"Vous avez : un, nouveau message. Pv Alone.

i love you, more than anything, you're my life, my desire, my reason

Dans l'obscurité, la syphilde pâle scrutait avec emphase les quelques rayons de soleil traversant à peine la fellure des rideaux. Un message, un seul, tournait encore et encore et résonnait douloureusement à ses oreilles.



BRONX.
02 Avril 2051.
Appartement d'Ulrick Solberg.

Vous avez : un, nouveau message. Annonce la voix mécanique et féminine de la boite vocale.
“… Ulrick ? … Ca va faire trois fois que je t'appelle. Cracha la voix agacée de Johanna Wolfgang dans le haut-parleur. Ses intonations légèrement distordues dans l'engin bas de game. Je te jure que la prochaine fois, je vais défoncer la porte ! … *Soupire* Si tu veux pas appeller, viens à l'appartement. Tu sais, celui juste en-dessous de tes pieds ! * CLAC *  

08 Avril 2051
12:00.
Vous avez : deux, nouveaux messages.
“ Tu te crois drôle, Solberg ?”
13:00.
“ Ton cadeau, tu peux te le garder ! ”


20 Avril 2051
23:00
Vous avez : un, nouveau message.
“ … Heyy, SSSOOLBEEERG. Ssssss. Ssssoo … C'est un nom vraiment bizarre, tu l'sais ça ? Hun ! Bave la voix enrayée et hasardeuse de la jeune femme, visiblement complètement ivre.  Tu sais quoi ? … J'aai … Jjjj'ai bu huit verts de ce truc que tu m'as ramené un jour, là, gleeaaamachin truc. J'arrive plus à lire l'étiquette. Hehehahahaha. *Hips* … J'ai pas de culotte. Tu sais pas ce que tu perds, oh …. Pardon. Si, tu le sais !”


8 Mai 2021
Vous avez : un, nouveau message.
“ J'ai jamais été du genre à faire ces conneries, tu le sais très bien. Trancha la voix de nouveau clair et limpide de la mutante. Mais là, y a un truc que tu vas devoir m'expliquer, Rick. Qu'est-ce tu branles, bordel ? Ca fait plus d'un mois. Si tu cherches à te vanger, très bien. J'ai sûrement encore deux mois devant moi. Merci de m'avoir prévenu à l'avance, mais c'est vraiment très bas ! … *Enième soupire, bruits incertains et claque qui porte* Rick … Rappelle-moi, je commence à vraiment m'inquiéter.

...


Tu m'avais promis … Grince la voix pour une fois inquiète de Joe. Le masque tombe, l'angoisse monte.  

Et de nouveau, le silence tombe dans l'appartement vide.
Rongé par la poussière et l'absence.

« Tu cesseras de craindre en cessant d'espérer.»

Bronx.
7 Mai 2051.
Appartement de Johanna Wolfgang.
02:00.

Ténèbres. Le sommeil ne vient pas. La rejette. La nouvellement blonde scrute le plafond de l'appartement, gagnée par cette solitude écrasante. Samantha est finalement partie pour Londres. Loin de New-York, loin d'elle, loin d'eux. Et depuis un mois, Ulrick semble comme volatilisé. C'est un mystère qui la ronge, un comportement qui ne ressemble pourtant pas à Ulrick. Un énième soupire s'échappe alors de ses narines dilatées, tandis que ses yeux tantôt émeraudes, tantôt azurs, comptent encore et encore les imperfections du plafond de l'appartement. L'envie de quitter ce nid à rats lui a effleuré l'esprit à de nombreuses reprises, et pourtant, Joe ne peut pas le faire. Non. Pas tant qu'il y a Ulrick. Déménager et vivre avec lui ? C'est une option étrange, qui provoque quelques sensations contradictoires au creux de son estomac.  Envie, fébrilité. Peur.

Et si Erzbeth refuse de la laisser en paix ?

Et faut-il encore qu'elle le retrouve.  
S'il n'a pas simplement décidé de prendre la fuite.
Comme lui.  

Douloureusement, la mutante clos ses paupières lourdes. La fatigue la submerge, mais Morphée ne veut pas de sa pauvre carcasse frigorifiée. Mollement, elle s'agite, tourne son corps de gauche à droite, pour finalement capituler et se lever. Cette nuit, elle ne dormira pas. Encore une fois. Dehors, quelques bruits de circulation percent les murs, lui rappelant que la vie bat son plein, malgré la pseudo apocalypse. Malgré la montée en puissance des Originaux. L'humain continue, toujours. En trois siècles, l'ex-vampire a bien retenu la leçon, pour finalement appliquer la même rengaine. Seulement en débardeur et en culotte, la syphilde à la chevelure teintée d'or agite ses guibolles, soupirant et grimaçant. Les cicatrices de son abdomen ont bien du mal à s'apaiser et à lui laisser un peut de répits. Deux mois plus tôt, une petite crapule et sa bande avaient tenté de la violer sans se douter du fléau qu'elle pouvait bien représenter. Le dernier survivant du trio d'ordures lui avait asséné un coup de grâce, une lame en plein ventre. Une semaine plus tôt, c'était une balle qui avait manqué d'en finir avec elle. Réouvrant l'ancienne plaie, pour l'abbatre davantage. Et tout ça pour, elle ignore encore pourquoi, sauver la peau de Salem O'malley. . Un lycan revêche, rebelle et aussi peu recommandé qu'elle-même. Deux enfants des bas fonds et de la misère. A quelques siècles près.  

