Time to get our hands dirty ♦ PV Nyx C.Lawrence

Début de semaine, il devait être aux environs de 7h, les étoiles commençaient à disparaître en cette journée d'hiver. Je m'étais vêtue d'un petit haut noir avec un design glamour puis d'un pantalon en cuir de la même teinte. Mes cheveux longs tombaient en cascade dans mon dos. Quelques bijoux fantaisistes tout en étant bien maquillée, je conduisais dans ma voiture qui se fondait dans la nuit. Les phares allumées, je reprenais encore du service aujourd'hui. J'avais eu affaire Samedi dernier avec un client un peu spécial mais fort sympathique. Celui-ci avait souhaité se faire tatouer de la nourriture au niveau de son bras. Ce fut une expérience amusante ! Je m'étais bien reposée ce Dimanche en lisant quelques livres ou à admirer le ciel ténébreux. Je distinguais quelques formes dehors qui titubaient, marchant d'une allure lente comme si ils ne savaient pas où aller. Mon shop se trouvait dans un lieu plutôt calme bien qu'il arrive que quelques hommes se battent pour une bière ou un morceau de saucisson. Je retrouve ce même parking chaque matins quasiment. Il faisait froid, emmitouflée dans mon manteau qui se trouvait sur la banquette arrière, je pars en direction de la porte de mon salon. J'avais un petit sac où quelques papiers dont mes clés étaient entreposés. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais une étrange sensation de sentir des mains sur mon cou. Je rêvais, bien entendu. En me retournant il n'y avait rien, pas même un chat. Je songeais à Ben. Mon maître qui fut porté disparu, celui qui me donna ce « don » de vampire. Je ne pouvais plus sortir en plein jour comme avant, je ne pouvais pas m’exalter à sentir cette douce chaleur contre ma peau sans en sentir les brûlures. Je ne savais pas encore si je devais le haïr ou l'aimer, ce Ben. Il aurait fait beaucoup de choses pour moi encore mais aujourd'hui, il n'est plus. La première fois que je suis sortie de chez moi lorsqu'il faisait beau, mes yeux, ma peau, tout mon être semblait me brûler. Je devais rester dans l'ombre en attendant que le coucher du soleil arrive. Le crépuscule … A mon atelier, je vivais avec trois personnes tout à fait normales, dont Abigail qui s'occupe de la clientèle. Ce salon avait bonne réputation et je souhaitais que cela perdure. Il était difficile de parler de ses origines ou de la pluie et du beau temps en ces temps difficiles. La plupart des gens ne font pas vraiment confiance et se cachent comme ceux vivant dans les métros. J'avais peur. Nous l'étions tous et seul un fou oserait me contredire.

Une fois à l'intérieur, je me mets à allumer les chandeliers et les quelques bougies. Il y avait une atmosphère étrange en ces lieux. Des souvenirs et du renouveau. J'aurais tellement aimé enlevé cette peinture noire sur les vitres, laisser le soleil éclairer la salle mais, en général, le peu de nuage blanc ou de soleil radieux se font rares. A croire que le temps est en accord avec ce qu'il se trame ici sur Terre, en Amérique. Retournant à mon activité favorite et oubliant ces misérables pensées, je vais à ma place et préparent les encres noires et de couleurs. Je ne vivais que pour faire plaisir aux personnes attirés par cet art du tatouage. J'aimais la création. D'après ma très chère Abigail, j'avais un rendez-vous assez important avec Nyx. Un véritable habitué puisque la plupart de ces tatouages ont été faits par mes soins. J'avais hâte de le rencontrer de nouveau. Le temps défilait lentement, je jouais du bout des doigts avec un crayon posé sur la table. Je mis un peu de musique pour mettre dans l'ambiance. Ce fut le groupe « Through Arteries » avec comme morceau « The filth among us » qui rompit ce silence oppressant. Il arrivait que je me sente seule dans ces moments là. Une véritable solitude qui me rongeait depuis que je ne pouvais pas lever les yeux vers le soleil. J'avais l'impression de faire partie d'une malédiction et que le peu d'étrangers que je rencontrerais, surtout des humains, se sentiraient mal en ma présence. Je n'étais pas une femme vile et mesquine, tout le contraire. J'avais besoin de contact et de pouvoir sortir dans les rues le soir juste après avoir terminé mon travail. Je restais une femme libre. Faire du skate la nuit ne me déplaisait guère seulement, il manquait juste du monde. Pouvoir faire connaissance, donner quelques astuces lorsqu'on se retrouve sur la rampe et faire des figures juste ahurissantes, le vent balayant les cheveux. C'est le genre de sensation que j'ai besoin de ressentir pour décompresser.

