Requiem - Vlad&Tara

La nuit tombe. Vlad se réveille. Ritournelle habituelle. Rien de plus. Rien de moins. Vraiment. La lune et les étoiles percent le ciel obscur de leur lumière blafarde. Lui qui était si clair encore il y a quelques heures, d’un bleu presque trop sombre, caractéristique de l’été. Le vampire déplia ses longs membres, sa carcasse musclée et finement ciselée. Il s’approcha de la haute fenêtre qui occupait tout un pan de mur de sa chambre. Etirant ses bras dans son dos, l’ancien prince fit craquer ses articulations avant d’actionner le bouton qui ouvrait les lourds volets qui le protégeaient des rayons du soleil pendant son sommeil diurne. Pendant que le métal remontait péniblement, il ouvrit la fenêtre. Un air chaud et lourd envahit immédiatement la vaste pièce, soulevant quelques mèches du vampire sur son passage. La journée avait encore du être étouffante pour ceux qui avaient à la supporter. Maintenant, il pouvait entendre les amphibiens croasser en contre bas de son manoir, bâti sur les rives de l’Hudson River. L’air un peu plus frais qui accompagnait le fleuve lui rappelait vaguement sa forteresse d’antan, la citadelle de Poenari. Elle était bâtie sur de hautes montagnes, tombant à pic d’un côté, avec une falaise immense au bas de laquelle passait une rivière. Le regard du vampire se perdit dans les remous sombres de l’Hudson sans vraiment les voir. Non. Il revoyait une image qu’il n’avait jamais vraiment vue. Celle de sa femme, tombant de cette falaise de son plein gré, s’écrasant dans l’eau en contre bas, sur les rochers aiguisés par le torrent. Ses jointures blanchirent sur le chambranle de la fenêtre, manquant d’enfoncer des morceaux de bois dans sa paume. Il ferma les yeux, poussa un soupir tremblant et s’éloigna du bruit de l’eau qui clapotait.

Quelques minutes plus tard, Vlad était dehors. Encore humide de la douche qu’il avait prise. Sa peau luisait doucement sous les lampadaires. Lumière, obscurité, lumière, obscurité. Elles s’enchaînaient parfaitement à mesure qu’il passait d’une flaque blafarde à une autre. Sa chemise non-boutonnée battait derrière lui, collant à peine contre son échine encore maculée d’eau. Il avait juste pris la peine d’enfiler un jean, un peu trop grand au niveau des chevilles, comme il les aimait. Pas de chaussures. Ce n’était pas comme s’il ne pouvait pas guérir des écorchures qu’il pourrait recevoir en marchant sur le bitume encore brûlant. Il sentait à peine la chaleur mordre sa chair. Ses pas le guidaient sans qu’il ne sache vraiment où il allait. Il était encore tôt. Quelques humains plus braves que d’autres étaient encore dehors. Il ne voyait pas leurs visages. Il entendait leur cœur battre. Le sang vrombir dans leurs veines. Aucun pourtant n’était plus terrorisé qu’à l’accoutumé. Il les frôlait sans les voir. Sans qu’ils ne le voient vraiment même. Cet homme pourtant si charismatique, si fascinant, imposant, terrifiant… En cette soirée, ils ne semblaient même pas se rendre compte de sa présence. Vlad savait se faire oublier lorsqu’il le voulait. Il frôlait leurs corps, effleurait leur peau, soulevait une mèche, égratignait un poignet. Ils se retournaient. Ne voyaient que le reste de la foule. Aucunement cet homme, pas tout à fait mort, qui pourtant savait si bien se graver dans les esprits.

Puis le transylvanien quittait les routes pavées pour plonger ses pieds nus dans l’eau de la rivière, dans la vase qui en maculait les bords. La matière puante imbiba le bord de son jeans mais il s’en fichait bien. Il longeait l’eau, à l’abri des roseaux et des hautes herbes, effrayant seulement quelques crapauds sur son chemin. Il ne savait toujours pas où ses pas le menaient. Il n’en avait rien à faire, vraiment. Il laissait cette pulsion rouge derrière ses globes oculaires le guider. Tout n’était que sang, que battement régulier contre cage thoracique. Il pouvait percevoir ceux des petits animaux de la rivière… mais plus encore, celui d’une jeune femme. Elle résonnait telle la cloche d’une église dans le silence pesant de la nuit étouffante. Pourtant, il y avait plus que la brise fraiche de l’eau qui lui parvenait. Quelque chose de plus… froid. Tapi dans les herbes, Vlad remontait le long de la berge. Il était plus silencieux qu’une ombre. Plus discret qu’une fourmi que l’on ne remarque jamais. Le cœur battait presque trop paisiblement non loin de lui. Dans ses propres veines, rien d’autre pour le nourrir que l’adrénaline, la soif, et cette vision écarlate. Remonté dans l’herbe moins humide, Vlad jeta un coup d’œil à travers les buissons qui le dissimulaient maintenant. Là, il y avait une jeune femme. Blonde. Ravissante comme un cœur. Mais c’était à peine s’il s’en rendait compte. Elle n’était qu’un cœur qui battait. Du sang dans ses veines pour le repaître. Tel un fauve, il bondit, gracieux et silencieux. Une de ses mains se positionna sur la bouche de sa victime pour l’empêcher de hurler. L’autre enserra les poignets de la belle, les emprisonnant dans son dos pour anéantir toute tentative d’évasion. Il approcha ses lèvres de son oreille. — Shh-shh-shh… Ça ne sera pas douloureux. — Ses yeux prirent une teinte ébène et ses crocs s’allongèrent, se dirigeant dangereusement vers la jugulaire de la jeune femme. Il savourait ce cœur qui battait maintenant si fort, cognant partout dans ses veines et particulièrement dans celle longeant son cou. Il mordilla, lécha cette peau tendre tendue à se rompre sous le débit de l’hémoglobine, et un de ses crocs égratigna sa chair.

