It Gets Better And Better ... [PV. Novalee]

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❝ GET OFF OF MY BACK AND OUT OF MY WAY ❞

Il n'y a rien qui pouvait me rendre le plus de mauvais humeur que l'annonce d'un travail en collaboration. Depuis plusieurs années maintenant, j'appréciais ma solitude, mon indépendance et mon auto-satisfaction. J'avais appris à prendre soin de moi-même, alors qu'auparavant je n'arrivais à rien sans l'aide d'autrui. Je n'avais jamais vraiment été seule, trouvant un refuge à chaque fois que la solitude me menaçait. Après le décès de mes parents, j'avais ma soeur, ma petite Madelyn avec moi. Certes, j'étais celle qui devait se montrer forte, qui devait subvenir à nos besoins. Mais c'était différent, je pensais à elle et non à moi. Et lorsqu'elle est partie à son tour... Eh bien, j'ai trouvé une manière d'éloigner la solitude. Une meute. J'aurais dû me douter que je n'étais pas faite pour ce genre de vie. Vivre en groupe, ce n'était définitivement pas ce que je recherchais. Au bout du compte, je devais avouer être bien mieux sans personne... Sans attache, sans faiblesse à ce niveau... Enfin, je n'étais certes pas insensible, mais je trouvais les choses beaucoup plus faciles lorsqu'on se montrait égoïste.

Je pouvais contrôler certains aspects de ma vie dans la grande métropole américaine, mais certains points étaient hors de mon contrôle. J'avais choisi - pour ne pas dire forcé - de répondre aux besoins de ces suceurs de sang au teint malade dans le but de survivre dans ce chaos. Toutefois, je m'étais rapidement rendue compte que je ne faisais pas les règles dans toute cette histoire. Ouais, j'aimais bien m'occuper de tout par moi-même... Mais apparemment, certaines tâches nécessitaient une collaboration. N'importe quoi! Et j'avais cette drôle d'impression qu'ils s'amusaient à me jumeler avec ce loup casse-pied. Cinq ans et je n'arrivais toujours pas à le supporter. Il me regardait toujours de haut, avec cet air supérieur qui me traitait de jeune incompétente. Ses conseils et ses reproches, je les avais bien loin dans le derrière. S'il pensait parvenir à changer ma façon d'être, il s'aventurait dans un sentier périlleux qui menait inévitablement vers le vide! Quelle déception pour lui. Avec le temps, je croyais qu'il me laisserait tranquille, qu'il comprendrait que ça ne valait pas la peine de perdre son temps avec moi. Mais il a la tête plus dure que le roc, ce mec. Il était l'épine dans mon pied. Et malgré ma haine et mon dédain, je devais composer avec sa présence et le supporter le temps d'une mission.

Je n'ai jamais été du genre matinal. Toute l'action se déroulait la nuit, alors je vivais pratiquement comme les vampires, vu le boulot que j'avais. Toutefois, mes nuits de sommeil n'ont jamais été vraiment longue, je ne parvenais pas à dormir plus de quelques heures par nuit, surtout depuis mon arrivé à New York. Et pourtant, je sentais une telle fatigue à chaque réveil. J'aimerais tant pouvoir faire la grâce matinée, traîner dans mon lit jusqu'au milieu de l'après-midi. La réalité était qu'au moment où mon cerveau s'éveillait, mes pensées, mes inquiétudes, mes souvenirs me hantaient aussitôt, m'empêchant systématiquement de retrouver le sommeil. Quelle plaie. Et ce matin n'était pas une exception. Peut-être était-ce cette anticipation qui me réveilla, sachant pertinemment que je devais rejoindre Ulrik pour accomplir un boulot d'espionnage, ou un truc du genre. Un soupir traversait mes lèvres à cette simple pensée. La journée allait être longue et pénible, fallait me croire. Très soucieuse de mon apparence, je pris soin de choisir ma tenue, d'enfiler des souliers assortis, appliquer un maquillage délicat qui faisait ressortir mes prunelles noisette et de boucler légèrement mes cheveux châtains afin de leur donner un peu de volume. Je me mettais belle pour qui au juste? Personne en particulier, je voulais simplement aimer ce que je voyais dans le miroir... Je voulais simplement avoir cette confiance qui me permettait d'avancé jour après jour. J'avalai une brève bouchée avant d'emboîter le pas vers le Queens.

