Touch me — Liam&Sam [terminé]

Touch Me

Elle s’échappe. Elle avait évité Joe. Elle ne savait pas vraiment trop comment, mais elle l’avait esquivée suffisamment longtemps pour se pouponner et quitter l’appartement. Peut-être même sa colocataire n’était-elle pas là. Peu importait au final. Sam sortait ce soir. Cela faisait quelques temps qu’elle s’entrainait avec Joe. Son corps était moins meurtri que les premiers jours, sa peau s’habituait aux bleus et marquait moins facilement. Elle avait pris du muscle, fuselant son corps, le rendant encore un peu plus désirable par la gente masculine. Et elle avait bien l’intention d’en user et abuser ce soir-là. Oh, Samantha aimait aguicher des hommes, les mener à se taper sur le crâne, mais ça n’allait jamais plus loin. Une grande gueule. Rien de plus. C’était ce qu’elle était. Une grande gueule. Son premier baiser, elle avait eu à peine quelques semaines plus tôt. Son ancien meilleur ami… et il avait disparu sans laisser de traces. Autant dire que ça ne la poussait pas à se laisser aller avec un homme et à lui dévoiler son cœur et le tourment de ses pensées. Peut-être était-ce aussi pour ça qu’elle avait voulu apprendre à se battre. Outre l’attaque surprise de Salem, elle ne voulait plus se sentir aussi faible et fragile. Autant physiquement que mentalement. Et les entraînements avec Joe n’étaient pas seulement durs physiquement, ils l’étaient aussi mentalement. Ils l’avaient endurcie. Tout comme cette fichue magie rouge qui striait sa magie dorée.

Ses talons martelaient le bitume. Ses escarpins étaient d’un rouge si sombre que dans la pénombre, il semblait presque noir. Ils s’accordaient parfaitement avec la robe qu’elle portait, noire. Des mèches blondes s’écoulaient le long de son visage, échappées de son chignon qui se voulait sophistiqué. Elle allait jouer avec d’autres poissons ce soir. C’était fini les bars de banlieues où ils puaient tous plus forts les uns que les autres. Il était temps de voir si les gentlemen savaient frapper fort pour leur dame également. Ah ! Elle était bien loin d’être une dame, mais en cette soirée, maquillée juste d’un trait d’eye-liner et d’un rouge à lèvres rivalisant avec ses chaussures, Samantha pouvait presque donner le change. Et puis, elle avait envie de s’amuser. Ce n’était pas un drame, si ? Il faisait froid. Elle portait juste une petite veste en cuir par dessus sa tenue et ses jambes nues affrontaient la brise de la nuit courageusement. Elle marchait d’un pas vif pour garder la chaleur dans ses muscles. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle marchait, mais elle avait quitté le Bronx. Ça se voyait juste aux bâtiments. A l’atmosphère. Tout était plus sophistiqué, moins délabré. D’une certaine manière, c’était aussi plus dangereux. Elle entrait sur le territoire de ceux qu’elle avait juré être ses ennemis à jamais.

Finalement, son oreille fut attirée par le bruit étouffé d’une musique envoûtante mais à la fois rythmée. Comme les battements de cœur à l’unisson alors que les corps s’entrelacent. Elle ressent la musique jusque dans ses os. Ses pas se firent plus rapides et d’un seul sourire au videur, elle se fraya à l’intérieur de la boîte de nuit. Ah ! Là, au moins, les hommes savaient s’habiller et ils n’étaient pas tous en train de se saouler. Non. Des gens dansaient effectivement, les corps langoureusement les uns contre les autres. Ça n’avait pas du tout la même gueule que ce dont elle était habituée. Un sourire étira ses lèvres dans un rictus presque carnassier. Elle déposa sa veste au vestiaire et s’élança en remuant les hanches vers la piste de danse. La musique coulait dans ses veines comme la magie et elle se laissait aller, fermant les yeux. Elle ne pensait plus à rien, vidant son esprit de toute préoccupation. Pour le moment, tout ce qu’elle souhaitait, c’était s’amuser. Bientôt, elle se retrouva entourer de jeunes hommes qui frôlaient leurs corps contre le sien. Elle s’amusait à slalomer entre eux, caressant la joue de l’un, effleurant le ventre d’un autre. Bientôt, ils voudraient ne l’avoir que pour eux. Eux seuls. Ne pas partager. Son visage se fendit d’un large sourire resplendissant. Et là… BAM ! Le premier coup partit. C’était à peine si elle les avait entendu se chamailler, se pousser pour être celui qui sera le plus près d’elle. Mais le premier coup de poing était parti, écrasant un nez. Samantha savoura le spectacle pendant un instant, fière de sa connerie avant de s’esquiver entre les danseurs pour rejoindre le bar.

Elle se commandait un gin tonic lorsque les videurs envahirent la piste de danse pour séparer les combattants. Un petit sourire flottait toujours sur ses lèvres alors qu’elle se hissait sur son tabouret et croisait ses jambes qui paraissaient interminables avec ses hauts talons et sa robe peut-être un peu trop courte. Les hommes furent rapidement éjectés dehors. Bon, soit, le seul truc qui était un peu embêtant, c’est que la sécurité était un peu trop rapide et efficace. Ça aurait pu durer un peu plus longtemps, ça aurait été plus marrant. Son verre à la main, elle voulut faire pivoter son tabouret pour observer les danseurs mais son genou percuta un obstacle. Son regard se porta alors sur la chose qui l’empêchait de se tourner… qui s’avéra être une personne. Un homme même. D’un certain âge déjà, mais toujours très charismatique. Samantha haussa un sourcil, un sourire joueur planant déjà sur ses lèvres. — Oui ? — Pas très digne d’une lady, mais après tout, elle n’en était pas une.

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Liam n'est pas toujours 'clean'. Oh non, loin de là. Au contraire. La fumée virevolte autour de lui, la musique bruyante en dessous faisant vibrer le sol. Le brun fixe le plafond, écoutant distraitement l'un de ses employés se justifier. Il manque de l'argent en caisse, il a fait le compte. Et inutile de préciser qu'un petit merdeux à sûrement piqué en douce. Le sorcier fait grincer ses dents, paupières toujours closes. Andrew agite ses mains, lèvres tremblantes. Le gamin fixe l'un des videurs gros comme une armoire à glace. Sûrement plus inquiet parce que ce dernier pourrait lui faire si Liam le lui ordonnait. Liam lève les yeux au au ciel derrière ses paupières closes, agacé par ce cliché stupide. Il est avant tout PDG d'une grande boite, pas dealer, ni MAC. Néanmoins, Andrew n'a aucune chance de récupérer son emploi. Liam sait déjà tout, pour l'avoir vu dans le crâne du gosse. Tandis qu'à l’extérieur, il semble somnoler sans réellement faire attention à son employé qui tente de trouver mille excuses, Liam farfouille dans son crâne. Notant au passage que ce dernier n'a pas l'esprit très vif. Les pensées sont plus confuses encore que les paroles. «  Qu'est-ce que je vais dire à maman ! » Ou «  J'aurai jamais du voler ce fric, ce mec va me tuer ! », mais le plus déroutant, c'est sûrement cette pensée récupérée dans le tas : «  Elle était quand même vachement canon ! ». Liam ouvre grand les yeux, se redressant pour voir de quoi il parle.

Et lorsqu'il distingue la photo représentant Graham, Elie, Ty et lui, il se retient de foudroyer le gosse. Il a toujours cette photo sur son bureau, même dans l'immeuble de BLAKE INC. Liam fusille le rouquin du regard, tâches de rousseur à peine masquées par la rougeur de ses joues.