Elle frissonna contre son corps. Il ne savait pas si c’était à cause de la peur ou d’autre chose. A vrai dire, dans l’état où il était à cet instant, il s’en fichait bien. Rien d’autre ne comptait que le sang qui battait dans sa veine palpitante. Rien d’autre que la peur qu’il pouvait sentir diffuser par tous les pores de sa peau. Il la goûta sur sa chair. En savoura l’odeur dans ses narines. Rien ne pouvait exciter plus un prédateur que la peur de sa proie. La sentir se débattre contre lui. La regarder s’enfuir, courir dans le vain espoir qu’elle pourrait lui échapper. Mais alors qu’il mordillait son corps, égratignant sa chair, léchant la goutte de sang minuscule qui perlait alors. Puis un froid mordant attaqua le corps du vampire. Il sentit des flocons s’écraser paisiblement dans ses cheveux. Le gel scotcha sa chemise encore humide à son dos. Il ne comprenait pas. Il faisait encore si chaud quelques secondes auparavant. La glace entoura les mains de sa victime et Vlad comprit encore moins ce qu’il se passait. Profitant de son incompréhension, la demoiselle se défit de sa prise. Vlad ne craignait pas la glace. Pas plus qu’il ne craignait la chaleur à vrai dire. Il craignait les flammes, certes, mais pas la glace, certainement pas le froid. Elle le repoussa de toutes ses forces mais il ne bougea pas d’un pouce. Elle tituba, ses pieds pénétrant dans la rivière qui se gela. Elle la quitta précipitamment pour s’abriter derrière un arbre.

Vlad, quant à lui, ne bougea pas d’un pouce. Il l’observait geler tout sur son passage. Elle tendait les mains vers lui, comme pour l’empêcher d’approcher. Il pencha la tête sur le côté et ne put que l’observer. Il devait avoir l’air presque ridicule ainsi, ses yeux encore aussi sombres que l’onyx, ses crocs effilés dépassant de ses lèvres. — Je n'hésiterais pas à m'en servir contre toi... — Il pouvait encore entendre son cœur tambouriner dans sa poitrine. Contre toutes attentes, Vlad éclata de rire. Ce rire résonna sur la rivière gelée. Le noir de ses yeux s’estompa et ses crocs se rétractèrent. La soif le rongeait encore. Il ne s’était pas nourri depuis son réveil. Il réussit pourtant à la mettre de côté un instant. Peut-être était-ce son instinct qui lui dictait un peu de bon sens. Il ne craignait pas la glace, mais il n’aurait pas l’air très intelligent si elle le figeait dans un glaçon géant. — Crois-tu vraiment que quelques glaçons et flocons puissent me faire du mal ? — Il rit encore un instant et s’approcha de l’arbre derrière lequel la demoiselle s’était cachée. Il n’abordait peut-être plus son masque terrifiant, mais il n’en inspirait pas moins la peur. Il se déplaçait comme un félin, avec grâce et précision. Il était maintenant tout proche de l’arbre et posa ses mains sur l’écorce soudain très froide. Il passa sa tête sur le côté et avisa sa victime désignée. — Il est inutile de chercher à fuir. — Il tendit une main et glissa son doigt le long de la joue de la blondinette. — Ça n’exciterait que plus le prédateur en moi… et il serait si facile de t’attraper… —

