Sometimes, meeting good persons is not so hard || PV Ariana

❝NIGHT IS SO SCARING❞

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Briseis entra dans le bâtiment qui comme bien d’autres à New-York ne faisait plus que refléter une gloire passée. Pourquoi laisser l’humanité croupir dans une telle atmosphère ? Ces originaux avaient certainement voulu les punir mais pourquoi les priver d’une vie « normale » ? La question parfois effleurait l’esprit de la jeune femme. D’aussi loin qu’elle s’en souvenait, elle avait toujours connu ce bâtiment tel qu’il était à présent : à moitié en ruines. Les machines, les soins, tout était rationné. La prospérité était partie, et il ne restait que la misère. Une misère que partageaient tous les êtres humains qui préféraient se réfugier dans la noirceur de leur âme. Au contraire de Briseis. La jeune femme avait été élevé par ses parents pour conserver son humanité. Si beaucoup se moquaient de sa naïveté et abusaient de sa gentillesse et de sa réserve, elle restait une personne capable de percevoir du bon en chaque être. A quoi bon ? Cela n’était pas une garantie de survie loin de là. Elle serait même selon beaucoup la victime idéale, celle avec laquelle on prenait un plaisir sadique à la tourmenter sans vraiment qu’elle ne s’en rende compte. Sa détresse pouvait être une distraction et son innocence, sa dévotion pour une religion qui ne répondait même plus à ses questions aussi. Pourtant, elle n’était pas la seule à avoir réellement un bon fond et ce jour-là, le Ciel allait le lui prouver.
Briseis avait terminé sa journée de travail et, comme tous les jours, s’apprêtait à rentrer chez elle. Il existait bien un centre où elle se rendait dès qu’elle le pouvait, mais le ciel s’assombrissait déjà et la jeune femme n’aimait pas se promener la nuit. C’était là que les créatures venaient répandre le sang du commun des mortels. De manière certes plus discrète mais on ne comptait plus le nombre de cadavres ou de disparitions mystérieuses. Prudence était mère de sûreté, cette règle était devenue son moto. Alors qu’elle traversait la rue, elle trouva une femme âgée d’environ une quarantaine d’année qui venait de faire une chute. Par prudence, Briseis avait décidé de l’accompagner à l’hôpital.
La soutenant comme elle le pouvait, elle la confia aux urgences et laissa le personnel médical (ou en tout cas ceux qui s’y connaissaient mieux qu’elle) la prendre en charge. Inquiète de l’heure, elle tourna la tête vers une fenêtre au travers de laquelle l’on pouvait à peine distinguer les immeubles environnants. Trop tard. Briseis déglutit. Il lui faudrait se résoudre à passer la nuit ici… Un peu anxieuse, elle décida de s’asseoir dans fauteuil bien usé par le temps. Le coude posé sur un accoudoir, la tête reposant sur sa main, elle observait les infirmiers et les médecins courir, telles des abeilles dans une ruche. Elle pensa alors qu’il fallait beaucoup de courage pour travailler ici. S’il lui arrivait parfois d’aider au sein du centre, de faire du bénévolat, elle avait aussi besoin de manger. Comment faisaient ces personnes ?
Là, une mère et un jeune garçon d’environ huit ans entra. C’était elle qui apparemment avait un problème de santé et l’équipe médicale avait bien des difficultés à la convaincre de rester calme. Tout comme à gérer le jeune garçon qui paniquait de voir sa mère se débattre et la force dont devait faire preuve le personnel pour la calmer. Sans réfléchir, Briseis approcha l’enfant et le tira en arrière par l’épaule. « Ils sauront prendre bien soin d’elle, ne t’inquiète pas ». Elle sourit, et l’enfant la suivit, libérant du même coup suffisamment de place pour qu’une personne puisse aider à immobiliser la patiente. Briseis resta avec l’enfant, lui expliquant au mieux ce qu’ils faisaient pour aider sa mère. Celui-ci semblait très intelligent : le visage grave, il observait. Jusqu’à ce qu’une femme blonde ne vienne les aborder. Surprise, Briseis leva la tête. Il en fit de même, avec toutefois bien plus de méfiance.