Les heures passèrent, Abigail fait son entrée et commence à discuter avec moi, posant son sac et ses clés sur le comptoir où se dresse un énorme bouquin où tous les rendez-vous y sont notés avec précision. Dans quelques instants, j'aurai sûrement un grand plaisir à retrouver Nyx. Les deux autres tatoueurs masculins arrivèrent en même temps, un sourire en coin. Je réussissais à me contrôler devant eux lorsque des humains pénétraient l'enceinte de mon territoire. Car oui, mon shop reflétait mon monde, mon univers et pour l'instant, personne ne s'en plaignait. J'avais même eu des compliments quand à ma collection de skate sur le mur et de magnifiques guitares. Ce shop était spécial et c'est ce qui le caractérisait. Quand on rentrait, on avait l'impression de venir dans un magasin plutôt rock avec des tas de dessins et tout ce matos. J'avais hâte de commencer, je sentais l'adrénaline en moi et je souhaitais réellement faire une superbe création sur le corps de Nyx. Je me demandais où est-ce qu'il le ferait. Lui restait-il de la place sur les bras ? Peut-être bien le torse ou le dos. C'est alors que la clochette du salon fit un tintement sonore, tous les quatre nous nous retournons et voyons l'homme à la chevelure blonde arriver d'un pas assuré. Son visage était impassible, on ne savait pas réellement ce qu'il pensait mais à la fin de la session, Nyx me donne toujours son avis avec franchise du tatouage. Ce que j'appréciais énormément chez lui. Mes années d'expériences m'ont fait connaître pas mal de situations, parfois embarrassantes d'ailleurs. Des clients mécontents pouvaient se mettre à piquer une crise mais ça, c'était lors de mes premiers essais et grâce à Ben, rares aujourd'hui sont les problèmes pouvant survenir lorsque je tatoue quelqu'un. Abigail vint vers lui en approchant du comptoir et lui dit que j'étais prête à le recevoir. D'un geste de la main, je l'incite à venir s'asseoir sur le siège. D'une voix enjouée, je lui dis :

- Bonjour Nyx ! Alors tu reviens pour un nouveau tattoo ? Alors raconte-moi ce que tu aimerais.

Nyx se tenait devant moi tandis qu'il m'expliquait ce qu'il avait déjà demandé. Bien sur que je m'en souviens. Je regardais les quelques feuilles sur ma table et y trouva le dessin. Pour l'instant, je fis quelques petites mise à jour visuelle en y incorporant un mot latin « Veritas ». J'avais ce cœur couleur rouge sang avec ce bandeau le traversant, la dague qui le transperce, avec une forme de croix. J'étais plutôt du genre à faire des tatouages en noir et blanc mais ici, pour Nyx, je n'avais aucun problème à lui mettre de la couleur. Je lui demande de bien se poser, le bras bien tendu tandis que je lui posais le stencil. Je lui montre bien évidemment via un miroir et attend sa réaction, à savoir si cet emplacement lui convient réellement. A croire que ça lui allait comme un gant. J'aimais ces visages où les clients attendent avec impatience la suite et surtout, le résultat. Cet homme était un originel et il pouvait me faire confiance. Bien sur que c'était également du stress car, jamais je ne voudrais avoir un tel client partir suite à un soucis de traits pas aligné ou quoi. Avec mon expérience, je reste tout de même vigilante et adore m'emparer du dermographe pour y incruster l'encre sous la peau. Je tenais son bras d'une main et de l'autre, je démarrais en commençant par le bas. Dans le tatouage, on commence toujours pas en bas, une des grande règles d'or. Et puis, on s'y habitue à force. Le bruit du dermographe était atténué avec la musique qui tournait au fond. Il y avait une bonne ambiance ici et tout le monde pouvait s'y sentir en sécurité. C'était convivial car chacun s'exprimait. Je me sentais bien, surtout en présence de Nyx. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais cet homme dégageait une aura vraiment spéciale. Je relève doucement la tête et lui demande poliment :

