(-18) — You take all of me, then throw it like leaves ☥ Ft. Alaric G. Rousseau

Quatre mois...
J'avais signé il y avait environ quatre mois de cela... J'avais scellé mon destin, si on peut dire. Même pas « si on peut dire » : c'était bel et bien le cas. J'avais donné l'autorisation au vampire de me demander tout ce qu'il voulait en échange de sa protection et d'un très bon salaire. Oui, un trèèèèès bon salaire, mais cependant, je continuais à travailler au fast-food parce que je ne me voyais pas arrêter. D'une part parce que comme ça je voyais Vi' et d'autre part parce que sinon je n'aurais plus grand chose à faire de mes journées... À part chercher un moyen de plier ma magie à ce qu'il désirait le plus : le faire marcher au soleil.
C'était là la chose la plus compliquée que j'ai à faire... Ma magie pouvait très bien permettre à quelqu'un de marcher au soleil, après tout, il était dans le rôle et dans les pouvoirs de Bastet de protéger et servir Rê, la personnification même du soleil, et donc avait des avantages sur la lumière elle-même, si on veut, ou du moins son soutien. C'était là-dessus que je faisais mes recherches : comment transférer ce soutien à un vampire.
D'autant plus qu'à la base, à par pour quelqu'un souffrant d'une maladie le rendant allergique au soleil, je ne vois pas pourquoi j'aurais eu besoin d'un tel sort. Je ne pense même pas qu'il existe, au fond. Ou alors, s'il existe, les sorciers de Bastet avant moi l'ont très bien caché pour qu'il ne soit pas utilisé pour les vampires. Après tout, si ils savaient qu'un tel sort existe, on aurait signé il y a bien longtemps la fin de la lignée de la Déesse-chatte. On aurait tous été vidés de notre magie à force d'essayer de contenter les monstres aux dents longues. Cela me mène évidemment au fait que si les sorciers possédaient un tel sort, ils auraient sûrement inséré à l'intérieur une formule prévenant de toute utilisation au bénéfice des vampires.
En somme, les sorciers de Bastet – enfin, il n'y avait plus, à présent, que des sorcières – même s'ils avaient eu un tel sort auraient tout fait pour qu'il ne soit pas trouvé par les suceurs de sang, et s'il était trouvé, qu'il ne leur soit pas utilisable même en torturant et vidant un sorcier de sa magie...

J'avais bien trouvé des pistes, mais mes propres croyances m'empêchaient de réellement m'y mettre. Si je faisais ça, je n'avais plus qu'à dire adieu à ma vie après la mort auprès de ma Déesse-mère... Auprès de mes parents eux-mêmes d'ailleurs. J'avais déjà amoindrit mes chances quand j'étais ado en utilisant un sort pour me rendre désirable aux yeux de ce sorcier français...
Je n'avais finalement rien appris de mes erreurs. À nouveau, je tombais dans les griffes d'un Français. Pas le même genre, certes, mais tout de même... Peut être étais-je damnée au fond, tout comme lui. Peut être que d'une certaine manière, j'avais déjà effacé toute chance d'avoir une existence honorable dans l'après-vie.
Et en plus, j'avais signé le contrat. Je m'engageais à le satisfaire magiquement. Lui. Alaric Rousseau. Que je n'étais pas sensé connaître en public. Que je devais servir du mieux que je pouvais...
J'avais déjà fait quelques petites choses pour lui au cours des derniers mois, mais il ne m'avait pas encore demandé ce qui me faisait le plus peur. J'avais au moins eu la chance de pouvoir travailler ma magie tranquillement, sans peur... Enfin, tant que je faisais ce qu'on me demandait. Je ne doutais pas que Monsieur Rousseau aurait vite fait de mettre fin à notre contrat, et donc potentiellement à ma vie – de manière directe en me tuant lui-même, ou de manière indirecte en laissant les autres Originels s'en charger en supprimant ma protection –, si je ne répondais plus à ses besoins...

Il était donc évident qu'à chaque fois que je recevais une de ces demandes, mon estomac se serrait et je sentais une pierre tomber dans ma gorge. Oui, il me faisait peur autant qu'il m'attirait. Comme quelqu'un qui a peur du vide mais ne peut pas s'empêcher de se pencher pour regarder. C'est comme ça... J'espérais ne jamais rencontrer d'autre vampire pour vérifier si chacun faisait cet effet là.

Et ce jour-là, on m'avait demandé de venir. Enfin, « cette nuit-là » serait plus juste. Je n'avais pas le choix, j'étais venue. J'avais ouvert un portail dans le sable chez moi pour me « téléporter » jusqu'à un endroit proche de chez l'Originel qui contrôlait ma vie et où il y avait du sable.
J'avais fait un effort pour m'habiller mieux que les dernière fois sans pour autant mettre de robe (j'évitais quand je pouvais, quand je n'étais pas en Egypte) : un jean slim foncé, une paire de bottes et un pull en tricot. Bref, rien de bien spectaculaire, mais qui remplaçait haut la main mes baskets et mes vieux sweets habituels.
J'avais rapidement dessiné un hiéroglyphe dans le creux de ma hanche avant de partir : de quoi ne pas trop me sentir malade à cause de l'appréhension et de quoi empêcher mes genoux de trembler. Il devrait tenir quelques heures avant que ses effets ne se dissipent. En plus, il était assez discret, en plus d'être sur un endroit de mon corps que le vampire n'était pas sensé voir, pour que ça passe inaperçu.

