I WILL NEVER FORGET - Ulrick,Sam et Joe.

I WILL NEVER FORGET

L'inconnu tente de la guider. Mais elle est perdue, complètement perdue. Les ruelles grises et rocailleuses sont étrangères, inhabituelles. Ce monde atypique l'embrouille, Johanna perd pied. S'agite, ne cesse de repérer à l'homme qu'elle doit rentrer chez elle. Et dès qu'elle perçoit l'énorme bâtisse conçue d'une pierre lisse, la brune panique, prise de vertige devant la carcasse de béton d'une taille dépassant toute logique. Quelle est ce monstre ! Songe-t-elle avec effroi, tentant tant bien que mal de reculer. Deux mains la poussent avec douceur mais fermeté, tout comme la voix qui tente de l'apaiser. Il n'en est rien, elle refuse d'entrer. Ils veulent la brûler dans les flammes de l'enfer, elle en jurerait !

«  - Non ! Ecoutez, je dois rentrer chez moi ! Gémit Johanna, suppliant l'homme de l'écouter.

Ce dernier insiste, lui assurant qu'il la ramène chez elle. Mais elle ne reconnaît rien ! Dans les couloirs, sa voix suppliante résonne alors qu'elle trébuche maladroitement dans ces maudites chausses trop hautes. Une impression de déjà vu la prend avec violence alors qu'elle distingue les portes closes. Elle n'a pourtant jamais vu cet endroit atypique. Etrange et cauchemardesque. Rien ici ne ressemble à ce quelle connaît.

- Je m’appelle Johanna Price ! Continue la mutante amnésique, agitant les bras devant celui qui semble légèrement perdu. Je viens du Colorado, je vis dans un petit village ! Je suis bergère ! Ecoutez-moi, par tous les dieux ! Je ne reconnais pas cet endroit ! S'énerve-t-elle, se sentant d'humeur plus courageuse cette fois.

La peur laisse place à l'agacement alors qu'ils montent les derniers étages, bifurquant au fond d'un immense couloir similaire à celui de l'étage du dessous.

- Je vous en supplie ! Geint la gamine effarouchée, perdant espoir. Je ne connais pas ces lieux ! Yang m'attend ! Et ces vêtements sont outrageants !

Insensible, son guide frappe à une porte, déterminé et décidé. La brune panique, le regard rendu fou. Ainsi, elle semble plus faible que jamais. Un drôle de portrait que devra affronter sa colocataire, Samantha. Jamais Joe n'avait montré un quelconque signe de faiblesse à la sorcière. Pas la moindre compassion, ni la moindre hésitation. La créature apeurée qui se tient derrière cette porte est bien loin de la version macabre de 2050. Non, la Johanna perdue dans son monde est victime d'un vilain sortilège, et il semble que rien ni personne ne puisse y remédier. La brune attend avec angoisse, ne sachant pas ce qu'elle trouvera derrière cette porte taillée dans un bois qu'elle ne parvient pas à identifier.

- Ils m'attendent … Murmure-t-elle une dernière fois, dernière supplique rapidement balayée par la porte qui s'ouvre, trop brusquement à son goût.

En face d'elle, une jeune femme aux cheveux d'or les fixe. Et, rapidement, elle peut la détailler d'un regard discret, non sans être impolie. La jeune fille remarque alors avec stupeur les traits fins de celle qui se tient devant elle. Quelque chose chez elle met ses sens en alerte, mais quoi ?  Ses deux prunelles bleues semblent amer. Oui, elle est en colère qu'on la dérange c'est certain !

- Vous voyez bien ! S'insurge Johanna. Je ne peux pas vivre ici, c'est parfaitement impossible, si je puis me permettre. Nous dérangeons cette jeune femme. Ces papiers sont faux ! Et ... Je vais avoir le vertige dans cette tour. Accuse-t-elle, terriblement gênée, osant à peine regarder Samantha.

I will never forget

Aujourd’hui, c’était une journée de congé. Samantha voulait se prendre un peu de temps pour elle. Ce matin-là, Joe n’était pas dans l’appartement. Ça ne choquait pas la sorcière plus que ça. Même si elles s’étaient rapprochées depuis quelques semaines parce que la mutante l’entraînait au combat au corps à corps, elles n’étaient pas non plus devenue les meilleures amies du monde. Et, en ce instant, ça lui allait parfaitement d’être toute seule. Elle pouvait se trimballer dans leur appartement miteux juste vêtue d’un pull qui lui tombait sur une épaule et d’un slip. Bon, ce n’était pas non plus comme si la présence de Joe la dérangeait habituellement pour ne pas qu’elle se balade ainsi dans l’appartement, mais c’était mieux quand on n’était seul. Vivre avec Joe, ça lui rappelait un peu l’Angleterre, où elle partageait sa chambre avec d’autres filles. Avec le recul, elle avait l’impression qu’elle avait été dans un couvent… Enfin, presque. Un couvent rempli de sorcières… qui auraient fortement gueulé si elles avaient appris que Sam avait lancé un sort de résurrection… Non, elle n’était plus la même. La magie qui s’était frayé un chemin en elle à l’aide de la vengeance avait maintenant place nette — ou presque — pour s’étendre dans la moindre de ses cellules, la résurrection ayant quelque peu grillé sa magie blanche. Bref. Aujourd’hui, c’était détente, farniente et soins du corps.