«  - Vire-moi ça d'ici, Cliff ! Crache Liam en serrant les dents, se redressant avant de se précipiter vers lui. Si t'avais besoin, t'avais qu'à me demande, espèce de petit con ! Je veux plus voir ta face de rat dans le coin, pigé ? Ordonne-t-il à quelques centimètres à peine de lui. Dent serrées.

De là où il est, Liam distingue les quelques goûtes de sueur du marmot. Il ne va pas lui demander de rembourser l'argent, il n'en a pas besoin. La simple pensée d'Andrew sur sa belle sœur défunte lui refile la gerbe.Derrière lui, l'ombre de Cliff entoure les deux hommes comme s'ils n'étaient qu'un. Le sorcier recule d'un pas, faisant un signe au videur de le raccompagner jusqu'à la sortie.

- Laisse-le reprendre ses affaires avant. Et je veux récupérer son Pass, compris ?

Le grand type au crâne chauve hoche la tête silencieusement, posant une patte velue sur le bras de son ex-employé. La porte s'ouvre, laissant des effluves de notes bruyantes envahirent l'espace avant d'être à nouveau étouffées et, le brun se dirige vers le mini-bar pour y chopper un verre qu'il remplit vite de Gin tonic. Fut un temps où il aurait sûrement été en train de faire la fête, ici, ou en bas. Judicieusement accompagné. Malheureusement pour lui, Liam a perdu goût aux divertissements. Etre ici lui permet simplement de ne pas … Dormir. Les cauchemars devenant de plus en plus insupportables. La culpabilité de plus en plus dévorante. Ses doigts parcours lentement le cristal, ses pupilles se contractent et il en avale une grande gorgée avant de grimacer, sentant l'alcool brûler son œsophage de manière réconfortante. Il commence sérieusement à s'ennuyer, peut-être devrait-il se rendre au Labo pour continuer les tests. Graham risque de perdre la vie chaque jour depuis que le virus mutant s'est dégradé. Cette chose le ronge … Et il ne supportera pas une énième perte. Le verre rapidement vide, Liam décide rapidement de laisser son sanctuaire infernal aux mains de ses employés. Au moins, il sait qu'Angie est digne de confiance.

Le presque quarantenaire s'extirpe de son bureau avant de fermer derrière lui, rejetant sa veste par-dessus son épaule en glissant sa main libre dans sa poche. Ses chaussures claquent silencieusement contre le grillage de l'estrade alors qu'il s'appuie à la barre de fer, regardant d'un œil distrait le masse de corps enchevêtrés. Tout ça parait drôlement dérisoire, étrangement lointain. Peut-être bien qu'il devrait revendre ce club au plus offrant. Dans l’obscurité, quelques jets de lumières acidulées viennent danser contre sa peau, lui donnant une mine tantôt bleu, tantôt rouge. Au milieu de la piste, une jolie blonde aux jambes rendues interminables par une tenue courte ondule entre un tas de babouins qui se disputent le lot. Elle doit avoir qu'elle âge ? De là, il dirait dans la vingtaine. C'est généralement le cas, ici. Quoi que, il a surpris un papy de 70 ans flânant dans le coin deux semaines plus tôt. Ce spectacle là semble indigne d’intérêt, pourtant, il l'observe attentivement. Quelque chose le chagrine, de là où il est, Liam sent comme un léger picotement. Il l'oublie vite lorsque les babouins commencent à réellement se disputer la jeune femme, frappant et jurant en crachant des injures par-dessus la musique bruyante. Ben voyons,  Liam les ignore, sachant parfaitement que les videurs effectueront leur travail.

C'est sur elle, qu'il se concentre. La jeune femme aux cheveux d'or s'extirpe de là, sourire scotché aux lèvres. Elle semble bien fière d'elle, persuadée d'être blanchie. Le sorcier penche la tête sur le côté, se décollant de la barre pour descendre les marches tranquillement en la regardant commander au serveur. Les sales babouins, comme Liam se plaît à les nommer dans sa tête, sont déjà expatriés du sanctuaire de débauche. Qu'est-ce qu'il fout là, déjà ? Ah oui, c'est le siens. Liam s'approche tranquillement du véritable imposteur. Ou plutôt, La. Main gauche toujours plantée dans la poche de sa veste, ce dernier s'arrête net à côté d'elle, la regardant d'une moue neutre sans faire attention à la serveuse qui fronce les sourcils. Il le sent toujours, ce picotement qui lui brûle les narines et se glisse jusqu'au creux de son estomac. Elle en est. Il en est persuadé. C'est la même sensation, celle qu'il ressentait lorsque son père était tout proche. Celle qu'il a cru oublier alors que le grand homme a quitté ce monde, pour, il l'espère, en rejoindre un meilleur.

Liam sent le genoux de la fille percuter le sien, et, relève la tête vers cette dernière qui le fixe, sourire toujours fixé à ses babines. Comme il le pensait, elle doit avoir dans la vingtaine, les joues légèrement rougies par la chaleur, des filets dorés s’échappant de son chignon retombent en cascade. Elle est jolie, avec ses yeux d'un bleu clair et pur. Simple constatation de sa part. Il est surtout obsédé par les petites décharges, par la magie qui plane autour d'eux. Il n'a jamais vu d'autres sorciers. Jamais. A part son père …

« -  Oui ?  Qu'elle demande d'un air faussement innocent, sans se défaire de son petit sourire narquois.

Liam se contente de la regarder, affichant un sourire neutre et sans joie avant d'effleurer son dos. Un contacte bref qui l'invite à se lever et à se bouger de là. En apparence du moins. Au fond, il s'amuse un peu, son don lui permettant pas mal de petites prouesses. Bon, d'accord, c'est plus fort que lui. Pourtant, la jeune femme semble complètement indifférente. La constatation lui fait grincer les dents. Soit il est rouillé, soit cette fille est bien ce qu'il croit.

- Mademoiselle, si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre. Se contente-t-il de répondre, sans avoir besoin de crier pour se faire entendre par-dessus le vacarme. Et d'attendre qu'elle veuille bien donner la peine de se lever. J'vais pas vous bouffer !  » Ajoute Liam d'un air malicieux, affichant un sourire plus amusé cette fois. Qu'elle le prenne dans tous les sens du terme, si ça lui chante. Peut-être bien que la soirée pourrait s'avérer plus amusante qu'il ne l'espérait, finalement.

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Elle avale une gorgée de gin tonic et savoure le liquide acidulé le long de sa gorge. En fait, elle est heureuse du froid apporté par les glaçons. Là, alors que son genou percute quelque chose — quelqu’un — elle ressent une vibration dans son être, comme un vrombissement. Elle sait que ça veut dire qu’elle est en présence d’un autre sorcier. Elle lève les yeux vers l’homme qui fait obstacle à son genou et lui offre son meilleur sourire, à la fois malicieux et coquin. Ses mèches jouent doucement sur sa nuque et au creux de son cou, ses joues rougies par la chaleur du club, ses longues jambes croisées, faisant légèrement remonter sa robe sur ses cuisses. Elle prend un air faussement innocent. Elle ne sait pas qui il est, mais il doit être un minimum intéressé par elle, s’il est venu se planter devant elle. Elle sent toujours ce léger picotement. Elle y avait été habituée, depuis sa naissance, jusqu’à son retour à New-York. Elle avait passé son existence entière, ou presque, en compagnie de sorcières et de sorciers. Elle en avait perdue l’habitude depuis qu’elle était revenue dans sa ville natale. Il y avait beaucoup moins de sorciers autour d’elle maintenant. Elle était toujours curieuse et étonnée quand elle ressentait cette sensation. Et comme le frémissement s’était seulement fait ressentir à l’approche de l’homme, elle devinait que c’était à cause de lui. Un sorcier aussi.