J'approchais donc du portail monumental du manoir Rousseau et appuyais sur le bouton de l'interphone.
« C'est Aby... » que dire de plus ? Il savait pourquoi je venais, c'est lui qui me l'avait demandé. Enfin, moi je savais qu'il avait besoin de magie, mais pas plus, comme à chaque fois...

«- Etes-vous certain de ce que vous revendiquez, Ford ? Lâche Alaric d'un ton doucereux, bien trop. La voix voluptueuse de l'originel, pour un non averti, semble simplement aimable, patiente. Mais qui fréquente la bestiole sait que son calme olympien et le premier signe d'une tempête dévastatrice. L'homme à l'autre bout du fil doit bien le sentir. Car à travers les grésillements de l'appareil déjà ancien, le vampire perçoit clairement les battements frénétiques de l'organe palpitant. Boom boom boom.  
- Je … Oui, Monsieur. I-Il a été très clair. Monsieur Lincoln refuse toute démarche pouvant provenir d'un vampire. Il est très méfiant à ce sujet. Il …. (Soupire) Il a assuré avoir entendu des rumeurs à votre sujet, et m'a dit de vous dire qu'à moins de ne pas pouvoir démentir ses accusations, il refuserait de …
- Ses accusations ?! Siffle alors Alaric, ne lui laissant pas le temps de continuer sa tirade ennuyeuse. Ses longs doigts pâles se refermant avec force contre le combiné de l'appareil.  

Bo-boom. Bo-boom. BO-BOOM.
Et au pigeon de service de baragouiner tout un tas de paroles hasardeuses et rapides, s'excusant, bafouillant et assurant qu'il règlerait les derniers détails au plus vite. Non sans ajouter d'un ton mal assuré :  
- Mais … Il ne … Il ne voudra pas attendre, Monsieur Rousseau.
- Débrouillez-vous ! Aboie Alaric, et si d'ici la fin de la semaine vous me perdez ce contrat, je peux vous jurer que vos tripes retapisserons les murs de votre petit nid douillet et familial. Et a ce propos … Comment vont vos enfants et votre femme, mon brave ? Sussure le salop millénaire, n'attendant aucune réponse de sa part pour abattre le clapet de l'appareil en bois sur son socle.
Est-il sérieux, quand il menace ouvertement l'un de ses larbins ? Parfaitement. L'être sournois ne se prive pas, sachant parfaitement que chaque bout de bidoche qui s'abaisse à travailler pour un originel est prêt à beaucoup, pour mener une vie plus agréable que celle réservée par la miséricorde de cette génération. Surtout depuis l'attentat le jour des moissons. Moissons pour lesquelles il ne porte aucun intérêt. Et d'une certaine manière, ce nouveau drame est particulièrement prolifique pour Alaric, qui s'en donne presque de gaité de cœur. Les affaires sont les affaires.

Mais à présent, un nouveau problème s'impose à lui. La réalisation de son contrat. Antoine Lincoln étant un potentiel client aux bourses bien pleines, laisser passer cette nouvelle occasion est une option tout bonnement inenvisageable. Opportuniste dans l'âme. Et pas seulement. Marcher au soleil est une obsession. Tel un chant entêtant qui refuse de sortir de votre caboche. C'est pourquoi, quatre mois plus tôt, Alaric avait engagé une nouvelle sorcière. Cette fois mille fois plus prometteuse que toutes celles qui, au bout d'une ou deux – voir trois- utilisations- étaient mortes. Inutiles petites choses. Qu'il utilise comme bon lui semble, comme de vulgaires, pourquoi pas, appareils jetables. Mais Abygaëlle Lamar a un avantage certain. Non seulement, ses origines Egyptienne liées à Bastet – Bien qu'il n'est aucune croyances particulières, quoi que les dieux nordiques furent un sujet à débat durant une certaine période de sa vie. ( Il n'est pas rare d'entendre le Français s'exclamer un 'Par tous les dieux !')– sont un atout considérable, mais aussi, les nombreuses preuves récoltées par son lycan, l'amènent à penser que cette dernière possède … Neuf vies. Oui, rien que ça. Quoi que, peut-être bien que Lamar a subis les conséquences tragiques de la faiblesse humaine, au moins une fois dans sa vie. Pourtant, il sait que grâce à ce fait, cette dernière sera alors un élément rentable sur le long terme. Il l'espère bien, vu le prix qu'il la paie.Reste un point sensible, le manque d'expérience de la jeune femme. La pauvre enfant, trop déroutée et trop inexpérimentée qu'elle est, ignore seulement comment procéder. Pourquoi Alaric a foi en elle ? Parce qu'il a vu la fille aux hiéroglyphes. La magie émanant du corps de cette femme eut raison de lui, provoquant des frémissements dans tout son être. L'appel du soleil. L'être complètement obsédé par cette quête éternelle s'est presque automatiquement persuadé qu'elle était alors la cible idéale pour ses caprices de vieux vampire blasé et cynique. La française n'est qu'un investissement de plus. Un objet parmi tant d'autres. Un petit fruit dans lequel il croquerait volontiers, au passage. Ses babines s'étirent d'elles-mêmes en un sourire discret, tandis qu'il attrape à nouveau le combiné du téléphone pour cette fois, composer le numéro de l'intéressée. Et d'une voix ferme, lui ordonner purement et simplement de le rejoindre au Manoir.  