Non pas que Samantha se soit laissée aller ses derniers temps, après tout, elle était sortie de nombreuses fois en boîte de nuit pour s’amuser, alors elle n’était pas en mode gorille non plus. Mais se faire quelques masques pour la peau, les cheveux, tout ça, elle devait bien avouer que ça lui était passé au dessus de la tête. Joe n’était pas des plus tendres pendant l’entraînement, et elle en avait encore des bleus ici et là. Bon, il fallait dire qu’elle marquait facilement aussi, hein. Elle avait donc mis la musique — si tant est que l’on puisse encore appeler ça ainsi de nos jours — et s’était fait des petits plaisirs de la vie. Des gâteaux, un bon bain plein de mousse qui sent bon… Ce genre de choses. Elle s’était autorisé une « journée fille ». Non pas que Joe n’était pas une fille… mais bon, bref. Et puis, c’était surtout que la moindre excuse était bonne à prendre pour éviter de penser. Se remplir la tête d’idées futiles, c’était bien. Elle n’avait pas à trop réfléchir sur ce qu’elle devenait. Sur ces tatouages aiguisés qui envahissaient sa peau aussi sûrement que le faisait la magie parasite dans son corps. Elle l’avait expérimentée il n’y a pas si longtemps que ça, quand elle était descendue à Manhattan. La petite sorcière qui pénétrait dans l’antre des loups — des sangsues plutôt — et qui tombait sur un autre sorcier. Douce ironie. Là, la magie qui la rendait plus forte, qui la protégeait mais qui la changeait tout autant avait pris les rênes, bien déterminée à ce que la blondinette ne se fasse pas marcher sur les pieds. Soit.

Elle était en train de danser, un pot de crème glacée dans une main, la cuillère dans l’autre, quand on frappa à la porte. Elle virevolta encore une fois, la cuillère déposa une rasade de glace dans sa bouche. Elle avait troqué son pull contre un débardeur de la même couleur que ses yeux… qu’on ne voyait pas car elle avait décidé de chausser ses lunettes de soleil… Du moins celles qu’elle avait retrouvées au fin fond de son placard sans savoir d’où elles venaient. Sans prendre la peine de baisser le son de ma musique qui fait trembler les murs, Samantha ouvre la porte. Elle avait fait l’erreur de ne pas regarder dans le judas pour savoir qui l’attendait derrière. Et si ça avait été le loup qui lui avait demandé des comptes en échange de sa vie… Mais non. C’était Joe, traînée par un homme auquel la blondinette n’accorda à peine un regard. Elle pose ses prunelles sur Joe, fronce les sourcils. Elle a l’air étrange. Elle tourne alors la tête, alors que Joe baragouine. — Vous voyez bien ! Je ne peux pas vivre ici, c'est parfaitement impossible, si je puis me permettre. Nous dérangeons cette jeune femme. Ces papiers sont faux ! Et ... Je vais avoir le vertige dans cette tour. — Elle hausse un sourcil aux paroles sans sens mais c’est l’homme un peu plus loin qu’elle regarde. Elle lèche sa cuillère aux vestiges glacés. C’est l’homme auquel elle garde toujours un sandwich et une pâtisserie pour son midi. De plus en plus étrange cette histoire. Il avance et elle sent sa colère palpiter aussi bien que s’il était en train de s’enflammer. — Qu'est-ce qu'il se passe ici ? C'est quoi ce bazar, Erzbeth ? Tu vas bien ? — Bon, ainsi, il connaissait Joe. Sous son deuxième prénom, mais peu importe.

Finalement, la sorcière se tourne vers l’autre homme. Elle lui décoche son meilleur sourire, enfonce sa cuillère dans le pot de glace et lui tend. Lui fourre entre les mains plutôt, le forçant à lâcher sa colocataire. Elle tire Joe vers elle, entraînant à sa suite l’homme de la boulangerie. Elle tapote alors l’épaule de l’inconnu. — Merci de me l’avoir ramenée. C’est gentil. — Et lui claqua la porte au nez sans ménagement. Nul doute qu’il allait rester derrière la porte pour demander des comptes, mais, au moins, ça avait eu le mérite de la faire rire intérieurement. Se détournant de la porte fermée, elle fit face à Joe et à… comment il s’appelait déjà ? Rick ? Ou quelque chose comme ça. Les poings sur les hanches, elle les regarda tour à tour, comme une mère cherchant à savoir lequel de ses enfants est le plus fautif dans l’histoire. — Bon, alors, qu’est-ce qu’il s’est passé ? — fit-elle en posant les yeux sur Joe, avant de se tourner vers Rick — ou peu importe son nom. — Et qu’est-ce que vous foutez là, vous ? — Ouais, bon, elle ne bossait pas, elle pouvait se permettre de se montrer grossière.

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Elle aimerait, oui, elle adorerait que quelqu'un accepte enfin de l'écouter. La jeune fille fait grincer ses dents, observant l'homme et la blonde avant d'ouvrir la bouche, rapidement interrompue par un grondement à lui glacer le sang. Inhumain, tranchant et lui rappelant vaguement quelque chose ... Elle est persuadée d'avoir déjà entendu ce son quelque part !
« - Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Tranche une voix sèche dans le dos de l'homme en face d'elle.
Johanna se penche sur le côté, curieuse et inquiète à l'idée de devoir affronter une nouvelle tête. Il est déjà bien difficile d'en convaincre un seul qu'elle n'a rien à faire dans cette tour. Mais c'est un geste fort inutile, car le responsable la dépassant d'une bonne tête se précipite sur elle alors qu'elle recule, écarquillant ses grandes prunelles d'un vert pur.

- C'est quoi ce bazar, Erzbeth ? Tu vas bien ?  Questione-t-il avant de jeter un regard indéchiffrable à l'autre homme.
- Q... Qui est … Commence-t-elle en bégayant, trop concentrée sur ses les battements frénétiques sur le point de faire exploser sa poitrine.