Soudain, il disparut néanmoins derrière l’arbre et se dissimula à son regard, invisible dans les ombres de la nuit. Il quitta l’endroit où il se trouvait pour se glisser derrière elle. La nuit était son alliée. — Mais peut-être qu’une partie de chasse t’intéresserait-elle ? — souffla-t-il dans ses mèches blondes. Il en entortilla une autour de son doigt et tira dessus, juste assez fort pour tirer un gémissement à la demoiselle. Il était de nouveau tout près d’elle. Il pouvait sentir sa peau fraiche. Il ne s’en était pas vraiment rendu compte la première fois, mais il était pris dans sa frénésie. Maintenant qu’elle l’avait refroidi — c’était le cas de le dire — il notait plusieurs détails. Comme sa peau un peu plus froide que la normale humaine. Pour un vampire, c’était normal, mais pas pour la race humaine. Mais surtout, la glace n’était pas normale. Vlad n’était pas étranger à la race mutante qui envahissait peu à peu la population humaine, mais il n’arrivait pas toujours à s’y faire. — Tu pourrais aussi simplement te laisser faire, tu sais… — Il effleura son cou du bout des doigts, repoussant ses boucles blondes. Il prit délicatement son oreille entre ses dents. — Certains éprouvent même du plaisir dans la morsure… — Il n’allait pas lui avouer que si elle ne l’avait pas distrait avec sa glace, sa morsure n’aurait été aucunement plaisante. Bien au contraire, il aurait bu son sang avec avidité et ne se serait pas soucié de son petit confort. Maintenant qu’il avait repris un peu ses esprits, rien ne l’empêchait de se comporter comme un odieux personnage… ou de se comporter avec un peu de dignité. Il n’empêchait qu’il avait toujours aussi soif. Et s’il ne se nourrissait pas bientôt, la frénésie le prendrait de nouveau. Il n’avait rien contre cette demoiselle. Il ne la connaissait même pas. Elle n’était que de la nourriture pour lui. Pas vraiment humaine. Juste… une proie. Rien de plus que de la… bidoche, comme l’avait si bien dit Joe. Ses lèvres si proches de son cou, l’odeur de son sang, le battement frénétique de son cœur… Les yeux du vampire virèrent à nouveau au noir d’encre et ses crocs s’allongèrent. Il manquait de déraper encore, ses dents abimant sa peau et faisant perler le sang. L’odeur était entêtante pour le vampire qui ne s’était toujours pas nourri. — Juste un peu… Ça ne peut pas faire de mal… —

Elle eut un mouvement de recul alors que Vlad passait ses doigts sur sa joue. Etrangement, son cœur semblait s’être calmé. Elle ne disait trop rien, se contentant d’écouter. Pourtant, sur son visage, Vlad pouvait lire comme dans un livre ouvert. Des questions passaient dans son esprit, tourbillonnant comme pour mieux la perturber. Elle ne fuyait pas pourtant. Ne hurlait pas non plus. Elle aurait pu demander de l’aide, peut-être quelqu’un serait-il venu ? Mais non, elle restait là, près de son arbre, comme si elle ne savait pas quoi faire. Comme si elle hésitait entre se livrer aux griffes du vampire ou bien se battre pour sa survie à l’aide de ses flocons et boules de neige. Vlad ne ressentait pas le froid. Comme il n’avait pas ressenti la chaleur oppressante de l’été. Enfin, si, il les ressentait. Seulement, que ce soit le froid ou la chaleur, ils ne le dérangeaient pas le moins du monde. Elle pouvait bien lui geler tout le corps si ça lui chantait, il n’aurait qu’à rompre la glace et réchauffer sa carcasse d’immortel en buvant son sang. — Je n'aime pas la chasse. — dit-elle finalement d’un ton qui se voulait glacial. Mais elle avait encore bien à apprendre pour apparaître comme une reine des glaces. Un sourire machiavélique joua sur les lèvres du vampire alors qu’il laissait échapper un petit rire. — C’est bien dommage… Car moi, j’adore ça. —

Il la contourna à nouveau, se positionnant derrière elle, laissant ses doigts courir sur la peau dénudée de son cou. Si son cœur s’est calmé, son sang est toujours vif dans ses veines. — Du plaisir, je ... je préfère avoir du plaisir autrement, comme heu je sais pas moi, ... recevoir un bouquet de fleurs, une boîte de chocolat. Ou alors voire les gens me regarder différemment et non comme si je suis un MONSTRE ! — Elle le repoussa encore mais c’était elle qui se recula. Lui, il ne bougeait pas d’un pouce. A quoi bon ? Il pencha la tête en la regardant pendant un moment qui sembla durer des heures. Son œil inquisiteur la détailla de la tête aux pieds. Elle n’avait pourtant pas l’air si jeune que cela. Finalement, un rire s’échappa d’entre les lèvres pâles du vampire, encore une fois. Elle avait une bien étrange conception du plaisir, pour une jeune demoiselle de son âge. Elle devait avoir dépassé la vingtaine d’années… N’aurait-elle pas du déjà goûter au plaisir, au désir ? Il s’avança vers elle, sa silhouette massive s’imposant sans difficulté. Pourtant, il bougeait avec une grâce particulière. Une grâce qu’il avait acquise avec sa nature de vampire, mais aussi alors qu’il avait appris à manier le sabre auprès des Ottomans. Il avait perdu cette facette « brute de décoffrage » pour devenir un guerrier tout aussi redoutable que gracieux. Et sa nature de vampire n’avait fait que l’amplifier. — Un monstre ?! Que connais-tu des monstres, petite ? — Il se pencha vers elle avec un air menaçant sur le visage, ses globes oculaires se tapissant à nouveau de noir, ses crocs s’allongeant.