❝NICE TO MEET YOU ARIANA❞

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Briseis restait avec l’enfant alors que sa mère était emmenée loin de lui par le personnel. Comme tant d’autres bâtiments dans la ville, l’hôpital était par endroit en ruines. On sentait qu’il n’était plus entretenu et certaines ailes étaient probablement totalement abandonnées. Aujourd’hui, il fallait faire sans certains appareils qui auparavant permettaient de gagner du temps. La pauvre femme poussait des cris parfois inhumains, tant sa douleur et sa crainte de perdre de vue son enfant la perturbait. Briseis, sentant que l’enfant gênait les médecins et les infirmières approcha pour le prendre avec elle et veiller sur lui. Tentant de le rassurer, elle gardait un œil sur ce qu’ils faisaient et tentait de comprendre les termes employés. Malheureusement, Briseis n’était pas vraiment une experte en médecine et le jargon lui échappait complètement.

Soudain, une infirmière les approcha. Avenante, elle fixait le gamin avec douceur mais ne manqua pas de les surprendre tous les deux. Ils ne l’avaient pas vu venir, ne s’attendant pas à ce qu’on leur prête vraiment attention. L’urgence était la femme, la mère de l’enfant et certainement pas eux. Hochant la tête poliment, Briseis sourit et la salua en retour. Oui, on pouvait bien dire que la blonde s’incrustait et pourtant, les quatre yeux la fixaient, espérant obtenir une réponse ou des explications quant à l’état de la victime et qui prendrait en charge l’enfant. D’ailleurs, la brune pensait bien que l’infirmière venait justement à ce propos. La jeune femme ne pouvait pas l’emmener chez elle, elle n’était pas de la famille et ne faisait que survivre dans ce monde. Son frigo était totalement vide, elle ne pourrait rien offrir à ce gosse.

Détectant un mouvement vertical, ils suivirent la main d’Ariana qui plongea dans sa poche. Qu’allait-elle en sortir ? Des menottes ? Une arme ? Ou un outil pour ausculter le petit garçon ? Celui-ci se pressa contre Briseis, méfiant. Mais les yeux de l’aînée devinèrent bien vite une barre chocolatée. Il était étonnant qu’on puisse encore en trouver mais l’humaine fut simplement heureuse à l’idée qu’il puisse en recevoir une. Dans ses souvenirs d’enfance, c’étaient très souvent des cadeaux. A ses yeux, ce genre de sucrerie était précieuse.

Briseis le poussa légèrement vers la blonde, lui donnant ainsi le courage de saisir sa friandise et défit avec précipitation l’emballage pour dévorer le chocolat. Depuis quand n’avait-il pas mangé se demanda la jeune femme ? Secouant négativement la tête, un peu perdue dans ses pensées, la brune ajouta : « Non. Non je ne suis pas de la famille. Je viens juste de le rencontrer. Il pleurait pour sa mère et gênait l’intervention alors… J’ai proposé de le garder en attendant le diagnostic et que les soins soient faits pour qu’il puisse la rejoindre..» A peine mentionna-t-elle une salle de jeux qu’il réclama immédiatement pour y aller. Des coloriages, dessiner… Il n’avait pas pu le faire souvent jusque-là. Cet hôpital se transformait peu à peu en paradis, en un fabuleux parc d’attractions.

La blonde finit par se présenter. Hochant la tête, souriant, Briseis répéta son prénom pour bien le mémoriser. «Ravie de faire votre connaissance Ariana. Je m'appelle Briseis. Eh bien… Par rapport à cet enfant… Vous comptez bien le garder n’est-ce pas ? Parce que je ne voudrai pas qu’il soit mis dehors et qu’une chose affreuse ne lui arrive…» Elle baissa les yeux, inquiète. Oui, sa question était un peu niaise mais la vie était trop précieuse pour qu’elle ne soit perdue bêtement, parce que l’on avait croisé le chemin d’un tueur sanguinaire ou simplement d’un taré. Il y en avait beaucoup dehors….