Presque minuit passé. La bestiole tourne en rond, agacé par ses dernières affaires et la paperasse qui s'entasse sur son immense bureau qui surplombe toute la pièce. Oui, même les affaires de trafiquant demandent de l'administration, et consciencieux qu'il est, Alaric établie un dossier sur tous ses clients, et aussi sur tous ses employés. D'ailleurs, l'un d'eux fait bien référence à Miss Lamar. Et sur toutes les informations récoltées par son Lycanthrope. Cette petite bestiole qu'il manipule à sa guise comme un vulgaire pantin. Et qui en échange de sa tolérance – Soit, quand il ne l'envoie pas dans une cage en argent, lui fournie de bons services. Gratuitement, bien-sûr. Car c'est là une toute autre question qui s'implique, une autre dette. Ou une vengeance personnelle. Le vampire a cruellement jeté son dévolu sur l'enfant d'une famille qui, pour son plus grand agacement, a trouvé le moyen de l'éloigner. Et le petit agneaux ignare était un jour sortit de sa prison dorée, pour venir se jeter en plein dans sa ville. Entre ses crocs. Les prunelles azures de l'immortelle parcourent la pièce avec ennuie, tandis que les tic tac frénétiques d'une horloge marquent le temps par de petits coups agaçants. Quand enfin, ce dernier se décide à désarticuler ses longues guibolles pour s'extirper de la pièce et aller prendre une douche. Maniaque qu'il est, après être repassé derrière la femme de ménage empoté qui n'avait même pas été capable de récupérer convenablement une tâche sur l'un de ses smokings. Il songe très brièvement à la virer, avant de se souvenir que c'est une poche de sang sur pattes. Bien, il la bouffera, comme la précédente. Mais ce sont les fines couches de poussières, invisibles à l'œil nu pour un humain lambda, qui dérangent le vampire. Maniaque jusqu'aux bouts des ongles, vous dis-je.

L'Originel a à peine songer à s'asperger d'une eau brûlante, qu'il est déjà dehors, serviette enroulée autour de sa taille, lorsque l'interphone sonne. Sa nature aidant, il ne lui faut que quelques secondes pour vêtir un pantalon finement taillé, ainsi qu'une chemise qu'il ferme à peine avant de descendre les nombreuses marches qui dominent le Hall du manoir. Cette nuit, le vieillard aux allures de trentenaire et seul. C'est donc d'un pas nonchalant qu'il se dirige vers la porte, laissant quelques traînées de goutes derrière son sillage et ses pieds nus, pour presser le bouton. Sur le minuscule écran d'un appareil d'une technologie bien trop neuve à son goût, le visage poupin d'une brunette lui apparaît. Blafard et anxieux. Encore.  
- C'est Aby … Baragouine la sorcière d'une voix qui trahie là encore son état de nervosité presque palpable. Non, sans blague ?
Pour toute réponse, Alaric lève les yeux au ciel, déclenchant l'ouverture des barrières. D'un geste presque automatique, ses immenses pattes de pianiste ouvrent les portes immenses de l'entrée, tandis que la sorcière approche doucement dans l'entre du diable. Mais déjà, Alaric disparaît, se dirigeant vers le grand salon tout en laissant une traînée d'empreinte de plantes de pieds.  
- Salon ! Résonne la voix puissante et grave du mort, alors qu'il s'affale sur l'un des fauteuils, reboutonnant les derniers boutons de sa chemise bleue nuit.  
Et d'attendre sagement que l'Egyptienne aux origines familières n'arrive. Lentement, et sans se soucier d'être pris sur le fait, Alaric dévisage la silhouette fine d'Abygaëlle. C'est en tout simplicité qu'elle s'est couverte, mais une simplicité plaisante, qui ne masque pas les courbes agréables et discrètes.  
- Asseyez-vous, je vous prie. L'invite Alaric, se désintéressant d'elle rapidement pour remettre ses boutons de manchette. D'un air à la fois ennuyé et blasé au possible.  
Un air qui masque habilement la colère qui lui ronge l'esprit jusqu'aux fin fond de ses entrailles, tandis qu'il se retient docilement de se jeter au coup du bout de viande alléchant qui le nargue.
- Vous savez sûrement pourquoi je vous demande devenir, n'est-ce pas ?» Et le dévisager d'un air neutre, laissant retomber ses longs bras sur les accoudoirs de son fauteuil.