Mais ce monsieur n’avait l’air de vouloir jouer. Il lui offrait un sourire sans joie ni émotion. Ses doigts effleurent son dos que sa robe laisse en grande partie dénudé. Elle réagit à peine. Sa peau est engourdie par la chaleur et la pression ambiante. Elle a trop été effleurée par les danseurs pour réellement sentir quoi que ce soit. Elle ne bouge pourtant pas de son tabouret. Elle l’entend grincer des dents et hausse un sourcil. Aurait-elle du réagir à quelque chose ? — Mademoiselle, si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre. — Il n’hausse pas la voix, mais elle n’en a pas besoin pour l’entendre. C’était un peu comme si sa voix parvenait à faire abstraction à la musique. Ou alors c’était peut-être leur proximité ou ce frémissement du à la magie. Comme elle s’obstinait à ne pas bouger, un sourire se dessine sur le visage de l’homme, amusé et malicieux. — J'vais pas vous bouffer ! — Le sourire de la jeune sorcière refait surface et elle bondit délicatement de son tabouret pour atterrir au sol après avoir reposé son verre sur le bar. Elle sent toujours les doigts du sorcier sur sa peau mais ne ressent rien de plus. Elle se laisse guider vers des escaliers en métal, ses hanches ondulant légèrement. Le sourire qu’elle affiche laisse seulement penser qu’elle sera le prochain dessert de ce monsieur… qui semble d’ailleurs occuper une position importante dans le club, vu la façon dont les videurs le regardaient et que la foule semblait s’écarter sur leur chemin. Voilà qui la rendait encore plus curieuse. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui vouloir ? A moins qu’il ait perçu son petit manège.

Il la guida jusqu’en haut des marches. Samantha n’apprécia guère la montée car les marches en métal ne laissaient guère de doute sur ses sous-vêtements si l’un se plaçait juste en dessous pour savourer la vue… Heureusement, l’obscurité du club sauvait un peu de sa dignité. La porte s’ouvre sur un bureau soigneusement agencé et un meuble imposant. S’éloignant de l’homme et des doigts posés dans son dos, Samantha s’avance jusqu’à ce dernier et pose ses fesses sur le rebord, croisant ses jambes et se penchant légèrement en avant. Elle avait toujours été très au courant de sa beauté et de l’effet qu’elle pouvait avoir sur les hommes, même si c’était surtout après le départ inattendu d’Aidan qu’elle s’était mise à en profiter un peu trop. Oh, il lui était arrivé de jouer avec les hommes par le passé, mais rien de bien sérieux… La disparition de son ancien meilleur ami, sans un mot, devait avoir déclenché une autre facette de sa vengeance. Une plus malicieuse et coquine, destinée aux hommes qui consommaient les femmes comme des bières sans même prendre le temps de les savourer, de distinguer les différentes facettes. Femme fatale. Veuve noire. D’une certaine façon… même si elle n’avait jamais vraiment fait de mal à quiconque. Pour l’instant.

Un sourire flotte sur ses lèvres et elle penche la tête délicatement sur le côté, ses mèches dorées balayant son épaule gauche. — Que me vaut cet entretien en tête à tête ? Aurais-je fait quelque chose de mal ? — Oui, elle avait décidé de continuer sur la carte de l’innocence même si elle percevait plus ou moins qu’il savait déjà qu’elle avait été la cause de la bagarre vite finie qu’il y avait eu dans son club. Elle se redresse à demie, son sourire se transformant en une petite moue. — Je vais être punie ? — Et elle fait passer ses mains — qui étaient fermement ancrées sur le bord du bureau quelques instants plus tôt — devant elle, comme s’il allait lui passer des menottes. Peut-être jouait-elle avec le feu… mais ces derniers temps, c’était cet élément qui semblait prédominant dans ses veines… même si elle était toujours fortement liée à la terre, elle le sentait…

HJ:

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Le bureau n’est pas beaucoup plus lumineux que le club en dessous. En fait, si, quand même un peu. Quelques lampes savamment placées diffusent un éclairage tamisé mais suffisant. L’air y est moins lourd que sur la piste, plus respirable. Et on s’entend parler sans avoir à s’égosiller. Samantha pose ses fesses sur le bord du bureau imposant sans même vraiment regarder ce qu’il y avait dessus. Peut-être une commande pour de nouvelles bouteilles de gin. Allez savoir. Elle n’avait pas vraiment le goût pour la paperasse. Elle n’était pas du genre à tenir en place pendant plus de dix minutes, alors rester coincée derrière un bureau, très peu pour elle. Heureusement, à la pâtisserie, elle pouvait aller d’un bout à l’autre du comptoir réfrigérant pour proposer ses différentes douceurs. Enfin, celle du pâtissier. Elle cuisinait comme un pied. Elle aperçoit un sourire sur les lèvres de l’homme avant qu’il ne rejoigne son mini-bar. La jeune sorcière ne se gêne pas pour observer le retombé du costume dans son dos et la coupe du pantalon. Après tout, même s’il pouvait sentir son regard sur lui, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ? C’était un homme séduisant, et elle était persuadée qu’il en était parfaitement conscient. Comme elle avait conscience qu’elle était jolie et désirable. Après, il fallait seulement savoir prendre le compliment comme il venait.

Elle continue de jouer les innocentes, posant la question sur sa venue jusqu’ici. Apparemment, il devait être le patron des lieux. Ou au moins celui qui dirigeait la boîte. Peut-être qu’il ne la possédait pas. Mais il avait l’air d’avoir de l’argent, vu le costume qu’il pouvait se payer. A moins que son patron ne tienne à ce que ses employés soient bien fringués et auquel cas, ça passerait dans les frais. Mais tout ça faisait trop de réflexion pour Samantha. Non pas qu’elle soit simple d’esprit, mais en cette soirée, elle n’avait pas envie de trop se creuser la tête. Juste vivre l’instant présent. Réfléchir ensuite. — Vous devinez ? — Répondre à une question par une autre… Voilà qui n’était pas très gentil. Elle esquisse une petite moue mais décide de ne pas répondre. A quoi bon ? Ils savaient tous les deux pertinemment pourquoi elle était là. Tout le reste n’était qu’un jeu. — Un verre ? — Un gin tonic s’il vous plaît. — Il lui jette à peine un coup d’œil. Reprenant son petit jeu, elle enchaîne, penchant son corps un peu plus en avant, serrant ses poignets comme si elle se trouvait face à un vilain agent de sécurité, ou policier, peu importait. — Oh non, pas de verre pour vous ! — Finalement, il a changé d’avis. Soit. Elle accentue un peu sa moue. — Ce n’est pas très gentil de revenir sur sa proposition. —

Finalement, il se retourne pour la regarder et elle lui adresse un sourire en coin. Il a l’air de redevenir sérieux. Bien. Bon. Il faudrait qu’il sache ce qu’il veut lui aussi. Soit il veut jouer aussi, soit il est sérieux. Jongler entre les deux lui donne le tournis. Un peu. — On va commencer dans l'ordre : Liam Blake, PDG de la boite du même nom. Vous avez peut-être entendu parler de moi. Enfin, pas grâce à ce Club, la plupart des habitants de cette ville ignorent que j'en suis le propriétaire. — Elle l’écoute en clignant de temps en temps les yeux, les mains posées sur les genoux, en équilibre précaire sur le bord du bureau. Propriétaire et PDG de Blake Industries. Cool. Elle avait vraiment ferré le gros poisson on dirait. — Et vous êtes ? … — Ça allait le faire moyen si elle lui répondait qu’elle était vendeuse à la boulangerie pâtisserie du Bronx, hein ? Plutôt miteux en comparaison, non ? Elle s’empara d’un bibelot posé par loin de ses fesses et entreprit de le tourner et retourner entre ses longs doigts. — Samantha Hadler… Sorcière de mon état. Vous avez peut-être entendu parlé de moi : j’ai ressuscité quelqu’un ya pas longtemps. — Ouais, elle avait décidé d’y aller au culot… et elle se doutait que le bureau devait être équipé de certaines technologies pour que Monsieur le sorcier PDG ne se fasse pas épié par les suceurs de sang. Alors elle avait décidé d’exposer quelque chose qui pouvait inspirer de la fierté, de l’admiration… tout, pourvu que ce ne soit pas de la pitié ou de la condescendance.

