Freaky like us • INTRIGUE N°2

"Mesdames, Mesdemoiselles, sortez vos plus belles robes. Messieurs, sortez vos plus beaux costumes. Nous savons pertinemment que ces derniers mois ont été rudes pour tout le monde. C'est pourquoi la Confrérie a décidé de mettre en place un événement inédit dans l'enceinte de la ville. Pour fêter le retour des beaux jours, mais surtout pour renforcer les liens inter-espèces, une grande réception en plein air va avoir lieu le 22 mai 2053. Rendez-vous donc au Salem's green après le coucher du soleil.

Cette réception sera également l'occasion d'élire Miss et Mister Salem! "

Une écriture fine et délicate. Un vert émeraude couché sur du papier raffiné.  Cette invitation écrite, tout le monde, sans exception, l'a reçu. Vampires, humains, mutants, sorcières et lycans. Tout le monde est convié à participer à ce grand événement.

Le Salem's Green est un ancien terrain de golf immense et imposant. Depuis des décennies, la végétation a repris ses droits. De nombreux arbres verdoyants, des par-terre fleuris bien entretenus et des bancs parsemés ci et là. Pour cette occasion, la ville n'a pas hésité à mettre de la lumière. Et oui, vous pourrez voir des bougies border certaines allées, des guirlandes tiendront compagnies aux arbres le temps de cette nuit féerique. Certaines rumeurs parlent même de feux d'artifices pour les douze coups de minuit.

Mais en attendant, vous aurez le loisir de dévorer les petits fours et autres boissons mises à votre disposition. Vampires de la ville, ne vous sentez pas exclus, des boissons spécialement concoctés pour vous seront également disponibles.

Pour le concours Miss & Mister Salem, de plus amples informations seront mise à disposition : ici.

Ce petit manège lui donne envie de vomir. Si seulement il en était capable. Lettre serrée entre ses phalanges longilignes, l'Originel grince des dents. La démarche est osée, et probablement signée d'Absac Senior. La putain névrosée n'a pas fini de le surprendre. A ne pas en douter, cette garce sera là. Mais lui ? Alaric fixe l'éclat des flammes de sa cheminée, tout en soupirant. La constatation gerbante se fraie un chemin de sa cervelle, empoissant ses veines, se plantant dans les racines de ses doigts allant rouler en boule la feuille d'invitation. Il est obligé de s'y rendre. D'un mouvement paresseux, le Français se lève de son siège. Il est bientôt l'heure, l'heure de commencer cette fichue mascarade absurde.

Soit.
Autant avoir un œil sur les événements.

Allez, Ashley. Ça sera amusant.

La rouquine frissonne. C'était aussi ce qu'elle s'était dit, avant sa dernière grande fête du genre. Elle avait finit droguée, avec un vampire psychopathe démembrant des gens. Peut-être son souvenir était-il empiré. Enfin. La jeune femme reste là un moment à contempler l'invitation. Elle avait déjà accepté, la preuve étant les heures passées dans les boutiques à chercher une robe à sa taille - format planche à pain - parmi les filles  piaillantes à l'idée d'être élues Miss Salem. Parce que personne ne doutait : ce serait elle-même et elle seule, Miss Salem. La rousse eut une petite grimace, avant de filer à la salle de bain pour se préparer.

Une robe crême, presque brun très clair. Elle avait appris que cette couleur lui allait à ravir, et Ruby, le fantôme de sa mère, avait confirmé. Celle-ci était surexcitée. Elle aida sa fille à se coiffer de façon extravagante, tant de compliments en bouches qu'Ashley s'en étourdissait. Néanmoins, toute cette bonne humeur finie par la détendre, et c'est le pas léger que la jeune femme, chaussons en pieds, sortit de son appartement. Ruby disparu brutalement, sans que la sorcière ne s'en inquiète. Elle devait aller s'enquérir de l'état d'Amber et l'aider dans les préparatifs. Ashley était d'avance, de toute façon.

La guérisseuse fut l'une des premières à arriver sur les lieux. Un terrain de golf verdoyant. Pourquoi pas ? Ses prunelles pétillaient comme celles d'une gamine alors que toutes ses appréhensions étaient mises de côté. Toutes les fêtes auxquelles elle s'était présentée avaient mal tournées.

Celle-ci ne pouvait que bien se passer, pas vrai ?

Toujours se méfier des sorcières. Elles étaient, pour la plupart, complètement folles et fourbes. Des manipulatrices habiles. Alors forcément, je ne me sentais pas trop en confiance concernant cette fête. Quel coup tordu préparaient-elles? Aussi curieux qu'impatient, je m'étais préparé pour l'occasion : une chemise bordeau en soie rentrée dans mon pantalon en cuir. L'invitation précisée de mettre notre plus beau costume mais personnellement, l'idée de ressembler à un pingouin ne m'intéressait pas. Un coat de cuir recouvrait mes épaules et des bottes chaussaient mes pieds. Si ça ne convenait pas à ses mégères alors tant pis. Ma flasque de rhum camouflé à l'intérieur de mon coat, je prenais le chemin du Salem's Green. Que la fête commence...    