Le Queens. Un quartier pas très fréquentable, si vous voulez mon avis. J'évitais, presque aussi fermement que Manhattan, de me promener dans ces rues. Aujourd'hui, j'avais une raison d'être ici, il s'agissait de notre point de rencontre. Ce n'était pas une petite réticence qui allait me faire reculer. Arrivé à l'endroit convenu, je remarquai le ciel s'éclaircir affichant des couleurs flamboyantes. Il s'agissait bien de la seule beauté du monde qui demeurait intacte... J'entendis mon nom être prononcé par une voix visiblement lasse alors que mes yeux déviaient du soleil levant pour croiser le visage de mon acolyte de la journée. Je ne pus m'empêcher d'élever un sourcil bien haut sur mon front, le dévisageant avec mépris. « Ravie de constater que tu te souviens de mon nom après toutes ses années.... Ulrik, » ironisais-je sans délicatesse. Je roulai les yeux d'un air exaspéré, croisant par le fait même mes bras contre ma poitrine. L'envie d'être en sa compagnie se faisait aussi pressante qu'un lavement d'estomac. « J'ai pas envie de passer ma journée ici, alors finissons-en. » Sur ses paroles amicales, je tournai le dos à Ulrik et emboîtai le pas dans les rues du Queens afin de trouver des indices concernant ce mystérieux sorcier qui se terrait dans le coin.

Spoiler:

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❝ GET OFF OF MY BACK AND OUT OF MY WAY ❞

On pouvait se demander comment nous parvenions, après toutes ces années, à nous côtoyer sans s'arracher mutuellement la tête. Oh, détrompez-vous, l'envie est bel et bien présente, mais ça ne serait pas très... intelligent de notre part, n'est-ce pas? Nous étions supposés nous épauler, nous entraider, puisque le boulot que nous faisions n'avait rien de sécuritaire et de joyeux. Il était même parfois périlleux d'accomplir ces tâches. Et puis, nous avions les mêmes atouts, étions victimes de la même malédiction. Pourquoi ne parvenions-nous pas à nous entendre comme tout bon lycan? Car rien n'était blanc ou noir de nos jours. J'aurais bien aimé pouvoir dire que j'avais fait la connaissance d'un loup aimable et protecteur, une exception parmi notre race. Malheureusement, ils étaient tous les mêmes. Bien trop fier de leur côté sauvage, esclave de la bête en eux. Et j'étais le mouton noir, puisque je refusais d'embrasser, tout comme ils savaient si bien le faire, cette louve affamée et enragée au fond de sa cage. Oui, je refusais de la regarder en face et de la laisser prendre part à ma vie. Mais d'un autre côté, je n'avais aucun pouvoir sur elle... En l'ignorant et l'enfermant profondément au fond de moi, je reniais une partie de moi-même et je rendais mes pouvoirs beaucoup trop imprévisibles. Je comprenais la dangerosité de mon renie, de mon acharnement, mais je n'avais nullement besoin de cette tête enflée pour me faire la morale. Le nombre de fois que j'aimerais lui faire ravaler ses foutus conseils et ses maudits reproches! Mais évidemment, comment rivaliser avec un vieux loup de la sorte? J'étais imprudente et baveuse, mais je reconnaissais que contre Ulrik, je n'étais qu'une louveteau.