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Qu'il récapitule dans sa petite tête : Cette jeune femme, fort charmante certes, vient dans le but de mettre un  peu le boxon sur SON terrain. A onduler des hanches et mettre le balcon en avant. Le patriarche dans un coin de sa tête meurt d'envie de remettre la sale gosse à sa place, l'éternel gamin insouciant s'amuse juste à admirer les jolies courbes, s'imaginant honteusement ce qu'il pourrait lui faire. Eh oh, Blake, elle pourrait presque être ta fille ! Beugle une voix ennuyeuse dans sa tête. Il l'aurait eu bien jeune, tout de même … Et le voilà qui calcul mentalement la différence d'âge, estimant à vu d’œil qu'elle a sûrement moins de vingt-cinq ans. Quoi que … L'apparence est parfois trompeuse. A quoi donc songe-t-il ? Liam s’ennuie-t-il au point de se laisser dicter par de bas instincts primitifs ? Le brun hausse un sourcil en fixant son verre, l'identifiant comme étant le responsable de toutes ses balivernes mentales. Diantre ce qu'il est stupide quand il s'y met ! L'alcool tourne encore une fois dans le cristal, fortement illuminé par les lumières chaudes et artificielles des torches murales. La jeune femme semble hésiter tandis qu'il lui pause une simple question. Est-elle trop stupide ou cherche-t-elle un odieux mensonge ? Oui, l’excentrique milliardaire qu'il est se montre toujours autant imbu de sa personne. La blonde, qui ne devrait pas tarder à avoir un petit nom attrape  l'un de ses presses papiers en métal, le faisant tourner dans ses doigts fins.


« - Samantha Hadler… Sorcière de mon état. Vous avez peut-être entendu parlé de moi : j’ai ressuscité quelqu’un ya pas longtemps. Cite-t-elle d'une voix nonchalante.

Pardon ?

Liam reste un moment interdis, oubliant son habituel panache. Sorcière, il s'en doutait. En revanche, ce qu'elle prétend est une … Hérésie. Liam lève une main en l'air, arrachant sans scrupule le biblo des mains  de Miss Hadler. La babiole virevolte dans l'air rapidement avant de se figer dans le poing d'un Liam au regard sombre.

- Tu m'en diras temps ! Qu'il s'exclame d'un ton narquois, terriblement contradictoire avec son regard. Et moi, mon deuxième prénom, c'est la vierge Marie !

Foutaise. On ne peut réanimer les morts. Si c'était possible … Il le saurait … Oui, parce qu'ils seraient de nouveau là, n'est-ce pas ? Liam aurait pu ramener Elie et Ty ! Mais c'est impossible, IMPOSSIBLE. Le brun insuffle une forte décharge électrique dans le presse papier, le lançant sans prévenir à la jeune femme..

- Attrape !

Puis de fourrer les mains dans poches. Légèrement contrarié, Liam ignore que quelques veines bleutées ondulent sous sa peau. L'homme est plutôt effrayant sous le joug de son pouvoir, néanmoins, si cette gosse prétend pouvoir ramener les morts à la vie, ce ne sera pas ça qui l’effarera, n'est-ce pas ?

- Alors, la petite sorcière bien aimée, raconte-moi tout. C'est quoi ton truc ? Qu'est-ce que tu fous là ? Qui tu prétends avoir ramené, hum ? » Questionne-t-il malgré lui, devenu soudainement atrocement curieux.

Pourtant, au fond de lui, une petite voix lui hurle toutes les possibilités que cela lui apporterait. Il est plus vieux qu'elle et, pratique la magie depuis son apparition. De ce fait, le sorcier possède une expérience plus importante que cette dernière. Cette fille pourrait-elle avoir un tel don à cause de son lien important avec la terre ? Les questions se bousculent dans sa caboche, pourtant, il continue de la fixer d'un ai goguenard, fermement décidé à ne rien laisser paraître. Et à côté du joli postérieure de la créature atypique qui se tient devant lui,  La photographie d'un beau couple accompagné d'un gosse lui offre quelques sourires radieux, lui rappelant avec douleur que ces choses sont loin derrière lui.

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Toujours en tournant et retournant le presse-papier entre ses doigts, Samantha guettait la réaction de Monsieur Liam Blake. Comment allait-il réagir à ses propos. La prendrait-il pour une menteuse ? Elle aurait du y songer avant de déballer tout ça. C’était peut-être la stricte vérité mais penserait-il vraiment qu’elle détenait autant de puissance en elle ? Une puissance qui l’avait désertée pour revenir petit à petit depuis quelques temps. Ça la perturbait et peut-être était-ce pour ça qu’elle était venue se perdre ici. Se perdre physiquement et mentalement. Se dandiner sur une piste de danse juste pour chauffer quelques hommes pour les pousser à se battre n’avait jamais été son genre… Sauf depuis quelques temps… Depuis qu’Aidan était parti sans un mot, aussi vite qu’il était réapparu dans sa vie. Aussi vite qu’il avait cessé de lui donner des nouvelles la première fois. Mais c’était une autre histoire. Du passé. Elle essayait de tourner la page, de ne plus y penser. Devant elle, le sorcier affichait une mine presque macabre. Son sourire en coin avait disparu de ses lèvres. Oui, elle était anxieuse de sa réaction. Il avait perdu son panache mais elle avait également perdu l’assurance feinte qu’elle se trimbalait depuis quelques temps. Elle prit une grande inspiration et planta son regard dans le sien. Peu après, le bibelot qu’elle tenait entre ses mains s’envola pour atterrir dans les mains du PDG. Elle hausse à peine un sourcil. Ça ne l’étonne pas vraiment. Elle en avait vu un paquet, en Angleterre, qui avait le pouvoir de télékinésie.

— Tu m'en diras temps ! Et moi, mon deuxième prénom, c'est la vierge Marie ! — Sam pince ses lèvres rosées par le maquillage. Oui, c’était bien ça. Il ne la croyait pas. Elle ne pouvait pas vraiment faire quoi que ce soit pour lui prouver le contraire. Sûrement pas relever un mort pour lui dans la seconde. Ça lui arrivait quelques fois de faire apparaître quelques flammèches mais sans plus. Elle se mordille la lèvre inférieure et sursaute. — Attrape ! — Elle tend les mains pour attraper le presse-papier sans se douter qu’il est chargé d’électricité. Mais quelque part à l’intérieur d’elle, sa magie a du le sentir. Ou son instinct, ou quelque chose entre les deux. Elle n’en savait rien. Mais avant même que ses doigts n’effleurent l’objet chargé, il est propulsé à l’autre bout de la pièce avec une force impressionnante. Suffisante pour tordre le métal. Samantha cligne des yeux sans comprendre avant de reconnaître l’espèce de bouclier qui l’avait protégée lors de l’espèce d’attentat dans lequel elle s’était retrouvée piégée. Le bibelot, au sol, émet quelques éclairs sur sa surface et Sam se tourne vers le sorcier, sourcils toujours froncés mais de façon un peu coléreuse. La colère était plus forte que l’anxiété, que l’incompréhension. Elle la sentait bouillir en elle. Et ses nouveaux tatouages semblaient aussi vigoureux, électriques, que l’étaient les éclairs de l’autre. Son regard est attiré par des tracés bleus sur la peau de l’homme. Au début, elle croit que ce sont des tatouages, comme les siens. Mais non. Elle n’a d’ailleurs jamais rencontré personne avec des tatouages comme les siens.