Elle s’éloigna pourtant pour aller s’asseoir un peu plus loin. A nouveau, Vlad pouvait lire les questions se combattre sur son visage. Une hésitation perpétuelle, comme un dilemme. Elle se releva peu de temps après pour le rejoindre. Vlad commençait sérieusement à se demander ce qui se jouait dans sa tête. Pourtant, il n’en dit rien, se contentant de la regarder, espérant qu’elle cesse sa petite danse. Ça devenait agaçant… surtout si elle ne voulait pas d’une partie de chasse digne de ce nom. — Que connais-tu du vrai plaisir… du désir… — lui susurra-t-il. — Vraiment, t’as soif ? Tiens et gèles-toi bien. — Elle repoussa la masse épaisse de ses cheveux pour dévoiler son cou. Vlad haussa un sourcil, attendant une seconde avant de se pencher vers sa chair offerte. Ses crocs allaient se plonger dans sa gorge délicate quand elle se recule d’un pas. — Attends, je peux pas faire ça, va voir une autre, y a trop de risques avec moi. — Vlad poussa un soupir retentissant. — Ça devient agaçant à la fin ! — D’une enjambée puissante, il se retrouva à nouveau tout contre elle, passant son bras autour de sa taille dans une étreinte puissante pour qu’elle cesse de lui échapper ainsi. Ça devenait lassant. Et il n’était pas bon de lasser le vampire. D’un mouvement brusque, de sa main libre, il dégagea à nouveau son cou et plongea ses crocs dans sa veine palpitante.

Il avait déjà eu l’occasion de boire du sang de mutant. Même d’une sorcière une fois. Son hémoglobine avait presque eu un goût de champagne — non pas qu’il ait eu l’occasion d’en goûter avant sa transformation, mais bon —, pétillante à souhait. Peut-être était-ce du à ce don particulier qu’elle avait d’invoquer la lumière ? Vlad n’en savait rien. Toujours était-il que celui de la blondinette qu’il enserra de sa poigne puissante était froid. Presque gelé. Il en avala quelques gorgées, mais il n’avait jamais bu un sang aussi… abject. Il fallait bien l’avouer. Il adorait le sang chaud, puissant, qui le nourrissait. Celui de la mutante… et bien il était trop froid. On aurait dit celui d’un mort, ou presque. Vlad détacha alors ses lèvres de la gorge de la demoiselle et la repoussa sans délicatesse. Il s’essuya la bouche d’un revers de main et résista à l’envie de recracher ce qu’il avait bu. Il lui jeta un regard dégoûté, sans même se retenir, sans faire preuve d’aucune compassion. Pourtant, il se retint de la rattraper, de la relever, simplement pour mettre fin à sa vie d’une manière rapide. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Il avait terriblement soif et elle n’avait à lui offrir que du sang gelé. Il finit tout de même par cracher le reste de sang qu’il avait dans la bouche, qui n’était pas descendu le long de son œsophage. — Ton sang est parfaitement abject. Rappelle-moi de ne jamais plus essayer de te mordre. — Il retint un « Urg », parfaite preuve de son dégoût. Il soupira, tourna le dos à la demoiselle et se remit en marche, cherchant un autre dîner. Mais, assurément, elle ne devait pas en avoir fini avec lui…

Elle lui lança une pierre ! Une pierre ! Ah ! Il avait presqu’envie de rire. Mais il n’était pas d’humeur. Il se retourna un ombre planant sur son visage si pâle. Il tentait en vain de se débarrasser du goût du sang atroce dans sa bouche. Une pierre ! Elle s’avança vers lui, sans aucune peur dans les yeux. C’était sûrement cela qui le mit le plus en rogne et pas vraiment ses mots. — Abject ! Ne t'ai-je pas dit de ne pas le boire ! — Il ne l’arrêta pas quand elle le gifla. Grand bien ça lui fasse, vraiment, car lui ne sentait rien du tout. Vlad lui attrapa néanmoins le poignet avec force. Peut-être un peu trop car ses os craquèrent légèrement, sans pour autant se rompre. Mais elle continua à parler. — Et je connais assez de choses pour savoir qui est un monstre, qui ne l'est pas et t'en fait partie espèce de suceur de sang. Ce n'est pas en réagissant comme tu le fait que tu feras changer l'avis des personnes.... — La neige tomba à nouveau. Vlad éclata de rire. — Je ne cherche pas à faire changer l’avis des gens, petite. — Il cracha ce mot comme il avait craché son sang. — Je n’ai que faire de ce que l’on pense de moi. Mon nom a circulé pendant des siècles, a terrorisé des adultes et des enfants à travers les nuits. A cause de rumeurs, à cause de vérités. Je n’ai cure de ce qu’ils pensent de moi, de ce que tu penses de moi ! — Le vampire n’élevait pas la voix, mais celle-ci était profonde, tonitruante. Il n’avait pas besoin de hausser le ton.