C'était pour cette raison que je souhaitais mettre un terme à cette mission, le plus tôt possible, car je ne savais jamais si j'allais pouvoir retenir mon dédain aussi longtemps. Je lui tournai le dos, signe d'impolitesse flagrante. Mon acolyte emboîta le pas pour finalement me rejoindre, ce qui ne m'enchanta guère, je devais l'avouer. J'aurais bien aimé qu'il demeure derrière, quelques pas en retrait, afin que je ne puisse plus l'entendre, ni le voir. Mais évidemment, c'était trop demandé. Suite à son commentaire, concernant ma proximité avec la louve, je serrai durement la mâchoire, refoulant cette envie indéniable de lui décocher une droite sur son joli nez. Je l'observai d'un regard noir, incapable de camoufler mon mécontentement. À peine quelques minutes et déjà il me cassait les pieds. Fallait toujours qu'il ramène cet aspect de moi, comme un vieux film qu'on met sur 'repeat' encore et encore. C'était lassant! Je savais très bien me défendre en cas de besoin... Enfin, je parvenais toujours à me sortir du pétrin d'une manière ou d'une autre. Je décidai de ne rien répliquer à sa remarque, ne désirant pas envenimer les choses ou de perpétuer ce sujet qui devenait pratiquement une tradition entre nous. Je détournai le regard afin de scruter les environs qui se montraient plutôt calmes à une heure aussi matinale. Je ne pressentais aucun danger, certes, mais j'avais appris à ne jamais baisser ma garde, même lorsqu'on se croyait en sécurité. « Techniquement... ouais, » murmurais-je d'une voix sarcastique. Je commençais à croire que notre duo était tout simplement maudit, puisqu'à chaque mission ensemble, un pépin se mettait sur notre route. Il s'agissait peut-être d'une simple malchance... Peut-être.

Je devins étrangement silencieuse alors que je traquais les alentours de mes sens surnaturels, à la recherche du moindre indice qui trahirait la présence de magie. D'ailleurs, Ulrik se montra curieux, comme s'il savait... Comme s'il se doutait qu'il ne s'agissait pas de ma première chasse aux sorcières - ou sorciers. J'évitai de croiser son regard, tentant de détendre mes muscles qui s'étaient soudainement crispés. Je portai ma main à mon pendentif qui habillait toujours mon cou et je le fis tourner entre mes doigts. Signe d'inconfort. « Peut-être bien... » répondis-je, vaguement. Je ne pouvais me résigner à lui avouer la vérité. Il me lancerait l'un de ces discours interminables sur l'acceptation de cette malédiction qui m'enchaînait à la lune depuis beaucoup trop longtemps! Oui, j'avais déjà traqué des sorciers... Pas pour les Originaux, mais pour mon propre bénéfice. Il croyait comprendre à quel point je détestais ma nature de lycan? Il n'en avait aucune idée. Il ne savait pas jusqu'où j'étais prête à aller pour m'en débarrasser. « Une fois. On m'a déjà demandé de trouver une certaine sorcière, dans le Bronx. La piste s'avérait fausse, alors les recherches ont été abandonnées. » Mensonge. Il s'agissait d'une histoire montée de toutes pièces. Mais avec les années, j'appris à camoufler bien des choses. J'espérais que mon air impassible et mon ton monotone réussissent à convaincre Ulrik. Car je ne pouvais pas cacher le fait que je savais quoi chercher, quoi sentir... Afin d'appuyer mes dires, je lançai un regard au lycan à mes côtés, haussant les épaules d'un air humble. « Ce n'est pas bien compliqué, suffit de suivre son instinct, » expliquais-je, cette fois avec honnêteté. Car c'était bien ce que je faisais: suivre mon instinct. 