— Alors, la petite sorcière bien aimée, raconte-moi tout. C'est quoi ton truc ? Qu'est-ce que tu fous là ? Qui tu prétends avoir ramené, hum ? — Elle n’aime pas le ton qu’il emploie. Les mots non plus. Le feu enfle en elle. Elle peut presque le sentir derrière ses prunelles, comme si ses yeux brûlaient d’une lueur ambrée plutôt que de leur bleu habituel. Mais elle ne savait pas s’ils avaient changé de couleur. Elle s’en fichait un peu même. — Un truc ? — Son ton était acide, froid, loin de la fournaise qui menaçait de la consumer. Le feu était indomptable quand on avait connu un élément aussi stable que la terre. — Il n’y a pas de truc. Juste de la magie. De la puissance. Peut-être pas assez d’ailleurs. — Elle a l’impression d’être une autre personne. Plus âgée peut-être. Plus dure. Mais aussi plus… libérée. Libérée d’une certaine conscience, d’une morale. Pas tout à fait non plus… C’était difficile de mettre un mot dessus. — Je suis juste venue m’amuser, voyons. N’est-ce pas ce que font les jeunes femmes dans les clubs ? — Elle décolle les fesses du bord du bureau et elle a l’impression d’être plus grande, plus imposante, plus… visible. Comme si sa nouvelle connexion la faisait briller, chatoyer jusqu’aux étoiles alors que la terre reste discrète. Perpétuellement présente, mais discrète… comme faisant partie du paysage. Quelque part dans son esprit, elle se dit que ce changement n’est pas bon. C’est en faisant partie du paysage que les vampires ne l’ont pas trouvée… Du moins jusqu’à ce qu’elle ressuscite Joe. — Joe. Johanna Erzbeth Wolfgang. C’est elle que j’ai ramenée… Mais qu’est-ce que ça peut bien vous faire, hein ? — Elle fait quelques pas vers lui, insolente. — Vous allez la googler pour voir qui elle est ? — Un nouveau sourire flotte sur ses lèvres mais il n’a quasiment rien d’heureux. La pauvre Sam, vendeuse à la pâtisserie, a envie de reprendre le contrôle. Elle ne se reconnaît pas… C’est comme si on avait pris possession de son corps… Pourtant, elle sait que c’est bien elle. Une partie d’elle toutefois. Amplifiée par les flammes, par cette nouvelle magie, rouge, qui gronde en elle et qui l’a proclamée comme sienne. Dans un sens, c’était bien, parce qu’elle la protégeait des attaques extérieures… mais d’un autre… elle la changeait… Comme un parasite. Comme cette gelée visqueuse et noire dans le troisième film de Spider-Man… la première franchise, évidemment. Même si la seconde était bien mieux… le seul film pour l’instant sortit rivalisant haut la main avec les trois autres réunis.

Touch Me

Tic, tac, tic ...

BOOM.

Le bibelot déjà éjecté refait aussitôt demi-tour, emmêlé dans une bourrasque de vent et d’électricité. La chose vole à travers la pièce,  et Liam, haussant un sourcil, décale à peine sa bouille amusée pour éviter le projectile. La pauvre chose s'écrase derrière lui, abîmant ses beaux murs dans une énorme 'CRAK'. Il s'en moque. Ou plutôt, il est amusé par la témérité de la jeune femme. Voilà qui promet. Nonchalant, il lève à nouveau la main, ordonnant à la babiole de revenir à lui. Brûlante, comme le regard de Samantha. Nouveau sourire.

« - Un truc ?  Crache la blonde, soudain haineuse. Son petit ton mielleux et faussement innocent complètement évaporé.
 Il n’y a pas de truc. Juste de la magie. De la puissance. Peut-être pas assez d’ailleurs. 

Liam tique à son petit aveu, involontaire ou non. Pas assez ? C'est ça qu'elle veut ? De la puissance ? Le brun se part d'un sourire insolent, malgré le feu qui brûle dans le regard de la belle. Il n'a pas peur d'elle. Il est bien trop égocentrique pour ça.  Trop sûr de lui. Certain que la pauvre n'aurait aucune chance face à lui. Pourtant, une petite voix au fond de sa caboche lui murmure d'être prudent. Il ne faut pas jouer avec le feu. Il le sait, son frère est une flamme ardente menaçant d'exploser à tout moment.

- Je suis juste venue m’amuser, voyons. N’est-ce pas ce que font les jeunes femmes dans les clubs ?  Qu'elle continue, articulant ses longues jambes qu'elle pose à terre, se redressant d'un coup. Liam en profite pour la jauger du regard. Il semble émaner d'elle une certaine assurance, son ton acide et glacial qui, pourtant, ne semble pas pouvoir éteindre la petite flamme qu'il vient d'allumer volontairement. Oui, elle est en rogne. Tant mieux. Liam est bien trop curieux de voir ce qu'elle a dans le ventre.

- Joe. Johanna Erzbeth Wolfgang. C’est elle que j’ai ramenée… Mais qu’est-ce que ça peut bien vous faire, hein ?  Vous allez la googler pour voir qui elle est ?  Rétorque-t-elle, moqueuse.

Erzbeth ? Le sorcier vacille presque, stupéfait. Pourquoi diable aurait-elle ramenée un vampire à la vie ? Enfin, façon de parler. Le brun la voit approcher légèrement, lui l’imitant tout en serrant toujours le bibelot de métal dans sa main. Il tente de percer son esprit à travers ses iris. A l'intérieure, elle fulmine et … Semble en proie à quelques questions existentielles. Là, et pourtant si éloignée de lui. Curieux. Un détail pourtant attire son attention alors qu'il arrive à quelques centimètres à peine d'elle. Assez pour voir un peu plus en détail sa peau nacrée et délicate, légèrement perlée de sueur. Liam humecte ses lèvres, lui offrant un nouveau sourire. Mais cette fois, plus pincé.

- Ramener Erzbeth ? Quelle drôle d'idée. Admettons que ça ait marché, comment ça se fait que tu sois toujours en vie ? Sorcière puissante ou pas, un tel sortilège a dû t'affaiblir. Et … On ne peut pas dire qu'elle soit tendre. Grimace Liam, non sans diminuer la distance entre eux. Et, oui, je la connais déjà.

Il ne la connaît pas personnellement, pourtant, enfant, Liam était tombé sur un vieux grimoire appartenant à son père. La vampire y était décrite comme l'une des plus meurtrières de son temps. Véritable bouchère rendue folle pour quelques raisons obscures. On ignore pourquoi et comment, mais les quelques rumeurs qui couraient à ce sujet étaient soit trop faibles, soit trop idiotes. Cette vampire aux apparences fragiles était une bombe à retardement. Il ignorait même qu'elle avait passé l'arme à gauche. En admettant que la sorcière dise vrai. Ce qui semble bien trop incroyable, même pour lui.

- Veux-tu la puissance au point de t'attirer ce genre d'ennuis ? » Marmonne Liam, posant le verre et le bibelot à côté lui, toujours sans la quitter du regard. Obligé de baisser les yeux pour pouvoir affronter les siens. Bleu limpide brillant d'une lueur surnaturelle.