C'était sa petite amie, qui avait réparé les dégâts. Novalee. Une blonde à l'air grâcile et angélique, qui semblait prête à se fissurer sous la poigne brute du grand blond. C'était aussi elle, qui lui avait pensé le tronc et saucissonné sévèrement la chair pour l'empêcher de se vider de son hémoglobine. Mais maintenant, elle a autre chose en tête. Autre chose que ce drôle de groupe qui, sans qu'elle puisse le soupçonner, deviendrait alors une nouvelle famille. Elle a plus urgent, pour le moment. Perchée au milieu de la pièce, Johanna se faufila comme une ombre jusqu'à la fenêtre en plexiglass du salon - De quoi patienter avant de récupérer du verre à double vitrages, pour réparer une énième crise de colère incongrue -  pour aviser les nombreuses lumières qui serpentent dans le quartier morbide. En bas de l'immeuble, au pied du géant de béton, un groupe de petites racailles qui trafiquent. C'est là, que quelque chose se brise dans sa cervelle. Les petits dealers savent pourtant qu'un flic rôde dans le coin en parmanence pour retouvrer les quatre murs de son appartement minuscule. Mais à en juger par leurs postures légères, et par l'un des idiots qui semblent tenir le mur dans son dos comme s'il menaçait de s'effondrer, ils sont bien pépères. Trop sereins pour que ça n'alerte pas la mutante.

Il est arrivé quelque chose à Ulrick.

Cette constatation ramène brusquement la mutante à la réalité, et c'est dans la précipitation qu'elle enfile un pull à col roulé et un jean cintré, armant un Glock 22 contenant encore quatre balles dans sa cartouche pour le glisser dans son dos. Le pull rabattut sur l'arme qui ne la quitte plus depuis des jours, Johanna se précipite à l'étage inférieur dans le but de vérifier par elle-même l'état de l'appartement du responsable de ses tourments.

« Promenons-nous, dans les bois ... »

Bronx.
7 Mai 2051.
Appartement d'Ulrick Solberg.

2:25.

Toc toc toc.
Loup y es-tu ?

loup, m'entends-tu ? …

Tu m'entends, Ulrick ? C'est moi. Joe. Je suis là. Ouvre, s'il-te-plaît. Je sais que tu n'es plus venu depuis longtemps, je le sens. Je le perçois. Je n'entends plus tes pas lourds sous mes pieds. Où es-tu ? Mon lupin. Où es-tu … Je ne sens plus que la cendre d'ici. Je ne sens que l'absence. Tu m'humanises. Tu me changes. Ne pars pas, jamais. Tu m'avais promis.

Lumière. A l'inverse de son propre appartement, celui d'Ulrick baigne dans l'aura d'une lampe artificielle. Et ce qu'elle voit, sous ce jour fade, lui glace le sang.

Rien …
Absolument rien !

L'endroit respire l'odeur rance d'une poussière imposante. De fines pellicules tapissent les sols, les murs et les objets entassés ici et là. On voit clairement que, dans la précipitation, Ulrick est allé vaguer à ses affaires en comptant bien revenir. Claquant la porte derrière elle, la blonde fronce les sourcils dans un geste d'incompréhension totale. Pourquoi diable n'est-il pas revenu ? A t-il projeté un départ précipité, imprévu ? Rapidement, ses pas foulent le sol, frappant le parquet et laissant une traînée sur son sillage. Il est clair que personne n'a mis les pieds ici. A part une ou deux souris, si on croit les petites traces de griffes filant droit d'un meuble à un autre. Bizarre, ces bestioles sentent le danger, pourtant, comme les racailles qui soutiennent le mur un peu plus bas. Peu rassurée, Johanna agrippe son Glock, retirant le cran de sécurité et empoignant le manche à deux mains. A bout de bras, l'arme ballotte et attend de gerber sa cartouche mortelle. La mutante, rapidement prise par ses vieux réflexes pointe l'artefact mortel droit devant elle, mettant en joue ses démons invisibles.  

Pas un bruit dans l'espace.

Même pas une mouche qui bourdonne. Un silence qui frappe dans sa cervelle, qui massacre ses tympans. Ca siffle. Lèvres pincées, elle agite rapidement sa silhouette diaphane, poussant la porte d'un coup d'épaule gauche pour … Voir une chambre dans le même état que le salon. Vide et poussiéreuse. Tel un sanctuaire inviolé depuis des jours et des jours. Nouveau soupire, et Wolfgang se redresse, abandonnant sa posture défensive pour avancer rapidement vers les étagères. Les ouvrant une à une, elle constate rapidement qu'il n'a emporté aucunes affaires avec lui.  

De plus en plus bizarre.
De plus en plus angoissant.
De moins en moins bon signe.  

Sans qu'elle ne le contrôle, ses jambes la lâchent, et ses fesses s'écrasent sur le lit. Le mouvement crache une flopée de poussières qui a le don de la faire tousser un moment, avant qu'elle rouvre ses azures troublent.

Et si …

Non. Ne pas y penser, jamais. Cette option là est improbable.
Ulrick est quelque part, sur une affaire périlleuse.  

Sûrement a t-il trouvé des armes et des affaires sur son chemin. Cet homme peut ne partir de rien, et tout recommencer. Il a ça dans le sang. Un combattant hors pairs, un homme de main consciencieux, se cachant sous ses airs abruptes. C'est donc avec la certitude de ne pas être espionnée, que personne ne saura jamais à quel point elle estelle aussi capable de se laisser à un débordement de ce qu'elle nomme à tord des 'niaiseries navrantes', qu'elle s'écroule dans les draps avant d'attraper un T-shirt laissé à l'abandon pour respirer son odeur. Avec une unique promesse.

Quoi qu'il arrive, elle le retrouvera.