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Plus j'y pensais, plus des souvenirs me revenaient. Ce manège n'était pas étranger, je m'étais déjà retrouvée dans cette position, c'est-à-dire à la recherche de magie qui me mènerait éventuellement vers une sorcière ou un sorcier. Mais au lieu d'être dans le Queens, je me trouvais dans le Bronx... Non, je n'avais pas été totalement mal honnête dans mes mensonges, ce qui représentait probablement une première pour moi. Tant qu'à raconter des bobards, valait mieux le faire jusqu'au bout. Et ma quête avait bel et bien était vaine! J'avais cru sentir quelque chose... J'avais cru me trouver sur une piste, sur un chemin qui me mènerait à ma libération... J'avais mis beaucoup d'efforts, beaucoup d'énergie dans mes recherches, serpentaient tous les coins du Bronx et interrogeant quiconque pouvait me procurer des informations pertinentes. J'avais agi dans la plus grande discrétion, car le moindre faux pas et les Originaux se retrouveraient à mes trousses pour réquisitionner ce qui étaient supposément 'leurs'. Il s'agissait de l'un de leur vouloir le plus désespéré... Les pouvoirs des sorciers étaient au-delà de ce qu'ils pouvaient accomplir et imaginer. Et ça, ça les rendait jaloux, avide de mettre la main sur l'un d'entre eux. Comment réagiraient-ils de savoir que l'une de leur esclave leur fait de la compétition dans leur dos? Le Devil's Path serait ma nouvelle maison. Malgré cette menace qui plane au-dessus de ma tête par mon manque de fidélité, je n'avais toujours pas lâcher prise sur mon désir de me débarrasser de ma nature par la magie. J'avais tout simplement... mis ce projet légèrement de côté. Toutefois, avec cette nouvelle mission, peut-être arriverais-je à trouver mon compte... Qui sait, s'il y avait un sorcier dans les parages, peut-être en avait-il d'autres de terrer.

Je sentais le regard d'Ulrik posé sur ma personne, ignorant s'il s'agissait de la suspicion ou de la surprise. Avait-il gobé mes paroles aussi facilement que je les avait fabriqué? Ou était-il simplement surpris de constater que j'avais une expérience dans le domaine? Peut-être les deux. À ses yeux, j'étais probablement la plus incompétente des louves existantes, une moins que rien. Cette pensée me gonfla d'amertume. Je serrai mon pendentif dans la paume de ma main jusqu'à ce que je sente les bordures métalliques heurter ma main. Et c'est à cet instant que Ulrik m'avoua son inexpérience en matière de magie. Il n'avait jamais vraiment pris le temps de se spécialiser dans la traque aux sorciers. Je l'observais à présent du coin de l'oeil, un air intrigué sur le visage, comme si je découvrais un tout nouveau côté de sa personne. Rick, humble? Il avouait que j'étais meilleure dans un domaine? Soit il se ramollissait, soit il tentait de sympathiser. Non, aucun des deux ne faisaient du sens. Je secouai légèrement la tête alors que la paume de ma main commençait sérieusement à me faire mal par la pression contre le pendentif de mon collier. Je lâchai finalement prise, massant la peau rougis à l'aide de ma main intact. « C'est comme n'importe quoi; suffit d'un peu de pratique, » dis-je avec un brin de scepticisme dans la voix.

Je m'étais inconsciemment remise à scruter les alentours, les sens aux aguets. C'était un réflexe que j'avais appris à acquérir avec le temps, car de toute manière tout habitant de New York n'avait pas le choix de se méfier de tous et chacun si on voulait survivre dans cette jungle. Mon acolyte se montra impatient à mes côtés, m'interrogea sur mon instinct. Je retrouvai l'Ulrik que je connaissais depuis des années et lever brièvement les yeux au ciel. Allait-il vraiment me laisser faire tout le boulot seule? Charmant. « On se calme le poil des... » débutais-je avant d'arrêter subitement ma marche, les sourcils froncés. Sans rien ajouter, j'observai une porte en bois fermée, à quelques pas où nous étions, à notre gauche. Elle n'avait rien d'extraordinaire ou de suspecte, tout ce qui avait de plus naturel en fait. Et malgré tout, je m'approchai d'un pas au départ hésitant, mais qui devint rapidement hâtif. Une fois devant la porte, je levai une main à la hauteur de mes yeux et j'hésitai. Les sourcils rapprochés, je déposai doucement le bout de mes doigts sur le bois, pour ensuite compresser ma paume. C'était subtil, mais c'était là. Aucun doute. Je laissai la magie m'engourdir les doigts, jusqu'à ce que je remarque la présence d'Ulrik à mes côtés. « Donnes moi ta main, » demandais-je. Mais avant qu'il ne puisse répondre à ma demande, je pris son poignet et appuyai doucement sa main contre la porte. Mon visage exprimait alors un mélange d'excitation et d'impatience, comme si je venais de faire la découverte de l'année. « Tu le sens? » m'impatientais-je alors que j'observais attentivement la réaction du lycan. Nous étions peut-être plus chanceux que l'on croyait finalement. 

