Is He Dead? Maven

 

« Hein ? » Non, tu n’as pas envie de savoir. Tu t’en fous. MAIS QU’ELLE DEGAGE CETTE CONNE ! Est-ce que tu as la tête du premier couillon qu’elle peut emmerder et enguirlander ? Apparemment, oui. Tu ne veux pas entendre ses conneries, tu veux juste qu’elle la ferme … Parce que là, tout de suite, maintenant, ça te cogne avec une puissance démente dans le crâne et tu veux juste avoir la paix. Par pitié …

Tu aurais aimé ne pas reprendre conscience avec une gueule de bois monstre, le genre à te faire regretter celles de ton vivant … Sans même que tu aies eu à ingérer la moindre gorgée d’alcool. Pas aujourd’hui du moins. Ce qui est marrant avec toi, c’est que la douleur, ça dure toujours plus fort, plus longtemps … Alors que tu voudrais juste que ça s’arrête. Tout l’inverse d’un orgasme, avec des préliminaires de masochiste en prime. Voilà ce que tu gagnes à te faire presque humain auprès de la première demoiselle venue. Retour de gentillesses dans la gueule par le Destin en personne. Tu l’aides à éviter les galères et tu en subis le contrecoup, pendant des jours. Abruti.

Entre deux réminiscences de ton cheminement bancal, d’une rue crasseuse à une autre pour arriver à un endroit tranquille où agoniser en toute tranquillité, il a donc fallu qu’une inconnue vienne te faire chier. Et toi, tu as été assez con pour te laisser faire, espérer que satisfaire ses désidératas suffirait pour qu’elle te lâche la grappe et que tu puisses repartir en paix. Ou pas. Comme si la situation ne t’était déjà pas assez merdique – et tellement cliché, de quoi te faire lever les yeux au ciel … Non, pas fixer le ciel … Perte de repères, déséquilibre et nouvelle série de dégueulade en vue – voilà qu’elle te présente son pote raide mort tout en chialant … Du sang. Ah ouais, quand même … originale dans le fond.

Particulièrement soulé – non, pas par les relents d’alcool et de vœux mal foutus, mais bien par ses jérémiades – tu t’accroupis près du presque-cadavre, le jauge un instant puis lâche, sans la moindre trace de considération « Ecoute, si tu veux t’assurer qu’il est bien mort, j’peux l’achever pour toi. » Ben quoi ? Non, sérieusement ? Tant qu’il est en vie, ce couillon va inquiéter ton pas-rencard de la soirée qui, elle, va te les briser et te faire durer un moment cette migraine à t’en cogner le crâne contre le mur. Alors qu’une fois mort, y’a plus qu’à s’occuper de son cadavre mais là y’a le temps ! Et puis bon, avec tous les charognards du coin, c’est même pas dit que la carcasse soit encore identifiable d’ici demain quoi …

« Par contre, va falloir te décider rapidement … » Ou te sortir les doigts du cul ma cocote « Parce que là il est en train d’en foutre partout. Je veux dire, si ses muscles continuent de se relâcher, ça va vite sentir plus que la mort dans le coin … Et j’ai vraiment pas envie de t’entendre chialer pendant qu’on récure sa merde à la brosse à dent … » Oui, tu projettes, en rajoute un peu via quelques hyperboles particulièrement dégueulasses … Dommage pour elle, le gentleman serviable est parti faire un tour et a laissé le connard de service à la place !

Perdant trop vite patience pour qu’elle ait le temps de caser un argumentaire qui se tienne dans son état – ou même que deux de ses neurones aient le temps de tiquer sur le taux d’insanité de tes propos – tu rajoutes « Bon, tu sais quoi ? Tu le laisses crever, je me barre en oubliant t’avoir rencontrée, tu te refais une beauté et tu va jouer avec quelqu’un d’autre pour le restant de la soirée. Ca te va ? » Vous pouvez répéter la question ? Ou pas. Lâchant un petit geste ressemblant à une brève salutation, tu prends le chemin de la sortie en espérant qu’elle soit trop remontée pour que l’air puisse s’échapper de ses poumons et la laisser hurler de rage.

Comme si, par une soirée aussi merdique, ton karma pourri n’allait pas en remettre une couche et te faire morfler bien comme il faut.

 

« Ne me touche pas. » Sérieux, froid et effrayant, tu lui fais comprendre en un regard qu'elle ferait mieux te te lâcher avant que tu te délectes de ses hurlements. Parce que, si elle continue sur cette lancée, elle va pas seulement crier la bourgeoise, ou chialer comme une gamine, mais bien hurler jusqu'à ce que mort s'en suive. Et voilà qu'elle l'ouvre, pour dire quoi ? Surpris par tant de niaiserie et d'inconscience, tu lui ris littéralement au nez. « Sérieusement, c'est tout ce que tu trouves à dire ? »

Tu inspires un bon coup, la chope par le cou et la plaque contre le mur sale et humide de la ruelle dans laquelle elle a osé te traîner. « Tu te prends pour qui, toi le monstre qui a mutilé ton repas du soir, pour me faire la morale ? Tu ne sais rien de moi, tu ne sais rien de l'humanité et tu ne sais absolument rien de la Mort. Trépasser est un luxe que tous ne peuvent pas s'offrir en ce bas monde. Dis-toi que lui, il a de la chance, il peur crever tranquille sans qu'une pisseuse ne vienne lui casser les oreilles jusqu'au bout ... » Et dire que tu croyais que les vampires étaient les bêtes incontrôlables et assoiffées de sang, faut croire que celle-ci fait exception à la règle … Ou simplement pitié. Ouais, en fait non, faut pas pousser non plus.

Tu la lâches dans un mouvement tout sauf emprunt de douceur. Du mépris dans ton regard, ton attitude, ta respiration même. « Si tu comptes survivre, tu ferais bien de t'habituer à attirer la Mort. Ou alors tu peux te tirer une balle de suite, ça marche aussi. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, le connard que je suis aimerait se remettre de ses émotions et agoniser plus loin. Pas que ta compagnie m'est insupportable … Mais en fait si. »

Avant de tenter une nouvelle fois de quitter les lieux, tu lâches, comme une bombe « Le jour où tu te seras acheté une paire de couilles, appelle-moi qu'on se fasse une bouffe. D'ici là, ne reviens pas me faire chier ou ton prochain repas, tu le feras avec une paire de crocs et des cordes vocales en moins. Traînée ... » Te retenant de cracher par terre, tu lui tournes une nouvelle fois le dos. Doutant que refuser de faire face à ce genre de parodie de prédateur te soit préjudiciable, tu tentes de reprendre le fil de ta pensée sans t'en griller quelques neurones, inconscient de l'état dans lequel tu as du mettre cette pauvre demoiselle.

En même temps, entre toi et ce type inconscient à l'article de la Mort, qui se soucie réellement de ce qu'elle pourrait bien faire – mis à part grimper aux rideaux ou inonder la ruelle de sang à force de chialer ? Pas comme si elle allait te sauter à la gorge en représailles quoi ...

[ HRP : Désolé pour le temps de réponse ^^' Et du coup, ta vampire peut bien entendu se lâcher, Marven morflera mais n'en sera pas mort pour très longtemps xD ]