Approchant son visage du sien, il dévoila ses crocs. Il n’avait certainement plus aucune raison de la mordre, mais il pouvait toujours lui arracher la jugulaire. Juste pour la faire taire. — Trois flocons et une boule de neige ne font pas de toi un monstre petite sotte. As-tu seulement mis fin au jour d’une seule personne. As-tu savouré de voir la lueur de ses yeux s’éteindre ? As-tu seulement glissé tes paumes contre les entrailles d’un homme qui rôtissait comme un poulet sous le soleil de Turquie ? Alors qu’il était encore vivant, te suppliant du regard de lui faire exploser le cœur d’une pression de la main ? Non ?! — Sur ce dernier mot, sa voix tonna encore un peu plus fort, comme l’écho d’un coup de tonnerre. — Avant même de devenir ce que je suis aujourd’hui, j’étais un monstre. Comment peux-tu seulement croire que tes petits glaçons puissent rivaliser avec ça ?! — Dans la foulée, les rapaces nocturnes hululèrent. Les loups chantèrent à la lune montante. Ils répondaient à sa rage. — Tu penses que personne ne peut te résister et bien fais attention, tu risques de tomber de haut, je te le garantis. Finalement, tu ne connais rien à la vie, t’as beau avoir vécu plusieurs siècles, tu ne t'y connais pas comme tu le dis. Au plaisir, au désir, à la souffrance que tu causes parfois toi-même. — De nouveau, il rit. Il rit si fort à ses mots sans valeur, sans profondeur. — Je te l’ai dit, petit idiote, je n’ai que faire de ce que tu penses de moi. Je n’ai que faire que tu me résistes. Ça ne mettrait qu’un peu de piquant à la chasse. Mais tu es agaçante, ennuyante. Tu dis que je ne connais rien à la vie… Mais qui es-tu pour affirmer cela ? Tu ne connais rien à la vie. Tu n’as pas vécu. Tu n’es pas morte non plus. Que peux-tu comprendre ? Tu n’as jamais aimé. Jamais pleuré sur la disparition de ta famille entière. Tu ne t’es jamais baignée dans le sang d’une armée entière décimée par tes propres mains ! —

Il la gifla à son tour, fort. Suffisamment pour l’envoyer à terre de nouveau, s’il ne tenait pas encore son poignet dans sa poigne puissante. L’épaule de la jeune femme craqua. Mais sa mâchoire ne se brisa pas. — Tu ne sais rien de ma vie. Tu ne sais rien de la tienne. Tu connais à peine ce corps que tu hantes comme un fantôme. — Il se baissa sur son corps, sans aucune retenue, sans aucune pitié dans son regard. Il tenait toujours son poignet, glissa son autre main sur son cou, enserrant sa mâchoire, son menton, pour mener son visage au sien. — Tu te clames monstre mais tu n’es qu’une enfant. Naïve. Idiote. Pathétique. Les monstres ne vivent pas dans des palais de glace. Ils se bâtissent un empire dans le sang. — Il murmurait ces mots, si proche de son visage, son souffle glacé sur la peau de la mutante. Finalement, il la lâcha brutalement pour qu’elle affronte encore le sol rugueux. Il lui jeta un regard condescendant. — Les gens ne te regardent pas comme un monstre, mais comme une erreur de la nature. Comme un être différent d’eux. Tu n’es pas un monstre. Tu n’en es même pas proche. N’était-ce pas ce que tu voulais entendre ? Il n’y a rien de monstrueux en toi. Juste de la différence. Et l’être humain ne l’a jamais supportée. — Vlad secoua la tête et se détourna encore une fois. Peut-être aurait-il du la tuer. Peut-être aurait-elle trouvé une certaine délivrance dans ce geste. Elle n’aurait plus à affronter ce regard des autres qui la perturbait tant. Elle n’avait rien d’un monstre.