Il semblerait que son corps décide de réagir face à l'homme qui la regarde avec anxiété. Un mélange de surprise, et de … Chaleur, commence alors doucement à la bercer. Au creux de son ventre. Johanna fronce les sourcils, incapable d'en déterminer l'origine avant d'ouvrir la bouche une énième fois.
- Vous …
Mais cette fois, c'est au tour de la blonde de l'interrompre. Et d'une manière des plus familières et grossières qui soit. La tirant vers elle pour l'obliger à entrer dans son cocon atypique, rapidement suivit par le responsable de ses précédentes rougeurs. Dieu du ciel, elle a tellement honte. Oui, elle songe à Louis, seul homme l'ayant toujours attiré. Est-ce mal de ressentir de l'attirance pour plusieurs hommes à la fois ? C'est stupide, elle ne le connaît même pas !  Derrière elle , Samantha dépose l'étrange boite qu'elle tient dans les mains du pauvre homme s'étant dévoué à la ramener ici, avant de lui claquer la porte au nez. Médusée, elle l'observe, réalisant soudain sa tenue légère. Pas de collant, pas de par-dessus, uniquement un minuscule tissus recouvrant à peine son intimité. Elle rougirait presque de honte pour elle. Pourtant, elle n'en fait rien, trop assommée par les derniers événements.  

 - Bon, alors, qu’est-ce qu’il s’est passé ?  Questionne la propriétaire des lieux, avant de s'intéresser à l'homme juste à côté d'elle. Etrangement, Johanna ne parvient pas à s'en éloigner, préférant sa proximité à celle de la blonde. Pourquoi ? Elle l'ignore.

 - Et qu’est-ce que vous foutez là, vous ?  Crache-t-elle sans politesse à 'vous'. Qui est-il, en effet, c'est la question.

- Euh … Commence Joe, levant un doigt pour avoir l'autorisation d'en placer une. Si je puis permettre, vos familiarités me déstabilisent … Suis-je censée vous connaître ?» Demande-t-elle d'une petite voix, faisant aller son regard de l'un à autre. Ses vis-à-vis semblant parfaitement la connaître.

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— Q... Qui est… Vous … — Samantha ne comprenait pas bien ce qu’il se passait, mais Joe devait avoir un sacré problème. Ou elle s’était cognée trop fort la tête contre un mur. Elle n’en savait trop rien. Mais il y avait un truc qui clochait. Néanmoins, la première chose à faire avant de décider quoi que ce soit, c’était d’expulser l’autre. Il n’avait rien à faire là. Le loup, lui… La sorcière devinait qu’il connaissait suffisamment Joe pour être là, pour l’appeler par un prénom que personne n’utilisait habituellement. Il pouvait rester. Et puis, ce n’était pas comme si Joe s’accrochait à lui… En fait, si. Une fois à l’intérieur de l’appartement, c’est mieux. L’autre, même s’il est resté de l’autre côté de la porte, ne pourrait pas entrer. La blondinette s’en assurait. Au pire, s’il voulait récupérer Joe, elle était presque certaine que le loup ne le laisserait pas faire. Sam les regarde tour à tour. Joe pique un fard. Le loup répond à sa question avec un air exaspéré. — J'en sais rien du tout ! — Mais c’est l’autre question qui l’ennuie le plus on dirait. Bon, il fallait bien l’avouer, Sam n’avait pas fait dans la dentelle non plus. Ça la caractérisait de plus en plus. D’une certaine façon, elle devenait farouche et sauvage, comme Joe, juste après qu’elle l’ait ramenée d’entre les morts. — Ce que je fous là ? Vraiment ?! Je suis là parce que l'odeur de Erzbeth en compagnie d'un pauvre humain rentrant ici, c'est pas normal ! Et en plus de ça, quand je la trouve, elle a l'air à côté de ses pompes, ce qui est encore moins normal que tout le reste réuni ! — La sorcière se contente d’hausser un sourcil. Ouais, c’est pas normal. Mais il n’avait pas eu besoin d’être là. Franchement. C’était Sam qui s’occupait de Joe et Joe qui s’occupait de Sam. Ça n’avait été qu’elles deux depuis que la mutante était revenue d’entre les morts. Du moins, c’était ce qu’elle avait cru. — Ça ne me dit toujours pas pourquoi vous avez suivi son odeur jusqu’ici. Je ne connais rien de vos intentions. Pour ce que j’en sais, vous pourriez tout aussi bien vouloir lui arracher la tête d’un coup de dents. — Euh … Si je puis permettre, vos familiarités me déstabilisent … Suis-je censée vous connaître ? — Samantha décroisa les bra et leva les yeux vers le plafond. Pourquoi Diable Joe parlait-elle comme une aristo du Moyen-Âge, hein ?

— C'est vraiment pas normal... Erzbeth tu … Je ne sais pas pourquoi l'humain l'a ramené ici, mais je suppose qu'il y a une raison... Cependant, si la moindre chose lui arrive et que c'est votre faute, ça va mal se passer ! Et tant qu'elle ne sera pas redevenue comme avant, vous m'aurez sur le dos que vous le vouliez ou non ! — MA FAUTE ! MA faute !? Nan mais qu’est-ce qu’on doit pas entendre ! — La sorcière se détourne et prend une profonde inspiration. Elle sent la magie rouge gronder en elle, ne demandant qu’à carboniser le loup. Mais Joe accrochée à lui et l’idée d’avoir l’appart qui sent le chien cramé ne l’enchantent pas tant que ça. — Je ne sais franchement pas ce qu'il t'arrive – et je sais que si tu avais été dans ton état normal tu me rirais au nez – mais je laisserais rien de mal t'arriver. — entend-elle le loup murmurer. Ses tatouages s’étendent, se répandant sur ses bras et le long de ses jambes sans qu’elle ne puisse l’empêcher. — C’était ma foutue journée de congé, et pour une fois, je n’avais pas vampire, lycan ou humain sur le dos. Vous croyez vraiment que j’avais envie d’une Joe amnésique sur les bras ?! — C’était sorti tout seul. Elle n’avait même… Elle n’avait même pas vraiment détecté un quelconque sortilège sur Joe ou quoi que ce soit… Elle n’avait même pas cherché, pas encore, à savoir ce qu’il se passait… Ça lui était venu… comme ça. Comme si sa magie parasite l’avait senti, elle. Ses yeux étaient écarquillés quand elle revint vers le couple. Elle ne s’occupa pas du loup, observant surtout Joe. Elle s’approcha et tendit ses deux mains, ne frôlant qu’à peine la peau de celle-ci. De la magie crépita timidement sous ses doigts. Peu importe qui avait fait ça, mais il avait bien caché son sortilège. Il avait fallu que Samantha s’énerve et que sa magie se projette un peu partout — sans rien brûler, pour une fois, heureusement — pour qu’elle sente une infime partie de ce qui avait été fait.