Je me demandais toujours pourquoi il m'avait choisie moi, parmi toutes les sorcières qu'il avait pu trouver, ou que son loup-garou aurait pu trouver pour lui, c'était moi qu'il avait choisi. Je savais bien qu'il devait se douter de ma filiation avec Bastet et tout le reste, mais s'il n'était pas au courant des capacités des dieux égyptiens, ça ne changeait rien à la question.
Plus encore, même s'il était au courant de tout cela, je n'utilisais presque jamais la magie et j'étais pire que rouillée, puisque je n'avais même pas eu tant d'entrainement que ça à la base... Je ne sais même pas comment il a fait pour me trouver. Le seul moment où j'ai relâché la pression, et encore, sans être vraiment visible, c'était à la fête d'anniversaire de la femme du mec de Manhattan... Ou alors, il y avait quelqu'un dans ses employés qui savaient faire la différence entre des hiéroglyphes magiques et des hiéroglyphes normaux... Ca devait être ça, il n'y avait pas d'autre explication. Mais ça n'expliquait pas tout. J'étais loin d'être une sorcière douée, encore moins ici, à New-York, sans sable ni rien.

Et pourtant j'étais là, devant le portail, le doigt sur l'interphone pour dire que c'était moi. Evidemment, il pouvait me voir, et peut être même que ma voix suffisait, mais il fallait bien que je dise quelque chose et ça n'allait pas être « Hello Honey, I'm home !! ». Non, franchement... Quelle idée stupide. Déjà il ne me viendrait jamais d'appeler Monsieur Rousseau « Honey » et considérer le manoir comme ma maison n'était pas non plus une option. J'avais un appartement pour ça, et encore, j'avais surtout la maison de mes parents en Egypte. Il n'y avait pas d'autre endroit où je me sentirais plus chez moi que là bas.
Pourtant j'attends que le maitre des lieux daigne ouvrir la porte à son jouet qu'il lui suffit d'appeler pour qu'il accoure. Bien sûr, ce jouet, c'est moi... Mais je n'ai plus tellement le choix à présent. J'ai signé. Je dois le faire, pour le meilleur et pour le pire.
Puis les grandes portes de fer s'ouvrent et je fais quelques pas en avant vers la bâtisse imposante. Comme si je n'étais pas déjà assez dans tous mes états comme ça... ce n'était pas suffisant. Sûrement pas pour lui non. Il n'aurait pas pu se contenter de quelque chose de moins... … moins. Mais je suppose que non, à force de vivre si longtemps, un vampire amasse de l'argent... de l'argent, du pouvoir, et la peur du peuple. Puis devant moi s'ouvrent les portes du manoir lui-même, me laissant à peine la vision du grand brun-roux qui s'éloigne déjà, de dos, pieds nus et humides sur le sol.
« Salon ! » que sa voix résonne contre les murs froids du hall. Sa voix grave et profonde claque sous l'ordre qu'elle donne tandis qu'il n'est déjà plus dans mon champ de vision.

Et bien m'y voilà, dans l'antre du démon... du damné, de tous les noms qu'on peut lui donner... Je reste là un instant, puis je referme les battants massifs de l'entrée. La lanière de mon sac toujours soigneusement passée sur mon épaule. Après tout, si je dois faire de la magie, il me faut du sable, et le reste...
J'inspire profondément, prenant mon courage à deux mains. Mon hiéroglyphe me permet certes de ne pas me sentir malade et de faire en sorte que mes jambes ne me fassent pas faux-bon mais ça n'empêche pas l'anxiété de me ronger. Mon cœur cogne contre ma poitrine et je sais qu'il peut l'entendre, encore mieux même que les battements que je perçois dans mes tempes.
Je suis donc les empreintes humides sur le sol qui commencent à disparaître, m'arrêtant à peine à un moment, réalisant la taille de ses pieds, à côté des miens. Mon pauvre 39 ne paie pas de mine à côté de sa pointure. Quoi... un bon 46 je dirais...

