Appearances Can Be Deceiving [Novalee & Heathcliff]

appearances can be deceiving
❝ YOU'LL NEVER GET A SECOND CHANCE ❞
Des rumeurs surplombaient la grande métropole depuis quelques temps... Des rumeurs qui faisaient froids dans le dos, qui obligeaient à redoubler de vigilance. Déjà que rien n'était sûre dans ces rues et ruelles, rien n'assurait une sécurité afin de pouvoir se promener sans inquiétude ou dormir sur nos deux oreilles. Il y avait toujours cette crainte au fond de soi, cette anticipation qui nous faisait méfier de tous et de toutes. C'était bien dommage de ne croire personne, car ce n'était certainement pas divisé que nous parviendrons à vivre en harmonie. Mais chaque peuple avait sa manière de faire, sa manière d'être. Et je n'étais définitivement pas prête à me serrer les coudes avec d'autres lycans ou autres races souffrant de la dictature vampirique. Je portais beaucoup trop de méfiance envers l'inconnu, c'était insensé de s'attendre à ce que je veuille mourir pour des étrangers! Si les dits rebelles, terrés dans l'ombre, n'attendant que le moment propice pour surgir et dévoiler leurs visages, désiraient mettre leur vie en péril pour le bien de l'humanité... Eh bien, c'était bien leur choix. Toutefois, j'avais que très peu d'espoir sur l'avenir de ce monde, me rendant égoïste et renfermée sur moi-même. Peut-être étais-je trop pessimiste, peut-être voyais-je le monde sous un oeil noir, alors que je devrais au contraire relever mes manches et faire face à mes peurs! Hélas, je n'en avais pas la force, ni le courage. Je n'étais qu'une pauvre louve effrayée, même si je m'acharnais à croire le contraire. Même si je tentais de me faire voir comme une femme pleine d'assurance, qui aimait ce qu'elle faisait, la vie qu'elle menait. Je repoussais tous les gens qui osaient s'approcher et j'en étais consciente. J'avais besoin d'être seule, je ne pouvais me fier sur personne, sauf moi-même. Enfin, c'était la leçon que j'avais appris après que Madelyn ait...

Cet antre était mon repère, ma source de répit, là où je pouvais être moi-même, me sentir à ma place. Je laissais cette douleur m'envahir aussitôt que je franchissais la porte. Je laissais mes cicatrices s'ouvrir, mes souvenirs me hanter. On pourrait croire que c'était pénible et un supplice de passer du temps dans cette pièce unique qui était mon loft, que je souffrais de mes maux. Bien au contraire. Je pouvais tout simplement ressentir tout ce que je terrais au fond de moi, derrière cette carapace de marbre qui s'érigeait aussitôt que je quittais ce lieu. C'était libérateur en un sens. Me souvenir de ma petite perle, ma petite soeur si fragile et si vulnérable... Il y avait une telle chaleur en cette mémoire... Elle avait tout été pour moi, la couvant comme ma propre fille, la chair de ma chair. Elle n'avait rien demandé à ce monde, elle ne souhaitait que vivre auprès de ceux qui l'aimaient. Hélas, eux aussi s'en étaient allés. Et je leur en avais voulu si longtemps d'être parti aussi brusquement. Sans jamais avoir eu d'explication. Aujourd'hui, je pouvais comprendre leur véritable nature - même si j'ignorais de qui me venait ce gène animal - sans pour autant savoir ce qui avait causé leur mort. Au moins, je me consolais en me disant que Madelyn a été épargnée de vivre cette malédiction... Je me haïssais de remercier son départ, car elle avait autant souffert lors de cette journée tragique que si elle avait vécu en tant qu'esclave de la lune.

Ma tête était lourde, grossis par mes souvenirs et mes songes qui bourdonnaient sans cesse. Cette fois, je ne pouvais le supporter. Le sommeil ne venait pas, mes larmes tapissaient mes joues rougies par le désarroi et mon antre était devenu un enfer de tristesse. Fallait que je sorte. Et comme j'avais pris l'habitude, je m'enfermai dans la minuscule salle de bain de mon logement et me coiffai, me maquillai, m'accoutrai de manière presque vulgaire. Assez dénudée pour attirer les regards, mais juste assez pour laisser travailler votre imagination. Ce soir, j'allais rechercher cette chaleur humaine qui me permettait de sentir un moment de plaisir... Un sentiment que je ne pouvais créer que par l'implication d'un autre être vivant. Oui, vivant de préférence. Ironique pour quelqu'un qui désirait être aussi seule, aussi isolée. Je jetai un dernier coup d'oeil au miroir accroché au mur, plaçant mes cheveux châtains que j'avais préalablement bouclés, avant d'aller chercher mon sac à main sous une pile de vêtements. Au passage, j'ouvris le dernier tiroir de la table de chevet et y attrapa un flacon argenté que je glissai dans mon sac. Un petit remontant avant d'atteindre le bar.

J'étais bel et bien consciente de la dangerosité des rues du Bronx une fois le soleil couché, mais qu'est-ce que je pouvais m'en foutre de ma sécurité. Mon accoutrement en témoignait d'ailleurs. J'étais décidée à me bourrer la gueule et à oublier, tout simplement oublier mon passé de merde. Mes escarpins frappaient le bitume avec conviction, l'écho se répercutant sur les murs qui encadraient la ruelle. Dans ce silence presque religieux, on pouvait entendre mes pas des milles à la ronde. Je me croyais bien seule en ces lieux - ou bien je me fichais un peu d'être suivi ou observé -, mais je faisais preuve d'insouciance. Cette ombre était sortie de nul part. Cette ombre s'était glissée à mes côtés si furtivement que même l'air n'avait pas bougé. Aucun bruit, aucune odeur. Et pourtant, il était apparu devant mes yeux ébahis. J'avais été obligé d'arrêter ma marche, effectuant même un pas vers l'arrière, surprise par cette présence inopportune. Mon coeur s'était instantanément affolé, les battements se répercutant dans mes tempes, dans mon cou. D'où sortait ce phénomène? À peine posté devant moi, aussitôt il interpella mon nom. Ça y était, mon attention était définitivement capté. Monsieur Heathcliff Lovecraft. Désirant s'entretenir avec moi pour une raison qui m'échappait. Très bien. Enchanté. Who the fuck are you?

Je pris un moment pour examiner mon interlocuteur, car je devais l'avouer, il n'avait rien d'habituel. Plutôt grand, vêtu d'une longue cape noire, l'air pâle, maquillage, lunettes fumées, large sourire sur les lèvres. Aucun bruit, aucune odeur... Un vampire. Aucun doute, je ne percevais aucune répercussion sur sa poitrine. « C'est Harrow qui t'envoie? » soupçonnais-je. Ce fut mon premier instinct. Harrow. Cet Originel maigrichon et glacial qui avait envoyé ces chiens pour me bousiller l'épaule il y a quelques semaines. J'en avais encore la cicatrice. Je cherchais une raison plausible expliquant la présence de cet étranger qui connaissait mon prénom et qui savait visiblement où je traînais. Je me sentis soudainement inquiète, surtout accoutrée de cette manière. Je croisai les bras devant mon chemisier qui laissait transparaître mes sous-vêtements, dégoûtée qu'un vampire se rince l'oeil sur ma personne.

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