Ca ne le regarde pas. Tourne les talons, vire-là d'ici. Crache sa conscience. La curiosité aux tripes, il ne peut s'empêcher de la détailler, de tenter de la percer à jour. Oui, cette fille l'intrigue beaucoup trop. Pourquoi diable voudrait-elle ramener un vampire ?! Ce dernier point le met presque hors de lui, sans qu'il ne s'en aperçoive, une nouvelle lueur d'un bleu électrique palpite dans ses prunelles, pouvant être interprété n'importe comment par son interlocutrice.

Touch Me

La babiole s’écrase contre le mur avec un bruit retentissant. Si le presse-papier n’a presque rien — juste un peu tordu — le mur se fendille légèrement. Mais Samantha n’en avait cure. Après tout, avec tout le pognon que son interlocuteur devait posséder, il pouvait bien le faire réparer, ou remplacer. Ou carrément changer toute la déco, si l’envie lui prenait. Ou il pourrait utiliser la magie. Ce n’était pas le choix qui lui manquait. Elle, elle n’était qu’une sorcière de banlieue qui avait eu le malheur de posséder suffisamment de pouvoir pour ressusciter un mort. Mais pas assez pour conserver sa magie. Pas dans l’état où elle était à la base. Non. Car même si sa magie avait commencé à se détraquer avant le puissant sortilège, la magie sombre qu’elle avait du employer n’avait pas arrangé les choses, si ce n’est lui donner un peu de répit. La babiole se remet à flotter doucement dans les airs pour rejoindre les mains de son propriétaire. Non, franchement, ça ne la fait même pas broncher. Merde, elle avait ressuscité quelqu’un, ce n’était pas un peu de télékinésie qui allait l’émouvoir. Elle décolle ses fesses du bureau pour avancer vers l’homme. Son humeur change comme le vent. Un vent qui attise le feu en elle alors qu’elle marche comme si elle voulait détruire le sol de ses seuls talons hauts. Elle n’a pas aimé la remarque du sorcier. Son parasite non plus. Elle voit une émotion passer sur son visage alors qu’elle parle de puissance. De sa quantité pas assez importante. Oh, elle n’avait jamais quémandé plus de pouvoir… D’une manière générale, elle avait été satisfaite avec celle qu’elle avait… Après tout, elle avait bien réussi à ramener Joe d’entre les morts avec sa magie « naturelle », innée. Ce qu’elle déplorait, c’était l’état végétatif qu’elle avait subi après, d’un point de vue magique. Cette perte temporaire de pouvoir… et aujourd’hui, elle s’enflammait pour un rien.

Elle avance toujours vers le sorcier. Chaque pas martèle le sol comme un incendie qui gronde. Si elle ne faisait pas attention, elle ferait des étincelles. Faisait-elle seulement attention ? Elle ne le savait pas vraiment. Toujours était-il que cette magie parasite semblait savoir ce qu’elle faisait. La pauvre Sam, enfermée dans son propre corps, dans sa propre tête, ne parvenait pas à se faire entendre. Elle voulait se recroqueviller dans un coin du bureau et attendre que ça passe. Ou déclencher un formidable incendie pour se vider temporairement… L’autre Sam, par contre, elle voulait montrer de quoi elle était capable, elle voulait relever le défi silencieux que l’autre lui lançait. C’est d’ailleurs un sourire satisfait qui s’étale paresseusement sur ses lèvres quand elle avoue le nom de Joe à ce sorcier qu’elle ne connaît pourtant pas. Elle tique un peu elle-même, mais le dissimulant habilement. Il semble connaître ce nom alors qu’elle pensait être la seule. Grâce au journal de son aïeule. En fait, elle ne savait trop rien de Joe, si ce n’est ce qu’elle avait pu lire dans les pages gribouillées. Et c’était principalement l’histoire de Joe alors qu’elle était encore vivante… Si elle s’était doutée qu’elle ramenait une des plus terribles vampires de toute l’existence, elle ne l’aurait sûrement pas fait. Il s’avance aussi, pour la rejoindre quelque part au milieu de la pièce, le bibelot toujours en main. Un nouveau sourire — pincé celui-là — étire ses lèvres.

— Ramener Erzbeth ? Quelle drôle d'idée. Admettons que ça ait marché, comment ça se fait que tu sois toujours en vie ? Sorcière puissante ou pas, un tel sortilège a dû t'affaiblir. Et … On ne peut pas dire qu'elle soit tendre. Et, oui, je la connais déjà. — Il esquisse une grimace et elle repousse de la main sa dernière phrase, comme si ça ne lui importait guère. Son visage s’orne également d’une petite moue. Elle ne se souvient que trop bien de l’immense vide qu’elle avait ressenti en elle après le sortilège. De cette détresse, de cette douleur causée par l’absence de magie. Comme si elle avait senti son cœur se briser. Pourtant, là, la magie régnait. Elle n’était pas encore aussi puissante que celle qu’elle possédait avant de lancer le sort de résurrection, mais elle flamboyait, plus éclatante et exubérante que le pouvoir de la terre. Là, ce souvenir de détresse semblait appartenir à une autre. Comme si elle avait regardé un film. — Il se peut qu’il y ait eu quelques… défaillances… après le sortilège. — Elle haussa les épaules et contourna le sorcier alors qu’il reposait le bibelot sur son bureau. Elle fait quelques pas sans prononcer le moindre mot. — Veux-tu la puissance au point de t'attirer ce genre d'ennuis ? — Elle se tourne alors vers lui, un petit sourire sarcastique aux lèvres. Elle secoue légèrement la tête, envoyant ses mèches blondes balayer la courbe délicate de son cou. — Ce n’était pas la puissance que je cherchais alors. — Elle avait décidé de rester volontairement dans le flou. Il pouvait s’interroger de tout son soul sur les raisons qui l’avaient alors poussées à agir ainsi, et sur le « alors » qu’elle avait employé… Sous-entendait-il qu’elle cherchait de la puissance maintenant ? Peut-être bien. Son sourire sarcastique se mua en un à la frontière entre l’innocent et le taquin.

Elle sent son regard sur elle. Elle s’en délecte. Elle est loin de la petite vendeuse du Bronx. Elle relève le menton, à la fois en défi et pour plonger son regard azur dans celui de l’autre. Ses prunelles crépitent d’une lueur électrique. Son sourire à elle s’étire avec paresse. Ses propres prunelles semblent flamboyer alors qu’elles ne perdent en rien leur bleu caraïbes. Mélange détonnant, saisissant. Elle s’interroge un peu à propos des étincelles qui brillent dans son regard. Curiosité, colère, besoin… Besoin de quoi ? De réponses ? D’un passe-temps efficace ? D’une partie de jambes en l’air sauvage ? Samantha passe délicatement sa langue sur ses dents. — Mais en quoi les motivations d’une frêle petite sorcière comme moi pourraient bien être intéressantes pour Monsieur le PDG ? —

Touch Me

Des défaillances ? Liam retient un rire sarcastique, peu étonné. Evidemment, réveiller les morts n'est pas censé être possible. Il a toujours apprit les bases de la magie, ainsi que les lois à ne pas violer. Quant aux résultats d'un tel sortilège, il l'ignore, son père ayant toujours été très bref à ce sujet. C'était tabou. Est-ce uniquement grâce à la nature d'Erzeth, que Samantha y est parvenue ? Il en doute. Liam grimace légèrement, la curiosité le ronge à présent. Il veut, non, il a besoin de savoir. Si une telle chose est possible, peut-être qu'il peut ramener Elie et Ty. Cette simple idée lui glace le sang, est-ce naturel ? Est-ce bien, d'agir comme ça ? L’excitation au creux de son ventre est-elle une bonne chose ? Ou une preuve tangible est supplémentaire qu'il est complètement fou ?

