Sujet: This war is ours. ₪ Shawn & Salem. Dim 10 Fév - 1:39
Comme une fois par semaine, Shawn prenait le temps d’aller s’acheter le strict nécessaire. Enfin, le strict nécessaire … il était clair pour lui que cela comprenait la nourriture, quelques vêtements s’il pouvait se le permettre, et les produits de base. Mais, comme toujours, le « strict nécessaire » n’apparaissait qu’en seconde position dans la liste des priorités du jeune bibliothécaire. Depuis tout petit, on lui avait toujours dit qu’il fallait savoir établir l’ordre de ses priorités. Alors, Shawn n’avait fait qu’appliquer à la lettre ce qu’on lui avait toujours rabâché ; s’il avait un salaire un peu moins maigre que d’habitude, ou avait réussi à épargner – fait rarissime -, il prenait le temps d’acheter ce « strict nécessaire ». Autrement, le peu qu’il avait partait très rapidement dans toutes sortes d’addictions qui lui prenaient tout son argent. Cela faisait des années que Shawn fumait – mais ça n’était pas quelque chose de compris dans ces « addictions ». Ce qui l’était, en revanche, était d’essayer de se fournir en drogue par tous les moyens possibles et imaginaux. Et pour ce qui était de l’imagination, une personne en manque, que ce soit un drogué, un alcoolique ou bien même un type accro au jeu, l’est beaucoup plus que la majorité des autres.
En cette fin d’après-midi, le jeune blond faisait donc du shopping. Ce mois-ci, il avait réussi – par Dieu seul sait quel moyen – à avoir un peu plus d’argent qu’à l’ordinaire. Alors, après avoir fait ses emplettes « prioritaires », Shawn avait fini par s’aventurer dans les magasins plus ordinaires. Sa besace était déjà pleine à craquer de nourriture, et de boissons ; il avait aussi quelques sacs à la main, contenant divers produits (dentifrice, produits capillaires, produits de beauté – sans commentaire – …) et son manque de muscles évident commençait à se faire remarquer. En effet, le jeune bibliothécaire vacillait légèrement de droite à gauche en marchant, pareil à une feuille ballonnée par le vent … Ou pareil à un type en état d’ivresse sur la voie publique (ce qui allait déjà plus avec l’ambiance générale du Bronx). Comme toujours, Shawn avait réussi à se perdre dans ses pensées ; cette fois-ci, il avait fini par aller se reposer dans une petite ruelle adjacente à l’une des rues principales. Elle était déserte, sans personne pour venir troubler l’esprit du jeune homme.
Récemment, quelqu’un avait réussi à l’énerver. Pourquoi serait-ce si important, me direz vous ? Eh bien, tout simplement parce que Shawn est, normalement, d’un naturel très patient, et doux. Pour la première fois depuis des années, il s’était énervé – contre un client qui plus est – sans savoir pourquoi. Par une stupide impulsion, qui l’avait poussé à utiliser un ton très insultant contre ce type … Salem. Voilà quel était son nom. C’était la seule chose que le blond avait réussi à retenir de lui, en plus de son visage. Il ne le connaissait pas. Pas la moindre rencontre auparavant, rien, rien du tout ; et pourtant, dès que ses yeux s’étaient posés sur lui, Shawn avait senti qu’entre eux, quelque chose n’allait pas passer. Les sentiments de Salem avaient été tellement chaotiques que cela en était devenu insupportable : raison de plus pour le bibliothécaire de le repousser – en partie par instinct – pour se protéger de tant de … De chaos. C’était le seul mot qui venait à l’esprit de Shawn pour décrire ce qu’était Salem. Chaos. Un chaos profond, noir, insaisissable et indéfinissable ; enfin, tout du moins, c’était comme cela que lui le percevait. Et il l’avait clairement fait sentir au jeune client … Parfois, encore, Shawn regrettait. Il souhaiterait pouvoir s’excuser auprès de lui ; mais … Il ne le pouvait pas. Il se trouvait que les choses n’étaient pas aussi simples.
Depuis toujours, un mépris virulent, une haine révoltée, envers les vampires et les lycans avait fait vibrer chaque partie de l’être de Shawn. Lorsqu’il avait compris que l’homme qui lui faisait face, dans la bibliothèque, n’était autre que l’un des leurs, toute idée de politesse avait quitté le jeune homme. Il ne pouvait pas. Il avait la haine dans la peau, et ne pouvait faire autrement. Salem était un lycan. Un lycan. Et il avait pris la liberté d’entrer dans sa bibliothèque … Il était vrai que la réaction de Shawn était plus que disproportionnée – Salem ne pouvant pas savoir à qui appartenait l’endroit – mais il ne pouvait faire autrement. C’était bien plus fort que lui. Sa rancune et sa haine l’avaient emporté sur sa nature intrinsèquement douce, et discrète. Et il n’en revenait pas lui-même de s’être comporté de la sorte. Shawn s’en voulait d’avoir réagi comme cela ; les remords ne le lâchaient plus, depuis ce jour. Mais, comme à chaque fois, une dualité s’emparait alors de lui : la culpabilité contre la révolte qu’il sentait bouillir en lui.
Ses pas l’avaient finalement ramené dans l’artère principale. Et, décidemment, il n’y avait pas que ces souvenirs qui lui collaient à la peau. La personne qui en faisait partie aussi.
Shawn se stoppa en plein milieu de la rue, médusé, ne faisant presque plus attention aux émotions des passants faisant écho en lui ; Salem se trouvait à quelques pas. Et il ne savait pas du tout comment réagir face cette présence plus que dérangeante. Son cerveau s’était mit sur « pause », et n’avait apparemment pas l’intention de le laisser fuir – comme il en avait l’habitude lorsqu’une situation devenait trop déplaisante à son goût.