Avant d'entrer dans le salon, je glisse mes mains dans mes poches. Peut être que ça ne fait pas très poli, pas du tout même, mais elles sont là au moins au chaud et ne laissent pas transparaitre leurs tremblements. Je sais bien qu'il doit pertinemment savoir dans quel état je suis sans voir mes mains, mais même. Ce n'est pas la question.
Enfin, j'entre. Son regard est posé sur moi sans aucun soucis de s'en cacher et je me demande s'il ne voit pas – en plus d'une sorcière à vider de sa force magique – une poche de sang sur pattes à vider presque tout aussi vite...
Lui il est assis là, sur un fauteuil, nonchalamment, dans sa chemise bleu nuit qui contraste avec sa peau pâle et les reflets roux de ses cheveux. Oui, il est diablement séduisant. J'approche un peu, mon sac cognant un peu contre mon flanc. Je ne fais pas attention.
« Asseyez-vous, je vous prie. » lâche-t-il avant de détourner le regard pour s'occuper des boutons sur les poignets de ses manches. J'ai l'impression d'être une pauvre gueuse dans la demeure d'un roi...
Au fond, c'est le cas.
Mais au moins, il me vouvoie, et j'ai le droit de m'assoir. Cependant, il aurait tout aussi bien pu me dire de foutre mon cul dans la boue comme la dernière des paysannes du fin fond de son royaume qu'il l'aurait sûrement fait sur le même ton blasé et indifférent. Mmh...

Après un regard pour l'ensemble du salon, je décide finalement de m'assoir sur un autre fauteuil, perdue dans l'épaisseur de l'assise, je dois rester au bord plutôt que de me laisser aller au fond. Sinon mes pieds n'auraient plus touché le sol. Pas que ça aurait changé quelque chose dans une situation ou une autre, mais j'aimerais quand même me montrer le moins ridicule possible.
« … merci... »
Je me mordais la lèvre, attendant qu'il développe quelque chose. Je n'étais vraiment pas à l'aise en sa compagnie. Je ne m'y ferais sûrement jamais.
« Vous savez sûrement pourquoi je vous demande de venir, n'est-ce pas ? » articula-t-il à nouveau, me dévisageant une nouvelle fois. Mes yeux s'égarèrent un instant sur ses bras, aux mains pourvues de ces longs doigts fins qui devaient être aussi froids que la mort... Un frisson me parcouru. Je ne pouvais pas m'en empêcher. Le vampire exerçait une forme d'attraction et de fascination que je ne pouvais pas combattre...
J'avalais ma salive en me souvenant de ses mains sur moi dans le bar, il y a plus de quatre mois... Sa proximité froide mais qui pourtant m'avait brûlée de l'intérieur... Et les illusions qu'il avait créées dans ma tête, se délectant de me voir déstabilisée. Je me souvenais encore de ce paysage d'Egypte. Le sable sans le sable. J'avais vraiment cru que j'allais rendre toutes les bières que j'avais bues, plus mon dîner, et peut être bien tout ce qui restait au fond de mon estomac et qui n'était pas encore totalement digéré. Il n'y avait pas pire que de sentir et voir le sable avec ses sens, mais de ne pas sentir sa magie... J'avais soudain été terrorisée. La magie, même si je ne l'utilisais pas souvent, avait toujours fait partie de moi. Le sable était une source de puissance tout autant qu'il était réconfortant et familier. Mais là... ça m'avait complètement retournée, comme on se débarrasse d'un gant puant en le tirant d'un claquement depuis le poignet... ZVRAP. Il se retrouvait à l'envers, comme moi.

Finalement, je revins au moment présent, sentant toujours le regard bleu limpide du vampire sur moi. Combien de temps étais-je restée dans mes pensées ? Je n'aurais pas su dire...
Finalement, le ridicule m'avait rattrapée.
« … Pour que je fasse de la magie pour vous... je suppose...  lançais-je, hésitante et n'osant pas trop le regarder. J'espérais seulement qu'il ne me demande pas de le faire marcher au soleil...  … comme toujours... même si je n'ai pas plus de détails.. »
J'osais un regard vers lui. Je n'étais jamais sûre de comment il pourrait prendre mes propos... Après tout, je pouvais y passer à la moindre bourde.

 

Les odeurs se mélangent pour les sens de la créature. Peur, appréhension, doute, un condensé sucré de vanille, pimenté par une touche plus épicé et électrique. Sang et Magie. Et au beau milieux de ce cocktail fruité d'odeurs alléchantes, une touche … d'hormones. Le vampire hausse son sourcil droit, tournant ses prunelles vers la sorcière qui prend place sur le siège à côté de lui. Dos droit, position qui laisse penser qu'elle est prête à se faire la malle au moindre faux pas. L'effluve ne devrait même plus le surprendre, depuis le temps. Il l'attire, il en a largement conscience. Est-ce que ça le touche pour autant ? Est-ce qu'il fait quelques efforts pour alléger le poids de son gêne ? Pas le moins du monde. Alaric est parfaitement naturel, ce ne sont pas les troubles d'une énième femme qui vont le pousser à changer d'aptitude. Comme si ça pourrait changer quoi que ce soit, d'ailleurs. Autant vouloir perdre son identité. Ce ne sont que des détails futiles, auxquels il ne prête plus réellement attention, devenu cynique depuis trop longtemps sur bien des sujets. Lamar peut bien faire une fixette sur sa longue silhouette dégingandée, ce n'est que de la bidoche. Une apparence trompeuse. Une gueule d'ange qui masque un diable millénaire. Bien qu'il soit très largement porté sur le thème du plaisir. Et que ce qu'il voit en fasse de lui est particulièrement appétissant. Dans tous les sens du terme. Mais, par le biais de ce fichu contrat, le brun roux se sent comme Adam et Eve dans le jardin d'eden, languissants devant le fruit interdit. Quoi que le petit papier stipule clairement qu'il doit la protéger. Alaric n'est pas obligé de la vider de délicieuse liqueur carmin. Pas entièrement …  