❝LET ME HELP❞

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Briseis fut soulagée lorsque la jeune femme lui confirma que l’enfant pourrait rester avec sa mère. Elle avait beau avoir grand coeur, elle ne se sentait pas la force et le courage d’assurer sa sécurité. Elle même peinait à survivre et il valait mieux que cet enfant ait du monde autour de lui. Ici, les humains étaient plutôt en sécurité. Du moins, ils pouvaient être soignés et nourris. Mieux que s’ils étaient dehors, dans ce monde plein de loups, de vampires et de sorciers. Quoique la seule catégorie dont il fallait vraiment s’inquiéter c’était celle des buveurs de sang. Observant d’un oeil inquiet le garçonnet qui partait s’installer là où on le lui avait conseillé, la jeune femme se rendit compte qu’elle avait besoin d’être certaine qu’on prendrait bien soin de lui. Lorsque la blonde reprit la parole, elle ramena ses yeux noisettes sur son interlocutrice.

- Bien sûr... Je comprends, lui répondit-elle tout en découvrant qu’elle n’était pas sortie d’affaire. Mais comment faire ? Elle ne pouvait pas lui offrir d’avenir. Et il avait besoin de sa mère. L’arracher de ses bras... Elle ne s’en sentait pas le coeur. En plein désarroi, elle se tendit quand elle la saisit par ses épaules, frêles, trahissant une sous alimentation. Dès ce soir ? Hochant la tête pour lui indiquer qu’elle avait entendu, elle esquissa un sourire mais ce dernier s’effaça bien vite. L’air grave et sérieux, elle ne pouvait que partager ses craintes. Oui, elle avait l’air effrayé et inquiète. S’il est prêt d’elle, peut-être qu’elle se laissera faire ?

Mal à l’aise, Briseis rougissait déjà alors qu’elle ne comprenait pas pourquoi elle la tenait toujours comme ça. Ses amies avec leurs commentaires graveleux lui avait fait comprendre que certaines femmes, parfois, étaient attirées par d’autres femmes. Quelque chose qui la dépassait totalement. Dans la Bible, on n’en parlait pas. Et à ce qu’elle en savait, l’Eglise non plus ne le mentionnait jamais. Et elles n’avaient pas manqué de voir son regard perdu alors la rouquine, celle qui se prétendait sa meilleure amie, lui avait expliqué que cela devrait lui être interdit. Ce soir là encore, elle n’avait pas pu exprimer sa pensée. Que ce soit interdit ? Elle n’en savait rien et à vrai dire elle avait l’impression que c’était plus la loi des hommes qui réprouvaient cet amour que Dieu. Parce que s’il s’agissait d’amour, pourquoi faudrait-il punir ou interdir ? C’était exactement comme pour un homme ou une femme. La luxure restait un pêché mais un amour pur et sincère ne pouvait jamais être puni. C’était bien le message premier qu’on lui avait enseigner : aimer sans barrière. C’était même sûrement ce qui lui permettait aujourd’hui de ne pas accorder uniquement de l’importance à la nature de l’être qui lui faisait face mais de creuser pour déceler, sous des années de vie dure, la bonté qui sommeillait en chaque être. De l’arroser, afin qu’elle puisse s’épanouir. Et chaque bonne action rendrait chaque jour ce monde un peu meilleur. Donc, se demandant si elle était face à une femme qui tentait de la séduire, Briseis se mit à rougir, gênée. Surtout quand elle lui proposa de rester. Elle devrait refuser. Il fallait qu’elle refuse. Mais...

- Je vais patienter ici, oui, s’entendit-elle répondre. Pourquoi ? Alors qu’elle voulait rentrer chez elle ? C’était là son problème, elle ne savait pas dire non et craignait toujours le regard des autres et de décevoir. Si cela vous aide, que je reste et le garde, alors je le ferai, ajouta-t-elle. Ou bien... Sinon, je peux peut-être vous aider avec autre chose ? Je n’ai aucune compétence médicale mais si vous manquez de monde, je peux peut-être vous aider cette nuit ?

Non Briseis... Il faudrait se lever tôt et aller travailler mais... Qu’était-ce qu’un boulot de serveuse quand des vies étaient en jeu ? Le regard plein d’émotion, elle laissait la jeune femme juger de sa capacité ou non à les aider. Et tant pis pour sa nuit, son sommeil, son travail... Elle irait quand elle pourrait. Tout le monde savait que dans ce monde, les imprévus étaient courants.