Le ventre noué, je m'accrochais au bras de mon vampire. Si j'étais partisane des soirées nocturnes en boîte de nuit, j'étais un peu moins fan de ce genre de soirée programmée par la Confrérie. Mon instinct le plus primaire réprouvait ce moment de festivité. Cela ne m'avait pour autant pas empêcher de passer mes journées à visiter les différents magasins de marque, à la recherche de la robe parfaite à porter. Et là nuit, je faisais un rapport complet à Aubrey qui m'écoutait que d'une oreille. Il était d'avantages attentif lorsque je devais me changer pour lui montrer les différentes robes que j'avais choisi. Hormis ça, pas la peine de s'attendre à une critique constructive du genre : cette robe marque trop ta taille, ou bien encore, cette robe ne met pas assez en valeur ta belle poitrine.

Devinant mon anxiété, Aubrey déposa un baiser dans mes cheveux alors qu'on s'engageait dans le Salem's Green. Prenait-il seulement conscience de l'enjeu qui se jouait ce soir-là? Des risques que nous prenions? Il voulait à tout prix y aller, pour que l'on puisse officiellement faire notre première sortie en tant que couple. Le problème étant bien là... Si jamais Alaric se trouvait présent à cette fête... Je n'avais aucune idée de comment les choses se déroulerait. Et même si Aubrey avait pour ordre ultime de faire comme si il ne savait rien de ma double identité... Les gaffes arrivaient bien vite. Je me présentais sous mon identité civile... Mais il suffisait que je tombe sur un de mes clients pour tout faire foiré. Non, vraiment, c'était une mauvaise idée.

— On a vu...
— On reste, interrompt le grand brun, se plaçant devant moi. Profitons de cette soirée, d'accord?

Convaincue par le contact agréable de ses doigts glacés dans ma nuque, je lâchais un soupir. Il avait gagné.

Depuis qu’elle était arrivée à Salem, elle avait passé le plus clair de son temps dans l’ombre. Dans celle d’Aidrian plus précisément. Le jeune loup semblait vouloir passer son temps à la surveiller, ce qui était incroyablement agaçant. Croyait-il vraiment qu’elle était incapable de se contrôler ? Il avait tort, elle en était tout à fait capable ! Et elle commençait à en avoir assez d’être sous surveillance constante. Il n’avait rien d’autre à faire de son existence ? Elle n’aimait pas particulièrement Salem, mais elle voulait pouvoir profiter de la ville comme elle l’entendait. Et puis, le mot fête avait attiré son attention. Depuis combien de temps ne s’était-elle pas amusée ? Bien sûr, il allait falloir qu’elle y aille sans le jeune homme, il était si rabat-joie qu’il serait capable de tout gâcher. Et avec son concours, elle se devait évidemment d’être superbe, donc d’acheter une nouvelle toilette. Ne connaissant que peu de choses à la mode actuelle, elle se laissa conseiller par la vendeuse. La robe lui paraissait un peu trop décolletée, et soulignant bien trop ses formes, mais la commerçante lui avait assuré tant et si bien que c’était ce qu’il lui fallait qu’elle avait fini par accepter.

Elle était donc présente parmi l’assemblée, perchée sur des talons qui lui donnaient l’air légèrement plus grande. Elle attrapa un verre et sourit en regardant l’assemblée. La soirée pouvait commencer.

Depuis la destruction de New-York, Elkan avait perdu certaines habitudes. Certains de ses privilèges s'étaient envolés au même temps que la grosse pomme. Bien qu'il pouvait retrouver sa zone de confort à Salem, il n'en éprouvait que peu le besoin. Il avait déjà tout ce dont il avait besoin : Riley et Coraline. Deux femmes bien différentes et pourtant bien décidées à faire de sa vie d'homme un vrai calvaire... par moment seulement.

En cette soirée festive, il était heureux et fier de se pavaner avec deux belles femmes, chacune suspendu à ses bras musclés. Pour faire honneur aux demoiselles, il avait opté pour un costume gris anthracite avec une chemise noire en-dessous. Et si il avait longtemps hésité entre la cravate et le nœud papillon, il avait finalement décidé de ne porter aucun des deux. Après tout, il s'agissait d'une fête et non d'un gala de charité ou d'une réunion d'affaires.

- Nous y voilà, annonça le géant blond, regardant tour à tour la blondinette et la brunette, alors qu'ils s'avançaient au Salem's Green.