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Espoir utopique qui fleurissait dans mon esprit alors que nos recherches ne faisaient que débuter. J'avais toujours cette espérance au fond de moi, celle que je parviendrai enfin à mettre la main sur un sorcier capable d'accomplir l'impossible. Pas surprenant que les Originels avaient autant de difficulté à les cerner... Ils étaient malins ceux-là, camouflaient leur magie et leurs dons pour éviter d'attirer les regards affamés de leurs pouvoirs. En y pensant plus longuement, leur existence devait franchement être pénible depuis la révélation des créatures surnaturelles. Ils étaient traqués nuit et jour, surveillés à leur insu, espérés comme personne d'autre. Et que leur arriveraient-ils si jamais les canines ambulantes leur mettaient la main dessus? Ils ne seraient pas mieux que les lycans, de simples esclaves, des toutous bien dociles contraints de suivre les ordres. Cette pensée me faisait grincer des dents. Je ne devrais pas faire de telles réflexions... Je venais presque à prendre les sorciers en pitié, au détriment de mon propre malheur. Abuser de leur pouvoir et de leur nature pouvait me rendre facilement coupable, car, si jamais ils parvenaient à me rendre mon humanité, ce miracle ne passerait pas inaperçu. Et tous seront à mes trousses, tous seront à leurs trousses. Un véritable chaos. Le doute me tenaillait maintenant que mes songes me parasitaient l'esprit. Il fallait secouer toutes ces conséquences potentielles de ma tête, ça m'éloignait de ma tâche première qui consistait tout d'abord à traquer un sorcier dans le Queens.

La magie ne semblait pas attirée Ulrik, alors que toutes créatures de New York se battaient pour en trouver ne serait-ce qu'une parcelle. Que ferait-il si jamais nous mettions la main sur un sorcier ou une sorcière? Si je lui exposais tout ce que ces êtres dotés de pouvoirs inimaginables pouvaient accomplir pour lui? Accepterait-il d'oublier les ordres et de me suivre? Non, je doutais fortement qu'il approuve mes démarches. Il était le soldat parfait, sans aucune tâche à son dossier! Un serviteur, un garde du corps, que tous les Originels s'arrachaient. C'en était même énervant... Là était peut-être la raison de nos nombreux désaccords: je n'étais pas prête à tout faire pour servir les vampires, je vivais trop de nuances et de conflits intérieurs. Marchant toujours côte-à-côte, mon acolyte s'intéressa un peu trop à mes activités de chasse aux sorcières... Ne rien laisser paraître, ne rien laisser paraître. Je portai à nouveau une main à mon cou, mais je brisai le geste avant qu'il n'atteigne mon pendentifs, mimant de chasser un vilain moustique de mon visage. Ça devenait trop évident cette manie de tenir cette croix torsadée à mon cou à chaque fois que la conversation me rendait mal à l'aise. « Une seule fois. Pourquoi? » Je lui retournais une question, curieuse de comprendre ce qui se passait entre ses deux oreilles. Pourquoi s'intéressait-il autant à mes activités passées? Était-ce de la simple curiosité ou se doutait-il que je lui cachais des détails? Enfin, bien sûr que je lui cachais des choses, il ne fallait pas en être surpris! Mais s'il découvrait mon double jeu, j'étais pas mieux que de la chair à pâté aux yeux des Originels qui cherchaient si désespérément ces êtres que je convoitais également.