Et sans le réaliser, la bestiole pourlèche distraitement ses babines, s'humectant les lèvres avant d'y poser un pouce démesuré. La tempête qui fait rage dans esprit commence doucement à s'évaporer, ne laissant place qu'aux délires érotiques du vampire. Il doit vraiment aller vider une poche sur pattes avant de faire une connerie. Délires qui, malgré lui, l'amènent à laisser un regard sur l'océan de boucles noires d'Abygaëlle, et encore malgré lui, un sourire paresseux se dessine au coin de ses lèvres fines. Masqué heureusement par son immense patte blanche. Ses iris de glace longeant la peau de porcelaine pour descendre de sa mâchoire à sa nuque, jusqu'à ...  
« - … Pour que je fasse de la magie pour vous... je suppose... Lance une voix qui brusquement, lui rappelle qu'il n'est pas là pour s'amuser. Mais pour régler une affaire pressante et embarrassante. comme toujours... même si je n'ai pas plus de détails... Ajoute-t-elle.  

De quoi le faire débander vite fait. Le vampire pince les lèvres, se retenant de lâcher un feulement de rage devant l'insolence de Lamar. Un masque de glace qui pourtant, se brise sous ses prunelles luisantes.

- Vous me croyez assez bête pour divulguer de pareilles informations au téléphone ? Demande l'originel d'une voix traînante en se redressant, se courbant légèrement tout en frôlant son genou de ses mains qu'il joint en face de lui. Bien que ce point, à vos yeux, doit sembler complètement stupide, et paranoïaque, sachez que beaucoup seraient prêts à tout pour me faire couler, moi et mes … Activités très lucratives. Ce manoir est une forteresse, c'est le seul endroit ou j'accepterai de vous informer de mes motivations. Aby. Susurre-t-il d'une voix onctueuse, ourlant les lèvres en un sourire sans joie.  

Et sans même le réaliser, le vampire dévore petit à petit l'espace qui les sépare.  

- Vous savez parfaitement ce que je veux, mademoiselle Lamar. Et un client potentiel ne doit surtout pas m'échapper. Gronde-t-il. Je dois marcher au soleil, et avant la fin de la semaine. Cela va faire quatre mois, vous n'imaginez pas à quel point je me montre concilient avec vous.

Rapide comme l'éclair, son bras gauche plonge droit vers elle, tandis qu'avec douceur et lenteur, sa main agrippe le petit menton délicat de la fragile coquille tremblante. D'une douceur qui contracte avec la rapidité de ses gestes. La dureté de son regard oscillant entre rage et désire.  

- Est-ce que je me fais bien comprendre ? ... »  Marmonne-t-il, ses prunelles glissant déjà vers les lèvres roses de son employée. 
 
 

J'évite le plus possible de le fixer, mais ce n'est pas évident. Il a une présence imposante, sans même avoir besoin de présenter une carrure forte et pleine de muscles. Il est juste comme il faut... Trop comme il faut...
Je le vois hausser un sourcils, très haut sur son front... Ohlala... Il sait... Je suis sûre qu'il sait... Vile créature... Et pourtant... Je ne peux pas m'en empêcher. Si j'avais le choix, je resterais de marbre. Pire encore, je ne serais même pas là. C'est un damné, je ne devrais même pas lui adresser la parole, encore moins lui accorder l'utilisation de ma magie. Mais voilà, je n'y peux rien. Rien du tout.
Et je le vois s'humecter les lèvres alors que je suis perdue dans mes pensées. Mais mon inconscient ne le loupe pas, pas du tout. Et c'est pire. Je sens les battements dans mon ventre, tout au creux, au plus profond... Il ne faut pas... Aby, reprend toi bon sang... Ce n'est pas comme si, en plus, il ne pouvait pas tout déchiffrer aussi facilement, comme si tu t'étais jetée à son cou pour le déshabiller... Eh bien SI !
Sa main s'était levée, son pouce avait caressé sa lèvre... Savait-il seulement... ? Oh oui, je n'en doutais pas, le vampire savait. Il ne faisait certainement rien pour l'éviter d'ailleurs. Peut être même en jouait-il... Est-ce qu'il pariait sur ça pour que je reste docile et à son service ? Des fois que la peur qu'il m'inspirait disparaisse un jour ou l'autre ?