Masacarde pourrie jusqu'aux entrailles de Lucifer lui même. Non, il y a pire que ça. Il y a cette enflure de d'Absac. Il la voit, dans un coin, discutant avec des convives. Toute ridée et souriante. La garce blonde est cinglée, mais sacrément culottée. Organiser un événement pareil ... Autant inviter le renard dans le repère de la poulaille. Tout ce bordel ne lui dit rien qui vaille. Mais Isa voulait venir. Aurait-il seulement été capable de la laisser seule ici ? Non. Et bien entendu, leurs parents, sa tante et son oncle non plus. Certes, les deux derniers sont des vampires. Alice et Marius sont resplendissants, comme toujours. La blonde a opté pour son éternelle robe d'un rouge flamboyant. Le vampire à son bras l'observe d'un air radieux. Ils ont presque frôlé la catastrophe lorsqu'il a proposé de se ramener avec un T-Shirt à motifs de canards, juste pour faire enrager Alice. Il a bien cru voir deux ou trois objets voler avant que son oncle de cœur ne se mette à hurler de rire aux larmes.

Famille de cinglés.

Ses parents ? Oh, que dire de ses parents ... Le couple qui irradie mais qui se fond dans la masse en toute discrétion. Autant que possible, vue la crinière rousse de sa mère. La robe tailleur bleue turquoise qu'elle porte lui sied à merveille. Malgré les rides qui commencent à creuser son visage, elle reste l'une des quatre plus belles femmes de son univers. Et en parlant de merveille, Aidrian manque de recracher son alcool. Prunelles azures tournées vers l'entrée, le brun à tout le loisir d'apercevoir Elizabeth. Juchée sur des talons et moulée dans un fourreau du diable. Le jeune loup se reprend pourtant rapidement, tournant le dos. Lui porte à contre-cœur un smoking noir sur une chemise de la même couleur au premier bouton retiré. Une cravate ? Plutôt crever. Ses cheveux d'un noir corbeau eux, sont toujours tombant sur sa bouille aux prunelles claires. Il croit même voir une vielle à la coupe Reine mère lui jeter un regard lubrique. Ca lui tire une grimace et un frisson de dégoût. Discrètement, face à la table des petits fours, le lycan cherche sa jumelle du regard. Il a hâte qu'elle arrive, et il espère sincèrement qu'Eliza ne le remarquera pas.

Ou que quelqu'un le sauvera de la folle aux regards de plus en plus insistants face à lui.

Marybeth s’observait dans le miroir de sa chambre. Vêtue d’une robe longue bleue marine sans manche, ses cheveux blonds retombant élégamment sur ses épaules. Depuis combien de temps n’avait-elle pas pris le temps de prendre soin d’elle ainsi ? Le temps s’était arrêtée depuis, elle était incapable de s’en souvenir. Même si elle trouvait que cette fête était sans doute une mauvaise idée, elle savait aussi que c’était une occasion pour elle de sortir de l’ombre. D’autant plus que Nathanaël serait sans doute là (elle avait longuement insisté auprès de lui, et ce dernier devait se décider). Au fond, c’était pour lui qu’elle s’était fait belle ce soir. Elle devait pour une fois oublier ses peurs, et voir cette soirée comme une soirée normale pour une jeune femme de son âge.
En poussant un soupire, elle quitta sa chambre puis la demeure des Mantions pour rejoindre sa voiture, direction le Salem Green. Arrivé sur les lieux de la réception, elle fut tout d’abord impressionnée de la resplendissance du lieu. La confrérie n’avait pas mis les plats dans les petits. Prenant son courage à deux mains, elle entra pour découvrir l’immense salle où beaucoup de monde était déjà là. Elle jeta un coup d’œil à son téléphone, espérant des nouvelles de son ami, mais ce ne fut pas le cas. Elle se décida à se fondre dans la foule, se rapprochant du point stratégique à qui veut s’intégrer : le buffet.

Depuis combien de temps n’était-elle pas allée à une fête ? Elle ne parvenait même pas à s’en souvenir. Ou plutôt si, elle s’en souvenait, seulement elle préférait encore éviter d’y penser. Cette fois-là, les choses ne s’étaient pas très bien terminées et elle ne pouvait qu’espérer que ce ne serait pas la même chose ce soir. Elle avait été plutôt difficile à convaincre, mais avait fini par se résigner. Après tout, peut-être qu’elle s’amuserait. Et une chose était sûre, elle en avait grand besoin. Ces derniers temps, elle avait presque le sentiment de parfois perdre l’esprit. Elle tentait encore et encore de se rappeler ce qui était arriver, sans succès. A chaque fois qu’il lui semblait pouvoir capturer une image, une impression, celle-ci s’enfuyait immédiatement plus loin encore, hors de sa portée. Elle devenait paranoïaque et apeurée. Il était plus que temps qu’elle sorte, qu’elle découvre Salem et ses habitants. Et puis elle ne serait pas seule, et dans un environnement a priori sécurisé.