« -Ce n’était pas la puissance que je cherchais alors.  Précise la blonde, toujours vague.

Ce qui a le don de le mettre en rogne mais, il n'en montre strictement rien. Se contentant de hausser un sourcil, à une distance défiant les limites de l'espace vital entre eux. Elle sent le Gin tonic et le parfum. Un mélange de fragrances sucrées et épicées.

-Mais en quoi les motivations d’une frêle petite sorcière comme moi pourraient bien être intéressantes pour Monsieur le PDG ?  Questionne-t-elle, d'un ton agaçant.

Et à Liam de rétorquer, sans avoir besoin de tourner sept fois la langue dans sa bouche d'odieux connard.

- Peut-être que « Monsieur le PDG », est loin d'être clean, ma jolie. Qui sait ? Hum ? Peut-être que la frêle petite sorcière ne regarde pas où elle met les pieds, avant d'avancer ?

Haussement de sourcil typique. Oui, qui sait, peut-être qu'il est un danger potentiel pour elle, qu'il est le jouet de vampires ? Elle n'en sait rien et, la laisser dans le doute elle aussi le démange. C'est plus fort que lui, le sorcier adore avoir le dernier mot. Et de lui adresser un sourire suffisant, avant de lui tourner autour comme un vautour, et de murmure à son oreille.

- Tu ne sais vraiment pas où tu mets les pieds, et tu te ventes, comme ça ? Pas très malin ! Gronde-t-il en faisant claquer ses dents, chopant ses bras pour l'obliger à pivoter .

Liam tient fermement Samantha par la taille, nez collé au siens avant de continuer :

- Ou, suis-je juste trop curieux ?

Et sur ses mots, de la relâcher, claquant ses mains l'une contre l'autre. A ce moment même, les portes de la pièce se verrouillent. Et à Liam de rire, avant de s'exclamer.

- Oui, qui sait ! Peut-être que je ne suis qu'un piètre petit sorcier en quête de plus de puissance, lui aussi ? Magiquement parlant, j'entends.

Et de fourrer ses mains dans ses poches, visage à présent dénué d'expression.

- … Où elle est ? Erzbeth ? Questionne-t-il, n'y tenant plus. Si tu dis vrai, je le saurai en la voyant. Et : OUI, ça m'intéresse. »

Oui, là, cette fois, il joue vraiment avec le feu. Mais il a besoin de savoir, c'est vital. Car il détient peut-être le moyen de tout arranger, de tout remettre en ordre. Même si, au fond de lui, une petite voix lui hurle de faire marche arrière, de se ressaisir et de comprendre qu'il fait fausse route. C'est plus fort que lui. Sam est une sorcière qui semble certes puissante, mais bien moins que lui. Ce n'est pas elle qui l'angoisse, c'est l'envie qui le dévore de l'intérieur. Irrationnelle et insoutenable.

Touch Me

Qu'elle sache se défendre ou non, là n'est pas la question. Le problème, c'est qu'elle vient sur son territoire. Elle, ses mauvaises intentions et ses jolies guibolles. Il a beau chercher la logique de chaque action, il n'en trouve pas. Elle est perdue, ça se voit, ça se sent. Liam la pousse à bout, mais pas seulement, il veut lui tirer les vers du nez. Et la sorcière se répète, plus sûre d'elle cette fois. Bien, si ce n'est pas le pouvoir qu'elle cherche, alors il ne voit rien d'autres que des réponses. Oui, voilà, elle n'en a pas, elle est frustrée. Et si cette histoire est réelle ? Et si Erzbeth est bien de tour ? Liam observe attentivement la jeune femme, se concentrant sur ce qui passe à l'intérieur, et non à l'extérieur. C'est irrégulier, les effluves magiques vont et viennent, sans jamais avoir la même constance. Oui … Voilà, c'est ça. Elle est cassée … Liam se mord la joue tout en se détendant, une sorcière perdue. Comment a-t-il pu ne pas s'en rendre compte plus tôt, il est bien plus instinctif en temps normal. Ce qu'il sent n'a rien de bon. A coup sûr, ce petit oisillon s'est brûlé les ailes. Noircie, transformée et aiguisée. La magie a un prix, comme tout. Mais la sorcellerie elle, est bien pire, plus dévastatrice. Le retour en arrière n'est pas possible, à moins d'avoir une volonté de fer. Ou de choisir de s'y enfoncer à petit feu.

« -Elle doit être en train de traîner à l’appartement… Ou quelque part en ville. On n’a pas une relation symbiotique non plus.  Rétorque la blonde, le ramenant au sujet présent. Hm, dommage …   J’espère que vous avez autre chose que de l’alcool dans ce bureau, si vous comptez m’y enfermer pendant encore un moment. Et autre chose que de la paperasse pour m’occuper.  Qu'elle rétorque, avec sarcasme.  Quant à Joe, si vous voulez la rencontrer, faudra voir avec elle. Je suis pas sa secrétaire et elle vit sa vie. Du moins, elle essaie. 

Tu m'étonnes, qu'il songe lui aussi avec un certain sarcasme. Vivre, sa vie, pour un mort … Très drôle, non, vraiment. Mais il ne doute pas qu'une vampire comme elle puisse profiter au maximum des ressources qui vagabondent dans le coin. Les petits humains, ça ne manquent pas. Liam note aussi le surnom qu'elle lui donne. Joe ? Le diminutif de Johanna ? Quelle drôle d'idée … Mais, passons, ça la regarde. Il est logique de changer d'identité, quant on doit notre mort à une bande de chasseurs enragés. Le brun croise les bras, appuyant un coude sur l'autre tout en frottant distraitement sa barbe étudiée. Ce n'est pas la vampire qui l'intéresse, mais sa possible existence. Si c'est réel, alors Samantha devient une proie potentielle.

- Mais en quoi vous intéresse-t-elle tant ? Elle n’est pas si exceptionnelle que ça.  Crache Samantha avec, il le sent presque, amertume.

Alors là, ça le dépasse.

- Dixit la sorcière qui prétend l'avoir ramenée, ça fait beaucoup, pour quelqu'un de soit disant banal, non ? A moins que tu ne saches absolument pas ce que tu fais … Susurre le sorcier, affichant une moue amusée. Oui, c'est ça … Je crois que tu es si perdue, si paumée, que tu as recoures à toutes les folies possibles et imaginables pour avoir un minimum de contrôle sur tes pouvoirs. Lâche-t-il, son regard si vif qu'il aurait pu la transpercer s'il avait été fait de métal. Il veut l'atteindre, elle. Faire mouche. Se rapprocher, car il y a tout intérêt à le faire. C'est pour eux, pour sa famille perdue. Il en a besoin.

Et de croiser ses mains dans son dos, ajoutant tout en affichant une mine intriguée.

- Mais je me demande vraiment, pourquoi elle ? Bref ! Peu importe … Si tu es toujours en vie, tant mieux pour toi ! S’esclaffe Liam. Mais, dis moi donc … Car je suis quelqu'un d'une nature particulièrement curieuse … Tes pouvoirs sont-ils détraqués ? Ta nature change-t-elle ?

Liam s'approche encore un peu plus d'elle, à peine un murmure :

- Je crois que tu brûles de l'intérieure et que tu tatillonnes dans le noir, désespérément, à la recherche d'une réponse. Tu ne sais pas qui tu es. Et te voilà ici, devant moi. Comme c'est amusant … Je ne crois pas vraiment aux hasards. »

Nul trace d'humour dans ses prunelles, rien d'autre qu'une étincelle brûlante. Certes, il est légèrement ivre, toute cette magie qui crépite dans l'air y est peut-être aussi pour quelque chose, mais le brun se sent presque aspiré par un désir qui, de toute évidence, est tout sauf raisonnable. Il a soif de réponses, et elle peut interpréter ce qu'elle voit comme elle le désire.