Bien sûr qu’elle était petite. Elle avait six cent ans de moins que lui. A quoi s’attendait-elle ? Elle n’était qu’une gamine. Rien de plus qu’une créature éphémère. Elle n’avait pourtant pas peur. Ce n’était pas du courage. Ce n’était pas de la bravoure. C’était simplement de l’inconscience. De l’ignorance pure. Que pouvait-elle bien faire contre lui ? Elle n’était rien. Oh, elle pouvait créer des glaçons, peut-être une tempête de neige ? Mais rien que Vlad n’avait pas connu par le passé. Il était né dans les Carpates. Il avait vécu en Transylvanie, frôlant les monts enneigés. Il n’avait pas peur du froid. Avant même d’acquérir sa résistance toute vampirique, il n’avait jamais craint le froid. Il était né dans le froid. Les quelques années qu’il avait passées en Turquie l’avaient peut-être habitué à la chaleur, mais il avait passé bien plus de siècles dans les contrées gelées que sous le soleil des tropiques. Encore plus, évidemment, depuis qu’il était devenu vampire. — Qui a dit que j'étais un monstre, à part les personnes qui posent leurs regards sur moi ! Personne ! Pas moi ! — Pourtant, elle ne disait pas le contraire non plus. Les autres la percevaient comme un monstre. Et quand ils lui jetaient ce genre de regard, elle ne pouvait pas s’empêcher qu’ils disaient vrai n’est-ce pas ? Pourtant elle n’était pas un monstre. Juste une gamine perdue avec un don qu’elle ne contrôlait pas. Vlad ne releva pas. Elle pouvait bien démentir, ça n’empêchait en rien le fait qu’elle n’était pas bien dans sa peau, qu’elle n’avait pas accepté ce qu’elle était. Vlad, lui, savait qu’il était un monstre. L’avait accepté. Il ne s’en formalisait même plus. Qu’ils l’observent donc comme ils le voulaient, pour ce qu’il en avait à faire !

Elle essaya d’échapper à son étreinte. Un maigre sourire se dessina sur les lèvres du vampire. Comme si elle pouvait seulement. Aucun humain, même mutant — à part s’il était doté d’une force surhumaine — ne pouvait rivaliser avec celle d’un vampire. Croyait-elle vraiment, frêle jeune fille, qu’elle avait une chance ? Il aurait bien ri, encore, mais n’en fit rien. — Certes, je n'ai jamais été morte, jamais aimée, jamais baignée dans le sang d’une armée entière décimée par mes propres mains mais j'ai connu la souffrance de la perte d'une famille entière, ne dis pas que je n'ai jamais pleuré, tu ne me connais pas. — Vlad la gifla. Pour la faire taire. Lui aussi avait perdu sa famille. Et sa peine était assurément plus grande que la sienne. Il l’avait perdue alors qu’il avait vendu son âme au Diable pour la protéger. Pouvait-elle en dire autant ? Non. Elle retint le cri qui menaçait de s’échapper de sa gorge. Sa lèvre saignait. Pourtant il n’était pas du tout attiré par le sang. Il avait toujours soif. Mais il savait que ce sang était infâme. Elle rit alors qu’il se détourne d’elle pour aller chercher une autre victime. — Tu fais le dur, mais il n'en est rien, au fond de toi il y a ce petit quelque chose. Tu dis avoir connu l'amour, c'est que tu n'es pas si terrifiant que ça. Tu joues les tyrans et ça t'amuse, c'est simplement tout. Je ne connais pas ta vie c'est vrai, mais tu ne connais pas la mienne non plus. Erreur de la nature, monstre, mutante, vampire, tout ce que tu dis revient au même, on est différent. — Vlad leva les yeux au ciel, exaspéré.

Vampire et mutant. Comment osait-elle simplement comparer les deux ? Dire qu’ils étaient semblables dans leur différence ? Il n’avait rien en commun avec elle. Rien du tout. Elle n’était qu’une gamine idiote. Il se retourna et la fixa un instant de ses prunelles sombres. Il resta immobile, telle une statue. La brise fraîche soulevait sa chemise toujours non-boutonnée. Il ne la sentait même pas. Les secondes passèrent, s’étalèrent, formant des minutes. Puis, soudain, sans même un indice, le vampire se remit en mouvement, bien trop vite pour être suivi par l’œil humain. Il attrapa la blondinette par le cou et la plaqua au sol de sa seule main, lui lançant à peine de quoi respirer. Genou à terre, Vlad se pencha à son oreille. — La nuit aurait pu se finir paisiblement pour toi, si seulement tu avais su tenir ta langue. — Il la plaquait toujours au sol de sa main sur sa gorge. Elle pouvait se débattre de tout son saoul si ça lui plaisait, ça ne dérangerait aucunement le vampire. Il plongea son regard noir dans ses prunelles glacées. Il voulait voir la peur naître en elle. Il voulait l’entendre hurler. A défaut de se repaître de son sang, il se baignerait dedans. — Cette fois-ci, ça sera terriblement douloureux. — Il caressa sa tempe du bout de son nez et lui lécha la joue, perdant toute ancre avec la réalité. Sa main libre se posa alors sur le ventre plat de la gamine. Un tissu fin le couvrait, mais il s’en fichait bien. Il laissa ses doigts là un instant, qu’elle s’en rende bien compte. Puis, d’un geste sec et précis, il les enfonça dans sa chair, traversa les couches de peau, de muscles et de graisse. Il voulait l’entendre crier alors qu’il plongeait sa main dans ses entrailles. Il repoussa son intestin comme s’il repousserait des mouches enquiquinantes. Il se pencha à nouveau à son oreille, alors que sa main se glissait sous sa cage thoracique. — Oh, tu ne vas pas mourir, ne t’en fais pas… Ce serait trop facile… — D’un geste habile, il se mordit la langue et posa sa bouche contre la sienne, la forçant à ingurgiter son sang de vampire. Juste assez pour qu’elle puisse résister à ses blessures. Juste assez pour qu’elle ne meurt pas. Pour qu’elle ne tombe pas inconsciente. Pas assez pour que la plaie se referme autour de son poignet, bien que ça aurait été amusant de déchirer sa chair encore et encore.