Revêtir une tenue élégante lui parut étrange. Elle eut soudain presque l’impression d’être de nouveau humaine, impression qui se confirma lorsqu’elle entra sur le lieu des festivités avec Elkan et Riley. Une impression qui ne tarda pas à disparaître lorsqu’un humain lui passa au travers, la faisant disparaître l’espace d’un instant. Elle n’avait par chance pas encore remarqué que sa pire crainte était présente. Elle se pencha vers le sorcier et Riley, pas forcément très à l’aise.

« Qu’est-ce qu’on est supposé faire dans ce genre de soirée ? » 

Elizabeth se sentait comme un poisson dans l’eau, malgré ses quelques doutes sur sa tenue. Elle les oublia bien rapidement en sentant des regards admiratifs, surtout masculins. Et elle n’aimait rien davantage qu’être regardée. La nuit était absolument délicieuse, de même que les boissons. Elle était d’ailleurs satisfaite que les dents longues n’aient pas été laissés de côté. Elle se sentait parfaitement bien, et surtout libre, pour la première fois depuis longtemps. Qui sait, peut-être aurait-elle pu se trouver un casse-croûte digne de ce nom au cours de la soirée. En attendant le verre qu’elle tenait à la main comblait ses appétits. Elle profitait également de sa tranquillité.

Elle s’était réjouie trop vite. A l’instant où elle aperçut la silhouette d’Aidrian, elle avala de travers et fut prise d’une quinte de toux. Que faisait-il là ? Oh, elle le savait. Il était là pour elle. Elle ignorait comment il l’avait retrouvée. Ou peut-être l’avait-il suivie. Quoiqu’il en soit, elle était furieuse. Il n’avait aucun droit d’agir de la sorte ! Pour qui se prenait-il ? Sans réfléchir davantage, elle s’avança vers lui à grandes enjambées.

« Puis-je savoir ce que tu fais ici ? » Elle le jaugea tout en le fusillant du regard. « Pour qui te prends-tu, pour me suivre de cette manière ? Je peux parfaitement sortir seule et me contrôler que je sache ! » 

Cette invitation de la Confrérie pour cette élection de la Miss et du Mister de Salem avait rendu sceptique Riley. Après ces Raids, proposer une petite fête, ce rassemblement pour prôner le bien vivre ensemble et la cohésion inter raciale ne collait pas. C'était trop facile de donner une bonne image de soi et par derrière sacrifier la vie d'un grand nombre d'humains. Parce que c'était bien un sacrifice, d'une certaine manière. Elle acceptait que des humains se fassent tuer pour soulager les vampires.
Au début, notre blondinette n'était pas très motivée pour y aller. Elle n'en voyait pas trop l'intérêt. Mais elle révisa son avis après réflexion, parce qu'après tout, les événements un peu plus légers se faisaient rare en ville. A New York, ça avait toujours été déprimant à souhait, à moins d'avoir des amis sur qui compter pour oublier le quotidien. A Salem, la vie était meilleure, du moins elle le semblait.
La jeune femme avait donc décidé de venir à ce petit rendez vous en plein air. Elle s'était procuré une robe noire à strass, qui se resserrait au niveau de la taille et une paire de chaussures à plateforme noire ouverte. Elle avait laissé ses cheveux détachées avec un petit effet ondulé. Une petite touche de maquillage sans que ça soit trop et elle avait été prête. Si elle devait y aller, autant faire des efforts pour avoir une chance de gagner non ? Ce titre de Miss Salem n'allait peut être pas être très utile, mais Riley avait une âme de compétitrice et sans vouloir à tout prix gagner ce titre, elle cherchait à se mettre sur son 31 pour avoir ses chances. A part les rares fois où elle sortait dans les bars le soir, les moments où elle s’apprêtait c'était lors de son adolescence, lorsque sa vie était encore assez calme.
Elle n'allait pas au rendez vous seule. Elle était accompagné par Elkan et Coraline. Elle connaissait le fantôme de New York, mais au fond elle ne la connaissait que depuis peu de temps, l'ayant vraiment connu depuis que le sorcier et la blondinette l'avaient ramené dans leur monde. Mais malgré un retour difficile, Riley pouvait déceler certaines qualités chez la demoiselle qui lui fit penser que Elkan et elle étaient actuellement son socle, son noyau, ses amis les plus proches, ceux en qui elle avait le plus confiance.
Le trio arriva donc au Salem Greens, Elkan au centre et de chaque côtés les deux jeunes femmes qui le tenaient par le bras. Le monde était déjà bien arrivé. Le terrain était immense et l'effet était assez grandiose, il fallait l'avouer.  Riley balayait l'endroit du regard pour chercher s'il y avait des têtes qu'elle connaissait. D'ailleurs c'était le cas, ce qui était normal dans un sens. Coraline demanda ce qu'on devait faire dans ce genre de soirée et son stress se sentait au son de la voix. La blondinette se tourna vers elle pour lui répondre