Et je l'avais senti. Non loin de nous, subtil et clair tout à la fois. C'était un sentiment étrange de percevoir des résidus de magie, comme si on se sentait privilégié, choisi par cette vague électrique. J'étais hésitante, comme j'étais impatiente. Mon coeur palpitait à une vitesse hallucinante dans ma poitrine alors que je confirmais cet instinct que j'avais développé en si peu de temps. C'était une constatation exaltante de voir que je n'étais pas bonne à rien. Que malgré mes réticence envers mes capacités extraordinaires, je parvenais à les utiliser à mon avantage. Oui, j'étais devenue une pauvre gamine excitée devant une nouvelle Poupée qui pleurait lorsqu'elle avait faim. Je ne pus m'empêcher de vouloir partager ce moment avec Ulrik, non par prétention, mais par fébrilité. Je le regardais d'un air impatient, les yeux brillants. Je vis son regard devenir plus sérieux, concentré. Et il approuva. Il sentit les particules magiques voyager jusqu'au bout de ses doigts. J'en jubilais presque de l'intérieur, restant le plus neutre possible de l'extérieur - malgré que mon sourire naissant trahissait ma satisfaction. Sa main quitta le bois de la porte, m'obligeant à briser le contact physique que j'avais créé. Je fixais à présent la porte, là où je sentais la plus grande concentration d'électricité magique alors que Rick tentait de l'ouvrir. Elle semblait verrouillée, nous laissant avec un petit casse-tête à résoudre. Du coin de l'oeil, j'apercevais le lycan me lancer un sourire, le genre de sourire qui présageait un plan quelconque. Il me demanda de m'écarter, car son intention était de faire éclater le verrou. Typiquement masculin en quête d'aventure dans une mission qui demandait discrétion et délicatesse. Je roulai les yeux au ciel alors qu'il reculait de quelques pas. C'est pas vrai, il n'avait pas vraiment l'intention de défoncer la porte? M'éloignant de la porte, m'approchant de Rick, je me retrouvai entre les deux, devenant un obstacle. « Comment alarmé tout le voisinage de notre présence! Et s'il y a quelqu'un derrière? Tu y as pensé? » Je laissai un petit silence planer avant de rouler de nouveau les yeux. « Évidemment pas, » soupirais-je. Je m'éloignai de lui, scrutant les environs à la recherche d'une solution plus discrète, mais tout aussi efficace. « Il y a sûrement un autre moyen... » murmurais-je pour moi-même alors que je m'approchais d'une benne à ordures où j'avais aperçu une barre de fer. On pourrait peut-être faire un effet de levier? Peut-être, oui. 

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Le plus frustrant de côtoyer un lycan plus expérimenté que soit? Tout. Absolument tout! On ne pouvait effectuer le moindre mouvement sans qu'il ne soit perçut, on ne pouvait prétendre quoi que ce soit sans que ça soit interrogé. Enfin peut-être était-ce seulement ma perception de Rick. Je me doutais bien que ma subtilité était défaillante et que chacun de mes mouvements devenaient louches dans ces moments délicats. Pourtant, je réussissais à faire croire ce que je voulais à tout inconnu, je parvenais à camoufler mes secrets les plus sombres, mais certaines choses, principalement celles qui me rendaient nerveuses, trahissaient toujours ma pensée. Et Ulrick n'était certainement pas la meilleure personne à qui se confier concernant mes activités de recherche de sorcières. Il était bien trop à l'écoute des ordres et des règles. J'étais curieuse de sa curiosité, mais sa réponse ne parvint pas à apaiser mes inquiétudes. En guise d'approbation un simple "Mmm" traversa mes lèvres closes. Tout comme le sujet. Le meilleur moyen de ne pas s'enfoncer était de ne pas en parler. J'aurais dû suivre cette ligne de penser dès le départ.