Ses doigts effleurèrent dans une caresse l’un de ses poumons qui s’agitaient dans des spasmes respiratoires heurtés. Son cœur, si près. Le voilà qu’il battait à nouveau si fort. Comment pourrait-elle s’en empêcher ? Il avait son bras à l’intérieur de son corps, maculant sa chemise de son sang. Il enroula paresseusement sa main autour de son palpitant, savourant son rythme effréné. — Crie pour moi. — murmura-t-il contre ses lèvres avant de planter à nouveau ses crocs dans sa chair, sans pour autant avaler le sang qui se déversait dans sa bouche. Il avait bien appris la leçon. Il lui enleva un morceau de chair et le recracha un peu plus loin. La plaie arrêta bien vite de saigner mais resta pourtant ouverte. Vlad y joua un instant avec sa langue avant de remonter sa mine toute ensanglantée vers celle de la blondinette. — Débats-toi. Hurle pour moi. — Il détacha sa main de son cou mais se déplaça légèrement pour enfoncer ses genoux dans ses cuisses, la maintenant toujours clouée au sol. — Hurle, hurle, hurle… — chantonna-t-il alors que sa main nouvellement libre caressa le flanc de la jeune femme, caresse morbide alors que l’autre se trouvait encore au milieu de sa cage thoracique, enserrant son cœur. — Voilà ce qu’est un monstre. — Il se pencha en avant, rapide, et planta à nouveau ses crocs dans sa chair, juste en dessous de sa poitrine cette fois, là où sa main se trouvait encore quelques instants plus tôt.

— A...a...arrête ... S'il te... plaît. — Elle gémit, le supplia d’arrêter. Ses bruits étaient comme une douce liqueur. Il n’allait certainement pas arrêter. Elle lui avait fait perdre du temps. Elle avait un sang infâme et plus glacé encore que les morts. Et en plus, elle croyait tout connaître de la vie, tout connaître de la sienne alors qu’elle ne se rendait même pas compte de l’ignorance en ce qui concernait ses propres pouvoirs. Elle se vantait de savoir alors qu’elle ne connaissait rien. Le vampire était encore affamé, bien sûr, mais la rage avait pris le dessus. Sa vision s’était nimbée de rouge et s’était à peine s’il distinguait les détails de la scène dont il était l’acteur principal… Ou, au contraire, il en distinguait bien trop, ce qui rendait la chose plus difficile à discerner qu’autre chose. Tout ce qu’il pouvait sentir, tout ce qui était important, c’était sa main dans ses entrailles froides. Son cœur qui palpitait si fort et si vite entre ses doigts. Sa peau qui se rompait sous ses crocs alors qu’il en arrachait des morceaux sans pour autant avaler son sang infect. Plus jamais. Il allait sûrement devoir aller se nourrir après sa petite partie de rigolade, mais pour le moment, la soif ne servait qu’à alimenter la rage, la haine.

Elle ne se débattait pas. Malgré le sang qu’il lui avait donné, elle ne semblait pas avoir la force de le combattre ne serait-ce qu’un minimum. Ni la force physique, ni la force mentale. Non pas qu’elle aurait eu la moindre chance de lui faire du mal, mais ça aurait été plus drôle. Plus drôle de la sentir gigoter sous lui pour essayer de lui échapper, essayer de retirer le bras qu’il avait profondément dans ses entrailles. Ce corps si froid qu’il avait presque l’impression de s’amuser avec un mort. Bientôt, ça n’aurait plus aucun intérêt. Mais au moins, elle criait. Les morts ne criaient pas. Elle hurlait à plein poumon — si tant est que ça lui soit facile avec un bras dans la cage thoracique — et le son était du cristal pour ses oreilles. Finalement, elle se décida à lui donner un coup. Le vampire ricana. Elle avait certes un peu plus de force, mais elle perdait beaucoup de sang, et avait un bras dans son corps. Et puis, il était un vampire de six siècles. Bref. Il planta ses crocs dans ce corps glacé. Quel gâchis de ne pas pouvoir en profiter un peu. Mais rien que le goût de son sang sur ses lèvres, sur sa langue, lui donnait envie de vomir. Ses doigts se resserrèrent un peu plus autour de son corps. Il sentit son bras refroidir. Se glacer. Il ne craignait pas le froid, ça non. Il avait vécu des siècles dans une contrée où il fait plus souvent en dessous de 0°C que au dessus de 25°C. Néanmoins, le vampire se redressa légèrement, sa peau, sa chemise, maculées du sang de la mutante. Il haussa un sourcil et regarda son bras couvert de givre, dur comme de la glace. Il ne lui serait pas difficile de se défaire de cette prison éphémère. — Mais à quoi tu joues ? — Ce n’était pas un peu de glace qui allait lui exploser le bras en mille morceaux. Il aurait fallu quelque chose de bien plus froid que cela. A la connaissance de Vlad, seul l’azote liquide pouvait rendre le corps humain aussi fragile que du verre. Alors ce n’était pas un peu d’eau gelée qui allait rompre celui d’un vampire, même affamé.