Monsieur Rousseau me fixe et je dois vraiment me reprendre et lui répondre. J'espère qu'il n'a pas fait attention... Il semble un peu ailleurs. Ce n'est pas plus mal, j'espère en tout cas. Que les dieux fassent surtout qu'il ne rêve pas de m'égorger pour se baigner dans mon sang et s'en abreuver...
Mais j'aurais sûrement mieux fait de me taire. Ses lèvres se pincent, son regard se fait glacial. Cette fois j'aimerais m'enfoncer dans le fauteuil, me fondre dans le cuir et disparaitre. Pour la première fois, j'échangerais la magie du sable contre la magie du cuir sans hésiter ! Hop un petit portail sous les fesses et je serais déjà loin ! Très loin ! Là où le soleil n'est pas couché...

« Vous me croyez assez bête pour divulguer de pareilles informations au téléphone ? » demande-t-il avec un calme effrayant. J'aurais presque préféré qu'il explose de colère... je ne sais pas en fait... Non, peut être... euh..
Il se redresse et puis se penche vers moi, ses coudes passant sur ses cuisses, ses doigts fins et si particuliers effleurent mon genou et je dois étouffer un hoquet. J'ai chaud, j'ai froid. Les sueurs... Je sens qu'en rentrant, je vais avoir besoin d'une douche...
Si bien que je ne sais même pas quoi dire. Je referme ma bouche, mes lèvres s'étaient entrouvertes sans que je ne m'en rende compte. Je ne pouvais pas qualifier ce que cet homme me faisait...
Non, je n'avais vraiment rien à dire.
Mes jambes sont serrées devant moi et j'espère que l'humidité de mes paumes ne se perçoit pas... Il est là, plus près que jamais, ou presque. Mais trop près pour son état de colère, d'après moi. Tout mon instinct me hurle de fuir, mais la raison, sifflant un verre de lait, lui lâche de manière condescendante qu'il lui suffirait de deux enjambées vampiriques pour me rattraper. Même s'il décidait de me laisser de l'avance, à moins que je n'ouvre un portail, il me rattraperait sans aucune difficulté.

« Bien que ce point, à vos yeux, doit sembler complètement stupide, et paranoïaque, sachez que beaucoup seraient prêt à tout pour me faire couler, moi et mes … Activités très lucratives. Ce manoir est une forteresse, c'est le seul endroit ou j'accepterai de vous informer de mes motivations. Aby.  » ajoute-t-il alors que ses lèvres s'étirent dans un sourire froid... J'avale ma salive avec du mal, complètement hypnotisée, je ne peux pas détacher mes yeux de son visage.
Je ne sais pas comment j'arrive à ne pas trembler. Je ne sais plus si mon cœur bat la chamade ou s'il refuse de battre...
« … Je... je ne pense pas... que la moindre chose que vous faites... soit stupide... » laissais-je échapper avec une petite voix.
Il s'approche toujours et je suis incapable de reculer dans le fauteuil, complètement pétrifiée...

« Vous savez parfaitement ce que je veux, mademoiselle Lamar. Et un client potentiel ne doit surtout pas m'échapper. Je dois marcher au soleil, et avant la fin de la semaine. Cela va faire quatre mois, vous n'imaginez pas à quel point je me montre conciliant avec vous. » conciliant... mmh... Conciliant et terrifiant... Extrêmement terrifiant.
« ...Je... » Mais je n'ai pas le temps de dire quelque chose de plus, son bras se tend et le vampire attrape mon menton. Ses doigts sont froids, durs et fermes... Mais étrangement, sa peau est douce comme un drap de satin.
En plus de ça... je ne sais pas ce que je dois lire dans son regard... Je me demande comment il va décider de me dévorer... avec luxure ou avec boucherie... ?

« Est-ce que je me fais bien comprendre ? ... » dit-il plus bas... et je me demande presque à quoi il pense cette fois...
Je continue de le regarder, voyant ses pupilles limpides glisser vers le bas de mon visage... Il regarde mes lèvres là où … ? J'en viens à avoir peur de l'effet que je peux avoir sur lui... Heureusement que je n'ai pas mis de décolleté et/ou de robe...
« … O-oui... » articulais-je avec du mal... Je ne pensais pas que c'était le moment de le contrarier d'avantage en lui disant que je n'étais toujours pas du tout sûre de mon coup pour ce truc là... À nouveau, j'avalais ma salive et humidifiais mes lèvres. J'avais vraiment chaud tout d'un coup... Mon propre regard glissa vers sa bouche fine... me mordant la lèvre...

« Je … je … je vais essayer... »
J'avais presque envie d'ajouter « ne me mangez pas, par pitié.. ! » mais tout de même, j'avais un peu d'honneur...