Elle ne bougea pas pendant ce qui semblait être un long moment, essayant de détecter quel était le sortilège, d’en apprendre plus. Finalement, elle leva les yeux de ses doigts pour les plonger dans les prunelles si similaires aux siennes de la mutante. Elle la fixa sans rien dire avant de se tourner vers le loup. — Je crois que quelqu’un lui a jeté un sort d’amnésie. Ou quelque chose comme ça. Quelqu’un voulait qu’elle oublie quelque chose… mais il n’y a pas été de main morte… Il a du effacer… Beaucoup, beaucoup de sa vie… — Elle s’éloigne soudain des deux autres pour aller chercher le journal de son aïeule, le feuilleter distraitement avant de regarder Ulrick. — Tout ce que je sais sur elle est écrit là-dedans… Ce qui ne fait pas grand chose. Vous, vous en savez plus ? Ou pas ? Ça pourrait sûrement aider… — Elle se détourna du lycan pour se plonger à nouveau dans les pages délicates. — Aider… aider… Comment ? Ça peut-être ?... non. Uhm… — Elle murmurait pour elle-même tout en sautant d’un sortilège à un autre, d’une potion à une autre. — Oui… Connaître… Savoir ce qu’il s’est passé dans les souvenirs oubliés. Ça peut aider. Oui. — Tout en lisant, elle déambulait dans l’appartement, récupérant quelques bougies au passage pour les placer distraitement — mais avec précision — sur le sol, là où il y avait assez de place… là où elle avait ramené Joe d’entre les morts… Elle se figea un instant, le doigt sur une page mais ce n’était pas ça qu’elle regardait, pas à ce qu’il était écrit qu’elle pensait. Et si Joe avait aussi été victime d’un contrecoup du sortilège ? S’il avait retiré les pouvoirs à la sorcière, il pouvait parfaitement bien retirer ses souvenirs à la mutante… Mais pourquoi seulement maintenant ?

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C'est impossible, tout cela va trop loin pour elle. Johanna reprend son souffle, sentant toujours l'homme à côté d'elle . L'odeur qu'il dégage est, inexplicablement, très rassurante. Néanmoins, le visage de la blonde lui semble tout autant familier. Elle sait qu'elle peut lui faire confiance, pourquoi ? Hier encore, elle était avec William ! La brune humecte ses lèvres, sentant une bouffée de chaleur l'envahir alors que le Lycan s'approche d'elle, les traits tendus.

«- C'est vraiment pas normal... Erzbeth tu .. Commence-t-il, avant de se tourner vers Samantha. [color:4251=#teal]Je ne sais pas pourquoi l'humain l'a ramené ici, mais je suppose qu'il y a une raison...

Elle n'est que spectatrice, ses yeux embrassant l'étrange pièce du regard.

- Cependant, si la moindres chose lui arrive et que c'est votre faute, ça va mal se passer ! Et tant qu'elle ne sera pas redevenue comme avant, vous m'aurez sur le dos que vous le vouliez ou non ! Rugit-il.

Johanna ouvre grand les yeux, choquée. Il semble vraiment tenir à … Qui ? Il la confond avec une autre, de toute évidence. L'amnésique tente de le lui dire, en vain. Il s'agite, spéculant et virant presque au rouge, alors que la blonde en fait de même.

- MA FAUTE ! MA faute !? Nan mais qu’est-ce qu’on doit pas entendre ! 

Pourtant, le blond se détourne déjà de Samantha pour s'adresser à Johanna.

- Je ne sais franchement pas ce qu'il t'arrive – et je sais que si tu avais été dans ton état normal tu me rirais au nez – mais je laisserais rien de mal t'arriver.

Ces paroles doivent la rassurer ? Des mots doux de la bouche d'un parfait inconnu, c'est tout ce qu'elle a.

- Mais je ne suis p … Commence-t-elle, fatiguée de se répéter, avant que la jeune femme aux cheveux dorées ne se mette à rugir à son tour contre lui. Johanna craque, s'écartant en luttant contre une envie de fuir. Si elle veut des réponses, c'est ici. La jeune fille le sent.

- C’était ma foutue journée de congé, et pour une fois, je n’avais pas vampire, lycan ou humain sur le dos. Vous croyez vraiment que j’avais envie d’une Joe amnésique sur les bras ?! S'indigne la sorcière.

La brune note alors plusieurs choses, ce surnom peu flatteur dont la blonde l'afflige, et ce mot : Amnésique. Encore un propos fort surréaliste … Johanna la regarde, ébahit, alors qu'elle continue son petit monologue. Elle n'attend que de pouvoir la contredire, et de révéler sa véritable identité.  Et soudain, sans prévenir, elle se dirige vers la mutante amnésique et farouche, tendant ses mains dans sa direction. Imperceptiblement, tous ses muscles se tendent alors qu'elle serre les dents, prunelles rivées sur l'étrange spécimen qui se tient là, toujours dans cette tenue très … Intime. Et là, la jeune Price le sent. Les crépitements dans sa tête, Johanna grimace, retenant son souffle alors qu'elle se retient de repousser son opposante.