« Il y a apparemment de quoi boire et manger...C'est l'occasion aussi de retrouver des gens qu'on connaît, le temps qu'on finisse par nous énoncer les résultats du concours...Vous me trouvez comment ? »

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L'ancien terrain de golf commençait à bien se remplir. Des brochettes ambulantes se pavanant avec des robes et des costumes hors de prix. Des poches ambulantes dans des emballages affriolants, attisant mes instincts de prédateurs. Me promenant parmi cette assemblée, je lorgnais avec un certain dédain le buffet destiné à assouvir les appétits féroces des vampires. Mouais. Rien ne peut remplacer une bonne artère juteuse. Cette fête ne deviendra intéressante qu'une fois ma proie nocturne toute choisie. Une proie de choix, bien évidemment. Je ne voulais pas d'un pot de peinture pour le dîner. Comprenait qu'avoir du fond de teint sur les canines n'avait rien de fort attrayant. Tapotant la flasque de rhum camouflée sous mon coat, je laissais mes claires prunelles s'attarder sur les femmes, leurs cous dévoilés, leurs jambes dénudées. Souvent, les gens pensent à tord que les vampires préfèrent mordre au cou. Foutaise. L'artère la plus juteuse et celle se trouvant sur le haut de la cuisse. Elle pulse, avec force, inondant à chaque fois mes pupilles de son goût onctueux.

Mon attention s'arrêta sur une brune, une beauté ténébreuse. Bien malgré moi, un sourire en coin étira mes lèvres. Fier de ma trouvaille, je me sentais revigoré. Enfin, ma proie était toute choisie. Je ne connaissais rien d'elle. Humaine ou d'avantages? J'étais alors trop loin pour le savoir et les nombreuses personnes présentes m'empêcher de réellement me concentrer sur l'essence même de son odeur que je devinais délicieuse. Nonchalant mais pas moins félin pour autant, je me mouvais en direction de la ténébreuse sexy à la bouteille de bière. Les quelques mètres foulés avec la grâce du prédateur mais le sourire d'un Roméo raté prêt à embrasser sa belle, je m'installais à ses côtés sur la table de pique nique.

Un regard à ma droite. Un regard à ma gauche. Je donnais un air conspirateur et me penchais vers elle, comme si j'étais prêt à lui révéler un grand secret. Ce qui était presque le cas... Presque par magie -ou pas- je sortis ma flasque de rhum la tendant prudemment vers elle.

- Du rhum pour un baiser?

Ou une baffe. 

HRP:

Tout aurait très bien pu se dérouler. Un minimum. Simplement passer une soirée tranquille sans que tout ne tourne au drame, c’est trop demandé ? Parce qu’il l’a sent avant même de la voir. Aidrian entend ses pas frapper le sol telles les pattes lourdes d’un éléphant près à charger. Comment un truc aussi petit peut faire autant de capharnaüm ? Un verre en main, son cure-dent perçant une olive de l’autre, le brun se détourne avec flemme. Fixant l’enragée d’un air parfaitement blasé. Apportant le bâtonnet à ses lèvres pour y croquer l’olive, et mâchant le tout sans discrétion ni classe. Pour répondre, Aidrian s’autorise une longue gorgée de Cocktail. Au loin, il croit voir le regard courroucé de son père. Rien qu’un verre. C’est pas comme ça qu’il allait replonger, si ? Pour supporter la crise qui s’annonce, ce soir, tout est permis.

« - Bonsoir Elizabeth. Commence le brun en posant son verre, avant d’enfoncer ses mains dans ses poches, sourire radieux plaqué sur sa bouille d’ange.

Rien que ça, c’est suspect.

- Ravissante, ta robe. Choix surprenant venant de toi, je vois que tu commences à t’adapter. Néanmoins …

Et de pencher sa carcasse pour amener le bout de son nez à la hauteur du sien.

- Je vois que les filles de ton temps n’avaient pas droit à la merveille qu’est la littérature. Permets-moi de te présenter ceci !

Sa main gauche va se fondre dans l’intérieur de sa veste, sortant ensuite un carton d’invitation.

- Mais … Qu’est-ce que c’est ? Fait-il mine de s’interroger, avant de reculer à une bonne distance. Et d’ouvrir ladite lettre en deux pour y jauger le contenu. Oh mais, c’est bien sûr ! Une carte d’invitation qui proposent à toute la ville et à tous ses habitants de se rendre au Salem’s Green ! Mais … Attends … Oh, si. On y est.