 

L'état de l'humaine n'est pas sans compliquer la tâche du vampire. Car sous ses tremblements, un état qui trahit aisément l'appréhension de Mademoiselle Lamar, le français devine une pointe de désire. Autant tendre un bout de viande à un loup affamé. L'effet sera le même. Plutôt sensible à ce qui l'entoure en général, lorsqu'il s'agit de ses sens, Alaric n'est pas sans ignorer alors la chaleur qui émane du corps de la sorcière. Bouillante, ses joues se font plus rouges encore, tandis que ses dents blanches viennent mordre sa lèvres inférieur. Une mimique qui a le don de le rendre complètement cinglé. De quoi troubler un peu plus la bestiole, et mettre en émoi le démon qui ne songe plus qu'à une chose. La faire sienne pour au moins une nuit. Virer cette obsession dérangeante qu'il a pour la jeune femme.

« - … O-oui... qu'elle lâche dans un balbutiement maladroit et hasardeux. Trop hasardeux à son goût. Est-elle seulement certaine de comprendre ses exigences ? L'enjeu n'est pas minime, l'avar aime trop gagner sa croute pour rouler sur son or. Tel un dragon assoiffé de pouvoir. Un lézard terrible aux prunelles myosotis. Je … je … je vais essayer... Qu'il l'entend ajouter, craintive et tremblante. La respiration de plus en plus difficile. Fiévreuse.  

Elle a l'allure d'un petit oisillon fait de trouille et d'appréhension. Pourtant, le vampire ne peut s'empêcher de ronger petit à petit le faible distance entre eux, ses doigts fins parcourant sa peau de crème douce comme la soie. Frôlant la lobe de son oreille, plongeant jusqu'à sa nuque minuscule. Dégageant ses fils d'un noir chocolat.

- Je me pose toujours beaucoup de questions … Dit Alaric d'un ton monocorde, presque nostalgique. N'est-il pas normal, pour un intellect, de se questionner sur tous les fondements de la vie ? Et vous savez quoi ? Ajoute-t-il d'une voix rauque avant de plonger ses prunelles dans le siennes, cessant de faire le chemin de ses doigts sur sa peau pour aplatir sa paume sur l'une de ses clavicules. J'aime avoir des réponses. Je m'arrange toujours pour obtenir les réponses …  

Peut-il seulement se laisser emporter par cette torpeur enfiévrée ? Sa main aux doigts longilignes, cadavériques, s'attarde sur la peau réchauffée de la brune. L'organe minuscule frappe encore et encore. Quelques boucles ondulant lentement sur un bras trop grand, aux muscles bandés et tâchés de veines d'un bleu pâle. Peut-il la faire basculer comme une poupée de chiffon ? Sur ce fauteuil de cuir noir qui, pour sûr, couinera sous l'effet des corps qui s'entrechoquent. Le démons aux mille visages s'attarde volontairement, la laissant languir sur ces dernières paroles mourant au bout de sa langue. Son souffle glacé souille les lèvres humaines. Quelques millimètres à peine séparent les deux carcasses de chair. Feu contre glace, glace contre feu. L'excitation du mort est aux aboies, et fort heureusement pour lui, l'expérience arrange. Le dent-longues retient les crocs qui ne feront que l'enlaidir. C'est un masque de honte, qui découvre la véritable nature de la créature. Le revers de la médaille. Ce qu'il est, ce qu'il sera et ce qu'il restera à jamais.  

- Quel goût ont vos lèvres ? C'est sa voix qui résonne, étrange et sourde, annihilée par une faim incontestable. Mais l'ambiguïté de la situation le laisse pantois. Faim d'elle, de son hémoglobine, de son corps, ou de tout cela à la fois ? Il se le demande. Est-ce briser ce pauvre papier fragile, illusoire et absurde, que de craquer ? Il ne veut pas lui faire de mal, au contraire …  

Le piquant de sa magie chatouille ses sens, laissant au bout de ses papilles un goût à peine identifiable. Et il attend, ses lèvres frôlant presque celle de l'humaine, cette poupée terrorisée et brûlante d'envie. Il ne peut l'ignorer, c'est bien ce qui l'agace, car sans ça peut-être qu'il ne craquerait comme le vulgaire male primitif qu'il peut être. Peut-être que le millénaire patiente sagement, dans l'attente d'un signe ? Lui qui n'est pourtant pas superstitieux se languie, soudain craintif de ce qu'il s'apprête à faire. Doit-il plonger ses iris brûlantes dans les siennes, pour lui ordonner d'oublier ce petit écart de conduite ? Sa main sur sa taille. Alaric ignore, ne comprend pas, ce que sa poigne puissante fait autour de la silhouette fragile de l'humaine. Il a oublié. Tout comme il ne semble pas prêt à contrôler sa main baladeuse qui glisse de sa clavicule à son sein gauche. La sale bestiole est trop faible. Ses langue humecte ses babines fines, tandis que sous les couture de son pantalon de luxe, l'étroitesse du vêtement le frappe. Merde. Oui, juste merde. Lui, le guerrier, le combattant, le Français intellect et prétentieux, ne trouve rien d'autre à songer qu'un simple : 'merde' pathétique et tout à fait en harmonie avec la situation.