Dead End Justice [PV. Dunstan A. Bradshaw]

Les réserves.
Il est debout devant la clôture, les pieds solidement ancrés dans le sol, écartés d'un peu plus de la largeur de ses épaules. Les mains profondément plantées dans les poches de son jean blanc d'usure, son torse large se soulève et redescend dans un profond soupir. Une barbe de trois jours noirci son visage et ses yeux sont dissimulés derrière de vieilles lunettes de soleil aviator dont un verre est fêlé. Il ne faut pas faire le difficile quand on trouve des accessoires de mode sur les corps des criminels. Les entrepôts des réserves se dressent devant lui dans un rayon de soleil. Noirs sur le fond lumineux du ciel.
Il fait beau, une fois n'est pas coutume. La nuit sera parfaite pour une excursion à quatre pattes.
Mais pour le moment, le lycan doit répondre à l'appel de son devoir. À l'origine, il est agent de la paix. Gardien de la paix, peu importe. Il fait en sorte que les rues restent calmes, ou le redeviennent pour au moins quelques temps. Il ne va pas sans dire que son travail n'est jamais fini et demande pas mal d'énergie. Mais il aime ça. Tabasser les fauteurs de troubles l'aide à exprimer son surplus d'énergie et il fait tout ça avec un certain détachement, même si parfois il peut y avoir une lueur de plaisir dans ses yeux. Même dressé, il reste un animal sauvage. Brutal. Mais de toute façon, ceux qui menacent la paix fragile le méritent. C'est ce qu'il pense.
Sa main gauche sort de la poche et glisse jusqu'à la branche de ses lunettes. L'autre main suit bientôt et les verres teintés disparaissent vite de devant son visage, révélant des yeux au regard vif et perçant, à la couleur intense changeante suivant la luminosité. Son pied droit se lève, sa rangers se décolle du sol imbibé d'eau et s'enfonce un peu plus loin.

Ulrik est là en mission. Encore et toujours. Parfois on l'arrache des rues pour qu'il aille foutre sa truffe dans d'autres problèmes, ailleurs.
Aujourd'hui, c'est les réserves. Passé la porte, il découvre le hall d'entrée. Un nouveau poste de garde, quelques autres bureaux. Plus loin, des portes. Elles mènent très certainement à des pièces bien plus spacieuses, remplies de tout ce qu'on rêve d'avoir. Dans son appartement, dans son assiette... Peut être même que derrière un des bureau on trouvera une des choses que l'on veut avoir dans son lit. Qui sait ? Peu importe, il n'est pas du genre matériel. Il ne l'a jamais été. C'est pas lui qui viendrait voler quelque chose ici.
Des vols, oui c'est bien le problème. Il y en a eu. Les vampires suspectent une résistance. Une résistance de loups. Alors quoi de mieux pour traquer et arrêter un animal ? Un autre animal. Bonne réponse ! Rick connait le nom du chef de meute, le chef de la résistance : Dunstan. Et il est persuadé qu'il le détectera qu'à l'odeur. On ne passe pas à côté d'un chef de meute comme ça. Pas d'un loup alpha.
Le loup au service des vampires ne se pose pas de question. Il ne se demande pas pourquoi ceux-là refusent l'autorité des suceurs de sang. Peut être parce qu'on fond de lui, il sait que les vampires sont des sales bêtes peu supportables, peut être parce qu'il n'en a rien à foutre.
Quoi qu'il en soit. Ici, on a volé des vivres, mais pas seulement. Des armes aussi. Et c'est ça qui inquiète le plus les vampires. On a volé des armes et c'est pas bon.

Le soleil se couche au dehors et Rick peut le sentir à l'intérieur de lui. Il sent aussi la puissance de la lune monter dans le ciel. Il sort de l'entrepôt, le bleu électrique a laissé place à des teintes rose-orangées, le temps s'est rafraichi. Il faut encore qu'il fasse le tour du périmètre. À l'extérieur il se sent plus à l'aise, ses sens s'éveillent.
Il trouve quelques empreintes presque effacées et puis plus loin, près des arbres, l'odeur du loup. Une piste à suivre.
Il s'enfonce entre les troncs.