Puis de lui jeter la carte à la figure d’un coup de pichenette habile. C'est drôle, depuis qu'il est entré dans son corps, littéralement, Aidrian prend de moins en moins de courbettes avec elle.

- Tu vois, c’est ça qui m’agace chez toi. T’es qu’une saloperie d’Egocentrique ! Sur ce, tu permets, j’ai deux ou trois femmes à aller récupérer !

Tournant les talons avec sourire goguenard aux lèvres, le brun se dirige droit vers la silhouette blonde de sa tante de cœur. Si en apparence elle semble avoir seulement vingt-et-un ans, Alice en a en vérité pratiquement cent. Moins qu’Eliza, mais si cette dernière tente de le tuer, Alice saura la calmer sans qu’il est besoin de bousiller son smoking. C’est qu’il a loué ce machin et qu’il compte bien la rendre. Plaçant son bras sur l’épaule de la vampire blonde, tout en supportant son regard lourd de sens.

- Aidrian.

- Cherche pas à comprendre !

- Non, Aidrian, elle sait probablement qui je suis ... Je vous trouve bien proches quand même. » Se moque Alice en secouant le menton, tout en plaçant un bras sur sa taille, sous le regard goguenards d’un Marius occupé à dévaliser les Cocktails spéciaux sangsues.

Proches ? Elle est complètement malade ou quoi ? Pour être sûr, le brun lui vole son verre, reniflant le contenu pour y déceler toutes traces de drogues. Et se se manger une claque à l'arrière du crâne.

Oui, elle était furieuse. Elle en avait assez de se faire suivre partout par ce bébé chien. Elle s’attendait à voir un Aidrian penaud, pris sur le fait. Mais non, absolument pas. Elle fut immédiatement méfiante face à son sourire aimable, et elle eut raison de le faire puisqu’elle reçut un carton d’invitation directement à la figure. Comment osait-il ? Comment osait-il lui parler de cette manière ? Elle commençait à en avoir assez ! Elle méritait un peu plus de respect de sa part ! Elle était si surprise qu’elle ne parvint même pas à lui répondre. Il ne lui en laissa pas le temps d’ailleurs, et tourna les talons.

Mais qu’est-ce qui était le pire au fond ? La manière dont il lui avait parlé ou le fait qu’il se souciait en réalité bien peu de son sort ? Elle préféra choisir de concentrer toute sa fureur et sa frustration sur le jeune homme, plutôt que d’admettre la triste réalité : elle était bel et bien seule, dans cette ville, à cette époque et ne parvenait pas à s’adapter. Non, hors de question d’envisager tout cela. Ce qu’elle savait, c’est qu’il l’avait profondément offensée et que sa fierté en était atteinte au plus haut point. Il était hors de question qu’elle laisse passer une chose pareille. Le regard toujours fixé sur son dos, elle s’avança de nouveau vers lui. Il discutait avec une jolie blonde, et si elle avait eu les idées un peu plus claires, elle aurait sans peine reconnu Alice. Une fois qu’elle arriva à côté de lui, elle ne réfléchit plus et lui déversa la contenu de son verre à la figure.

« Tu es quelqu’un d’épouvantable ! »

Puis, se fut à son tour de tourner de nouveau les talons, pour se diriger directement vers le buffet. Elle avait besoin d’un autre verre, tout en fulminant, profitant de la présence à ses côtés d’une silhouette qu’elle ne regardait même pas.

« Les hommes sont absolument horribles. Pour qui se prennent-ils ? »

Phrase qu’elle conclut en avalant une gorgée pleine de sa nouvelle boisson.  

HRP:

Ashley commençait déjà à regretter sa venue. Sa soeur et sa mère s'étaient déjà volatilisées dans la nature. Elle les avait aperçut, elle savait qu'elles étaient arrivées : un simple coucou et elles s'étaient de nouveau fondues dans la foule. La rouquine ne pouvait pas leur en vouloir. Les deux jeunes femmes raffolaient de ce genre d'événements, alors que la cadette... Enfin.

La jeune femme était un peu larguée. Elle ne connaissait, à vrai dire, pas grand monde. Cela ne la rendait pas spécialement nerveuse : la sorcière était plutôt mal-à-l'aise, plantée là comme un piquet, à attendre elle-ne-savait-trop quoi. Un fin soupire échappa à la petite, qui commença à jouer avec une mèche de sa chevelure de feu. Ses prunelles rencontrèrent la tête rousse d'Ariana, et un sourire éclaira enfin son visage. La petite aurait probablement été la voir, si la louve avait été seule. Néanmoins, ce n'était pas le cas. De crainte de déranger un quelconque rendez-vous galant - comme elle avait craint de le faire à la Saint-Valentin - Ashley se contenta d'un signe d'un main joyeux.