Touch Me

— Dixit la sorcière qui prétend l'avoir ramenée, ça fait beaucoup, pour quelqu'un de soit disant banal, non ? A moins que tu ne saches absolument pas ce que tu fais … — Samantha croise les bras sur sa poitrine et décide de ne pas répondre. Tout ce petit jeu commence à l’ennuyer. Le sorcier, lui, semble bien s’amuser au contraire. La blonde pousse un soupir. Si au début, la présence du sorcier avait aiguisé les sens de sa magie parasite, maintenant, il l’ennuyait. Oui, c’était bien ça. Elle s’était lassée du jeu qui dure trop longtemps sans rien apporter. La vraie Samantha réémergeait petit à petit, reprenant le dessus. Si l’autre n’entretenait pas la flamme, elle s’éteignait tout simplement. — Oui, c'est ça … Je crois que tu es si perdue, si paumée, que tu as recoures à toutes les folies possibles et imaginables pour avoir un minimum de contrôle sur tes pouvoirs. — Elle détourne les yeux, essayant de garder un semblant de dignité. Elle le sent s’éloigner, puis se rapprocher. Elle le regarde distraitement, comme s’il était un poisson dans un aquarium… ou un lion dans un zoo. — Mais je me demande vraiment, pourquoi elle ? Bref ! Peu importe … Si tu es toujours en vie, tant mieux pour toi ! — Elle hausse un sourcil. Toujours en vie ? Bah oui, la preuve, elle se tenait devant lui. A quoi pouvait-il bien faire référence ? Au sort qui aurait pu prendre sa vie en échange de celle de Joe ? Ou à autre chose ? Y avait-il quelque chose de plus sombre dans l’existence de Joe ? — Mais, dis moi donc … Car je suis quelqu'un d'une nature particulièrement curieuse … Tes pouvoirs sont-ils détraqués ? Ta nature change-t-elle ? — Elle détourne les yeux alors qu’il s’approche à nouveau. Il pouvait bien jouer les petits curieux, grand bien lui fasse. Sa magie était une chose qu’elle avait toujours tenu cachée, à l’abri dans son jardin secret car elle savait qu’elle courait un danger si elle révélait sa nature… alors elle n’allait assurément pas tout déballer à cet être pompeux et arrogant.

— Je crois que tu brûles de l'intérieure et que tu tatillonnes dans le noir, désespérément, à la recherche d'une réponse. Tu ne sais pas qui tu es. Et te voilà ici, devant moi. Comme c'est amusant … Je ne crois pas vraiment aux hasards. — Finalement, elle se détourne de l’homme et s’éloigne de quelques pas, brisant la proximité qui l’étreignait comme un étau. L’étincelle qui brûlait en elle s’était apaisée et elle n’était plus aussi farouche et brave, téméraire. Ses talons claquent sur le sol puis s’arrêtent. Elle se rend compte qu’elle est arrivée devant une porte. La porte qui lui permettrait d’échapper aux questions de ce sorcier bien curieux. Elle effleure le bois du bout des doigts. Elle sent bien le sortilège qui la tient verrouiller mais elle sait qu’avec suffisamment de temps et de volonté, elle pourrait parfaitement l’ouvrir. Mais là était le problème : la volonté. Car si cet homme l’agaçait et l’ennuyait avec ses questions, elle était persuadée qu’il détenait une part de réponses malgré tout. — Faites donc vos hypothèses si ça vous chante. Rien ne m’oblige à vous révéler quoi que ce soit. — Elle s’était retournée vers lui pour le regarder à cette distance respectable. Elle resserre un peu plus ses bras autour d’elle, comme si elle avait froid maintenant que la flamme l’avait quittée pour un moment. — Comme la magie, la vérité a un prix… Les réponses ont un prix. Vous n’aurez rien gratuitement. — Elle lève une main, anticipant peut-être une évidence. — Mais je ne parle pas d’argent. A quoi bon, vous semblez pouvoir vous baigner dedans et en faire des feux de joie, que vous en aurez encore de trop. Non. Ça ne serait pas un sacrifice de vous demander de l’argent. — Elle secoue la tête et pousse un soupir.

Elle pourrait lui demander des réponses à ses propres questions, en échange des réponses qu’il semblait attendre, mais elle se plongea de nouveau dans le mutisme. Elle l’observa un instant avant de balayer du regard son intérieur. Du moins celui du bureau. Mais elle l’avait déjà fait. Elle n’y voyait donc rien de neuf, rien de bien intéressant. De nouveau, elle se détourna et se concentra sur le frémissement qu’elle ressentait venant de la porte. Elle voulait partir mais elle voulait des réponses. Toutefois, elle n’avait pas la patience ni l’envie de jouer le petit jeu du sorcier. Elle n’était pas aussi désespérée que voulait bien l’imaginer le PDG.

Touch Me

Liam observe. Encore, il se contente de jauger la sorcière avec incrédulité. Au lieu de la châtier et de lui mettre un blâme, il tente de percer le mystère qu'elle est. Et par le biais de cette drôle de curiosité, il découvre aussi à quel point elle représente bien plus. Elle attise sa curiosité malsaine, son envie morbide est inconsciente de retrouver ses proches. Le sorcier désire plus que tout retrouver sa vie d'avant.

« -Faites donc vos hypothèses si ça vous chante. Rien ne m’oblige à vous révéler quoi que ce soit.  Qu'elle rétorque, faisant volte face pour pouvoir le regarder. Liam ne bouge pas d'un centimètre, baissant ses prunelles marrons et brillantes d'une lueur toujours aussi sauvage, indéfinissable.

- Comme la magie, la vérité a un prix… Les réponses ont un prix. Vous n’aurez rien gratuitement.  Et de lever la main pour ajouter. Mais je ne parle pas d’argent. A quoi bon, vous semblez pouvoir vous baigner dedans et en faire des feux de joie, que vous en aurez encore de trop. Non. Ça ne serait pas un sacrifice de vous demander de l’argent. 

Et de lui tourner les talons pour fixer la porte close. Cette réplique lui laisse un sourire amère. Est-ce qu'elle pense sincèrement qu'il l'ignore ?

- Tu dois remarquer que je ne suis pas tout jeune. Se contente de répondre le brun en fourrant ses mains dans ses poches. Je sais déjà tout ça. L'argent n'est rien …. On l'oublie à force de ne pas en manquer. Mais c'est hors sujet.

Ses doigts pianotent sous le tissus confortable de son pantalon, alors qu'il lève une main lasse pour se frotter le visage, effectuant un geste tout aussi las pour déverrouiller la porte.

- Et c'est ça, qui m'intrigue. Le prix que tu as dû payer … Qu'il marmonne.

Car si elle peut le faire, pourquoi pas lui ? … Oui, il aimerait réellement pouvoir les ramener.

- Pars. Pars si ça te chante. Tu as raison, tu ne me répondras pas de toute manière, et la raison qui me pousse à te poser ses questions, ne regarde personne d'autre que moi.

Ou son frère. Surtout son frère.

- Mais … On se reverra sûrement, Samantha. » Conclut-il en tournant les talons pour rejoindre son bureau, mettant ainsi fin à la conversation. Parce qu'il est aussi las qu'elle à présent. Et qu'il lui faudra trouver la preuve de ses paroles de lui-même. Et cela, en cherchant à retrouver Erzbeth. Bien-sûr, ces derniers mots traversant la pièce jusqu'aux oreilles de la blonde ne sont en rien une menace.