- Je crois que quelqu’un lui a jeté un sort d’amnésie. Ou quelque chose comme ça. Quelqu’un voulait qu’elle oublie quelque chose… mais il n’y a pas été de main morte… Il a du effacer… Beaucoup, beaucoup de sa vie…  Explique-t-elle en reculant enfin, avant de se détourner pour aller piocher un petit livre d'une étagère. Enfin un élément qu'elle reconnaissait un tant soit peu. Tout ce que je sais sur elle est écrit là-dedans… Ce qui ne fait pas grand chose. Vous, vous en savez plus ? Ou pas ? Ça pourrait sûrement aider… Marmonne-t-elle en se plongeant dans le livre. Sur elle ? Là-dedans ? La brune tend l'oreille et le cou, tentant d'en distinguer d'avantages. Aider… aider… Comment ? Ça peut-être ?... non. Uhm…  Oui… Connaître… Savoir ce qu’il s’est passé dans les souvenirs oubliés. Ça peut aider. Oui. 

Joe aurait très certainement balancé une remarque sarcastique, en voyant sa colocataire se perdre ses ses songes en parlant toute seule. Mais la mutante n'est pas là. Comme le soupçonne Samantha, elle est effacée, rayée de la carte. Réduite en une carcasse inutile et frivole, ignorant posséder un pouvoir aussi sauvage que celui de soulever des masses titanesques. La brune recule encore, se cognant à l'un des canapés avant de fourrer ses mains dans ses cheveux. Elle veut rentrer. A côté d'elle, la blonde continue son numéro, plaçant des bougies à terre. Sorcellerie. Peur panique. Yang l'a mise en garde contre les sorcières.

- Non, arrêtez … Gémit-t-elle, vous vous trompez, vous me confondez avec quelqu'un d'autre ! Je m’appelle Johanna Price. Ni Joe, ni Erzbeth ! Je viens du Colorado, j'ai à peine quinze ans ! Je vous en supplie …  Implore-t-elle en se laissant glisser par terre. Je veux rentrer chez moi … William, Yang … Ils m'attendent ! Ils sauront que quelque chose ne va pas … » Johanna ajoute dans un souffle, ramenant ses genoux contre elle. Pathétique, Yang serait furieuse contre elle.

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Alors que Samantha est en train de traverser l’appartement dans tous les sens pour déposer des bougies à même le sol et former ainsi une sorte de pentagramme, les deux autres se rapprochent du canapé. Si Joe s’y assoit, Rick, lui, ne fait que s’accroupir devant cette dernière. C’était sûrement mieux. Ainsi, plus bas, pas tout à fait trop proche, il avait moins de risques de l’effrayer ou de l’intimider. Enfin, au final, Sam s’en fichait un peu. Elle tournait les pages mécaniquement, s’arrêtant sur un mot ou un autre avant de passer à la prochaine, récupérant diverses choses à travers la pièce. — Non, arrêtez … vous vous trompez, vous me confondez avec quelqu'un d'autre ! Je m’appelle Johanna Price. Ni Joe, ni Erzbeth ! Je viens du Colorado, j'ai à peine quinze ans ! Je vous en supplie … Je veux rentrer chez moi … William, Yang … Ils m'attendent ! Ils sauront que quelque chose ne va pas … — Sam s’arrête un instant de déambuler pour regarder sa colocataire. Celle qu’elle a ramenée d’entre les morts. Elle cligne des yeux et marmonne — Quinze ans ? Il faudrait peut-être lui mettre un miroir devant la tête… — avant de partir vers sa chambre pour aller chercher d’autres ingrédients. Des plantes à faire bruler, une craie, ce genre de choses. Quant à William et Yang… Elle se souvenait bel et bien d’avoir lu le nom de Yang entre les pages du journal mais c’est tout. Joe ne lui en avait jamais réellement parlé.

Quand elle revient dans la pièce principale, elle entend le loup essayer de rassurer Joe. — Ecoute... Johanna... ça va aller. On va t'aider... tu... tu ne peux pas rentrer chez toi... William… et Yang … — Elle devient bien l’avouer, ça lui faisait bizarre de voir Joe aussi faible et fragile qu’elle l’était à ce moment-même. Elle avait toujours été la plus forte des deux, et pas uniquement physiquement. La sorcière plaça les derniers objets et ingrédients à l’intérieur de son cercle de bougies et traça des motifs compliqués autour. Une fois qu’elle a fini, elle pose sa craie un peu plus loin sur le parquet et pose ses fesses sur le sol. Elle ne s’était pas retrouvée ainsi depuis qu’elle avait lancé le sort pour ramener Joe. Cette fois encore, c’était un peu la même chose. Elle alluma les bougies une à une, dans un ordre qui semblait aléatoire mais qui était pourtant bien précis. Elle fredonnait un air qu’elle seule connaissait vraiment. Elle avait l’air sûre d’elle, assurée, mais au fond, elle craignait que tout ne foire. Elle n’avait récupéré sa magie qu’il y a peu et celle-ci était fortement teintée par celle qui la parasitait. Elle prit une grande inspiration et leva les yeux vers le couple près du canapé. — Il faudrait que vous veniez vous asseoir à l’intérieur du cercle avec moi. — Elle marqua une pause, regarda la Joe qu’elle ne reconnaissait plus et devina la crainte de la magie qui habitait cette personnalité-là. — Ce n’est pas dangereux… C’est juste pour… analyser un peu plus le problème que tu as… Essayer de déterminer comment le sortilège a été lancé par la manière dont il t’affecte… C’est tout… — Son ton se fit un peu piteux quand elle se rendit compte qu’elle ne la rassurait peut-être pas. Elle jeta alors un regard désespéré à Rick, espérant que ce dernier réussirait à convaincre la mutante de venir s’asseoir par terre.

