dénudé de mon amie qui clamait victoire! Sans me poser la moindre question, je pouffai de rire, un rire hilare et surtout incrédule. Elle n'avait pas osé?! Si, elle avait osé! Comment mettre de l'huile sur le feu! Bon, je devais avouer que mon hilarité ne pouvait aider à détendre l'atmosphère puisque le propriétaire ne trouvait certainement pas la situation aussi amusante que moi ou que Zeph qui peinait même à rester assise sur une chaise. Étant la plus apte des deux - je me basais sur pas grand chose pour affirmer que j'étais plus sobre que ma comparse, mais soit! -, je pris l'initiative d'empoigner la bras de Zeph. « T'es chanceuse d'être jolie, toi! » lui lançais-je entre des rires incontrôlables. Je l'obligeai à se lever de son siège afin de rejoindre le bar derrière lequel se tenait un barman pas très content.

Et j'ai eu la brillante idée de m'aventurer dans le territoire de l'ennemi... Je lâchai ma prise sur Zeph afin de partir à la recherche de sa ballerine qui avait atterrie derrière le comptoir. À la seconde même où je mis le pieds sur les dalles qui délimitaient l'endroit interdit aux clients, le jacassement du grand St-Bernard me fit sursauter. « Combien de fois je dois vous répétez qu'on ne doit pas venir en arrière du comptoir! » Oh, peut-être que je poussais ma chance... Mais cette marque rouge sur son front... Cette belle marque qui prenait la forme du soulier de Zeph... Et me voilà m'esclaffer de nouveau de rire! « Calmes toi, Bobby, je ne veux que réquisitionner notre arme de guerre! » J'ignorais s'il avait compris mes paroles, car moi-même je n'étais pas certaine de ce que j'avais bien pu dire à travers mes ricanements incessants... Bougonnant, Bobby attrapa le soulier et me le lança de manière peu délicate. « Ça suffit vous deux, dehors, je vous met dehors! » Oops, nous étions allées trop loin, on dirait. Mais je ne pouvais me résonner à partir sans lui montrer mon visage le plus triste et le plus piteux. Rien à faire, le propriétaire n'était pas d'humeur à jouer. Dommage. « Très bien... On s'en va. C'était pas la peine de crier... » capitulais-je avec une petite voix offensée. Je fis quelques pas sur le côté afin de m'approcher de Zephrina, résigner à m'en aller. Mais le problème était que j'avais toujours soif... Mais vraiment soif! Et quand j'avais soif, eh bien... je tentais de la satisfaire! Sans réfléchir, je me propulsai sur le bar, ventre sur le comptoir, ma main empoignant la première bouteille qui se retrouva sur mon chemin. Avant que le barman ne réalise quoi que ce soit, je pris la main de Zeph et la tirai jusqu'à la sortie, évitant de près le chiffon du propriétaire. Une fois dans la ruelle, j'entendis l'écho d'une voix énervée contre les murs, blasphémer, jurer son agacement. « Merci, Bob! » répondis-je en levant la bouteille au dessus de ma tête.