PURE HEROINE - Aby&Alaric.

Acte deux. L'immortel désabusé fixe le petit boitier nosif. Cette saloperie de machine imbuvable, qui maltraite son ouïe à longueur de journée … Nuit. Il soupire, la voix de Ford résonne encore dans son crâne. Son cerveau de mort fume encore. Et la bestiole fulmine presque. Voilà que Lincoln passe d'exigence à caprice de fillette. Plus que deux jours pour effectuer la transaction. Les papiers s'étalent et s'entassent sur le bureau taillé dans le bois  d'Ebène du soit disant noble. Le cul enfoncé dans le siège de cuir, sa langue passant sous ses lippes fines pour pourlécher sa dentition meurtrière. Ca l'agace. Et quelque chose ne tourne pas rond. Il le sait, Alaric le sent. Pourtant il s'obstine, accepte le défi et l'avare veut à tout prix récolter le précieux butin. C'est plus fort que lui, le dents-longues n'est qu'un sale rapace ... Damné aux ailes de rapace. Qu'elle disait toujours, la garce à la chevelure de feu. A ce propos, est-elle seulement encore vivante ? Il l'espère. Sinon, ce n'est pas marrant. L'immobile silhouette aux allures de statue de marbre agite ses rétines dans ses globes, fixant la pendule de l'horloge. Tic ou tac, font les petites aiguilles noires. Encore une fois, il attend la jeune sorcière. Impossible de sortir dehors sans se faire griller façon Jeanne d'Arc.  

Doucement il agite ses guiboles, dans un mouvement paresseux et présomptueux de greffier fier et orgueilleux. Et c'est de manière tout aussi féline qu'il quitte la grande pièce pour partir en direction du rez-de-chaussée, avec la ferme intention de vérifier l'état des lieux. Le grand maniaque aime avoir un intérieur ordonné et présentable. Même s'il compte tout souiller avec le cadavre de ses hôtes. Bien que cette fois, il ne compte pas égorger Aby pour en faire son festin. Enfin, pas vraiment. Il compte bien goûter la liqueur qui ondule dans ses veines, c'est certains. Il n'est pourtant pas l'heure de jouer, mais de penser au client qui l'attend avec une mallette pleine d'oseille. Et le vampire se fait la promesse de rester sage. Ou presque. Et c'est sagement qu'il attend, traînant sa carcasse de mort dans tout le manoir à la recherche de la moindre parcelle de poussières, pour finalement se laisser tomber dans le fauteuil confortable du grand salon. Celui-là même où il a s'est empressé de dévêtir complètement l'humaine une semaine plus tôt. Cette fois, les reflets qui filtrent par les fenêtres protégées le fatiguent, et c'est avec horreur qu'il constate à nouveau les méfaits de l'astre brûlant.

Celui qu'il aime tellement, mais qui ne demande qu'à le faire frire tout entier.  

Pourtant, cet idiot de Lincoln a entendu il ne sait comment plus d'éléments qu'il n'en faut sur sa personne. C'est pourtant bien simple, pour effectuer ce métier qui lui plaît grandement, l'Originel exige une totale discrétion sur sa personne. Seule ses employés peuvent distinguer et conserver le souvenir de ses traits aux faux airs d'ange, et ne doivent jamais rien divulguer à ce sujet. Si le moindre petit malin tente quoi que ce soit, ou s'avise de baver dans son dos. Alaric l'élimine. Pour faire des exemples, et pour son plaisir personnel. Car après tout, un cœur, un rein ou un foie reste ce qu'il est. Il recycle. N'est-il pas bon dans son machiavélisme ? Mais si voyons ! Le monstre ne juge pas, pas de jaloux. Pas de favoritisme. Il prend de tout. Et tout le monde prend. Hilarant. Vraiment. Et lorsqu'enfin les carillons exaspérants résonnent dans toute la pièce, il devine la présente de Lamar derrière les barrières, puis bientôt derrière la porte du manoir. Et c'est telle une flèche qu'il apparait devant l'entrée, l'ouvrant tout en masquant sa silhouette. Préservé par l'ombre de l'immense planche de bois ciselé.

« - Pile à l'heure.» Remarque-t-il, de son ton neutre alors qu'elle s'engouffre dans sa grotte luxueuse.

Impossible de déterminer s'il semble satisfait de sa ponctualité. Ou comme toujours, simplement indifférent.