Une fois que les deux autres l’avaient rejointe, Samantha tendit une de ses mains à chacun d’entre eux. — Je vais avoir besoin que vous vous concentriez sur ce que vous connaissez de sa vie. Pour… comprendre… savoir… ce qui lui manque… Je ferais de même de mon côté… — fit-elle à Rick d’un ton qui se voulait assuré. Peut-être allait-elle ainsi découvrir une partie du passé de Joe. Pourquoi tout le monde s’entêtait à l’appeler Erzbeth alors qu’elle n’était que Johanna. Joe. Elle remue un peu sur place et ferme les yeux. — Bien… Allons-y. — Elle expira lentement et se concentra sur cette magie qui scintillait en elle. Cette boule qui se zébrait de plus en plus de rouge, occultant peu à peu le doré. Samantha décida de ne pas penser à cela mais seulement à l’énergie occulte que cette boule abritait, pas à sa nature. Elle respira profondément et tenta d’étendre cette énergie d’abord vers Joe, vers leurs mains jointes, pour tâter le terrain. Elle pourrait lier Rick un peu plus tard. De plus, elle avait un peu peur de la réaction de sa nature lupine avec sa magie. La magie se propagea lentement mais sûrement à travers le corps de Joe, tâtonnant comme une racine aveugle en pousse accélérée. Evidemment, seule Sam pouvait la deviner, la voir, bien que Joe et sûrement Rick puissent la sentir. La magie remonta jusqu’au cerveau de Joe et entreprit de l’explorer. Samantha recevait les informations, un peu comme un ordinateur, sauf que là, ce n’était pas du binaire, c’était « simplement » un langage magique, une association d’émotions, de sentiments, d’impressions…

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Il approche. Le grand brun aux yeux émeraudes ne cesse de se rapprocher, lui donnant l'impression … D'être comme un fidèle compagnon. La pensée étrange la fait culpabiliser. Ce n'est pas très gentil, surtout s'il tente désespérément de l'aider ! Elle ignore la remarque de la blonde à côté d'elle, ne voyant tout bonnement pas l'intérêt d'observer son reflet dans un miroir. Ce n'est ni le moment, ni le lieux.

« - Ecoute... Johanna... ça va aller. On va t'aider... tu... tu ne peux pas rentrer chez toi... William, et Yang … 
Explique l'étranger dans un soupire.

La brune aux yeux injectés relève ses prunelles paniquées vers lui, sentant les larmes briser de nouveau ses faibles remparts.

- Qu-quoi ? Mais … P-Pourquoi ! Gémit-t-elle, d'une voix blanche et affolée.

Et il semble hésitant, ses lèvres pleines se pinçant d'une manière qui lui semble étrangement familière. Et s'ils disaient vrai ? … Et s'ils la connaissaient réellement ?

- Il faudrait que vous veniez vous asseoir à l’intérieur du cercle avec moi. Interrompt la voix légère de la sorcière.

Et à l'amnésique de tiquer, lui jetant un regard paniqué. La magie ? C'est l'engeance du mal. Tout comme les vampires, et toutes les autres créatures présente sur cette terre. Lorsqu'elle repense au mal que tout cela provoque, a tout ce que cela lui coûté ...  Johanna a perdu une famille, et voilà qu'on lui rétorque qu'elle ne pourra jamais retrouver l'autre ?!

- Ce n’est pas dangereux… C’est juste pour… analyser un peu plus le problème que tu as… Essayer de déterminer comment le sortilège a été lancé par la manière dont il t’affecte… C’est tout… Explique piteusement Samantha, sans réellement l'atteindre.

- Oh, bien-sûr ! Ricane-t-elle nerveusement, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouverai avec des cornes sur la tête et LA PEAU EN ECAILLE !

As-tu réellement le choix, Johanna Price ?! Mugit une petite voix dans son crâne. Non, elle n'en a pas.

- Je n'ai cependant … Respiration saccadée. Rien de mieux à faire. De ce fait … Soit … Bien. Elle se perd dans ses propres paroles, jaugeant le cercle, l'homme et la sorcière d'un air contrit. La brune se lève maladroitement, moue angoissée sur le visage. Elle fait quelques pirouettes avant de rejoindre le cercle, poings serrés, reculant et avançant avant de leur tourner le dos en fermant les yeux avant de les rejoindre, mains tremblantes. C'est lorsque la blonde lui tend une main qu'elle manque de s'évanouir. Cette fois, Johanna est bonne pour le bûché. Mais la petite voix, sorte d'alter égo féroce, lui ordonne d'attraper la main de Samantha et d'Ulrick.

-Je vais avoir besoin que vous vous concentriez sur ce que vous connaissez de sa vie. Pour… comprendre… savoir… ce qui lui manque… Je ferais de même de mon côté… 

Etant donné que ces paroles ne lui sont visiblement pas adressées, elle en profite pour froncer les sourcils. Est-ce qu'il est question de briser son intimité ? ...

- Bien… Allons-y. Dit-elle, paupières closes.

Supposant qu'elle doit l’imiter, l'ex-vampire amnésique en fait de même, pinçant les lèvres et se retenant de partir à toutes jambes.


Et elle attend.

