GROUPE 5 ► Freaky like us - Seconde partie de l'intrigue

Freaky like us

ONE BY ONE. HOLLOW HEROES SEPARATE. AS THEY RUN. YOU'RE SO COLD. KEEP YOUR HAND IN MINE. WISE MEN WONDER WHILE STRONG MEN DIE.

   

« T'arrives un peu tard, mon pote ! Ils viennent d'élire Miss et Mister Salem » Et merde ! Je venais de rater l'occasion d'éblouir ces jolies demoiselles de mon charisme et de donner à je ne sais quel représentant du sexe masculin l'immense privilège d'avoir été élu à ma place. Cruelle déception, de paire avec celle que m'inspirait la non-vision de la vieille Catherine, dont je ne pourrais pas compter les rides de son visage décrépi en toute quiétude, comme je l'avais prévu. C'était la faute à cette maudite invitation qui s'était perdue dans le merdier total du taudis dans lequel je vivais. J'avais tenté vainement de la rechercher, mettant ma sueur et mon corps dans ces recherches aux conditions particulièrement difficiles qui ont duré .... à peu près vingt-secondes. J'avoue m'être dis qu'en bons maîtres despotiques et arrogants, ils devaient avoir invité toute la ville, que ce serait repérable. Et qu'en tant que mec particulièrement intelligent, je saurais rejoindre la foule en délire sans les indications précieuses de l'invitation. C'est à peu près ce qui s'est passé, mis à part les quelques détours effectués pour admirer un paysage particulièrement élégant par son architect... ouais, j'me suis légèrement perdu, en fait. Trop d'immeubles, trop d'lumières. J'ai tourné à droite, à gauche, puis y'avait un truc intéressant tout droit alors j'ai avancé. Bref, le fait est que je suis arrivé en retard. Un coup d’œil rapide sur les élus qui se trouvaient sur scène ; une rousse dont les cheveux étaient de la même couleur que le visage et un mec coincé dans son costard à l'air beaucoup trop sérieux. Pas fun, tout ça. Vous remarquerez que je m'efforce de m'adapter au langage d'aujourd'hui, ce qui n'est pas chose facile compte tenu de l'invention de mots loufoques par d'illustres inconnus qui baignent avec flegme dans une déchéance neurologique avancée. On fait avec son temps, comme on dit.

Après ce court moment d'auto-apitoiement, mon regard glissa sur un verre que tenait une blondasse aux courbes généreuses. Avec un sourire malicieux, je lui ôtais des mains pour en boire une longue gorgée, juste avant de m'éloigner avec. Quoi ? Vous ne pensiez quand même pas que j'aurais l'indécence de lui donner une coupe contenant l'ADN maléfique d'un vampire comme moi ? Non, je suis bien trop prévenant pour ça. Inutile qu'elle salisse ses lèvres outrageusement maquillées. Comment on dit déjà ? Comme une voiture vol... What ? C'est bien moi où le monde tourne trop vite autour de ma petite personne ? Je jette un œil dans le contenu de la coupe histoire de vérifier si quelqu'un n'y aurait pas versé de substances illicites. Normal d'apparence. Je vole à l'autre bout de la pièce, bousculé dans tous les sens par des abrutis paniqués. Faut croire que non, l'alcool n'y est pour rien. Tout compte fait, y'aurait bien une odeur de sang qui traîne dans l'air, relents délicieusement attractifs qui m'ouvrent l'appétit. Mon regard traîne sur un cadavre mutilé au sol. Je le fais ? Je le fais pas ? Soyons fous. Je traîne ma carcasse jusqu'au corps dénué de vie et m'accroupis à ses côtés en saisissant le col ensanglanté. « Wouh, t'es dans un sale état, toi.» Je le soulève à ma portée, et laisse mes canines déchirer la chair de son cou déjà bien abîmé pour laisser couler le liquide carmin avec délice le long de ma gorge desséchée. Ne dites rien, je sais. Je suis un vampire exemplaire, qui ne supporte pas le gaspillage. Scène légèrement sordide aux yeux des mortels. Ce n'est pas non plus comme s'il était déjà en état de décomposition non ? Discrètement, je le repose, me relève et regarde autour de moi d'un air innocent. Bon, ça aurait pu marcher s'il n'y avait pas le sang écarlate qui contrastait avec le blanc immaculé de ma chemise qui pourrait laisser penser que je suis l'un des assaillants. De toute manière, ils n'interdisent pas de piller les morts qui ne sont pas les siens, si ? Je n'allais pas attendre qu'ils me donnent la réponse en, par exemple, m'arrachant la tête pour me dire que non, c'était pas permis.

J'étais une personne parmi des personnes. Stratégie de dissimulation, vous voyez ? Passer inaperçu, peut-être en profiter pour mordre quelques cou graciles de-ci de-là. En fait, j'étais certain de l’ingéniosité de ce plan, mais ça, c'était juste avant que je ne me fasse balayer tel un fétu de paille par un gorille qui faisait au moins deux fois ma taille. Inutile de préciser qu'ayant dormi pendant plus de cinquante années, j'étais un peu rouillé. D'autant plus qu'il n'était pas vraiment difficile d'être plus âgé que moi, niveau immortalité. Situation compliquée ; je repousse le gros balourd avec peine, juste avant de voir une demoiselle aider son compère à m'assener une pluie de coups. Génial. La police des vampires, elle arrive quand ? Aide aux honnêtes citoyens en train de se faire tabasser, ça existe bien, non ?
     

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