Puis, elle vit Elkan, et une brunette à son bras qu'elle reconnut immédiatement. Son coeur bondit de joie dans sa poitrine. C'était pourtant une situation délicate : elle n'avait jamais dit au grand blond qu'elle avait été présente lors de l'exorcisme de Coraline, qu'elle avait tout vu sans pouvoir rien y faire. Pourtant, la rouquine ne put se résoudre à rester à l'écart : pour tout dire, son hésitation ne dura qu'une fraction de seconde. Puis, comme la pile électrique qu'elle était, elle courut le long du terrain de golfe, sans gêne, subissant les regards réprobateurs, et se jeta au cou de la fantôme, la serrant avec force.

- C-coraline !

Le fait était que les remords la rongeaient depuis ce triste événement, et qu'elle revoyait la scène constamment. Chaque fois, la sorcière se demandait ce qui se serait passé différemment si elle avait été suffisament puissante pour résister aux ordres mentaux d'Alaric. La demoiselle chercha à se calmer un peu. Elkan ne devait pas savoir. Il ne le lui pardonnerait pas. Elle se redressa enfin, glissant ses prunelles onyx vers le viking en lui adressant un sourire radieux.

- Tu as réussi !

 A contre-cœur il s'extirpe du manoir, sa longue carcasse enveloppée dans un costume d'un bleu sombre, s'accordant parfaitement à ses prunelles azures. Inutile de tenter d'être discret en s'habillant de parures sombres comme la nuit. Personne ne le loupera.  Alaric déteste ce genre d’événement, plus particulièrement lorsque toute la ville connaît votre visage, et peut y mettre un nom. Ce n'était pas comme ça, à New-York. Tout lui plaisait, là-bas. Malgré la pourriture et la misère. Plus de technologies à outrances, de sorcières fières se pavanant en toute liberté, couronnes imaginaires juchées sur le crâne. Ou de sales cabots se clamant libres comme l'air. C'est à cela encore qu'il songe, lorsqu'il gare son bolide sombre sur le parking, sortant ses guibolles longilignes tout en se fermant derrière lui. Glissant les clefs dans ses poches, menton haut et prunelles assassines, le monstre se dirige vers l'emplacement du Salem's Green. Tout est exactement comme s'il y attendait. Navrant. D'un cliché ennuyant. Le connard s'attend déjà à tout. Pour lui, tout cela ne dit rien qui vaille. Plusieurs convives sont aussi ici, sortant du parking pour rejoindre l'immense pelouse. Lui n'a aucune envie de se mêler à la foule. Rien ne semble réellement l'amuser et, pourtant, un spectacle plus qu’hilarant se dessine au loin. Une petite brune jetant avec fureur le contenu de son verre dans le visage d'un clébard penaud. Un vrai bourbier. Sorcières, chiens, humains et vampires se mélangent. Tout en approchant, certains le saluent, d'autres recules instinctivement. D'Absac ne semble pas l'avoir encore remarqué, et ça lui va. Mais il n'en a cure. Le géant de marbre plante ses opales dans le dos de la petite brune, sourire mesquin plaqué aux lèvres. Elle semble se plaindre. Encore. Elizabeth a toujours été une gamine capricieuse coincée dans un corps immortel. Tout comme sa carcasse organique, son esprit ne change pas. Il ne vieillit pas.

En arrivant jusqu’au buffet, Alaric a déjà eu le temps de noter plusieurs éléments : Ariana au bras d’un vampire qui lui semble très familier. Trop.  Ashley courant à toutes allures – sans tomber, miracle du soir – vers … Cette pourriture de Viking. Le nécromant est même en compagnie de … Coraline ? Décidément, tout devient bizarrement très clair dans son esprit. Le monde est vraiment petit. Minuscule. Misérable. Une autre question s’impose à son esprit tandis qu’il s’arrête silencieusement aux côtés d’Elizabeth : Comment est-elle revenue ? Il l’avait exorcisée. Devant Ashley. A surveiller de très près. Tant d’éléments qui devraient le faire bondir, mais qui en apparence, semblent à peine le perturber. Le grand brun-roux, toujours mains dans les poches, ignore tous les regards lourds de sens qui pèsent sur lui, tout en lâchant d’un ton moqueur :

« - Mais qui voilà, Crawley en personne. Jolie robe. Très ... Suggestive.  »

Damian n’est plus. Cette fille est tout à lui, maintenant. Et il compte bien s’amuser avec elle.