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Sujet: Re: This war is ours. ₪ Shawn & Salem. Jeu 14 Fév - 1:43
It just takes a while to travel... From your head to your fists. - Espèce de bâtard ! Ceci étant dit (bafouillé plutôt), péniblement, je me relève sur mes deux jambes que je constate aussi molles et faiblardes que des spaghettis. Tout plein d’élégance, je renifle d’une seule traite l’imperceptible filet de sang qui s’échappe de mon nez éclaté par le béton d’un mur de brique contre lequel j’viens tout juste de foncer dedans comme une grosse mouette aveugle et déplumée. Je déteste ça ! Me prendre du ciment plein la gueule comme ça, me faire broyer tous les os parce que mon agresseur fait genre le quadruple de mon poids et que moi à côté j’ai littéralement l’air d’un hobbit mal rasé. J’vous jure, fidèles spectateurs de ma misérable existence, peu importe qui on est, peu importe le gabarit qu’on possède, lorsque le gros bedon dodu d’un Hagrid Barbare vous rebondi sur la tronche sans prévenir, très vite, on se rend compte qu’on ne peut absolument rien faire pour se défendre ! J’me suis enrôlé dans les Marines durant sept ans et faut croire que tout le calvaire que j’ai charrié là-bas ne vaut plus grand-chose à l’égard de ce gros balaise qui se prend un malin petit plaisir à prendre mon crâne pour une véritable balle de ping-pong.
- J’suis tellement déçus de toi, Salem. Les gens disent que, malgré ta petitesse, t’es un foutu gaillard. En ce moment, je te vois très loin de ces ragots !
Ouch ! Là, c’est mon orgueil de mal alpha qui s’en prend un sacré coup... parce que bien sûr, lorsque je me suis pointé le bout du museau dans cette ruelle crade ; j’aurais été supposé anticiper cette embuscade, voyons ! Parce que bien sûr ; des clochards ivrognes qui émergent des bennes à ordures et attaquent le dos des passants comme ça ; c’est quelque chose de tellement commun et courant par ici ! Nenon ! Je n’étais limite pas du tout tordu de rire en voyant ce gros barbu puant sortir comme une fleur de sa poubelle et venir m’attaquer !
- Je suis faible. Tu es le plus fort. Ça va, j’ai compris, Brutus. Maintenant, laisse-moi m’en aller…
J’effectue bien évidement le geste aux paroles et je commence à marcher… pour… m’enfin… m’en aller... mais Brutus, ne partageant visiblement pas ce revirement de situation, m’entrave prestement la route. Posté immuable devant moi, ces grosses saucisses qui lui servent de bras se croisent fermement contre son torse rembourré. Sceptique, de plus en plus impatient, je lève lentement mes yeux impassibles sur le visage crasseux de mon interlocuteur. Pour le dévisager, tellement qu’il est grand et moi petit ; j’dois pratiquement me briser la nuque.
Il me sourit. Je lui souris. Il me rit dans la face. J’ris dans son gros ventre. Il me happe violemment le col de ma veste en cuir. Et je soupire de lassitude.
- Nous voilà repartis pour un tour, dis-je, mon corps aussi léger qu’une poupée de chiffon soudainement soulevé de terre alors que je frôle à peine le bitume avec la pointe de mes vieux Converses. Mon front plissé par l’amertume est pratiquement plaqué contre celui de Brutus qui rigole comme un dégénéré et s’amuse de la situation.
- Aller… Salem… surprends-moi donc !
Mmm. Okay… puisque tu insistes, mon gros nounours ! Vivement, j’empoigne les avant-bras de mon tortionnaire avec mes pattes. Ma prise à peine engluée, que j’accompagne ce geste à un coup de pied sur l’abdomen du clochard qui me sert de point d’appuie pour, dans cette agilité lupine qui m’est propre, basculer mon petit corps sur l’arrière et ENFIN me déprendre de l’emprise de foutu Brutus. Mon corps virevolte une fois… deux fois… trois fois dans les airs avant que je ne retombe à quatre pattes sur l’asphalte, tout heureux de mon petit tour de passe-passe et soulagé de m’être dégagé de ce tas de chair écœurante.
- Satisfait ? Je peux partir ? Sur quoi, sans attendre une réponse quelconque, je tourne sur mes talons et quitte enfin cette ruelle maudite.
Sur le trottoir, la foule est dense, versatile et très horripilante. Je circule aveuglément parmi les corps, essayant en vain de me frayer un chemin parmi tout ce beau monde. Je ne regarde pas où je défile comme ça. Je ne regarde pas où je marche. Ma conscience est encore là-bas, dans la ruelle crade, tout près de Brutus… de Brutus qui cette nuit mourra parce qu’il est malade… infecter d’un virus incurable… que j’ai moi-même planté dans son épiderme, à l’aide d’une seringue, lors de notre stupide démêlée…
Je ne regarde pas où je défile comme ça. Je ne regarde pas où je marche. Ma conscience est encore là-bas, dans la ruelle crade, tout près de Brutus… de Brutus qui pour une raison mystère a froissé les Originaux et doit désormais en écoper les conséquences.
Je déglutis amèrement et…
- Bordel mais regarde où tu mar---…
OH. MY. GOD. !!!. Gauchement, je regagne mon équilibre alors que mes deux pierres de saphirs se posent avec incrédulité sur le visage crispé de l’homme que j’ai accidentellement percuté d’un coup d’épaule. Je connais ce blondinet… ce ras de bibliothèque tellement sympa et chaleureux qui a su m’accueillir dans son sanctuaire poussiéreux avec une joie si contagieuse et mémorable !
- Et cette journée de merde devient de plus en plus… charmante…