❝COULD YOU PLEASE SHOW ME HOW TO HEAL?❞

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Observant le personnel qui courrait un peu dans tous les sens, les yeux noisettes s’interrogeaient. Etait-ce un lieu suffisamment en sécurité ? La jeune femme restait un peu sur ses gardes. Aucun endroit n’était vraiment sûr, elle le découvrait chaque jour un peu plus. Et maintenant que la nuit était tombée, elle avait trop peur de sortir. Rencontrer un vampire ou un loup garou, c’était bien ce qui l’effrayait. Finir en cadavre dans les bras de l’un, peut-être en charpie dans les bras de l’autre, elle était du genre à vouloir se faire invisible. Par miracle, elle avait survécu jusqu’ici et la jeune femme n’avait pas intérêt à déroger à ses règles de survie. Il lui faudrait donc rester ici. Mais dormir l’angoissait. Le sommeil demandait un abandon total. Et l’une de ces créatures pouvaient bien lui sauter dessus sans crier gare. Alors elle avait proposé son aide. Être active lui permettrait de tenir jusqu’aux premières lueurs du jour. Mais voilà que la blonde secoua la tête négativement et refusa. Un peu surprise, Briseis hocha la tête mais insista quand même. « Vous êtes sûre ? Vous savez je peux me reposer plus tard... ».

Pourtant son corps lui réclamait du repos. Mais Briseis ne s’écoutait que rarement, voire jamais. Il lui fallait vraiment être malade comme un chien pour ne pas aller travailler et rester couchée chez elle. Heureusement cela arrivait rarement. Son boulot, c’était une chance, elle en était bien consciente. Il lui permettait de récupérer un dîner à peu près décent. Malgré tout, elle restait sous alimentée. « Merci beaucoup. ». Elle suivit du regard l’infirmière qui manifestement cherchait une chambre libre. Patientant là avec le gamin, elle observa à nouveau les médecins. Ils avaient l’air de savoir ce qu’ils faisaient et pourtant ils n’avaient plus autant de moyens qu’avant. Ils l’impressionnaient. Elle se leva et approcha pour voir comment ils faisaient. Enregistrant chacun de leurs gestes, la brune restait particulièrement attentive. Concentrée, elle vit soudain l’infirmière revenir pour les conduire à leur chambre.

Elle la suivit avec l’enfant mais ce dernier voulait farouchement être avec se mère. Qui pouvait l’en blâmer ? Briseis se souvenait bien comment ses parents représentaient tout pour elle à cet âge là. Elle n’avait jamais connue le monde avant.... Le monde libre. Quand elle vit l’endroit qu’elle leur proposait pour dormir, Briseis se trouva malheureuse. Un hôpital devrait être un sanctuaire, un lieu que les vampires maintiendraient en état. Après tout, ils sauvaient leur garde manger ici... Un lit, un fauteuil. Le lit lui faisait tellement envie mais elle savait déjà qu’elle y renoncerait pour l’enfant. « Je prendrai le fauteuil, merci ».  L’armoire semblait sur le point de tomber en ruines alors elle ouvrit doucement la porte pour trouver les couvertures. Elle en trouva bien une. Elle proposa à l’enfant de se coucher et le couvrit avec. Elle s’assit dans le fauteuil mais il faisait assez froid dans la pièce. Pourtant, elle ne se plaignit pas au contraire. « Je vous remercie beaucoup. ».

Lui adressant un sourire, elle observa la fenêtre. La ville était plongée dans le noir. La nuit reprenait ses droits. La jeune femme soupira et ferma les yeux un instant, juste un instant. La blonde était probablement partie chercher une couverture pour elle. Quand elle reviendrait, elle dormirait.

Elle se réveilla quelques heures plus tard. Quand même, être ici était une chance et il serait bien qu’elle apprenne à faire quelques soins. Sa fatigue n’était pas vaincue, loin de là mais l’enfant lui dormait. Alors le plus discrètement possible elle se rendit dans le couloir et chercha l’infirmière. Elle mit bien une heure pour la trouver. « Excusez-moi, je me suis réveillée et... Et j’aimerai savoir si je pouvais vous aider. Vraiment. J’aimerai bien apprendre à soigner les gens, au cas où. Connaître les gestes. Seriez-vous d’accord pour m’apprendre ? ».