Rien ne se passe pendant  un moment qui lui semble interminable, et la brune s'apprête à capituler pour clamer haut et fort qu'elle détenait la vérité, pas eux. Puis le sort transperça sa frêle carcasse de plein de fouet, avant que la créature à la peau d’albâtre n'ouvre ses prunelles en grand. Une force rejetant sa tête en arrière, avalant l'air autour d'elle. Toute l'oxygène de la pièce semble passer dans ses poumons, étouffant Joe alors que le sortilège l’assaille. Elle se revoit, ce jour-là. Dans les pleines du Colorado, avec William. Le feu de camp, les rires, les confidences.Un moment de pure insouciance. Un souvenir délicieux, dévastateur. Les larmes coulent d'elle-même sur ses joues. La douleur est puissante, son corps se distord et ses mains serrent un peu plus fort celles de ses vis-à-vis. Un râle s'échappe de sa gorge, et toute sa vie défile devant ses yeux blanchies. Plus rien n'est visible, Joe oublie ce qui l'entoure. Elle oublie Sam, et Rick. Elle ne fait que revoir chaque minute, chaque seconde. Sa déchéance, sa folie meurtrière, ses courses, ses quêtes de savoir, ses victimes. Tout, jusqu'à la dernière goûte. Et lorsque le calvaire s'achève, sa tête s’abat en avant, dans un mouvement si brusque que son cou résiste uniquement par un pur miracle. La mutante expire et inspire, yeux écarquillés alors qu'elle lâche brutalement les deux autres, accrochant ses ongles dans le sol en lâchant un cri bestiale.

Et de lentement relever ses prunelles, cheveux emmêlés, barrant son regard fou et méfiant. Chaque souvenirs et bien là, pourtant, il semblerait qu'une infime partie reste bloquée dans un coin de sa caboche. Le dénie. La mutante se redresse, passant sa langue sur ses lèvres avant de jauger les deux êtres qui se tiennent là. Dans ce cercle. Elle ne reconnaît toujours pas la blonde, mais en revanche …

- Ulrick … Crache-t-elle d'une voix tranchante. Peux-tu m'expliquer ? »

D'un ton froid et sans appel. Du Erzbeth tout craché.

I WILL NEVER FORGET

Elle grince des dents, plongée dans cette fixette. Elle observe la blonde, puis Ulrick. L'énervement commence déjà à germer dans son thorax sous forme de grondements sourds. Elle ne sait pas ce qu'elle fait là, ne comprend pas ce qui lui arrive. Et Erzbeth déteste ça. Ce qui échappe au contrôle de cette maniaque psychotique est intolérable. Les souvenirs s'embrasent dans son crâne, et pourtant, elle sent un vide en elle, un troue béant et insoutenable. Naissant avec une envie plus soutenue de sang et de massacre. La tri-centenaire aux pulsions sadiques pourlèche ses babines pincées, fixant le lycan d'un œil noir. Moue mauvaise sur sa bouille pale.

« -  Erzbeth... De quoi est-ce que tu te souviens .. ? Il manque encore une partie de tes souvenirs... Normalement Erzbeth est morte.. Mais tu as été ramenée à la vie... bien vivante.. Bave le lycan à côté d'elle.

'Bien vivante' ? La mutante, persuadée d'être la vampire du passé lâche un rire sourd et mauvais, tête en arrière, avant de le fixer à nouveau tout en serrant les dents :

- Ne te fous pas de moi !

Pourtant, elle le sent. Il bat … Son cœur bat, rapidement même. Il n'est plus cette pierre qui l'aide à être parfaitement insensible. Il est l'image d'un livre. Il appui son ressenti, plus fort, plus brutal.  Elle sent le regard … Inquiet ? Du Lycan.

- Quoi ? Qu'est-ce t'as à me fixer comme ça ? Crache la brune, avant de se détourner vers la blonde. Elle voit sa panique, mais ne ressent rien. La peur n'est pas là, pas d'odeur. RIEN. Et en échos à ses pensées, la jeune femme qui recule lâche avec panique :

- Qu’est-ce que j’ai fait…  Parfaitement … Inaudible. À peine un murmure gerbé par ses lèvres roses et tremblantes.
- Exactement … Qu'est-ce que tu m'as fait ? HEIN ? » Hurle Erzbeth, hors d'elle.

Et ça grimpe, la colère sourde. Montrée sur un ressort elle se lève brusquement, prête à bondir vers la sorcière. Elle HAIT la magie. Cette saloperie est un virus à éradiquer. Une abomination. L'une des rares choses qui lui a toujours fait peur, parce que, voilà ce qui arrive avec la magie. L'illusion terrible lui donne l’impression d'être de nouveau humaine et elle déteste ça. Alors, bras en avant, elle agite ses membres, écarte ses doigts, prête à attraper la blonde par le cou pour éteindre sa misérable petite vie. Repoussant inconsciemment une protestation muette au fond de son esprit.  

I WILL NEVER FORGET

C'est une merde sans nom. Voilà ce que c'est. Et la mutante amnésique compte bien étriper cette satanée sorcière ! Mais avant même qu'elle n'est le temps d'agir, ou de réagir, Rick bondit. Elle ne s'y attend pas, pas venant de lui. Le loup n'a jamais désobéi aux ordres de la vampire, n'a jamais dérogé aux règles, ni contredis ou contrarié ses plans. Et pourtant, le voilà qui l'attrape avec force, chopant ses poignets tout en la plaquant contre le mur. D'abord surprise, Erzbeth cligne des yeux, avant de se reprendre et de hurler comme une démente possédée.

« - ULRICK ! Je t'ordonne de me lâcher !

Pointe de panique. Elle ne parvient pas à se défaire de son étreinte. C'est anormal, étrange, du jamais vu. L'être tri-centenaires à toujours été plus puissante que lui ! Pire encore, elle jurerait que sa poitrine bondit contre celle de Rick. Les palpitations, elle les sent.