Une occasion tordue d'oublier les jours les plus sombres de leur vie. Une occasion tordue d'oublier les tensions entre les différentes espèces. Elkan ne croyait guère en ce semblant de paix. Toutefois, les habitants avaient probablement besoin d'y croire. Une façon comme une autre de donner l'illusion d'une cohabitation possible. Foutaise. Les vampires étaient des fléaux. Ils étaient morts et ils devaient rester ainsi de façon définitive. Hypocrite venant d'un sorcier ayant ressusciter un fantôme? Probablement vrai, cependant, un simple regard sur Coraline suffisait à lui ouvrir les yeux. C'était totalement différent. Coraline était probablement l'être le plus pur qu'il lui ai été donné de rencontrer... Contrairement à ces créatures aux longues canines. Elle avait sa place parmi les vivants. Elle avait sa place à ses côtés. D'ailleurs, le stress de la fantôme était palpable et bien plus encore lorsqu'elle prit la parole. Les claires prunelles d'Elkan faisaient la navette entre Riley et Coraline, pour finalement s'attarder sur l'humaine, un fin sourire séducteur aux lèvres. Charmer Riley n'était aucune dans ses intentions mais c'était une façon amicale de rassurer la blonde sur ses atouts majeur de séduction.

— N'importe quelle femme hétéro présente ici auraient une bonne raison de douter de sa sexualité en posant les yeux sur toi.

Traduction? Elle était ravissante. Il espérait simplement ne pas recevoir un verre d'eau en pleine face pour avoir osé complimenter Riley. D'ailleurs, il n'eu pas trop le temps de s'attarder sur la réaction possible de Coraline, puisqu'une tête rousse qu'il connaissait bien débarqua comme une furie. Ashley, une véritable petite pile électrique sur deux jambes. Le sorcier lâcha le bras de sa douce lorsque la mignonnette fonça droit sur la fantôme. Il pouvait comprendre la rouquine. Après tout, il était toujours agréable de revoir des visages connus. Des survivants de New-York. Ce qu'il comprit moins, en revanche, c'était les derniers propos d'Ashley. Les sourcils broussailleux du géant se froncèrent alors qu'il tentait de comprendre.

— Réussi? Quoi donc?

Oh bien entendu... il avait une petite idée de quoi elle parlait. Ce qu'il voulait savoir, c'était comment elle était au courant pour la disparition de Coraline. Même lui il ne l'a su que par un malheureux hasard. Le regard du viking faisait la navette entre Coraline, Ashley mais également Riley.

Bon elle devait arrêter. Arrêter de penser, de psychoter. Il était temps qu’elle s’amuse un peu et qu’elle se change les idées. Elle était de retour parmi les vivants, ce qui était une bonne chose. Elle n’allait pas repartir. Du moins, elle l’espérait. Il fallait qu’elle fasse la part des choses et qu’elle parvienne à se détendre et à retrouver un certain équilibre. Les deux personnes à ses côtés ne pouvaient que l’y aider. Ils étaient ses piliers pour le moment et n’imaginaient peut-être pas à quel point elle comptait sur eux. La réponse de Riley ne la satisfit qu’à demi, cela allait réduire ses activités possibles puisqu’elle ne pouvait ni boire, ni manger. Et à part eux, elle ne connaissait personne. En revanche, elle pouvait compter sur le côté séducteur d’Elkan, qui lui fit lever les yeux au ciel. Elle se tourna tout de même vers Riley pour appuyer les paroles du sorcier.

« Il a raison, tu es superbe. »

Elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit d’autre. Avant même qu’elle ait eu le temps de l’arrêter, elle aperçut cette bombe rousse foncer sur elle en prononçant son nom et se jeter à son cou. Elle aurait préféré que ceci n’arrive pas. Elle aurait préféré qu’Ashley ne soit pas ici. Elle pouvait voir son visage, présent au moment où elle avait été exorcisée. Et voilà qu’à présent elle l’étreignait comme si elles étaient les meilleures amies du monde. La revenante se raidit instinctivement. Puis, elle sentit les regards d’Elkan et de Riley sur elles. Elle n’était pas certaine de ce qu’il se passerait si jamais ils apprenaient la vérité, mais elle savait qu’il n’en sortirait rien de bon. Elle se força donc, sans grande conviction, à passer de nouveau rapidement ses bras autour de son petit corps. Puis, elle se recula.

« Je ne savais pas que tu étais ici... à Salem... »

Elle avait quelques difficultés à rester calme et à se montrer aimable. La rousse était bien plus petite qu’elle et pourtant elle avait du mal à se forcer à la regarder. Puis, elle se tourna vers les autres, un sourire figé sur les lèvres.

« Vous voulez quelque chose à boire ? Je vais vous rapporter des verres ? »

Et elle s’éloigna, sans même attendre de réponse. Elle ne voyait pas vraiment comment rester calme ou même le paraître à côté de la sorcière. Les sentiments qu’elle éprouvait étaient aussi violents qu’indescriptibles et elle savait qu’il ne valait mieux pas les laisser paraître. Elle se dirigea vers le buffet, et se retrouva près d’une jeune femme blonde au visage enfantin.