- Tu n'as pas trop mal ? Généralement, cette zone est assez sensible. Heureusement que je ne passe pas sur le coude car là, tu verserais une petite larme.

Je lui fis un petit sourire tout en me remettant au travail. C'était une véritable passion et j'aimais la patience chez mes clients. Certains pouvaient attendre plusieurs heures en se faisant tatouer et revenir encore pour une autre séance. Il m'est déjà arrivé de faire un travail de 35h pour tout un bras détaillé ou encore le dos complet. J'adorais le challenge et je m'améliorais à chaque fois que je tatouais. Abigail s'occupait de nettoyer un peu la salle tandis que moi, je restais dans cette pièce avec l'Originel à mes côtés. Cet homme qui ne me ferait aucun mal. Après, tout ce que j'entends sur cette race d'Originel, il y en a des pires et des plus cool comme Nyx. A mon avis, ce devait être assez rare et j'aimais avoir une clientèle variée. Écouter les ragots, les histoires et toutes ces choses humaines dont certains qui ont parfois une petite larme à l'oeil à cause de la douleur. J'avançais progressivement, faisant le line avec finesse, touchant cette peau sensible et blafarde. Je continuais à le questionner.

- Et sinon, cette idée de tatouage tu l'avais depuis quand ? Je pense que tu risques de patienter un petit moment avant que la session se termine. J'aime beaucoup discuter avec mes clients. On va dire que ça détend l'atmosphère et puis, j'aime bien avoir des nouvelles de mes habitués.

Tout en lui faisant un clin d'oeil, je fronçais légèrement les sourcils alors que je remontais jusqu'à la dague en croix du côté droit. Il me restait la partir gauche de la dague et du cœur avec le lettrage à encrer. Et bien, il faut dire que ce n'était que le début d'une séance prometteuse. Je devrais penser à faire une convention un de ces quatre avec d'autres tatoueurs du coin. Ce pourrait être une bonne initiative et chacun aurait des conseils et des styles différents, on pourrait également faire des tatouages flash, uniques. Je devrais en parler autour de moi et avoir des avis extérieurs. Il faudrait trouver un lieu et une date de deux jours, genre un weekend pour que le plus de monde possible puisse y venir. J'admirais vraiment le travail des artistes tatoueurs et il y avait des style old school ou new school, du réaliste comme je fais avec du dotwork ou encore du tribal et j'en passe. Abigail devrait se charger de faire des affiches et de les imprimer dans des endroits fars dans la ville. Je proposais mon idée à Nyx, savoir ce qu'il en pensait ;

- Dis-moi Nyx, j'ai une idée qui me trotte depuis un moment. J'aimerais faire une convention de tatouages avec plusieurs artistes du coin. Il faudrait une date et un lieu pour la convention mais, est-ce que tu penses que ce serait une bonne idée ? Au moins, ça permettrait de faire connaître des styles différents, des tatoueurs différents et certains pourront se faire un tattoo flash par un mec, tu vois ce que je veux dire ? Le truc, c'est que j'ai pas envie que ce soit un flop.