I can feel this moment ... || Pv alone

La foule n'existait plus. Je me concentrais uniquement sur cette absence de battement de coeur. Un silence apaisant sur lequel je me focalisais, sur lequel je me laissais bercer. Lentement, je laissais la sérénité m'envahir. Un sentiment de bien-être, de réconfort. Instant versatile qui demeurait gravé dans mon être. Pourtant tout me semblait flou. Pourtant tout me semblait irréel. Ce que je faisais ici, je n'en savais rien. Ce lieu m'était inconnu. Ce lieu se retrouvait plongé dans les ténèbres. Tout me paraissait incroyablement flous et nébuleux. Je vivais l'instant mais tout m'échappait. Les détails se dissipaient à l'instant même où ils se dessinaient sous mes yeux. Les souvenirs s'en allaient mais les sentiments demeuraient.

La perfection n'existait pas. La perfection n'était pas censée exister... Et pourtant, j'éprouvais cette sensation étrange de vivre un moment unique, parfait. Un moment étrangement apaisant pour mon âme tourmentée. Une baume sur des cicatrices restaient trop longtemps ouverte. Je ne voulais pas partir. Je ne voulais pas que tout cela cesse. Où j'étais. Avec qui j'étais. Je n'en avais aucune idée et cela avait si peu d'importance. Une dernière danse. Une danse qui s'étire jusqu'à l'infini. Que ce moment ne s'arrête jamais. 

Sa peau était froide. Froide comme la mort. Froide comme mon âme. Par moment, certains détails devenaient plus important mais aussitôt, l'information s'évanouissait. J'avais l'impression d'attraper un savon horriblement glissant qui m'échapperait constamment d'entre les mains. Impression frustrante d'être sur le point d'y arriver pour finalement se voir échouer. Bien que je savais cette issue perdue d'avance, je cherchais à creuser d'avantages. Il semblait avoir été sculpté dans du marbre. Une sculpture antique et authentique. Qui il était. Ce qu'il était. Peu m'importait. Je voulais demeurer dans ses bras. A lui seul, il allait apaiser mes fêlures. Je ne méritais pas une telle attention mais j'en avais désespérément besoin. Un baume éphémère mais bien réel.

Et puis... Cette horrible sensation que le sol se dérobait sous mes pieds. Happait par le vide, c'était avec regret que mes yeux s'ouvrir. Un rêve. Un simple rêve qui, déjà, s'évanouissait à quelque part dans mon esprit. Je n'en comprenait pas le sens. Je n'en comprenait pas l'utilité. Soupirant, je fixais le plafond à l'écoute de mon palpitant tambourinant contre ma cage thoracique. Aucuns souvenirs mais des ressentis. Un rêve... un simple rêve... Et pourtant, un grand sourire aux lèvres, j'attrapais mon ours en peluche Alexis Junior. Le serrant contre ma poitrine, je respirais son odeur. Il avait la même odeur que Salem. Un peu plus tard dans la soirée, je m'étais faufilée dans la chambre du lycan pour lui voler une chemise. Vêtement que j'avais mit sur mon ours. Pathétique? Peut-être... J'avais cependant besoin de ça pour dormir l'esprit serein. Savoir qu'il se trouvait la chambre d'à côté n'était pas suffisant. Je le voulais à mes côtés, pour me blottir dans ses bras comme le ferait un gros bébé ayant peur de l'orage.

Ne tenant plus en place, j'abattis ma couette sur le côté et quitta mon lit. Je voulais voir Salem... Juste le voir, lui parler... et pourquoi pas lui soudoyer un petit câlin fraternel. Occupé ou pas... Banana arrivait armée de son ours en peluche et de son oreiller. Maintenant que je vivais chez mon frangin, je devais avouer que c'était bien plus pratique. Plus la peine de l'appeler. Sa chambre se trouvait juste à côté de la mienne. N'étais-ce donc pas merveilleux?

© disturbed