- Qu'est-ce qu'elle m'a fait ! Hurle la brune en s'agitant, trop perdue pour être en mesure de se dégager dans les règles de l'art. Un bon coup de boule ou un coup de genoux dans l'entre-jambes. Voilà ce qu'elle aurait fait. Mais c'est autre chose qui la dérange. L’insubordination d'Ulrick. Les palpitations dans sa cage thoracique et la fine goûte de sueur perlant le long de sa nuque. Les mots du loup traversent une oreille pour sortir par l'autre, tandis qu'elle tente en vain de rassembler ses idées. Ce qu'il prétend est absurde.

- Tu m'as trahis. Gronde-t-elle en le foudroyant d'un regard émeraude. Tu t'es associé à cette sorcière pour me jouer un tour ! POURQUOI ? Tu pensais me domestiquer ? Moi ?

Pour une raison qui lui échappe, la proximité du Lycan la déstabilise. La chaleur de son propre corps encore plus. Les veines palpitantes, l'émotion et le contacte du lycan lui fouettent le sang autant qu'ils la répugnent. Ce n'est pas normal. Rien n'est normal. Pire encore, les traits de la sorcière lui semblent familiers, tout comme l'appartement. Ou l'odeur … Ou pire encore, le souffle chaud d'Ulrick sur ses lèvres alors qu'il s'acharne à la bloquer d'une poigne de fer. Ou l'absence d'odeurs … Peut-être. Pas d'odeurs de sang, pas de cœur qui bat, pas de poussières qui volent devant ses rétines hypersensibles. Rien n'est comme avant. Quelque cloque et l'ex-vampire en plein déni commence à paniquer, à regarder autour d'elle. Son cœur bat … Ce n'est pas celui de Rick qu'elle sent contre sa poitrine, mais bien le sien. Les deux battent à l'unisson.

- Non … Articule-t-elle en agitant la tête. Réalisant que ses cheveux bruns lui tombent jusqu'aux épaules. Hier, ils arrivaient à peine à son cou. Du moins, dans sa caboche. Elle déglutit alors, jetant un regard à la blonde blottie derrière le cercle. Qu'est-ce qu'elle m'a fait … »

C'est à peine un murmure dans l'ombre projetée par le Lycan.

I WILL NEVER FORGET

Prise de pulsions sanglantes. Elle veut mordre, griffer, lacérer et mutiler. Tout à la fois. Mais le loup semble bien décidé à la retenir. Le choc passe doucement, s'infiltrant dans ses veines, et parcourant doucement le chemin jusqu'à sa caboche. Son regard halluciné se pose doucement sur la sorcière. Son souffle sur sa nuque, la créature lâche un frémissement involontaire, trahissant un émoi étrange. Ce corps réagit de façon excessive à la proximité du Lycan. Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? L'amnésique retient un feulement rageur, tordant ses poignets douloureux sous la pression des pattes de l'homme loup. Lui dément ses accusations. Elle se contente simplement d'afficher une moue méprisante.

« - Est-ce que tu peux terminer le sort en le reprenant là où ça s'est arrêté ? Il demande à la sorcière, lui tournant simplement la tête. Oui, la tête. Car la poitrine musclée d'Ulrick est toujours plaquée contre la sienne. Mais il va la lâcher, bordel !

Pourtant, Joe peut le faire. Sa force étant équivalente à la sienne. Alors pourquoi n'agit-elle pas ? C'est une trahison envers elle-même, que d'abdiquer aussi faiblement. Y a un truc au fond de son bourrichon. Ca gratte, ça titille. Avec opiniâtreté. Une putain de conscience perfide, un poison qui coule dans ses veines. Et une petite voix dans sa tête qui supplie. L'ex-vampire gesticule, pivotant le menton pour aviser l'appartement bordélique. Et ses prunelles émeraudes entraperçoivent alors un coupon décharné. Un bout de papier affichant le portrait d'X personnes dont elle se fout pleinement. Puis une date. Soudain plus sage, elle en oublie la poigne de Solberg, se dévissant l'encolure pour mieux cerner les chiffres presque effacés. 2050 ? Hein ?

- Qu'est-ce que … Elle commence, sincèrement troublée.

Mais un nouveau mouvement la rappel à l'ordre, et l'homme ajoute à son intention :

- Même si je dois attacher tes mains à celles de Samantha, je le ferais sans hésiter si ça peut permettre que la Joe de la bonne époque – cette époque – revienne.

Ah.

- Qu'est-ce que t'attends alors ? Qu'elle crache, sourire lubrique sur ses lippes tordues. Provoquante et effrontée, comme toujours. Je te savais pervers, mais pas à ce point ...

Dans le fond de la pièce, la silhouette avachie d'une sorcière prête à vomir toutes ses tripes marmonne.

- Je-je crois…

Ca a le don de l'agacer.

- T'entends ça, Ulrick ? Elle croit. Répète la mutante, mauvaise.

Sarcastique, est sûrement pas dupe. Mais la date. 2050. On n'oublie pas dix années comme ça. Et dans le doute, Joe s'abstient de tout commentaire, décidant que c'en est trop.

- Lâche-moi ! Répète-t-elle encore, le poussant brusquement d'un coup d'épaules. Et le tout en le gratifiant d'un coup de cheville dans les côtes, pivotant habilement sur le côté pour se dégager de sa prise. C'est qu'il a une sacrée poigne, le salopard ! Et se retenant de frotter ses os, ses guibolles s'agitent et l'une de ses mains chope le journal, reculant d'un bond du lycan pour approcher de la sorcière.

- J'accepte uniquement à cause de ça ! Prévient Johanna, la voix doucereuse et trop calme, en pointant la date du bout des doigts. Alors fais vite, avant que je ne change d'avis et que je ne fasse de ta carcasse un composte organique. »