Vous connaissez le cliché gros muscles, pas de cervelle? Eh bien, moi si. C'était un préjugé, mais chaque insulte qui m'apportait apaisement face à mon irritation et mon exaspération était bienvenue. De toute manière, Rick m'offrait cette possibilité sur un plateau d'argent! Défoncer une porte lorsqu'on était dans une mission passive n'était jamais une bonne idée. Je le dissuadai de faire une telle gaffe, faisant plutôt usage de ma cervelle pour trouver une solution à cette porte verrouillée. Face à son petit ton ironique, je tournai la tête en sa direction, lançant un bref sourire hypocrite. Pas la peine de répondre à ses "blagues", ça ne ferait que l'encourager. Je mis finalement la main sur la barre de métal que j'avais vu une seconde plus tôt. Me retournant vers la porte, je fis tourner l'instrument dans ma main, passant juste devant mon acolyte. « L'effet levier, tu connais? » demandais-je avec un petit ton condescendant. Bon, j'en mettais peut-être trop, parce que mon idée n'allait peut-être pas fonctionner au bout du compte. Portant mon attention sur la porte, j'observai le tout, analysant la situation. Sourcils froncés, je vis bien qu'il était impossible d'introduire cette barre dans un interstice. J'optai plutôt pour arracher le verrou. Je plaçai l'outil en position verticale, l'insérant entre la poignée et la porte. Une partie appuyée contre la porte, l'autre contre la poignée, en mettant suffisamment de force, cette dernière devrait s'arracher du bois. Et c'est ce qui arriva. La manoeuvre fit un certain vacarme, mais rien comparer à un défoncement de porte. Satisfaite, j'observai le trou que le retrait de la poignée avait créé. Une simple petite pression de la main et la porte s'ouvrait devant nous. Sourire complaisant sur les lèvres, je jetai un regard à Ulrick. « Tu vois? Ce n'était pas sorcier! » Mon sourire s'étira de plus bel face à ce mauvais jeu de mot.

Maintenant que l'endroit s'ouvrait à nous, je pus sentir une vague magique m'envahir. Si la trace de pouvoir sur la porte était subtile, celle qui provenait de cette pièce sombre ne l'était pas du tout. Sans plus attendre, je m'engouffrai dans cet antre et, grâce à ma vision de louve, je pus constater le fouillis. En fait, il s'agissait plutôt d'un saccagement... Meubles renversés, verres brisés, mur enfoncé. On aurait pu croire qu'une tornade avait ravagé l'endroit! Perplexe, je lançai un regard froncé au lycan qui se posait probablement les mêmes questions que moi. « Je crois qu'on n'est pas les seuls à l'avoir senti... » Je faisais bien entendu référence à la magie dont nous avions été témoins à l'extérieur. Ce chaos laissait définitivement présager une lutte entre... quoi? Un sorcier et un vampire? Je ne pouvais l'affirmer, mes sens ne percevaient rien d'autres que cette magie qui accaparait toute ma concentration. Quelqu'un nous avait-il précédé? Ou s'agissait-il d'une vulgaire mise en scène? 

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On ne pouvait pas dire que j'agissais de manière très respectueuse et très courtoise avec ce cher Rick... Je prenais un certain plaisir à le taquiner, lui lancer des pics quand le moment me le permettait, tout simplement pour observer sa réaction. C'était un vilain jeu auquel je m'apprêtais depuis aussi longtemps que je pouvais me souvenir et aussi désagréable je pouvais être, lui, il demeurait toujours aussi calme. S'en était parfois frustrant. Et ça me poussait à taquiner davantage! J'aimais tout particulièrement saisir toutes les occasions possibles pour lui montrer que je n'étais pas qu'une jeune louve insouciante et incapable de s'accepter telle qu'elle était. Je n'étais pas QUE définie par ma nature et je persévérais pour lui faire comprendre mon point de vu... Sans grand succès, malheureusement.