Il ressortit son bras du corps de la jeune fille, sans cérémonie et sans douceur, entraînant dans son retrait une partie des entrailles. Par cette même main qui n’était pas gelée, il s’empara du cou de la mutante et d’un mouvement fluide, il la remit sur pieds alors qu’il se relevait. En vérité, ses pieds fouettaient un peu le vide. La gravité n’arrangeait en rien l’état de ses intestins, physiquement attirés vers le sol à cause de son ventre ouvert. — Crois-tu vraiment qu’un peu de glace va me faire du mal ? — Il remua doucement les doigts de son bras congelé et le leva au niveau des yeux de la blonde pour qu’elle en voit les cristaux tomber au sol. — Oh, certes, tu as peut-être réussi à fissurer un peu l’os… — Il regardait son bras comme s’il pouvait voir au travers des couches d’épiderme et de muscles son os fendillé. — Mais même alors que j’étais encore humain j’ai connu et survécu à bien pire. — C’était vrai. Autant lorsqu’il était humain, chez les Turcs, ou encore sur un champ de bataille. Et même après, lorsqu’il était devenu vampire. Certes, c’était bien plus facile de s’en remettre maintenant qu’il avait une régénération presque instantanée, mais ça n’empêchait pas qu’il avait survécu à des choses qu’elle ne pourrait qu’imaginer. — Des membres brisés… — D’un coup sec, il lui démit l’épaule et lui brisa le poignet, toujours d’une seule main, celle qu’elle avait abîmée. — Des lacérations sur tout le corps… — Si les vampires n’avaient pas de griffes à proprement parler, Vlad planta tout de même ses ongles et le bout de ses doigts dans la cuisse de la demoiselle, juste au dessus du genou et les remonta jusqu’à sa hanche, laissant une traînée de sang dans son sillage. — Ou même une gorge tranchée. — Il haussa les épaules, le ton léger, comme s’il lui parlait de la météo. Il plaça sa main contre son cou, s’apprêtant à associer le geste à la parole mais il fronça les sourcils un instant. — Mais même avec un peu de mon sang dans ton système, je ne suis pas sûr que tu puisses survivre à ça… —

Le vampire pencha légèrement la tête sur le côté et observa son œuvre pendant un instant. Le corps de la gamine était couvert de sang. Séché à certains endroits, gelé à d’autres. Ses vêtements étaient en lambeaux et sa peau aussi. Une petite moue se dessina sur son visage. Il avait déjà fait mieux. Bien mieux en vérité. Il se souvenait encore de ses ennemis empalés devant les murailles de son château. Oh, il n’empalerait pas la demoiselle, ça ne servirait à rien. Et surtout, elle ne le méritait pas. Car Vlad n’empalait pas n’importe qui non plus. Seulement ceux qu’il trouvait dignes de lui, dignes d’être son adversaire. Il reporta son regard sur le visage de la mutante et finit tout de même par tracer un sillon rouge comme un second sourire le long de sa gorge. L’entaille était suffisamment profonde pour saigner abondamment et mettre du temps à guérir malgré la présence de sang de vampire dans ses veines, mais pas trop profonde pour ne pas lui lacérer complètement la jugulaire, la trachée et l’œsophage. Le vampire haussa les épaules et lâcha la fille qui retomba au sol comme un tas de chiffons. Il la regarda un moment avant de prononcer quelques mots, toujours sur ce ton de l’indifférence et du détachement. — Maintenant, si tu le permets, j’aimerais aller me trouver un diner digne de ce nom. — Il essuya vaguement le sang qui maculait son visage et son torse avec sa chemise qui s’était assombrie et alourdie sous le poids du liquide visqueux et écarlate. Peut-être devrait-il faire un saut dans l’Hudson River… Peut-être oui. Et puis, avec son look de beau gosse tout trempé, il arriverait sûrement à se dégoter une bonne petite proie qui ne se ferait pas prier pour être mordue. Il se détourna encore une fois de la mutante, espérant que cette fois-ci, elle le laisse tranquille. Après tout, elle avait tout un tas de blessures à guérir.