J'étais parvenue, à mon plus grand bonheur, à déverrouiller la porte "magique" avec ma petite barre de fer et je ne me privai aucunement à le lui mettre sous le nez. Le commentaire d'Ulrik face à mon jeu de mot me fit sourire. Pas un sourire désagréable et faux dont j'avais l'habitude de lui lancer, mais plutôt un sourire complice et amusé. Oui, je pouvais parfois apprécier certains moments de nos missions même si sa présence ne m'apportait pas la plus grande joie du monde! Étonnant, n'est-ce pas? Toutefois, au moment où je remarquai le bordel dans lequel nous nous aventurions, je sentis mon visage se crisper, mes sourcils se froncer. Ce n'était certainement pas le genre de décor auquel je m'attendais en ouvrant la porte! Je partageai une réflexion avec mon acolyte qui renchéri à son tour... Alors qu'il me faisait part de sa vision de la situation, j'avançai un peu plus profondément dans la pièce, histoire de scruter un peu plus les lieux. Une mise en scène? Un sorcier aurait volontairement saccagé ce logement pour le simple désir de fausser les pistes? Son hypothèse me semblait tout à fait logique et j'acquiesçai subtilement de la tête en guise d'approbation, m'enfonçant de plus en plus dans la noirceur. Enfin, elle me semblait plus plausible qu'un agresseur refermant la porte à clé, mais qui laisserait un tel bazar derrière lui. Je ne savais plus à quoi m'en tenir, par où commencer. Ulrik me proposa de fouiller un peu les lieux afin de trouver des indices. Silencieuse, j'avais visiblement l'intention de balayer la pièce au peigne fin afin de découvrir le moindre indices qui confirmeraient ou infirmeraient nos hypothèses. « Oui... Commence par cette pièce, je vais voir l'autre, » proposais-je alors je mettais la main sur la poignée d'une porte. Je cherchai brièvement l'accord du lycan par un simple regard avant de pénétrer dans la pièce voisine.

Un tombeau. L'odeur de la mort envahit mon odorat hypersensible, me faisant tousser, provoquant un haut le coeur insoutenable. Je mis instinctivement une main devant ma bouche et mon nez afin de couvrir l'odeur putride que je n'avais étrangement pas perçu lors de notre arrivée. Je cherchai à tâtons l'interrupteur afin de créer un peu de lumière dans cette noirceur, incapable de distinguer clairement ce qui gisait dans ce qui me semblait la cuisine. Lorsque l'ampoule au plafond s'alluma, je retins difficilement ce sentiment d'horreur qui vint me tordre les entrailles. Mes yeux ronds observèrent le massacre; deux cadavres me regardaient, étendus sur le sol souillé par leur propre sang, tout comme les murs et les armoires. Je me laissai vaciller sur le cadre de porte, baissant le regard. J'étais tout simplement incapable de contempler cette barbarie. « Je crois que notre fouille ne servira à rien... » affirmais-je entre mes doigts serrés contre mes lèvres. Il s'agissait d'une scène monstrueuse, tout simplement inhumaine. J'ignorais s'il s'agissait de deux sorciers, ceux qui avaient imprégnés ces lieux de leur magie, mais une chose était certaine. D'un bref coup d'oeil, j'aperçus clairement des marques de morsures. Je me tournai promptement vers Ulrik, affichant un air incrédule. « Des lycans, Rick! Ce sont des morsures de lycans! » Ça ne faisait aucun sens... Pourquoi des loups souhaiteraient la mort de sorciers? À moins qu'il s'agissait de rebelles... À moins qu'ils tentaient de mettre des bâtons dans les roues des Originels et leur chasse aux sorcières. Des rebelles qui semblaient vouloir empêcher leurs serviteurs de trouver une solution à leur problème de soleil. Les empêcher d'aider nos dictateurs.

The end

sujet terminé et verrouillé.